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i'?^ SUR L'AUTHENTICITÉ DE LA LETTRE DE THIBAUD ROI DE NAVARRE A L'ÉVÊQUE DE TUSCULUM PAR M.J.ETRONNE PARIS IMPRIMERIE ROYALE M DCGG XLVI U"I: If-

EXTRAIT DES MEMOIRES DE LACADBMIE DBS INSCRIPTIONS ET BELLES-LLTTRES TOME XTI a PARTIE.

SUR L'AUTHENTICITÉ DE LA LETTRE DE THIBAUD ROI DE NAVARRE A L'ÉVÊQUE DE TUSCULUM Le premier voir rhistorien est d'examiner et avec imtialité ies témoignages qui appuient les faits peser qu ii raconte. Mais ce voir est lfois bien difficile à remplir surtout lorsqu'il arrive qu un fait est présenté ux manières différentes ou contradictoires ux témoins oculaires qui aissant avoir eu tous ux autant moyens le connattre nont eu nul intérêt à le déguiser ou à Yaitérer. En eil cas Thistorian dans la perplexité où le met une telle dissince peut être réduit à croire Tun s ux récits némane point la source respectable qui

lui est attribuée mais après coup dans un intérêt qu'il la pièce qui le renferme a été fabriquée Cette solution est assez ordinairement peu s'eflforce découvrir. satisfaisante; elle a pres toujours l chose violent et d'arbitraire qui éloigne la conviction en ce qu elle aît être une ces explications extrêmes auxlles on a recours en désespoir cause. Cet inconvénient vient se présenter dans une discussion toute récente. Geoffroy Beaulieu Tami le confesseur et Thistorien saint Louis rapporte qu'après la mort du roi arrivée le 2 5 août 1270 Charles d'anjou son frère manda et obtint Philippe le Hardi les chairs le cœur et les intestins qui furent déposés dans l'abbaye Monreale près Palerme. D'un autre côté il existe une lettre écrite en français et imprimée dans le recueil dom Martène ^ sous le titre : Lettre ïévê Thunes à Thibaud roi Navarre dans lalle cet évê raconte à Thibaud sur sa man tous les détails la mort saint Louis. Il y est dit expressément tt les entrailles furent portées à Monreale en l'église près Palerme mais li cuers et li cors murent encore en ïost; kar le peuple ne souffrien nulle manière (juilenjust portez.» Ce récit est donc sur un point important en contradiction manifeste avec celui Gçoffroy Beaulieu. La lettre qui était sous les yeux du père Daniel ^ et peut-être dom Félibien ^ fut opposée au témoignage Geoffroy et l'on crut pouvoir admettre sur cette autorité avait été apporté en France Philippe le cœur saint Louis le Hardi. De même au commencement la discussion sur la découverte faite à la Sainte-Chapelle on essaya d'infirmer au col. ' Veteram scriptoram ampl coll. t. VI 1317. ' Hist. France t. IV p. a 6a. ' HiitVahbayeSaint'Denisp2lkS.

' Cependant 5 moyen cette lettre l'autorité du confesseur saint Louis et soutenir le du saint roi cœur apporté en France Philippe avait été enterré à la Sainte-Chapelle. Depuis un savant académicien a reconnu d'abord le cœur saint Louis fut porté à Monreale et s'il est venu en France ce doit être à une épo postérieure qu'il se flatte pouvoir déterminer. on n'est nullement en droit le mettre côté à moins qu'on ne prouve décidément la lettre est apocryphe. C'est ce qu'ont essayé faire M. le duc Serradi-Falco et le révérend père Tarallo dans sa dissertation publiée à la même épo. Après avoir rapporté l'insuccès s recherches faites à Monreale l'auteur du premier mémoire le termine en ces termes : «D'après cela nous sommes forcés nous contenter le moment s lumières nous fournissent l'histoire et l'anti inscription du temple. Toutefois cela seul suffit nous faire conclure le cœur dans la cathédrale Monreale les ; la France n'a saint Louis les avec viscères entiers et les chairs fut déposé possédé os dégagés toutes les ties molles; et finalement le cœur retrouvé à la Sainte-Chapelle ne peut en aucune façon être attribué au saint roi dont le chef moins la mâchoire inférieure fut seul transporté Saint- Denis à la Chapelle en i3o6 ^» Quant à la lettre française qui rait être opposée à ce résultat les ux savants antiquaires la déclarent sans hésiter tout point apocryphe les raisons suivantes : P L'auteur la lettre le prétendu évê Tunis tait son nom; cette lettre est sans date ; elle est en français ce qui n'est ordinaire dans une lettre d'évê à cette épo. ' Serra-di-Falco Mém. cité p. i3.

