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Cahiers de l Académie des Arts, Lettres et Sciences de Languedoc Numéro 29, décembre 2016 Quelques membres du bureau avec les scientifiques présents primés. De gauche à droite : J. Barthe (président), J. Chavaudra, A. Lisbona (président de la SFPM), A. Roué, A. Bridié, Mme A. Bridié, H. Kafrouni et D. Paul Composition du bureau Président Président de séance Secrétaire perpétuel Vice-présidents Secrétaire général Dispensatrice Site de l Académie Jean Barthe Hanna Kafrouni (société DOSIsoft) Edmond Jouve Gui Portal Jean Chavaudra Jean Barthe (par intérim) Suzanne Odin Jean Barthe 1

Présidents d honneur Honorariat Simone Tauziède. Paul de Saint Palais. Cahier de l Académie des Arts, Lettres et Sciences de Languedoc Responsable de la publication Edmond Jouve. Édition Gui Portal. Photographies * Les invités présents. (*) Veuillez nous excuser pour la mauvaise qualité de certaines photographies prises sur le vif ISSN n 1143 8819 SIRET n 520 604 885 000 19 Éditorial du Secrétaire Perpétuel Sommaire Page Ma maison 3 Le mot du président de l Académie 4 Un mot sur notre Histoire 50 ans de prestige pour notre Académie, par Suzanne Odin 5 Présentation du président de séance : Hanna Kafrouni 8 Prix scientifiques Prix Pasteur : André Bridier 13 Prix Pierre et Marie Curie : Amélie Roué 16 Adoubement : Sabet Hachem, Professeur des Universités 19 Prix littéraires Prix des Provinces de France : Gérard Freysange 20 Prix Pierre Benoît : Eric Birlouez 21 Prix du Jury : Jacques Laporte 21 Prix Olympe de Gouges : Jean-Marie Cassagne et Mariola Roisak 21 Prix Prosper Estieux : Abbé Jean Laffont 22 Prix de l Académie : Simone Ulrich 22 Vie de l Académie. 22 Cotisation 22 Repas convivial 23 Poèmes choisis 25 Compte rendu de l Assemblée Générale du 8 juin 2016 27 Liste des Académiciens 28 2

Éditorial Ma maison natale. Dans le tome II de mes Mélanges (page 1805), mon gendre, l architecte Xavier Rousillon, s adresse ainsi à moi : «au détour de quelques virages quercynois, il y a les terres de Cassagnes et le charme si particulier de cet éparpillement agricole restauré dans la profonde tradition artisanale. Il y a nos racines de pierres et cet étrange paradoxe entre un changement incessant des usages depuis plusieurs décennies et un attachement viscéral à la mémoire des lieux et des objets. Maison natale à Nadaillac. Pour un architecte citadin, les volumes y sont simples, la nature sauvage et le roc à fleur de terre. Après déjà plus de vingt ans, à dessiner ensemble un puzzle aux camaïeux d ocre, autour de cette ruche de vie artisanale, il faut bien parler d un parcours initiatique. Il existe une raison à cela : Cassagnes est depuis la nuit des temps le berceau de la famille Jouve». Dans mon enfance, sept personnes vivaient sous notre toit. Tout ce monde habitait dans la «boiro». Outre ma grand-mère Élisa et mes parents, ma sœur Nadine et mon frère Jean-Pierre, mon oncle Roger, encore célibataire, menuisier de son état, logeaient avec nous. Ce qui nous valut d avoir plusieurs pièces de notre maison tapissées de fleurs bleues et de plafonds en lattes de bois qui masquaient les grosses poutres noircies par la fumée de la cheminée. Mon oncle nous avait également procuré une douzaine de chaises. Alignées le long du mur principal de la salle à manger, elles étaient utilisées dans les grandes occasions, mais la chose la plus extraordinaire était un phonographe doté d une douzaine de disques (dont la plupart étaient rayés). Une chanson avait ma préférence : «Le petit objet». Ces paroles me trottent encore dans la tête. «Ah! Mlle Rose! J ai un p tit objet, un p tit objet à vous offrir! Ah, c est quelque chose qui vous ferait plaisir». Notre voisin, Ferdinand Lurel, le nain jovial dont il a déjà été question dans ces Cahiers, venait spécialement à la maison pour écouter cette rengaine. Nous allions chercher le phono rangé au grenier en utilisant «lo mountado», autrement dit l escalier en bois, qui nous permettait de communiquer avec l étage. Notre maison familiale est située au centre d un ensemble bien délimité à l est la route ; au nord les vignes du Roc ou ce qu il en reste ; à l ouest des pechs de Mareuil ; au sud le bourg de Nadaillac. Il suffit de se tenir sur le pas de la porte pour apercevoir le château et l église qui ont si bien résisté aux siècles. Á première vue, rien ne distingue cette bâtisse des autres. Construite, pour l essentiel, en pierres des champs, initialement de dimensions modestes, elle a été agrandie sous la Monarchie de Juillet. Couverte d abord de lauzes puis de tuiles rouges comme il est d usage dans cette contrée, son toît est percé de trois lucarnes qui dispensent air et lumière. La cave a été creusée dans le rocher garnie pour l essentiel, suivant un inventaire de1884, d une cuve, de quelques barriques et comportes et de deux chaudrons en cuivre. Elle occupe l essentiel du sous-sol. La cuisine est la partie principale. Ce même inventaire fait état des objets suivants et de leur évaluation en francs de cette époque donnée à titre historique : 2 tables (12 fr), 1 pendule (55 fr), 1 lit et une couverture (22 fr), une armoire (10 fr), 8 chaises (10 fr), 3 marmites en fonte, 1 soupière, 2 saladiers, 1 tourtière, 7 plats de faïence, 1 «payrolle» en cuivre, 2 lampes (1,50 fr), 2 chandeliers en cuivre (0,50 fr), 1 lanterne en fer (0,20 fr), 1 cruche pour conserver l huile de noix (0,20 fr). Au centre de la salle trône une table en merisier munie de larges tiroirs. L un d eux renferme la tourte de pain déjà entamée, l autre des ustensiles de cuisine. Pour s asseoir deux bancs simples et lourds sans dossier. La cheminée est l âme de la maison avec son «cantou» où j ai si souvent veillé durant les longues soirées d hiver. De part et d autre de l âtre, deux salières en bois servent avant tout de sièges. Ces meubles contiennent aussi le sel que l on jettera dans la marmite pour assaisonner le bouillon et préparer le cochon. Ajouter à cela, une fontaine en cuivre et une pendule comtoise, gloires de la maison, une belle armoire en merisier et un évier percé dans le mur que nous utilisions pour notre toilette. 3

C est dans cet environnement que j ai grandi jusqu à l âge de 12 ans. Certes, à Paris une salle de bains a remplacé l évier de mon enfance, des tapis agrémentent les pièces principales de mon appartement. Des lustres remplacent les «calels» d autrefois, cependant je ne suis pas sûr de ne pas regretter, bien des fois, la chaleur bienfaisante du «cantou» et l atmosphère qui régnait dans cet espace de vie. Edmond Jouve Secrétaire perpétuel Fauteuil n 11 Le mot du Président Cher Secrétaire perpétuel, chers académiciennes et académiciens, chers amis. Voici, enfin, notre cahier n 29 de la session de printemps 2016, relatant la séance qui s est tenue le vendredi 27 mai dernier au Millenium Hotel Paris. Nous étions peu nombreux, environ une vingtaine de participants, académiciens et invités. La séance a été présidée par Hanna Kafrouni, directeur de la société Dosisoft, spécialisée dans les logiciels médicaux et en particulier l imagerie et le suivi de la dose de rayonnement délivrée dans un traitement de radiothérapie. Je dois préciser que M. Kafrouni est docteur es Sciences de l Université Paul Sabatier (prix Nobel de chimie en 1912). Après une période très active auprès de Mme Dutreix, chef de service à l Institut Gustave Roussy (IGR, grands bâtiments que l on voit sur la droite depuis l autoroute A6 en direction de Paris), il s est déterminé à créer la société Dosisoft pour participer à l effort de recherche dans le domaine des logiciels appliqués à la radiothérapie. Je n en dirai pas plus car vous trouverez dans la suite de ce Cahier de nombreux détails sur son activité entièrement dévouée au traitement du patient atteint d un cancer, maladie qui nous menace tous. Sur ce même thème, nous trouverons la présentation de deux prix scientifiques décernés, l un le prix Pasteur à André Bridier pour sa très grande contribution à la qualité des irradiations lors des traitements de radiothérapie et l autre le prix Pierre et Marie Curie à Amélie Roué pour sa contribution incontournable à la formation de qualité de nos futurs radio-physiciens, ainsi que la réponse de nos amis primés. Toujours dans un domaine scientifique proche, nous avons, par «contumace» pourrait-on dire, adoubé le professeur Sabet Hachem de l Université de Nice Sophia-Antipolis. Pourquoi par contumace? Simplement parce que le professeur Hachem n a pu venir lors de notre dernière séance d automne 2014 à la suite de problèmes chirurgicaux et que, de ce fait, nous ne voulions pas reporter une nouvelle fois son adoubement. C est une première pour l Académie. A la suite de la partie scientifique, notre Secrétaire perpétuel a présenté, avec notre dispensatrice Madame Odin, les prix littéraires attribués par notre Académie. L ensemble des auteurs primés n habitant pas l Île de France mais le sud occitan, les prix ont été décernés plus tard, à Nadaillac durant les congés d été, par notre Secrétaire perpétuel. Comme vous le lirez par la suite, mon deuxième et dernier mandat se termine à la mi-mai 2017. Le bureau et moi-même cherchons dès à présent un successeur pour assurer la présidence de l Académie. Notre Secrétaire perpétuel avait lui-même posé la question de sa succession lors de notre dernière session de printemps 2016, hélas sans résultat. Il est urgent que la situation de notre succession se résolve le plus vite possible car il en va de la pérennité de notre Académie. Je sollicite donc au moins deux candidatures, l une pour le secrétariat perpétuel et l autre pour la présidence. J espère vivement que l un de nos académiciens, sur Paris ou en province, réponde à notre demande. Il faut noter que la délocalisation de l un ou de l autre n est pas un obstacle infranchissable avec les moyens de communications actuels. Jean Barthe Président Fauteuil n 16 4

