IV. LES JEUNES IV.3. LES PRATIQUES



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Transcription:

IV. LES JEUNES IV.3. LES PRATIQUES IV.3.1. Âge au premier rapport sexuel D'une façon générale, on peut dire que parmi les adolescents de moins de 17 ans, les relations sexuelles sont le fait d'une minorité, minorité qui cependant n'est pas négligeable. L'enquête du C.E.S./UIA 1 qui portait sur tout le pays montrait qu'en 1993, 38% des 15-19 ans interrogés (n=534) avaient déjà eu une première expérience sexuelle (avec pénétration). La fréquence est d'autant plus élevée que l'âge croît : - à 15 ans : 1% - à 16 ans : 33% - à 17 ans : 41% - à 18 ans : 5% - à 19 ans : 68%. Pour la tranche d'âge 2-24 ans (n=45) on notait 85%. L'âge médian au premier rapport se situait à 17,4 ans pour les garçons et 18, ans pour les filles. Le C.E.S. note une tendance à l'abaissement régulier de cet âge avec chaque génération mais avec un ralentissement récent. Les enquêtes successives d'ulb-promes portent sur les jeunes scolarisés de la Communauté française. L'une d'elles 2, a également montré que les garçons sont plus précoces que les filles. La dernière enquête 3 a révélé qu'environ 5% des jeunes de 15 à 18 ans ont déjà eu des relations sexuelles ; ce pourcentage augmente légèrement entre 1988 et 1994. En dessous de 17 ans seule une minorité de jeunes a déjà eu des relations sexuelles (n=2444 élèves des classes secondaires supérieures fréquentant les établissements du réseau d'enseignement non catholique). Les garçons sont plus nombreux à avoir déjà eu des relations sexuelles. On constate également une différence marquée entre les types d'enseignement : les jeunes de l'enseignement professionnel sont, pour toutes les tranches d'âge, plus nombreux que ceux de l'enseignement technique à avoir déjà eu des relations sexuelles. La différence va dans le même sens entre l'enseignement technique et l'enseignement général. Parmi les jeunes qui ont déjà eu des relations sexuelles, un cinquième a eu des relations précoces, c'est-à-dire avant l'âge de 14 ans. 1 Hubert M, Marquet J et al. Comportements sexuels et réactions au risque du sida en Belgique. Centre d'études sociologiques, Facultés Universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 1993, 23 pp. Voir description de la méthodologie dans l'introduction 2 Piette D, Renard F, Prévost M. et De Smet P. Adolescence et Sida: connaissances, opinions et comportements relatifs à la prévention du sida en Communauté française de Belgique. Arch Public Health. 1994, 52, 47-62 3 Piette D et al. Une étude des comportements et modes de vie des adolescents de la Communauté française de Belgique de 1986 à 1994. ULB-Promes, Bruxelles, 1997, 68 pp. Chapitre IV Les jeunes Page 72

Un dossier établi à la demande de la société Durex 4 (n=5 personnes âgées de 15 à 45 ans) constate que les garçons se déclarent plus précoces que les filles : 19% ont eu leur premier rapport sexuel avant 15 ans pour 8% des filles. Si on compare les résultats avec ceux de 14 autres pays du monde, les jeunes belges ne se présentent pas parmi les plus précoces. On voit au chapitre II que l'activité sexuelle serait très précoce chez les jeunes filles originaires d'afrique subsaharienne. IV.3.2. La pénétration anale Les jeunes de 15 à 24 ans pratiqueraient un peu plus la pénétration anale que l'ensemble de la population âgée de 15 à 59 ans : 19% contre 17%. Les chiffres datent de 1993. IV.3.3. Le multipartenariat 24 % des jeunes sexuellement actifs, ont eu 2 partenaires sexuels ou plus dans les 12 derniers mois. Cette proportion est largement plus élevée que celle de 7% estimée dans le reste de la population. Figure 4.3.1. Pourcentage de jeunes (15-24 ans); selon le nombre de partenaires dans les 12 derniers mois. n=585 jeunes inscrits en Belgique,. Source: C.E.S., 1993. 8 7 6 5 4 3 2 1 3 73 11 13 1 2 >2 nombre de partenaires On dispose de plus de l'information sur la situation au jour de l'interview. 4 LCR-Inra. Les habitudes sexuelles des Belges. Septembre 1998 Chapitre IV Les jeunes Page 73