6 3" Il est inadmissible Thibaud roi Navarre qui navait 2'' Ni Guillaume Nangis ni aucun autre auteur contemporain ne le clun évê Tunis. quitté le camp ait eu besoin d'écrire à Tévê Tunis {supposé qu'il y eût un évê Tunis) apprendre les détails la mortdu saint roi à lalle il avait dû assister. Cette rnière raison sans ler la secon est j)éremptoire; et si la lettre a réellement tous les caractères le savant criti relève il ny a nul doute lle ne soit Tœuvre d'un faussaire aussi ignorant maladroit. Mais il n'en est point ainsi. On a vu plus haut le P. Daniel s'est servi cette même lettre. Il dît atai : entre les mains lettre une Thibaud comte Champagne roi Navarre à l'évê Thunes la sur mort saint Louis à lalle il était présent. Cette lettre est tirée d'un beau manuscrit aptenant à M. Chezeiles lieutenant général police la ville Montluçon.» On voit déjà disaître dans cet énoncé une s grans difficultés' élevées le docte antiquaire Païenne; car ce n'est plus l'évê Tunis qui apprend à Thibaud Navarre ce celui-ci vait connaître aussi bien et mieux lui à savoir les détails la mort du saint roi. C'est au contraire Thibaud Navarre témoin oculaire qui les raconte à l'évê. Personne ne s'étonne plus alors la lettre soit en français et non en latin. Il existe à la bibliothè db Sainte-Geneviève un manuscrit qu'on peut croire la fin du xiii"^ siècle du ou commencement du XIV et qui est peut-être celui le P. Daniel avait sous les yeux. Il ait la lettre citée le savant jésuite s'y trouve

à très-peu près dans les mêmes termes ^; elle a titre : C'est la lettre li rois Thiebaut Navarre envoia à Teves Thunnes. Elle commence ainsi : «Thiebaud la grâce Dieu rois Navarre Champagne et Brie cuens palatins à messire 0. eves Thunnes saluz et lui tout.» Cette lettre publiée nouveau et récemment comte Horace Viel-CasteP n'est comme on va le M le qu'une petite tie extraite d'une lettre beaucoup plus étendue voir une personne qui s'est contentée prendre les faits relatifs à la mort saint Louis et a laissé tout le reste : Cest la lettre li rois Thiebaut Navarre envoia à l'^es Thunnes. ((Thiebaut la grâce Dieu rois Navarre Champagne et Brie coens pazins à messire O. eves Thunnes saluz et lui tout. Sire je receve vostre lettre en lalle vous me priez nous vous feissons asavoir lestât mon chîer seigneur Louys jadis rois France. Sire du commencement et du milieu savez-vous plus nous ne fesons. Mes la fin nous pouvons tesmoigner la veue s émus q^ons en toute ttostre vie ne veimes si sainte ne si dévote fin en homme du siècle ne religion et autel avons nous oî tesmoigner à touz cens qui le virent. Et sachiez Sire le dimenche a eure nonne juss au lundi après tierce bouche sa ne cessa jour et nuit toutes ties quinze eures l'espace louer Nostre Seigneur et prier le peuple qu'il avoit la mené. Et la ou il avoit ja perdu une tie la ole crioit-il aucune foiz en haut : Foc nos Domine prospéra mandi spicere et nnua ejns aiversaformidare. Et moult foiz crioit-il en haut : Esto Domine plebi taœ sanct^cahr et custos. Après Teure tierce il perdit aussi comme du tout la ole; mes ilregardoit le"gens moult bonerement et sourioit ' Me est aussi dans ux Mss. la ' D'abord dans le recueil intitulé Bibliothè royale : ancien fonds français Beaux-Arts^ is livraison puis dans la n 7373 et Sttnt-Victor 886. Preue du 7 janvier.

