M E M 0 I R E CONCERNANT UNE POLITIQUE DU TROISIEME AGE AU QUEBEC PRESENTE AU MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES LORS DE SA CONSULTATION 9 OCTOBRE 1980 Rédigé par Louise Joly Octobre1980
MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'AFEAS Conseil exécutif: Christiane B. Gagné, présidente générale Lucille Bellemare, première vice-présidente Ginette V. Gagnon, deuxième vice-présidente Marie-Claire Lussier, conseillère générale Louise Joly, conseillère générale Rita Villeneuve, conseillère générale Présidentes de régions; Yvette Moreau, région de Montréal-St-Jérôme-Outaouais Cécile Boily, région du Saguenay Lac St-Jean-Chibougamau-Chapais Pierrette D. Bossé, région de Côte-Nord Marie-Ange Sylvestre, région de Joliette Jeannine Bouvet, région de Nicolet Luce R. Poisson, région de Québec Simone L. Filion, région du Bas-St-Laurent-Gaspésie Gabrielle Berger, région du Richelieu-Yamaska Jeannine Desbiens, région de St-Jean Huguette Lebeau, région Mont-Laurier Lise Raquette, région de Sherbrooke Marie-Berthe Perron, région Abitibi-Témiscamingue Micheline Villemure, région de la Mauricie
INTRODUCTION L'Association féminine d'éducation et d'action sociale (AFEAS) compte 35,000 femmes à travers la province, réparties dans 6no localités et regroupées en 13 régions bien distinctes. L'AFEAS poursuit deux buts principaux: l'éducation et l'action sociale. Par l'éducation, elle tente d'éveiller ses membres à leurs responsabilités et les engager à faire face aux exigences de la famille et de la société. Elle veut aussi réaliser une action sociale en vue de la promotion de la femme et l'amélioration de la société. L'AFEAS est heureuse de participer à cette consultation du ministère des Affaires sociales sur une politique du troisième âge. Partant du fait que 33% de nos membres sont âgés de 50 ans et plus, dont 12% au-dessus de 60 ans, et que 9% d'entre elles sont veuves, Il est tout naturel que l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées soft chez nous une préoccupation constante. Dans notre société, l'homme pourvoit aux besoins de la femme et des enfants, la femme se dévoue à l'intérieur du foyer et l'espérance de vie est plus longue chez la femme. Les conséquences de ces conditions sont telles que la femme âgée se retrouve seule et pauvre. Des études ont démontré qu'un fort pourcentage de femmes vivent sous te seuil de la pauvreté. Les femmes qui n'ont pas été sur le marché du travail n'ont aucun crédit de retraite puisqu'on ne leur permet pas de contribuer au régime public. L'AFEAS préoccupée par cette situation, porte à votre attention ce document qui contient les résolutions adoptées lors de nos assemblées générales et qui visent à améliorer les conditions sociales et économiques des personnes âgées au Québec.
Nos recommandations se retrouvent sous les thèmes suivants: 1. Service d'aide à domicile 2. Centre d'accueil 3. Médicament k. Régime des rentes du Québec 5. Régime supplémentaire de rente.. SERVICE D'AIDE A DOMICILE On ne devrait recourir aux soins institutionnels qu'en des circonstances spéciales parce qu'il y a danger de dépersonnalisation. Il faudrait mettre l'accent sur le développement des ressources destinées à maintenir les personnes âgées à domicile. Plusieurs personnes âgées jouissent d'une bonne santé et préfèrent vivre dans leur milieu. On constate cependant, avec regret, qu'il y a très peu de main-d'oeuvre disponible pour maintenir les personnes âgées à domicile. En conséquence nous recommandons: - Que le ministère des Affaires sociales dispense le service d'aide à domicile à travers tout le Québec auquel les personnes âgées pourraient recourir en tout temps. Ce service devrait être gratuit. - Qu'on organise des groupes dans différentes régions ou qu'on utilise des groupes déjà existants, par exemple des prestataires d'assistance sociale ou des prestataires d'assurance-chômage, qui seraient disponibles pour faire le grand-ménage, la peinture ou autres travaux du genre pour les personnes âgées. - Que la loi des accidents du travail soit amendée afin que les personnes qui demeurent au foyer pour s'occuper des personnes âgées soient couvertes par la loi, la contribution devant être versée par l'etat.
