ETUDE DE SERIES PLUVIOMÉTRIQUES DE LONGUE DUREE EN AFRIQUE DE L OUEST ET CENTRALE NON SAHÉLIENNE

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ETUDE DE SERIES PLUVIOMÉTRIQUES DE LONGUE DUREE EN AFRIQUE DE RÉSUMÉ J.E. PATUREL (a), H. LUBES (b), E. SERVAT (a), M.O. DELATTRE (a) (a) Antenne Hydrologique ORSTOM 06 BP 1203 Cidex 1 Abidjan 06 Côte d Ivoire (b) Laboratoire d Hydrologie ORSTOM BP 5035 34032 Montpellier Cedex France Dans les zones arides et semi-arides d'afrique de l'ouest et Centrale, la notion de précarité de la ressource en eau n'est pas récente. Cependant, la sécheresse qui affecte les régions tropicales africaines depuis les deux dernières décennies présente tout à la fois une sévérité, une persistance et une extension remarquables. L'Afrique de l'ouest a été particulièrement touchée, avec des conséquences dramatiques dans les régions sahéliennes et très sérieuses pour l'environnement et les ressources en eau dans les régions non sahéliennes. Les séries pluviométriques annuelles enregistrées sur de longues durées sur un ensemble de stations couvrant toute l'afrique de l'ouest et Centrale non sahélienne (du Sénégal à la Centrafrique) ont permis d'étudier l'évolution spatio-temporelle de la pluviométrie dans cette région. Les résultats montrent l alternance de périodes sèches et de périodes humides depuis le début du XXème siècle. La sécheresse actuelle, dont le début est situé "fin des années 1960 - début des années 1970" n'a pas connu d'équivalent, ni en durée, ni en intensité, sur l'ensemble de la période étudiée. Une étude statistique, confirmée par des représentations cartographiques de ces différentes périodes, met en évidence le caractère fortement hétérogène du phénomène dans l espace. INTRODUCTION Le programme ICCARE (Identification et Conséquences d une variabilité du Climat en AfRique de l ouest non sahelienne) s inscrit dans le thème 4, intitulé «variabilité des ressources en eau», du projet FRIEND-AOC du PHI de l UNESCO (Servat, 1994). Il a pour objet l identification d une éventuelle fluctuation climatique en Afrique non sahélienne au cours de ces dernières décennies, vers les années 1970. Cet évolution du climat peut se traduire par des changements notables au sein de séries chronologiques pluviométriques. La question posée, ici, est : comment situer la diminution de la pluviométrie observée depuis 25 ans dans la chronologie pluviométrique de ce siècle (Delattre, 1996)? La zone étudiée couvre 16 pays qui sont, de l Afrique de l Ouest vers l Afrique Centrale, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée Conakry, la Sierra Leone, le

Liberia, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique. Nous n avons, cependant, considéré que la partie non sahélienne de cette zone. Pour ce, l étude s est limitée au Sud du 14ème parallèle. L analyse de la variabilité pluviométrique se fait par le biais de l étude de longues série pluviométriques annuelles. DONNÉES Un grand nombre de postes pluviométriques ont été retenus afin de constituer une base de données annuelles pluviométriques la plus complète et la plus représentative possible de la zone d étude du programme ICCARE. Les postes choisis, relevant de la gestion des différents services nationaux des pays concernés, obéissent à des critères de durée de l information et de qualité des données. Le choix des postes répond également à une forte densité de l information qui peut permettre une bonne couverture de la zone d étude. Ont ainsi été retenus une centaine de postes avec des séries chronologiques qui remontent à plus de 60 ans de mesures annuelles. L information la plus longue concerne les pays anglophones qui remonte, parfois, au siècle dernier. ANALYSE STATISTIQUE Nous avons traité les séries pluviométriques dans leur totalité. L étude a été menée par l application de tests statistiques de détection de «rupture» en moyenne des séries chronologiques de pluviométrie annuelle. «Rupture» doit être compris comme un changement dans la loi de probabikité de la série chronologique à un instant donné (Lubès- Niel et al., 1994). Nous ne présentons, ici, que les résultats du test de Pettitt. Test de Pettitt Le test de Pettitt est non-paramétrique et dérive du test de Mann-Whitney (Pettitt, 1979). L absence d une rupture dans la série (x i ) de taille N constitue l hypothèse nulle. Pettitt définit la variable U t, N : U t,n = t i= 1 N j= t+ 1 D ij où D ij =sgn(x i -x j ) avec sgn(z)=1 si Z>0, 0 si Z=0 et -1 si Z<0 Il propose de tester l Hypothèse nulle en utilisant la statistique K N maximum en valeur absolue de U t, N pour t variant de 1 à N-1. définie par le A partir de la théorie des rangs, Pettitt montre que si k désigne la valeur de K N prise sur la série étudiée, sous l'hypothèse nulle, la probabilité de dépassement de la valeur k est donnée approximativement par: Prob( KN > k) 2 exp( 6 k 2 / ( N 3 + N 2 )) Pour un risque α de première espèce donné, si la probabilité de dépassement estimée est inférieure à α, l'hypothèse nulle est rejetée. La série comporte alors une rupture localisée au moment τ où est observé K N.