8 aucune foiz. Et entre eure tierce et midi fist aussi cum semblant donnir et (u bien les eauz clos Tespace mi liu. Après il ovrit les euz et regarda contre le ciel et dist cest vers : Introibo in domam taam adorabo ad templam sanctam taam On puis il ne la et entour eure none il tressa. Et s Ternie qui tressa juss en lenmain n le fendi il estoit ausit biax et aussuit vermaux ce nous sembloit com il estoit en sa pleine santé et sembloit à moult genz qui vossit rire. Après Sire ses entrailles furent portées à Montroyal en l'esglise près Palerme la ou nostres sires a ja comancié a fere moult granz miracles por lui si cum nous avons entendu au Secile. Sire roy Tarcediacre Palerme qui la mandé sa lettre li cuers li et li cors meurent encore en Tost ; li peuples en nule manière ne veut soufirir quii en feut porté.» Déjà ainsi je viens le dire le titre la lettre fait disaître les principaux motifs doute M. le duc Serra-di-Falco avait élevés contre Tauthenticité ce document. Cependant il en reste encore un qui aît bien frappant dans la mention Yévécfue Thunes dont aucun historien ne le. Cet évê y est appelé messire 0. Quel nom nous cache cette initiale? On va le voir. Dans la collection faite Tillemont s pièces relatives à saint Louis la lettre Thibaud Navarre se trouve tout entière beaucoup plus longue celle qua copiée dom Martène; et Tillemont déclare Tavoir tirée dun manuscrit sur vélin la bibliothè Saint-Germain-s-Prés Luc dachery lui avait envoyé. Elle débute ainsi A honorable : «dom et très-cher son et très-amé père en Jésus-Christ monseigneur Othon la grâce Deu eves Tousculane. Thibault celle mesme grâce rois Navarre et Champaigne et Brie cuens paladins salut et luy tout.» Ce titre beaucoup plus complet dans le manuscrit Sainte-Geneviève enlève la rnière et gran difficulté qui subsistait encore; car à la place Tévê Tunis dont aucun bis-

9 torien ne le nous voyons aître Yévè Tuscuhm nommé Othon désigné la seule initiale O. dans le manuscrit Sainte-Geneviève. Or cet Othon Odon ou Eus est un personnage considérable qu'on ne peut s étonner trouver dans une si étroite relation avec le roi Navarre gendre saint Louis. Né à Ghâteauroux [ Castro Radulphi) jàejisle àiocèse Bourges après avoir été chanoine puis chancelier Téglise Paris il fut créé cardinal et évê Tusculum en 1 2 44 le pape Innocent IV puis envoyé en France prêcher la septième croisa^; là il gagna Taffection saint Louis la put'eté ses mœurs sa science et la maturité son esprit. Il Taccompagna en Orient et fat chargé d'écrire au roi s Tartares l'engager à embrasser la foi chrétienne. Il consacra la Sainte-Chapelle en i248 en présence vingt évos et ne mourut qu'en 1278 trois ans après saint Louis ^. On conçoit faitement cet évê. Français d'origine et cœur ait écrit à Thibaud roi Navarre savoir les détails la mort du saint roi qu'il tenait si en profon vénération; et ce prince ait voulu en faire un récit trèscirconstancié à un personnage si considérable placé si avant dans l'aflpection son beau-père et probablement dans la sienne. Rien n'est donc plus clair et plus naturel qui commencent la lettre Thibaud à l'évê les oles Tuscuium. Jusqu'à ces rniers tiré sa copie n'avait pu temps l'original d'où Tillemont avait être retrouvé; et on le croyait perdu lors M. Wailly en mars i845. Ta heureusement découvert dans le manuscrit supp. lat. i65. ' Guili. Nangiaco. Chroniconjp 99 ' VghàH Italia sacra tl p. asai^ss. éd. H. Geraud.

