- 1 - MEMOIRE ET MEMORISATION 1. DEFINITIONS La mémoire repose sur un «ensemble de systèmes biologiques et psychologiques qui permettent le codage, le stockage et la récupération des informations. La mémoire est composée de nombreux modules reliés par des systèmes de communication». Chaque module a un fonctionnement à court terme et un fonctionnement à long terme. 1.1. Mémoire à long terme (MLT) Elle stocke les savoirs sous forme de connaissances descriptives, de règles et de schéma (procédures mentales). Elle est presque illimitée en durée et en taille. Cependant, le contenu décroît (oubli) sur une grande période (plusieurs jours ou années selon les informations) et surtout, toutes les informations ne sont pas accessibles avec la même facilité. Il faut souvent utiliser des astuces pour retrouver l'information stockée : associations d'idées, moyens mnémotechniques, etc. Ces procédures freinent l'utilisation de la mémoire en temps réel et pour contourner cette contrainte, le seul moyen consiste à pré-activer la connaissance. C'est le rôle des répétitions, des révisions, des briefings, de la Répéptition Mentale, de la Pré-Activation Mentale. En fait pratiquement rien ne s'oublie, on ne sait seulement pas retrouver l'information. D'autre part, la connaissance ne reste pas telle qu'on l'a déposée. La mémoire à long terme est active : - elle recompose les connaissances en permanence ; - elle réorganise les connaissances entre elles et - crée alors de nouvelles connaissances qui sont des synthèses pratiques des concepts stockés. On parle de mémoire prototypique. Ex : on peut visualiser la forme d'un véhicule sans que cette forme corresponde tout à fait à un véhicule précis. Ce résumé d'information est créé automatiquement par notre mémoire. 1.2. Mémoire à court terme (MCT) (= Mémoire de travail) C'est une mémoire temporaire qui stocke les connaissances sur la situation en cours. Elle est limitée en durée (quelques secondes) et en taille (7+/-2 informations). Il est possible de grouper l'information avec l'entraînement et de se la répéter pour la conserver (à condition de ne pas être interrompu). Cette mémoire de travail est très fragile et sensible aux interruptions. 1.3. Mémoire épisodique
- 2 - «Enregistrement individualisé d une information dans son contexte spécifique d apparition (ex : avion dans une brochure de voyage). Les informations épisodiques ressemblantes (tous les mots «avion») sont rapidement fusionnées en mémoire et l oubli de nature épisodique est rapide». 1.4. Mémoire lexicale Module de mémoire contenant le vocabulaire et intégrant diverses caractéristiques de la morphologie des mots : orthographique (visuo-graphique), phonémique (auditive / phonétique), articulatoire (prononciation) et motrice (entraînement à l écriture). La mémoire lexicale est considérée comme séparée de la mémoire sémantique mais lui est intimement reliée 1.5. Mémoire sémantique Relative au sens des informations. Mémoire abstraite permettant la liaison entre les images et les mots. C est celle qui résiste le plus à l oubli et qui a probalement la plus grande capacité. Elle ressemble à une bibliothèque sophistiquée à 2 classements : un thématique et un associatif. * Classement thématique en grands domaines (animaux, plantes, vêtements, ustensiles). Le classement de la mémoire sémantique commence dès l enfance d où certaines erreurs (baleine et dauphin dans poissons, or mammifères) * Classement associatif : apparemment plus désordonné mais très astucieux. Correspond à un assembla ge de mots : ex : table et manger, chaud et froid, miel et abeille, loup et agneau. Quand on dit un mot d autres sont pré-activés d où certaines erreurs ou lapsus. Ex : dit «blanc, blanc, blanc» «que boit la vache?», réponse : «du lait» car association blanc + vache = lait. 1.6. Mémoire déclarative Mémoire des mots, des images, des visages. * Connaissances déclaratives Elles servent à décrire et expliquer les objets et phénomènes du monde (ex : description d'une arme, définitions de la loi de la pesanteur). 1.7. Mémoire procédurale Mémoire des habitudes motrices (faire du vélo, nager). Ces automatismes bien consolidés par des milliers de répétition sont solides et ne s oublient pratiquement pas. Cependant la performance diminue avec le manque d entraînement pour des apprentissages plus sophistiqués (piano, conduire une voiture, piloter un avion). * connaissances procédurales Elles servent à agir. Elles sont apprises sous forme de règles (si X alors Y) permettant des raisonnements logiques. Les manuels et les cours présentent les connaissances sous cette forme. Mais plus l'expertise se développe, plus le travail est répété, plus ces connaissances se regroupent en schémas d'action, véritables procédures mentales permettant de fonctionner de manière automatique pour les actions répétitives.