Résultats Les résultats du test montrent qu une rupture (diminution de la pluviométrie annuelle dans notre cas) au sein de la série chronologique s observe majoritairement entre 1960 et 1979 avec un niveau de signification, qui varie d un poste à un autre. Le niveau de signification traduit l importance réelle ou pas d un changement de la moyenne au sein de la série pluviométrique. Dans seulement 5 cas, la rupture a été observée en dehors de cette période (autour des années 1940). Il faut noter, également, que pour 6 postes, le test révèle une augmentation de la pluviométrie annuelle. Ces 6 postes sont, cependant, isolés les uns des autres et leurs résultats ne traduisent donc en rien un comportement régional. Ils ne sont probablement que l expression de postes de mesures peu fiables qui ont, malgré des tests de qualité des données effectués, été sélectionnés. Probabilité associée Classe Dénombrement < 1% rupture très significative 32 entre 1 et 5% rupture significative 10 entre 5 et 20% rupture peu significative 11 > 20% série homogène 32 < 5% excédent pluviométrique 6 < 1% rupture très significative en 5 dehors de la période 1960-1979 tableau 1 : probabilité associée au test de Pettitt - rupture entre 1960 et 1979 Le tableau 1 présente la probabilité associée à la statistique du test calculé pour chacun des postes. Un classement qualitatif a été effectué en tenant compte des valeurs de cette probabilité. Figure 1 : résultat du test de rupture très significative rupture significative rupture non significative série homogène rupture en dehors de 1960-1979 augmentation Les valeurs de cette probabilité ont été reportées sur une carte de la région d étude (Figure 1) : le phénomène de déficit pluviométrique apparaît plus marqué à l Ouest du 5ème méridien Ouest et au Nord des 8-10èmes parallèles. Ailleurs, ce phénomène est bien moins accentué.

REPRÉSENTATIONS GRAPHIQUES ET ANALYSE CARTOGRAPHIQUE Pour appuyer les résultats obtenus auparavant, nous avons retenu comme période de référence 1925 (+/- 5 ans)-1990, période commune à tous les postes sur laquelle nous avions une information très dense. Sur chacun des postes, nous avons déterminé «l indice pluviométrique» défini comme une variable centrée réduite (Lamb, 1982): ( X i X) avec X i : pluviométrie de l année i, S X : pluviométrie moyenne interannuelle sur la période de référence, S : écart-type de la pluviométrie interannuelle sur la période de référence. L indice pluviométrique traduit ainsi un excédent ou un déficit pluviométrique pour l année considérée par rapport à la période de référence choisie. Périodes déficitaires et excédentaires Classement par longitude croissante Périodes déficitaires Périodes excédentaires Longitude Année Longitude 1920 1950 1970 1990-16.0-16.0-9.3-5.2-3.0 0.0 +2.6 +5.0 +10.0 +22.5-9.3-5.2-3.0 0.0 +2.6 +5.0 +10.0 +22.5 tableau 2 : visualisation des périodes déficitaires et excédentaires en fonction de la longitude du poste de mesure Les résultats ont été reportés dans un tableau en rangeant les stations par longitude croissante (Tableau 2). On observe une succession de périodes déficitaires et excédentaires. Les dates indiquées ne sont données qu à titre de repères temporels. En effet, ces basculements climatiques ne sont pas intervenus du jour au lendemain à une même date sur l ensemble de la zone d étude :

