Quelle pédagogie pour sensibiliser aux sciences de la Terre appliquées et valoriser le patrimoine minier

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1 Numéro septembre ISSN Trimestriel REVUE OFFICIELLE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Géosciences appliquées Quelle pédagogie pour sensibiliser aux sciences de la Terre appliquées et valoriser le patrimoine minier

2 Source naturelle d huile lourde en Irak (source : Qusay Abeed et al., GEOFLUID-VII, 2012). Mine à ciel ouvert de Bingham (Utah, États-Unis). Le gisement est un porphyre à cuivre, molybdène et or exploité à ciel ouvert depuis 1905 (cliché E. Marcoux, 1995). L espace consacré à la Minéralogie au Musée des Confluences de Lyon ( Droits réservés). Exposition permanente «Plongée dans le temps». Vitrine consacrée au Miocène (cliché C. Triat). Vue du petit train minier utilisé pour le transport de visiteurs (cliché VPLV). Balade «Jeu du prospecteur» : dans les haldes de l ancienne carrière, récolte de cristaux d améthyste (cliché Pierre Lavina).

3 Éditorial Gérard Sustrac, Rédacteur en chef de «Géologues» Géologues directeur de publication : Jean-Jacques JARRIGE rédacteurs en chef : Gérard SUSTRAC Marc BLAIZOT comité de rédaction : section géologie de l ingénieur Marc BRISEBARRE Denis FABRE Emmanuel MANIER section eau Jean-Pierre FAILLAT Lahcen ZHOURI section géophysique Pierre ANDRIEUX Antoine BOUVIER section substancesminérales Michel BORNUAT Michel JÉBRAK Alain LIGER Christian POLAK Véronique TOURNIS section énergie Christian BOISSAVY Alain MASCLE Daniel NORMAND Valérie VÉDRENNE section enseignement et recherche Christian BECK Jean-Marc MONTEL mise en page et couverture : COM IN ORLEANS Géologues est la revue officielle de la Société Géologique de France. Géosciences Appliquées. Association loi de 1901, fondée en 1830 et reconnue d utilité publique par Ordonnance du Roi du 3 avril siège social : 77, rue Claude Bernard PARIS Téléphone : Télécopie : E mail : accueil@geosoc.fr Site Internet : Imprimé en France par CHEVILLON IMPRIMEUR SENS Commission paritaire CPPAP n 0115G82626 Tirage : 650 exemplaires Dépôt légal à parution Quel que soit le domaine sur lequel on s interroge ou le projet concerné,l appropriation sociétale est une clef essentielle du processus à engager.au-delà des partis pris ou des attitudes d opposition que certains peuvent considérer comme suffisantes en elles-mêmes,ou des réflexes s appuyant sur l évènementiel,il est clair qu une pédagogie de base manque dans de très nombreux domaines. Dans le n 186, nous avons tenté de donner quelques exemples de ce qui pouvait être fait, en choisissant 3 secteurs : les sciences de la Terre appliquées, les collections muséales et le géotourisme et enfin le patrimoine minier. Sur le thème de la pédagogie de base,évoquons d abord le public visé,qui correspond en fait à tous les publics. Ce qui manque,le plus souvent dans une concertation ouverte,ce sont des connaissances de base qui permettent à chacun, quelle que soit sa formation et le niveau de celle-ci, de disposer d un minimum de repères lui permettant de participer à un débat en s appuyant sur la même base de connaissances que son voisin. C est ce qui nous a conduit à nous poser ce type de question pour l eau, les ressources minérales, les granulats, l exploration minière, les hydrocarbures et le métier de pétrolier, ou encore la géotechnique. Ce choix de thématiques n a aucune prétention à l exhaustivité,mais il traduit le souci de répondre au mieux à deux interrogations :de quelles connaissances de base avons nous besoin pour participer de la façon la plus équilibrée possible à une concertation et plus largement à un débat quel qu il soit, et comment formuler ces connaissances pour que le maximum de personnes puissent les comprendre et donc se les approprier. C est à cet objectif délicat que cette première partie tente, au moins partiellement, de répondre. Les collections des musées d histoire naturelle sont,par définition, un outil qui s adresse à tous,jeunes et moins jeunes, pour prendre conscience des questions que soulèvent les sciences de la Vie et de la Terre. Pourquoi donc ne pas considérer qu il est plus important d organiser la présentation des collections selon des questions sociétales que l on peut se poser et pas le classement classique par familles, périodes de temps, systèmes cristallins ou autres. D où aussi l intérêt de disposer de la souplesse nécessaire pour jouer entre le permanent et le temporaire, ce dernier pouvant être utilisé comme une voie pour tester la pertinence d un questionnement et de la façon dont il a été choisi de l aborder. Pour citer quelques exemples de questions :Comment travaillent les chercheurs dans le domaine de l évolution et sur quels critères s appuient-ils? Comment expliquer la biodiversité : une approximation sur le nombre d espèces connues ou inconnues un bilan des interactions dans le vivant et des résultats en termes de biodiversité l impact des changements climatiques sur la biodiversité, etc? Et pour évoquer les minéraux : pourquoi s obstiner à montrer de belles formes et de belles couleurs, sans expliquer qu il s agit d exceptions, qui se développent dans des environnements spécifiques (géodes, filons...) et qu ils ne correspondent pas aux minerais couramment exploités? Comment aborder la notion de filière industrielle,du minerai exploité au produit fini, que l on touche constamment du doigt à longueur de journée sans savoir à partir de quelles matières premières précises il est fabriqué? Et les exemples ne manquent pas. L intégration du géotourisme dans ce chapitre peut être considérée comme une transposition, dans un contexte spécifique du milieu réel, des questions que l on peut se poser dans un musée. La notion de patrimoine minier est éminemment culturelle. Elle touche à la mémoire (très ancienne, passée, récente), dont il s agit de transmettre l évolution technique, mais aussi l intégration économique et le vécu sociétal. Par voie de conséquence,les objets du patrimoine minier sont très divers, mais la stratégie à mener vise à rendre accessible l histoire tout en protégeant et en mettant en valeur ce qu il en reste, mais également à se servir de ces restes pour faciliter la réflexion sur l évolution du contexte régional,les notions de changement et de progrès, tant dans le domaine technique que sur le plan humain, en un mot, de se servir de ce patrimoine comme outil de réflexion et d enseignement sur l évolution de la société. D où une série d exemples présentés qui, chacun dans leur genre, s efforcent d aborder ces différents aspects. Si la réception faite au souci pédagogique présenté dans ce numéro a atteint son but de sensibiliser une diversité de publics, alors nous entrerons en contact avec un ou plusieurs éditeurs afin de voir si la réalisation d un ouvrage de sensibilisation aux questions liées aux sciences de la Terre dans leur diversité vaut la peine d être tentée. Nous pensons notamment à la collection d ouvrages publiée par les Éditions du Seuil «Tel sujet expliqué aux jeunes, à mes petits enfants, etc.», dans laquelle pourrait s insérer un tel sujet. Pour l immédiat, bonne lecture à tous et merci à l avance pour vos réactions. Photo de première de couverture : Chevalement de Decazeville (cliché Gérard Sustrac). 1

4 annonceurs BRGM... 3ème de couveture TOTAL... 4 ème de couveture UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES... P. 39 ACG Sol acgsol@free.fr Site en construction BRGM Organismes bienfaiteurs ENGIE GEOPLUSENVIRONNEMENT LUNDIN SOFRECO TOTAL Insertions publicitaires, année 2015 Fourniture d un fichier PDF en haute définition 4 ème de couverture couleur HT 2 ème et 3 ème de couverture couleur HT Page interne couleur (18 x 24 cm) HT Demi-page noir et blanc (18 x 12 ou 24 x 8 cm) HT Quart de page noir et blanc (12 x 8 ou 18 x 6 cm) HT abonnez-vous à Géologues Nom : Prénom : N de tél. : Souhaite m abonner pour 1 an (4 numéros) à la revue Géologues au tarif qui correspond à ma situation : Tarifs d abonnement 2015 Tarif public Tarif adhérent SGF France Version Papier Étranger Version électronique (entourer le tarif correspondant à la version choisie ainsi qu à votre situation) * Merci d indiquer le nom de l association partenaire de la SGF : Je règle la somme de à réception de facture, établie suite à un bon de commande Nom : N : Date de validité : / / N de sécurité : (3 chiffres au dos de la carte) Signature : Tarif adhérent d une association partenaire* par chèque, à l ordre de la SGF par Carte bancaire : Visa Eurocard-Mastercard 2 Expédition de la revue à l adresse suivante : Adresse : Code postal : Ville : Pays : À renvoyer à Société Géologique de France, 77 rue Claude Bernard Paris secretariat@geosoc.fr

5 4 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 69 patrimoine minier Face à un public varié, quels concepts aborder dans une approche pédagogique de base sur l eau... 4 La Rédaction avec l aide de Pierre Marchet et de Jean-Pierre Faillat Notions pédagogiques de base sur les ressources minérales... 9 Éric Marcoux et Jean-Michel Négroni Une approche pédagogique de base pour sensibiliser aux granulats La Rédaction avec l aide de Nicolas Seignez et de Marion Guibert La concertation sur l exploration minière, repères pédagogiques vécus Patrick Lebret, Anne-Sophie Audion et Jérôme Gouin Expliquer les hydrocarbures au grand public Valérie Vedrenne et Alain Mascle Nouvelle approche pédagogique appliquée à la géologie dans l industrie pétrolière Dominique Dekeyser ; Co-auteurs : Louai Machhour, Patrick Unternehr et Aurélien Virgone Aménager et construire : quels repères de géotechnique à transmettre à un large public? Marc Brisebarre, Denis Fabre et Joëlle Riss 40 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Une collection de minéraux universitaire, de la Sorbonne à l UPMC. Quelle pédagogie pour sensibiliser le public? Jean-Claude Boulliard Retour d expérience sur les sciences de la Terre dans les muséums Philippe Guillet Un succès de géotourisme : la «Jurassic Coast» en Angleterre Alain Mascle Quelle pédagogie pour la géologie au Musée d histoire naturelle d Avignon? Evelyne Crégut-Bonnoure Les minéraux, beaux et utiles, du Musée de minéralogie de MINES ParisTech - Un projet au service de la Société Didier Nectoux Une sensibilisation au patrimoine géologique : l aménagement géo-touristique de la Côte basque (Espagne et France) Jean Choignard Une collection unique du patrimoine minéralogique français : la démarche de Gilles Emringer La Rédaction Une vision internationale sur la protection, la mise en valeur et la sensibilisation au patrimoine minier : l exemple de «Green Mines Atlanterra» (GMA) La Rédaction et Philippe Cayla Le parc-musée des mines de fer de Bretagne : découvrir le patrimoine scientifique, technologique et social de l industrie minière de l Ouest Pierre Le Feuvre L Association «la 3 M. Montbelleux» : sauvegarder la Mémoire de la Mine de Montbelleux (35) Jean Hérisset Le site de Marcognac, témoin de l histoire de l extraction du kaolin et de la fabrication de porcelaine en Limousin Nicole et Claude Delage Le Musée des Gueules Rouges (Tourves, Var) : un territoire, un minerai, des hommes Claude Monier Retour d expérience sur l extraction charbonnière en France : exemple du Sillon houiller du Massif central La Rédaction avec l aide de Pierre Debriette et de Géodéris Un couple musée - terrain à la base de la pédagogie proposée à La maison de l Améthyste Pierre Lavina Adapter une pédagogie de visite pour une mine d argent antique, ré-exploitée au début du XX e siècle Sébastien Bénistant Urêka : un pôle de sensibilisation à l histoire de l exploration et de l exploitation de l uranium en France Anthony Papalia Au Chalard, «La Maison de l Or en Limousin» entretient la mémoire et sensibilise le public Patricia Chousseau, Patrice Bruneton et Michel Rouzier 3

6 s évapore rapidement ou est reprise par la végétation, c est ce qu on appelle l évapotranspiration. Le reste de l eau constitue la pluie, dite «efficace», se répartissant entre le ruissellement de surface, qui aboutit aux cours d eau puis in fine à la mer, et l infiltration en profondeur qui alimente les nappes d eau souterraine. Il faut insister sur la complémentarité entre eaux superficielles et eaux souterraines, caractérisées par de nombreux échanges quantitatifs et qualitatifs entre elles, plus ou moins prononcés selon les lieux et les saisons, dans le sens eaux de surface - eaux souterraines ou inversement. En moyennes eaux et en étiage, l essentiel du débit des rivières provient des apports en eaux souterraines. La figure 1 résume le cycle de l eau en schématisant ces différentes étapes. Dans le sud-ouest de la France, par exemple, l évapotranspiration représente en moyenne 60% du volume des précipitations, le ruissellement 15% et l infiltration 25% (voir figure 1). Ces chiffres varient néanmoins selon les années, en fonction des températures et des pluies. À l échelle de la planète, ils diffèrent d une zone géographique à l autre en lien avec les caractéristiques climapédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Face à un public varié, quels concepts aborder dans une approche pédagogique de base sur l eau La Rédaction avec l aide de Pierre Marchet 1 et de Jean-Pierre Faillat 2. 4 Généralités L eau est une ressource vitale pour l être humain,mais aussi pour les plantes et les animaux, avec des modalités différentes selon les espèces et le milieu. En ce qui concerne l espèce humaine, notre corps est composé d eau à près de 60%. Par ailleurs, quand on parle d eau potable, c est à l être humain qu elle est principalement destinée et,sauf situation particulière,c est aussi cette eau qui alimente les besoins de lavage ou de cuisson destinés à la consommation humaine.d où la très grande importance de la qualité de l eau,à la fois pour qu elle puisse être consommée et pour éviter la transmission des maladies par les microbes, virus et autres, ce qui implique en général un traitement de l eau plus ou moins sophistiqué dans des installations spécialisées. Globalement, l eau est à la fois une substance minérale, un fluide sur le sol, dans le sous-sol ou dans l atmosphère, mais c est aussi un milieu naturel et une ressource économique. Comme substance minérale, selon la température, elle se transforme en vapeur avec la chaleur ou au contraire en glace avec le froid. Ces 3 états se rencontrent sur Terre, selon la zone climatique ou dans l atmosphère. Comme milieu naturel, elle se caractérise par l environnement biologique qui se développe dans et autour d elle. Enfin, comme ressource économique, elle constitue un élément indispensable, non seulement pour la consommation humaine, mais aussi pour les usages agricoles (irrigation,alimentation du bétail...) et industriels (refroidissement, lavage, force motrice, ou partie intégrante du produit comme dans la pâte à papier, l agroalimentaire ). Dans la suite de cette présentation, nous aborderons successivement le cycle de l eau, les caractéristiques de l eau souterraine, la qualité de l eau et enfin sa gestion et les acteurs impliqués. Cycle de l eau Le cycle de l eau démarre, en étape 1, avec les eaux de surface (cours d eau, plans d eau, océans). Cette eau s évapore et se retrouve dans l atmosphère dans laquelle elle circule sous forme de vapeur d eau. L étape 2 concerne les précipitations qui résultent de la condensation de l eau dans l atmosphère, puis sa chute au sol sous forme de pluie, grêle ou neige. Une très large partie de l eau des précipitations Figure 1. Le cycle de l eau, bilan général annuel (source : J.-J. Collin, Les eaux souterraines. Connaissance et gestion. brgméditions,hermann,p. 27). Chiffres en milliards de m 3 : précipitations (440), évapotranspiration (270), ruissellement de surface (70), écoulement souterrain (100). 1. Agence de l eau Adour-Garonne. 2. Professeur émérite d hydrogéologie.