50 ans d actions et de prestige pour notre Académie Après avoir écrit un article sur les 50 ans de notre Compagnie, notre secrétaire perpétuel, Edmond Jouve, me suggéra de faire des recherches et d essayer de réunir les faits qui ont marqué ce demi-siècle. Actuellement, seuls deux académiciens ayant participé aux premiers pas de l Académie sont encore parmi nous : Simone Tauziède (fauteuil n 2) et Maurice Vaqué (fauteuil n 12). Malheureusement, notre présidente d honneur n est plus en état de nous renseigner. Sa santé est défaillante : elle approche des 100 ans. Des anecdotes, elle en connaissait : sur la famille Baudis (n a-t-elle pas fait sauter le fils Dominique sur ses genoux?), sur le «Grenier de Toulouse» auquel certains de nos membres ont participé et joué dans les spectacles donnés par cette troupe. Pierre Mirat, membre associé, dont l épouse et un garçon ont été fauchés par un automobiliste alors que la famille gravissait à vélo, une petite côte dans les environs de Suzanne Odin Toulouse. Pierre qui pédalait en premier s est arrêté au sommet de la côte et a vu le drame sans pouvoir faire quoi que ce soit. Il avait tenu nombre de seconds rôles avec des acteurs renommés et a terminé sa vie à la Maison de retraite de Pont-aux-Dames, après avoir fait sourire la France entière avec cette phrase dite avec une voix de Stentor «A quoi ça sert que Ducros y se décarcasse?», et cela pendant plusieurs années. Maurice Vaqué (fauteuil n 12) fut Secrétaire administratif de 1965 à 1999. Il a connu grand nombre de célébrités, mais très, très peu de souvenirs marquants lui reviennent en mémoire. Un seul, assez surprenant : lorsque les membres fondateurs de l Académie voulurent procéder aux formalités nécessaires, un homme, dont le nom a été oublié, se présenta, voulant, lui aussi, fonder une Académie. Pour dissuader les membres fondateurs, il eut une idée qu il trouva géniale : provoquer Georges Lannes (fauteuil n 1) en duel. Après maintes discussions, il abandonna son idée. Les hasards de la vie sont parfois cocasses ou inattendus. Ainsi, nous avons eu deux Georges Guiraud parmi nos confrères. Le premier adoubé fit partie de la Compagnie dès le début et occupa le fauteuil n 8. Premier Grand Prix de Rome, pensionnaire de l Académie de France à Rome, son atelier était installé avenue Denfert-Rochereau. Il réalisa nombre de monuments à Toulouse, Saint Gaudens, Villefranche de Lauragais, ainsi que le monument funéraire de Jacques Brel. Pour la Monnaie de Paris, il conçut de nombreuses pièces de 1950 à 1953 à l effigie de Marianne avec le coq en revers. De lui également, la médaille de l Académie que nous portons en sautoir lors de nos réunions officielles. Elle représente la tête de Clémence Isaure de face, au milieu de la Croix du Languedoc. Le deuxième académicien portant le même nom, Georges Guiraud (fauteuil n 17), habitait, lui aussi dans le 14 ème arrondissement de Paris. Il avait de très hautes responsabilités dans l audiovisuel et, est décédé très malade, à un âge fort avancé. Ces quelques similitudes ont fait dire à un académicien de Toulouse, dissident de Paris : «Á Paris, ils vont faire voter les morts.» N ayant guère d archives sur les trente premières années de l Académie, je ne peux relater de faits marquants. Mais la mémoire collective a retenu la séance d adoubement du Docteur Henry Puget (fauteuil n 31), ayant pour violon d Ingres le saxophone et admirateur de Dali, il a soutenu une thèse de Doctorat en médecine sur «L œil de la folie et Dali». La cérémonie d adoubement donna lieu à un exposé ludique et à un concert. Le ministre Jacques Augarde (fauteuil n 18) et René Odin (fauteuil n 50) furent adoubés le même jour. Ce dernier, animant un club de cinéastes amateurs, avait demandé à plusieurs de ses collègues de garder une trace de la cérémonie. Jacques Augarde fut très heureux de posséder un exemplaire de ce reportage. Il faut reconnaître que les académiciens «littéraires» ont été beaucoup plus nombreux que les «scientifiques». Notons Bernard Blancotte (fauteuil n 3), Paul Guth (fauteuil n 13), le Dr André Soubiran (fauteuil n 14), Marcel Molé (fauteuil n 32), Odette Lang (fauteuil n 39), Marie Rouanet (fauteuil n 1), Jean- 5

Paul Buffelan-Lanore (fauteuil n 6), ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, Charles Mouly (fauteuil n 14), majoral du Félibrige, inventeur de «Jacout et Catinou». C est pendant la présidence de Jean-Paul Buffelan-Lanore que les prix scientifiques ont été institués et orientés principalement sur la physique médicale faisant référence à Pierre et Marie Curie, à Becquerel et à Pasteur. Les prix ont été attribués à des professeurs français et à des étrangers originaires d Allemagne, d Angleterre, d Italie, d Espagne, du Danemark, des Etats-Unis et de Colombie avec le titre d «honoris causa». Parmi les heureux élus : Mme Isabelle Berry (fauteuil n 22), Messieurs Jean Barthe (fauteuil n 16), Jean Chavaudra (fauteuil n 48), Jean Gaziot (fauteuil n 29) et Didier Paul (fauteuil n 37). Si les Lettres et les Sciences ont été largement représentés, le domaine musical a, lui aussi, fourni un panthéon de célébrités. Le dernier académicien qui nous a quittés au début de cet été est Charles Chaynes (fauteuil n 56). Compositeur, il fut Grand Prix de Rome, membre de l Académie des Beaux-Arts et ancien directeur de «France Musique». Il était un ami intime de Georges Hacquard (fauteuil n 13). Actuellement, nous avons le plaisir d avoir parmi nous Bruno Bonhoure (fauteuil n 54), chanteur ténor spécialisé dans la musique médiévale. Il est interprète de chansons en catalan, en latin et en occitan et a participé aux festivals de la Chaise-Dieu, de Royaumont. Il donne des concerts, entre autres, à Buenos Aires, Rio de Janeiro, Damas, Jérusalem. Ses disques sont distribués dans plus de 26 pays. Qui n a pas connu et dansé avec Edouard Duleu (fauteuil n 44) et son accordéon? Ami de Valéry Giscard d Estaing, il l accompagnait parfois dans ses meetings. Parmi ses nombreuses décorations, relatons qu il était Grand Croix de Composition au sein de la SAGEM. Louis de Fromont (fauteuil n 52), Grand Prix de l Académie Charles Cros, fut chef d orchestre à l Opéra de Paris et, entre autres, à l Orchestre de Chambre de Nice Côte d Azur et à l ORTF. Il nous a laissé plus de 150 disques. Madame Marcelle Balaye-Gabaude Géraldine en littérature - (fauteuil n 34), musicienne reconnue, participa à la Libération de Toulouse et obtint la Médaille de la Résistance. En parallèle, elle se dirigea vers la littérature, écrivit de nombreux poèmes et fut même nommée «Prince des Poètes», distinction rarement attribuée. De nombreux Toulousains ont toujours en mémoire l Abbé Georges Rey (fauteuil n 37). Fondateur et directeur de la chorale des «Petits Chanteurs à la Croix Potencée», il donna de nombreux concerts avec cette chorale. N oublions pas Michel Plasson (fauteuil n 34), l infatigable chef d orchestre qui fut, pendant 35 ans, à la tête de celui de Toulouse. Enfin, elle n était pas de la Comédie Française comme Yves Gasc (fauteuil n 21), elle n était que conteuse, mais qui peut oublier notre si sympathique Élise Simorre (fauteuil n 42)? Pouvait-on reconnaître la chef de bureau au Cabinet du Ministre des Finances lorsqu elle déclamait avec passion, avec sensibilité, des poèmes aussi bouleversants que ceux écrits par des déportées en camp d extermination? Je me souviens de celui intitulé «La Poupée». Une maman, sa petite fille tenant une poupée dans ses bras sont jetées toutes les trois, asphyxiées par les gaz sur un tas de cadavres. Seule la poupée, sur ce tas, a les yeux ouverts. L auditoire, lui, avait les yeux embués. Enfin, ont été distingués à titres divers : Jean Dieuzaide, dit Yann (fauteuil n 58), surnommé «le d Artagnan de la Photographie». Il ouvrit sa première galerie de photographies, «le Château d Eau», à Toulouse en 1974. La peinture nous a fourni de grands artistes : François Baboulet (fauteuil n 5), peintre de la Marine dont plusieurs toiles ont été acquises par la Ville de Paris et par l État. Albert Lauzéro (fauteuil n 23), artiste peintre et graveur participa à de très nombreuses expositions en France et à l étranger. Deux figures à ne pas oublier : Auguste Rivière (fauteuil n 38) qui fut vice-président de notre Compagnie et administrateur du Théâtre du Capitole. Prisonnier de guerre en 1940, il s est évadé en 1942 et entra en résistance. Ses actions lui valurent la Croix de Guerre et la Croix du Combattant volontaire de la Résistance. Un confrère a porté sur lui ce jugement : «C était un homme de conviction et d engagement qui avait la passion du théâtre lyrique». 6

