Conférence «Les nouveaux dangers aéronautiques liés à la cartographie numérique embarquée»



Documents pareils
L entraînement à la synergie d équipe «CrewResource Management» Cyrille Colin Pauline Occelli

LES REGLES DE VOL VFR

MANDAT CONSEIL CONSULTATIF SUR LA RÉGLEMENTATION AÉRIENNE CANADIENNE (CCRAC) COMITÉ TECHNIQUE

Diriger comme un pilote. Analyses économiques & Techniques aéronautiques au service de la croissance

Programme d autoformation de 2014 destiné à la mise à jour des connaissances des équipages de conduite

Déroulement du vol. Collision avec le relief d'un aéronef Metro III de Perimeter Aviation à Sanikiluaq (Nunavut), le 22 décembre 2012

Market Research Aerospace

1- Durant votre vol, vous entrez dans un thermique. Décrivez, par un schéma simple, l incidence sur votre voile.

GUIDE DE REDACTION D'UN MANUEL D'EXPLOITATION PARTIE D

LES SERVICES ET UTILISATION DU RADAR

RÉFÉRENTIEL PROFESSIONNEL DES AGENTS AFIS

Qui Assurance / Couverture Prestation Prime Recommandations Exemples / Précisions. Exigé par la loi pour tous les pilotes!

Formations FH des opérateurs de systèmes de transport à risques

AIC N 10/A/15GO 19 MARS 2015

Statuts. Article 1 er. Article 2. Article 3. Article 4

La météo aéropour le vol en AL : les éléments essentiels.

Des quiz en toute mobilité 3. Des quiz en toute mobilité

ZOOM SUR 10 DEMONSTRATIONS

*Avançons en confiance. BUREAU VERITAS Calendrier des formations aéronautiques 2015

Méthodologie d intégration d antennes sur systèmes complexes

Les enjeux de la mobilité et de la réalité augmentée dans les jeux éducatifs localisés. GéoEduc3D

GUIDE AUX SERVICES SOS Emergency ET INFO Service

Animer un débriefing

CRM dans le secteur tertiaire : agile ou fragile?

RÉÉVALUATION DE LA RÉPONSE À LA RECOMMANDATION EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ AÉRONAUTIQUE A Formation en gestion des ressources de l équipage

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

2. La perte de contact avec l avion et le déclenchement des secours

Partenaires: w w w. c o g m a s t e r. n e t

Protection des infrastructures critiques vitales contre les cyber-attaques. Vers une culture de sécurité

Fiche métier : Le Community Manager

Application dans la formation des professionnels de l expertise comptable au Québec. Janie Bérubé, Annie Brisson et Patricia Michaud

PAUL CORREIA 6 e édition

L E G I S L A T I O N

Rapport d enquête Technique

LE CADRE COMMUN DE REFERENCE LA CONVERGENCE DES DROITS 3 e forum franco-allemand

Consignes d'utilisation de l'aérodrome de Saint Tropez-La Môle. Pour une exploitation en Transport public

Q ASSURANCE ET HELISMUR

Doit-on craindre les impacts du rapport Trudeau sur la fonction de technicienne ou technicien en éducation spécialisée?

- Nous faisons du ciel votre meilleur espace - - Publicitaire -

Piloter un avion : les questions les plus fréquemment posée En fin de document, les spécificités propres aux Ailes Soissonnaises

Les concepts de base des SIG nomades

(Actes non législatifs) RÈGLEMENTS

Moto 125 Le nouvel espace dédié aux conducteurs de 125 cm3 sur les sites des associations Prévention Routière et Assureurs Prévention

RAPPORT D'ENQUÊTE SUR ÉVÉNEMENT AÉRONAUTIQUE

La Défense Aérienne. «Ensemble, préservons notre plaisir de voler!» «Pyramide interministérielle» de sûreté

M2S. Formation Management. formation. Animer son équipe Le management de proximité. Manager ses équipes à distance Nouveau manager

Logiciels de Gestion de Projet: Guide de sélection

Prévention LES ENJEUX DE LA PREVENTION. Infos INTRODUCTION : SOMMAIRE :

LES "RPAS" CIVILS RESPONSABILITES ET ASSURANCE

965/2012 SPA.HEMS.130 e)2) page 147)

LES CARTES À POINTS : POUR UNE MEILLEURE PERCEPTION

AÉRIENNE UNE STRATÉGI. Organisation. n de l aviation. Montréal, SOMMAIRE et à moyen terme. la surveillance. fusion de. tions du 5.3.

