L'objectif de ces préconisations dans le cadre de l'arboriculture biologique est de cibler les interventions strictement indispensables, d'intervenir en préventif afin de minimiser le nombre d'interventions et de préserver au maximum les auxiliaires, l'environnement et l'équilibre du verger. Des informations complètes concernant la biologie de chaque maladie et ravageur ainsi que les stratégies de protection du verger sont développées dans le guide technique "Produire des fruits en Agriculture Biologique" édité par le GRAB/ITAB (2 ème édition en 2005). A-B SHARKA SUR RAMEAUX Certains arbres présentent des symptômes sur rameaux, la taille d'hiver est une des périodes de prospection. La sharka est un virus transmis par les pucerons et le matériel végétal. Aucun moyen de lutte directe n'existe à ce jour. Seul l'arrachage des arbres atteints permet de ralentir la progression de la maladie. B CLOQUE 1 3 2 Traitement indispensable. Cette première intervention au cuivre est à réaliser au départ de la végétation, dès l'allongement du bourgeon à bois sous les écailles (photo 2) et avant la sortie des pointes vertes (photo 3). Cuivre métal : 250 g/hl sous forme de bouillie bordelaise ou hydroxyde. Remarque : d'après les connaissances du groupe de travail sur le xanthomonas, la forme bouillie bordelaise serait moins phytotoxique. Lors de l'implantation du verger, choisir des variétés de moindre sensibilité à la cloque. Le GRAB suit depuis plusieurs années le comportement de 40 variétés environ afin de répertorier les moins sensibles à la cloque. Les variétés de pêches sanguines sont pour la plupart moins sensibles que les variétés actuelles. La pêche blanche Bénédicte est notée très peu sensible. Quelques variétés anciennes présentent une faible sensiblité. Compte tenu des caractéristiques des fruits, ces variétés sont destinées à la vente sur l'exploitation ou au marché local. Belle de Montélimar, Reine des vergers, Mr Cruche, Mme Guilloux, Entrée de Chanas... 1 Version 2009
STADE RAVAGEUR OU MALADIE REMARQUES MOYENS DE LUTTE EN France B à C STADES HIVERNANTS DES RAVAGEURS et FONDATRICES DE PUCERONS Il s'agit d'une lutte préventive qui vise les acariens et les cochenilles, mais surtout les fondatrices de pucerons lors de l'éclosion. Ceci dans le but d'éviter les interventions en végétation. HUILE BLANCHE DE PETROLE Première intervention : 2 à 3 l /hl suivant la spécialité commerciale A fractionner en 2 ou 3 passages afin de couvrir toute la période des éclosions d'œufs de pucerons. Diminuer les doses pour la deuxième intervention. Pour la lutte contre les pucerons, l'utilisation d'huile en hiver est indispensable pour limiter le recours en végétation à des insecticides naturels, toxiques pour l'utilisateur et les auxiliaires. D FONDATRICES DE MYZUS Les fondatrices pénètrent dans les fleurs lors de l'ouverture du bouton floral. Des essais sont en cours au CTIFL afin de vérifier l'effet de l'argile calcinée lors de l'installation des fondatrices de myzus avant fleur et lors du retour des femelles sur le pêcher en automne. Avant floraison, l'argile calcinée agit comme une barrière physique qui gêne l 'installation des fondatrices. Les premiers résultats sont encourageants. En applications d'automne, les premiers résultats obtenus avec l'argile calcinée à 50 kg/ha puis 30 kg/ha, montrent une réduction d'environ 50 à 60 % des oeufs d'hiver. Des kaolins calcinés d'origine française pourraient être homologués dans un avenir proche pour un usage puceron. D - E CLOQUE Les conditions climatiques de début de printemps et la sensibilité variétale justifient souvent de maintenir une protection pendant toute la période de sortie des jeunes feuilles. Le pêcher est une espèce très sensible au cuivre, les risques de phytotoxicité sont importants, les doses de cuivre devront être diminuées dès l'apparition des jeunes feuilles. En cas de lessivage du premier traitement, renouveler l'intervention avec 125 g/hl de cuivre métal. Si les conditions climatiques impliquent un autre traitement, ne pas dépasser une dose de 50 g/hl. L'action du cuivre peut être améliorée par l'adjonction de mouillants, l'utilisation de produits à base de plantes ou d'oligoélements est destinée à stimuler la végétation pour parer l'agressivité du cuivre. Les produits foliaires à base de Zinc ont certainement un effet protecteur, mais les doses et les conditions d'application sont difficiles à déterminer. La Bouillie Sulfocalcique Italienne est autorisée au cahier des charges Européen de l'agriculture biologique et utilisée en Italie contre ce champignon. 2 Version 2009
