[FRANÇAIS 8 LE CONTE] 1 Les fées Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l'ainée lui ressemblait si fort de caractère et de visage, que ceux qui la voyaient, voyaient la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses, qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son père pour la douceur et l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on pouvait voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille ainée, et, en même temps avait une haine effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse. Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois par jour, puiser de l'eau à 2km du logis, et qu'elle rapportât plein une grande cruche. Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire. «Oui, ma bonne mère,» dit cette belle fille. Et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit : «Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don (car c'était une fée qui avait pris la forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille). Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse.» Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. «Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps» ; et, en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles et deux gros diamants. «Que vois- je là! dit sa mère toute étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des perles et des diamants. D'où vient cela, ma fille? (Ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille.) La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants. «Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille ; tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle ; ne seriez- vous pas contente d'avoir le même don? Vous n'avez qu'à aller puiser de l'eau à la fontaine, et, quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. - Jamais on me verra aller à la fontaine! Répondit la brutale de mauvaise humeur - Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout de suite.»
2 [FRANÇAIS 8 LE CONTE] Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille. «Est- ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire? Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour vous donner à boire! J'en suis d avis : buvez directement à la fontaine si vous voulez. - Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère ; eh bien! Puisque vous êtes si peu aimable, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud.» Dès que sa mère l'aperçut, elle lui cria : «Eh bien! ma fille! - Eh bien! ma mère! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds. - Ô ciel, s'écria la mère, que vois- je là? C'est sa sœur qui est en cause : elle me le paiera» ; et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit et alla se sauver dans la forêt proche. Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et, la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et pourquoi elle pleurait. - Hélas, Monsieur, c'est ma mère qui m'a chassée du logis.» Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux ; et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa. Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois. Charles Perrault - Contes (1695)
[FRANÇAIS 8 LE CONTE] 3 Partie 1 /30 1. Quelle est la première phrase du texte? Écris- la ci- dessous. Est- ce une formule traditionnelle pour un conte? Quelle est la version anglaise de cette phrase? 3pts. 2. Complète le tableau suivant en utilisant les informations fournies dans le premier paragraphe. 8 pts. Personnages Traits de personnalité (2 pour chaque) Sentiment de la mère pour chacune de ses filles N/A 3. Encercle tous les verbes dans le premier paragraphe. À l aide d un Bescherelle, indique le temps des verbes du premier paragraphe. (0.5 pt pour verbe et 0.5 pt pour temps) 17 pts. 4. Comment appelle- t- on cette partie du conte que tu as analysée entre les questions 1 et 3? (Réponds avec une phrase complète) ========================================================================
4 [FRANÇAIS 8 LE CONTE] Partie 2 / 18 5. Quelle expression marque le début de l action au paragraphe 2. Quel temps de verbe est utilisé pour la suite des actions? 6. Qui est le personnage que la cadette rencontre en réalité? Comment le lecteur en sait cela? 7. Dans quel but le personnage s est- il métamorphosé? Réponds avec phrase complète 1 pt. 8. Dans les paragraphes 3 et 4, identifie les 10 adjectifs qui caractérisent des personnages. 5 pts. 9. Quel don la vieille femme fait- elle à la cadette? Que veut- elle récompenser? 10. Pourquoi la fille ainée se rend- elle à la fontaine? encercle la bonne réponse : 1 pt. Pour rendre service à sa sœur pour retrouver une amie avec qui elle a rendez- vous. parce que sa mère lui a demandé d y aller pour avoir le même don que sa sœur. 11. L ainée rencontre- t- elle le même personnage que sa sœur? Que lui arrive- t- il? 2pts.
[FRANÇAIS 8 LE CONTE] 5 12. Comment appelle- t- on les deux éléments du conte que tu as évalués entre les questions 5 et 11? (Réponds avec une phrase complète) 3pts.
6 [FRANÇAIS 8 LE CONTE] Partie 3 /17 14. Qui la cadette rencontre- t- elle à la fin de l histoire? Cela te surprend- il dans un conte de fées? Justifie tes réponses en faisant des phrases complètes 3 pts 15. Fais le schéma narratif du conte Situation initiale : Elément perturbateur : 1 pt. Les péripéties (actions) (fais une liste des actions): 3 pts. Elément de résolution : Situation finale :
[FRANÇAIS 8 LE CONTE] 7 16. Il y a deux morales dans ce conte. Selon toi, quelles sont- elles? Explique avec des phrases complètes 4 pts.