2. CENTRE D'ACCUEIL Pour des raisons d'économie, plusieurs centres d'accueil pour personnes âgées disposent de chambres à deux ou plusieurs lits. Ce type de logement incommode les pensionnaires qui sont ainsi privés de toute intimité. Même lorsqu'ils ont les moyens de payer plus cher pour jouir du confort d'une chambre individuelle, les ressources physiques sont si limitées qu'ils ne peuvent l'obtenir. En conséquence nous recommandons: - De corriger cette situation déplorable le plus rapidement possible, en aménageant dans les centres d'accueil pour personnes âgées un plus grand nombre de chambres individuelles de dimension raisonnable. 3. MÉDICAMENT. Le programme de médicaments gratuits rend accessibles aux personnes âgées de 65 ans et plus les services et les médicaments fournis par un pharmacien sur l'ordonnance d'un médecin ou d'un dentiste. Or, les couples âgés, sont très souvent peu fortunés et n'ont comme seul revenu, leur chèque de pensionné qui sert déjà à défrayer les coûts de logement, nourriture, vêtements etc.. En conséquence nous recommandons: -D'émettre des cartes permettant au conjoint du pensionné, même si celui-ci n'a pas atteint l'âge de 65 ans, de recevoir des médicaments gratuitement. Ayant constaté que les personnes âgées de 65 ans et plus ont fait exécuter près de 10.5 millions de prescriptions en 1978 pour un coût total de 59.9 millions de dollars, nous considérons que notre demande de sensibilisation et d'information face à l'abus des médicaments touche grandement les personnes âgées.
En conséquence nous recommandons: - Que le ministère des Affaires sociales lance une campagne d'information et de sensibilisation face à la santé mentale et à l'abus des médicaments, à l'intention du grand public, par les média d'information. 4. REGIME DE RENTES DU QUEBEC Le régime des rentes du Québec prévoit verser des rentes au conjoint survivant. Le montant de cette rente est moins élevé que la rente de retraite qu'aurait reçu le conjoint participant s'il avait vécu. Elle est constituée d'un montant fixe, différent selon L'âge du conjoint survivant, d'un montant variable fixé selon une proportion de la rente de retraite prévue pour le conjoint participant décédé et d'une rente fixe pour chacun des enfants. L'espérance de vie a très peu changé chez les hommes alors qu'on observe un net accroissement de longévité chez les femmes. Cette situation pose un problème majeur: celui de la femme âgée seule. Pour ces femmes qui ont toujours cru que le mari devait assurer leur sécurité financière, l'obligation soudaine de pourvoir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants leur pose un défi de taille. En conséquence nous recommandons : - Que le ministère concerné revise sa politique en ce qui concerne le versement de la pension de la Régie des rentes du Québec afin que la veuve d'un cotisant au régime des rentes du Québec reçoive le montant total que son conjoint recevrait ou aurait reçu au moment de son décès.
Le régime des rentes du Québec fut créé dans le but d'assurer aux travailleurs et aux personnes à leur charge une protection de base contre la perte de revenus pouvant résulter de la retraite, du décès ou de l'invalidité. La loi dit qu'un conjoint survivant perd la rente à laquelle il a droit, s'il se remarie. En conséquence, certains couples choisissent l'union de fait pour ne pas perdre la rente de conjoint survivant. Dans le cas d'un divorce ou d'une annulation de mariage, les conjoints ont droit au partage des gains et conservent ce droit même s'i l y a remariage. Considérant que la perception de la rente du conjoint survivant est un droit, nous recommandons: - Que la Régie des rentes du Québec continue de verser au conjoint survivant la part du régime des rentes à laquelle elle (il) a droit, même s'il y a remariage. 5. REGIME SUPPLEMENTAIRE En plus du régime des rentes du Québec, environ 40% des travailleurs participent à un régime supplémentaire de rente dans le cadre de leur emploi. Un certain nombre de ces régimes ont des conditions d'admission qui varient selon le sexe et l'âge et qui défavorisent les femmes: âge d'admission plus élevé, période de service plus longue, âge de la retraite plus bas. Ces dispositions sont discriminatoires pour les femmes. Contribuant moins longtemps au régime de rente et ayant une espérance de vie plus longue, elles recevront par conséquent des rentes moins substantielles. La Commission des droits de la personne et le Conseil du statut de la femme ont déjà recommandé que la discrimination soit interdite dans les régimes à prestations indéterminées.
En conséquence nous recommandons: - Que dans les régimes de retraite à prestations indéterminées on accorde des avantages égaux aux femmes et aux hommes. REFERENCES: Mémoire AFEAS - 1975 Mémoire AFEAS - 1978 Mémoire AFEAS - 1979 Mémoire AFEAS - 1980