F SHARKA SUR FLEURS La détection des symptômes à la fleur peut se réaliser sur des variétés à floraison rosacée. La sharka est un virus transmis par les pucerons et le matériel végétal. Aucun moyen de lutte n'existe à ce jour. Seul l'arrachage des arbres atteints permet de ralentir la progression de la maladie. G - H OIDIUM SUR FRUITS R minodier CA 07 Le jeune fruit est sensible dès la chute des collerettes jusqu'au durcissement du noyau. Eviter dans la mesure du possible les variétés les plus sensibles à l'oïdium (absence de nectaires sur les feuiles). SOUFRE Soufre micronisé à 750 g/hl de produit commercial homologué. Dose à diminuer en fonction de l'élévation de la température. Le soufre est phytotoxique par températures élevées. Le soufre poudrage, à la dose de 10 à 25 kg/ha peut aussi être employé (pour une bonne efficacité, température > 16 C). Remarque : le soufre gène l'installation des auxiliaires. La protection au soufre a une action bénéfique dans la lutte contre le Xanthomonas. Cloque : attaques secondaires, le soufre sèche les contaminations secondaires. H TORDEUSE ORIENTALE Pose des pièges sexuels en chute des pétales afin de suivre le vol en parcelles non confusées. Pour de nombreux vergers biologiques, pose de la lutte par confusion avant le début du vol. Taille réelle 0,8cm Photo ACIA Canada CONFUSION SEXUELLE RAK 5 : 500 diffuseurs /ha + 20 à 30 % pour les bordures. Eviter de stocker les diffuseurs d'une année sur l'autre. Temps de pose : 2 à 3 h/ha Rq : cette méthode de lutte fonctionne mieux dans les parcelles de taille supérieure à 2 ha. Les diffuseurs sont à poser avant le début du premier vol et à positionner dans le 1/3 supérieur de la végétation. En parcelles à pression moyenne à forte, la confusion seule est insuffisante, il est préférable de positionner un larvicide biologique (Bacillus Thuringiensis) ou Spinosad (Success 4) sur la première génération et d'intervenir en complément sur les pics de vol des générations suivantes. 3 Version 2009
I MYZUS Ce ravageur pose en général peu de problèmes en agriculture biologique. En cas de présence à ce stade, il est dans la plupart des cas géré correctement par les auxiliaires. L'utilisation d'insecticides naturels (roténone) n'est en général pas efficace et risque de retarder la migration des individus ailés. Limiter l'utilisation du soufre pour ne pas gêner l'installation des auxiliaires. Dans les parcelles à problème, éviter une pousse trop vigoureuse (pas de taille sévère ni de fumure azotée excessive). En toutes parcelles, favoriser la biodiversité dans l'environnement du verger (haies, relais par des bandes florales en bordure de parcelle) afin d'attirer et héberger les auxiliaires. Des expérimentations sont suivies par le GRAB. Des expérimentations récentes du CTIFL montrent une efficacité interessante de l'application de kaolinite calcinée en début de chute des feuilles, ainsi qu'en début de formation des colonies. Les expérimentations se poursuivent. FIN AVRIL / MAI TORDEUSE ORIENTALE En parcelles non confusées intervenir en fonction des piègeages afin de détruire les larves de la première génération. Les dégâts de première génération sont essentiellement localisés sur les jeunes pousses. Bacillus thuringiensis : DELFIN à 100 g/hl, DAR 3 j Rémanence du produit : 10 jours ou Spinosad : SUCCESS 4 à 20 cc/hl, DAR 7 j (2 applications maximum par saison sur pêchers, ce produit présente une toxicité sur la faune auxiliaire et l'environnement). Pour les vergers en confusion, en cas de forte pression, l'année