Une documentation de Jean Pol Aigrot André Guittard a mis en bouteille son Dinghy en contreplaqué Gorm II, avec Boghy et Wyjden de Michel Aigrot. Le Dinghy Herbulot de 4 m 50 : un septuagénaire encore bien vert En écho à "Voiles d'autrefois : le Dinghy Herbulot" d'eric Vibart. A la fin des années cinquante, une flotte de plus de vingt Dinghies Herbulot a contribué à la renaissance du Club Nautique de Taussat-Cassy, sur le Bassin d'arcachon. A l'origine Boghy, le Dinghy que j'avais construit en 1954, à 18 ans et qui a séduit des jeunes amateurs. Les autres Dinghies étaient de construction artisanale ou d'occasion et rénovés. Cette flotte a été une des dernières à rester très active jusqu'en 1962 (Les Cahiers du Bassin n 13 juillet 2001). Ces bateaux étaient conformes au plan de Jean-Jacques Herbulot, redessiné en 1946, à la demande de l'asprodin (l'association des propriétaires). Le Dinghy d'origine avait la réputation d'être "un bateau difficile qui ne pardonne pas les erreurs" suivant Georges P. Thierry dans "Construit toi-même ton Dinghy Herbulot" que le Chasse-Marée a réédité sans prendre la peine de signaler que les plans de 1941 avaient été sérieusement modifiés par l'architecte. Il est vrai que les premiers Dinghies étaient souvent trop lourds car il était alors difficile de trouver du bois approprié et surtout du spruce pour réaliser des mâts légers. Jacques Lebrun, notre champion olympique, en fit l'expérience humide. Je ne pense pas que Jean-Jacques Herbulot ait accédé à la demande de l'asprodin sans regret. Quand il ajouta le petit pont de 15 cm, il porta le déplacement du bateau armé à 127 kg en élargissant légèrement la carène, tout en arrondissant les sections aux épaules (au droit du mât) ce qui améliorait encore l'excellent passage du Dinghy dans le clapot. Son ami Jean Peytel n'avait-il pas écrit dans le Yacht de janvier 1943 : "Les essais ont répondu à l'objection faite contre un bateau non ponté en prouvant qu'il ne mouille pas. L'architecte est d'ailleurs très intransigeant sur la question du bateau ouvert, il assure notamment réaliser ainsi une forte économie d'argent et de poids". (1) Pour moi, ce pontage et son brise-lame contredisaient le franc-bord généreux et gâchait la belle tonture du Dinghy. Je l'ai réalisé à contrecœur sur Boghy à la demande d'henri Pouchelle, le secrétaire de l'asprodin. Après deux saisons, j'ai décidé de supprimer ce poids mal placé avec 1
l'insolence de mes vingt ans, car il n'avait rien de structurel. Je l'ai remplacé par un large liston déflecteur efficace, élégant et confortable avec quatre pouces de large comme sur les quatorze pieds. Nos Dinghies possédaient tous les équipements nécessaires au bon contrôle d'un dériveur moderne : halebas et sangles de rappel, mais aussi mâts souples et barre d'écoute. Vide-vite et lèvres de puits complétaient cet équipement. A noter le safran totalement relevable que le 470 adoptera plus tard. Nous avons même fait des essais de trapèze et de planche de rappel en solitaire! Le génois de 4,30 m 2 a été ramené à 4 m 2 plus maniable sans différence notable des performances. J'ai longtemps entretenu une correspondance cordiale avec Henri Pouchelle et nous nous rencontrions à Paris, notamment lors des assemblées générales de la Fédération Française de Yachting à Voiles. Il me présenta à des personnalités comme Jean Peytel, G.P. Thierry et Jean- Jacques Herbulot. Ce dernier a eu la gentillesse d'écouter mes questions, notamment au sujet du pont qui avaient l'avantage de servir de siège, m'assura-t-il, amusé. J'ai eu bientôt le plaisir d'être accueilli chez les Herbulot, d'y rencontrer des personnes sympathiques et passionnantes. Entre 1956 et 59, étudiant en architecture à Paris, j'ai eu la chance d'être associé par Jean-Jacques Herbulot à la conception du Dinghy en contreplaqué. Il ne s'agissait pas de l'utiliser comme un simple substitut au bois massif, mais suivant le principe constructif de la coque du Vaurien adapté à la construction amateur. Les membrures étaient remplacées par deux cloisons et des gabarits provisoires et réutilisables. Le