7 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées tiques locales. On retiendra toutefois la dominance de l évapotranspiration, même sous climat tempéré, et la relative faiblesse de l infiltration en profondeur, qui s opère essentiellement en hiver, période d évapotranspiration moindre. Les caractéristiques de la pluie jouent aussi un rôle, puisqu une pluie fine sur une longue durée facilitera l alimentation des nappes souterraines, tandis que des épisodes de pluie intense favoriseront le ruissellement et la formation des crues dans les cours d eau, hormis sur les massifs karstiques, souvent capables d absorber en profondeur des pluies d intensité élevée. Caractéristiques de l eau souterraine Pour beaucoup de gens, l eau souterraine correspondrait à de grandes cavités dans le sous-sol, occupées par des lacs ou des rivières. Cela est vrai dans les réseaux karstiques, qui se développent uniquement dans des couches calcaires où la circulation de l eau élargit, par dissolution, les discontinuités existantes de la roche (fissures, fractures ou limites entres couches). Mais ce n est pas le cas général et, dans le sous-sol, l eau se trouve et circule dans des volumes beaucoup plus restreints que sont les pores d interstices entre les grains des roches dites détritiques, non consolidées comme les sables ou cimentées comme les grès, ou dans des pores de fissures dans divers types de roches dures non calcaires. Les différents types d aquifères sont présentés figure 2. L eau réside donc dans les pores d interstices ou de fissures des roches et c est dans ces espaces qu elle s écoule si ceux-ci communiquent entre eux. On parle de porosité pour qualifier le pourcentage des vides,et donc d eau qui peut être stockée dans un volume unitaire de roche, de porosité efficace pour qualifier la part de l eau qui est mobilisable par drainage naturel ou captage et de perméabilité (en mètres par seconde) pour estimer la capacité d une roche à se laisser traverser par un écoulement. D amont en aval, Figure 2. Différents types d aquifères en roches sédimentaires ou d origine profonde (type granite ou basalte) (source : Vive la Terre, tome II, Agir sur l eau et les déchets, Atlantica, figure 1, page 15). l écoulement de l eau dans les roches se fait vers les points bas, depuis les charges hydrauliques élevées vers les plus faibles, maintenant ainsi en pente la surface des nappes. C est ce que l on appelle le gradient hydraulique. Comme indiqué plus haut, une partie de l eau issue des précipitations s infiltre dans le sous-sol et occupe progressivement les espaces accessibles (interstices, fissures, fractures), ce qui conduit à distinguer une première zone où ces espaces ne sont pas complètement remplis, la zone non saturée en eau (ZNS), dans laquelle l eau circule vers le bas sous l effet de la gravité, jusqu à rencontrer, à une profondeur variable (généralement quelques mètres à dizaines de mètres, mais qui peut parfois atteindre plusieurs centaines de mètres sous des plateaux ou en zone montagneuse), un horizon peu perméable qui la retient pour constituer progressivement une nappe, c est la zone saturée en eau (ZS). Au-dessus de la limite de cette zone, un mécanisme d effet limité attire l eau vers le haut, la capillarité, créant une zone particulière pas tout à fait saturée, la frange capillaire discontinue, utilisable par les racines si elle est assez près du sol. La limite entre les zones non saturée et saturée permet d établir une carte de la surface de la nappe, dite carte piézométrique, dont les pentes indiquent les directions d écoulement. Ce modèle correspond au type de nappe dite libre, car elle est libre de fluctuer vers le haut ou le bas en fonction de son alimentation, puisqu elle est ouverte directement sur la zone non saturée et qu elle possède à son point bas une zone d émergence à la surface du sol. On appelle aquifère la roche poreuse et perméable qui comprend généralement l ensemble de ces 2 parties : ZNS et ZS. La vitesse de circulation de l eau y est de l ordre du mètre par jour, voire plusieurs milliers de mètres dans les terrains les plus grossiers et chenalisés, et son débouché normal à l aval est un cours d eau, un lac, voire directement la mer. À l inverse, la nappe dite nappe captive se retrouve bloquée dans le sous-sol entre deux couches plus ou moins imperméables. Son alimentation est donc latérale entre ces deux couches, et parfois également à travers celles-ci par le processus qu on appelle la drainance (faible circulation d eau à travers une couche peu perméable, mais sur de grandes surfaces d échange).la circulation est très lente dans ces nappes (de l ordre du mètre par an) et souvent elles constituent un prolongement de nappes libres en profondeur. Leurs émergences sont limitées, et souvent très éloignées des zones de recharge. Il n y a pas ici de ZNS ; l eau remplit tous les vides et 5

8 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Figure 3. Coupes schématiques de nappe libre et de nappe captive (source : J.-J. Collin, L eau ressource vitale. In. Vive la Terre, tome II, Agir sur l eau et les déchets, Atlantica, figure 7, page 22, adaptée). c est la pression qui augmente quand elles se remplissent. La figure 3 regroupe deux schémas, respectivement de la nappe libre et de la nappe captive. Tout comme il existe des cartes géographiques et des cartes géologiques, on a cherché à dresser des cartes des eaux souterraines. En France, on a ainsi défini 3 des systèmes aquifères, sur la base de la nature des roches qui les composent et leur confèrent leurs propriétés visà-vis de l eau, et déterminé leurs limites là où ces propriétés changent notablement ou bien rencontrent un cours d eau, un lac Cette cartographie est diffusée sous forme numérique (BD LISA 4 ), utilisable dans les systèmes d information géographique (SIG), visualisable sur des sites Internet comme Géoportail ou Infoterre, ou encore publiée sous forme d atlas ou de cartes. Un mot enfin sur ce qu on appelle les masses d eau. Il s agit d une nomenclature européenne qui concerne les eaux de surface 5 et les eaux souterraines, qui peuvent être regroupées dans les 5 catégories de masses d eau suivantes : Cours d eau, Plan d eau, Eau de transition, Eau côtière, Eau souterraine, chacune se subdivisant en souscatégories, dont l arrêté du 2 février définit les méthodes et critères à utiliser pour les déterminer et les classer. Les masses d eau souterraine françaises s appuient sur BDLISA 7, et sont réparties en 6 classes principales, les 5 définies pour BDLISA, auxquelles s ajoute une 6 ème,un cas particulier en domaine sédimentaire 8. Captage, qualité et usages de l eau Le captage des sources est le procédé le plus ancien. Il se fait en général par galeries, drains ou ouvrages maçonnés, ou encore puits peu profonds coiffant la zone d émergence puisque, par définition, une source émerge à la surface du sol. Sauf cas particulier, on prélève ainsi seulement une partie de l eau qui sortait naturellement de l aquifère et forme un ruisseau ou une rivière. Mais la plupart des aquifères sont exploités par pompage, à partir de puits ou forages plus ou moins profonds. Les puits captent les nappes proches de la surface, notamment dans les aquifères alluvionnaires, souvent de relativement faible épaisseur (moins de 10 m,rarement plus). La technique traditionnelle,mais longue et coûteuse,des puits bâtis a été largement remplacée par les buses en ciment préfabriquées, sauf pour les puits de très gros diamètre. Les forages de petit diamètre sont aussi aujourd hui utilisés dans ces aquifères alluviaux. En France le volume pompé en aquifères alluviaux représente de l ordre de 60% du volume pompé pour l alimentation en eau potable (AEP) à partir des aquifères. Les forages dans les aquifères de domaine sédimentaire viennent ensuite, car ils peuvent concerner de gros aquifères couvrant des superficies importantes, et atteindre des profondeurs de plusieurs centaines de mètres. En outre, l empilement, dans ces bassins, de couches sédimentaires diverses, conduit souvent à la constitution d aquifères multicouches communiquant entre eux latéralement et verticalement. Les techniques, mises en œuvre à partir du milieu du XIX e siècle, se sont progressivement perfectionnées. En roches dures, c est une technique spécifique, apparue il y a quelques dizaines d années, la foration en rotation percussion à l air (marteau fond de trou), qui a démocratisé le forage. Son utilisation intensive sur le territoire métropolitain a débuté après la sécheresse de 1976 qui a conduit à solliciter des ressources diverses pour faire face à la pénurie, pour l eau potable, l abreuvage des animaux et la sécurisation des cultures irriguées. En forant une nappe captive, l eau peut parfois être jaillissante au-dessus du sol (artésianisme). Mais un pompage d eau par puits ou forage entraîne automatiquement une baisse du niveau de la nappe (libre ou captive 9 ) aux alentours sous forme d un cône de rabattement, de 6 3. Jean Margat, Circulaire DCE n du 29/4/05 relative à la typologie nationale des eaux de surface (cours d eau, plans d eau, eaux de transition et eaux côtières) en application de la directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000 du Parlement et du Conseil établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l eau. 6. Arrêté du 12 janvier 2010 (publié au JORF n 0027 du 2 février 2010) relatif aux méthodes et aux critères à mettre en œuvre pour délimiter et classer les masses d eau et dresser l état des lieux prévu à l article R du Code de l environnement. 7. Base de données des limites des systèmes aquifères. 8. Dominante sédimentaire non alluviale (DS), Alluvial (A), Édifice volcanique (EV), Socle (S), Système hydraulique propre aux zones intensément plissées de montagne (IP) + le cas particulier : Système imperméable, localement aquifère (IL). 9. En nappe captive, c est la charge hydraulique (pression) qui diminue au voisinage du forage, tant que le pompage n abaisse pas cette charge plus bas que la couche imperméable ou «toit» de la nappe (ce qu il faut absolument éviter).

9 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées profondeur et d extension variables selon l ampleur du débit pompé et les caractéristiques hydrauliques de l aquifère. Afin d évaluer les critères caractérisant le pompage de l eau, on effectue un ou des pompages d essai, dont l objectif est de mesurer l abaissement de la nappe au fil du temps et le retour à l équilibre une fois la pompe arrêtée. En tout état de cause, l essentiel est d exploiter l aquifère avec sagesse, en tenant compte des saisons et de la variabilité des besoins, et non pas de le surexploiter c est à dire d en tirer plus que sa réalimentation (recharge) ne le permet. Sur le plan qualitatif, il est relativement rare que les eaux ne nécessitent pas ou peu de traitement,même si c est le cas pour certaines sources. Pour l eau potable, on cherche à prélever une eau de la meilleure qualité possible en protégeant les alentours du captage (périmètres de protection règlementaires,actions dans l aire d alimentation).mais,que ce soit pour les eaux de surface ou les eaux souterraines, des traitements plus ou moins poussés dans une station de traitement d eau potable sont nécessaires. Il s agit de réduire ou d éliminer des éléments naturellement présents dans l eau brute selon son origine (matières en suspension, fer, manganèse, parfois sulfates, fluor, arsenic ), mais aussi de plus en plus souvent ceux résultant des activités humaines : bactéries et virus, nitrates et produits phytosanitaires, et ce qu on appelle désormais les polluants émergents 10, parmi lesquels on trouve des médicaments soumis ou non à des prescriptions médicales (antibiotiques, hormones) à usage humain ou vétérinaire, œstrogènes, etc. Il est vrai que ce traitement approfondi est limité à l alimentation en eau potable. L agriculture, sauf exception, utilise des eaux brutes, l industrie aussi, mais certains composants peuvent toutefois être éliminés, selon les besoins, par type d industrie. Quelques mots maintenant sur la consommation. L exploitation de l eau se fait en proportions variables dans les eaux de surface ou les aquifères libres ou captifs en fonction de la zone géographique, de l importance de la population, de la nature des activités économiques (agriculture, industrie...). À chaque endroit, les besoins d eau en quantité et qualité ne peuvent pas forcément être satisfaits par tous types de ressources (si elles sont présentes), à un coût supportable et sans dommages pour l environnement. Nous prendrons l exemple du bassin hydrographique Adour-Garonne pour donner un ordre de grandeur de la répartition des consommations selon les usages. Avec km 2, ce bassin représente le cinquième du territoire métropolitain et il rassemble environ 7 millions d habitants, dont la majorité se distribue le long de l axe Toulouse - Bordeaux. Le bassin reste toutefois fortement rural avec 57% de sa superficie en agriculture. Les prélèvements pour la consommation d eau, tous usages confondus, varient entre Mm 3 environ en année normale (référence 2010) et Mm 3 en année sèche (2003 par exemple) et l eau souterraine fournit de l ordre de 40% des prélèvements. La figure 4 montre la répartition des captages pour l eau potable dans le bassin Adour Garonne. Elle souligne très clairement les zones de dominance respective des captages d eaux superficielles ou d eaux souterraines. La distribution de ces prélèvements se fait selon la répartition suivante : 20% pour l industrie, soit 400 Mm 3 par an, principalement (87%) dans les eaux de surface, le solde dans les nappes libres (9%) et captives (4%) ; 30% pour l eau potable, soit 700 à 800 Mm 3 /an, pour 60% environ d origine souterraine,avec une répartition de l ordre de 2/3-1/3 entre nappes libres et nappes captives et une répartition hétérogène à l échelle du bassin ; 50% pour l irrigation, dont environ la moitié pour les eaux souterraines,majoritairement dans les nappes libres. L irrigation ne concerne toutefois que 20% des exploitations agricoles et 10% de ce qu on appelle la surface agricole utile (SAU). À noter que ces prélèvements se font presque exclusivement en période estivale,ce qui n est pas le cas pour les autres usages, et nécessite une régulation pour préserver les autres usages (dont en priorité l eau potable) et les fonctionnalités des milieux aquatiques. Quelques repères sur les acteurs de l eau La gestion de l eau en France implique un grand nombre d acteurs : pouvoirs publics, collectivités et élus Figure 4. Répartition des captages d alimentation en eau potable de débit moyen supérieur à 10 m 3 /j dans le bassin Adour-Garonne (source : Figure 67,page 101, L eau et les milieux aquatiques du bassin Adour-Garonne Synthèse de l état des lieux 2013) Cf. Géologues n 162 (septembre 2009) - Spécial engrais et pesticides.

10 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées locaux, acteurs économiques, associations Elle s exerce à des échelles géographiques différentes : Europe (directives, dont en particulier la Directive cadre sur l eau - DCE 11 ), territoire national (MEDDE 12 ), sept grands bassins versants, ou «bassins hydrographiques» (6 à l échelle de la France métropolitaine + la Corse 13 ), région (22 à l échelle métropolitaine jusqu à fin 2015, y compris la Collectivité territoriale de Corse ; 13 seulement ensuite), et département. Vient ensuite l échelle locale avec différents types d acteurs. À l échelle du bassin, le Préfet coordonnateur de bassin 14 coordonne la politique de l État dans le domaine de l eau. Il est assisté dans son rôle par le délégué de bassin, qui est aussi le directeur de la DREAL 15.Le Comité de bassin, qui rassemble les acteurs de l eau (représentants des collectivités territoriales, de l État et des usagers économiques et associatifs), définit les grandes orientations pour l eau dans le bassin. Enfin, l Agence de l eau, établissement public, a pour objet de contribuer à l atteinte du bon état des eaux, par la préservation des ressources, et à la satisfaction des besoins des usagers, par la recherche de l équilibre entre les ressources et les utilisations rationnelles de l eau. Pour atteindre ces objectifs, elle opère par des interventions financières (redevances et aides), la construction et le développement d outils de planification (SDAGE 16 et Programme d interventions ) et la production-gestion de données sur l eau pour la connaissance, la gestion et l évaluation offre-demande. Conformément à la DCE, la durée du SDAGE est de 6 ans et le nouveau SDAGE de chaque bassin entrera en vigueur au 1 er janvier 2016, remplaçant le précédent Au niveau régional,l acteur principal est constitué par les DREAL qui,au-delà de leurs missions générales,assurent le secrétariat du Comité technique de l eau qui regroupe notamment des représentants des administrations régionales de l État.À l échelle du département,sous la coordination générale du Préfet,la DDT 17 joue un rôle essentiel en matière de police des eaux et de gestion des ressources en eau, la délégation territoriale de l ARS 18 intervient notamment en matière de surveillance des eaux potables et de baignade, tandis que la MISEN 19 joue un rôle de coordination des actions des services de l État dans le domaine de l eau et que le CODERST 20,qui remplace l ancien CDH 21,est impliqué dans la prévention de la pollution des eaux et les autorisations d installations classées. Il faut aussi souligner que le département est la sphère d action des hydrogéologues agréés, experts nommés par le Ministre en charge de la santé,qui interviennent principalement dans les périmètres de protection (immédiate, rapprochée et éloignée) des captages destinés à l alimentation en eau potable (AEP). Il faut enfin souligner que la loi NOTRe 22 modifiera le partenariat Régions - Départements - Communes, notamment au profit des Intercommunalités. Enfin, à l échelle locale (commune, intercommunalité, syndicat de communes...), ce sont les acteurs directs de la gestion de l eau qui interviennent. Conformément à la loi NOTRe, les compétences communales en matière d eau et d assainissement, exercées actuellement sous forme de services publics ou de missions déléguées à des prestataires, devront être transférées aux communautés de communes ou d agglomération d ici au 1 er janvier À noter par ailleurs que, conformément à la loi du 27 janvier de modernisation de l action publique territoriale, l entretien et la restauration des cours d eau et des ouvrages de protection contre les crues sont désormais attribués aux communes et à leurs groupements. Toujours à l échelon local, le SAGE 24 (bassin versant, aquifère), quand il existe, fixe des objectifs généraux d utilisation, de mise en valeur, de protection quantitative et qualitative de la ressource en eau et doit être compatible avec le SDAGE. Le SAGE est élaboré par les acteurs locaux (élus, usagers, associations, représentants de l État...) réunis au sein d une Commission locale de l eau (CLE). Conclusions On peut dire que les premiers éléments à retenir concernent le cycle de l eau et la synergie eaux de surface et eaux souterraines. On a trop tendance à séparer les composantes du cycle de l eau au lieu de les intégrer dans une dynamique d ensemble où conjointement les eaux de surface et les eaux souterraines jouent leur rôle en n étant pas indépendantes les unes des autres. Un autre point majeur est la variété régionale des composantes du cycle de l eau, variété qui se répercute fatalement sur l utilisation de l eau en fonction des usages. Même si globalement c est l agriculture qui consomme le plus d eau, en gros la moitié de la demande, la consommation humaine (alimentation en eau potable) et l industrie se partageant le reste, la satisfaction de la demande est La directive cadre sur l eau (DCE) du 23 octobre 2000 (directive 2000/60) organise une politique communautaire globale dans le domaine de l eau. Elle a été transposée en droit français par la loi du 21 avril Ministère de l écologie, du développement durable et de l énergie. 13. Adour-Garonne ( km 2 ), Artois-Picardie ( km 2 ), Loire-Bretagne ( km 2 ), Rhin-Meuse ( km 2 ), Rhône-Méditerranée ( km 2 ), Corse (8 700 km 2 ), Seine-Normandie ( km 2 ). 14. Préfet de la région où le comité de bassin a son siège. 15. Direction régionale de l environnement, de l aménagement et du logement. 16. Schéma directeur d aménagement et de gestion des eaux. 17. Direction départementale des territoires. 18. Agence régionale de santé. 19. Mission interservices de l eau et de la nature. 20. Conseil départemental de l environnement et des risques sanitaires et technologiques. 21. Conseil départemental d hygiène. 22. Loi n du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République. 23. Loi n du 27 janvier 2014 de modernisation de l action publique territoriale et d affirmation des métropoles, qui crée la compétence obligatoire GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). 24. Schéma d aménagement et de gestion des eaux.