10 Je vais transcrire ici le texte tiré ce manuscrit qui est malheureusement fort incorrect; et cest cette raison sans cloute quil na toujours été exactement reproduit dans la copie Tillemont. Ce texte m'a été communiqué M. Wailly qui s'est attaché à donner en une copie fidèle en à proposant Téclaircir. s restitutions les sages qui ne présentent aucun sens et en y joignant ls notes stinées LETTRE DE thibadt ROI DE NAVARRE COMTE DE GHAHPAANB ET DE BRIE A EUDES liveque DE TUSCULUII. u A honurable et son très cher et très amé père en Jésu Grîst Monsein- O gneur la grâce Deu éves ^ Tousculane Th. celle meesme grâce rois Navarre et ^ Champaine et Brie cuens paladins saluz et lui tout. «Sire nos avons receuivoz lettres es quèle vous nous priée nous vos feisions savoir Testât mon cher seignevr seinte mëmorie monseingneur Loys jadis [roi]' France cui Deus face merci. Son estât du commencement sa vie et son milieu âavez vos mieuz nus ne savon. De sa fin vos poons nos tesmoigner la vosue nous eum si servir ne si dévote ne hume du sicle ne hume religion ; et autel avons nos qui la virent^. Et sachez. Sire dès le dimenge à eure nonne jus^ lundi après tierce sa bouche ne cessa jor ne noit tûtes ties l'espace IP eures loer nostre Seigneur et prier pur le ' Ma. caetqoé. moins le sens présente le sage correspondant " Ms. s la lettre adressée au prétendu ^ Le mot roi man dans le manuscrit. évo Tunis : et autel avons nous Cette phrase dont le texte est corrompu 01 tesmoigner à touz ceus qui le virent. rait ^se restituer ainsi : De sa Ms. vesqui. fin vos poons nos tesmoigner la veue La copie Tillemont porte XX heures; eals la nos ou veue nous cune {qu'une) si sainte ne si dévote ne Jii hume la lettre k Tévé Tunis J^V; mais la leçon du manuscrit ait p/éférable. du siècle ne hume religion ; et autel avons En effet puis diaaanche à nooe jusqu au nos oî ceuz gui la virent [et eillement lundi après tierce il ny a ni vingt heures avons nous entendu ceuz ete.).tel est du ni quinze mais dix-huit; or le sens ait

11 pople avoit là amené ^ ; e là où il avoit^ ja perdu une grant tie la ole crîoitml acunnes foiz en haut : Foc nos Domine prospéra mundi spicere et nuua ejus adversa formidare et mouz foiz crioit en haut: Esto Domine pubis taœ et sanct^cator et custos; et réclamoit moût sovent madame sainte Geneviève. Et après Teure tierce il perdi ausi comme du tôt la ole mes il regardoit le genz moût bonoirement et ausi rist"^ acune foiz. Et entre ure tierce et midy il fist semblant dormir et fu bien les euez clos Teure mie lieue ^. Après il ovri les ois et reigarda contre le ciel et dist ce vers du sautier ausi con sont errant : Introibo in domum taam adorabo ad templam sanctam taam et cor^tebor nomini tuo et unkes puis il ne la; et entur ure nonne il tresa. Et dès leure tressa jus lenrnein on le fendi'' il estoit ausi beaus et ausi vermeuz ce dont nous senbloit et ausi biaus à regarr comme en sfii pleine sancté; e sembloit à moût genz il vosist rire. Sire nous vos en mandons multbones nouvelles ce nous cemble-i^ dont vous et tuit qui Tamoient vez [estï'e]^ mut conforté. Et sachiez nous et tuit cil qui sunme»^^ en Tost avons moût grand «spéraoce ses prières nos vaudront ^^ envers nostre Seignur à fère sa besoingne^^ en lenneur son benoite non. De monseingneur Jehan son fil conte Ânevers^^ nos fesons vous asavoir il trépana avant ii rois et créons il soit en la companie nostre Seingneur. Des autres riches homes Tost qui sunt con feust errant (comme s'il eût été en mar- être dix-huit sur ces heures i! ny che). en Lh prière rapportée ici est analogue eut en tout ux pendant leslles à celle cite dom Martène comme vant saint Louis eût cessé louer le Seigneur. être prononcée les moines qui se ' Ms. avoit le qae amenna. mettaient en voyage : Introibimus in taber- Ms. avoir. naculum ejus adorahimus in loco ubi stete- ^ Ms. criout et trois lignes plus bas runt pes ejus (Of. antiquis monachorum criont au lieu crioit ritihus liv. V cap. 17 i4.) ^ Le manuscrit porte erreur dist; dans la lettf e à Tévê Tunis et soarioit aucunes fou. ^ MRJbndi; la lettre à Tévé Tunis porte ^m^i. Semhle-t-il. n y a dans le manuscrit mie nene; Le mot estre man dans le manuscrit. mais ii faut lire lieue: ce. mot s'employait souvent comme synonyme heure. ^^ Ms. sainnes. n faudrait peut-être etnsi con font errant (comme font ceux qui marchent) ouausi ^^ Ms. vaudrot ^ Ms. bosoingne. " Nevers.