contreplaqué permettait un certain allégement du bordé, mais surtout la suppression des couples, relativement lourds et encombrants. Cette structure de coque est d'autant plus rigide que sa surface est à double courbure avec les assemblages collés sur lisses. En 1957, Jean-Jacques Herbulot dessina l'esquisse du Dinghy en contreplaqué, proche des 14 pieds internationaux dont les caissons encastrés nous avaient parus s'imposer. Henri Pouchelle était tenu au courant, il était partisan d'un banc de mât et j'en avais réalisé un sur Boghy, en K, inspiré de celui du 14' de Fairey Marine. Jean-Jacques Herbulot ne l'estimait pas indispensable mais il me le laissa dessiner sur les plans d'exécution qu'il vérifia et signa. Ce sont les plans du Dinghy 57 que Florence Herbulot tient à la disposition des amateurs. Une petite notice de mise à jour leur sera jointe. Finalement quatre bateaux ont été construits sur ces plans et l'un d'eux a été exposé au salon nautique d'octobre 1960. Les Cahiers du Yachting ont noté "la présence d'un Dinghy Herbulot de 4m,50 avec des caissons de sécurité remarquablement installés et dont les Vauriennistes feraient bien de s'inspirer", mais ils n'ont pas remarqué la structure caisson innovante. JJ Herbulot la reprendra plus tard pour la construction amateur du Vaurien. Le Pegasus d Uffa Fox, réalisé en formes avec un contreplaqué spécial, était également présenté, mais son prix dépassait 4.000 NF contre 2.200 pour le Dinghy et 2.520 pour le 420 de Christian Maury et Lucien Lanaverre dont c'était le premier salon. Conçu pour être réalisé en polyester armé, il correspondait bien au programme des "juniors" et devait s'imposer par sa facilité d'entretien. Pour connaître la suite de l'histoire, il nous faudra attendre 50 ans, une longue vie professionnelle, puisque le Dinghy Herbulot n 405, vient de naître des mains de Bertrand Warion qui a déjà réalisé, entre autres, des Moths et un Sharpie. J'ai eu le plaisir de participer activement à cette construction, fidèle à l'esquisse de 1957. Ce Dinghy a tiré ses premiers bords sur le Bassin d'arcachon, ce printemps, pour la plus grande joie de son propriétaire et de ses amis. Depuis, il est allé crânement participer à la réunion de l'asproca, pour le quatre-vingtième anniversaire des Canetons, à Duclair. Henri Pouchelle a eu cinq Dinghies et remporté bien des succès dont deux fois Dinard Saint Cast. Boghy porte les marques de l'évolution de la série : d'abord déponté, puis rebordé en CP dans les fonds avec des lattes de renfort, il a tenu tête aux Dinghies 57, avec un foc tergal de 4 m 2 et sa vieille voile de coton rétrécie et rallongée. Après avoir été deux fois champion du Sud-Ouest, il dut se contenter d'une place de second pour son dernier championnat. Après une sérieuse rénovation, il a navigué à nouveau sur le Bassin, jusqu'à un démâtage en 2000. Le mât a été recollé depuis et un ami charpentier de marine termine des réparations sur la coque. Les Dinghies Boghy et Seik yerbouty navigueront bientôt ensemble et ainsi l'histoire n'est pas terminée. Jean Pol Aigrot - contact : jpolaigrot@gmail.com Uffa Fox, qui fut en tête de tous les architectes navals selon ses propres mots, a créé Avenger en 1927, le premier Dinghy international capable de planer. Il a écrit en 1959 dans "Sailing Boats" : 2
"The desingner is always limited by the materials at his disposal". Entre le Dinghy de 1941 et celui de 1957 la différence était bien des matériaux disponibles et de leur maîtrise : le contreplaqué et la colle. (1) G P Thierry a cité cet article dans construis toi-même ton Dinghy Herbulot : "Le plan du Dinghy de 4 m, 50 est de M. Jean-Jacques Herbulot qui, fixé au Lavandou depuis la guerre, a conçu, construit et essayé ce bateau pour répondre aux nécessités de l'heure présente: économie de matériaux et d'argent, poids minimum pour mise à terre aisée à la main sur une plage, forte tenue à la mer, vitesse appréciable et, surtout, très grande maniabilité. L'architecte a voulu, pour un prix minimum, mettre entre les mains de coureurs aimant les bateaux vivants un outil facile à construire