Messe des Funérailles du P. Augustin Dupré la Tour, s.j. Jeudi 17 février 2011 Homélie prononcée par le Père Bruno Sion, s.j. après la lecture de Romains 8, 31b-35.37-39 le chant du psaume 26 et la proclamation de l'évangile (Jean 17, 1a, 24-26) [TEXTES EN ANNEXE] Frères et Sœurs, Le P. Augustin Dupré la Tour, né à Colmar en 1921, entre au noviciat de la province de Lyon à 17 ans, est ordonné prêtre par le Cardinal Gerlier à 31 ans, et prononce ses derniers vœux à 35 ans. Au cours de sa formation académique, il obtient à Lyon une licence de lettres classiques et un DES de philosophie ; et à la Grégorienne un doctorat de théologie. Venu une première fois au Liban en 1946, comme régent au Collège pour deux ans, il y revient définitivement en 1956. Il est professeur de théologie dogmatique à la Faculté de Théologie de l USJ, dont il est élu doyen de 1971 (c est alors qu il commence à enseigner aussi à Kaslik) jusqu à sa fermeture en 1974. Il devient alors doyen de la Faculté de sciences religieuses, jusqu à sa fermeture en 1980, quand l USJ remplace la Faculté par l Institut supérieur de sciences religieuses, l ISSR, où il est chargé de la formation permanente des prêtres, et quand l USJ crée l Institut d études islamochrétiennes, l IEIC, dont il devient le premier directeur. Augustin Dupré la Tour a été un universitaire accompli. Un chercheur d abord. Il prenait plaisir au travail patient de lecture, de prise de notes, de rédaction. Un professeur, sachant communiquer avec clarté le fruit de ses recherches. Mais aussi un organisateur, un animateur. Doyen, responsable de formation permanente, directeur, il aimait établir des programmes, rassembler une équipe et lui insuffler son dynamisme autour d un projet commun. Pour la formation permanente des prêtres, il cherchait les meilleurs intervenants pour rendre les sessions toujours plus attractives.
Son enfant préféré était l Institut d études islamo-chrétiennes. Avec son ami Hicham Nachabé, il a inventé cette formule si bien adaptée au dialogue des religions : la présentation, thème par thème (la Création, la révélation, etc.), de la foi du musulman et de la foi du chrétien. On ne cherche pas une impossible convergence ; mais on permet la connaissance réciproque et rapidement l amitié, dans un respect commun de la vérité. Parallèlement à cette carrière universitaire, il s est toujours aussi consacré au ministère spirituel. «Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est en Jésus Christ notre Seigneur». «J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie.» Le P. Augustin a d abord été un chercheur de Dieu, un passionné de Jésus-Christ. En communauté, il n était pas rare de le trouver en pleine nuit priant à la chapelle. Cet amour de Dieu qui le faisait vivre, il en rayonnait, éclairant la vie de tant de personnes. Il s est occupé activement de la JEC universitaire, nouant là des amitiés qui durent encore. Il a participé, en simple membre, aux réunions de prière charismatique des franciscaines missionnaires de Marie à Badaro. Il recevait inlassablement pour un conseil, un accompagnement spirituel ou pour accorder le pardon des péchés. Dans ce cadre, avec l autorisation de l évêque latin, il a exercé le ministère d exorciste, avec l aide des franciscaines, rendant à la vie tant d abattus ; un ministère peu connu de ses compagnons jésuites, mais prenant beaucoup de son énergie. «Le Seigneur est ma lumière et mon salut; de qui aurais-je crainte? Le Seigneur est le rempart de ma vie; devant qui tremblerais-je?» Le P. Augustin a aussi connu l épreuve. La crise mondiale et locale de la JEC en 1969, la fermeture de la Faculté de sciences religieuses en 1980 sans parler de la guerre ont été de dures épreuves. Le combat mystérieux contre les forces du mal l épuisait. Ses dernières années ont été marquées par la maladie : la perte de la vue, de la motricité, les difficultés respiratoires. Il a traversé ces épreuves, supporté patiemment ses infirmités, grâce à la foi. «Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni aucune autre créature, 2
rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.» Le Père avait le charisme de l amitié. Tant et tant de personnes, de statut et de qualités si diverses (celles qui ont pu venir aujourd hui et celles qui se sont excusées), nous gravitions autour de lui et je voudrais ici remercier tous ceux et celles qui ont pris soin de lui, ne ménageant pas leur peine pour atténuer ses souffrances. Nous sommes peinés de la séparation, mais nous avons entendu la prière sacerdotale de Jésus. «Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire.» Le Père Augustin Dupré la Tour nous a quittés, mais il est avec Celui auquel il a été donné, il contemple sa gloire. 3
Annexe - Textes bibliques De la lettre de saint Paul aux Romains (Rom 8,31b-35.37-39) Frères, Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ? la détresse? l'angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice? Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Psaume 26 R/ Le Seigneur est ma lumière et mon salut, De qui aurais-je crainte? 1. Le Seigneur est ma lumière et mon salut; de qui aurais-je crainte? Le Seigneur est le rempart de ma vie; devant qui tremblerais-je? 2. J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. 3. J'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. "Espère le Seigneur, sois fort et prend courage ; espère le Seigneur." 4
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 17, 1a, 24-26) À 'heure de passer de ce monde à son Père, Jésus leva les yeux au ciel et pria ainsi : «Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant même la création du monde. Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi je t'ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m'as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu'ils aient en eux l'amour dont tu m'as aimé, et que moi aussi, je sois en eux.» 5