«Il était une fois». Cette formule est un avertissement pour informer que l on rentre dans un univers magique.

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Transcription:

Dossier pédagogique «Le petit chaperon rouge» 1. Qu est-ce qu un conte? Le conte est un élément clé de la littérature orale, le conteur allait de village en village, de ville en ville voir même de pays en pays pour transmettre leurs histoires. En contre partie, il recevait le gîte et le couvert. Le conte est un récit d aventure originale qui vise à distraire ou à mettre en garde. A partir de la Renaissance, les contes sont mis par écrit afin d éviter de perdre les histoires. 1.1. Construction du conte Le conte se déroule dans un monde ou l invraisemblable est accepté. Le conte commence par «Il était une fois». Cette formule est un avertissement pour informer que l on rentre dans un univers magique. 1

La situation de départ présente les personnages mais contrairement aux autres récits, ils sont souvent hors normes : princesse, sorcière maléfique, grenouille qui parle, Le conte se déroule dans une époque reculée, très lointaine. L élément déclencheur est souvent un problème posé au héros (le personnage principal). Ce problème provoque une situation difficile voire dangereuse. La situation finale, le problème est résolu, l histoire peut se terminer bien ou mal. 1.2. Analyse de la structure du texte à travers le conte du «Petit chaperon rouge» de Charles Perrault Conte classique il commence par la traditionnelle formule «il était une fois». La situation initiale On nous présente le petit chaperon rouge et sa mère et très vite l élément déclencheur se dévoile quand sa mère l envoi porter une galette et un petit pot de beurre chez sa mère-grand. Les péripéties Les péripéties qui suivent nous présentent le loup et le cheminement de celui-ci et du chaperon rouge jusque chez mère-grand. Elles se terminent lorsque le loup mange mère-grand. 2

La situation finale La situation finale nous montre le chaperon rouge se faisant manger par le loup. En effet, le conte de Perrault ne se termine pas bien pour mère-grand et le petit chaperon rouge qui ne seront finalement pas sauvé par les chasseurs/les bûcherons comme dans d autres versions de l histoire. 2. Le loup dans les contes Le loup ou grand méchant loup est un personnage traditionnel de conte qui apparaît dans de nombreux récit folklorique. Il apparaît souvent comme exutoire de l angoisse qu il génère. En effet au Moyen Age, il était l une des plus grandes peur populaire. De nos jours, le loup est démystifié. Il est souvent montré de façon ironique, et sert surtout à changer le regard sur l autre, non sans tendresse 2.1. Le loup dans le conte du petit chaperon rouge Dans le petit chaperon rouge, le thème principal est celui du loup prédateur, un thème très ancien dans les contes. La mise en garde de la maman montre qu il faut se méfier de celui-ci. 3

Par extension, l image du loup prédateur est une métaphore pour mettre en garde les enfants, filles ou garçons, contre certains adultes pas toujours bien intentionnés à leur égard. Dans le conte de Perrault le loup incarne la figure masculine dont les jeunes filles naïves doivent se méfier. 3. Différentes versions du conte (liste non exhaustive) Voir annexe 3.1. Charles Perrault : Né en 1628 Perrault est mort en 1703. Il est élu en 1671 à l académie française. En réaction contre la littérature classique, inspirée de l antiquité, il publie anonymement ses trois contes en vers en 1694. Puis, en 1697, paraissent les histoires ou contes du temps passé, un recueil de cinq contes. Les contes de ma mère l oye en 1697 rassembleront les huit contes. 4

Le Conte «Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu'on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le Petit Chaperon rouge. Un jour sa mère ayant cuit et fait des galettes, lui dit : - Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m'a dit qu'elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mèregrand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n'osa, à cause de quelques Bûcherons qui étaient dans la Forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il est dangereux de s'arrêter à écouter un Loup, lui dit : - Je vais voir ma Mère-gr and, et lui porter une galette avec un petit pot de beur r e que ma Mère lui envoie. - Demeure-t-elle bien loin? lui dit le Loup. - Oh! oui, dit le Petit Chaperon r o u g e, c'est par - d e là le moulin q u e v o u s v o y e z t o u t là - b a s, l à - b a s, à la première maison du Village. - Eh bien, dit le Loup, je veux l'aller voir aussi ; je m'y en vais par ce chemin ici, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. Le Loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui é t a i t le p lus court, et la petite f i l le s'en a l la par le c h e m i n le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu'elle rencontrait. Le Loup ne fut pas longtemps à ar rive r à la maison de la Mère - grand ; il heurte : Toc, toc. - Qui est là? - C'est votre fille le Petit Chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. La bonne Mère grand, qui était d a n s s o n l i t à c a u s e q u ' e l l e s e t r o u v a i t u n p e u m a l, l u i c r i a : - T i r e l a chevillette, la bobinette cherra. 5