Si je termine par Georges Hacquard (fauteuil n 13) cela est pour plusieurs raisons. Fallait-il que je le cite avec les musiciens ou avec les écrivains? Il fut les deux. Directeur de l Ecole Alsacienne pendant de très nombreuses années, son successeur Pierre de Panafieu (fauteuil n 5) lors de l hommage qu il lui a rendu, a eu ce mot : «La force de Georges était le partage». Pour conclure, je citerai le magnifique poème écrit par Bernard Blancotte (fauteuil n 3) : «Hommage aux disparus, mais à jamais présents» : «Amis vous n êtes point dans l oubli de la nuit Mais dans ce grand soleil où chante notre Histoire De cette Académie que vous avez bâtie Vous êtes pour toujours présents dans nos mémoires.» Suzanne Odin Dispensatrice (Fauteuil n 50) Les membres de notre Compagnie à l honneur Notre confrère, Jean François Costes (fauteuil n 53), originaire de l Ardèche, majoral du Félibrige, a été maintes fois primé à l Académie des Jeux Floraux de Toulouse, la plus vieille académie d Europe, fondée en 1323, pour ses poèmes en langue d Oc. Cette Académie comprend des mainteneurs et des maîtres ès jeux. Parmi ces derniers, ont été distingués plusieurs fois pour leurs poésies Ronsard, Chateaubriand, Voltaire, Fabre d Églantine, Victor Hugo, Frédéric Mistral, l Abbé Salvat, le Chanoine Nègre,... Le 3 mai dernier, lors de la «fête des fleurs» qui a lieu chaque année en la Salle des Illustres, au Capitole, Jean-François Costes a été intronisé maître ès jeux. Le discours de réception fut prononcé par l Abbé Georges Passerat qui a insisté sur le rôle que pouvait désormais jouer notre confrère au sein du jury de Langue d Oc. Par ailleurs, pour la S te Estelle (congrès du félibrige qui s est tenu à Nice du 13 au 17 mai 2016, lors des fêtes de Pentecôte) Suzanne Odin (fauteuil n 50) a été élevée au grade de Maître d Oeuvre du Félibrige en raison de son activité exercée au sein de la société des Félibriges de Paris / Amis de la Langue d Oc (amicale fondée en 1879 par Frédéric Mistral). Nous apprenons que notre confrère Charles Chaynes (fauteuil 56) est décédé le 24 juin 2016 à l âge de 90 ans. Ami de notre ancien secrétaire général Georges Hacquard, il était membre de l Académie des Beaux Arts, compositeur, premier grand prix de Rome, prix Prince Rainier de Monaco, ancien directeur de France Musique de 1965 à 1975. L académie ALS de Languedoc ne pouvant être représentée à la cérémonie, notre Secrétaire perpétuel a adressé à sa veuve et sa famille une lettre de circonstance. Nous avons le plaisir de vous informer que notre Secrétaire perpétuel, Edmond Jouve, promu au grade de Commandeur de la Légion d Honneur, s est vu remettre ses insignes par le Président de la République le 22 juin 2016, au Palais de l Elysée. Suzanne Odin Présentation d Hanna KAFROUNI Président de la séance de Printemps 2016 par Jean Barthe Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les académiciens, Mesdames et Messieurs, Chers amis. C est avec une grande joie que j ai le plaisir de vous présenter Monsieur Hanna KAFROUNI. Je connais Hanna depuis bien longtemps, hélas pour nous, c était en 1973 au Centre de Physique Atomique de Toulouse de 7

l Université Paul Sabatier dans laquelle j étais alors enseignant. Je tiens à préciser qu à cette date il n était pas encore PDG! Hanna est né au Liban dans un petit village appelé Miniara dont le nom fera par la suite le tour du monde. Je suis certain qu il vous dira pourquoi. Après avoir fait, comme l on dit, ses humanités au collège puis au lycée au Liban, il est venu en France pour préparer, à l université Paul Sabatier de Toulouse, une maîtrise d Électronique, d Électrotechnique et d Automatisme qu il a brillamment soutenue en juin 1972. A ce moment là, rien n indiquait qu il embrasserait une carrière présentant un caractère médical. Mais c était sans compter sur le pouvoir de persuasion du professeur Daniel Blanc responsable du tout nouveau DEA, c'est-à-dire pour les non initiés, Diplôme d Études Approfondies de «Physique Médicale». C est ici que se situe le tournant dans la carrière d Hanna. Pourtant, si je me souviens bien, car j ai la mémoire qui flanche, tiens!, le sujet de sa «Thèse de Troisième Cycle», était sur l arc électrique. A cette époque reculée, il n y avait pas encore, ce que l on Présentation du président de séance par J. Barthe appelle actuellement la «Thèse de Doctorat» mais une thèse moins ambitieuse qui permettait de juger de la qualité d un étudiant avant de passer au stade supérieur qu est la «Thèse d État». Cette première thèse durait en général un an à 18 mois alors que la thèse d État, la vraie, l unique, pouvait durer plus de dix ans! J ai même connu un très bon chercheur, que nous appelions entre nous le «gentleman», je suis sûr qu Hanna s en souvient, qui n a probablement jamais passé de thèse, car étant très, ou plutôt trop, perfectionniste, les avancées perpétuelles de son travail étaient telles qu il n arrivait jamais à une situation d équilibre suffisamment longue pour la rédiger! Ne pas confondre avec les thèses en littérature, ou en droit, qui se basent sur des ouvrages ou des idées dûment affirmées. Mais revenons à Hanna qui a soutenu avec brio sa thèse de troisième cycle en juin 1974. Ce brillant chercheur a donc obtenu une bourse de cinq ans auprès de l EDF pour préparer sa thèse d État qu il a brillamment soutenue cinq ans plus tard en juillet 1979. Notez que beaucoup de choses importantes se sont passées fin juin ou avant le 14 juillet, date à laquelle l administration de l université fermait pour cause de congés d été. Nécessité utile et agréable de passer sa thèse avant les vacances! L année suivante Hanna intégrait la faculté des Sciences de l Université de Beyrouth comme professeur de physique, fonction que lui conférait le grade de docteur d État. Enseignant à Beyrouth, Hanna revenait plusieurs mois chaque année à Toulouse pour poursuivre ses recherches en encadrant les thèses des jeunes doctorants. Par la suite, hélas, la situation politique et sécuritaire du Liban s est fortement dégradée le contraignant à le quitter et à revenir en France où il a immédiatement trouvé un poste temporaire de physicien à l Institut Gustave Roussy, IGR pour les intimes. Après dix-huit mois d errance comme chef de produit de dosimétrie au CERG SANTE situé à Asnières, pas au 22 si vous vous souvenez bien, il a été embauché comme physicien informaticien à l IGR, ce qui a mon sens, était prémonitoire de son futur avenir. Après un an d activité dans ce domaine, ses qualités scientifiques et techniques l ont conduit au poste de directeur scientifique, notez déjà le mot Directeur, de la toute jeune société DOSIGRAY dans laquelle il œuvra pendant presque dix ans. 8

