QUELLE EST LA PISTE DE TRAVAIL POUR PREPARER DES JEUNES POUR 2016?



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Transcription:

Table ronde : Quels profils pour les champions de 2012? QUELLE EST LA PISTE DE TRAVAIL POUR PREPARER DES JEUNES POUR 2016? Gérard QUINTYN Entraîneur de Cyclisme sur Piste Isabelle INCHAUSPE Dr en Psychologie spécialiste de la préparation mentale des sportifs. Tony ESTANGUET Double Champion Olympique Slalom Jean-Yves CHEUTIN Entraîneur Elite Slalom Philippe COLIN Athlète du Dispositif Elite Course en Ligne. Jean-Pascal CROCHET Entraîneur Elite Course en Ligne 31

Isabelle INCHAUSPE, préparatrice mentale à la performance a beaucoup travaillé avec Tony. Pour elle, le travail est plus à faire avec les entraîneurs qu avec les athlètes, en tout cas pour ce qui concerne l approche psychologique de la performance. Il est nécessaire de les habituer à donner du sens à ce que font les sportifs. L entraîneur est très focalisé sur l aspect technique et physique mais quand ils arrivent au blocage humain des athlètes, ils sont parfois perdus. Pour progresser, il faut travailler sur la formation de l entraîneur au niveau de la préparation mentale. Ajouter une vision plus large de l athlète pour aller plus vite vers la performance. C est le gros travail à faire en France. Quels moyens? Combien d entraîneurs laissent un créneau pour la discussion, l échange, la préparation mentale dans le planning d entraînement? Un entraîneur dans la salle intervient pour préciser qu il y a toujours un temps de discussion avec le sportif. Il ne prétend pas faire de la préparation mentale mais il essaie de faire ressentir des choses au sportif, de le comprendre. Isabelle répond qu il est évident que le couple entraîneur/sportif est en relation tous les jours mais il est important qu un moment soit spécialement programmé pour traiter de ces aspects pour passer un cap. C est comme si on disait qu on fait de la préparation physique en courant 1/4 d heure tous les matins!!!! L entraîneur doit aussi programmer le discours qu il peut avoir auprès de ses sportifs, comment s adapter à la personnalité de l athlète? Est-ce qu il la connaît? Sur quel point sensible il faut s appuyer pour le motiver? Est-ce qu il stresse ou est-il anxieux? Souvent on confond les termes. Qu est ce que vous mettez dernière le mot «motivation»? Comment aime-t-il se préparer avant la compétition? 32

Est-ce qu on doit lui demander ce qu il a envie d entendre? Est-ce que l entraîneur sait ce que le sportif cherche dans la compétition outre le fait d être champion olympique (par exemple)? Souvent il cherche autre chose que le titre Tous ces domaines sont un vrai travail à faire et c est un travail très minutieux. Les entraîneurs pensent que c est un travail permanent qui fait partie du cadre de l entraînement. Mais dans certains domaines, par exemple lorsque l on doit faire passer des messages à certains publics un peu sensibles, comme les filles, on essaie de se faire aider par des personnes extérieures. Norbert KRANTZ propose aussi de filmer ou de se faire filmer par quelqu un en situation d intervention directe et recueillir ses propres propos, regarder ses propres comportements, comment on s adresse au groupe, les mots utilisés. L entraîneur doit aussi se confronter à lui-même, voir comment il fonctionne, les entraîneurs doivent aussi chercher pourquoi ils font ce métier. Qu est ce qu on met comme sens dans nos actions? Quel est le symbole du sport? Qu est ce que l on aime dans nos interventions, dans notre implication au quotidien surtout lorsque l on sacrifie beaucoup de temps au péril parfois de la vie personnelle, familiale? Philippe COLIN Il faut suivre l exemple hongrois, faire du volume, de l entraînement. 33

Jean Yves CHEUTIN «Ne pas anticiper, c est une machine à créer de la déception» Il faut avoir une approche stratégique de sa préparation, on est trop souvent confronté à des situations qui n ont pas été anticipées on ne parle pas ici de planification ou de programmation de l entraînement mais en fait de trouver des pistes de travail qui feront la différence pour s adapter de façon rapide et performante tout de suite car on sait qu une planification, on ne va pas forcément la suivre à la lettre. Le thème majeur c est une approche stratégique et une stratégie de victoire. Gérard QUINTYN Trouver les champions olympiques pour 2016 est une problématique pour toutes les fédérations, on cherche les recettes pour dénicher les talents. Une fois la détection des jeunes mise en place, il y a toujours un genre de moule à respecter : être à l heure, se coucher tôt, entretenir le matériel, etc Les jeunes doivent essayer de copier la rigueur de travail qu ils ont vue pratiquer par les grands champions, le jeune doit être capable d avoir une certaine rigueur et après c est la quantité de travail qui fera la différence. On couve un peu trop les jeunes à 14/15 ans et après quand ils entrent sur les pôles, on leur en demande beaucoup. La transition est parfois très dure. Il faut être plus exigeant avec les jeunes (avant de rentrer dans les sections sportives). Reprendre l exemple de la Hongrie où les charges de travail augmentent progressivement en fonction de l âge. Il ne faut pas avoir peur de «tirer» un peu sur les jeunes de 14/15 ans 34

