Détection des mycobactéries non tuberculeuses dans l eau*



Documents pareils
Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

QuantiFERON TB Gold in tube

Tuberculose Pr. Jean-Louis Herrmann Service de Microbiologie, Hôpital R. Poincaré, Garches

5. Matériaux en contact avec l eau

CONTROVERSE : IDR OU QUANTIFERON LORS D'UN CONTAGE EN EHPAD?

POURQUOI L HYGIENE HYGIENE = PROPRETE HYGIENE = PREVENTION DES INFECTIONS COMMUNAUTAIRES ET DES INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Les Infections Associées aux Soins

Apport d un nouveau test Interféron Gamma

TEST DE DÉTECTION DE LA PRODUCTION D INTERFÉRON γ POUR LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS TUBERCULEUSES

TEST DE DÉTECTION DE LA PRODUCTION D INTERFÉRON γ POUR LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS TUBERCULEUSES

Procédure de tri et traitement des déchets Pro 032

Recommandations des experts de la Société de réanimation de langue française, janvier 2002 Prévention de la transmission croisée en réanimation

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

DASES Réseau tuberculose 10 janvier 2006

Chapitre 4 : cohabiter avec les micro-organismes. Contrat-élève 3 ème

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

Compétitivité des produits laitiers locaux: vers une standardisation du «fènè», un lait spontanément fermenté au Mali

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française sur la prise en charge de la tuberculose en France

Ouverture d un pavillon médical : Mesures mises en œuvre pour la mise en eau et suivi bactériologique

Sommaire de la séquence 7

QU EST-CE QUE LA CHLORATION?

BMR/ BHR en EHPAD Prise en charge des résidents

ELEMENTS D'ASSURANCE QUALITE EN HYGIENE RELATIFS AU CONTRÔLE MICROBIOLOGIQUE DES ENDOSCOPES ET À LA TRAÇABILITE EN ENDOSCOPIE

La lutte contre la tuberculose est régie par l arrêté royal du 17 octobre 2002.

Traitement de l eau par flux dynamique

BACTÉRIE PARTICULE D ARGENT

J.-L. Herrmann a,b, *, N. Simonney a, P.-H. Lagrange a

L alimentation. du patient. paration et de service? Emilie GARDES - Xavier VERDEIL - Nicole MARTY CHU de Toulouse

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Rapport d hygiène pour le département du service d ambulance

Gestion de la crise sanitaire grippe A

La découverte et l utilisation

Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair. Dr. Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles

SYSTEM O. Un système unique pour des réseaux distincts Eau froide sanitaire Eau chaude sanitaire

Lecture critique. Maîtrise de la diffusion de la résistance aux antibiotiques l hôpital : le rôle de l hygiène hospitalière D. Lepelletier, N.

La résistance d'agents infectieux aux médicaments antimicrobiens

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Programme National de Prévention des infections associées aux soins en ES,

Epidémiologie appliquée aux sciences vétérinaires DES DAOA DES - DEA

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

IBCP- Service Culture Cell- Règlement Intérieur des laboratoires de culture cellulaire

EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES

Prépration cutanée de l opéré

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

Les Bonnes Pratiques Hygiéniques dans l Industrie Alimentaire

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Dracunculose Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL)

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

Test d immunofluorescence (IF)

APPAREIL DE PROTECTION RESPIRATOIRE NBC M 95 DE SCOTT POUR LES FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE

Science et technique. La température et la durée de stockage sont des facteurs déterminants. Viande bovine et micro-organisme pathogène

Définition de l Infectiologie

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE

EVALUER LA MAITRISE DU RISQUE INFECTIEUX EN EHPAD

Système de gestion d une citerne de récupération des eaux de pluies

Méthodes de laboratoire Évaluation de structures mycologiques par examen microscopique

Comment concevoir son lit biologique

Cahier des bonnes pratiques pour un nettoyage écologique des locaux du Conseil Général de la Gironde

Gestion du risque lié aux légionelles

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

Ablation de sutures. Module soins infirmiers

«Actualités et aspects pratiques de l antisepsie»

PSDP et usage des pénicillines - ESAC

La principale cause du développement

!"#$%&#'()&*+",#%)-"#.),%)/&*01%')2%1'&0.%3)

Les piscines à usage collectif Règles sanitaires. à usage collectif

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

CATALOGUE DE PRESTATIONS FORMATION ET CONSEILS

STOP à la Transmission des microorganismes!