12 trépaasé lor mort fesons nous à vous asavoir : H ns la Mâche ^ ii ^cuens d'eu^ U ss Vialie^ li ns Vendosie^ li ns d^arselle' en Escoce li sires Monmorency li sires Preenes'' inesire Gautier d^anemous^ roareschaus France misire Mahieu Vullebaon ^ misire Ailes "isas misire Hubert Tiboule ^^ misire Arnous son feis misire Jehan Saint Briçon. «Et nous fesodfi asavoir" Sire le jeudi ^^ vant la feste Nostre Dame en Septembre vindrent li Sarrazin mut efforciement asailier nostre bst et tant quluous convint combatre à eus ausi comme force; et se sconfirent asez tôt et mut i^' perdirent lur gent et granz et meliurez et petiz si comme nous seumes puis cius qui furent iur; et mut eust esté^^ ceue jornëe profitable à la christienté si comme nous créons et mut s autres sinefust misire Renaut Precegpy qui estoit nouviaus maréchal France et misire Hardouis ses fiz et misire Hue Beaucoi et misire Gui son frère «qui se tirent la bataille le roi en laquèle il estoit et alèrent sanz le commanment le comte Soissons^^ qui estoit chef la bataille A poi genz et à grant foison s lur'^ et furent là perdu; ne uns puis ne unkes mes ne oumes novèles dont il eftt moût grant damages; ne ne savons si il son ou mort ou pris. Sire les entrailles nostre seigner le roi qui mort est furent portés à Montréal en f église Montréal près Paleme là où nostre Sire a ja commencé à fère Hugues Xn comte la Marche. XIII siècle {Arck du Royaume L. 1206 C Mt à tort rart vérifier les dates prolonge sa viejosqu^en lasa. (Cf. Ckro- Baudoin m dcavesnes) an ia58) on peut supposer quil y avait Preeres ou -Praieres ancienne forme Presies^ nom plus répandu. Alphonie Brienne. Nemours. ' C'est sans doute Hugues IV Ton sait être mort avant 1277. (Hist. généal Peut-être Villebeon; la copie Tillemont porte Villeham. cbjpvtuice^ t. vn Bonchacd. p. 795.) " Till. JBmac... Thiboult "Peut-être comme plus haut et nous ^ Peut-être Asceles; s comtes ce fêtons à wnu savoir. nom sont cités dans Rymer (t. I" p. 780 767 99^) ; auj- 4«'- "4 septembre 1270. " Ms. et mut et ' Bouchard VI. ''Us.osté. ^ Le manuscrit porte Pênes avec une "Jean. abréviation au-ssus s m premières " Le Ms. porte erreur ie lar slar lettres; la copie TiUeniofit Pennes les mois et à jmntjmson s lur aissent Quoîquil existât une famille Prene au signifiercorm sr graninombresamuins.