Jean Pascal CROCHET Le plus important, c est la confiance : celle qu ont les sportifs en leur capacité à être performants, à gagner. La confiance ne se décrète pas, elle se base sur tout ce qu on vient d évoquer : une rigueur à l entraînement, une qualité et une quantité de travail importantes. Quand le sportif se rendra compte qu il a, avec l équipe, accumulé une somme importante de travail de qualité, il pourra être confiant le jour de la compétition. S ils font leur maximum au quotidien, ils seront davantage capables de se dire qu ils peuvent aller chercher une médaille. Tony ESTANGUET Il préfère parler de son expérience car pour lui le champion olympique de 2012 ou 2016 est déjà dans un bateau Aujourd hui, Tony cherche à mettre à plat tout ce qu il a fait la saison précédente, se remettre en question et voir ce qui peut être amélioré. Les sportifs doivent être autonomes, s entourer un maximum de compétences : travailler avec plusieurs entraîneurs, un préparateur mental, des intervenants médicaux, etc le sportif devient gestionnaire de toutes ces infos et doit pouvoir synthétiser tout cela. Il faut privilégier la qualité et donner du sens à ce qu on fait. Il faut lister sous forme de bilan les qualités et défauts du sportif, il y a des paramètres physiologiques qui demandent énormément d investissement pour progresser, on parle par exemple, de préparation physique avec la musculation, d endurance. C est important mais il progresse peu dans ces paramètres et a priori, pour lui, ce n est pas la clef du succès. La musculation, l endurance sont indispensables à sa préparation pour supporter les charges d entraînement mais ce n est pas en augmentant de 5 kg son maximum dans un mouvement d ici 2008 qu il va être plus fort en bateau. 35

Tony rappelle bien que c est sa conception et que ce n est certainement pas la même que celle de Benoît PESCHIER ou d un autre sportif potentiellement champion olympique en 2008 C est pour cela qu il est important aussi d être autonome et de savoir prendre de la distance afin de déterminer ce qui est essentiel pour son développement personnel. La préparation extra sportive va certainement prendre de plus en plus d importance car il a d autres contraintes, de plus en plus de sollicitations, de choses à gérer le double projet pour préparer l avenir Cette organisation doit utiliser le moins d énergie et de temps possible et ce n est pas évident. Réaction de Jean Yves CHEUTIN : on parle d exigence du haut niveau en 2012/2016 mais on ne connaît pas quelles seront les épreuves olympiques à cette époque. Le slalom et la course en ligne vont évoluer. Avec la parité on va entraîner normalement beaucoup de filles, on a très peu de cadres féminins Cela va changer le travail des entraîneurs, alors avant de parler des exigences de 2012/2016, il faudrait déjà connaître les paramètres du sport de demain. à quoi va-t-on préparer les sportifs? Il faut informer les sportifs sur ces évolutions. Norbert KRANTZ rappelle que dans le cadre des formations du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative, les entraîneurs nationaux ont souhaité être accompagnés sur le thème de l «entraînement au féminin». 36

Questions/réponses Vincent REDON, entraîneur du Pôle France/Pôle Espoir de Toulouse, pose une question à Sylvain CURINIER : est-il possible de faire un catalogue non exhaustif des qualités et capacités que doivent avoir les sportifs qu on prépare pour 2012/2016 (ceux qui entrent en pôle actuellement)? Sylvain préfère parler de standard de progression : la capacité qu a un sportif de progresser très rapidement sur certaines capacités physiques : rapport poids/puissance, endurance de rapport poids/puissance à des vitesses gestuelles variées, avoir la capacité technique d utiliser plusieurs formes de technique en fonction des situations et des tracés, surtout avoir la capacité à utiliser du matériel différent en cours de saison en fonction des tracés, des types de bassins. Il s agit d être adaptable et le plus performant possible en fonction des difficultés rencontrées. Complément de Norbert KRANTZ : la détection des jeunes posent problème et beaucoup de questionnements. Il y a eu 3 périodes : la détection en fonction des capacités biologiques des individus, surtout dans les années 60, le jeune très mature physiquement à 14/15 ans est souvent sélectionné, fait les meilleurs résultats et après il fait ce qu il peut dans une 2 ème période, on se rend compte que l aspect psychologique est important, la capacité d engagement de l individu avec l idée que le talent c est la motivation. On met en place des questionnaires, des entretiens avec des psychologues qui vont juger de la motivation du sportif, de ce que pourra investir le sujet. «si je veux vraiment, je peux!» Enfin, au cours de ces dernières années, mais on a du mal à le mettre en place, apparaît une nouvelle tendance, la recherche basée sur la capacité à apprendre des athlètes, cela s appelle la vitesse d apprentissage. 37

