Christophe Rabut, Pierre Baudy Université de Toulouse (INSA, IREM, IMT) 1er septembre 2010 Faire parler les étudiants : Pourquoi? Comment? PEG : Une Pédagogie basée sur l Entraide au sein d un Groupe Pour en savoir plus : http://enseignants.insa-toulouse.fr/fr/ameliorer_mon_cours/peg.html Christophe.rabut@insa-toulouse.fr
Faire parler les étudiants : pourquoi? Meilleure mémorisation : Des études affirment que l on mémorise 10% de ce que l on lit 20% de ce que l on entend 70% de ce que l on dit (dans un débat, une discussion) Meilleure motivation : Moins rébarbatif, plus agréable, plus de plaisir L étudiant voit mieux ses progrès Favorise le travail personnel Pour «être à la hauteur» des autres étudiants, ne pas les pénaliser Par la meilleure motivation
Faire parler les étudiants : ce qui ne marche pas! «Posez des questions pendant le cours, interrompez-moi!» Crainte de poser une question sans intérêt (camarades, prof) Crainte de de ralentir le déroulement normal du cours Faire passer un étudiant au tableau (correction d exercice) : Un seul «parle», les autres «au mieux» écoutent Sentiment d être jugé dans chaque phrase => blocage, les étudiants n aiment pas «passer au tableau» et «correction» imparfaite, mal exprimée ==> Il faudrait faire discuter les élèves sur le cours (concepts), puis sur les exercices (savoir-faire, initiative ).
Faire parler les étudiants : comment? En les mettant en (petits) groupes, qui travaillent de façon autonome ET en en leur posant des activités destinées à être traitées en groupe : Comportant une difficulté, un «obstacle», un défi Nécessitant une (des) initiative Eventuellement sujet à controverse : Plusieurs méthodes de résolution Résultat paradoxal
La magie du groupe Un groupe, c est magique! Cela permet aux étudiants de parler ; de s exprimer Cela permet aux étudiants d écouter Cela encourage les étudiants pour travailler! mais surtout, l effet «brain storming scientifique» : L idée (partielle) de l un peut être reprise, complétée, rectifiée par un autre. La confrontation des idées permet le progrès. Bref, c est bien plus que la réunion des capacités de résolution des membres du groupe. On peut poser à un groupe des problèmes que l on ne pourrait pas poser à des individus («obstacle»)
Trois étapes de travail : Faire parler les étudiants : exercices et problèmes Définition d une stratégie de résolution (groupe) Résolution «technique» (individuel) Comparaison des résultats, synthèse De préférence des exercices de fond Exercices d assimilation ou d application immédiate du cours : À faire en travail personnel et à se corriger mutuellement en groupes (comparaison des résultats, de la méthode utilisée, explications mutuelles ) Ne pas corriger les exercices (mentionner les points fondamentaux dans les cours de restructuration)
Faire parler les étudiants : le cours (1) D abord travail personnel : Pas de cours préalable (seulement des cours de restructuration voir plus loin) Les élèves étudient une partie précise d un document (polycop, livre ) Ils doivent identifier les points difficiles ou importants Puis travail en groupe (idéalement 4 étudiants) : «cours-td» : Discussions sur le travail personnel : Confrontation des difficultés, Tentative de résoudre en groupe ces difficultés Discussions sur les conséquences des points importants A la demande l enseignant aide les groupes (questions émanant explicitement du groupe) Remarques : Une bonne motivation des élèves est importante pour qu ils fassent le travail personnel. Un document «bien rédigé» est indispensable (aie!)
Faire parler les étudiants : le cours (2) Transformer le cours en problème : Au lieu d un déroulement «linéaire», on transforme le cours en un problème (série de questions à résoudre amenant au résultat habituellement présenté en cours). => Résolution collective du problème, confrontation des difficultés, Tentative de résoudre en groupe ces difficultés A la demande l enseignant aide les groupes (questions émanant explicitement du groupe) avec reprise et mise en évidence des principaux résultats. Discussions sur les conséquences des points importants Bonne mise en valeur des points importants. Remarques : Un document rédigé de façon spécifique est indispensable (aie!) Le travail en groupe est indispensable pour franchir les obstacles créées par les situations, notions, inédites.