. 13. mout miracles pur li li archidiakenes Paterne a ewiroiéa^ au roi Sicilie. E li cors 11 Sires et li rs murent encore en Tost kar li pueples ne lonsunt^ en nulle manère il fust portez. De Testait nostre seigneur U roi ke ore est son fiz sachiez ke là est mala continue trois foiz' et monoison ^; mes la mère Deu il est tel ore en estait se nou; semble ^ et nodsire Pères son frère ensint et li rois Seisile; li cuess Poitiers et li Flandres^ ns et li Artois'' ns estoient seint Dieu mercû Lios Bretaione^ estoit désheité ne ne sa voit on bien i quoi sa maladie tomearait ; et si Deu plest il li sera bien. La rcâne France la reine Sicile la contesse Artois la contesse Flandres la contasse Bretoine la contasse Seint Poil^ et toutes les autres dames ïoet sont seinnes et heîtes comme gent qui ne puet morir. De nostre estait et la roine nostre famé Sire sacbiez il nos estoit assez bien sancté cors quant ces lettres fureotfètes nostre Seineur^^ et avoit esté dès "iue nous timus France; mè nous avons eu mput s meschiés oner et ce n'est merveille : [dus en eusses encore eu se ne fust li estaz en quoi nous esteions qui requiroit confort ce nous sembloit et s nos et s autres; et plus nos en soumes confortez ke nos ne feissiens^^ en autre lieu se nous i fussiens. Sire nostre sire li rois qui est ore a ja pris ses homes ooriz ses homes ^^ qui estoit en le ost et mandé en France en reçoive la feuté oeus là ^ officiaus son ostel ne ceu^ qui estoient en nulle baillie ne nul o Bce en cour cumme chacuns estoit. Cens son^^ père avoit lessié à gar ^^ sa terre et ceus qu'il avoit lesséà donoir^' ses bénéfices d'égliseil les lesse : briement nulle riens son père eust ornée il ne change. Monseignur Pières le Ghamberlens nos semble il Ma. «tvoicef ^' B vfaudraik sam doute grua» à Mmtrt ' Il y avait probabiemeiit touffii; dans Seignêmr. U lettre à l'évè Tunis veta fon/- " Ms. ki nos nefuitiiom frir. " Cette leçon est évimment mauvaises ' Gonr. kejaanté.wuilacaiittinae. la oopie TiUeœont porte a ja pressé Fièvre oontintte et dysaenterie. home ie corir ses hanmes; obtenir «A n faudrait sans doute mes h^nmrà sens nous lirions : aja pns êermmit tonr Dea il est ore en bel estait ce nems MonUe ses hommes Gui. '' Ifs. sont. '' Robert ' n faudrait sans doute i^ jfonbr. Jean. ^ On trouve pbw ordmairememi ' Saint-Paul. donner.

14 bée moût attoire et amer^ et à tenir près li si il puet. Ses eures a commencés à oîr moût souempnieument quant il est hors affères ou d'enfermeté ; les sermons ausi volontiés quand il puet bonnement^ : les aumônes son père a commandées à fère ausi cum li pères les fesoit; le testament son père a mandé en France ke le li t le veues les lestres et ententes e en niers'. Et sachiez sire nous avons grant espérance nostre Seingnur il sera^ un grant prudoume se Deu plest. Sire si priez pur lui et pur nous et pur tot^ le ost ; ^ sachiez sire nous avons grant fiance en vos prières Deu : si nous en seauvenge '. Sire quant ces lettres furent fêtes l'en disoit en Tost misire Odouart estoît k Seint-Gile en Provence e voit venir procheinement si cum Tem disoit. Sire saluz nos si vous plest munseingnursymon Conis et monseingnur Otheban^.et mestre Pierre Bonjur et lur priez si il vus plest ils prient pur nos. Sachiés- sire nous eussions aucunes lettres envoyés à monseingnur Symon et à monseineur Otheban si ne fust pur la riote^^ Tescrie^^; si nos exousés^^ vers eus si il vos plest et leur en mostrez ce ke il vos en semble bon. Deus soit gar à sa seint Eglise Ion tens. Ce fut donné en Tost près Tunes le mecredi^ vant la Sainte Michiel.» La pièce examinée en elle-même n'offre aucune prise au doute : plus on examinera les détails qu elle contient plus on ' Il faudrait sans doute à croire et à ' n faudrait probablement : si vous en amer c est-à-dire quilest très'porté à croire souvinge [souvienne). et à aimer etc Ms. Odouant (Edouard fils du roi ' Cest ainsi nous avons cru voir d'angleterre). On ne peut douter Thibaud ne désigne moriem^ntir Othebanle cardinal Ottobon Fies; Tautre personnage rait être le cardinal Simon corriger le manuscrit qui porte : ses cures a commencés a cirmont souempnieument quant il est liors affhres ou u ferme; les sermons at si volontiés quant il puet hoeument. Brie et nous présumons quau lieu Simon Conis ii faudrait lire Simon ^ Au lieu ke le li etc. peut-être fautii lire : ke V en paie le veues les lettres et en Tours :«est en effet un s surnoms rentes et en niers cest-àdire ce oardinal. l'on le paye sur le vu s lettres etc. '^ Bruit tapage. Le manuscrit porte /ra.» Cri. Au lieu priez et tôt (tout) le manuscrit " Le manuscrit porte encusés qui signifie porte pères et tost. «au contraire accuser. Car. " a4 septembre layo.