Le Loup tira la chevillette et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mangé. En suite il ferma la porte, et s'alla coucher dans le lit de la Mère grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc. - Qui est là? L e P e t i t C h a peron rouge, qui ente n d i t la g r o s s e v o i x d u L o u p e u t peur d'abord, mais croyant que sa Mère-grand était enrhumée, répondit : - C'est votre fille le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de be urre que ma Mère vous envoie. Le Loup lui cr ia en adoucissa nt un peu sa voix : - Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Le Loup, la voyant entrer lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : - Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. Le Petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : - Ma mère-grand, que vous avez de grands bras? - C'est pour mieux t'embrasser, ma fille. - Ma mère-gr and, que vous avez de grandes jambes? - C'est pour m i e u x c o u r i r, m o n e n f a n t. - M a m è r e - g r a n d, q u e v o u s a v e z d e g r a n d e s oreilles? - C'est pour mieux écouter, mon enfant. - Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux? - C'est pour mieux voir, mon enfant. - Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents? - C'est pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.» MORALITÉ O n v o i t i c i q u e d e j e u n e s e n f a n t s, s u r t o u t d e j e u n e s f i l l e s b e l l e s, b i e n faites, et gentilles, f ont très mal d'écouter toute sorte de gens, e t que ce n'est pas chose étrange, s'il en est tant que le Loup mange. Je dis le Loup, car tous les Loups ne sont pas de la même sorte ; il en est d'une humeur accorte, s ans br uit, sans fiel et sans courroux, q ui pr ivés, c o m p l a i s a n t s e t d o u x, s u i v e n t l e s 6

j e u n e s d e m o i s e l l e s j u s q u e d a n s l e s maisons, jusque dans les r uelles ; Mais hélas! Qui ne sait que ces loups doucereux, de tous les loups sont les plus dangereux. 3.2. Jacob et Wilhelm Grimm : Jacob naît en 1785 et Wilhelm en 1786, à Hanau en Allemagne. Très proches, ils suivent le même cursus scolaire et entrent à l université de Marbourg pour y étudier le droit. Jacob poursuit une carrière brillante de bibliothécaire en chef, professeur et diplomate. Wilhelm, doté d une santé fragile, mène une carrière plus modeste. Mais ce qui lie profondément les deux frères c est leur amour de la littérature germano-nordique sous toutes ses formes. A partir de 1812, ils publient les contes de l enfance et du foyer, un recueil contenant quelques-uns des plus fameux contes actuels : Blanche-neige, Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, Hansel et Grethel, Le vaillant petit tailleur, Raiponce, Le Conte «Il était une fois une adorable petite fille que tout le monde aimait rien qu'à l a v o i r, e t p l u s q u e t o u s, s a g r a n d - m è r e, q u i n e s a v a i t q u e f a i r e n i q u e d o n n e r c o m m e c a d e a u x à l ' e n f a n t. U n e f o i s, e l l e l u i d o n n a u n p e t i t chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait si bien, q u ' e l l e n e v o u l u t p l u s p o r t e r a u t r e c h o s e e t q u ' o n n e l ' a p p e l a p l u s q u e l e Petit Chaperon rouge. Un jour, sa mère lui dit : - Tiens, Petit Chaperon rouge, voici un morceau de galette et une bouteille de vin : tu iras les porter à ta grand-mère ; elle est malade et affaiblie, et elle va bien se régaler. Fais vite, avant qu'il fasse trop chaud. Et sois bien s a g e e n c h e m i n, e t n e v a p a s s a u t e r d e d r o i t e e t d e g a u c h e, p o u r a l l e r tomber et me casser la bouteille de grand-mère, qui n'aurait plus rien. Et p u i s, d i s b i e n b o n j o u r e n e n t r a n t e t n e r e g a r d e p a s d ' a b o r d d a n s t o u s l e s coins. 7