Il y restera quelques années encore en tant que responsable général de l activité de calcul scientifique pour la radiothérapie, c'est-à-dire jusqu en juin 2002. A la suite de certaines difficultés, dont je précise qu il n est absolument pas responsable, la société DOSIGRAY a été dissoute. C est à ce moment là qu Hanna a décidé de reprendre le flambeau et de créer une nouvelle société qu il baptisa DOSISoft, en français dans le texte : logiciel de dosimétrie, en y mettant toute son énergie et en reprenant les meilleurs acteurs de l ancienne DOSIGRAY. Et voilà notre cher Hanna Président Directeur Général de DOSIsoft. Je sais que la création de sa société a été au départ très difficile et cela pendant longtemps. Il vous le dira probablement lui-même dans son discours de réponse, mais j en suis certain, de façon discrète, sans excessivité ni surabondance. Cher Hanna, te voici encore une fois président, mais président de séance de notre session de printemps. Tu seras tenu a une même rigueur que pour DOSISoft, non pas financière ou fonctionnelle, mais temporelle en assurant la meilleure gestion possible du temps de parole des participants. Tu as malgré tout droit à une certaine incertitude sur le décompte du temps!, et, en parlant encore du temps, tu as également droit, tu me l as susurré à l oreille, bientôt à une retraite bien méritée! Toutes nos félicitations à Hanna pour son travail, je citerai sa reconnaissance au niveau national, à son épouse Andrée pour l avoir autant soutenu, à ses enfants qui ont dû souvent faire sans lui et à notre assemblée pour avoir subi avec discrétion mon discours. Réponse d Hanna Kafrouni Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les académiciens, Mesdames et Messieurs, bonjour. Je suis très heureux d être parmi vous en cette occasion. Mon ami Jean Barthe m a dit : Attention tu t adresses à un auditoire où se trouvent outre les scientifiques des personnes d art et de lettres, ne sois pas trop technique. Je vais donc essayer tout en étant le plus précis possible. Pour vous parler de Dosisoft, je dois d abord et surtout parler du combat d une PME française contre le cancer. Comme vous le savez, notre corps est composé de dizaines de milliards de cellules. Et soudain sans prévenir, une cellule non programmée prend naissance quelque part dans notre corps. C est la cellule maligne. Elle fonctionne différemment des autres. Elle se multiplie très vite et d une manière anarchique créant ainsi la tumeur. Les cellules malignes envahissent le corps. C est le cancer. En 2016, 33 millions de personnes dans le monde sont atteintes de cancer. On s'attend à une augmentation des cas par suite du vieillissement de la population consécutif au progrès de la médecine. Le cancer croît plus vite que la population. Pour traiter un patient atteint d un cancer, il faut procéder à un traitement local qui consiste à extraire la tumeur et à détruire les cellules malignes visibles ou invisibles qui conduisent à la mort et protéger en même temps les cellules saines qui assurent la vie. Appelons tout d abord le chirurgien pour enlever la tumeur. Le patient s en sort, sa vie est rallongée mais malheureusement souvent le cancer revient... C est la récidive. Le chirurgien ne peut pas enlever totalement la tumeur parce que : - il ne peut pas tout voir, - il ne peut tout atteindre, - et des fois il est trop tard. Au début du 20 ème siècle, lors de la découverte de la radioactivité, le corps médical découvre que le produit radioactif mis en contact avec la tumeur est capable de la tuer. 9

Très vite, le radium, est le premier élément utilisé, la radioactivité artificielle le remplace très rapidement : césium, iridium, iode, etc. La guerre nucléaire est déclenchée contre l ennemi public numéro un qu est le cancer. La radiothérapie est née! La radiothérapie, qui consiste à mettre les produits radioactifs en contact ou à proximité de la tumeur, s appelle la Curiethérapie. Celle, qui est utilisée par le Professeur Tubiana autour des années 50 pour traiter le cancer de la Thyroïde par l iode radioactif, s appelle la radiothérapie métabolique. Elle est sélective car l iode se trouve concentré à la thyroïde. Les trajets dans l organisme des particules émises, dites bêta ou électrons, se mesurent en mm. Pour atteindre la tumeur en profondeur, on utilise des éléments radioactifs qui émettent des photons de haute énergie. C est la fameuse Bombe au Cobalt. Les photons de haute énergie peuvent traverser le corps et détruisent toutes les cellules qu ils rencontrent sur leur trajet. Après la bombe au Cobalt on a fabriqué une machine qui peut émettre des photons de haute énergie : ce sont les accélérateurs de particules. Il y a actuellement environ 11 200 accélérateurs dans le monde en utilisation clinique: C est la radiothérapie externe. 63% des patients atteints du cancer aux États-Unis bénéficient aujourd hui de cette radiothérapie. En Europe nous sommes autour de 50%, voire un peu moins. Quand j ai fait mon stage de DEA en 1973 à Gustave Roussy, la radiothérapie externe était encore à ses débuts, comparée à la radiothérapie de précision d aujourd hui. Mais les médecins et les physiciens étaient très confiants de gagner la guerre. Je suis issu de la troisième promotion du DEA de radio physique du professeur D. Blanc. Nous étions une promotion de 11 élèves pour la France entière. En 2016 il y a environ 600 physiciens médicaux en France dont certains sont présents parmi nous aujourd hui A cette époque, pour préparer le traitement, déterminer la balistique, orienter les rayons vers la cible, concevoir les accessoires et calculer la dose à délivrer, le patient était modélisé par un ou plusieurs cylindres d eau. Le physicien faisait ses calculs moyennant des tables numériques et quelques abaques et courbes. La radiothérapie était palliative. Elle diminuait les douleurs et laissait espérer un rallongement de la vie. Après mon séjour au Liban, lorsque je suis revenu en 1986 à Gustave Roussy, la radiothérapie rallongeait effectivement la vie de l homme et nous parlions de la survie sur 5 ans. Nous devions maitriser la dose pour l augmenter à la tumeur et la diminuer au niveau des organes sensibles. La phrase célèbre de Paracelse médecin/alchimiste du XVIème : «Tout est mortel. Rien n est mortel. C est juste une question de quantité,» a été reprise par le Professeur Alain Laugier : «Tout est mortel. Rien n est mortel. C est juste une question de DOSE.» L IGR, l Institut Curie et d autres hôpitaux, menaient la guerre nucléaire contre le cancer sur le principe : tuer les cellules malignes sans toucher les autres. La priorité est de maîtriser la dose pour maîtriser les dégâts : séquelles, complications, en particulier pour les organes à risque. La dose osée était alors modérée. Progressivement, Il a fallu augmenter la dose et la délivrer avec précision sur la cible : juste là où se trouve la tumeur. Premier et principal progrès à faire, le contrôle local de la maladie comme nous l a appris le Professeur Jean Chavaudra : GTV, CTV et PTV, accessoires : caches et filtres en coin, etc. C est la radiothérapie conformationnelle. Lors de mon arrivée à l IGR en 1986, j ai été accueilli par mon ami André Bridier. Madame Andrée Dutreix, Chef de service de la radiophysique, m a confié le développement de l activité logicielle : c est la naissance du logiciel professionnel et commercial Dosigray. La physique, les mathématiques et l imagerie médicale ont permis la maîtrise scientifique du cancer : plus de simulations du corps par des cylindres d eau et plus des courbes et des abaques pour calculer la dose. La simulation virtuelle est là : le patient est transparent, il est en 3 dimensions sur nos écrans d ordinateurs. Nous pouvons le tourner dans tous les sens le pénétrer virtuellement, lui faire des dissections et transformer les points 10

numériques en volumes cibles et organes à protéger. Le calcul scientifique, et plus précisément les logiciels, ont permis de gagner de plus en plus de précision pour sauver les organes dits à risque et monter en escalade de dose au niveau de la cible. Dans les années 90, mes collègues physiciens médicaux me disaient que nous commencions de plus en plus à voir dans les services de radiothérapie des patients revenir pour contrôle bien audelà des 5 ans. Des combats sont gagnés contre le cancer. Avec la contribution de la chimiothérapie - faisant elle aussi des progrès -, un patient sur deux est guéri! En 1990 Dosigray est devenue une société en participation localisée dans les locaux de l IGR. Cette jeune entreprise dont j étais le responsable scientifique avait besoin de capitaux pour progresser et continuer à innover. Elle devait disposer d un fonctionnement d entreprise qu il est difficile de réaliser dans un hôpital. En 2000 l IGR et Curie, qui avaient une activité semblable, m ont confié alors la création d une entreprise ad hoc. Nous avions besoin d un peu plus que 25 M pour le projet. Je n ai pas trouvé cet argent. J avoue aujourd hui que je n ai pas réellement trop cherché. En 2002, je participe au Concours de création des entreprises innovantes du Ministère de la Recherche et je gagne le concours. La Société innovante lauréate du Ministère de la Recherche, que j ai nommée Dosisoft, est créée en septembre 2002. Me voilà Président Directeur Général de Dosisoft. Je dois développer avec une équipe de collègues très motivés (François, Jean Christophe, Luc et Pascal) le logiciel innovant ISOgray, mais sans argent. Un camarade de ma promotion devenu ministre, devait développer les universités de son pays sans budget. Sa tâche était plus dure que la mienne. Nous avons obtenu quand même par la suite, l investissement de 20 M nécessaire pour la création d une technologie logicielle de pointe en participant à 12 projets collaboratifs innovants européens et français, fédérant des établissements de recherche : CEA, INRIA, CNRS, INSERM, des écoles d ingénieurs, etc. Je salue à l occasion le soutien de mon cher ami Jean Barthe coordinateur du projet européen MAESTRO, projet qui a groupé 20 établissements de 12 pays européens. Nous avons ainsi pu créer un réseau académique d excellence qui nous a aidés à constituer le capital scientifique et technique pour Dosisoft. Jean vient de dire en m introduisant que je suis né à MINIARA. Quelle importance de parler de mon village de naissance? C est que MINIARA est l acronyme du projet innovant «Multi-modality Investigation for Novel oncology Imaging And RAdiotherapy» dont la société Dosisoft était la Chef de file. Avec le projet MINIARA d un budget de 9 M et d autres projets qui ont suivi, Dosisoft a pu réaliser des innovations importantes dans le domaine de l Assurance Qualité Patient en Radiothérapie et dans le domaine de l imagerie moléculaire. Dosisoft a été aussi, et reste toujours, un grand laboratoire de recherche et une véritable école. 20 thèses de doctorat ont contribué au patrimoine de la R&D de Dosisoft, 3 sont actuellement en cours Dosisoft est particulièrement fière et riche aujourd hui d une équipe très motivée de 36 ingénieurs et physiciens dont 13 sont des docteurs en physique ou en informatique. Elle dispose d une expertise de 35 ans de savoir-faire pour diagnostiquer et aider à combattre diverses maladies. Dosisoft dispose d une technologie logicielle de pointe en imagerie multimodale et en calcul de Dose. Une usine numérique pour la santé qui permet de fabriquer des logiciels dont les cliniciens ont besoin en particulier pour les démences d Alzheimer et Parkinson ainsi que les maladies vasculaires. Aujourd hui la radiothérapie est un traitement de haute précision qui permet, grâce à l imagerie, les technologies appropriées ainsi que le calcul scientifique de guérir un patient sur deux. Mais attention 5% de dose de moins délivrée à la tumeur et c est le risque de la récidive. 10% de plus aux organes à risque et ce sont les séquelles et les complications qui suivront le patient pour le restant de sa vie. 20% de trop et ce sont les accidents d Epinal, d Edimbourg et le Boom Radiation entre 2001 et 2008 rapporté par le New York Times. La précision en radiothérapie est affichée sur l écran d un ordinateur en simulation virtuelle personnalisée. La précision en dose doit être assurée au niveau du patient réel durant les 36 jours de traitement : même positionnement, même anatomie, faisceau réalisé par la machine conforme à celui calculé sur ordinateur. Et le patient respire! Heureusement. Les risques d erreurs sont multiples. 11