15 y reconnaîtra tous les caractères la plus faite authenticité. Cette authenticité serait d'ailleurs sil était nécessaire garantie s témoignages contemporains; car on la trouve citée bonne heure. Le continuateur Matthieu Paris racontant la mort glorieuse saint Louis dit lle fut annoncée à Tévê Tusculum une lettre du roi Navarre : (juam féliciteristevitam terminaverit rex Navarrœ domino Tusculano litteras intimavit^. La même citation se trouve per dans la continuation la Chroni Gérard Frachet m'a communiquée M- Wailly; cette continuation qui finit à Tan 1286 il existe à la Bibliothè royale ux manuscrits dont Tun (n6019 ) ait avoir été écrit avant la fin du XIII siècle c est-à-dire bien près du temps où la lettre Thibaud Navarre fut elle-même écrite. «Quam féliciter autem prsedictus terminaverit rex Ludovi- «eus rex Navarrae domino Tusculano per litteras nuntiavit. «Nam in infirmitate sua laudare nomen Domini non cessans «iuam orationem quando inferebat^ «Domine «Orabat et prospéra : Fac nos (juœsnmusj mundi spicereet nulla ejus adversaformidare. pro populo m secum adduxerat dicens : Esto Domine «plehi tuœ sanctificator et custos^ei caetera. Et cum ap- «propinquaret ad finem suspexitin cœlum dicens : Introibo «in domum taam adorabo ad templum sanctam taum et conjitebor " nomini tao Domine. Et hoo dicto obdormivit in Domino.» Ce sage n est qu une traduction du texte correspondant la lettre française. On lit même dans Sozomène Pistoie mort en i458 le roi Navarre un s témoins la mort saint Louis en donna connaissance lettre au cardinal Tusculum^. Il en est même Stiron... ^ Page 858. Continuation Muratori : Aeram Cod. 5oo5 e inserebat. italic script 1 1 p. i65 ann. 1270.

16 La lettre ayant été démoostrativement écrite Tbibaud roi Navarre aussi instruit ce il qu raconte pouvait Têtre Geoffroy BeauHeu et le roi n ayant d'ailleurs plus celui-ci la volonté d'altérer les faitselle constitue une autorité même ordre qui mérite la même confiance. On ne rait donc maintenant la mettre décote sans violer toutes les lois la criti. Mais rhistorien imtialse trouve alors dans une extrême perplexitéentre ux affirmations également certaines : celle Geoffroy Beaulieu qui dit les chairs le cœur et les intestins saint Louis ont été déposés à Monreale et celle du roi Navarre les entrailles et les chairs furent envoyées à Palerme tandis le cœur et le corps (à savoir les os)mourent encore dans Vost On peut proposer ux solutions dte cette grave difficulté. La première peut résulter la seule différence dans les dates s ux écrits. Celle du récit Geoffroy Beaulieu est facile à déterminer. Le confesseur saint Louis revenu en France assista aux cérémonies célébrées à Notre-Dame la réceptions ossements du roi; il les suivit à Saint-Denis fut témoin s funéraillespria sur la tombe qui renfermait ces restes et se retira dans son couvent où il ne finit ses jours n 1274. C'est là qu'ilreçut une lettre du pape Grégoire X 4 mars 1272 dans lallele pontife lui disait datée du voulant préer la canonisation du roi Louis il le priaitd'écrire la vie ce prince dans tous ses détailssans rien ajouter à la vérité 9 et lui transmettre le plus tôt possiblecet écrit : «Devotionem tuam rogamus et hortamur attente per apostotflica scripta tibi mandantes quatenus satisfaciens vota sol- «licitudine votis nostris praedictum vivendi modum in om- «nibus et observantiis suis 4 nil ultra quam fuerit addito k