CHOIX ET USAGES D UNE TABLETTE TACTILE EN ENTREPRISE

MANUEL UTILISATEUR DU RECEPTEUR HAICOM HI-303MMF

Présenté par Constable Perry Madelon Road Safety Unit Traffic Branch

EPL/S Pilote de Ligne 2015

QUEL CONTROLEUR CONTACTER

Le drone de cartographie professionnelle

Le Concept de Sécurité Intégrale. Mercedes-Benz Autobus/Autocar

Entrée en vigueur de la réglementation sur les licences du personnel navigant (Partie FCL)

La réglementation aérienne applicable au Vol Libre

Tel : contact@fsconcept.com

«Une bonne thèse répond à une question très précise!» : comment l enseigner?

Camps d été /02/2012

Le Plan de Continuité d Activité (PCA / BCP)

LES CARTES IAC. A partir du grade : et programme examen du grade et supérieurs

CONDITIONS DE REUSSITE, DISPENSES, REPORTS ET CREDITS DANS L ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

2.1. AVANT LA FORMATION ANALYSER COLLECTIVEMENT LE BESOIN

Naviguer à bon compte avec sa tablette ou son smartphone

La conduite automobile exige toute votre attention

Formulaire de déclaration du risque Assurance DRONE Responsabilité Civile Assurance Corps

La construction du temps et de. Construction du temps et de l'espace au cycle 2, F. Pollard, CPC Bièvre-Valloire

Les textes et règlements

Larges compétences en matière d interconnexion, au service de l automobile et bien audelà

DOUZIÈME CONFÉRENCE DE NAVIGATION AÉRIENNE PROJET DE RAPPORT DU COMITÉ SUR LE POINT 3 DE L ORDRE DU JOUR

Les approches de réduction des méfaits trouvent un certain appui dans la population québécoise*

FCL 1 AU ÉVOLUTIONS DU FCL 1

STRATEGIES INTERNET INTRODUCTION AUX. Vers une approche globale de la présence sur Internet

La météo aéro pour le vol en aviation légère les éléments essentiels. Février 2013

Better data. Better decisions. La carière digitale, nouvel outil de suivi et de gestion de l exploitation

HOTELA : votre partenaire pour toutes les assurances sociales. Simplify your business.

Tableau synthèse de la situation d apprentissage et d évaluation

Expérience professionnelle / stages en entreprise. Langues étrangères. Attestation sur l honneur

E-réputation : protection des données en ligne. Ghislain NYAMFIT Consultant en

Rapport. Bureau d Enquêtes et d Analyses pour la sécurité de l aviation civile. Ministère de l Ecologie, du Développement durable et de l Energie

Pilote de ligne Formation ATP intégré en 18 mois

LIVRET DE FORMATION DES ENSEIGNANTS DE LA CONDUITE AUTOMOBILEET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE

APPROBATION DES PROCEDURES DE VOL A VUE ET DE VOL AUX INSTRUMENTS

5 bonnes pratiques pour solution décisionnelle mobile

4.6 MAINTENANCE ET INSPECTION D AÉRONEF

Bilan de l an 1 de SOMMAIRE RAPPORT DU COMITÉ AVISEUR DE SOLIDARITÉ JEUNESSE

LYCEE GRANDMONT Avenue de Sévigné TOURS Tel : Fax : Site :

DAHER-SOCATA dévoile le TBM 900, son nouveau TBM

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La solution intégrée pour la gestion globale d une flotte d aéronefs.