11 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées réalisée avec plus ou moins d eau de surface et d eau souterraine selon les régions. Selon l usage aussi, le traitement de l eau varie beaucoup, puisqu en agriculture on utilise en général des eaux brutes, alors que les eaux destinées à la consommation humaine subissent un traitement qui peut être très poussé en fonction des polluants contenus. En ce qui concerne les eaux souterraines, il faut aussi insister sur le type d aquifère qui les contient et qui dépend largement de l environnement géologique.entre les aquifères d alluvions et les aquifères de roches dures comme des granites fracturés, les bases d évaluation, d exploitation et de gestion sont très différentes.et cette diversité géologique constitue la base de la diversité régionale,dont découle une large variété de type et de volume de ressources. Notions pédagogiques de base sur les ressources minérales Éric Marcoux 1 et Jean-Michel Négroni 2. La complicité entre l Homme et le minéral date de plus de ans lorsque l homme du Paléolithique commença à tailler le silex et l obsidienne pour la chasse et le combat, en d autres termes pour survivre. Depuis lors, l histoire de l Humanité est jalonnée par les progrès réalisés dans la découverte et l utilisation des ressources minérales : âges de la pierre, du cuivre, du bronze, et du fer dans lequel nous évoluons toujours tant ce métal et ses dérivés, les aciers et les fontes notamment, restent au cœur de notre civilisation. Aujourd hui, à l exception du bois et d autres composés organiques, les roches, les minéraux et les combustibles fossiles sont les sources presque exclusives de l homme pour tous les matériaux bruts et transformés, qui alimentent l immense majorité de nos filières économiques (bâtiment, automobile, aéronautique, chimie, agro-alimentaire, céramiques, papeterie, pharmacie ), vecteurs essentiels du progrès des Civilisations. On compte aujourd hui environ minéraux, un nombre très faible comparé au règne vivant où l on dénombre aujourd hui plus de 1,5 millions d espèces, dont d insectes. Les minéraux sont en nombre sensiblement égal à celui des espèces de mammifères et trois fois moins nombreux que les espèces d oiseaux. Actuellement, environ 30 nouveaux minéraux sont découverts par an, mais il s agit presque toujours de rares cristaux de taille microscopique. Cependant, l abondance géologique de toutes ces espèces minérales est très variable : on estime qu avec 300 minéraux, on forme 99,9 % de l écorce terrestre, avec 30 minéraux 99 %, et avec 15 minéraux 90 % ; ces derniers sont majoritairement des silicates (quartz, feldspaths, micas, argiles, olivines, amphiboles ) et quelques carbonates (calcite, dolomite).les ressources minérales peuvent être divisées en quatre catégories principales de substances : les minerais, les minéraux industriels, les matériaux de construction, et les ressources énergétiques auxquelles s ajoute l eau douce, qui n est pas prise en compte dans cet article. Les gemmes, parfois classées dans une catégorie spécifique, sont le plus souvent considérées comme des minéraux industriels. Minerais : source des métaux Un minerai est un minéral ou une roche dont on peut extraire, avec profit, un ou plusieurs éléments. La définition du dictionnaire Larousse est proche («roche contenant des minéraux utiles en proportion notable»), et n a pas de connotation d exploitation. La galène est ainsi le minerai de plomb, la sphalérite ou blende, celui du zinc, la chalcopyrite celui du cuivre, la magnétite et l hématite ceux du fer, l or s exprimant essentiellement à l état natif. Le minerai d aluminium est une roche, la bauxite, qui correspond à un mélange de 3 minéraux d aluminium avec différents oxydes de fer. Après l extraction du minerai, l obtention d un produit commercialisable nécessite la mise en œuvre de procédés complexes qualifiés de traitements minéralurgiques. Ceux-ci débutent généralement par un concassage et un broyage plus ou moins poussés, et se poursuivent par des opérations physiques et/ou chimiques comme la flottation ou la cyanuration destinées à séparer le minéral économique des autres espèces non valorisables. Le produit commercialisable est habituellement un concentré dans lequel le ou les minéraux économiques sont fortement enrichis (souvent plus de 90 %) par rapport au minerai de départ. Le concentré est soumis à d autres traitements dits métallurgiques comme la fusion, qui fournissent le ou les éléments recherchés : un solide (cuivre, or, plomb, etc.), un liquide (mercure) ou un gaz (fluor, brome, etc.) Université d Orléans. 2. IMERYS.

12 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 10 Minéraux industriels Les minéraux industriels, ou substances utiles, sont des roches ou des minéraux aux propriétés physiques remarquables, à l origine de leur utilisation industrielle. Il peut s agir d une forte dureté qui leur vaut une place dans les industries de coupe et d abrasion (diamant, corindon ), d une densité élevée (élaboration de boues lourdes avec la barytine), d une texture et d une blancheur adaptées à un rôle de charges minérales (kaolinite, talc ou calcite en papeterie), d une résistance électrique ou thermique (micas, talc, andalousite ). Ces propriétés permettent aux minéraux industriels d alimenter de très nombreuses filières : papeteries, réfractaires, céramiques (carrelages, sanitaires, faïences, tuiles, briques ), verreries, chimie, pharmacie, automobiles, etc. (Harben, 2002). On exploite actuellement environ 80 minéraux industriels. À la différence des minerais, les minéraux industriels peuvent être employés bruts, ou après avoir subi des traitements minéralurgiques ayant pour but essentiel d améliorer leur degré de pureté et d obtenir les spécifications requises pour leur domaine d application (faible teneur en fer, haute teneur en alcalins pour des feldspaths destinés à l industrie céramique par exemple). Matériaux de construction Avant l avènement du béton,la nature des pierres de construction était le reflet de la géologie régionale : les cathédrales de Paris,de Bourges,de Chartres et d Orléans sont édifiées en calcaires du Bassin parisien, celle de Clermont- Ferrand est en roche volcanique (une trachy-andésite), celle de Strasbourg en grès vosgien, alors que les monuments bretons sont en granite. Ce reflet de la géologie régionale se retrouve aussi dans la couverture des bâtiments :les ardoises dans les massifs anciens,les lauzes (dalle de phonolite) dans certaines régions volcaniques, et les tuiles (argiles cuites) dans les bassins sédimentaires. Cette tradition architecturale se perpétue dans l entretien et la rénovation de l habitat ancien et dans certaines constructions modernes,essentiellement pour conserver un cachet régional. Matériaux de carrière indispensables, les granulats 3 sont «des fragments de roche d une taille variant de 0 à 125 mm», comprenant sables, graves, graviers et petits blocs, issus de l exploitation d alluvions ou du concassage de roches massives. Employés bruts, les granulats entrent dans la confection des structures routières et des ballasts de voies ferrées (les deux tiers de la consommation française), des bétons et des mortiers (le tiers de la consommation), ceux-ci employant respectivement 1,9 et 1,7 tonne de granulats par m 3. En France, la consommation annuelle (équilibrée avec la production) est stable aux environs de 400 Mt. La consommation mondiale est difficile à chiffrer, mais elle se situe vraisemblablement aux alentours de 18 Gt en 2007, dont 2,95 Gt pour les États-Unis (chiffre USGS) 4. Certains matériaux de carrière peuvent aussi être employés comme produits transformés, ou manufacturés. Les plus communs sont le ciment, obtenu par calcination vers C de calcaire (75 %) additionné d argiles (20 %) et de gypse (5 %), les tuiles et les briques issues d argiles durcies à la cuisson, et le plâtre obtenu par déshydratation partielle de gypse. Le verre résulte d une fusion à haute température de sable siliceux, en présence de fondants et de divers additifs. Le béton est une roche artificielle constituée de sables et de graviers emprisonnés dans un liant, le ciment. La prise du ciment n est rien d autre que la cristallisation par hydratation d une multitude de fins cristaux d un minéral, un hydrate de calcium qui lie entre eux les grains de sables et les graviers, assurant une cohésion et une rigidité d ensemble. Ressources minérales énergétiques Les ressources minérales énergétiques (ou substances énergétiques) sont utilisées comme source d énergie et comprennent le pétrole, le gaz naturel, les charbons et les minerais des métaux fissiles comme l uranium. Il convient d y ajouter les sables et schistes bitumineux. Une part prépondérante de l énergie électrique dans le monde provient de ces ressources minérales. Les charbons sont des roches sédimentaires combustibles fossiles d origine organique, issues de la transformation essentiellement de débris végétaux (et un peu d animaux) conservés dans les sédiments et lentement transformés par la pression et la température. On divise les charbons en catégories à teneur en carbone et pouvoir calorifique croissants : tourbe (55 % de C), légère et brune, surtout formée de mousses, lignite (70 à 75 % C), constitué de matière organique peu transformée, houille, (85 % C), ou charbon au sens strict, à matière organique très transformée, et enfin anthracite (92 à 95 % C) qui a subi une modification complète de la matière organique. Pétrole et gaz sont des hydrocarbures naturels issus de la lente transformation dans des bassins sédimentaires subsidents de matières organiques où domine largement le phytoplancton.tous deux résultent du même processus génétique et sont de ce fait fréquemment associés au sein des gisements d hydrocarbures. Les productions mondiales sont d environ 7 milliards de tonnes de charbon et 3,5 milliards de tonnes de pétrole. 3. Voir article spécifique dans ce numéro. 4. US Geological Survey.

13 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées La terminologie de base : exploration et ressources minérales Sites d extraction et codes miniers Pour le public en général, une mine est une exploitation souterraine et une carrière est une exploitation de surface. En France, la distinction est, en fait d ordre juridique et administratif, sans aucune liaison avec le mode d exploitation. Le terme de «mine» désigne un site d où sont extraits des substances désignées comme concessibles, dans le Code minier à savoir toutes les substances énergétiques (combustibles fossiles et uranium), les minerais métalliques et certains minéraux industriels (sel, potasse, fluorine, graphite, diamant, phosphates, etc.). Une mine à ciel ouvert (MCO), ou découverte, ne se distingue donc d une carrière que par la substance extraite (Photos 1 et 2). Le terme de «carrière» s applique à toute exploitation de matériaux non concessibles : matériaux de construction (granulats, calcaires, marbres, pierres de taille, ardoises, etc.), minéraux industriels non concessibles (argiles, kaolin, gypse, diatomite, talc, barytine, etc.), les matériaux à usage agricole (tourbes, amendements, etc.) (Photos 3 et 4). Les terrains renfermant des substances «carrières» appartiennent au propriétaire du sol. Leur mise en exploitation est soumise au régime des Installations Classées pour la Protection de l Environnement (ICPE) et leur autorisation d ouverture est délivrée par le Préfet. Le «système anglais», longtemps appliqué par l Angleterre et ses anciennes colonies, qui considère le propriétaire du sol comme étant aussi celui du sous-sol, tend à disparaître, sauf aux États-Unis. L organisation en permis de petite taille (claim) remonte à la ruée vers l or dans l Ouest américain. Concentration minérale, teneur, gîte, gisement, mine, carrière Les notions de «gîte minéral» et de «gisement» ont un sens à la fois scientifique et économique. Si la plupart des matériaux de carrière et certains minéraux industriels sont exploitables en masse dans des carrières, de nombreuses ressources minérales, notamment les minerais, existent sous forme disséminée dans l écorce terrestre. Pour être exploitables, ces minerais doivent être concentrés sous l action de divers phénomènes naturels, afin de former des concentrations minérales ou gisements techniquement et économiquement valorisables. Une concentration minérale se caractérise par une teneur élevée d un ou plusieurs éléments sous une forme minéralogique donnée (sulfures, oxydes, silicates, etc.). Il existe trois niveaux distincts pour qualifier les concentrations minérales : l indice, le gîte et le gisement. Un indice est un marqueur géochimique et/ou minéralogique localisé soulignant la présence d une concentration minérale Photo 1. Mine à ciel ouvert de Bingham (Utah, États-Unis). Le gisement est un porphyre à cuivre, molybdène et or exploité à ciel ouvert depuis 1905 (cliché E. Marcoux, 1995). Photo 2. Mine souterraine de Doyon (Abitibi, Québec). La mine exploite des filons de quartz aurifère jusqu à 1 km de profondeur (cliché M. Jébrak, 2008). 11

14 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 12 Photo 3. Carrière de kaolin de Rio Capim (Brésil). On exploite ici une strate de kaolin sédimentaire (cliché D. Lecuivre pour Imerys). Photo 4. Carrière d andalousite de Rhino - Afrique du Sud (cliché Imerys). ponctuelle. Un gîte est défini par un ensemble de données géologiques, structurales, minéralogiques caractérisant une concentration minérale significative, mais sans analyse économique. Un gîte devient un gisement lorsqu il est exploitable, c est-à-dire quand on peut en extraire le minerai dans des conditions techniques et économiques rentables. La notion de gisement comme celle de minerai et de réserve revêt donc un sens plus économique que géologique : l existence même d une grande quantité de minerai ne suffit pas pour définir un gisement, l analyse technique et économique préalable des conditions de son exploitation sont indispensables pour aboutir à son identification. À ce stade tous les facteurs contribuant à sa valorisation doivent être pris en compte (accès, infrastructures, matériel, qualification et coût de la main d œuvre, taxes ) pour vérifier la faisabilité, en d autres termes l obtention d un bénéfice in fine. Les ressources englobent la totalité de la concentration minérale identifiée dans ou à proximité d un gîte : elles peuvent être exprimées en millions de tonnes de minerai présent à des teneurs données. Les réserves désignent la partie techniquement et économiquement exploitable de ces ressources. Selon le cas, on parle ainsi de réserves possibles, probables et prouvées. Une part variable des ressources ne peut être, à un instant donné, considérée comme réserves pour des raisons de coût (accès trop éloigné, extraction trop complexe) ou de qualité (teneur trop faible, présence d un minéral indésirable), une situation qui peut évoluer dans le temps en liaison avec des facteurs économiques et/ou techniques. La teneur définit la proportion d un métal (plomb, or ) ou d un minéral industriel (kaolinite, diamant, talc ) contenue dans un minerai ou un gisement, mesurée par analyse chimique et/ou minéralogique sur un fragment représentatif du minerai. Le tout-venant désigne le matériau abattu en mine, contenant le minerai et les roches encaissantes. Par opposition au minerai, le stérile désigne la fraction des matériaux dépourvue ou avec des teneurs trop faibles de substance valorisable ; il sera extrait sélectivement et rejeté au cours du traitement. La gangue désigne les minéraux associés au minerai, souvent non valorisables, comme le quartz, les carbonates et dans certains cas la barytine, qui doivent être séparés et rejetés au cours de l extraction et du traitement. Exploration minière et gisements Avant la carrière ou la mine qui s impose à notre regard, le paysage était bien différent. D anciens travaux miniers, datant d une époque où le minerai affleurait, peuvent subsister, mais, la plupart du temps, aucun indice évident au profane (et même très souvent au professionnel) ne permettait de savoir qu une concentration minérale susceptible de devenir un gisement se trouvait sous ces champs, ces rochers ou cette forêt. C est l objectif de l exploration (ou prospection) minière de déceler les indices, de les évaluer, et de déterminer leur extension en profondeur un travail de longue haleine et rigoureux, pour lequel elle s appuie sur diverses spécialités des géosciences : gîtologie (ou connaissance des gîtes minéraux), géochimie et géophysique. La première étape de l exploration correspond à une recherche à grande échelle, dite exploration stratégique. Elle a pour but l identification de zones favorables à l existence d un gisement, sur la base de critères géologiques (des structures connues pour être favorables), miniers (d anciens travaux), géochimiques (des anomalies en éléments recherchés), ou autres. Les outils à grand rayon d action comme les images satellites, la géophysique aéroportée sont les plus utilisés. Les données recueillies sont fréquemment superposées en s appuyant

15 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées sur des outils modernes comme les Systèmes d informations géographiques (SIG). Après la phase d identification de cibles potentielles, on passe à la phase de reconnaissance plus détaillée de la minéralisation, ou exploration tactique, avec pour but de délimiter et de quantifier la cible repérée. Les outils et les méthodes mises en œuvre peuvent être les mêmes qu à la phase précédente, mais avec une densité beaucoup plus élevée par unité de surface prospectée. Les travaux débutent en général par le creusement de tranchées pour vérifier l enracinement de la minéralisation et contrôler sa qualité, puis se poursuivent, en cas de résultats positifs, par des sondages percutants qualifiés aussi de destructifs, car ils ne permettent de récupérer que des débris de roches (cuttings), qui peuvent atteindre une profondeur de 150 m environ, et des sondages carottés qui découpent un cylindre de roche de diamètre variable (la carotte), beaucoup plus représentatif des terrains traversés qui peuvent dépasser le kilomètre. Les carottes, soigneusement répertoriées et indexées, font l objet d un descriptif détaillé ou logging avant d être échantillonnées pour des analyses physicochimiques. Les résultats de toutes ces observations et analyses, traités à l aide de logiciels d infographie géologique et minière, serviront de base à l établissement d un modèle 3D de la concentration minérale qui permet de «voir» le gisement dans ses moindres détails et de calculer les tonnages de minerai et de stériles. L exploration minière est coûteuse, elle peut représenter de 2 à 5 % de la valeur totale du gisement à découvrir. La sélection est impitoyable : en moyenne un projet d exploration sur 100 indices découverts conduit à une étude de préfaisabilité, prélude à une possible ouverture de mine, et seulement 10 % de ces études de faisabilité conduiront à l ouverture d une exploitation. La dimension environnementale Le domaine minier peut, compte tenu de sa nature, être un facteur de nuisances et de pollutions, les exemples d impact désastreux pour l environnement jalonnent l histoire des mines et contribuent à façonner dans le grand public une image négative de cette industrie, malgré les efforts importants qu elle a consentis ces dernières décennies pour réduire voire supprimer ou compenser,ses impacts sur l environnement naturel et humain. Les risques environnementaux dépendent à la fois de facteurs géologiques tels que la taille du gisement, la nature du minerai, les traitements nécessaires pour récupérer la substance valorisable ) et d éléments environnementaux tels que la topographie du site, sa pluviométrie, sa sensibilité aux polluants ). Les déchets miniers sont variés et dépendent dans une large mesure de la substance extraite. Les mines métalliques sont souvent mal loties avec des déchets solides, boueux (la majorité, issues du traitement) et liquides, parfois gazeux. Les matériaux de carrière et la plupart des minéraux industriels ne produisent, en large majorité, que des déchets inertes, sans risque de pollution chimique et réutilisables pour un aménagement raisonné. Les quantités importantes de déchets miniers sont stockées dans des sites appropriés appelés digues (ou verses) à stériles (tailing dam en anglais). Les impacts potentiels sont de plusieurs ordres : paysager, géologique, hydrogéologique, chimique et géotechnique L impact paysager est essentiellement d ordre visuel avec des modifications plus ou moins réversibles du paysage suivant le type d exploitation (ciel ouvert ou souterrain) et la nature des substances extraites (mines, carrières, roches massives ou meubles). À ces nuisances peuvent s ajouter, si l on n y prend garde, des pollutions, comme l envol de poussières, qui peuvent dégrader le cadre de vie. L impact géologique est lié à la modification des profils naturels des terrains affectés par le projet et la mise à nu du substratum rocheux qui peuvent conduire, en l absence de mesures compensatoires, à une accentuation des processus d érosion, de transport, puis de sédimentation nuisible au cadre naturel ou aux constructions. L impact hydrogéologique le plus important est lié à la modification du ou des aquifères comme l abaissement de la surface piézométrique, suite au pompage nécessaire à la mise hors d eau des travaux miniers, avec pour conséquence l assèchement de certains puits. L impact chimique peut être à la fois le plus commun et le plus insidieux. La pollution part du site minier ou du site de stockage des déchets et peut, si certaines précautions ne sont pas prises, diffuser sur des distances parfois considérables, contaminer l atmosphère (envol de poussières polluantes), les eaux de surface et/ou souterraines et même s étendre à la biosphère. Deux principaux aspects de cette pollution par voie aqueuse retiennent plus particulièrement l attention : le drainage minier acide (ou DMA) et la contamination par les métaux. Le DMA est un écoulement acide provoqué par l oxydation des sulfures au contact de l air et de l eau. Ce phénomène, naturel, est amplifié dans les exploitations minières de sulfures (soit la quasitotalité des mines de plomb, cuivre, zinc, argent, et or). L essentiel de ce processus a pour origine les déchets stockés sans précaution particulière à l air libre. La contamination par certains métaux est une conséquence du DMA, l acidité facilitant la mise en solution de ces derniers par lessivage par les eaux de ruissellement avec pour conséquence une augmentation de leur teneur (plusieurs 13