18 près Tunes le mercredy vant la Saint-Michîel;» ce qui répond aii ^4 septembre. Il y avait donc tout juste un mois saint Louis était mort quand Thibaud écrivait cette lettre; et comme Tarmée mit à la voile le 20 novembre il sécoula ux mois moins quatre jours entre la date la lettre et le dét Tarmée. Or ce double intervalle peut très-bien rendre compte toutes les circonstances. Thibaud Navarre dit expressément : Les entrailles «nostre seigneur le roy qui mort est furent portez a Montréal... près Palerne la ou nostre sire a ja commencé a fere moult miracles a envoies au roy pur mort saint Louis est très-suffisant li li archidiakenes Palerne Sicilie.» L'espace dun mois puis la ses restes envoyés sans délai à Monreale avaient être exposés à la vue s fidèles et comment la nouvelle s pu miracles opérés ces relis avait être pu Tarchidiacre Palerme au roi Charles d'anjou. transmise Quant à ce qu'ajoute le roi Navarre : Li cors li sires et li (fuers marent encore en l'ost ; car li pueples ne souffrien nulle manière qu'il en fust portez cela prouve le cœur restait encore au camp; seulement le 24 explir comment septembre mais rien ne dit qu'il fut ne envoyé un peu plus tard à Monreale lors l'irritation s troupes fut calmée dans l'intervalle ux mois moins quatre jours qui s'est écoulé entre la rédaction la lettre et le dét l'armée. C'est là en effet ce qu'atteste Geoffroy Beaulieu son récit rédigé en 1278. On ne peut douter d'après son témoignage le cœur ne fût compris mi les saintes relis dont il le ls lignes plus loin lorsqu'après avoir dit les chairs le cœur et les intestins furent portés à Monreale et déposés dans l'église il ajoute qu'en revenant Tunis et sant à Palerme il rendit

^ 19 s relis qu'il tenait la conscendance Philippe visite à la célèbre abbaye» et là il apprit personnes dignes foi [audivimus a pluribusfi dignis) qu après les saintes relis y eurent été déposées [postquam sacrœ reliquiœ ibifaere reconditœ)^ il arriva beaucoup miracles avec l'ai du Seigneur [multa miracula ibim coopérante Domino accimnt). Ainsi la divergence s ux témoignages peut tenir seulement à une différence date; et tout ce quon serait en droit conclure du second témoignage comé au premier c'est Charles danjou malgré son esprit altier et impérieux fut obligé transiger d'abord avec l'opinion l'armée et consentir à ne faire transporter à Monreale qu'une tie sauf à saisir plus tard l'occasion d'y envoyer le reste; ce qu'il fit certainement d'après le dire Geoffroy Beaulieu dont le témoignage n'est le fait nullement en contradiction avec celui du roi Navarre. La uxième solution cette difficulté a été proposée les Bollandistes : elle consiste à dire qu'après l'envoi fait à Monreale Charles d'anjou s ties molles du corps saint Louis à savoir s chairs du cœur et s intestins l'armée ayant en lui faisant croire fait entendre s murmures on voulut les apaiser la tie la plus noble s viscères du roi était restée dans le camp; et comme on avait le plus grand intérêt à ce la vérité ne fût connue Thibaud Navarre écrivit à l'évê Tusculum conformément à la version convenue entre tous les chefs. Sans me prononcer entre les ux solutions je ne puis dissimuler ma préférence est la secon ce qu'on explirait bien mieux là comment les viscères entiers ' Acta Sanctor. mens. Aug.

20 ont été confondus dans le même réceptacle ainsi qu ils ont dû Fêtre à Monreale daprès l'état s restes. Et cette confusion dont j'ai cité d'autres exemples n'aurait alors rien fort naturel. Quelle soit celle s ux solutions l'on préférera la discussion qui précè enlève tous les doutes qui pouvaient planer sur la lettre du roi Navarre à l'évê Othon : aussi je pense les savants continuateurs du Recueil s Historiens France n'hésiteront à insérer ce document précieux dans un s tomes suivants cette belle collection. Sous un point vue plus élevé la conciliation qui ressort s éléments ce petit problème me aît satisfaire à toutes les exigences d'une criti sévère; en même temps elle doit rassurer ceux qui tiennent à la certitu histori et qui il importe peu la vérité soit leur côté vu qu elle se trouve l t. FIN.

EXAMEN CRITIQUE DE LA DÉCOUVERTE D'UN COEUR HUMAIN FAITE A LA SAINTE-CHAPELLE où L'ON DÉMONTRE QUE CE NE PEUT ÊTRE LE COEUR DE SAINT LOUIS PAR M. LETRONNE PARIS IMPRIMERIE ROYALE M DCCC XLVI V.- c ^ \ r. t«\