Annales du Contrôle National de Qualité des Analyses de Biologie Médicale

Clean air solutions. Industrie agroalimentaire

LES INCONTOURNABLES DE L HYGIENE ALIMENTAIRE EN RESTAURANT SATELLITE

DECLARATION DES PERFORMANCES N 1

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

Les contre-indications au don de sang

Brest (29) Lessay (50), Mars 2012

Se protéger contre la contamination par les micro-organismes. Gazole, gazole non routier et fioul domestique Cuves de stockage et réservoirs

NOCOSPRAY CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES UN FONCTIONNEMENT TRÈS SIMPLE DE MULTIPLES OPTIONS PERMETTANT DE S ADAPTER À CHAQUE SITUATION

Test direct à l Antiglobuline (TDA ou Coombs direct)

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

Infections nosocomiales

3: Clonage d un gène dans un plasmide

Hygiène personnelle du collaborateur de bloc opératoire et infections nosocomiales

Résumé des modifications intervenues : simplification et clarification des actions descriptives

MEDIACLAVE. La stérilisation rapide, reproductible et sûre des milieux

Hygiène des véhicules de transport sanitaire

Contexte réglementaire en hygiène alimentaire

Registres de fermentation lente. Critères d inspection

LE POINT DE VUE DE FNE

RECOMMANDATIONS POUR LA PREVENTION DES INFECTIONS A LEGIONELLA DANS LES ETABLISSEMENTS DE SOINS. Groupe de travail Legionella.

Qu est-ce que la peste?

Détection et prise en charge de la résistance aux antirétroviraux

Notre système. Immunitaire

Prévention du risque infectieux en EHPAD, MAS, FAM et IME

Transcription:

Détection des mycobactéries non tuberculeuses dans l eau* Françoise LUCAS, Nicolas RADOMSKI, CEREVE, Université Paris 12, Ecole Nationale des Ponts et Chaussés Laurent MOULIN, Sophie HAENN, CRECEP Laetitia BETELLI, Emmanuelle CAMBAU, Centre National de référence des mycobactéries et de la résistance aux antituberculeux * Les résultats présentés sont en cours de publication

Epidémiologie des infections à mycobactéries non tuberculeuses Habitat des mycobactéries atypiques : saprophytes de l environnement commensales transitoires (peau, muqueuses, tube digestif) Pathogènes opportunistes : Mycobactérioses Infections respiratoires, adénopathies, cutanées, ostéoarticulaires ou généralisée Incidence estimée à 0,5 à 2/100 000 ha selon les pays environ 500 cas /an / France avec l épidémie de SIDA, Immunodépressions thérapeutiques (anti-tnf, corticoïdes), gestes invasifs (chirurgie, mésothérapie,...) Problèmes de diagnostic, de traitement et de prévention

Transmission des mycobactéries atypiques Pas de transmission interhumaine Voie de contamination? EAU Aérosols Consommation Contact / plaie Inoculation directe douches, eaux chaudes, arrosage boisson, lavage des aliments aquarium, baignade, poissons et coquillages (M. marinum*) iatrogènes et nosocomiales *Enquête CNR 1996-98, Aubry et al. 2002

Présence des mycobactéries dans les eaux naturelles => Diversité et variation saisonnière Rio Grande, USA (Bland et al. (2005) M. fortuitum M. intracellulare M. scrofulaeum M. simiae M. kansasii M. gordonae M. avium M. malmoense ou marinum Non identifié autres espèces rares

Présence des mycobactéries dans l eau traitée (réseaux) Se multiplient dans les réseaux d eau de distribution d autant plus qu il est riche en matières organiques (Falkinham et al. 2001) Présentes dans le système de traitement et de distribution de l eau (Paris, Le Dantec et al. 2002) Résistent aux traitements de l eau comme le chlore ou l ozone (Falkinham et al. 2001; Le Dantec et al. 2002), d autant plus que l eau est riche en substances organiques non solubles (Steed and Falkinham 2006) De 1 UFC/L à 500 000 UFC /L selon les études