16 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées centaines de mg/l pour Cu, As, Zn, Cu) dans les exutoires proches du site comme les cours d eau. Les mesures mises en œuvre depuis un certain nombre d années dans les exploitations pour éviter ces pollutions, consistent à stocker ces déchets sur des géotextiles isolants et, à la fin de la mine, à les recouvrir de stériles inertes et de terre ensuite revégétalisée, la méthode dite «multi-couches». Les dégâts constatés aujourd hui sont, pour l essentiel, liés à des déchets d anciens sites miniers. Une méthode plus efficace revient à résoudre le problème à la base en réduisant considérablement les déchets. La méthode la plus appropriée est le back-filling, qui consiste à réutiliser les déchets pour combler les chambres d extraction et les galeries en mine souterraine, et le strip mining en carrière, qui revient à combler la carrière au fur et à mesure de l extraction en essayant de mettre les déchets les plus susceptibles de produire du drainage minier acide «sous-eaux» autrement dit sous la surface potentielle de la nappe phréatique. Certains réaménagements de sites d exploitation peuvent aussi donner lieu à des valorisations majeures d ordre ludique ou pédagogique (Eden project en Cornouailles, Volcan à ciel ouvert de Lemptegy en Auvergne, Sentier des kaolins de Ploemeur en Bretagne, etc.). Les ressources minérales dans la vie de tous les jours Nous avons vu en introduction que les ressources minérales contribuent largement à notre cadre de vie. Pour donner quelques exemples parmi les plus courants, il n y a pas de verre sans calcite ni quartz, pas de vaisselle (même en carton) sans kaolin, pas de sanitaires sans feldspaths et argiles, de cosmétique sans talc, de climatisation et de réfrigérateurs sans fluorine (qui fournit le fluor des gaz réfrigérants), de voiture, train ou avion sans acier, aluminium, cuivre etc. Un ordinateur portable utilise plus de 30 métaux différents et une voiture, plus de 80. Un véhicule classique (de 1,3 t environ) nécessite 700 kg de fer (sous la forme d une dizaine d aciers différents), environ 130 kg d aluminium, 20 kg de cuivre, 15 kg de zinc, 8 kg de plomb (batterie), du platine (pot d échappement), du soufre (pneus), du talc et du kaolin (peinture et équipements), des micas (peintures, isolants électriques), de la barytine (plaquettes de frein, tapis de sol), de la calcite (plastiques, caoutchoucs), du graphite (freins et huiles), etc., sans compter le pétrole pour le carburant et les lubrifiants. Les nouvelles technologies automobiles à moteur hybride et électrique, ont fait évoluer ces besoins, dans le sens global d une réduction des quantités (sauf pour le cuivre qui passe à 45 kg pour un moteur hybride, et le nickel) mais d un accroissement du nombre de matériaux avec des nouveaux venus : néodyme (1 kg pour l aimant du moteur électrique), le lithium (0,2 à 3 kg), le manganèse (3 kg pour un hybride, 35 kg pour un électrique). Les avions sont comparativement moins «gourmands» car le nombre en circulation est très inférieur à celui des automobiles. Un A 380 (50 t à vide) requiert néanmoins 30 t d aluminium, du titane et plus de 55 % de matériaux composites à très forte proportion de produits minéraux. Conclusion Quel que soit notre mode de vie, nos choix pour un avenir «meilleur» il est a peu près inimaginable d envisager de ne plus faire appel aux ressources terrestres, même si nous avons la capacité à faire évoluer nos besoins, en qualité comme en quantité, et à envisager des opérations comme le recyclage qui nous permettent d économiser notre bien le plus cher «la Terre». Il reste et restera la nécessité de puiser dans les ressources naturelles et la responsabilité de le faire dans des conditions les plus respectables d un point de vue environnemental et les plus acceptable sur le plan sociétal mais n est-ce pas là, le défi permanent auquel l homme doit faire face depuis l aube de l humanité? Bibliographie Jébrak M.,Marcoux E.,2008. Géologie des Ressources Minérales. Ministère des Ressources minérales et de la faune, 668 p. Harben P. W., The industrial minerals handybook, 4 th edition. Industrial Minerals Information Ltd. Metal Bulletin plc. London, 462 p. 14

17 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Une approche pédagogique de base pour sensibiliser aux granulats La Rédaction avec l aide de Nicolas Seignez 1 et de Marion Guibert 2. Qu est-ce qu un granulat? Comment est-il produit? Quelles sont les subdivisions pour le classer? À quoi sertil et comment l utilise-t-on? Telles sont, parmi d autres, quelques questions que l on peut soulever à propos du granulat, thème que nous aborderons sous quatre aspects : des généralités : définition, types de gisements, règlementation, exploitation, ressources... ; la filière des produits aux usages en passant par le transport ; les impacts environnementaux et la concertation sociétale ; l exemple de la région Provence-Alpes-Côte d Azur. Généralités Le terme granulat est un mot courant, mais professionnel au départ, puisqu il désigne un matériau sous forme granulaire. Ce matériau a trois sources possibles : deux naturelles et une de recyclage. Les deux sources naturelles se distinguent par leur origine. Soit il s agit de granulats transportés par les cours d eau, qui les trient par taille et nature de roche en ne conservant au final que les matériaux les plus durs et résistants, on peut dire les plus siliceux en faisant référence à leur contenu dominant : la silice. Soit, le tri peut aussi se faire par l action de la mer (houle, courants...) sur les matériaux apportés par les cours d eau. Ces deux types de roches sont regroupées sous le terme de roches meubles. Ces dépôts et tris peuvent se faire à l échelle humaine comptée en dizaines d années ou en siècles, voire en millénaires, ou à l échelle géologique en dizaines, centaines, en millions d années et au-delà. Traditionnellement, les matériaux ont été exploités dans les vallées fluviales à partir des alluvions granulaires transportées, déposées et remaniées, ou dans les dépôts marins (granulats du même nom). C est ce qu on appelle les granulats roulés (Photo 1). L autre source naturelle de granulats est celle des roches massives (calcaires 3 ou éruptives 4 ), dont l histoire relève des temps géologiques et dont les caractéristiques (dureté, contenu...) conviennent pour fabriquer des granulats. On peut utiliser le terme «fabriquer» car il ne s agit pas au premier chef d un tri par taille de matériaux comme dans le cas des granulats alluvionnaires, mais d un broyage de roches qu il faut fragmenter avant d en faire des granulats, qu il convient ensuite de trier par taille des matériaux produits (Photo 2). La 3 ème source correspond aux granulats dits de recyclage c est-à-dire fabriqués à partir de matériaux de démolition principalement, des produits en béton par exemple. Ces matériaux doivent, comme les roches massives, être broyés pour fabriquer des granulats (Photo 3). Pour fixer les idées en matière de production de granulats, la France produit entre 350 et 400 millions de tonnes (Mt) par an (source : UNICEM 5 ), soit environ 366 Mt pour l année 2013, un ordre de grandeur atteint depuis 2009, décomposés comme suit (en Mt) : granulats de roches meubles (135,5), principalement alluvionnaires (108), marins (7,5) et autres sables (20) ; granulats de roches massives (205,6), dont calcaires (98,6) et roches éruptives (107) ; granulats de recyclage (24,8), essentiellement issus de Photo 1. Exemple de carrière de roches meubles tertiaires à Hamel (59-12 km au sud de Douai) (source : STB Matériaux). Photo 2. Exemple de carrière de roches massives : carrière de calcaire carbonifère de la Société d exploitation des carrières de Bellignies (SECAB) à Bellignies-Béttréchies (59-30 km au nord-ouest d Avesnes-sur-Helpe) (source : SECAB) Responsable Recherche et Développement durable chez STB Matériaux et Président de la Charte Environnement de l Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM) du Nord - Pas-de-Calais. 2. Chargée de mission Développement soutenable, AIRCEC, Aix-en-Provence. 3. Roches dites sédimentaires, donc déposées par l eau au départ, et composées principalement de carbonates. 4. Roches dites magmatiques remontées à haute température à travers la croûte terrestre. 5. Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction.

18 Le transport de granulats se fait par route, voie ferrée ou voie fluviale. Le transport par route est le plus courant, notamment pour les besoins de proximité (petite distance) car le prix à la tonne transportée double audelà de 50 km. Les deux autres moyens de transport sont subordonnés à leur existence même, ce qui conduit une carrière à être embranchée, c est-à-dire reliée au réseau ferré ou à être située à proximité d un cours d eau, dans la mesure où celui-ci est navigable. Selon ces différents modes de transport, les prix à la tonne de granulats, selon la distance parcourue, ne sont pas les mêmes. Selon le cas, le transport se fait directement vers les lieux d utilisation des granulats (centrale à béton, lieu de stockage...) ou un point de déchargement intermédiaire ou encore une installation multimodale, à partir desquels les granulats sont repris, en général par camion, pour leur destination finale. Les installations multimodales tendent aujourd hui à se développer car elles regroupent au même endroit les stocks de produits issus de différentes carrières (alluvionnaire, roche massive), les installations de traitepédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 16 Photo 3. Atelier de recyclage STB Matériaux à Évin-Malmaison (62-17 km à l est de Lens) (source : STB Matériaux). matériaux de démolition (20,3) ou autres (4,5). Au total, la production 2013 de granulats se répartit entre 37% de roches meubles, 56,2% de roches massives et 6,8% de matériaux de recyclage, ce qui représente environ 5,5 t par habitant au total. Si l on remonte dans le temps, la production,qui était de 378 Mt en 1994,est tombée à 348 Mt en 1996 et son maximum a été de 446 Mt en Quelques mots sur la réglementation d extraction. Deux points majeurs sont à souligner, d abord le passage des carrières du régime du Code minier à celui des Installations classées pour la protection de l environnement (ICPE) 6 et l interdiction, depuis , d extraire dans le lit dit «vif» des rivières, c est-à-dire le couloir où elles s écoulent, ou dans les plans d eau traversés par une rivière, ce qui revient, pour les granulats alluvionnaires, à n autoriser à exploiter que les terrains plats latéraux aux rivières, ce qu on appelle les terrasses, dont il peut exister plusieurs niveaux en fonction de l enfoncement de la rivière, et qui correspondent aussi à des alluvions. D une façon générale, l ouverture ou l extension d une carrière pour granulats est soumise à autorisation préfectorale et à enquête publique. Ce n est que dans le cas de petites carrières produisant des roches ornementales pour la réfection de monuments historiques, et souvent exploitées temporairement, qu une déclaration suffit. Abordons maintenant les problèmes d extraction.un gisement alluvionnaire est en général d épaisseur assez réduite (quelques mètres, voire 10 m, mais peut aller jusqu à 30 à 50 m en fonction de l épaisseur de gisement) et sa superficie peut être assez grande en largeur selon l extension des terrasses alluviales, mais surtout en allongement parallèlement à la rivière. Comme indiqué plus haut, l extraction en lit vif est interdite et ce n est donc que dans les terrasses alluviales que l on peut exploiter, ce qui se fait à la pelle hydraulique, ou par drague si on exploite à partir d un plan d eau. Depuis 1994, la part de l alluvionnaire dans la production totale de granulats n a cessé de diminuer, alors que parallèlement celle de roches massives augmentait pour continuer à répondre aux besoins de la société. L autre source de granulats est constituée par les roches massives qui s exploitent, comme dans n importe quelle carrière de ce type,par gradins successifs,abattage des matériaux par l emploi d explosifs, chargement en camions ou sur bandes transporteuses,acheminement vers le concassage primaire, voire secondaire, puis le broyage pour obtenir les tailles de granulats requises, qu il faut ensuite trier et éventuellement laver pour éliminer les fragments les plus fins, notamment les argiles. Les gisements alluvionnaires peuvent eux aussi être concassés, triés et lavés. Les carrières peuvent être développées dans les deux grandes catégories de roches évoquées plus haut, voire d autres (grès, roches métamorphiques...) si les propriétés de ces dernières paraissent adéquates pour l usage des granulats. Dans les formations géologiques dites sédimentaires, les roches adéquates pour fabriquer des granulats ne correspondent souvent qu à un niveau spécifique dans ces formations. C est celui-là qui est exploité, s il correspond à un volume économiquement suffisant, les autres niveaux pouvant l être pour d autres usages ou stockés dans ce qu on appelle une verse à stériles qui correspond à un stock de matériaux qui ne seront pas utilisés comme c est souvent le cas des matériaux de surface (recouvrements de matériaux fins et matériaux altérés). Des produits aux usages en passant par les transports 6. Loi n 93-3 du 4 janvier 1993 relative aux carrières. Cette loi modifie la loi n du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l environnement (ICPE). 7. Arrêté du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières.

19 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées ment, notamment de lavage des matériaux fins, les espaces de stockage par taille de granulats et les postes de chargement des granulats triés vers les destinations finales. Après lavage et triage, les granulats sont classés par taille, c est-à-dire selon la classe granulaire dont ils relèvent 8, soit du plus fin au plus gros : < 2mm : fillers ; < 1 mm : sablons ; 1 à 6,3 mm : sables ; 1 à 125 mm : gravillons ; > 6,3 mm : graves ; 25 à 50 mm : ballast. Il va de soi que les catégories peuvent être mélangées entre elles selon les besoins d usage. Quelques mots maintenant sur les usages euxmêmes. Les statistiques de l UNICEM portent sur les granulats produits en France ou importés. Le chiffre moyen de 2013 (369 Mt) incorpore la différence entre les importations (10,8 Mt) et les exportations (8 Mt), ce commerce se faisant avec les pays européens.toujours selon les chiffres de l UNI- CEM, les 369 Mt de 2013 se répartissent comme suit : par nature d ouvrage :génie civil et voirie réseaux divers VRD (293 Mt, soit 79%), bâtiment (76 Mt), soit 21%) ; par nature de fabrication/usage : travaux routiers et ferroviaires, VRD, endiguement et autres usages pour infrastructures (209 Mt, soit 57%), béton prêt à l emploi - BPE (74 Mt, soit 20%), béton de chantier et mortiers industriels (29 Mt, soit 8%), produits en béton (18 Mt, soit 5%) et ballast (4 Mt, soit 1%). Avec la diminution de la production de granulats alluvionnaires et à l inverse la croissance de celle des granulats issus de l extraction de roches massives pour compenser la baisse de tonnages produits, il a fallu adapter les matériaux constitutifs du béton et surtout faire accepter l utilisation croissante des granulats de roche massive dans la fabrication du béton. Pour rappel, le béton est fabriqué à partir de granulats,de ciment (calcaire et argile) et d eau.depuis les centrales à béton, dans lesquelles se fabrique le béton prêt à l emploi, celui-ci est acheminé vers les lieux d usage par camions malaxeurs munis d une bétonnière rotative (toupie) de 4 à 10 m 3 de capacité.il faut insister sur le fait que pour éviter que le béton ne prenne,c est-à-dire se solidifie avant d être transvasé,il doit être utilisé au plus tard 1 h 30 après sa fabrication. Environnement et concertation Beaucoup de questions débattues lors de rencontres d information et de concertation relèvent de l environnement et, au départ, c est de l autorisation d exploiter qu il s agit, d autant plus que, depuis 1993, toutes les carrières relèvent du régime des ICPE 9, une large part des activités étant, de ce fait, régie par le Code de l environnement. Le dossier de demande d autorisation d exploiter (extension d une carrière existante ou ouverture d une nouvelle carrière) comporte une présentation détaillée de l installation, une étude d impact approfondie, ainsi qu une étape de concertation du public sous forme d une enquête publique. La décision d autorisation est, au final, prise par le préfet. Parfois, l exploitation nécessite aussi une autorisation liée à la loi sur l eau de , lorsque l exploitation implique des pompages et des rejets dans les milieux naturels ou impacte une surface de type zone humide. Les études liées à la demande d autorisation s assurent, dès la phase projet, de la compatibilité de ce dernier avec les outils de gestion territoriale, SRCE 11 (trames verte et bleue, qui correspondent à la continuité des milieux terrestres et aquatiques), schémas de gestion des eaux 12, zones humides (préservation de leur fonctionnement et de la biodiversité), etc. Par un ensemble d obligations liées à l autorisation préfectorale, dès le début de l exploitation, des contrôles doivent être assurés par un organisme de prévention extérieur (indépendant). Notamment, y figure une série de mesures pour prévenir divers impacts potentiels : poussières, bruit (notamment en limite d exploitation et des plus proches riverains), pollution des eaux... Par ailleurs, la remise en état d une carrière doit se faire au fur et à mesure de son exploitation, ce qui nécessite la mise en place d une stratégie technique et financière. Il s agit d une part de bien assurer les conditions de sécurité dans le site réaménagé, mais aussi de faciliter les conditions de réaménagement du site pour favoriser sa valeur d usage. Dans la concertation, on distingue en général 3 étapes : le dialogue initial avec les élus, le propriétaire (contrat de fortage ou appel d offres s il s agit de terrains communaux) et les associations de préservation de la nature ; l enquête publique, très règlementée et qui doit privilégier l information du public, les contacts locaux et le recueil des avis ; pendant l exploitation, de fréquentes concertations pour minimiser les nuisances de proximité et faciliter l adaptation si les conditions d exploitation évoluent. On peut aussi mentionner la Charte Environnement des industries de carrières, élaborée par l UNICEM et qui correspond à un code de bonnes pratiques environnementales contrôlées par un organisme extérieur de conseil. D une façon générale, l objectif est de Norme AFNOR (Association française de normalisation) XP P Voir note infrapaginale Loi n du 30 décembre 2006 sur l eau et les milieux aquatiques. 11. Schéma régional de cohérence écologique. 12. Schéma de gestion des eaux (SAGE) pour un cours d eau donné, Schéma départemental de gestion des eaux (SDAGE) pour un bassin hydrographique (compétence d une agence de bassin : 6 en France métropolitaine et 1 en Corse).