précédente ou dans l'environnement proche du verger, il est préférable d'intervenir sur la première génération avec le Bacillus thruringiensis afin de diminuer les populations en début de saison. CONTROLES EN VERGERS Surtout pour les parcelles en confusion seule Estimation des dégâts de première génération (fin mai début juin), afin de décider la stratégie de lutte pour les générations suivantes. En cas de dégâts importants sur pousses, la protection avec le Bacillus thuringiensis (ou Spinosad) sera maintenue en parcelles confusées jusqu'à la récolte. Le traitement sur la deuxième génération est à réaliser environ 2 à 3 jours après la reprise des captures dans les pièges. 4 Version 2009
SHARKA SUR FEUILLES MAI / JUIN Les symptômes sont bien visibles lors de la pousse active. Réaliser au minimum 2 contrôles sur feuilles. Compter environ 8 heures / ha et par passage. La sharka est un virus transmis par les pucerons et le matériel végétal. Aucun moyen de lutte n'existe à ce jour. Seul l'arrachage des arbres atteints permet de ralentir la progression de la maladie. TORDEUSE ORIENTALE JUIN à la récolte Photos CA 26 Le Bacillus thuringiensis doit de préférence être utilisé seul. Ne pas mélanger avec des produits pouvant gêner l'ingestion du Bt (huile de pin,cuivre, soufre...) Eviter les interventions aux heures les plus chaudes de la journée. Traiter le soir de préférence. Stocker le BT à l'abri de la chaleur et de l'humidité. Bacillus thuringiensis : DELFIN à 100 g/hl, DAR : 3 j Rémanence du produit : 8 à 10 jours Possibilité d'utiliser Spinosad : SUCCESS 4 à 20 cc/hl, DAR 7 j (2 applications maximum par saison sur pêchers, ce produit a une homologation Thrips californien). En parcelles non confusées, positionner les traitements en utilisant le piègeage pour déterminer les périodes d'intervention. En parcelles confusées, les interventions seront réalisées en fonction des contrôles en végétation. Des essais de protection par filets ont montré des résultats intéressants. FORFICULES JUIN à la récolte Certaines parcelles présentent des dégâts sur fruits qui provoquent l'installation de maladies de conservation. Pose d'un anneau de glu sur le tronc environ 2 mois avant récolte. Glu à base de résines naturelles (Raupenleim, Navarre...). Demander l'autorisation de l'organisme certificateur. Penser à positionner la glu sur tous les supports qui permettraient aux forficules de passer dans les arbres (tuyaux d'irrigation etc...), broyer l'enherbement et supprimer les branches trop basses. En Allemagne, la glu Raupenleim est autorisée en agriculture biologique. 5 Version 2009
AVANT RECOLTE MALADIES DE CONSERVATION Photo SRPV Rhone alpes Aucun moyen de lutte efficace n'existe. La prophylaxie est à privilégier afin de maintenir un niveau d'inoculum bas. Peu de problèmes sur les variétés de début de saison ; pour les variétés plus tardives, le développement des maladies de conservation sera très dépendante des conditions climatiques et des attaques de ravageurs. Eviter les variétés connues comme sensibles aux maladies de conservation. Ne pas laisser de fruits pourrir sur les jeunes arbres. Enlever les fruits pourris dans les arbres en cours de saison. Récolter tous les fruits afin d'éviter la formation de momies dans les arbres. Eliminer les momies après récolte ainsi que le rameau porteur si possible. Aérer les arbres en pratiquant une taille en vert. Gestion raisonnée de l'irrigation, de la fertilisation et de la charge des arbres. Le cuivrol à très faible dose (entre 30 et 7 jours avant récolte) ou le lithothamne (poudre d'algues calcifiées à utiliser avec parcimonie en sols calcaires) ont une certaine action. Les pulvérisations d'engrais foliaires type solalg corrigent les carences et améliorent les défenses naturelles de l'arbre. Une liste de variétés de moindre sensibilité aux maladies de conservation a été établie d'après les observations réalisées à la SEFRA sur le verger de collections variétales. En hiver 2007/2008, le GRAB a implanté 12 de ces variétés afin de suivre leur comportement. Il a réalisé des essais