Bonnet Clément IEP de Grenoble Rapport de fin de séjour Explo RA : Séjour académique à l Université Saint-Joseph de Beyrouth au semestre d automne 2013-2014
Depuis déjà longtemps, j avais en tête le projet de partir à Beyrouth. En effet, ce pays au cœur du Moyen Orient fait partie de ces pays qu on rêve un jour de visiter. Avant mon séjour, certaines personnes m ont dépeint un tableau bien particulier du pays : chirurgie esthétique à foison, festivités permanentes, vie nocturne animée, etc. Je m'y étais ainsi rendue une année plus tôt afin de faire un voyage initiatique au pays du cèdre, j'y retournais donc avec enthousiasme. I-Vie pratique A-Logement A Beyrouth, les résidences universitaires n existent pas. En effet, les seuls résidences prévues pour les étudiants sont celles tenues par les bonnes sœurs, les autres étant surpeuplés. J'ai donc décidé de partir à la recherche d un appartement. Pour débuter mes recherches, je m'étais installé dans un hôtel pas très cher que je connaissais de mon voyage précédent et de là, je faisais mes recherches. Après deux jours à courir les rues de Beyrouth, je trouvais enfin un appartement qui me convenait plus ou moins. Ce dernier se situait à quelques centaines de mètres de l université. Il contenait trois chambres, un grand salon, deux toilettes, une cuisine et trois grands balcons. Le tout à 350$ par mois, je partageais ainsi mon appartement avec un libanais et une libanaise, parlant tous les deux le français, l'anglais et l'arabe ce qui fut très utile pour mon intégration au sein de la société civile libanaise, et me permis, en outre d'apprendre le dialecte libanais. J ai donc pendant mes cinq mois à Beyrouth partagé mon appartement avec des étrangers qui devinrent rapidement des amis. Beyrouth est devenu la capitale arabe la plus chère et je fus témoin de ce changement de mode de vie de la capitale libanaise. En ce qui concerne la caution, je n'étais même pas inscrit sur le bail, je n'ai signé aucun accord ou document officiel. En effet, le bail était au nom de ma colocataire, toutefois au Liban une femme non mariée ne peut pas loger avec un homme, ainsi je lui donnais de l'argent tous les mois et elle payait elle même le loyer. En outre, beaucoup de nos camarades ont du avancer six mois de loyer à l avance. Cependant, je fus très étonné des prix relativement élevés pour un pays tel que le Liban.
B- Argent En ce qui concerne l argent, le Liban a la particularité d avoir deux monnaies : la livre libanaise et le dollar américain. Les grosses sommes telles que le loyer, l électricité et les courses sont payées en dollars alors que les transactions quotidiennes sont réglées en livres. Le tout était donc de bien avoir les équivalences en tête pour ne pas se faire arnaquer par certains vendeurs conscients qu il faut une certaine gymnastique intellectuelle pour se souvenir de tous les taux de change. Après cinq mois à Beyrouth, je peux aisément en arriver à cette conclusion : la vie y est chère. En effet, j'avais fait le choix de partager mon appartement et ainsi d avoir un plus petit loyer pour pouvoir consacrer mon argent ailleurs et notamment dans les voyages. Mais les sommes se rajoutaient les unes après les autres : électricité (qu il faut payer deux fois car il y a l électricité normal et le générateur qui se mets en place à chaque coupure), les charges de l immeuble, l entretien du générateur, etc. par ailleurs, l alimentation était elle aussi particulièrement chère. C- Télécommunication Étant donné la longueur du séjour, j'avais décidé d avoir un téléphone libanais, ce qui fut très pratique. A l instar de tout ce que l on peut trouver au Liban, l abonnement coûtait assez cher. En effet, je devais recharger d argent mon téléphone mais la moyenne par semaine de consommation était de $10. Ce qui faisait un total de $ 40 par mois ce qui est relativement plus cher qu en France, sachant que dans le cas du Liban, il ne s agit que d un forfait avec SMS et appels. Le mieux était de n utiliser les appels qu en cas d urgence. D- Santé Avant de quitter la France, j ai résilié mon forfait chez ma mutuelle pour souscrire à la couverture monde de la mutuelle étudiante SMERRA. J étais donc couverte au cas où il m arriverait quelque chose. Je n ai donc pas souscris à une mutuelle en arrivant au Liban. En toute honnêteté, je n ai pas vraiment d idées concernant le système de santé libanais. Je suis cependant tombé plusieurs fois malade (gastroentérite, grippe..). Je suis cependant simplement allé à la pharmacie où j ai pu obtenir des médicaments facilement. Cependant, certaines mesures d hygiène devaient être prises telles que ne pas boire l eau du robinet, bien laver ses fruits et légumes, éviter de trop manger dans les petits Fast-food