20 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 18 créer de bonnes conditions de discussion avec les acteurs du territoire et en premier lieu les habitants. L une des vocations de la Charte étant que l insertion du site soit bien vécue et n impacte pas notablement les riverains. Au chapitre des outils de concertation, la Charte Environnement a élaboré un Guide de la concertation à l usage des carriers 13 qui donne un cadrage pratique sur les différentes situations que peut rencontrer un carrier dans le cadre général de la concertation. Au-delà du principe général de dialogue pour rechercher ensemble des solutions, on peut mettre l accent sur les points suivants : la visite sur site qui permet de sensibiliser les publics, d inviter chacun à participer, de distribuer des rôles... ; une expertise claire avec des chiffres majeurs ; le traitement des vrais problèmes, sans forcément privilégier la concertation tranquille, et inviter à la prise de parole ; la prise en compte des absents à la rencontre afin de ne pas les oublier dans la concertation ; l utilisation d un langage compréhensible et l invitation à la prise de parole ; au-delà des revendications immédiates, se positionner sur les besoins, avec des arguments clairs et accessibles et évitant de se cacher derrière la règlementation, ce qui n empêche pas de s y référer ; l appel éventuel à un médiateur si cela peut faciliter le dialogue. Le document se termine par un petit mémo de la concertation qui met l accent sur les points suivants : Les principes de base : Se concerter en amont, N exclure personne, Se donner des règles, Procéder par étapes, Viser des solutions gagnant-gagnant, Ne pas chercher à être d accord sur tout, Écoute, compréhension, respect..., Autoriser les participants à exprimer leurs émotions, Avoir confiance dans la capacité d évolution de chacun, Formaliser les accords (comptes rendus, chartes et conventions). Comment préparer une réunion de concertation? : État des lieux, Rencontres préalables, Constituer une équipe et se répartir les tâches, Réunion : invités, objectifs, ordre du jour... Qui inviter? Tous les groupes d intérêt concernés par la carrière, éventuellement de nouvelles personnes bien légitimées. Comment se déroule une réunion de concertation? Introduction par l animateur, État des lieux environnemental de la carrière, Écoute active des problèmes non encore exprimés, Réponse immédiate, Recherche collective de solutions, Conclusion par l animateur, Visite éventuelle de la carrière, Moment de convivialité. Comment motiver la concertation? Lien préalable, Contenu qui touche, Forme qui plaît, Perspective qui motive. Comment surmonter les moments difficiles? Prise de parole trop longue ou trop fréquente (privilégier ceux qui se sont pas ou peu exprimés), Hors sujet, Agressivité, Sabotage. L exemple de la région Provence - Alpes - Côte d Azur (PACA) L exemple de la région PACA a été choisi comme représentatif d une région où la concertation a été développée en s appuyant, entre autres, sur le milieu scolaire et ses enseignants. La sollicitation d intervention d un spécialiste de l UNICEM provient toujours d un enseignant et porte à la fois sur une intervention en salle avec ce spécialiste et l accueil de terrain par un carrier volontaire (Photo 4 : PACA). La question du financement du transport depuis l école s avère plus aisée pour une carrière de proximité. Cette double orientation, souvent mise en place, permet à la fois de présenter les principaux repères en salle avec une pédagogie adaptée, dont le présent article s efforce d être le reflet, et de montrer concrètement aux jeunes comment se déroulent les différentes activités d une extraction en carrière. Au final,l UNICEM PACA fait état d une dizaine d interventions pour des élèves de collège principalement, mais aussi de lycée et une pour des élèves de cours moyen CM2, dernière année de l école primaire. En appui aux présentations en salle, l intervenant UNICEM dispose d un PowerPoint, préparé à l échelle locale et qui couvre une série de points majeurs concernant les granulats, le titre global étant : Les granulats : Géologie - Photo 4. Exemple de carrière volontaire pour accueillir les jeunes (source UNICEM PACA). 13. Élaboration par le Comité national de la Charte Environnement de l industrie des carrières.

21 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Titres des diapositives L UNICEM en quelques chiffres. Qu est-ce qu un granulat? Les granulats : morceaux de roches Les gisements de granulats (appui sur la Carte géologique de France) Granulats et béton Le béton Le béton prêt à l emploi L industrie du béton Granulats et viabilité Matière première indispensable Titres des diapositives (suite) Notre consommation de granulats Extraction en roches massives Extraction en roches alluvionnaires Le traitement des granulats (concassage, criblage, lavage) Stockage et livraison Caractéristiques et qualité des granulats Carrières et environnement Réaménagement des carrières Les métiers du granulat Tableau 1. Titres des diapositives du PowerPoint UNICEM PACA sur les granulats (source : UNICEM PACA). Industrie - Environnement. Les titres des principales diapos de ce PowerPoint sont rappelés dans le tableau 1. En CM2, les élèves ont été très impressionnés par la taille des engins d extraction et le découpage en zones différentes dans une carrière. Cette approche de carrière s est poursuivie par des ateliers ludiques développés avec les exploitants, notamment pour réaliser de petits objets en béton,à l aide de moules. Le retour d expérience de cette session souligne l importance de commencer à sensibiliser à un âge très jeune, en adaptant les exercices proposés. Avec le collège, il s agit des élèves de 5 ème,4 ème ou 3 ème ou en option DP3 (Découverte professionnelle 3 heures) et la formule pratique adoptée est différente. La préparation intervient une semaine environ avant la visite en carrière et, dans cette partie théorique, on utilise les mots qui sont également ceux qui seront employés en carrière. Dans ces rencontres, on peut aborder les carrières elles-mêmes, les granulats et les métiers concernés par ces activités. Pour ces derniers, l âge charnière de sensibilisation des jeunes est le collège. Les jeunes des collèges, comme ceux de CM2, sont aussi attirés par le côté impressionnant des équipements et, en carrière, ils sont éventuellement autorisés à monter dans des camions de transport des matériaux (dumpers). Pour le lycée, des rencontres sont organisées avec la section «Maçonnerie» d un lycée Professionnel, car la question des usages des granulats est parlante et concrète pour eux. À ces actions ciblées régionalement, on peut ajouter des initiatives lancées dans d autres régions, comme un travail avec les universités en région Midi-Pyrénées, des ateliers de découverte avec des associations locales (en principe tous les ans, sous réserve de l accord des carriers) et des Journées Portes ouvertes nationales tous les 2-3 ans. Les ateliers sont menés sur ce qu on va trouver en carrière et associent parents et enfants, avec un effort sur le côté ludique. Autre exemple :dans une commune de PACA,la fête de la science s étale sur une semaine ce qui permet d y placer des initiatives concernant les carrières avec des stands pouvant concerner les granulats, mais aussi le béton. Conclusion Malgré les efforts déployés à l échelle nationale ou dans les régions, il faut bien constater que les activités extractives ne font pas l objet d une sensibilisation générale suffisante des scolaires et des habitants qui faciliterait la connaissance des notions et contraintes de base les concernant, la prise de conscience de leurs usages et de la nécessité de disposer de grandes quantités de ces matériaux pour subvenir aux besoins de notre société. Le présent article met l accent sur un certain nombre de notions de base utiles comme repères pédagogiques de base pour la diversité des publics. Sur tous ces sujets des progrès sont possibles,notamment pour favoriser le recyclage des matériaux, soutenir l exploitation et le réaménagement d une carrière dans une logique de développement durable et minimiser les coûts de transport en facilitant le transport alternatif et les stations multimodales. Dans ces perspectives,une logique de concertation régulière et approfondie avec tous les acteurs de la filière, ainsi qu avec les habitants, les associations, les élus et les administrations est indispensable pour aider à l acceptation sociétale des projets, replacés dans leur contexte économique, environnemental et social. 19

22 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées La concertation sur l exploration minière, repères pédagogiques vécus Patrick Lebret, Anne-Sophie Audion et Jérôme Gouin En guise d introduction Cet article, à vocation pédagogique et destiné à un large public, s appuie sur le retour d expérience de Variscan Mines sur sa façon d aborder l information à transmettre pour ses demandes de permis d exploration. Faut-il d emblée parler de géologie et de types de gisements? C est la première question que l on peut se poser. La réponse est négative, dans un premier temps du moins, car le premier sujet abordé est le passé minier régional, en répondant à la question : pourquoi venezvous explorer dans notre région? La réponse première est qu il y a un passé minier et que Variscan Mines estime qu il peut exister d autres gisements, donc des richesses minières à découvrir. Le 2 ème élément de réponse, plus difficile à faire partager, concerne la demande mondiale en métaux, en forte croissance dans des pays comme la Chine et potentiellement en Inde et en Afrique. Cette situation justifie de relancer l exploration dans tous les territoires potentiels, dont la France. Cela ne signifie pas que la France ou l Europe soient au même niveau de demande ou de capacités de production que les pays mentionnés ci-dessus, mais autant la production d une mine est locale, autant le débouché de ce qui est produit par la mine est mondial et les prix (cours) se situent aussi à cette échelle. En outre, la France ne peut s extraire de la concurrence entre producteurs et filières industrielles qui en découlent. En tout état de cause, il reste difficile de faire passer le message de la demande mondiale dans un pays qui a stoppé toute activité minière il y a 30 ans. Enfin, il faut souligner que les besoins en métaux n ont pas cessé d augmenter, tant en quantité qu en nature, et que cela concerne plus de 35 métaux pour des usages de plus en plus variés (informatique, téléphonie, éoliennes et capteurs solaires, pigments des peintures, téléphones et autres objets «tactiles» ), et que de plus en plus de gens ont tendance à s approprier. Ces quelques commentaires nous conduisent naturellement à aborder successivement l histoire minière du territoire, les gisements minéraux et leur contexte géologique, les étapes de l exploration minière et les principales questions soulevées par le public. Histoire minière du territoire Il est clair qu un handicap majeur dans le passé minier français correspond à la trentaine d années d arrêt de l exploration minière en métropole et donc à la rupture que cela représente dans la mémoire collective. Les quelques acteurs de cette ancienne activité minière encore présents peuvent certes en témoigner, mais ils ne sont pas nombreux et les quelques décennies de rupture dans la pérennité de la mémoire collective marquent une coupure majeure à laquelle il est difficile de remédier sans reprendre l histoire depuis le départ. Certes, il existe souvent des témoignages visibles de cette ancienne activité minière, mais ceux-ci, sauf exception, ne représentent pas des symboles de mémoire entretenue, mais plutôt des vestiges du passé minier, souvent laissés à l état de ruines, même si un musée minier régional, souvent géré de façon associative, s efforce parfois d entretenir la mémoire. Parler du passé minier territorial revient donc le plus souvent à s appuyer sur des dates, des statistiques de production, des caractéristiques de gisement, donc à souligner l ampleur d une activité qui a été importante dans le développement régional, un rappel auquel les publics professionnels peuvent être sensibles. Les archives correspondantes relèvent souvent de documents de synthèse réalisés par le BRGM en accompagnement ou en prolongement de l Inventaire minier métropolitain ( ) précédé du Plan Cuivre qui a démarré en , élargi à partir de 1980 sous le nom de Plan Métaux, et des cartographies et prospections associées ou postérieures, qui ont perduré jusqu à l arrêt de l inventaire en fin Lorsque cela a été le cas, l aboutissement d une exploration par une exploitation a été élargi par des retombées complémentaires concernant les sous-traitants, ainsi que les activités aval (concentration, métallurgie, produits finaux dérivés...), permettant de témoigner de l ampleur des retombées potentielles d une telle activité. Les cibles potentielles correspondent à plusieurs dizaines d anomalies chimiques connues dans les sols, sans en être au stade de ce qu on appelle la faisabilité minière, base d une exploitation possible. Les sites correspondants ont été retenus en s appuyant principalement sur la dernière synthèse du BRGM (Fig. 1, Béziat et al., ) et ce sont autant de points à revisiter bien 1. Membres de l équipe d exploration de Variscan Mines. 2. Bache J.-J., Bornuat M., Duhamel M., Lougnon J., SNEAP, Aye F., Ressources minières françaises, T11, Les gisements de cuivre (situation en 1981), Rapport BRGM RR/41430FR11 3. BRGM, Inventaire des ressources minières du territoire métropolitain, rapport annuel 1992, rapport R37774, 83 p., 4 fig. 4. Béziat P., Bornuat M., Gentilhomme P., Huijbregts C., Thibault P.-M., Carte minière de la France métropolitaine à 1/ , situation Notice explicative, 102 p. Éditions BRGM, Orléans. ISBN

23 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Figure 1. Carte des permis déposés en Armorique par Variscan mines sur fond de carte minière (Beziat et al., 1995), soit, du Nord au Sud : Loc-Envel, Merléac, Silfiac, Dompierre,Tennie, Beaulieu et St-Pierre. qu ils ne constituent qu une partie des anomalies identifiées sur le territoire métropolitain. Il faut signaler aussi qu à l arrêt de l Inventaire en métropole fin 1993, plus d un tiers du territoire n avait pas été examiné 5. Types de gisements et contexte géologique Autant le public peut être réceptif à des informations sur le type de gisement potentiel que l on peut rencontrer sur le territoire concerné, en référence au passé minier notamment, autant des commentaires géologiques généraux sont moins facilement accessibles. Expliquer la tectonique des plaques, la formation des chaînes de montagne, l impact que le temps (géologique) leur a fait subir via les mécanismes d érosion ou la notion de durée en géologie, sont en effet des notions difficiles d accès. Elles peuvent être abordées avec des publics spécifiquement intéressés ou aider à évoquer le contexte des gisements, en particulier si on se réfère aux trois régions françaises sélectionnées pour leur potentiel minier et où 3 types principaux de gisements y sont connus : le tandem étain/tungstène lié à l environnement des granites, les métaux de base (Cu, Pb, Zn) sous forme d amas sulfurés ou de gisements de type MVT 6, et l or, l argent et les petits métaux qui accompagnent souvent un des deux types de gisements précédents. Cette évocation permet aussi, si besoin est, de replacer les gisements dans des cadres plus larges qui, expliqués patiemment et avec une pédagogie adaptée, contribuent à justifier l intérêt que l on porte à un territoire. Mais, répétons-le, ce n est pas la priorité d ensemble. Par contre, expliquer le type de gisement et sa genèse permet de compléter la justification de poursuivre l exploration sur un territoire donné. On n abordera pas de la même façon un gisement sulfuré massif (amas sulfuré lié au volcanisme passé), un gisement lié à la couverture sédimentaire (sedex, MVT), un gisement de contact avec une intrusion granitique ou un gisement filonien associé à la fin du plissement hercynien, par exemple. Avec plus ou moins de géologie ou d information sur les gisements, on débouche naturellement sur l exploration et ses différentes phases. Étapes de l exploration minière Un territoire, c est d abord une géologie, des roches, une histoire compliquée mais qui a conduit à des anomalies géochimiques qui s expriment en surface. Ce sont ces anomalies qu il s agit de déterminer. Elles sont locales ou de petite taille et elles traduisent un enrichissement en éléments particuliers, notamment des métaux. L exploration Photo 1. Étude d affleurements avec prélèvement de fragments de roches au marteau (cliché Variscan Mines) Lambert A., Les données géochimiques et alluvionnaires de l Inventaire minier du territoire national. Constitution d une base de données exhaustive. Rapport final. BRGM/RP FR, 116 p., 6 fig., 6 tabl., 6 ann. 6. Mississipi Valley Type.