en verger afin de tester des substances améliorant les défenses naturelles de l'arbre. Les produits ci après ont donné des pistes intéressantes (40 à 50 % d'efficacité en conditions de faible pression) : Sulfar (soufre + mélasse de betterave) + Propolis. Protéal (mélange d'oligo éléments) Solalg + Cosynol réserve zinc. Il est encore prématuré de tirer des conclusions pour ces substances. En essais au GRAB : - Isolement d'antagonistes et thermothérapie en station. - Effet de l'enherbement total sur le développement des monilioses. SHARKA SUR FRUITS Lors de la récolte repérer et marquer les arbres atteints afin de les éliminer rapidement. Les fruits présentent des décolorations de l'épiderme. Il n'existe aucun moyen de lutte directe. APRES RECOLTE ASSAINISSEMENT DU VERGER Eliminer tous les fruits afin de ne pas laisser de foyers de contamination pour l'année suivante. 6 Version 2009
APRES RECOLTE LARVES HIVERNANTES DE LA TORDEUSE ORIENTALE Il existe des nématodes qui s'attaquent aux larves hivernantes de lépidoptères. Des essais sont en cours avec cette nouvelle méthode de lutte qui est actuellement essentiellement développée contre le carpocapse des pommes et des poires afin de réduire les populations de larves hivernantes. Les nématodes doivent être appliqués sur la moitié basse de l'arbre avec des conditions d'hygrométrie élevée (sous la pluie si possible) et avec des températures comprises entre 14 et 30 C. Pour le carpocapse des pommes, en l'absence de pluie, le traitement est réalisé avec l'irrigation en fonctionnement, suivie d'une irrigation de 20 mm/jour pendant les 2 jours suivants. APRES RECOLTE CHUTE DES FEUILLES NUTRITION FOLIAIRE DEPERISSEMENT BACTERIEN XANTHOMONAS XANTHOMONAS sur feuilles et fruits Photos université de Caroline du Nord Le Xanthomonas est une bactérie qui se développe en saison sur feuilles et fruits (décoloration et chutes de feuilles, pustules et craquelures sur fruits). Cette bactérie ne provoque pas de dépérissement de branches. Certaines variétés sont très sensibles. Eviter les techniques culturales qui peuvent favoriser son développement (aspersion sur frondaison ou aspersion mouillant le bas de la frondaison = éliminer les rameaux du bas des arbres). Les traitements à base de cuivre doivent être débutés en début de chute des feuilles : 3 traitements à 125 g/hl de cuivre métal et couvrir toute la période de chute des feuilles. Concernant la lutte spécifique contre le Xanthomonas (bactérie) les interventions au cuivre sont à débuter plus tôt avec des doses inférieures à 100 g/hl de cuivre métal. Les engrais foliaires à base de Zinc appliqués après récolte semblent renforcer les mécanismes de défense contre la cloque. Afin de diminuer le risque de déperissement bactérien = dessèchement de charpentières et d'arbres entiers, éviter d'implanter les vergers sur des sols décalcifiés et très pauvres en matières organiques. Réaliser si nécessaire un chaulage dans les parcelles décalcifiées et une fumure d'entretien avec des amendements calciques. 7 Version 2009
Ravageurs ou maladies secondaires PUCERON CIGARIER (Myzus varians) Ce puceron se rencontre assez fréquemment en vergers de pêchers biologiques. Les femelles pondent sur les arbres en fin d'été et les œufs éclosent au printemps. Les dégâts caractéristiques sont la présence de feuilles enroulées longitudinalement. La migration sur l'hôte secondaire (clématites) est assez précoce (mai et juin). En général, aucune lutte spécifique n'est réalisée, les traitements aux huiles qui visent les fondatrices de myzus persicae détruisent une partie des fondatrices de pucerons cigariers. Si ce problème s'avère trop important, des expérimentations sur des pucerons de cycle équivalent montrent l'intérêt de l'application de kaolinite calcinée en automne (octobre/novembre d'après la bibliographie) car le cycle de ce puceron est identique à celui du puceron cendré du pommier. La présence de kaolinite sur le feuillage lors du retour des femelles occasionne une gêne visuelle et physique qui limite les pontes. Photo INRA 8 Version 2009