Position de l ASTEE sur l innovation en matière de services d eau et de déchets

Les Essentiels COLLECTION. Les règles de sécurité. pour le dépannage. des véhicules électriques. & hybrides. Commission

Benny Creppy Claudia Senardière

Aéro-club du CE AIRBUS-France- Toulouse René Barbaro MANUEL «QUALITE»

Transcription:

Les Rencontres de SIG-la-Lettre 2011 «Agir dans un monde incertain : le rôle des géomaticiens» Session «Les nouveaux outils de valorisation du SIG : quelles précautions prendre?» Conférence «Les nouveaux dangers aéronautiques liés à la cartographie numérique embarquée» Philippe Lépinard Base École Général Lejay École de l Aviation Légère de l Armée de Terre UMR GREDEG CNRS / Université de Nice Sophia-Antipolis philippe.lepinard@geodecisionnel.fr http://www.geodecisionnel.fr Introduction La relative facilité d utilisation et les capacités d affichage attrayant (2D et 3D) des dispositifs de navigation portables modernes ou embarqués (mais non couplés à d autres systèmes de l aéronef comme le Pilote Automatique) se heurtent à un paradoxe particulièrement difficile à résoudre au sein des centres de formation de l aviation ultra-légère et légère 1. En effet, s il ne fait plus aucun doute que l emploi de tels moyens améliore la gestion de la mission aérienne, leur utilisation fait aussi émerger de nouveaux dangers liés à 1 Nous ne traiterons pas du concept d automatisation des cockpits étudié dans l aviation générale (commerciale) et plus généralement dans l aéronautique professionnelle (civile et militaire). Cependant, les notions abordées dans ce document concernent l ensemble des activités aériennes et sont officiellement intégrées dans les cursus de formation professionnelle du personnel navigant. 1/7

leurs usages parfois incontrôlés, abusifs et inadaptés à des contextes de travail aérien particuliers. Nous vous proposons dans cette communication d aborder trois problématiques interdépendantes et issues de retours d expériences réels de pilotes en activité : la baisse de la conscience de la situation, le dépassement des capacités (sur-confiance) et la perte de l expertise spatiale (image 1). L idée générale de cette conférence est de démontrer que la connaissance de ces aspects jugés souvent trop théoriques permet malgré tout de les opérationnaliser relativement facilement dans les cursus de formation des pilotes non professionnels, en particulier lors des instructions aux Facteurs Humains, au Crew Resource Management (CRM), au Single Resource Management (SRM), à l Aeronautical Decision- Making (ADM) et aux outils de RETEX (Retour d expérience). En d autres termes, les défis réels d une utilisation maitrisée des systèmes géolocalisés intégrant de la cartographie numérique se situent bien au-delà de leur simple maitrise technique et de la connaissance de leurs limitations intrinsèques, même au niveau de l aviation de loisir. Image 1. Les dangers visibles ne sont que les parties émergées de problématiques bien plus complexes et systémiques. 2/7