la période 1936-1950 est déficitaire, son caractère est plus marqué entre 0 et 4 de longitude Est (Togo et Bénin) et il s estompe de part et d autre, en particulier à l Ouest, la période 1951-1968 est excédentaire; son caractère est plus marqué à l Ouest de la zone d étude (Ouest de la Côte d Ivoire), la période 1969-aujourd hui est déficitaire; son caractère s observe sur l ensemble de la zone mais est plus marqué à l Ouest (Ouest de la Côte d Ivoire). Périodes déficitaires et excédentaires Classement par latitude décroissante Périodes déficitaires Périodes excédentaires Longitude Année Longitude 1920 1950 1970 1990 14.0 14.0 13.0 12.0 10.5 9.5 7.5 6.7 6.2 4.0 13.0 12.0 10.5 9.5 7.5 6.7 6.2 4.0 tableau 3 : visualisation des périodes déficitaires et excédentaires en fonction de la latitude du poste de mesure Les résultats ont ensuite été porté dans un tableau en rangeant les stations par latitude croissante (Tableau 3). On observe la même succession de périodes déficitaires et excédentaires : la période 1936-1950 est déficitaire mais son caractère est peu marqué, la période 1951-1968 est excédentaire et son caractère est bien marqué, la période 1969-aujourd hui est déficitaire et son caractère est très marqué au dessus des 8-10èmes parallèles.

indice pluviométrique déficitaire excédentaire 1980-1989 1970-1979 1960-1969 1950-1959 1940-1949 1930-1939 La densité de l information étant suffisamment forte, une cartographie de la moyenne par décennie des indices pluviométriques a été dressée (Figure 2). On observe : durant les décennies 1930 et 1940 (en particulier cette dernière), des zones ponctuellement déficitaires; les valeurs des indices sont, cependant, faibles en valeur absolue, durant les décennies 1950 et 1960, des zones excédentaires; ce caractère s observe d abord dans le Nord puis se généralise à l ensemble de la zone d étude au cours de la décennie suivante, durant les 2 dernières décennies, des zones déficitaires; ce caractère s accentue au cours de la décennie 1980 et est très marqué au Nord du 10ème parallèle et à l Ouest du 5ème

méridien Ouest; les valeurs des indices sont beaucoup plus élevées, en valeur absolue, qu auparavant. Ces différentes représentations montrent une alternance de périodes sèches et humides. L examen des quelques données, disponibles sur quelques pays, antérieures à la période de référence choisie révèle également une période déficitaire entre 1910 et 1922 et une période excédentaire entre 1922 et 1936. Cette alternance n a cependant pas la régularité d un cycle puisque sa période varie très fortement. Les tests statistiques ne permettent pas de mettre en évidence toutes ces fluctuations, hormis celle autour de l année 1970 et autour des années 1940. Rappelons que les tests employés (test de Pettitt, ici) ne détectent qu une rupture. Cela indique clairement l importance des changements climatiques survenus autour de l année 1970 et, à un degré moindre, autour de l année 1936. CONCLUSION Cette étude montre qu au cours de ce siècle, la sous-région a connu une succession de périodes à déficit et de périodes à excédent pluviométrique sans, toutefois, pouvoir parler de cycle. Le phénomène le plus brutal et le plus significatif (au sens statistique du terme) est observé autour des années 1970, où on note une diminution plus ou moins marquée de la pluviométrie annuelle. Cette période déficitaire, depuis lors, est marquée par son intensitéet sa durée. A l Est, ce phénomène ne semble s inscrire que dans l histoire des variations «normales» des séries de cette sous-région sans revêtir le caractère d exception que l on observe plus à l Ouest et au Nord. Les activités humaines ont très certainement contribué à accroître ce phénomène de sécheresse, comme on semble l observer dans de nombreuses régions du Golfe de Guinée. Ces dernières décennies, la déforestation y a pris une ampleur considérable qui, même si elle ne peut être considérée comme la principale cause de cette sécheresse, ne peut pas être étrangère à l affaissement de la pluviométrie annuelle.

BIBLIOGRAPHIE Delattre M.O. (1996) Evolution climatique en Afrique de l Ouest et Centrale non sahélienne. Rapport de Stage de fin d Etudes. ISIM, Montpellier. 47 Lamb P. J. (1982) Persistence of Subsaharan drought. Nature 299, September : 46- Lubès-Niel H., Masson J. M., Servat E., Paturel J. E., Kouamé B., Boyer J. F. (1994) Caractérisation de fluctuations dans une série chronologique par application de tests statistiques - Etude bibliographique. ORSTOM, Montpellier, rapport n 3 Pettitt A. N. (1979) A non-parametric approach to the change-point problem. Applied Statistics 28, n 2 : 126-135 Servat E. (1994) ICCARE. Identification et Conséquences d'une variabilitédu Climat en AfRique de l'ouest non sahelienne - Présentation du programme. ORSTOM, Abidjan, Côte d'ivoire, rapport n 1. Sircoulon J. (1987) Variation des débits des cours d eau et des niveaux des lacs en Afrique de l Ouest depuis le début du XXème siècle. IAHS Publ. The Influence of Climate change and Climatic Variability on Hydrologic Regime and Water Resources, 168 : 13-25