Comment pouvons-nous nous assurer que la dose planifiée virtuellement a été réellement délivrée à «5%» près? Nous ne pouvons pas mettre la radioactivité en contact avec tout point de la tumeur et nous ne pouvons pas mesurer la dose en chaque point du corps du patient. Andrée Dutreix disait en 1992 que le problème est très difficile et compliqué mais proposait que la détermination de la dose, à la sortie du patient, pouvait nous renseigner sur la dose réelle délivrée dans le patient. C est la dosimétrie in vivo par la dosimétrie de transmission. Avec le concours de Pascal François, ami et ancien physicien médical de l IGR et de Curie, Dosisoft a résolu le problème et propose aujourd hui à la clinique le logiciel EPIgray pour assurer la qualité du traitement. EPIgray est aujourd hui dans 25% des centres de traitement en France, 10% des centres anglais. Des contrats de distribution sont signés pour la Chine, le Japon, le Canada. D autres sont en phase de signature pour la Corée, l Allemagne, le Portugal, l Australie et pour d autres pays. Notre souhait est de voir EPIgray dans un millier des centres dans le monde. La radiothérapie externe a gagné beaucoup de combats contre plusieurs types de cancers mais pas contre tous les cancers. Avec l Assurance Qualité et les mesures in vivo elle va pouvoir réduire de plus en plus le risque de récidive et augmenter de plus en plus la chance de guérison. Bien sûr l idéal est d arriver à délivrer la dose au niveau de chaque cellule maligne sans toucher aux autres, les cellules de la vie. L idéal est de s introduire dans le corps du patient grâce à l imagerie fonctionnelle et à l imagerie interventionnelle - c est la SIRT : la radiothérapie interne sélective et, par la suite, de déposer au niveau des cellules malignes des microsphères chargées de molécules radioactives telles que : l Yttrium, le Lutétium, le Galium, etc. J ai le plaisir de vous annoncer, qu en collaboration avec l APHP, Dosisoft a mis sur le marché en avril le premier logiciel marqué CE, c est-à-dire autorisé en clinique, pour le traitement du cancer du foie par les microsphères d Yttrium 90. C est le logiciel PLANET Dose Le dossier règlementaire pour les États-Unis est en cours. En octobre Dosisoft annoncera l adaptation du logiciel PLANET Dose pour le traitement du cancer neuroendocrine par d autres radionucléides. Le progrès ne s arrête pas et la détermination de DOSIsoft à contribuer au combat du cancer est plus forte que jamais. Dosisoft doit maintenir ses avancées technologiques dans ses domaines d activité. Après avoir été distingué par les prix de l innovation du Val de Marne en 2006 et de Siemens en 2009, Dosisoft a été reconnue, pour son fort potentiel, Championne 2015 du pôle Systematic Paris Région. Avec toute l équipe, mon très grand souhait est que DOSIsoft se positionne très rapidement comme leader mondial en logiciels pour l Assurance Qualité Patient et pour la radiothérapie interne sélective qui est synonyme de tous les espoirs de guérison. Enfin, je profite de cette assemblée pour vous annoncer avec plaisir la création, la semaine prochaine, de la filiale DOSIsoft Americas aux États Unis.Eh oui nous avons décidé d exporter notre expertise au pays de l oncle Sam. et nous en sommes fiers! Je termine mon discours avec cette pensée célèbre du professeur Maurice Tubiana : n oublions pas demain, préparons le! Dès lors, je regarde derrière moi en espérant que, depuis 1973, je n ai jamais oublié demain et qu aucun d entre nous ne l oubliera jamais! Présentation d André Bridier (Prix Pasteur) par Jean Barthe Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les académiciens, Mesdames et Messieurs, Chers amis. C est avec une grande joie que j ai le plaisir de vous présenter André Bridier pour le prix Pasteur. Je connais André depuis très longtemps, et oui je précise «très» car le temps a passé, c était en 1972 au Centre de Physique Atomique de Toulouse, CPAT pour les intimes. André a fait ses études à l Université Paul Sabatier de Toulouse (prix Nobel de chimie en 1912) où il passe sa Maitrise de Chimie-Physique en 1971, son Diplôme d'etudes Approfondies de Physique Atomique, option 12

Physique Radiologique en 1972 et où il prépare son doctorat de Spécialité en Physique radiologique qu il soutient le 14 novembre 1974. Par la suite, comme il vous le précisera lui-même, il obtiendra un poste de Physicien Médical à Gustave Roussy de novembre 1975 au 1 er mai 2013, date de sa libération, pardon, de sa retraite de l IGR. Durant sa période professionnelle, il sera responsable de la Métrologie des rayonnements ionisants et du Contrôle de Qualité des équipements de radiothérapie externe à l IGR, activité extrêmement importante pour le bon traitement des patients en radiothérapie ou en médecine nucléaire. En plus de ses activités statutaires pour l IGR, il sera également coresponsable de l enseignement de la Physique médicale à l IGR dont il assurera la responsabilité complète à partir de 2002. Les activités d enseignement lui prendront beaucoup de temps car il sera impliqué dans plusieurs autres enseignements tels que le Master de Physique Médicale avec l Université Paris-Sud ainsi que le DES d Oncologie-Radiothérapie de la région Île de France. André Bridier A ces charges d enseignement, il faut ajouter les enseignements nationaux du DQPRM ou Diplôme de Qualification en Physique Radiologique et Médicale. Il assurera aussi des formations internes à l IGR comme en particulier les cours aux manipulateurs et aux dosimétristes. Cela va sans dire, que durant cette période, il a également assuré des cours internationaux dans le cadre de l ESTRO (acronyme anglais pour Société Européenne de Radio Thérapie Oncologique) ainsi que dans le cadre de l AIEA dont vous connaissez tous le sigle actuellement très utilisé par les médias. A ces formations, il faut ajouter l encadrement scientifique de stagiaires et la participation à des jurys de licences de physique, de masters de physique médicale, du DQPRM et de thèses de sciences en Physique Médicale. Mais ce n est pas tout, il a également participé à la Société Française des Physiciens d'hôpital (SFPH devenue depuis SFPM ou Société Française de Physique Médicale), à la Société Française de Radiothérapie Oncologique (SFRO), et a assuré un rôle d expert auprès de l AIEA ainsi que de la Commission Permanente d'agrément du Comité Français d'accréditation (COFRAC) que bon nombre de chercheurs et d industriels français connaissent bien. Côté CEA que j ai assez bien connu, il œuvre depuis quelques années comme membre du conseil scientifique "Rayonnements Ionisants" du Comité de la Métrologie du LNHB/LNE. Je traduis pour ceux qui ne sauraient pas : Laboratoire National Henri Becquerel / Laboratoire National d Essai dont l activité principale de ce dernier concerne le respect des normes en matière de fabrication et de sécurité de tous les appareils que nous achetons en France et, en ce qui concerne la médecine, des sources radioactives et matériels de radiothérapie ou d imagerie médicale. Je ne saurais être exhaustif sur l ensemble de ses activités et travaux de recherche tant ils sont nombreux, mais je dirai malgré tout qu il a publié 89 articles scientifiques dans des revues à comité de lecture, ce qui est une marque de qualité, 19 chapitres dans des livres scientifiques ou des monographies ainsi que plus d une centaine de communications et de posters. En dernier lieu, je note qu il a été relecteur pour de nombreuses revues scientifiques certaines anglophones telles que Radiotherapy and Oncology, Physica Medica ou Medical Physics certaines autres francophones comme Cancer & Radiothérapie. Le parcours professionnel d André Bridier est exemplaire et le prix Pasteur, qui lui est décerné par notre Académie pour l ensemble de son œuvre scientifique, ne saurait être mieux mérité. Cher André, au nom de l Académie des Arts, Lettres et Sciences de Languedoc, je te présente toutes nos sincères félicitations. Nous n oublierons pas ton épouse Geneviève qui t a pleinement soutenu dans ton engagement professionnel. 13