1. La conscience de la situation n est pas la représentation numérique de l environnement Une des approches du concept de Conscience de la Situation (Situation Awareness ou SA) a été avancée par Endsley dès 1995 2. Elle se définit par «La perception des éléments d un environnement dans un volume de temps et d espace, la compréhension de leur signification et la projection de leur état dans un futur proche». A partir de cette définition, certains pilotes font un amalgame rapide entre une bonne conscience de la situation et un dispositif cartographique géolocalisé. L affichage de bases de données géographiques dédiées à l aéronautique (fonds de cartes, aéroports, zones aéronautiques, obstacles, navigations, etc.) pourrait effectivement plaider en faveur d une conscience de la situation de la part du pilote plus importante que lorsqu il ne possédait pas ces aides ; il est en effet mieux informé sur son environnement et les actions possibles à envisager. Il disposerait donc de plus de ressources cognitives pour surveiller activement le milieu dans lequel il vole, interpréter correctement les données recueillies et anticiper sur ses activités. Cet état de fait, à la base louable, a toutefois ses limites et n est pas forcément valable pour certains pilotes, expérimentés ou non, qui subissent corollairement une baisse de vigilance. L image 2 vous montre par exemple un aéronef naviguant en direction du Nord. Le pilote n a plus besoin de connaître sa position exacte et sa vigilance commence à diminuer (pensez à la difficulté que nous avons pour reconstruire mentalement un trajet réalisé en étant uniquement guidé par notre récepteur GPS de voiture!). Malheureusement, la météorologie est mauvaise et il va devoir se détourner sur un aérodrome de dégagement qu il ne connaît pas et qu il n a pas préparé en amont. La surcharge de travail subite engendrée par les tâches à réaliser dans un laps de temps extrêmement court va diminuer drastiquement la capacité de construction dynamique de la SA tant il sera concentré sur la seule activité de déroutement. Ce «coût cognitif» de taille risque finalement de l empêcher de prendre en compte des informations importantes comme par exemple l évitement de zones interdites de survol ou la trajectoire convergente d un autre aéronef. 2 Endsley M., «Toward a Theory of Situation Awareness in Dynamic Systems», Human Factors, vol. 37, n 1, 1995, p. 32-64. 3/7

Image 2. Cet ensemble de données paramétriques (à la fois quantitatives et qualitatives) lié au vol et affiché sur l écran du récepteur GPS risque d avoir un «effet de masquage» sur d autres aspects : anti-abordage 3, mauvaise météorologie, etc. Cette image provient du système de navigation embarqué EURONAV V (EuroAvionics SA 4 ). 2. La carte numérique n est pas le réel L effet performatif et normatif du dispositif cartographique embarqué de plus en plus réaliste et immersif (grâce à des orthophotographies mappées sur un modèle numérique de terrain très précis par exemple) pourrait faire croire aux équipages que la carte est le réel. La possibilité d achat de bases de données d objets de type «obstacles aériens» abonde dans ce sens. Cependant, à l image d un accident récent où un hélicoptère de secours en montagne s est crashé suite à une collision avec un câble d une ligne électrique moyennetension non tracée sur la carte, il est indispensable de sensibiliser les pilotes à cette problématique : «la réalité a toujours le dernier mot!» (Amalberti et al, 2001 5 ). L effet de «tunnélisation» bien connu dans le monde de l aviation professionnelle est exacerbé par des interfaces captivantes et immersives. Au final, la confiance aveugle au système de navigation peut amener les pilotes à dépasser leurs capacités en croyant bénéficier de dispositifs pouvant remplacer certaines compétences aéronautiques. L exemple de cet autre RETEX est flagrant : un pilote non formé au vol aux instruments a décidé de décoller avec une visibilité minimale bien inférieure 3 L abordage est le terme aéronautique désignant une collision entre plusieurs aéronefs en vol. 4 http://www.euroavionics.com/ 5 Amalberti R. et al., Facteurs humains, Jean Mermoz, Paris, 2001. 4/7

à la réglementation car il possédait un dispositif d affichage 3D. Par chance, la couche nuageuse était très faible et l aéronef a pu «percer» (passer au dessus des nuages) très rapidement. Toutefois, la disponibilité d une vue 3D ne remplacera jamais la maitrise du vol aux instruments! Image 3. Nul doute que les récepteurs GPS portables et à faibles coûts disposeront bientôt de capacités d affichage et d immersion du niveau des systèmes intégrés aux tableaux de bord. Cette image provient d un récepteur GPS Garmin disposant du Garmin Synthetic Vision Technology 6 (SVT ). On remarque un obstacle sur la trajectoire de l aéronef. Toutefois, qu en est-il des câbles qui le relient au sol? La base de données est-elle à jour? Est-on certain qu il n y a pas une autre antenne, plus petite, sur la trajectoire d évitement choisie? Quels sont les critères de choix du fournisseur de ces données quant à la décision ou non d intégrer des objets dans leurs bases de données? Etc. 3. Les aides à la navigation numériques ne remplacent pas (encore) les compétences d orientation spatiale des pilotes Une des interrogations importantes des pilotes instructeurs concerne l apprentissage ou non des outils numériques d aide à la navigation dès le début des formations. En utilisant ces moyens modernes à la place des accessoires de base que sont la montre, le compas et la carte papier, les pilotes risquent de perdre (ou de ne jamais acquérir) une expertise spatiale suffisante en cas d une panne du système, d une mauvaise réception du signal GPS, etc. De plus, cet aspect peut être élargi à des modes de fonctionnement normaux où le 6 http://www8.garmin.com/helicopters/ (version pour les hélicoptères). 5/7