Comment susciter la motivation des élèves? Idée : «problème de positionnement-motivation» : En introduction d un cours : Soumettre aux élèves (en groupe) un problème, en leur demandant non pas de le résoudre, mais de dire comment ils feraient pour le résoudre (Modélisation? Problème concret? Pluridisciplinaire?) Remarques : Un bon moyen pour résoudre utilise les outils à étudier plus tard Le problème pourra être utilisé en «fil rouge» le long de l enseignement. Le problème sert aussi à montrer l intérêt du travail en groupe, à souder les groupes et à apprendre à travailler en groupe L effet «brain storming» permet de poser des problèmes qui sont de vrais défis
Le cours de restructuration Fondamental! Il FAUT structurer les connaissances acquises en travail personnel et en groupe! Sinon les connaissances sont «disparates», pas «organisées» dans la tête des étudiants, pas assez hiérarchisées, bref pas vraiment efficaces! Cours de restructuration pour donner de la consistance, de la structure aux notions étudiées Pour donner du recul aux étudiants par rapport à leur travail Quelquefois pour compléter ce qu ils ont vu seuls ou en groupe (présenter certaines conséquences des notions acquises) Jamais pour reprendre ce qui a été étudié, ni pour répondre aux questions Remarque : On s appuie sur des choses que les étudiants connaissent, ont travaillées On interpelle les étudiants sur ce qu ils savent => cela les intéresse, ils retiennent ce qu on leur dit Bien plus efficace que de leur montrer «la beauté de la science»!
Faire parler les étudiants : la place de l enseignant Aide aux groupes Répondre aux questions des groupes (pas des individus) Le type des réponses peut être très varié, dépend de l à propos pédagogique de l enseignant les réponses «ouvertes» (incomplètes) sont souvent possibles, car le groupe peut «achever» la réponse les réponses approfondies (allant plus loin que la question) sont appréciées «Valide» les résultats, rassure les groupes Organisation de l enseignement, instructions Définit le travail à faire, Gère le temps Rapports différents avec les étudiants, qui ont davantage confiance en leur enseignant, dont le rôle premier n est plus la transmission du savoir, mais l aide à la construction du savoir.
PEG : Une méthode cohérente et complète 1. Problème de positionnement-motivation Du «brain storming» pour découvrir où va le cours, l intérêt (voire la nécessité!) des notions qui seront abordées (souvent suivi d un cours de restructuration) 2. Travail du cours en groupes ou bien sur document de cours (travail personnel préalable) ou bien sur un problème reprenant la démarche du cours 3. Exercices et problèmes en groupes - application directe du cours : travail personnel, puis confrontation des résultats et des méthodes en groupe - Problèmes de fond, exercices à initiatives : SANS travail personnel préalable («brain storming» pour résoudre les difficultés) 4. Cours de restructuration 5. TPs faits individuellement! (éventuellement travail personnel préalable) 6. Examen en général «traditionnel». Le travail des groupes N EST PAS évalué.
Quelques remarques Déroulement assez proche du déroulement habituel Les étudiants travaillent plus régulièrement (pas seulement à la fin pour les examens), les notions sont acquises au fur et à mesure Travail en petits groupes (4 étudiants ) : Souplesse de fonctionnement des groupes Les étudiants s impliquent dans leur travail Motivation et participation importantes Les étudiants ne veulent pas pénaliser leur groupe Pas de partage des tâches car pas de travail à rendre Facile à mettre en œuvre, à mixer avec une méthode traditionnelle facile de mixer les deux types d approche du cours Convient pour toute matière. Difficultés : Séquencement des séances délicat, Nécessité d un bon document (autonomie sur le document). Méthode intéressante et motivante (étudiants mais aussi enseignants)
Quelques effets collatéraux Davantage d esprit critique et de besoin d adhésion au discours de l autre que dans une explication d un prof. Vraies discussions et réelle solidarité entre les étudiants et meilleurs rapports enseignant-étudiants! Plus d aisance et de spontanéité dans les demandes d explication, moins de gène à insister. Exigence de clarté et de rigueur entre élèves (?). Auto-évaluation des élèves grâce aux réactions du groupe. Evaluation qualitative par l enseignant facilitée.
Dialogue, confiance, autonomie Apprendre à dialoguer, à répondre à l autre (dans son registre!), à le respecter. Acquérir de la confiance en soi : les étudiants voient qu ils peuvent apprendre par eux-mêmes, qu ils peuvent expliquer aux autres, progresser en groupe. Ils perçoivent bien leurs progrès (et en sont motivés) Confiance en le professeur, dont le rôle premier n est plus la transmission du savoir, mais l aide à la construction du savoir. Acquérir de l autonomie : Apprendre à utiliser un document, à aborder une notion nouvelle à formuler et à solliciter de l aide.
Insa, Toulouse (France) EPL, Louvain La Neuve (Belgique) Que préférez-vous?