Réponse d André Bridier Madame la Présidente d'honneur, Monsieur le Président de l'académie, Monsieur le Président de séance, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Mesdames et Messieurs les membres de l'académie, Mesdames, Messieurs, Chers collègues et amis, C'est un très grand honneur pour moi de recevoir le Prix Pasteur et à cette occasion, j'exprime ma profonde gratitude aux membres du jury de l'académie des Arts, des Lettres et des Sciences de Languedoc de m'avoir choisi pour me décerner ce prix prestigieux. J'adresse également mes plus vifs remerciements au Professeur Jean Barthe pour la présentation élogieuse de mon parcours professionnel. Lorsque Jean Barthe m'a contacté pour m'annoncer la décision de l'académie de me décerner le Prix Pasteur, j'ai été très touché mais en même temps, je me suis demandé pourquoi en qualité de physicien médical, je pouvais mériter une telle distinction eu égard à Pasteur, savant renommé et prestigieux dans le domaine de la médecine. Peut- être est-ce parce qu'au cours de mon parcours professionnel, qui fut très riche et très diversifié, j ai eu le grand privilège de travailler avec des personnes de grande qualité, pionniers dans leur domaine, pour lesquelles j ai beaucoup de respect et d amitié. Cette chance, je la dois en priorité à Madame André Dutreix et à Monsieur le Professeur Daniel Blanc pour m'avoir fait découvrir le domaine de la Physique Médicale en m'accueillant en 1972 dans la deuxième promotion du Doctorat de Physique Atomique option Physique Radiologique à l'université Paul Sabatier de Toulouse. J ai ensuite eu le privilège de faire partie de l équipe du service de Physique de l Institut Gustave Roussy. S il est vrai que mon acceptation du poste de Physicien Médical que Madame Dutreix me proposa en 1975 fut, à l époque, accompagnée de quelques hésitations de ma part de devoir quitter la province, je me réjouis maintenant d avoir fait ce choix. Ce choix m a permis de découvrir, grâce à Madame et Monsieur Dutreix, une vie professionnelle exceptionnellement riche tant dans le domaine scientifique que dans celui de l enseignement. Je leur exprime ma profonde reconnaissance pour m'avoir initié à la physique médicale et enseigné la rigueur scientifique, J'ai pu, grâce à eux, participer à des projets scientifiques innovants comme l'étude des faisceaux d'ions lourds, de protons et de neutrons à des fins d'utilisation médicale. L'utilisation clinique des faisceaux de protons de 200 MeV du Centre de Protonthérapie d'orsay est un de ces projets qui s'est concrétisé dans le cadre du partenariat entre l'institut Curie, l'institut Gustave Roussy et l Assistance Publique- Hôpitaux de Paris par le premier traitement d'un patient en septembre 1991. Dès ma prise de fonction comme physicien médical dans le service de Physique, Madame Dutreix m a confié les étalonnages des détecteurs et des faisceaux des appareils de radiothérapie de l IGR. Ce n est pas sans stress, ni sans quelques nuits blanches que je me suis attaché à mener cette mission à bien, à savoir atteindre une précision de 1/100 sur la dose à chaque étalonnage et surtout maintenir le Gray à sa juste valeur au cours du temps. Pour cette mission délicate, j'ai été aidé efficacement par mes collègues Anne Beaudré et Jean Chavaudra. Je leur exprime à cette occasion toute ma reconnaissance et je les remercie pour les nombreuses discussions "métrologiques" qui y étaient associées. Il n'était d'ailleurs pas rare d'avoir des discussions qui s'étalaient sur plusieurs heures, en particulier lorsqu'il s'agissait de discuter du résultat associé à un étalonnage d'un faisceau de radiothérapie ou de valider préférentiellement la précision de la chambre d'ionisation ou du détecteur thermoluminescent. L'évolution technologique et informatique importante qui a été réalisée ces dernières années dans le domaine de la radiothérapie a conduit à mettre en place des techniques de traitement de plus en plus complexes afin de limiter au plus près l'irradiation des volumes cibles en délivrant une dose, parfois élevée, qui soit en excellent accord avec la prescription médicale. Parmi ces techniques, citons par 14

exemple celles utilisant des faisceaux d'irradiation de petites dimensions (diamètre de l'ordre ou inférieur à 1 cm). La recherche de la précision requise tant spatiale que dosimétrique est devenue une priorité essentielle dans l'utilisation de ces nouvelles techniques. L'objectif premier recherché en radiothérapie à savoir "Délivrer la bonne dose au bon endroit" repose en premier lieu sur notre maîtrise de la métrologie de la dose associée à ces techniques complexes. Qui dit essor dans la métrologie de la dose implique le développement de détecteurs adaptés à la mesure dans les petits faisceaux et qui soient reproductibles et répétables en réponse, l'élaboration de nouveaux protocoles de dosimétrie adaptés à ces besoins et bien entendu, le développement de programmes d'assurance qualité et de contrôle de qualité associés à ces mesures. Ces développements sont en cours à l'échelle nationale et internationale. J'ai eu la chance de participer comme physicien médical de Gustave Roussy à ces aspects métrologiques de la mesure de la dose dédiés aux techniques complexes de la radiothérapie. A cette occasion, je remercie mes collègues physiciens médicaux de Gustave Roussy ainsi que les collègues physiciens ayant participé avec moi à l'évaluation de nouveaux détecteurs comme le détecteur diamant et le détecteur OSL (MAESTRO, CEA,..), ainsi qu'à la mise en place de réseaux d'assurance de qualité à l'échelle européenne (ESTRO et AIEA) ayant conduit en particulier à l'élaboration du laboratoire EQUAL- ESTRO utilisant la dosimétrie postale par dosimètres thermoluminescents. A cette occasion, je voudrais associer à ce prix qui m'est décerné, mon collègue et ami Jean Nguyen qui nous a quittés, début 2015, pour sa contribution importante dans le domaine du Contrôle de Qualité que ce soit à Gustave Roussy ou dans le cadre européen. J'exprime également ma reconnaissance à mes collègues du LNHB avec lesquels j'ai eu et j'ai toujours des discussions "métrologiques" très enrichissantes dans le cadre du Conseil Scientifique du LNE. Je voudrais également évoquer les excellentes collaborations scientifiques que j ai partagées avec Hanna Kafrouni et l équipe de Dosisoft dans le cadre du service de physique concernant les développements des logiciels de dosimétrie in vivo du TPS Isogray. En dehors de la métrologie de la dose et de mes activités quotidiennes de dosimétrie clinique des patients, un autre volet majeur de mes activités professionnelles a reposé sur l'enseignement. Cette activité a débuté, pour moi, dès 1972, grâce au professeur Jean Dutreix qui m a proposé un poste d attaché- assistant en Biophysique à la Faculté de Médecine de Paris Sud. Cette première expérience de l enseignement a été très révélatrice au point que je n ai jamais cessé d exercer cette activité, toujours avec beaucoup de motivation et de plaisir. Mon domaine privilégié a été l enseignement de la Physique Médicale, dans le cadre du Master de Physique Médicale de Toulouse puis de celui de Paris XI, et également dans le cadre de la Formation des Physiciens médicaux du DQPRM organisée conjointement par l Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires à Saclay, l'institut Gustave Roussy et la Société Française de Physique Médicale. A ma connaissance, la reconnaissance universitaire de nos tâches d'enseignement comme physicien médical n'a pas encore été officialisée, mais la nomination récente au titre de Maître de Conférences, d'une post- doctorante en Physique ayant obtenu un master de Physique Médicale laisse présager des possibilités au niveau de l'université. J'exprime à ce propos, ma profonde gratitude à toutes les personnes que j ai côtoyées dans le cadre de cet enseignement, enseignants et collègues physiciens qui œuvrent pour assurer la qualité de ces enseignements et la reconnaissance universitaire de nos collègues enseignants. Je pense en particulier au Professeur Jacques Bittoun, Président de l'université Paris Sud, à Amélie Roué, directrice de la formation du DQPRM, à Bernard Aubert, past- directeur de la formation du DQPRM et à Albert Lisbona, Président de la SFPM. D'autre part, je tiens à remercier tous les étudiants qui ont accompagné mon parcours professionnel et cela pour deux raisons. Tout d'abord, la préparation des cours et l'enseignement proprementdit m'ont permis d'actualiser régulièrement mes connaissances. L'autre raison est que transmettre nos connaissances et notre expérience à nos jeunes futurs collègues est, je pense, une finalité logique à notre parcours professionnel, qui nous procure une satisfaction d'objectif accompli. Pour terminer, je voudrais exprimer ma profonde gratitude à mon épouse et à mes enfants qui, par leur affection et leur soutien constants, m'ont toujours soutenu au cours de ma vie professionnelle malgré mes absences familiales dues à mes activités professionnelles. 15

