A/ ARCHITECTURE CIVILE DANS LE TARN ET GARONNE

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Transcription:

Lundi 14 Décembre 2015, le général Garrigou Grandchamp proposait, sous l égide de Mémoire et Patrimoine Moissagais, une conférence au centre Prosper Mérimée : «l'architecture civile médiévale dans les agglomérations de Tarn et Garonne». Environ soixante personnes étaient présentes et Paul Miloche, président de Mémoire et Patrimoine, ouvre la séance en présentant les états de service du Général Garrigou Grandchamp., qui était jusqu'à sa retraite, général de corps d'armée (4 étoiles). Danielle Bordes donne ensuite les informations habituelles sur l organisation des conférences et leur prochaine programmation puis la parole est donnée à Mme Chantal Fraisse, qui, mieux que personne est en mesure de présenter notre conférencier, docteur en histoire de l art et archéologie avec une thèse sur la ville de Cluny du XIIè au XIVè siècle. Le sujet abordé ce soir aurait de quoi remplir plusieurs volumes et les recherches qu il suppose sont impressionnantes Le général Garrigou Grandchamp commence sa conférence en nous précisant qu il fera un panorama complet, et doublement en perspective, de l architecture civile du XIIIè siècle : 1/ dans le Tarn et Garonne et particulièrement à Moissac. 2/ dans le grand midi toulousain avec quelques incursions dans plusieurs régions de France. Pourquoi commencer par le Tarn et Garonne? - Parce que le Tarn et Garonne réunit à lui seul une collection non négligeable de demeures du Moyen Age, ce qui permet d avoir une bonne vision de ce qui se faisait au XIIIè siècle. - Parce que le Tarn et Garonne figure en bonne place dans les 10 départements retenus comme étant représentatifs de l architecture médiévale, juste après le Lot. A/ ARCHITECTURE CIVILE DANS LE TARN ET GARONNE : 1/ Architecture en maçonnerie donc en pierre Grâce à des hommes comme Viollet le Duc (1856) Verdier et Cattois (1858) R.Anderson (un anglais en 1859), nous avons connaissance, par leurs dessins, leurs croquis, de ce patrimoine resté trop longtemps ignoré. Viollet le Duc est un véritable précurseur tant la précision de ses dessins est remarquable, il a de plus rédigé un dictionnaire raisonné de l architecture française du XIè au XVIè siècle, ouvrage fort utile pour les chercheurs qui se penchent sur cette époque. Les études sur St Antonin faites par Verdier et Cattois ainsi que par R. Anderson sont des plus intéressantes. Dans le Quercy, ces maisons sont en pierres et non en briques : - Caylus (la maison des loups) Puylaroque. - Bruniquel Lauzerte : milieu du XIIIè siècle. Dans ces constructions, il ne s agit pas d une maison isolée parmi d autres plus récentes mais bien des maisons constituant des rues entières. 1

2/ Architecture des maisons en bois Ces maisons en bois datent des années 1450 : Réalville Larrazet. Elles correspondent à la grande reconstruction entreprise après la guerre de 100 ans. B/ ARCHITECTURE CIVILE à MOISSAC : - L architecture domestique est importante mais elle reste encore méconnue. - Les maisons en bois sont nombreuses. - L architecture en brique est importante également. - Des études restent à faire et ne sont qu à peine commencées. 1/ Architecture en bois : L architecture en bois est abondante mais malmenée cf. rue Ste Catherine. - Maison détruite de la rue de la République, il n en reste qu une très ancienne photographie. - Maison détruite rue Caillavet avec une architecture mixte en brique et en bois. - Maison intéressante rue Guilleran qui reste à sauver - Les maisons aux 6 et 8 rue Derua où des travaux sans étude préalable sont entrepris. - Sur le pourtour de la rue Tortueuse, une étude archéologique est impérativement à faire avant de débuter la restauration. 2/ Architecture en briques : L architecture domestique en briques est importante et un plan cadastral de 1832 permet d établir un repérage des maisons médiévales en briques des XIII et XIVè siècles. Sept unités de repérage ont été pointées. - On remarque ainsi des séries de fenêtres dans la rue Ste Catherine dans la rue des Maréchaux De grandes arcades (si on les regarde du jardin), arcades qui n ont rien à voir avec une église comme on le pensait Le corps d une cheminée encore visible mais qui ne descend pas jusqu au sol et d observations en déductions, notre conférencier lance l hypothèse qu il s agissait sans doute d un grand hôtel ou d une grande résidence. Une étude archéologique s impose assurément mais une étude lourde. - Ilôt au 9, rue Malaveille : a-t-on bâti des maisons prestigieuses au centre? On remarque des fenêtres étroites lesquelles, en fait, sont des fentes d éclairage. Des peintures murales buchées (terme technique pour martelées) il y a 6 ans. Ces peintures représentaient des faux appareils de pierre en couleurs. - 13-15 rue Malaveille : grand hôtel dit à «salle et tour», la tour étant l élément important à cette époque. Des fenêtres géminées, des lancettes hautes sous charpente (à l étage salle haute sous charpente) sont restées en l état médiéval. On remarque sur les vues projetées des peintures sur les pignons, peintures qui datent de la seconde moitié du XVIIIè siècle. - Au 31 rue Derua, construction en briques du début du XIIIè siècle : 2