24 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées commence ainsi par la détection de ces anomalies et leur reconnaissance afin de cerner leur taille, ce qui permet d éliminer de trop petits objets de la suite du processus. Pour ce faire un minimum de travaux est nécessaire et, très vite, on passe à quelques sondages de reconnaissance afin de mieux cerner l anomalie. Les divers travaux d exploration sur le territoire d un PERM 7 comportent ainsi l analyse chimique de prélèvements de roches et de sols (Photos 1, 2 et 3) et la détermination d un «état zéro environnemental», la reconnaissance géophysique aéroportée (Photo 4) et les sondages de reconnaissance géologique ou minière. L étape suivante consiste à passer progressivement de la validation de cibles, aux stades initiaux de l exploration, à la notion de préfaisabilité et de faisabilité,pour aboutir à un document décrivant très précisément la mine envisagée sous tous ses angles (dossier dit «bancarisable»), y compris les travaux prévus ultérieurement de remédiation du site. On aborde aussi la connaissance du minerai susceptible d être exploité, et pas uniquement celle de sa quantité dans le sous-sol, sans oublier que la géologie est déterminante dans la localisation des gisements et plus encore que le terme «minerai» s applique à une minéralisation dont les métaux contenus peuvent être extraits et cela de façon économiquement rentable. Dans cette logique, même si un projet d exploration peut être stoppé pour diverses raisons techniques (dont une substance inexploitable faute de processus d extraction adapté) ou financières (teneurs non économiques,volumes trop petits ),la préservation des archives des travaux réalisés est essentielle pour attirer ultérieurement d autres investisseurs miniers, l attractivité d un État, en l occurrence la France, étant déterminante et le contexte économique pouvant avoir changé 8. Ainsi, lorsque l exploration en est à ses débuts, personne ne peut dire si on passera effectivement à une phase d exploitation et ce n est qu au stade de la faisabilité que l on peut envisager de dessiner un projet d exploitation minière. Par ailleurs, si l exploitation en souterrain est confirmée, elle peut se faire par backfilling (comblement des galeries au fur et à mesure de leur excavation par tranches dites «montantes») ou en utilisant des systèmes enterrés de type «python» avec remontée des Photo 2. Sondage à la tarière pour prélever des sols de surface (cliché Variscan Mines). 22 Photo 3. Tarière mécanique utilisée pour des avant-trous sur des mailles resserrées (1 échantillon/10 m). Photo 4. Reconnaissance géophysique héliportée (cliché Variscan Mines). 7. Permis exclusif de recherche de mines. 8. Voir par exemple les études Frazer Institute dans lesquelles la France ne figure que depuis peu d années.

25 L usage du principe de précaution par divers détracteurs de la reprise de l activité minière conduit à un désépédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées concentrés par canalisation sous forme de pulpe, plutôt qu à la suite de grands terrassements avec descenderie et remontées de stériles en gros volume. Il faut également souligner que c est dès cette étape de faisabilité que le projet de réhabilitation du site après exploitation doit être détaillé et programmé : gestion des déblais et terrassements, mise en sécurité des ouvrages souterrains, revégétalisation, gestion des eaux, etc. À ce stade,il convient de rappeler que la question des impacts environnementaux ne peut pas être un sujet à traiter en soi, précocement et de façon prioritaire : on ne sait pas ce que sera le gisement à exploiter, ce qui implique que la réalisation d études d impact détaillées est prématurée ne sachant pas ce que seront les travaux à faire et leur localisation. On se limite à répondre aux questions au fur et à mesure qu elles sont posées, en insistant sur l évolution de ces impacts avec l avancée des travaux. Il n y a donc pas de réunions spécifiques environnement, mais les aspects environnementaux sont systématiquement abordés selon le déroulement des réunions successives. La présentation se focalise sur ce qu on va faire et pourquoi on le fait. La présentation de l exploration impose aussi d évoquer la durée pour obtenir les autorisations et réaliser les travaux, ainsi que la difficulté de financer les premières étapes car on est largement dans l incertitude de ce qu on va trouver. Cette incertitude se réduit au fur et à mesure que l exploration progresse. Variscan Mines n en est pas à l exploitation puisque, sur les 8 permis sollicités, il n en a pour l instant obtenu que 4 (sollicités en 2011), sur lesquels les opérations d exploration ont commencé, ce qui permet d aborder l historique de la concertation et d en tirer les principales leçons en termes de pédagogie porteuse pour les divers publics. Ces quatre permis sont (Fig. 1) : Tennie (53 et 72, métaux de base, or, argent et connexes), attribué en juin Site de Rouez. Saint-Pierre (49, or, argent et connexes), attribué en février Site de La Bellière. Merléac (22), métaux de base, or, argent et connexes) attribué en novembre Beaulieu (44), centré sur la mine d Abbaretz et pour lequel les métaux concernés sont l étain, le tungstène, l or, l argent, le niobium, le tantale, le molybdène, le lithium, l indium et le germanium, sans oublier les substances connexes. Attribué en juin Le tableau 1 fait le bilan des étapes de concertation pour les trois premiers permis pris en compte (voir figure 1), ainsi que des types d interlocuteurs rencontrés, ce qui permet de ventiler le total des rencontres qui s avère du même ordre de grandeur pour chaque permis : 74 pour Tennie, 68 pour Merléac et 90 pour St-Pierre, soit environ 230 au total. Les élus reflètent des territoires variés et globalement trois populations principales : des personnes qui sont contre de principe, signifiant que tout a été trouvé en France, qu il n y a plus rien à y faire et que la mine est une activité négative pour leur environnement ; des personnes qui ont gardé un souvenir positif de la mine (emploi, vie locale dynamique, bénéfices indirects comme l électricité dans la cité concernée, des constructions et bâtiments collectifs bains douches, salles de spectacle ou de sport, ouverture d école ) et des personnes neutres, demandeuses d information sans savoir à qui se vouer, la géologie minière n étant plus dans la connaissance collective française. En cela, cette troisième catégorie a une attitude généralement ouverte et sans complaisance, appréciant de pouvoir vérifier par ses propres moyens les informations fournies, mais sans refus a priori. Les administrations concernées, outre la préfecture et la DREAL régionale,correspondent à divers acteurs tels que l Agence de l eau, les chambres d agriculture, les cellules de développement économiques des départements, etc. Questions évoquées par le public Interlocuteurs PERM Tennie PERM Merléac PERM St-Pierre Années Total rencontres Administrations Élus municipaux et autres Professionnels (géologues, environnementalistes) Associations Publics Tableau 1. Étapes de la concertation et types d interlocuteurs pour les 3 permis accordés à Variscan Mines (source : Variscan Mines). 23

26 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 24 quilibre entre l exploration c est-à-dire le recueil de connaissances scientifiques, préliminaire à toute forme de projet d exploitation éventuelle, et le désir de surtout «ne rien faire» par anticipation et donc par voie de conséquence, de ne rien connaitre plutôt que de risquer d avoir à examiner un projet industriel ensuite Les impacts environnementaux, qui font toujours l objet de commentaires, voire de controverses, sont principalement liés à l exploitation, pas à l exploration. Ils sont abordés en accompagnement des différentes étapes de l exploration - exploitation, sans, au stade de l exploration, faire l objet de rencontres spécifiquement dédiées à ce sujet. Parmi les thèmes classiques abordés, trois reviennent régulièrement : tout d abord le mercure et le cyanure pour le traitement de l or et son association avec l arsenic, tandis que les autres métaux ne soulèvent finalement que très peu de questions spécifiques.de même,parmi les questions liées à l environnement,les mots «nappe phréatique» reviennent systématiquement pour qualifier n importe quel type d aquifère, notamment les domaines de socle ou seuls des aquifères fissuraux limités sont présents. L autre grande famille de questions concerne le droit d accès et l expropriation. Jusqu à une époque récente, le code minier s est référé au fait que la connaissance des gisements guidée par la géologie permettait d accéder aux champs et parcelles privées, une logique qui déconcerte les habitants. Certains souhaiteraient voir les explorateurs aller là où leur travail est accepté par le voisinage et non pas là où se trouvent des indices traduisant un potentiel de gisement, alors qu au départ il ne s agit que d un simple prélèvement de sol à la tarière à main ou de cailloux dans les champs. Une question permanente, mais qui reste parfois sous-jacente, est la demande d indemnité d occupation du sol pour prélèvement, dès ce stade. Personne ne perçoit, dans ce travail d état initial, que le coût associé, si on le compare à celui de vrais chantiers, rend totalement dissuasif toute exploration à ce niveau, surtout si en plus on compare la France aux autres pays analogues. Il convient aussi de rappeler que lorsqu on commence la réalisation de sondages, le chantier est associé à des indemnisations calculées selon les codes en vigueur dans les chambres d agriculture (certificats coopératifs associés - CCA) des départements concernés et qu une démarche est bien sûr faite en préalable auprès des maires, propriétaires et exploitants concernés. Un second point concerne la notion d expropriation qui semble générer des craintes comme des espoirs. La plupart des gens pensent qu exploration minière va rimer avec expropriation. Cette inquiétude est renforcée par les articles de presse qui envisagent d emblée l exploitation sans évoquer l exploration et toutes les étapes associées avant de parvenir à un dossier favorable. La réponse à apporter est que le code minier envisage à ce jour cette solution technique sans la poser comme obligatoire : une mine profonde peut permettre sans problème l exploitation agricole ou forestière en surface, sans qu il soit nécessaire de gager la propriété des parcelles cultivées hormis le petit espace de l ascenseur et du hall technique (de l ordre d un supermarché ou d un terrain de football). En effet, au stade très préliminaire où en sont les demandes de permis, rien ne permet d envisager déjà une exploitation. La nature même de l exploration,qui est un mot à risque puisqu on va vers l inconnu, l absence de culture minière depuis 30 ans faute de maintien d activité et l idée fausse mais non démentie du : «il n y a plus rien à faire en France dans le domaine minier» créent un état de fait dont la conséquence est que peu de gens croient que la demande de permis implique des phases d exploration. Cette opinion est renforcée par le fait que les travaux d exploration du passé n ont jamais été accompagnés d une communication locale à l époque, et encore moins du dépôt de résultats pour information dans les communes concernées. Cet historique génère désormais des interrogations sur ce qui a pu être découvert à l époque ou depuis. Pour beaucoup, le dépositaire de la demande de permis sait déjà tout et on le suspecte de cacher des choses. À l image des élus déjà évoqués, ces questions sont en général soulevées par les deux catégories de publics le plus souvent présents, ceux qui sont des professionnels en cours d activité (agriculture,industrie,commerce...),voire en retraite de ces activités, et ceux qui sont systématiquement contre tout projet pour des raisons principalement liées à leur relation personnelle avec le territoire et/ou à des repères généraux d écologie, voire de précaution exacerbée. Les intervenants de la 1 ère catégorie de publics sont à la recherche d informations et de réponses à leurs questions sur les sujets abordés qui traduisent un souci d être informés, même si initialement elles correspondaient à une forme de peur exprimée face à l inconnu. La qualité des réponses fournies et la possibilité donnée à chacun de vérifier les propos tenus amène assez vite un débat serein sur ces sujets. Cela ne veut pas dire qu il n y a plus ni peur ni questions,mais que les informations fournies démontrent que l exploration n est pas en soi dommageable, même si des nouvelles questions surviendront si le dossier atteint le stade de la faisabilité minière. Les professionnels de l industrie, d une façon générale, sont souvent dynamiques et positifs et souhaitent que ce qui peut contribuer à la richesse du territoire, à l économie et à l emploi se développe.

27 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées C est aussi le cas de la plupart des anciens mineurs qui ont fait de l exploitation et des agriculteurs. En ce qui concerne la 2 ème catégorie de publics qui dispose de réseaux élaborés dans les sphères publiques et/ou politiques, on peut constater à la fois une vision du territoire reliée à un conservatisme très «tourné vers soi», du genre NIMBY 9,qui refuse toute forme de modification d un état acquis, sauf celui voulu par ces personnes elles-mêmes. Dans ce cas, aucun argument scientifique vérifiable n a de valeur, le seul objectif étant de trouver un moyen pour que le projet soit coûte que coûte abandonné. Conclusions La trentaine d années environ d absence d activité minière en France constitue un handicap très important pour proposer une vision moderne à des interlocuteurs se référant à des expériences passées ponctuelles, souvent nourries d aspects environnementaux et sociaux négatifs. On peut aussi ajouter que le décalage est d autant plus grand que l on passe d une logique très étatique à ce qui sera de plus en plus une dynamique d investissements privés, si on veut rester dans la course internationale. À ce contexte s ajoutent des spécificités bien française liées à un principe de précaution exacerbé, une référence courante à NIMBY (pas chez moi), ainsi qu à la théorie du complot considérée comme sous-jacente à la stratégie de l industriel minier, des critères souvent abondamment relayés par les médias. D où l importance de développer une pédagogie de base, très concrète, afin de convaincre que la société minière ne s engage pas dans une simple logique de profit, sans se soucier ni des territoires, ni de leurs habitants. Expliquer les hydrocarbures au grand public Valérie Vedrenne 1 et Alain Mascle 2. Introduction L industrie pétrolière dans son ensemble est souvent mal aimée du grand public qui ne retient d elle que quelques aspects négatifs :accidents et pollutions,émissions de CO2 et particules, suspicion vis-à-vis des multinationales pétrolières, réputation douteuse de dirigeants de pays producteurs (corruption, financement de conflits...), prix élevés à la pompe,la liste est longue! Les aspects positifs sont eux souvent oubliés : vecteur incontournable de l économie mondiale (carburants,génération d électricité,pétrochimie ), moteur de développement de tous les pays depuis plus d un siècle, création d emplois, financement de travaux de recherche et développement dans de nombreux domaines, dont les géosciences. Finalement un prix à la pompe très modéré malgré un taux de taxation très élevé (environ 80% au total en additionnant taxes des pays producteurs et consommateurs en juillet 2015, même si un litre de SP95 ne vaut finalement pas plus que le prix d un litre de Perrier conditionné en canette de 33 cl!). Alors que tout un chacun bénéficie des produits innombrables de cette industrie, l origine même des hydrocarbures, les techniques et les coûts des phases d exploration, de développement et de production sont eux quasiment inconnus du grand public. Cet article propose une introduction à ces sujets pour que nous tous, géologues non pétroliers notamment, puissions communiquer quelques éléments simples et factuels sur la longue chaîne industrielle qui va du concept géologique à la pompe. Que sont les hydrocarbures? Les hydrocarbures, sous forme gazeuse, liquide, et parfois même solide, sont des produits se formant naturellement dans les bassins sédimentaires, c est-à-dire des dépressions dans l enveloppe la plus externe du globe terrestre, entre 0 et mètres de profondeur sous le niveau du sol ou sous le niveau de la mer. Mais quelle est l origine de ces hydrocarbures? Comme leur nom l indique, les hydrocarbures sont pour l essentiel constitués d atomes de carbone et d hydrogène. La molécule la plus simple combinant ces 2 éléments est le méthane (CH 4 ), qui est un gaz. Mais des molécules plus longues existent qui combinées avec de l eau et d autres éléments, forment la matière organique des êtres vivants : bactéries, algues, végétaux supérieurs, plancton, animaux marins et terrestres. Et c est ici que commence toute l histoire, véritable jeu de piste ou enquête policière, car c est cette matière organique qui est à l origine de tous les hydrocarbures. Celle-ci est particulièrement abondante dans 3 types de milieux : les lacs (principalement sous formes bactérienne et algaire), les mers et océans (phyto et zooplanc Not In My Backyard - Pas dans mon arrière-cour. 1. TOTAL, en charge de la formation Géosciences et réservoir. 2. Ancien enseignant IFP-School.

28 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 26 ton majoritairement), et les grandes forêts (végétaux supérieurs). Ces trois types de matière organique sont appelés types 1,2 et 3 par les géochimistes.à la mort des êtres vivants, cette matière organique s accumule sur le fond des lacs, des océans ou à terre dans des zones humides, après un transport plus ou moins long. À cette étape tout peut s arrêter, si cette matière est détruite par oxydation dans un milieu riche en oxygène (dit aérobie), ou si d autres animaux mangent ce qui s accumule. Les meilleures conditions de préservation se rencontrent dans des environnements pauvres, voire dénués d oxygène (dits anaérobies). Un autre phénomène favorable à la préservation de cette matière organique est son enfouissement rapide sous d autres matériaux (sédiments), ce qui la protège de l oxydation et de la voracité d autres organismes. La matière organique qui s accumule est rarement pure, mais mélangée avec des minéraux, tels que l argile, le quartz ou la calcite pour former un sédiment, qu on appelle une roche-mère dès que son contenu en matière organique est supérieur à 1% de la roche totale. Les valeurs les plus communes se situent entre 1 et 15%, mais certaines roches comme les charbons, peuvent contenir jusqu à 80% de matière organique. Au cours des temps géologiques (soit sur des durées de plusieurs millions d années), cette matière organique, encore à l état solide, est enfouie de plus en plus profondément, et portée à des températures de plus en plus élevées. En effet, dans le sous-sol, la température augmente de C en moyenne par kilomètre. Cet accroissement sur de grandes périodes de temps entraîne la rupture (le craquage) des longues molécules de matière organique initiale, pour former des chaînes de plus en plus courtes. Ce processus donne d abord naissance à des liquides (à partir de températures de 60 C en moyenne), puis à des gaz dès que la température dépasse 90 C, le terme ultime étant la molécule la plus courte précédemment évoquée : le méthane. Classiquement, une roche mère moyenne peut fournir entre 10 et 50 litres de pétrole par m 3. Est-ce à dire qu il ne peut pas se former de gaz à de plus basses températures? Et bien si, parfois, mais selon un processus tout à fait différent : c est la microfaune bactérienne vivant dans le sous-sol (parfois abondante jusqu à des profondeurs de 1 à 2 km) qui peut se nourrir de la matière organique solide, et relâcher des gaz, du méthane principalement. C est ce qu on appelle le gaz biogénique par opposition au gaz thermogénique généré par craquage thermique. C est un des processus de décomposition de la biomasse. A-t on à ce stade généré des gisements d hydrocarbures? Des gisements conventionnels, non, mais des gisements non conventionnels, oui. Découvrons dans le chapitre suivant ce qu on appelle classiquement des gisements (conventionnels) et pourquoi ceux-ci sont rares. Pourquoi ne trouve-t-on pas de gisements d hydrocarbures partout? Lorsqu on appuie sur un matériau poreux imbibé d eau, par exemple une éponge, le liquide qu il contient est expulsé. Ce phénomène peut se produire dans les rochesmères au fil des temps géologiques et est appelé migration primaire. En effet, au fur et à mesure que de nouveaux dépôts (sable, argile ) ont lieu dans des rivières, des mers, des lacs ou des déserts par exemple,le poids qui s exerce sur les niveaux sous-jacents augmente.si ces niveaux contiennent une roche-mère, cette pression est le moteur de l expulsion des hydrocarbures. En outre, la genèse des hydrocarbures s accompagne d une augmentation du volume des fluides dans le sédiment, ce qui induit une micro-fracturation naturelle dans la roche-mère, qui favorise leur expulsion. Que se passe-t-il alors? Le pétrole est plus léger que l eau, et le gaz encore plus. Comme dans une vinaigrette où les gouttelettes d huile ont tendance à remonter vers la surface, l huile ou le gaz expulsé de la roche-mère ont naturellement tendance à rejoindre la surface, pourvu que des vides connectés leur permettent de cheminer. Ces vides peuvent être dûs à l espace qui subsiste entre les cristaux ou grains des différentes roches (la porosité) ou à des fractures naturelles des roches. À la surface du globe, de nombreux lieux sont connus comme des sources naturelles de gaz ou de pétrole (Photo 1), et de tous temps les différentes civilisations ont utilisé les propriétés de ces hydrocarbures. Ce phénomène de déplacement est appelé migration secondaire. Si l huile ou le gaz rencontrent un obstacle, comme Photo 1. Source naturelle d huile lourde en Irak (source : Qusay Abeed et al., GEOFLUID-VII, 2012).