et dont les matériaux pourraient se trouver, mais qui soit aussi un bateau de classe, c'est à dire un bateau ayant de bonnes réactions, donnant à son barreur de bons réflexes, muni de deux focs et d'un spinnaker pour que l'équipage puisse développer toute sa science et toute son adresse et, par-dessus tout, un bateau qui, pour sa taille et son poids, ne soit pas gêné à la mer et puisse naviguer correctement dans un fort clapotis. Un seul dériveur remplissait toutes ces conditions: c'est le Dinghy international de 14 pieds mais il reste le bateau le plus cher pour sa taille (4 m, 26), c'est en outre une série à restrictions et il importe plus que jamais de faire des monotypes pour avoir des prix de série. Herbulot s'est donc inspiré du principe du Dinghy international duquel son bateau a pris un contour désormais classique: il a un peu allongé le bateau pour regagner la vitesse que l'abandon de la construction en formes et l'adoption de la construction en V pouvait lui faire perdre; il a fait un sharpie très défendu de l'avant et très profond vers l'étrave ; son tirant d'eau maximum est porté très en avant, ce qui lui donne une excellente entrée dans l'eau et des lignes de fuite extrêmement tendues, dégageant parfaitement le tableau arrière. Malgré sa faible longueur, la ligne de flottaison est tendue; le rapport longueur/largeur et le coefficient de finesse sont élevés. Le gréement marconi et des plus simples et comporte une série de combinaisons ingénieuses très pratiques et peu coûteuses qui donnent à ce bateau un cachet moderne et une grande commodité due à l'expérience de régatier de son architecte. Le poids est réduit à 107 kg environ. Deux hommes peuvent donc facilement le porter, le tirer à terre sur une plage. Il se transportera aisément sur une remorque ou même sur le toit d'une voiture. En outre, le faible déplacement permet à l'équipage d'équilibrer le bateau très efficacement et donne au 4 m, 50 de très grandes qualités évolutives, notamment pour démarrer et pour virer. Les expériences faites en Méditerranée ont séduit immédiatement tous ceux qui aiment la course sportive. Les essais ont répondu à l'objection faite contre un bateau non ponté en prouvant qu'il ne mouille pas. L'architecte est d'ailleurs très intransigeant sur la question du bateau ouvert, il assure notamment réaliser ainsi une forte économie d'argent et de poids. Très marin et très bon sous la brise, ce bateau peu voilé s'est également révélé très rapide et très évolutif par temps léger, ce qui permet d'espérer que le Dinghy de 4 m, 50 fait avant tout pour la mer, ne sera pas moins bon pour les eaux intérieures. Enfin le plan prévoit la transformation en cat-boat pour courses en solitaire... La F.F.V. a adopté ce bateau parce qu'elle a pensé qu'il fallait avant tout un dériveur marin et que la clientèle d'eau intérieure désirait pouvoir naviguer une partie de l'été à la mer. En outre, sa facilité de construction et son bon marché l'adaptaient aux circonstances actuelles. Enfin, il était le seul des monotypes parmi ceux qui existaient en France, à présenter les qualités requises pour un dériveur de championnat et notamment celle d'être muni d'un spinnaker et de deux focs pouvant être facilement changés en cours de régate, grâce à l'avant non ponté." Jean Peytel in le Yacht n 2975 de janvier 1943. 3
Boghy et Sheik yerbouty les mêmes formes mais un plan de construction totalement repensé. Photos Franck Albert et Jean Pol Aigrot 4
Boghy vers 1956 devant Wyjden de Michel Aigrot - Photo R. Aigrot. 5
En juin 2011, visite de Sheik yerbouty de Bertrand Warion à Duclair - Photo Beligou. Caractéristiques : Longueur hors-tout : 4,50 m - longueur de flottaison : 4,35 m Bau maximum : 1,44 m hors bordé 1,50 m hors tout (plan 1957) Tirant d'eau dérive haute: 0,16 m - tirant d'eau dérive basse : 1,25 m Poids armé plan de 1941: 107 kg - poids plans 1946 et 1957 : 127 kg Surface de voilure : Grand-voile : 7,70 m² 8,00 m² (plan 1957) Génois : 4,30 m² Foc n 1 : 2,80 m² Foc n 2 : 1,50m² - Foc de 4 m² (plan 1957) 6
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