Je vous remercie pour votre attention. André Bridier présentant son diplôme, de gauche à droite : E.Jouve, A.Bridier, H.Jafrouni et J.Barthe Présentation d Amélie Roué (Prix P &.M. Curie) par Albert Lisbona (SFPM) Amélie Roué a été présentée par notre ami Albert Lisbona président de la SFPM, c'est-à-dire de la Société Française de Physique Médicale. Les nombreuses obligations inhérentes à sa charge ne lui ont pas permis de m envoyer à temps son texte pour publication. Aussi en ces quelques lignes, je vous présente, certainement de façon incomplète, la carrière d Amélie. Après avoir présenté deux DEA, l un à l Université de Lille intitulé «DEA laser, molécules et rayonnement atmosphérique», l autre en «rayonnement et imagerie en médecine» qui sera au départ de sa carrière professionnelle. Par la suite, elle a préparé une thèse à l Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ayant trait au développement d un «modèle anthropomorphe et d un code de calcul Monte Carlo dédiés à la reconstitution physique d accident radiologique». Après un bref passage comme physicienne médicale à l hôpital Tenon, elle a été, pendant environ 5 ans, responsable scientifique du «Réseau Européen du contrôle de qualité externe en radiothérapie» installé à l IGR de Villejuif. Elle a quitté cette fonction pour intégrer l Unité d Enseignement des Technologies de Santé à l INSTN de Saclay. Depuis le début de cette année, elle est chef de projet «Plateformes & Technologies pour la santé» au sein de la Direction des programmes et de la formation de ce même institut. Je pense que cette courte présentation du déroulement de sa carrière, témoigne d une grande activité en la matière, absolument indispensable pour que nos futurs physiciens médicaux soient au meilleur niveau des connaissances et des techniques utilisées en radiothérapie ainsi qu en d imagerie médicale. 16

Réponse d Amélie Roué Monsieur le Président de l Académie des Arts, Lettres et Sciences de Languedoc, Monsieur le Secrétaire perpétuel, Messieurs les vice-présidents, Mesdames et Messieurs les Académiciens, Mesdames et Messieurs. En mon nom et au nom de l Institut national des sciences et techniques nucléaires que je représente aujourd hui, je tiens tout d abord à vous remercier pour l honneur que vous me faites en me donnant ce prix. Mes remerciements s adressent également aux membres du CA, et du CE de la SFPM et tout particulièrement à son président, Albert Lisbona pour m avoir proposé auprès de l Académie pour ce prix Pierre et Marie Curie. Et je voudrais tout particulièrement le remercier pour la confiance qu il me porte dans cette période assez compliquée. Lorsque Jean Barthe m a contactée pour ce prix, j ai tout d abord pensé qu il appelait pour un prix concernant l un de nos étudiants et puis quelques secondes après, je lui ai dit qu il devait y avoir une erreur et qu il avait dû se tromper de nom! Je suis bien évidemment touchée par ce prix mais je pense que d autres physiciens et physiciennes auraient pu être à ma place, en particulier à tous ceux qui sont engagés à mes côtés pour la formation de nos jeunes collègues et participent aussi de cette façon au développement de la physique médicale. Je tiens donc à exprimer devant vous ma reconnaissance à tous les enseignants physiciens qui travaillent à mes côtés et sans qui je ne pourrais faire fonctionner la formation. C est également l occasion pour moi de dire quelques mots sur l enseignement en physique médicale et en particulier le DQPRM qui joue un rôle primordial à mon sens dans le début de la carrière en physique médicale de tous nos jeunes collègues. C est pour moi aussi, grâce à ce diplôme, que tout a commencé et que je suis là présente parmi vous ce soir. Comme Albert l a rappelé, j ai passé ce diplôme à l issue de ma thèse sous la direction de Bernard Aubert en 2001 et j ai intégré l Institut Gustave Roussy pour préparer le diplôme de qualification de physique radiologique et médicale en y faisant mon stage professionnel. J ai eu le plaisir à cette occasion de travailler avec Monsieur André Bridier qui dirigea ce stage avec bienveillance. Et j ai eu par la suite l immense plaisir de travailler à ses côtés pendant plusieurs années dans le cadre du réseau de contrôle de qualité européen EQUAL/ESTRO. Je tiens à profiter de cette occasion pour le remercier chaleureusement pour m avoir conseillée et accompagnée tout au long de cette période et pendant les interminables soirées de mesures. L INSTN, que j ai par la suite rejoint, il y a 8 ans, pour faire de la formation, a pour mission de délivrer des enseignements et formations de haute spécialisation portant sur les sciences et les techniques nucléaires mises en œuvre dans deux grands domaines d une part de l énergie (énergie nucléaire et énergies alternatives) et d autre part de la santé. C est donc à l INSTN que se forment les médecins nucléaires les radiopharmaciens, et depuis 1996 le DQPRM en collaboration avec la SFPM et Gustave Roussy. Grâce à cette collaboration, plus de 700 étudiants ont été diplômés en tant que physiciens médicaux depuis la première promotion de 13 étudiants, il y a presque 20 ans (promo 95/96). L arrêté du DQPRM à l INSTN date de 97. Il faut donc pense l année prochaine à organise les 20 ans du diplômes! Et je tiens à réaffirmer, ici, que si le soutien administratif et logistique est porté par l INSTN (et je remercie mes collègues Emilie et Monika pour leur aide précieuse), il n y aurait pas de formation sans la SFPM puisque c est avant tout une formation professionnelle. Confucius a dit «j entends et j oublie, je vois et je me souviens, je pratique et je comprends». Notre formation est exactement cela : avant tout de la pratique de l apprentissage du métier fait par les professionnels. Cette collaboration avec les professionnels nous permet de rester très en lien avec ce qui se passe sur le terrain et dans la profession et nous amène en permanence à réfléchir sur la formation et à son adéquation avec la profession qui subit des évolutions importantes depuis plusieurs années. Ceci a donné lieu par le passé à des évolutions de la formation : Avec d abord un allongement de la période de stage (passage de 8 à 12 mois) puis depuis cette année une formation sur 2 ans avec une revue complète des programmes et donc un allongement significatif du stage ce qui correspond à une harmonisation avec nos voisins européens. 17

Et ce n est pas fini! La reconnaissance des physiciens médicaux comme profession de santé nous contraint pour l horizon 2018 à revoir notre schéma de formation. Celle-ci devrait encore être plus complète, plus exigeante mais elle devrait permettre à nos jeunes collègues d être mieux armés notamment dans le domaine de l imagerie. Amélie Roué présentant son diplôme De gauche à droite : Jean Barthe, Albert Lisbona, Amélie Roué, Hanna Kafrouni et Edmond Jouve Présentation pour adoubement du Professeur Sabet Hachem, par J. Barthe, fauteuil n 51 Sabet Hachem, actuellement retraité comme beaucoup d entre nous, est né en Égypte et, si je me souviens bien au Caire. Après de brillantes études à l université du Caire où il a obtenu sa thèse de 3 ème cycle, il est venu en France, précisément à Nice, pour préparer sa thèse d État en physique nucléaire. Son laboratoire d accueil à Nice était associé au Centre de Recherche Nucléaire de Strasbourg Kronenbourg, appelé en raccourci CNR, qui dépend du CNRS. Après avoir brillamment soutenu sa thèse d État, il a découvert, à Strasbourg même, son âme sœur. Plus tard, il a obtenu un poste de professeur de physique nucléaire à l Université de Nice Sophia-Antipolis où s est déroulée la suite de sa carrière. 18

Très rapidement il est arrivé sur le devant de la scène universitaire avec le lancement en 1998 du DESS Génie biomédical en collaboration avec l INSTN de Cadarache et notre ami Didier PAUL ici présent. Son action majeure, toujours dans le droit fil de la physique nucléaire, et donc des rayonnements ionisants, a été la création de la licence professionnelle "Dosimétrie et Radioprotection Médicales" (LPDRM) de l Université de Nice Sophia-Antipolis qui a été la première formation de ce type ouverte en France en septembre 2005. Ce diplôme a été créé dans la dynamique du "plan cancer" lancé par le gouvernement en 2003. Ce plan comporte six chapitres opérationnels et prioritaires. Le chapitre Formation plus adaptée met en lumière le rôle de la formation et propose quatre mesures. L une de celles-ci, la mesure 65 pour être précis, incite à favoriser l identification et la reconnaissance des nouveaux métiers de la cancérologie et met l accent sur le nouveau métier de Dosimétriste. On lit : Étudier l opportunité de créer une formation de dosimétrie au sein des filières existantes de manipulateurs de radiothérapie. La création de la LPDRM, par le Professeur HACHEM de l Université de Nice-Sophia Antipolis (désormais retraité), s est imposée comme le premier élément de réponse à cette recommandation. Habilitée depuis 2005 par le ministère de l enseignement supérieur (habilitation reconduite depuis), cette licence professionnelle forme chaque année entre 10 et 15 étudiants dans l un et/ou l autre de ces domaines. En juin 2005, elle a également été reconnue «formation en apprentissage» par le conseil régional Provence Alpes Côte d Azur. Depuis elle est rattachée au Centre de Formation des Apprentis (CFA) Épure Méditerranée. Ce diplôme de formation en apprentissage est toujours délivré par l Université de Nice-Sophia Antipolis et l était sous la direction du professeur Hachem lors de sa vie active. Il a associé cette formation dans un partenariat avec le Centre Antoine Lacassagne (CAL), Centre Régional de Lutte Contre le Cancer (CRLCC) de Nice. Ce centre, qui bénéficie notamment d équipements de pointe en radiothérapie (CyberKnife, Cyclotron pour proton-thérapie), fournit de nombreux experts à l équipe pédagogique (radiothérapeutes, physiciens PSPRM et dosimétristes). Là, nous voyons que finalement le monde est petit, les enseignements gérés par le professeur Hachem bénéficient également de nombreux intervenants professionnels extérieurs, certains toulousains comme ceux de la Clinique du Parc et d autres parisiens comme ceux de l Hôpital Henri Mondor AP-HP de Créteil, du Laboratoire National Henri Becquerel du CEA Saclay, du CNAM Paris ou de l INSTN Saclay... dont Amélie ROUE, responsable des enseignements de physique médicale, est actuellement ici présente. Le Professeur Hachem a d ailleurs annoncé un grand succès d insertion professionnelle pour ses diplômés. Dans de nombreux cas les étudiants ont reçu des propositions d embauche avant même la soutenance de leur mémoire de fin d études. En outre, il a assuré, dans ces domaines d interaction entre la physique nucléaire et la médecine, la direction de plus de 20 thèses. Le professeur HACHEM, maintenant vrai retraité, a été quelques années professeur Émérite afin d assurer la transition avec ses successeurs. Malheureusement, l opération qu il a subie en novembre 2013 ne lui a pas permis de recevoir, en main propre de notre Académie, les insignes de son adoubement, adoubement qui a été validé par les membres de l Académie au cours de cette même année. Hélas, aujourd hui encore, il sera à nouveau absent pour ces mêmes raisons. Il est actuellement en Allemagne pour un bilan de santé approfondi et nous lui souhaitons enfin, nous sommes déjà en 2016, une guérison complète. Au nom de l Académie et de nous tous présents, je propose donc d officialiser son adoubement en lui envoyant, par courrier postal, le parchemin et la médaille, signes de notre acceptation comme membre de notre Compagnie. 19