Projet du groupe AQUAMYC Objectif : avoir des outils de Recherche des mycobactéries dans l eau Avec mesure de la quantité Permettant l identification des espèces présentes Fiables et reproductibles Stratégie : développer en parallèle deux méthodes Méthode de culture quantitative (sensible, référence) Détection par biologie moléculaire (rapide, spécifique)

1 Litre d eau Optimiser et standardiser les méthodes de dénombrement de mycobactéries par culture Concentration => 5 à 10 ml Filtration Centrifugation Culture lente (3 jours à 3 mois) Décontamination Isolement sur milieu riche milieux avec antibiotiques Éliminer les microbes autres que les mycobactéries (bactéries et moisissures) présents dans l eau

Matériel et Méthodes Echantillons d eau artificiellement contaminés = 1 L eau stérile inoculée de 10 2 à10 8 Mycobacterium chelonae (croissance rapide) pour apprécier la sensibilité de la méthode Pseudomonas aeruginosa jouant le rôle de flore interférente pour apprécier les techniques de décontamination Eau prélevée à partir du réseau de distribution ou de la Seine

Effet de la Filtration La filtration fait perdre une très grande quantité de mycobactéries : => entre 0 et 5 % seulement de récupération Pourcentages moyens de récupération des mycobactéries 54% = 18,7 Les traitements de la membrane avec SDS ou le Tween permettent de récupérer une partie des mycobactéries 1,4% = 1,35 Filtre Micropore 0,45 µm

Effet du traitement du filtre (décrochage des mycobactéries) Nombre d'ufc.10 4.l -1 70.00 50.00 30.00 10.00 0 5 10 15 20 Sonication (min) Effet du temps de sonication UFC.10 4.l -1 160.00 120.00 80.00 40.00 0.00 Plastique Verre SDS 0.2% SDS 0.4% Tween 80 1% Traitement Comparaison entre les différents traitements Avant ou après filtration

Concentration par centrifugation Centrifugation (3000xg/15 min) 150 T2 : filtration et décrochage au SDS T3 : filtration et décrochage désoxycholate T4 : filtration et dépôt directe sur milieu de culture Récupération (%) 100 50 Concentration par centrifugation moins sensible mais plus reproductible que par filtration 0 P<0,0001 T1 T2 T3 T4 Traitement 57% 86%

Effet de la décontamination Bon effet décontaminant vis-à-vis des bactéries autres que les mycobactéries => Perte supplémentaire de 50% à 99% des mycobactéries Méthode de Löwenstein : H2SO4 Méthode de Petroff : NaOH Méthode de Tacquet-Tison : SLS- NaOH Méthode de Kubica : NaOH-NALC Méthode au (COOH)2 Méthode au CPC Pourcentage de perte d'ufc occasionnée par les traitements à l'acide sulfurique et au Cétylpyridinium (CPC) Mêmes résultats avec NaOH-NAC

Culture sur milieu contenant des antibiotiques 48 h SA avec ATB Prélèvements P1, P2, P3 7 j Eau de la Seine : présence de flore de contamination àprès culture sur 7H11 + PANTA + V Réduction de 2 à 3 Log bactéries SA Avec ATB Prélèvements P1, P2, P3 reproductible 14 j SA Avec ATB Prélèvements P1, P2, P3

Conclusion mise au point d une méthode standardisée de détection et de dénombrement des mycobactéries dans l eau Culture peu sensible quand protocole non approprié et décontamination (perte de 90 à 99%) Culture sur antibiotiques => perte moindre tout en gardant de la spécificité Sensibilité : environ 100 ufc/l Premières mesures dans l eau de réseau et de Seine : < 100 ufc/l à 1 million ufc /L Long et fastidieux => Développement nécessaire de la méthode moléculaire

Épidémies d infections à mycobactéries à croissance rapide cutanées chez immunocompétent Sur 20 rapports de 800 cas environ 114 M. abscessus / post-op 100 M. fortuitum / manucurie-pedicurie 205 M. abscessus / post-injection 14 M. chelonae / mesotherapie 32 M. abscessus / acupuncture 49 divers / mésothérapie 34 M. chelonae / liposuccion 16 cas en 2007 / Paris-mésothérapie En cours / France carboxythérapie (Huang 2000, Winthrop 2002)