Figure 4.3.2. Pourcentage de jeunes (15-24 ans); selon le nombre de partenaires actuels. n=585 jeunes inscrits en Belgique,. Source: C.E.S., 1993. 1 8 78 6 4 2 17 3 2 1 2 >2 nombre de partenaires Commentaires. On voit (figure 4.3.2.) que seulement 5% des jeunes ont pour l'instant des activités sexuelles avec plus d'un partenaire, et que 17% n'ont pas de partenaire. On peut donc déduire en comparant ce graphique et le précédent que le multipartenariat des jeunes est de type séquentiel plutôt que simultané ; on pourrait également parler de monogamie successive. La succession de partenaires correspond probablement à une phase de recherche affective vécue plus intensément dans cette tranche d'âge que dans les tranches plus élevées. L'enquête d'ulb-promes de 1994 permet de constater que, dès l'âge de 15 ans, un nombre non négligeable de jeunes francophones a déjà eu plus d'un partenaire l'année précédant l'enquête : 32 à 68% selon les types d'enseignement parmi les garçons. La proportion est nettement moindre chez les filles. Les chiffres sont les plus élevés dans l'enseignement professionnel. Figure 4.3.3. Taux standardisés en % des jeunes (17-18 ans) scolarisés en Communauté française qui ont eu plus d'un partenaire dans leur vie parmi les jeunes qui ont déjà eu des relations sexuelles. Source: U.L.B.-Promes, 1997. 8 7 6 5 4 3 2 1 garçons 17 ans filles 17 ans garçons 15 ans filles 15 ans général technique professionnel Chapitre IV Les jeunes Page 74

Fig. 4.3.4. Association entre le fait d'avoir eu plus d'un parternaire l'année précédant l'enquête, et le sexe, l'âge et le type d'enseignement ( rapport de cote) parmi les jeunes scolarisés de la Communauté française. Source: U.L.B.-Promes, 1997. 2.5 2 2,5 1.5 1 1,6 1,23 1,57.5 filles garçons 15 ans 17 ans général technique profess. IV.3.4. Recours à la prostitution L'a.s.b.l. Espace P parle des prostitués masculins comme d'une population jeune (cf. chapitre III). Une enquête sur les jeunes Congolais(es) suggère que la pratique de la prostitution n'est pas négligeable parmi ces jeunes filles (cf. chapitre II). IV.3.5. Usage de drogue par voie intraveineuse Le chapitre V met bien en évidence que les usagers de drogues injectables, diagnostiqués comme séropositifs au VIH, sont largement plus jeunes que le reste de la population nouvellement diagnostiquée. IV.3.6. Mode d'adaptation au risque IV.3.6.1. La protection actuelle. On a présenté au chapitre I l'indicateur "synthétique" construit par le C.E.S., ce qui a permis de montrer que, proportionnellement, davantage de jeunes courent un risque potentiel de contamination en comparaison de leurs aînés. IV.3.6.2. L'utilisation du préservatif Plusieurs études montrent que la proportion d'utilisateurs est plus élevée chez les jeunes que chez les personnes plus âgées. L'enquête nationale du CES démontrait que les jeunes, malgré une ancienneté sexuelle moins longue, étaient plus nombreux que leurs aînés à avoir déjà utilisé un préservatif : 62% pour les 15-19 ans contre 23% pour les 18-54 ans. Chapitre IV Les jeunes Page 75