- 3-1.8. Mémoire sensorielle Mémoire stockant des informations codées par les organes des sens. (ex : couleur de mots, son de la voix. Ces aspects sont éphémères sauf s ils sont recodés verbalement («la cerise est rouge»). On parle de code sensoriel (visuel, auditif mais de mémoire verbale (mot écrit ou entendu) et de mémoire imagée (dessin). Quand nous voyons, entendons ou ressentons quelquechose, pour la retenir, il faut la mettre en mot (ou schéma). 1.9. Oubli «Incapacité à récupérer des informations en mémoire. Les causes sont diverses : absence de codage ou manque d indices de récupération. L oubli est normal» (en dehors des cas pathologiques) Courbe de l oubli d EBBINGHAUS : 50% au bout d une heure, 80% au bout d un mois. Plus on apprend, plus on oublie vite, mais plus on apprend, plus vite on apprend. 1.10. Processus de récupération Processus par lequel une information est recherchée en mémoire et restituée. On distingue trois grandes catégories de récupération : le rappel, le rappel indicé et la reconnaissance. * Rappel : récupération sans indice spécifique : rappel oral ou écrit des examens. * Rappel indicé : récuépration avec indices spécifiques, indices alphabétiques (phrase-clé), sémantiques, imagés (album photo, schémas) * Reconnaissance : mode de récupération le plus efficace. Consiste à présenter l information cible parmi des pièges. 2. METHODES - Méthode des lieux de SIMONIDE La plus ancienne (V s. av J-C), a évolué avec les époques. Ex : lieu = magasins d une rue à relier avec une liste de mots Fleuriste, pharmacie, boulangerie, boucherie, épicerie / parapluie, orange, religieuse, cheval, barre ; Parapluie = gros bouquet de fleurs Orange = boite de médicament orange Religieuse = gâteau Cheval = boucherie chevaline Barre = de chocolat, vendue à l épicerie. Au moment du rappel, refaire les magasins. Ex : liste de chiffres ; Mettre un chiffre par pièce dans une maison et pour le rappel, parcourir les pièces dans le même ordre pour retrouver les chiffres. - Il est plus facile dans une liste de mots de se souvenir des mots rares que des mots familiers car les mots rares font partie d un seul épisode (expérience en labo) alors que les mots courants font partie
- 4 - d un grand nombre d épisodes qui se mélangent (cf feuilleton : on se souvient de la robe de mariée de l épisode mariage, pas des vêtements habituels portés dans plusieurs épisodes). - Les (premiers) souvenirs sont rattachés à des émotions fortes (plaisir, joie, fierté, honte, humiliation) : première remise de prix, première médaille, premier amour On mémorise et on se rappelle mieux d événements liés à des émotions négatives, cependant, dans ce cas, la mémoire du détail est mauvaise mauvais apprentissage ne pas créer de traumatisme pour apprendre (pédagogie par l erreur) : «je me suis fais peur : on se souvient de la peur mais on n a pas mémorisé pour autant comment faire une vrille et cela peut générer des troubles psychologiques, des comportements onadapés (stress négatif), une démotivation ( abandon) - On apprend et retient mieux les choses qui plaisent pour deux raisons essentiellement : l émotion vécue et l intérêt présenté. Il est donc préférable de faire apprendre dans un climat positif sans pour autant donner systématiquement des récompenses (CF cours sur la motivation). L intérêt est l attirance à l égard d un thème et on est d autant plus intéressé que l on connaît déjà celui-ci (ex : liste de jouets, les filles mémorisent mieux les jouets pour fille, id. garçons). L intérêt dépend également du sentiment d autodétermination. - On n apprend pas en dormant, mais le sommeil est indispensable pour consolider les apprentissages de la journée (cf cours sur le sommeil). - Faut-il comprendre ou apprendre par cœur? Il vaut mieux comprendre puisque la mémoire sémantique est la plus résistante Exemple d exercice : lire un texte en cherchant des synomymes pour certains mots soulignés oblige à faire une analyse sémantique donc à comprendre. L analyse lexicale (corriger les fautes d orthographe) donne un rappel moins bon. Donc, pour apprendre un texte, il faut comprendre afin de construire et enrichir sa bibliothèque sémantique mais également apprendre par cœur pour construire et enrichir nsa bibliothèque lexicale (permettra de trouver des synonymes). (Ne pas supprimer le par cœur, ce n est pas si bête!). Pour apprendre, il faut répéter (cf PAVLOV). La répétition (entraînement) est la base de la réussite (conduite automobile, sport, arts, travail ). Répétition lexicale = par cœur ; répétiton sémantique = répétition des épisodes (lire plusieurs livres ou voir beaucoup de documentaires sur un même thème, dans ce cas, on répète sans s en rendre compte) apprentissage multi-épisodique Basé sur le principe de la mémoire épisodique. «Chaque fois que nous lisons, entendons un mot ou l objet ou l image qu il représente, son concept forme un épisode nouveau en mémoire épisodique avec son contexte d origine». Ex : On lit «chat» dans l histoire du chat botté puis on voit un documentaire sur Colette et ses chats ; avec la répétition des épisodes sur les chats on se construit en mémoire sémantique un concept abstrait général sur les chats qui permettra de comprendre des choses quand on relira le mot «chat». Si on apprend un seul épisode : mémoire sémantique pauvre