Exemple d une des dernières recherches en la matière : un recrutement dans le domaine du hand, l entraîneur propose 75% de situations standards, connues sur le plan technique et d un seul coup il propose aux sujets candidats à la détection des situations complètement abracadabrantes, extrêmement difficiles qui ont peu de chance d avoir été apprises et il observe le comportement du sujet. Soit le sujet a été capable de s adapter, de faire preuve de créativité, soit il comprend pas et donc on lui pose des questions sur les raisons pour lesquelles il n y est pas parvenu : le sujet éliminé est celui qui n a pas su s adapter, trouver une réponse à la difficulté mais en même temps n a pas compris c est-à-dire qu il ne fait même pas d hypothèse sur ce qu il faudrait qu il fasse pour transformer son comportement. Question à Tony : puisqu il ne peut pas nous dévoiler ce qui va le faire gagner en 2008, qu est-ce qui l a fait gagner au Championnat du Monde en 2006? Il a fait moins de travail physique que les autres années, il a fait une grosse remise en question après 2005 pour préparer Prague, il s est entouré de nouvelles personnes pour essayer de développer d une autre manière ce qu il faisait. Très concrètement, il a travaillé la souplesse avec un spécialiste en dehors des phases d entraînement avec l équipe. Il voulait vraiment être champion du monde d une autre manière que celle avec laquelle il avait été champion olympique. Et c est aussi ce qu il essaie de faire pour 2008, son fonctionnement s appuie sur le besoin de toujours partir de quelque chose de nouveau, de remettre les compteurs à zéro. Tony fonctionne principalement au sensitif, il adapte son entraînement à ce qu il ressent et le fait évoluer tout au long de la saison en fonction de ce dont il a besoin. Tony ne travaille pas sur la comptabilisation de ses séances d entraînement mais plus sur le travail technique avec la vidéo. 38

Il a ainsi détecté les paramètres où il était urgent de progresser, au niveau de la rotation notamment en travaillant la souplesse et il a adapté sa préparation à cette nouvelle priorité. Pour Philippe GRAILLE, ce qui est exceptionnel chez les grands champions, comme Richard FOX, Tony ESTANGUET, c est qu ils ne s appliquent pas à utiliser des «recettes», ils ont surtout une capacité extraordinaire à se poser les bonnes questions pour évoluer jusqu au plus haut niveau, savoir exactement ce qui est bon pour eux, le prioriser, trouver des solutions, prendre leur destin en main. Richard HERNANZ : quand tu étais jeune, n avais-tu pas besoin d être plus encadré? De plus structurer ton entraînement ou qu on te structure ton entraînement pour que maintenant tu saches travailler en autonomie? Non, il a toujours construit son entraînement pratiquement tout seul, il s est toujours inspiré de ses aînés comme Sylvain CURINIER. Il a baigné dans la culture kayak, vu et revu les vidéos de Richard FOX et des autres grands champions avec ses frères plus âgés. Il s est pris en charge très jeune mais il a fait ses plus gros progrès en incorporant une structure d entraînement (Pôle France de Toulouse) en 1997. Il a su aussi en 2002 sortir du cadre, s isoler pour travailler plutôt hors structure. Les jeunes sportifs qui prépareront pour 2016 ont aujourd hui 10/11 ans. A cet âge, la notion de plaisir est très importante, les hongrois l ont rappelé. pour que le sportif s approprie son sport et s autonomise et surtout perdure dans sa discipline. 39

Norbert KRANTZ reprend le fil conducteur de la discussion : qu estce qui est «standardisable», normalisable? Les standards, est ce que ça existe? Difficile de répondre de façon positive, on a vu qu il y avait des méthodologies de préparation très différentes avec 2 voies d accès au haut niveau qui passaient apparemment par des conceptions radicalement opposées : la préparation exposée par Miklos et celle vécue par Tony. Sans parler de standard, ce qu on peut dire c est qu il y a différentes voies d accès au haut niveau en fonction des personnalités, des cultures sportives dans lesquels les sportifs évoluent. D autres fédérations ont fait le même constat, on doit alors réfléchir sur les fondamentaux dans une activité. Michel PRADET définissait les fondamentaux comme étant intangibles, un savoir de base qu on ne peut pas occulter. 40