29 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées un niveau géologique imperméable, ils peuvent être bloqués.pour imager ce phénomène,inversons le sens du déplacement non plus du bas vers le haut mais du haut vers le bas, et prenons l exemple d une goutte de pluie. Si elle tombe sur un parapluie normalement ouvert,sa trajectoire sera déviée mais elle continuera sa chute un peu plus loin. Si elle tombe sur un parapluie posé au sol à l envers, elle sera piégée dans le parapluie. Reprenons maintenant le cheminement du bas vers le haut d une goutte de pétrole. Si celle-ci rencontre un niveau imperméable, elle va le longer vers le haut. Mais si ce niveau est incurvé et forme un dôme, la gouttelette peut se retrouver vraiment bloquée et sa migration s arrêter.ce type de piège,lié à la géométrie des couches géologiques, est appelé piège structural. Un autre type de piège peut exister, dit stratigraphique : pour des raisons généralement liées aux conditions de dépôt, une même couche peut contenir, localement, beaucoup d espace entre ses grains ou cristaux (la porosité), et pas du tout dans certaines zones, ce qui peut bloquer la migration. La zone dans laquelle s accumule l huile ou le gaz est appelée réservoir. Le volume piégé dépend de la porosité (qui peut varier de quelques % à plus de 25%) et de la géométrie du piège. La couche imperméable qui bloque la migration est appelée couverture. Celle-ci peut parfois perdre au cours du temps sa propriété de barrière à la migration. En effet, le volume bloqué sous cette couverture peut devenir suffisant pour que la force qu il exerce vers le haut (toujours cette différence de densité entre les hydrocarbures et l eau) provoque des fissures naturelles dans la couche imperméable. Le réservoir peut alors se mettre à fuir (on parle de migration tertiaire ou dysmigration). Pour qu une accumulation d hydrocarbure existe, il faut donc que soient réunies les conditions suivantes :l existence d une roche-mère,mature (suffisamment enfouie pour avoir généré des hydrocarbures),l existence de réservoirs (en connexion plus ou moins lointaine avec la roche-mère) zones poreuses, et perméables permettant de stocker et produire des volumes importants de gaz ou d huile, l existence d une couverture et celle d un piège. On parle de système pétrolier conventionnel. Mais cela ne suffit pas : il faut également que le piège se soit formé avant que n ait eu lieu la migration des hydrocarbures! Cette combinaison de conditions favorables n est pas si fréquente,ce qui explique la relative rareté des gisements d hydrocarbures et le faible taux de succès de l exploration (20%). Il arrive que du pétrole et du gaz soient encore présents dans la roche-mère, soit parce qu ils n ont pas été expulsés, soit parce qu ils l ont été incomplètement. C est typiquement ce que l on appelle huile ou gaz de schiste. Cette appellation est impropre car utilisée quelle que soit la nature de la roche-mère, le plus souvent argileuse. Dans ce cas, il n y a pas de migration secondaire, et la zone de stockage (le réservoir) est la même que la zone de genèse des hydrocarbures (la roche-mère) : on parle de système pétrolier non-conventionnel, par opposition au modèle classique décrit ci-dessus. Il n y a dans ces systèmes ni couverture, ni piège à proprement parler (Fig. 1). Ils sont donc beaucoup plus fréquents, mais par contre beaucoup plus chers à produire, nécessitant de créer ex-nihilo une perméabilité par hydrofracturation. Comment localiser les gisements? Les éléments constitutifs des systèmes pétroliers (roches-mères, réservoirs, couvertures), ainsi que les gisements (on appellera «gisement» toute partie de l écorce terrestre ayant piégé des hydrocarbures productibles) sont localisés dans le sous-sol à des profondeurs variables (jusqu à mètres). Ils ne sont donc pas directement observables et il a fallu mettre au point des techniques pour imager le sous-sol, ainsi que pour effectuer des forages profonds complétés par des mesures dans les puits, afin de reconstituer géométries et natures des sédiments au sein des bassins sédimentaires. La première technique est une méthode géophysique d imagerie profonde, la sismique réflexion. Celle-ci est très semblable dans son principe aux échographies médicales en particulier néonatales : une onde acoustique, d une fréquence généralement comprise entre 2 et Figure 1. Systèmes pétroliers : conventionnel (avec, dans cet exemple, un piégeage structural) et non conventionnels (Source Total). 27

30 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées hertz, est émise, soit près de la surface à terre, par un camion vibratoire ou par un tir à l explosif, soit dans l eau, en mer, par un canon à air. L onde acoustique se propage dans le sous-sol, mais une partie de son énergie se réfléchit et remonte vers la surface lorsqu elle rencontre une discontinuité physique (de vitesse et/ou de densité), comme par exemple des limites de couches sédimentaires. Des capteurs réceptionnent ces signaux en surface et leur traitement numérique permet d obtenir une image bi ou tridimensionnelle du sous-sol. Une limitation majeure de la méthode est la résolution verticale des couches qui n est que de 10 à 30 mètres en profondeur, compte-tenu des fréquences utilisées. Mais la sismique réflexion donne une image précise de la géométrie des bassins sédimentaires et du bébé recherché (le piège, donc le gisement potentiel) et permet ainsi de localiser au mieux les forages, seuls capable de confirmer ou non la présence d accumulations d hydrocarbures. Le forage d exploration pétrolière est similaire à tout autre forage. Les profondeurs de pénétration verticale peuvent atteindre 10 km sous le niveau du sol ou de la mer (Photo 2), et les trajectoires peuvent être complexes, avec parfois des déports horizontaux pouvant atteindre 12 km par rapport à l appareil de forage en surface. L examen des déblais de forage (quelques mm) permet d effectuer, en cours de forage, le suivi géologique : nature et épaisseur des couches traversées, contenu éventuel en hydrocarbures. Selon le cas, deux techniques de forage sont utilisées, permettant respectivement de récupérer, soit des carottes 3 (cylindres de roches dont le diamètre correspond à celui de l intérieur du tube de forage : forage dit carotté), soit des petits fragments des roches traversées (forage dit destructif). Aujourd hui et pour des raisons de coût moindre, en exploration conventionnelle c est le forage destructif qui est privilégié,le forage carotté n étant utilisé que lorsque l obtention de carottes s avère nécessaire. En exploration non Photo 2. Bateau de forage à positionnement dynamique (source Thierry Gonzalez, Total). conventionnelle (huile et gaz de roches mères) le carottage continu reste la technique primordiale d accès aux caractéristiques pétrophysiques intrinsèques, très médiocres, des roches par analyses de laboratoire postérieures (microscope électronique à balayage et scanner). Dans tous les forages,des outils sont descendus dans le puits en cours de forage, pour mesurer différents paramètres physiques qui permettent de décrire les roches traversées. Ces mesures sont appelées diagraphies ou logging. Les plus courantes sont : la radioactivité naturelle permettant notamment d identifier les niveaux argileux peu perméables, car les argiles peuvent contenir de l uranium, du thorium, ou du potassium, trois éléments très radioactifs ; la densité, permettant de repérer les niveaux poreux, donc les réservoirs potentiels ; la vitesse des ondes acoustiques qui permet à la fois d atteindre la porosité mais aussi de comparer les données de puits avec les données sismiques ; la résistivité, permettant l identification des niveaux poreux, ainsi que l identification et la saturation des fluides présents dans les sédiments : eau salée peu résistante, pétrole, gaz ou eau douce plus résistants. Pour plus de précisions, ces mesures sont combinées entre elles et des abaques ou des calculs simples permettent d en déduire les lithologies (calcaire, grès ), les valeurs de porosité, ainsi que les valeurs de saturation relative en eau, pétrole ou gaz présents dans les roches. La perméabilité, toujours difficile à atteindre par diagraphies, est en général obtenue par des essais qui consistent à faire produire le réservoir et mesurer les débits obtenus. Les données ainsi acquises sont ensuite intégrées dans des modèles numériques, soit à l échelle des bassins pour simuler la génération et la migration des hydrocarbures vers les réservoirs (modèles de bassin), soit à l échelle des gisements, ce qui est détaillé dans le paragraphe suivant. Comment produire au mieux? Lorsqu une accumulation d hydrocarbure est localisée, grâce à un puits dit d exploration, il faut tout d abord essayer de déterminer la quantité d hydrocarbures contenus (les ressources), et celle qu on peut espérer récupérer (les réserves), parfois très inférieure. Le taux de récupération peut varier de 10 à 70%, selon le type de fluides, de roches, et la complexité du gisement (une seule couche réservoir ou plusieurs, existence ou pas de compartiments étanches). Un ou plusieurs puits dits d appréciation sont nécessaires pour affiner l image que l on se fait du gisement. 3. Ces carottes représentent une part précieuse du patrimoine géologique d un pays. En France, l essentiel des carottes acquises lors des forages pétroliers par les différentes compagnies est stocké et géré à Boussens au Sud de Toulouse par la Société Technique Commingeoise.

31 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Pour estimer les ressources, il faut construire un modèle géologique 3D 4 du gisement, décrivant sa géométrie (à partir des données sismiques essentiellement). Ce modèle, dit «statique», doit aussi rendre compte de la distribution dans l espace des propriétés des roches (porosité, perméabilité). Ces données ne sont bien connues qu au niveau des puits (grâce aux diagraphies ou aux carottes), et extrapolées dans le reste du gisement. Ce travail est fait grâce à des modèles sédimentaires d une part (si l on sait que le sable rencontré au puits a été déposé dans le passé en bordure de mer, il n aura pas la même extension géographique ni la même homogénéité qu un sable déposé dans le lit d une rivière ou dans une dune d un désert par exemple), et à des outils géostatistiques d autre part. Ces modèles numériques peuvent contenir des millions de mailles avec des caractéristiques différentes, qui rendent compte d éventuelles hétérogénéités (failles, niveaux plus argileux qui constituent des barrières de perméabilité au sein du réservoir...). La quantité d hydrocarbures qui sera récupérée dépend du nombre et de l emplacement des puits dits de production qui seront forés, et de la façon dont les fluides vont circuler. Pour la calculer on doit simuler cet écoulement, en testant différentes hypothèses. Cette simulation du comportement du réservoir ne peut s effectuer sur le modèle géologique détaillé, car, en raison du grand nombre de mailles,chaque test prendrait plusieurs jours. Ce modèle est donc simplifié, tout en respectant les informations principales qu il contient : on obtient alors le modèle réservoir, dit «dynamique». Ces modélisations sont utilisées pour optimiser le développement des champs. Elles sont, en permanence, réactualisées pour prendre en considération les données issues de nouvelles campagnes de sismique réflexion, de nouveaux forages et mesures diagraphiques, mais aussi des historiques de production et des interférences entre puits. Il faut noter que la quantité que l on pense pouvoir récupérer n est qu un des éléments de l évaluation d un gisement. En effet son économicité dépend des conditions de marché du moment, des conditions fiscales du pays, de la facilité à y valoriser le produit, des contraintes locales à respecter. Les impacts environnementaux et sociaux d un éventuel développement du projet sont également pris en compte dès le départ. La production d un pétrole conventionnel est initialement possible grâce à l énergie naturelle présente dans le gisement.c est ce qu on appelle la récupération primaire, variable selon la densité de pétrole, et permettant de récupérer en moyenne 10% des volumes en place. Pour maintenir la production quand l énergie initiale décroît, des méthodes de récupération secondaire consistent à apporter de l énergie supplémentaire par injection d eau ou de gaz dans le réservoir, ce qui peut permettre de produire jusqu à 30% de pétrole supplémentaire. D autres techniques, dites méthodes de récupération tertiaire, accroissent la récupération en favorisant la mobilité des fluides en place. Conclusion Les acteurs de ces activités industrielles faisant appel aux géosciences et employant de très nombreux géoscientistes (géologues, géophysiciens, ingénieurs réservoirs) sont de deux types : les compagnies opératrices produisant des hydrocarbures, qui peuvent-être soit des compagnies nationales (par exemple Saudi Aramco en Arabie Saoudite), soit des compagnies privées (par exemple TOTAL, Engie, Perenco ou Maurel & Prom, pour citer les compagnies françaises), soit des compagnies mixtes (partenariats de fonds publics et privés), par exemple Gazprom ou Petrobras ; les compagnies de services qui assurent les acquisitions et traitement de données sismiques (par exemple CGG- Veritas, WesternGeco ou PGS ), les forages, les diagraphies, et le développement de logiciels pour les simulations numériques (par exemple Schlumberger ou Halliburton Baker Hughes). Notons que bien que n étant pas un grand pays pétrolier, la France compte un opérateur majeur (TOTAL), le plus gros contracteur de géophysique (CGG-Veritas), est à l origine de la compagnie de services intégrés Schlumberger et possède un très grand savoir-faire en Figure 2. Étapes de l exploration au développement et à la production des hydrocarbures (source Total) En trois dimensions.

32 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées développement (une des plus grandes entreprises du secteur est la française Technip). Les coûts des projets d exploration-production sont très importants (parfois plusieurs milliards de dollars), tout comme les délais associés. Typiquement, le délai entre la prise de domaine minier (sur lequel une compagnie peut opérer) et le premier puits d exploration est de l ordre de 2 à 5 ans, et celui entre une découverte quand elle arrive (un puits sur 4) et sa mise en production de 5 à 10 ans! Un champ peut ensuite produire pendant plusieurs décennies (Fig. 2). L étape ultime est la remise en état du site. Références Boy de la Tour X., Le pétrole. Au-delà du mythe. Éditions Technip, 176 p. Nouvelle approche pédagogique appliquée à la géologie dans l industrie pétrolière Dominique Dekeyser 1 ; Co-auteurs : Louai Machhour 2, Patrick Unternehr 3 et Aurélien Virgone Un monde en pleine mutation Le monde évolue très rapidement sous la férule de la révolution numérique, des nouveaux modes de communication et des méthodes de travail différentes qui en découlent. Désormais la question n est plus d épiloguer sur leur bien fondé mais sur la nécessité de s adapter, en temps réel, à ce monde en pleine mutation. Le numérique révolutionne notre quotidien. Son emprise est grandissante et connecte de plus en plus notre vie professionnelle à notre vie privée. Il suffit de constater autour de nous l abondance et la diversité des données multimédias accessibles à tous dans tous les domaines, que ce soit dans le travail, les loisirs, la santé, etc. La virtualisation est entrée dans les habitudes de la très jeune génération (jeux vidéo, réseaux sociaux) et son rôle ne fera que croître. Cette accélération est soutenue par les avancées considérables des nouvelles technologies permettant le développement de nouveaux outils interactifs, plus petits, plus efficaces et plus puissants. L innovation est sans limites. Simultanément les moyens de communication changent et permettent aujourd hui un accès instantané à l information. Des quantités gigantesques de connaissances, dont la réception et la diffusion s affranchissent désormais du temps, du lieu et du support, sont ainsi mises à la disposition de chacun, qui reste connecté avec les autres. Le partage de l information est un phénomène mondial qui oblige à repenser les différences culturelles et à intégrer d autres modes de pensée et de travail. Les méthodes de travail s adaptent par nécessité à ces évolutions. Demain le travail se fera en réseau avec plus de transversalité, plus de mobilité et moins de cloisonnement. Il en résulte un gain de temps et d efficacité,mais aussi une amélioration nécessaire des coûts et de la sécurité. Cependant, les quantités phénoménales de données, géoréférencées et accessibles en temps réel, sont aussi de plus en plus complexes à stocker, à traiter, à analyser et à interpréter. Le contrôle de leur qualité, de leur cohérence et de leur pertinence est très important et nécessite le renforcement de l esprit critique et de l esprit de synthèse. C est un enjeu majeur pour la formation car la tendance à gérer cette masse d informations par le «zapping» est forte. Un exemple d outil numérique appliqué à l industrie pétrolière En ce qui concerne la géologie, les médias contribuent largement à sensibiliser chacun de nous à la protection de notre planète Terre et de notre environnement. L accès à l information scientifique est démocratisé à travers des documentaires de vulgarisation très pédagogiques sur les sciences de la Terre (par exemple sur l extinction des dinosaures, l évolution de l homme, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, les changements climatiques, etc.). La géologie est aussi repositionnée au cœur d importants enjeux environnementaux (l eau, les énergies, les sols pour l agriculture, les matériaux de construction, les métaux rares pour l électronique, etc.). Pour faire face à ces nouveaux besoins, la géologie intègrera d autres techniques et outils, complémentaires, venus de métiers différents. Il faudra savoir travailler ensemble pour développer des synergies nouvelles. Dans 1. Total, Exploration, Pau. Mail : dominique.dekeyser@total.com 2. Total, Développement, Paris. Mail : louai.machhour@total.com 3. Total, Exploration, Paris. Mail : patrick.unternehr@total.com 4. Total, R&D, Pau. Mail : aurelien.virgone@total.com