- Je serai sage et je ferai tout pour le mieux, promit le Petit Chaperon rouge à sa mère, avant de lui dire au revoir et de partir. Mais la grand-mère habitait à une bonne demi-heure du village, tout là-bas, dans la forêt ; et lorsque le Petit Chaperon rouge entra dans la forêt, ce fut pour rencontrer le loup. Mais elle ne savait pas que c'était une si méchante bête et elle n'avait pas peur. - Bonjour, Petit Chaperon rouge, dit le loup. - Merci à toi, et bonjour aussi, loup. - Où vas-tu de si bonne heure, Petit Chaperon rouge? - Chez grand-mère. - Que portes-tu sous ton tablier, dis-moi? - De la galette et du vin, dit le Petit Chaperon rouge ; nous l'avons cuite hier et je vais en porter à grand-mère, parce qu'elle est malade et que cela lui fera du bien. - Où habite-t-elle, ta grand-mère, Petit Chaperon rouge? demanda le loup - Plus loin dans la forêt, à un quart d'heure d'ici ; c'est sous les trois grands chênes, et juste en dessous, il y a des noisetiers, tu reconnaîtras forcément, dit le Petit Chaperon rouge. F o r t d e c e r e n s e i g n e m e n t, l e l o u p p e n s a : " U n f a m e u x r é g a l, c e t t e m i g n o n n e e t t e n d r e j e u n e s s e! G r a s s e c h è r e, q u e j ' e n f e r a i : m e i l l e u r e e n c o r e q u e l a g r a n d - m è r e, q u e j e v a i s e n g l o u t i r a u s s i. M a i s a t t e n t i o n, i l faut être malin si tu veux les déguster l'une et l'autre. " Telles étaient les pensées du loup tandis qu'il faisait un bout de conduite au Petit Chaperon rouge. Puis il dit, tout en marchant : - Toutes ces jolies fleurs dans le sous-bois, comment se fait-il que tu ne les regardes même pas, Petit Chaperon rouge? Et les oiseaux, on dirait que tu ne les entends pas chanter! Tu marches droit devant toi comme si tu allais à l'école, alors que la forêt est si jolie! L e P e t i t C h a p e r o n r o u g e d o n n a u n c o u p d ' œ i l a l e n t o u r e t v i t d a n s e r l e s rayons du soleil à travers les arbres, et puis partout, partout des fleurs qui brillaient. " Si j'en faisais un bouquet pour grandmère, se dit-elle, cela lui ferait plaisir aussi. Il est tôt et j'ai bien le temps d'en cueillir. " Sans attendre, elle quitta le chemin pour entrer dans le sousbois et cueillir des fleurs ; une ici, l'autre là, mais la plus belle était toujours un peu plus l o i n, e t e n c o r e p l u s l o i n d a n s l ' i n t é r i e u r d e l a f o r ê t. L e l o u p, p e n d a n t c e temps, courait tout droit à la maison de la grand-mère et frappait à sa porte. - Qui est là? cria la grand-mère. - C'est moi, le Petit Chaperon rouge, dit le loup ; je t'apporte de la galette et du vin, ouvre-moi! 8