Figure 4.3.5. Pourcentage d'utilisation du préservatif; selon la classe d'âge. n=3284 inscrits en Belgique, 15-59 ans. Source: C.E.S., 1993. 9 8 7 6 5 4 3 2 1 au cours de la vie dans les 12 derniers mois 15-19 2-24 25-29 3-34 35-39 4-44 45-49 5-54 55-59 classe d'âge La figure montre bien que la proportion d'utilisateurs est en diminution régulière dans les classes d'âge successives ; il y a un effet de génération, probablement lié au sida, puisque ce sont les générations qui ont eu leur "socialisation sexuelle" à l'ère du sida qui ont les taux les plus élevés. Le Centre Elisa de dépistage 5 qui effectue à Bruxelles des dépistages anonymes et gratuits montre également que parmi les demandeurs de test, la protection régulière par le préservatif (c'est-à-dire l'utilisation systématique ou l'utilisation systématique sauf avec le partenaire habituel) est bien plus importante pour les personnes âgées de 15 à 39 ans qu'à partir de 4 ans. Entre 1992 et 1994, le pourcentage de jeunes de 17 et 18 ans utilisant toujours le préservatif varie peu. Il diminue légèrement chez les garçons et augmente légèrement chez les filles. Une modification notable apparaît cependant chez les filles de l'enseignement technique, chez lesquelles ce pourcentage passe de 13 à 25. Figure 4.3.6. Taux standardisés en pourcent des jeunes scolarisés en Communauté française (17-18 ans) qui utilisent toujours le préservatif lors de relations sexuelles. Source: U.L.B.-Promes, 1997. 25 2 15 1 5 filles garçons 1992 1994 L'étude de ULB-Promes portant sur l'année 1994 montre des chiffres inquiétants. Parmi les jeunes scolarisés de 17 ans qui ont déjà eu des relations sexuelles, 1 à 15% 5 Médecins sans frontières. Centre Elisa, bilan de la huitième année d'activités, 1996. Bruxelles, déc. 1997, 27 pp. Chapitre IV Les jeunes Page 76

n'ont jamais vu ou manipulé de préservatif ; ces chiffres sont encore plus élevés chez les filles et dans l'enseignement professionnel et technique. Parmi les jeunes qui n'ont pas encore eu de relations sexuelles, les pourcentages atteignent 3 à 5 avec le plus souvent le même type de gradation entre les sexes et les types d'enseignement. Un dossier Durex 6 qui compile plusieurs études confirme la réalité de la protection insuffisante des jeunes scolarisés : un jeune sur trois se trouverait en " situation de risque " lors de ses expériences de coït. De ce groupe, 31% des interrogés reconnaissent n'avoir jamais utilisé de condom. Ce constat rejoint celui d'un sondage réalisé à la côte belge, durant l'été 1995, auprès de 1735 jeunes : parmi les pratiquants du multipartenariat, moins de 4% utilisent systématiquement le préservatif. Parmi les (pré)adolescents scolarisés 7 (base : 177 répondants âgés de 11 à 17 ans) qui ont déjà eu des rapports sexuels, on constate un faible utilisation du préservatif même chez ceux qui ont eu plusieurs partenaires. Pour expliquer la non-utilisation, les jeunes citent plutôt la fidélité comme moyen de protection. Tableau 4.3.1. Estimation de l'exposition au risque parmi les jeunes scolarisés, ayant déjà eu des rapports sexuels. Piette et al., 1994. comportement n fréquence exposition à un risque utilisation systématique du préservatif 72 16% nulle un seul partenaire sans utilisation du préservatif 254 55% très faible à nulle plusieurs partenaires sans utilisation du préservatif 91 2% oui autre protection 28 6% inconnue sans réponse 19 4% inconnue total 464 1% Les auteurs de l'étude constatent donc que parmi les 464 jeunes qui ont déjà eu des rapports sexuels, 16% qui utilisent un préservatif ne s'exposent à aucun risque. Pour 55% qui ne l'utilisent pas systématiquement mais qui n'ont qu'un seul partenaire, l'exposition au risque est relativement faible, voire nulle. Les 2% de jeunes qui ont eu plusieurs partenaires sans utiliser un préservatif sont exposés à un risque plus important. IV.3.6.3. Raisons de non-utilisation du préservatif Le dossier Durex montre que les raisons principales que les jeunes invoquent pour ne pas utiliser un condom consistent à dire qu'il n'est pas agréable et qu'ils ont confiance dans leur partenaire. Le coût intervient très peu dans leur motivation. Ces déclarations ne concernent que les NON utilisateurs. On verra plus loin que les usagers sont d'un autre avis. 6 Durex. Communiqué de presse. 2 mars 1997. 7 Piette et al. 1994. Op. cit. Chapitre IV Les jeunes Page 77