Remise «épistolaire» du diplôme d adoubement au Professeur Sabet Hachem (absent) en présence, de gauche à droite : Mme S. Odin, J. Barthe (qui montre la médaille), E. Jouve (le parchemin) et D. Paul Réponse du professeur Sabet Hachem La réponse du professeur Hachem est courte mais très enthousiaste pour notre Académie. Malheureusement il a des difficultés, que j espère passagères, pour utiliser son ordinateur. Je lui ai demandé pour la prochaine session, à laquelle il doit participer, un texte plus étoffé. Il m a promis qu il fera le nécessaire. Monsieur le Président de l Académie, Je tiens à vous exprimer mes remerciements les plus sincères et chaleureux de m avoir présenté aux membres de l Académie. Mesdames et Messieurs les académiciens, Mesdames et Messieurs, Chers Amis. Je vous adresse ma très sincère reconnaissance pour m avoir témoigné votre confiance en m accueillant parmi vous. Je suis fier et honoré d être des vôtres. Soyez assurés que je ferai tout pour être à la hauteur de votre confiance. Je voudrais vous dire très sincèrement, que je ne serais pas avec vous, tout au moins en esprit aujourd hui, si je n avais pas le sentiment de reporter sur l Académie l honneur dont vous m avez comblé. Par ailleurs, je voudrais vous dire combien j ai été sensible et touché par vos souhaits de rétablissement que vous m avez adressés. 20 Sabet Hachem Fauteuil n 51

Prix Littéraires 2015 Prix des Provinces de France Jardinons bien, jardinons bio Gérard Freysange, Illustrations de Frédéric Médrano Ce livre a été conçu par un Papy agriculteur et un illustrateur amoureux de la nature. Il montre aux enfants la provenance des légumes qu ils ont dans leur assiette et la manière de les cultiver. Il permet de découvrir les techniques de jardinage bio. Prix Pierre Benoît A la table des Seigneurs, des Moines et des Paysans du Moyen-Âge Eric Birlouez Le style d alimentation du mangeur médiéval devait impérativement être conforme à son rang social. Ce livre nous apprend énormément sur la Société du Moyen Âge, sur son organisation et ses activités économiques, sur ses normes culturelles et sa symbolique. Certains mets présentaient un degré de raffinement inouï et étaient accompagnés d un spectacle très codifié et agrémenté de musiciens, de conteurs, de jongleurs et d acrobates. Quant à la nourriture des pauvres, elle était constituée de légumes humbles, de plats de fèves, de bouillies de céréales ; cela était le lot des neuf dixièmes de la population. Prix du Jury Avant Oradour, Rouffilhac de Carlux Jacques Laporte Préface de Pierre Arpaillange, ancien Garde des Sceaux, compagnon de Résistance de l auteur. L auteur, résistant à 18 ans, était à son poste dans le maquis le 10 juin 1944 lorsque le 3 ème bataillon de la division «Das Reich» passa à Rouffilhac de Carlux où il fut reçu par un tir nourri de la part des Résistants. Après un dur combat inégal, ceux-ci durent décrocher et la répression allemande s exerça sur la population : la mère de Jacques Laporte fut abattue. L auteur a voulu recueillir le plus de témoignages possibles afin que la mémoire des faits reste vivante et rende hommage à cette mère héroïque. Prix Olympe de Gouges Villes et Villages en pays lotois Jean-Marie Cassagne et Mariola Roisak Les auteurs sont linguistes de formation et maîtrisent de nombreuses langues. Ce livre saura éclairer les curieux d histoire, les passionnés de patrimoine et tous ceux qui s interrogent sur l origine du nom de leur village ou de leur hameau. C est un livre d aujourd hui qui est aussi une porte ouverte sur l Histoire. 21

Prix Prosper Estieu Contes et racontes du pays de Rocamadour Abbé Jean Laffont Cet ecclésiastique, décédé il y a quelques semaines à l âge de 91 ans, connaissait une douzaine de langues, dont l hébreu, l araméen, l arabe et, en tout premier lieu, l occitan. Fin 2015, il parachevait la traduction de 150 psaumes, de l hébreu en occitan. Ce livre se compose de contes écrits en occitan et en langue française. Les purs occitanistes sauront reconnaître, sous la plume de l Abbé, une langue riche par la diversité et la saveur d histoires bonnes à transmettre. Prix de l Académie Maurice Ulrich Simone Ulrich Après avoir partagé pendant 70 ans la vie de Maurice Ulrich, Simone, son épouse, évoque avec émotion, son cheminement et sa victoire exemplaire sur un destin incertain. Elle retrace les riches et nombreuses étapes de sa carrière, l étayant par des témoignages amicaux et des notes de travail conservées. Simone Ulrich illustre ce long parcours par des photographies, témoins des étapes de leur vie, de leurs voyages, au service de l État. Une série de notes écrites avec annotations décrivent le déroulement de cette grande carrière. Les notes apportent un témoignage exceptionnel, inédit et historique, à ces cinquante dernières années qui ont fait la France. Note : Les auteurs n ayant pu venir chercher leur diplôme à Paris ont été conviés à Nadaillac-de-Rouge le 7 juillet pour les recevoir au cours du colloque organisé par «Francophonie du Quercy-Périgord» par notre Secrétaire perpétuel, président de cette association lotoise. Vie de l Académie Nous voici de nouveau à la fin de l année. Nous sommes heureux de pouvoir, une fois de plus, la fêter au côté de notre chère Académie. Au cours de l année passée, elle n a pas démérité : les Cahiers sont là, le repas de Gala a pu être organisé. Nous avons remis les prix et même, à Nadaillac, le 7 juillet dernier, nous l avons associée aux festivités locales en présence de Monsieur le Sous-Préfet de Gourdon. Une séance de Gala est prévue pour l année prochaine avec la participation de SE l Ambassadeur d Egypte. Le lieu devrait être le même que pour notre dernière session de printemps. Nous espérons que vous serez nombreux à participer et qu à cette occasion les bonnes volontés se manifesteront pour prendre le relais. C est notre vœu le plus cher auquel nous voudrions ajouter, de la part de tous les membres du Bureau, les souhaits de bonne année à chacune et à chacun d entre vous ainsi qu aux membres de vos familles. Permettez-nous, également, de souhaiter bonne route à la nouvelle région d Occitanie. Cotisation Un certain nombre d'académiciens ou de membres associés n'ont pas encore réglé leur cotisation 2015 et 2016. La dispensatrice de l'académie sera heureuse de recevoir de leurs nouvelles. 22

Repas convivial Après ce difficile exercice, qui a duré plus de deux heures, tous les participants se sont rendus dans la salle attenante pour un apéritif très attendu. Il s en est suivi des discussions à bâtons rompus sur les sujets du moment, tant professionnels pour certains, que littéraires ou scientifiques pour d autres, mais toujours sans oublier les retrouvailles d amis qui ne s étaient parfois pas vus depuis de nombreuses années. Ci-après quelques photos de ces émouvants moments dont les échanges ont continué tout au long d un repas simple mais festif. Académiciens et invités en pleine discussion La table d honneur avec de gauche à droite : J. Barthe, Mme Jouve, E. Jouve, Mme Kafrouni et H. Kafrouni 23

Nos anciens membres, avec de gauche à droite : Mme Garnier, Mme Portal, G. Portal, Mme Y. Buffelan-Lanore, J. Lagarde,.. Une vue de l assemblée avec notre dispensatrice Suzanne Odin au premier plan Photographie représentant notre ami académicien Gérard Brignol, concertiste traditionnel de nos galas, interprétant un concerto occitan pour flûte et main gauche. 24