- T u n ' a s q u ' à t i r e r l e l o q u e t, c r i a l a g r a n d - m è r e. J e s u i s t r o p f a i b l e e t n e peux me lever. Le Loup tira le loquet, poussa la porte et entra pour s'avancer tout droit, sans dire un mot, jusqu'au lit de la grand-mère, qu'il avala. Il mit ensuite sa c h e m i s e, s ' e n f o u i t l a t ê t e s o u s s o n b o n n e t d e d e n t e l l e, e t s e c o u c h a d a n s son lit, puis tira les rideaux de l'alcôve. Le Petit Chaperon rouge avait couru de fleur en fleur, mais à présent son b o u q u e t é t a i t s i g r o s q u e c ' é t a i t t o u t j u s t e s i e l l e p o u v a i t l e p o r t e r. A l o r s e l l e s e s o u v i n t d e s a g r a n d - m è r e e t s e r e m i t b i e n v i t e e n c h e m i n p o u r arriver chez elle. La porte ouverte et cela l'étonna. Mais quand elle fut dans la chambre, tout lui parut de plus en plus bizarre et elle se dit : " Mon dieu, comme tout est étrange aujourd'hui! D'habitude, je suis si heureuse quand je suis chez grand-mère! " Elle salua pourtant : - Bonjour, grand-mère! Mais comme personne ne répondait, elle s'avança jusqu'au lit et écarta les r i d e a u x. L a g r a n d - m è r e y é t a i t c o u c h é e, a v e c s o n b o n n e t q u i l u i c a c h a i t presque toute la figure, et elle avait l'air si étrange. - Comme tu as de grandes oreilles, grand-mère! - C'est pour mieux t'entendre. - Comme tu as de gros yeux, grand-mère! - C'est pour mieux te voir, répondit-elle. - Comme tu as de grandes mains! - C'est pour mieux te prendre, répondit-elle. - Oh! Grand-mère, quelle grande bouche et quelles terribles dents tu as! - C ' e s t p o u r m i e u x t e m a n g e r, d i t l e l o u p, q u i f i t u n b o n d h o r s d u l i t e t avala le pauvre Petit Chaperon rouge d'un seul coup. Sa voracité satisfaite, le loup retourna se coucher dans le lit et s'endormit b i e n t ô t, r o n f l a n t d e p l u s e n p l u s f o r t. L e c h a s s e u r, q u i p a s s a i t d e v a n t l a maison l'entendit et pensa : " Qu'a donc la vieille femme à ronfler si fort? Il faut que tu entres et que tu voies si elle a quelque chose qui ne va pas. " Il entra donc et, s'approchant du lit, vit le loup qui dormait là. - C ' e s t i c i q u e j e t e t r o u v e, v i e i l l e c a n a i l l e! d i t l e c h a s s e u r. I l y a u n moment que je te cherche... Et il allait épauler son fusil, quand, tout à coup, l'idée lui vint que le loup avait peut-être mangé la grand-mère et qu'il pouvait être encore temps de la sauver. Il posa son fusil, prit des ciseaux et se mit à tailler le ventre du loup e n d o r m i. A u d e u x i è m e o u a u t r o i s i è m e c o u p d e c i s e a u x, i l v i t l e r o u g e chaperon qui luisait. Deux ou trois coups de ciseaux encore, et la fillette sortait du loup en s'écriant : 9

- Ah! Comme j'ai eu peur! Comme il faisait noir dans le ventre du loup! Et bientôt après, sortait aussi la vieille grand-mère, mais c'était à peine si elle pouvait encore respirer. Le Petit Chaperon rouge se hâta de chercher de grosses pierres, qu'ils fourrèrent dans le ventre du loup. Quand celui-ci se réveilla, il voulut bondir, mais les pierres pesaient si lourd qu'il s'affala et resta mort sur le coup. T o u s l e s t r o i s é t a i e n t b i e n c o n t e n t s : l e c h a s s e u r p r i t l a p e a u d u l o u p e t rentra chez lui ; la grand-mère mangea la galette et but le vin que le Petit Chaperon rouge lui avait apporté, se retrouvant bientôt à son aise. Mais pour ce qui est du Petit Chaperon elle se jura : " Jamais plus de ta vie tu ne quitteras le chemin pour courir dans les bois, quand ta mère te l'a défendu.» O n r a c o n t e e n c o r e q u ' u n e a u t r e f o i s, q u a n d l e P e t i t C h a p e r o n r o u g e a p p o r t a i t d e n o u v e a u d e l a g a l e t t e à s a v i e i l l e g r a n d - m è r e, u n a u t r e l o u p essaya de la distraire et de la faire sortir du chemin. Mais elle s'en garda bien et continua à marcher tout droit. Arrivée chez sa grand-mère, elle lui r a c o n t a b i e n v i t e q u e l e l o u p é t a i t v e n u à s a r e n c o n t r e e t q u ' i l l u i a v a i t souhaité le bonjour, mais qu'il l'avait regardée avec des yeux si méchants : - Si je n'avais pas été sur la grand-route, il m'aurait dévorée! ajouta-t-elle. - V i e n s, l u i d i t s a g r a n d - m è r e, n o u s a l l o n s f e r m e r l a p o r t e e t b i e n l a cadenasser pour qu'il ne puisse pas entrer ici. Peu après, le loup frappait à la porte et criait : - Ouvre-moi, grand-mère! C est moi, le Petit Chaperon rouge, qui t'apporte des gâteaux! Mais les deux gardèrent le silence et n'ouvrirent point la porte. Tête- Grise fit alors plusieurs fois le tour de la maison à pas feutrés, et, pour finir, il sauta sur le toit, décidé à attendre jusqu'au soir, quand le Petit Chaperon r o u g e s o r t i r a i t, p o u r p r o f i t e r d e l ' o b s c u r i t é e t l ' e n g l o u t i r. M a i s l a grand-mère se douta bien de ses intentions. - P r e n d s l e s e a u, m o n e n f a n t, d it- e l l e a u P e t i t C h a p e r o n r o u g e ; j ' a i f a i t c u i r e d e s s a u c i s s e s h i e r, e t t u v a s p o r t e r l ' e a u d e c u i s s o n d a n s l a g r a n d e auge de pierre qui est devant l'entrée de la maison. L e P e t i t C h a p e r o n r o u g e e n p o r t a t a n t e t t a n t d e s e a u x q u e, p o u r f i n i r, l ' a u g e é t a i t p l e i n e. A l o r s l a b o n n e o d e u r d e l a s a u c i s s e v i n t c a r e s s e r l e s n a r i n e s d u l o u p j u s q u e s u r l e t o i t. I l s e p e n c h a s i b i e n e n t e n d a n t l e c o u, qu'à la fin il glissa et ne put plus se retenir. Il glissa du toit et tomba droit dans l'auge de pierre où il se noya. Allègrement, le Petit Chaperon rouge regagna sa maison, et personne ne lui fit le moindre mal.» 10