Figure 4.3.7. Raisons de non utilisation du préservatif chez des jeunes. Sources: Durex, 1997 d'après trois enquêtes. 8 7 APS Univ. Gent/ Univ. Inst. Antwerpen Durex 6 5 4 3 2 1 pas agréable confiance en partenaire n'ose pas acheter la pilule protège pas sûr contre sida trop cher Pour des jeunes d'origine congolaise (cf. chapitre II), la non-utilisation s'explique parce que le préservatif se déchire ou glisse, les jeunes manquent d'information à propos de la manipulation du préservatif, le préservatif est un obstacle psychologique à la relation. Pourtant ces jeunes congolais mentionnent l'outil comme le premier moyen de protection et aussi comme le plus sécurisant. IV.3.6.4. Préjugés vis-à-vis du préservatif Des exemples de préjugés sont frappants dans l'enquête parmi les jeunes congolais. Les garçons de 12-13 ans sans expérience sexuelle parlent avec une intense certitude de préservatifs qui " se cassent ". Certaines filles évoquent le préservatif trop grand " qui reste dans le vagin " et peut être source de maladie. Pour beaucoup de ces jeunes des deux sexes, l'emploi du préservatif est lié au vagabondage, à la prostitution ou plus simplement à la légèreté des sentiments. Rappelons que de nombreuses jeunes filles croient que la pilule apporte un effet protecteur contre l'infection au VIH. Chez les jeunes originaires d'afrique noire 8, on peut aussi associer la réticence d'utilisation à une faible évaluation de la vulnérabilité personnelle au risque de sida. Le risque est vécu comme éloigné des préoccupations immédiates et il est attribué à des individus étrangers au groupe d'appartenance. IV.3.6.5. Le dépistage préalable Le centre bruxellois de dépistage anonyme et gratuit Elisa 9 montre que la demande de tests émane dans 4% d'une population jeune. Parmi les femmes, la classe d'âge 15-24 ans représente plus de la moitié des demandes. 8 Baruani YK. Pratiques sexuelles, risque d'infection à VIH et prévention du sida. Recherche qualitative auprès d'immigrés africains en Communauté française. Rapport de recherche. APS, décembre 1996, 63 pp. 9 Vincent A et De Reuwe E. Centre Elisa Bilan de la huitième année d'activités 1996. Médecin sans Frontières, Bruxelles, décembre 1997, 27 pp. Chapitre IV Les jeunes Page 78

Tableau 4.3.2. Pourcentage de la demande de test anonyme et gratuit par sexe ; selon l'âge. En pourcent. Source : Centre Elisa, 1997. Hommes n=1514 Femmes n=931 15-19 ans 6 17 2-24 ans 22 34 25 ans et + 72 49 Total 1 1 IV.3.6.6. Le safe sex ou le renoncement Le C.E.S. a bien montré l'importance relative de deux autres moyens de protection : 14% des jeunes de 2-24 ans ont renoncé au moins une fois à des relations sexuelles à cause du sida dans les 5 dernières années ; ce chiffre est plus élevé que celui de toute la population (n=3722) dans laquelle il n'atteint que 8% 9% des 2-24 ans (et 11% des 15-19 ans) ont eu des relations sexuelles sans pénétration à cause du sida dans les 5 dernières années ; ce chiffre est plus élevé que celui de toute la population (n=3453) dans laquelle il n'atteint que 5% Chapitre IV Les jeunes Page 79