C/ Caractère de l architecture civile en brique dans le midi toulousain et d autres régions : La présence de la brique est évidente mais elle est également très méconnue. On peut en faire la démonstration pour Caussade et Montauban. 1/ Caussade est assez riche : La maison de la Taverne (cf. reproduction page suivante). - de grandes arcades au rez-de-chaussée sur la rue qui permettent le négoce, - les oculi de fenêtres géminées (ouvertures pratiquées sur un comble dessous la voûte en arrière des baies) ont été malheureusement bouchés du côté rue, - des salles somptueuses à l étage, - des plafonds avec des poutres peintes (1274/1275), 3

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- l observation fine permet de détecter des traces des limons en bois des escaliers. - Une 2 ème maison dite «la tour d Arles» de la deuxième moitié du XIIIè s. - pas d ouverture sur la rue, donc pas une maison de négoce. - la restauration en a été exemplaire mais elle est inachevée à l intérieur. Une 3 ème maison dite La maison de l Arbot. 2/ Montauban a fait l objet de recherches remarquables rue d Elie, quartier en arrière-plan de la place Nationale. - le château avec des remontées d eau se détruit peu à peu malheureusement. 3/ Castelsarrasin.rue de la République Montricoux et Lauzerte. 4/ Bioule dans les châteaux : grandes façades et croisées. 5/ Château de Terride :: nombreuses parties du XIVè en dépit des remaniements du XIXè siècle. A noter les tours d angle avec la tourelle des latrines. 6/ St Nicolas de la Grave dont l enveloppe est du XIIIè siècle. Le bois et les lancettes dans l aile Ouest. La tourelle avec latrines dans la tour d angle. En conclusion, la forte parenté avec le Midi toulousain est indéniable et il suffit de faire la comparaison avec Albi Gaillac Cahors - Toulouse où la brique s épanouit. On retrouve également des fenêtres géminées jusqu à Port Ste Marie dans le Lot et Garonne. Une incursion dans le Sud-Est, à Grenoble, nous montre également des constructions en briques mais là, c est différent car il s agit de briques lisses et de joints fins. A Conflans en Savoie, certes c est bien de la brique mais l influence directe du Piémont est évidente. A Strasbourg, c est toujours la brique mais elle est masquée par des enduits : XIII et XIVè siècle. Valenciennes et Cambrai connaissent également les maisons en briques. La synthèse des constructions en briques nous fait voyager du Midi toulousain jusqu en Flandres et en Artois en passant par le Val de Loire, la Normandie, la Savoie et l Alsace. D une façon générale on peut dire que les maisons en briques sont plus fréquentes dans les vallées et les plaines mais il n est pas exclu d en trouver parfois dans les coteaux. 5

Le général Garrigou Granchamp s est alors adressé au public pour répondre éventuellement aux questions. Mais la qualité exceptionnelle de cette conférence a surtout déclenché beaucoup d admiration et de nombreux applaudissements. La lecture du livre d or en donne d ailleurs des témoignages particulièrement éloquents. Le président Paul Miloche s est fait l interprète de tous en remerciant chaleureusement le conférencier et en lui proposant évidemment de revenir rapidement dans nos murs. Danielle Bordes Responsable de l organisation des conférences de Mémoire et Patrimoine Moissagais. NB - La conférence a été richement illustrée par des projections de grande qualité : elles facilitaient la compréhension des explications et donnaient en plus l impression que ce sujet ardu et très technique était facilement accessible. Seules deux reproductions étaient à ma disposition (modèles à choisir pour les Flyers d invitation. Merci donc au général Garrigou Grandchamp. 6