4. L importance des contes à l école Les contes et les histoires en général sont des supports privilégiés pour l apprentissage du langage. En effet les contes racontés par l adulte en classe maternelle ou primaire parlent d événements passés et d événements futurs. Par ces histoires, l enseignant incite l enfant à créer ses propres récits (personnels ou collectifs, réels ou imaginaires). Cela aidera l enfant à développer son langage d évocation. Car quand il écoute un conte, l enfant va aller chercher dans ses expériences sensorielles pour former de façon mentale, les personnages, les lieux, les objets de l histoire. Ce travail permet à l enfant de se construire des images mentales de plus en plus élaborées. Ce sont ces images qui permettent à l enfant de passer du langage en situation au langage d évocation, qui permettra à l enfant de construire sa parole autour de ce qu il a vécu et de ce qu il vivra. Mais aussi d inventer ses propres histoires.. Pour rappel le langage d évocation est un langage hors situation, qui permet de nommer des objets et des êtres absents, de parler d expériences vécues, de se projeter dans l avenir proche ou lointain, de formuler des hypothèses, d imaginer. 11

5. Annexe Liste de différentes versions du «Petit Chaperon rouge» disponible à la bibliothèque. Version de Charles Perrault 1695 dans «Le grand livre de contes de Gallimard jeunesse» Version des frères Grimm 1812 dans «Contes de Grimm» «Quatre histoires du Petit Chaperon rouge racontées dans le monde» Version moderne ou réécrite «Chapeau rond rouge», Geoffroy de Pennart «Le retour de Chapeau rond rouge», Geffroy de Pennart «Où est le Petit Chaperon rouge», Anne-Laure Witschger «Le Petit Chaperon rouge après la tempête», Jean-Loup Craipeau 12

«Le Petit Chaperon Rouge à Manhattan», Carmen Martin Gaite «Si j étais le Petit Chaperon Rouge à vous de choisir la fin», Nadège Wajdzik «Le Petit Chaperon rouge en Transylvanie», Martin Powell «L herbier du petit chaperon rouge», Laurent Audouin Clin d œil au Petit Chaperon rouge Mademoiselle sauve-qui-peut, Philippe Corentin 13

6. Bibliographie «Le grand livre de conte de Gallimard jeunesse». Paris, éditions Gallimard, 2009, 317 pages. Loup (personnage de conte), http://fr.wikipedia.org/wiki/loup_(personnage_de_conte), page consultée le 18/08/2014. Dutrieux Delphine, «Comment les albums et les contes permettent-ils de développer le langage?», TFE en vue de l obtention du titre de bachelier institutrice préscolaire, Louvain-la-Neuve, ENCBW, 2013, 30 pages. 14