E- La vie universitaire Dans le domaine où j ai le plus de chose à dire, c est celui de l université. En effet, nous étions accueillis par l Université Saint-Joseph de Beyrouth. Réputée comme étant l une des meilleures du Moyen-Orient, elle n a pas réellement tenue ses promesses en termes de contenu et de structures d accueil. A notre arrivée, nous avions eu le droit, les autres étudiants français et moi à un petit déjeuner avec l ensemble des étudiants en mobilité et le service de relations internationales de l USJ. Bien que ce fût un moment agréable qui nous a permis de rencontrer d autres étudiants en mobilité, ce fut le seul et unique événement organisé par l USJ à l encontre de ses étudiants étrangers. L université ne disposait pas d un bureau des étudiants ou d une association qui permettra d intégrer les étudiants étrangers, comme il en existe des dizaines à Grenoble. La vie extra scolaire de l université était donc très réduite et c était à nous seuls de nous organiser pour rencontrer des libanais ou d autres étudiants. En ce qui concerne le déroulement des cours, nous avions autant d heures que les étudiants libanais, c est à dire une moyenne de vingt-cinq heures par semaines. Ceci était bien plus important que dans d autres échanges universitaires où les étudiants avaient seulement dix heures de présence obligatoires. Les classes étaient composées pour la majorité d étudiants français. En effet, la science politique n est pas un domaine qui intéresse beaucoup les jeunes libanais. Nous étions donc dans des classes où le dépaysement ne s est pas fait sentir. La qualité des cours était cependant à questionner pour des étudiants de niveau «Master». J'ai cependant eu la chance de réussir les sélections sportives de l'équipe de football de l'usj ce qui m'a permis de rencontrer des amis qui n'était pas dans la même faculté. Ce fut réellement une chance car j'ai pu me faire de véritables amis grâce à cette équipe de football. F- Vie quotidienne Le climat était relativement chaud jusqu en Novembre. Je me vantais d ailleurs auprès de mes amis restés en France d avoir eu la chance de me baigner dans une mer assez chaude le 30 novembre! La pluie est cependant vite venue gâcher notre plaisir à partir du mois de Novembre. Elle était effectivement très abondante et l absence de système d égouts efficace permettait à l eau de s accumuler sur les trottoirs. Je vivais au rythme
des embouteillages et des administrations qui fermaient leurs portes beaucoup trop tôt (14h30 pour les plus tardives). Heureusement, j'avais la chance de profiter d une culture culinaire très riche : plats chauds, froids, pâtisseries, thés, etc. C est ce qui a fait en partie la spécificité de ce voyage : un dépaysement total au niveau culinaire. Cependant, au bout de quelques semaines, le bon vieux fromage français commençait à me manquer. B) Bilan et suggestions Après cinq mois passés à Beyrouth, je peux dire que j ai adoré le Liban. En effet, pays à la culture unique en son genre, il garantit un dépaysement total et une vie de tous les jours presque hors norme. J'ai pu ainsi une nouvelle fois découvrir l intérieur du pays, découvrant des paysages aussi beaux les uns que les autres, tout en voyageant dans d'autres pays tels que l'iran, Chypre et la Jordanie. Les difficultés que j ai pu rencontrer sont avant tout d ordres financiers. En effet, Beyrouth reste une ville où le coût de la vie est élevé. Comme je l ai précisé plus haut, cela m'a bridé dans certaines activités car je souhaitais garder de l'argent pour mes voyages extérieurs. Par ailleurs, la question de la sécurité était en jeu. Les multiples attentats ont effectivement remis en cause mon sentiment de sécurité. Je pense que la sensation la plus étrange que j'ai pu ressentir a été de voir que mon esprit et mon corps se sont habitués à ce ressenti d'inconfort psychique et physique. Si l'on se focalise sur la sécurité, on ne sort pas de chez soi au Liban. En ce qui concerne mes projets professionnels, ils n ont globalement pas changé avec le Liban. Je souhaite effectivement toujours travailler en lien avec les pays de la région et découvrir le Moyen Orient, cela faisant parti de mes projets de longue date. Cependant, je m étais jusqu à présent beaucoup plus concentré sur la Syrie et notamment le jihad. J'ai ainsi pu rencontrer de nombreux syriens qui ont pu me donner des informations provenant du terrain et me faire une réelle opinion de ce domaine. Je m'étais aussi intéressé lors de ma troisième et ce à cause de mon premier voyage au Liban, à la question des réfugiés palestiniens présent dans le pays du cèdre. A la suite de ce travail, j'ai pu voir d'un œil différent la réalité palestinienne au Liban.
Avez-vous eu besoin d être encadré, préparé et orienté avant et pendant votre séjour? Ayant déjà une certaine connaissance de la vie au Liban je n'ai pas eu besoin d'être encadré. Toutefois, il est vrai que je n'avais été que de passage au Liban. Y vivre a été plus complexe mais mes amis de l'équipe de football m'ont très rapidement pris sous leurs ailes ce qui a constitué mon encadrement... Pour les prochains qui veulent partir à l étranger et au Liban en particulier, je leur conseillerai de se préparer sur le déroulement de la vie de tous les jours dans le pays d accueil pour éviter des écueils dus à un manque d informations. Il faut aussi se dire que la vie à l étranger, loin de sa famille, peut être parfois douloureuse car les émotions sont souvent amplifiées. Au final, je conseillerai surtout d en profiter au maximum car quand on rentre, on se rend compte que tout ça est passé bien trop vite.