- 5 - donc on ne peut pas donner beaucoup d explications sur le mot en question (TOP : je peux en parler pendant 3 semaines, piloter : 10 ). Donc la mémoire sémantique se construit également par une répétition. Cependant ce n est pas une répétition «par cœur», mais une réptition des épisodes (multi-épisodique). - Pour apprendre il faut «subvocaliser» = vocaliser silencieusement (articulation) inciter les enfants à lire à voix haute puis silencieusement pour aboutir à une subvocalisation intériorisée à l'âge adulte. - Apprendre en musique? Bruits simples (circulation, aspirateur) ne gênent pas trop Musique pure gêne peu Paroles (chansons) 40% de l efficacité de la mémorisation car double travail pour la mémoire lexicale : mots lus et paroles entendues si paroles en français la mémoire sémantique entre en jeu diminue encore la performance. - Apprendre en image? Les images facilitent l apprentissage mais, elles doivent être verbalisables et transformées en mots (transformaion automatique, inconsciente), Ce sont les mots qui rendent les images efficaces. Quand les images sont familières (donc faciles à mettre en mots), il est plus facile d apprendre sous forme d images que de mots. Mais il faut que ces images aient des propriétés d organisation : un schéma est mieux qu un dessin surtout trop détaillé et surchargé (donc parfois un bon texte permettant une mise en image mentale simplfiée par le lecteur vaut mieux qu un dessin). Le schéma correspond à un plan de récupération : organisation imagée d indices qui permettent de mettre de l ordre dans un document trop riche en informations. - La lecture est 3 fois plus efficace que la télévision Raisons : * Il est plus facile de prononcer un mot lu que dde deviner l orthographe d un mot entendu écrire les mots compliqués d un documentaire (conférences Diapos ). * lecture = mode d enregistrement autorégulé : on regarde plus longtemps (jusqu à 4 fois) un mot complexe ou non familier, ce qui permet une analyse en mémoire lexicale et sémantique. Or à la télé, on ne peut pas revenir en arrière ou faire un arrêt sur image sur commande. Le magnétoscope pourrait résoudre le problème mais, en fait le sujet ne sait ce qu il a vraiment compris, donc ne fait pas les retours en arrière nécessaires. - La mémoire à court terme est limitée, il faut donc faire des phrases courtes. - Apprendre = relier des groupes d informations, les organiser, pour prendre moins de place en MCT.
- 6 - «Le moteur de l apprentissage est l organisation c est-à-dire la création d unités significatives grâce aux connaissances déjà enregistrées en mémoire à long terme». 1 méthode d organisation : la catégorisation. Ex : Classer une liste de mots en catégories (fleurs, animaux ) Fractionner un texte en pargraphes avec titre et sous-titres. Comme MCT limitée, faire des petites catégories mais pour un même texte maximum 7 paragraphes (le mieux serait 4). 2 méthode d organisation : elle s appuie sur le langage. La phrase est un bon moyen d organisation en unissant plusieurs mots. EX : garçon avion = un garçon monte dans l avion 3 méthode d organisation : en images Ex : oiseau cigare = voir un oiseau fumant un cigare comme dans une BD. - Procédés mnémotechniques Sont efficaces si sont des plans de récupération, ces derniers étant une organisation d indices de récupération qui permet de relier entre eux de nombreux indices. Ces plans doivent tenir compte de la capacité de stockage de la MCT. Si on a une grande série de noms les classer en catérgoires (fleurs, fruits arbres) et en super catégories ( plantes, animaux, minéraux, ustnsiles). Le plan le plus efficace est le plan hiérarchique qui correspond au classement de la mémoire sémantique (la plus puissante). cours, manuel présentés avec titres et sous-titres. Cependant, les indices ne permettent de récupérer que des informations déjà en mémoire. Si ces informations n existent pas les indices ne sont pas efficaces. Donc, il ne suffit pas d apprendre par cœur un plan, il faut apprendre le texte et ceci de façon multi-épisodique. Un moyen mnémotechnique est la phrase-clé. Ex : «me voici tout mouillé, je suis un nageur pressé» = mercure, vénus, terre, mars, jupiter, saturne, uranus, neptune, pluton. Cela marche si on a en mémoire le nom des planètes. BIBLIOGRAPHIE -LIEURY A. : «Mémoire et réussite scolaire». DUNOD. - LIEURY A. : «La mémoire de l élève». DUNOD. - Cours «Facteurs humains». IMASSA.