contrôle aérien peut tout à fait décider de ne pas vous faire suivre le plan de vol prévu. Dans de tels cas, le plus difficile sera certainement ce passage rapide du suivi sur une carte numérique au vol traditionnel «à l estime». Il est donc nécessaire d établir des procédures peut-être sous forme de checklists afin d aider les pilotes à réaliser ce basculement rapide entre deux «modes» de navigation différents. En d autres termes, nous devons préparer les pilotes à «être surpris» comme le dit très bien Monsieur Pinet, ancien pilote d essai du Concorde. Cette mise en situation d exception devrait être abordée par les instructeurs afin de ne pas laisser les pilotes s autoformer sur leurs outils numériques d aide à la navigation et d en subir le piège de la facilité voire de la «rigidité cognitive» avancée par certains chercheurs en psychologie 7. Image 4. L affichage de l ensemble des informations aéronautiques remplace les longues et fastidieuses préparations sur les cartes en papier. Pourtant, l expertise de la navigation et de l orientation spatiale 8 s avère toujours aussi importante, que ce soit en cas de détérioration du dispositif numérique ou tout simplement lors d une action non prévue qui oblige un (re)positionnement rapide. 7 «État souvent rencontré en association avec une pensée concrète, elle s'associe à une incapacité de détourner l'attention d'un stimulus prégnant ou de porter attention à plus d'un stimulus à la fois, de bénéficier de l'autorégulation verbale et même des consignes verbales reçues. Elle entraîne une incapacité de changer de comportement en fonction de la réaction reçue et de formuler des hypothèses différentes dans la solution de problèmes». Bérubé L., Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement, Les Éditions de la Chenelière Inc., Montréal, 1991. 8 Dans notre contexte, l orientation spatiale concerne les capacités de positionnement géographique et ne traite pas du concept de cognition spatiale utilisé en médecine. 6/7

Conclusion Les trois aspects abordés dans cette communication (baisse de la conscience de la situation, dépassement des capacités et perte de l expertise spatiale) sont encore peu diffusés auprès des instructeurs de l aviation ultra-légère et légère. Ils sont en effet considérés, généralement à tort, comme trop abstraits et trop éloignés des préoccupations aéronautiques fondamentales (pour des vols de loisir mais aussi à finalité professionnelle). Les récepteurs GPS disposant de cartographie numérique semblent si simples d emploi qu ils sont laissés à la libre initiative d autoformation des utilisateurs. Ces outils doivent finalement rester des moyens au service des pilotes qui ne disposent pas de ressources cognitives illimitées : le mauvais usage de ces instruments numériques augmente la charge de travail des pilotes et réduit au final leur «sens de l air». La préparation du vol avec des méthodes et accessoires traditionnels ne doit pas, en l état actuel de la technologie, être considérée comme une activité d une époque révolue. Enfin, il nous parait opportun de dépasser la simple connaissance de l outil pour les intégrer convenablement aux tâches réalisées dans le cockpit grâce à un processus de formation obligatoire, au minimum théorique, afin de faire acquérir aux pilotes des métaconnaissances (connaître ses propres aptitudes et limites) sur ce thème. Bien entendu, il ne s agit pas ici de mettre en concurrence les procédures de navigation «à l estime» avec celles aidées par des dispositifs numériques, mais bien d adopter une approche pragmatique de complémentarité afin d agir réellement et durablement en faveur de la sécurité des vols. 7/7