33 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées cette société en pleine évolution, le monde académique a la lourde responsabilité de promouvoir les métiers de la géologie et de former les professionnels et les chercheurs de demain. Le développement de nouvelles formes d apprentissage, plus efficaces et plus motivantes, est une nécessité car le métier de géologue a un brillant avenir. Cette mutation de la géologie, est par exemple bien illustrée au sein de l industrie pétrolière où l on parle désormais de géosciences. Cette industrie est en effet soumise à des exigences majeures pour explorer et produire des gisements pétrolifères de plus en plus complexes qui nécessitent des technologies de plus en plus sophistiquées. Cette complexité exige de mieux expliquer et de mieux former pour mieux comprendre et mieux appliquer nos métiers. Exploration et tectonique des plaques Figure 1. L image de gauche montre la paléo-topographie du globe à un temps géologique choisi (ici ouverture de l Atlantique Nord au Crétacé il y a 120 Ma). Elle est, à droite, interactivement enrichie par la superposition en transparence des latitudes et d une carte paléo-climatique, par exemple la pluviométrie (source : Total). L exploration pétrolière consiste à rechercher les couches géologiques profondes favorables à la formation d un système pétrolier 5. Pour cela il faut identifier la présence de roches mères,de roches réservoirs,de roches couvertures, de pièges,l ensemble se mettant en place avec une certaine chronologie et dans des conditions bien spécifiques. Au cours de cette recherche, l explorateur doit comprendre les conditions dans lesquelles l accumulation, la préservation et l enfouissement de la matière organique se sont opérés, c est-à-dire reconstituer les environnements géologiques anciens. La formation de bassins sédimentaires favorables à ce processus est étroitement liée à la tectonique des plaques. En reconstituant l histoire de la planète, on peut imaginer l histoire de ces sédiments qui ont pu se déposer lors des derniers 600 Ma et qui sont désormais enfouis à des milliers de mètres de profondeur. Les sciences de la Terre et de la Vie sont étroitement liées car la présence de matière organique est fondamentale pour la formation du pétrole. La connaissance de la tectonique ne suffit pas, il faut aussi se représenter la vie, le climat et la géographie qui dominaient en ces âges lointains. Ce voyage dans l espace et dans le temps est difficile à imaginer. Les représentations interactives en 3D des cartes paléogéographiques permettent de mieux l appréhender (Fig.1). Les analogues terrain et le réservoir Lorsque l explorateur a découvert un gisement pétrolifère profond, il faut être capable de prédire la quantité d hydrocarbures accumulée et celle que l on peut récupérer lors de la production du champ. Ce dernier, s étendant sur plusieurs km 2, est souvent géologiquement complexe et les observations sont indirectes (diagraphies, sismique, essais de puits) et sujettes à interprétation, ou directes, mais laconiques (carottes). À partir de ces quelques données, il est bien difficile d imaginer la variation dans l espace et dans le temps de ce corps sédimentaire et d en créer un modèle numérique capable de prédire le comportement du ou des réservoirs au cours de l exploitation. De surcroît, ces diverses données, acquises par autant de spécialités, présentent des résolutions et des échelles très différentes, difficiles à interpréter et à mettre en cohérence. À la faveur des chaines de montagnes, certains réservoirs profonds se trouvent soulevés et ramenés en surface. Pour mieux comprendre un réservoir, on cherche alors à l affleurement des objets géologiques semblables afin d extrapoler les observations de surface aux roches profondes. L étude de la nature des roches (lithologie), de leur superposition (stratigraphie), des fossiles contenus (paléontologie), de leurs déformations (structurale), menée sur le terrain (et en laboratoire), demeure ainsi fondamentale. Avec les outils numériques, les observations à différentes échelles sont facilement accessibles, superposables et comparables. On peut montrer la logique de la continuité depuis la chaine de montagne jusqu à la lame mince. Les nouveaux outils de travail interactifs et mobiles permettent d enrichir les observations sur site et les travaux en salle et de mieux intégrer ces données hétérogènes. Les affleurements (visite virtuelle ou immersive des affleurements en 3D) peuvent être clairement documentés, donnant ainsi une plus-value didactique et synthétique importante aux travaux réalisés (Fig.2) Voir l article de V. Védrenne & A. Mascle dans ce même numéro.

34 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées prédire les variations qualitatives du réservoir (amélioration ou dégradation). On pourra, dans ce cas, rechercher des conditions de dépôts actuels semblables, aidés par la sédimentologie et la géomorphologie. C est un analogue moderne qui, sans être tout-à-fait identique aux environnements passés,sera suffisamment comparable pour aider à représenter le réservoir profond avec toutes ses hétérogénéités. Ici aussi l interactivité apporte une dimension nouvelle pour étudier le terrain en détail, de l affleurement jusqu à la lame mince (Fig.4),tout en ayant accès,en un clic,à une importante documentation numérique. 32 Figure 2. Il s agit ici d un site le long de la Route géologique trans-pyrénéenne (Vallée d Aspe) montrant un sommet d âge Jurassique. Ce terrain est utilisé comme un analogue affleurant du réservoir profond du champ gazier de Lacq (Béarn). Pour faciliter la lecture du paysage, la photo peut être interactivement enrichie par la description géologique (détails stratigraphiques et lithologiques) et des vidéos éducatives (source : Total et Geolval 6 ). Légende : H : Marnes noires. A : Argiles bariolées - Ophites. B : Calcaires beiges et marnes. C : Calcaires noirs à algues. D : Calcaires gris et dolomies noires à odeur fétide. E : Alternance de calcaires et de marnes noires. F : Dolomies noires. G : Grès rouges - Bauxite. L organisation interne des roches anciennes reste un précieux témoignage fossilisé des environnements de dépôt et de la séquence des sédiments, même si les mouvements tectoniques ont affecté la structure par la suite. La recherche d analogue ancien sur le terrain permet de comprendre la géométrie tridimensionnelle du réservoir profond, ainsi que son évolution dans le temps et d observer les barrières géologiques qui sont autant d obstacles à l écoulement des fluides. L affleurement permet aussi de comparer et calibrer les données acquises à différentes échelles par les diagraphies ou les carottes lors des forages ou encore par la sismique lors des campagnes géophysiques et ainsi de valider les interprétations qui en sont faites. Ces informations peuvent être synthétisées et virtualisées à l échelle de l affleurement (Fig.3). Dans d autres cas, l analyse de la répartition spatiale des sédiments et de leurs caractéristiques sera importante pour Formation et partage de la connaissance en interne Le travail en équipe intégrée se généralise et doit sa richesse au mélange des cultures métiers, des cultures nationales, voire des cultures générationnelles. Cette diversité multiculturelle exige une bonne compréhension mutuelle, c est-à-dire comprendre le rôle de chacun dans sa discipline. La géologie n est pas facilement accessible aux non spécialistes Figure 3. Sur cet affleurement d âge Crétacé, la superposition par transparence d une section sismique (ou d une diagraphie acquise par forage) permet de visualiser les domaines d application, la pertinence et les limites des différents outils utilisés pour l étude des réservoirs profonds d un champ pétrolier voisin (source : Total et ADMA 7 ). 6. GEOLVAL, association géologique dans les Pyrénées Occidentales, Pau, France ( ou admin@geolval.fr). 7. Abu Dhabi Marine Operating Company.

35 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées mais, avec des explications visuelles simples et dynamiques, il devient plus facile de faire comprendre les enjeux de la géologie dans les processus Exploration-Production. L image est plus explicite que le mot, qui est souvent emprunté au jargon professionnel. Sur le terrain, les outils interactifs et multimédia sont de remarquables supports de cours. La visualisation en 3D apporte une perception nouvelle de la géométrie des objets géologiques, mais aussi sur la façon dont les disciplines interagissent et se complètent. Outil très utile pour le formateur, c est également un outil de travail pour le stagiaire, destiné à faciliter l acquisition des principes naturalistes fondamentaux que sont l observation, l analyse, l interprétation et la validation. La formation peut-être tutorée, mais aussi se faire en auto-formation car l utilisateur peut facilement revenir sur des images et comparer des concepts qui lui permettent d avancer dans son apprentissage plus efficacement. En capitalisant les données de terrain, il devient possible de créer des bases de connaissance accessibles à tous et de compiler des documents de travail géoréférencés sur diverses thématiques. Par ailleurs l observation sur le terrain est parfois compromise par les conditions climatiques ou les accès restreints (par exemple des zones à risques ou des coûts de déplacements élevés vers des destinations lointaines), la visite virtuelle d un site permet de compenser ces aléas contraignants (Fig.5). Figure 4. Le changement interactif des échelles d observation permet d emboîter dynamiquement les niveaux d étude du plus grand (vue satellite) au plus petit (vue microscope) et d expliquer le long d un circuit géologique (République de Djibouti) la formation des dépôts lacustres, de façon très pédagogique et détaillée (source : Total). Conclusions : les enjeux d une pédagogie innovante Nous avons vu que, dans l industrie pétrolière, les métiers des géosciences sont de plus en plus complexes et de plus en plus intégrés. La communication joue désormais un rôle important. En d autres termes, le savoir-faire ne suffit plus, il faut aussi le faire savoir. En réalité la communication, l information et la formation sont les différentes facettes d un même processus : le partage de la connaissance. Cette mission est aujourd hui grandement facilitée par les nouveaux outils numériques et la mise en place d une pédagogie innovante.dans l industrie pétrolière, cette perspective répond à des enjeux internes et externes majeurs. Les enjeux internes consistent à fournir des bases de connaissance sélectives, interactives, très visuelles, synthétiques et rapidement accessibles à tous les collaborateurs (Fig. 6). Par exemple, cette approche permet aux jeunes embauchés d y trouver des informations techniques pratiques ou encore aux managers d y trouver des explications simples. C est un nouvel accès à différents niveaux de savoirs, non plus linéaires mais emboités, modulables et adaptables en fonction des besoins de chacun, du lieu et du moment. Les nouveaux outils facilitent le partage et la transversalité interne interdisciplinaire, et améliorent la communication interne entre les différentes entités. Figure 5. Les photos prises en rafale par un drone ont été traitées ici pour reconstituer l affleurement d une carrière en 3D (photogrammétrie). Ceci permet de s orienter dans l espace et de visiter virtuellement des endroits difficilement accessibles (lointains ou dangereux) (source : Total). 33

36 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Figure 6. L accès à l information technique interne est facilitée par les outils interactifs et mobiles qui sont très intégrateurs (source : Total). Chez les stagiaires, l interactivité permet de transmettre le savoir différemment des formations classiques, en adaptant des méthodes plus dynamiques et plus collaboratives pour des travaux en salle et sur le terrain. Il est toutefois important de concevoir les formations selon un scénario pédagogique adapté à l apprentissage virtuel, voire immersif, pour permettre de devenir opérationnel plus rapidement. Un des enjeux externes consiste à mieux faire connaître les compétences industrielles du Groupe auprès des partenaires qui sont généralement les compagnies nationales des pays hôtes. En effet, la compétition est rude et le savoir-faire technologique est un atout important pour développer des collaborations techniques et commerciales. Ces nouveaux outils pédagogiques sont des vecteurs de communication importants, en quelque sorte des vitrines technologiques très appréciées. Un autre enjeu externe consiste à mieux expliquer les activités des compagnies pétrolières afin d être mieux compris du grand public et donc être mieux accepté. En effet, une opinion publique mal informée peut avoir des conséquences désastreuses sur la réalisation d un projet si l impact social et environnemental est mal perçu. Par ailleurs les compagnies ont un devoir de communication pédagogique afin de promouvoir les géosciences et inciter de nouvelles vocations vers les métiers du pétrole. Ceci se fait par des partenariats académiques et des échanges avec les associations professionnelles, par exemple avec la SGF ou avec GEOLVAl qui promeut le géotourisme. Aujourd hui le pouvoir de la science ne réside plus dans la rétention de l information mais dans son accessibilité et le partage de la connaissance. Aménager et construire : quels repères de géotechnique à transmettre à un large public? Marc Brisebarre 1, Denis Fabre 2 et Joëlle Riss Introduction Quelle représentation peut se faire un large public d un géotechnicien et plus généralement de la géotechnique alors que, au cours de ses allers et venues, il a pu longer de multiples barrières sur lesquelles est écrit «chantier interdit au public»? Peut-il imaginer que, pour tout chantier relevant de la construction et de l aménagement, une approche de géologie de l ingénieur est fondamentale, nécessaire et qui, plus est, utile? Comment peut-il réaliser que la connaissance et la prise en compte de l histoire géologique des terrains concernés par un ouvrage conditionnent pour une très grande part la réussite de sa réalisation, le tout dans une optique de développement durable et raisonnable? Qu est-ce que la géotechnique? La géotechnique est la science de l interaction des ouvrages avec leur environnement, le plus souvent naturel mais aussi très souvent anthropique, particulièrement en site urbanisé. La géotechnique est aussi un art ; art de combiner les observations et données naturalistes et les résultats de calculs déterministes ou de modélisation. L objet de la géotechnique est d étudier l interaction du sol et des ouvrages qu il supporte ;le mot sol est employé ici au sens courant d enveloppe superficielle de la Terre (qui peut varier de quelques mètres pour certains bâtiments légers à plusieurs kilomètres pour des ouvrages tels que des tunnels dans des massifs montagneux) et non au sens plus restreint de matériau meuble,par opposition à roches,qui est 1. Ingénieur - expert en retraite de Ginger-CEBTP. 2. Professeur émérite au CNAM. 3. Professeur émérite de l Université de Bordeaux.

37 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées un matériau résistant et à forte cohésion. La géotechnique comprend donc la mécanique des sols et la mécanique des roches ;sols et roches renvoient ipso facto aux sciences de la Terre. La géotechnique est d ailleurs considérée par certains comme une branche des sciences de la Terre. Les ouvrages concernés sont de tout type :bâtiments,ouvrages d art, tunnels,barrages,cavités souterraines,digues, terrains de sport, mât support d antennes ou de pylône etc. ; il y a lieu d y inscrire aussi les terrassements («ouvrages négatifs»). L interaction exprime le fait que le sol n est pas un simple support passif et que la construction ou l aménagement projeté vont le déformer ou le modifier ; il y a nécessairement une modification de l état initial du site et cette modification peut perdurer tout au long de la vie de l ouvrage.elle peut prendre plusieurs formes :tassement vertical, glissement de talus, redistribution des contraintes dans les terrains encaissant l ouvrage,modification des écoulements souterrains avec éventuellement abaissement ou élévation du niveau de la nappe phréatique, etc. Cette modification, de plus, ne va pas toujours se limiter à l emprise de la parcelle concernée par le projet ; elle peut affecter aussi le voisinage,notion contenue dans le mot usuel de «site» ; le volume de terrain susceptible d être impacté par le projet se nomme précisément «Zone d influence géotechnique (ZIG)». Pour tout projet, le géotechnicien doit prendre en compte cette ZIG. Si, par exemple, un projet nécessite de terrasser le pied d un talus, il faut se demander si le talus ne risque pas d être déstabilisé :la ZIG s étendra donc au talus et à toute la zone amont. Comment le géotechnicien procède-t-il? Généralités Supposons qu un géotechnicien soit sollicité pour la construction d un bâtiment (une superstructure). Son intervention pourrait, à titre d exemple, se dérouler de la manière suivante. Au bureau, il va recueillir un maximum de données sur le contexte géologique prévisionnel ; examen de la carte géologique, consultation des bases de données relatives aux données du sous-sol 4, aux risques naturels 5 et, plus généralement, consultation de tout document ou site internet jugé intéressant. Il doit également s informer sur les contraintes environnementales existantes qui pourraient être opposées à son projet ; elles sont nombreuses et demandent à être prises en compte très en amont du projet. Cette première approche permet au géotechnicien de s approprier des éléments existants qu il doit compléter lors de la deuxième étape. Elle lui permet aussi de s assurer, dans une certaine mesure, de la faisabilité du projet. Le géotechnicien se rend sur le site pour examiner la topographie,la végétation,le bâti environnant. À cette occasion, un regard naturaliste est nécessaire. L observation de l environnement du site telle que peut la faire un ingénieur géologue, est essentielle à la compréhension des éventuels aléas géologiques qu il devra avoir en tête lors des étapes ultérieures de développement de son projet. Il fait ensuite la synthèse de l ensemble des informations recueillies dans les phases précédentes. En les confrontant aux informations que son client lui a communiquées sur le projet, il peut établir et chiffrer, un programme de reconnaissance en ayant à l esprit les hétérogénéités potentielles du site. Pour bâtir ce programme (ou pour convaincre un client peu enclin à investir dans une étude géotechnique adaptée), il peut utiliser les «Recommandations sur la consistance des investigations géotechniques pour la construction de bâtiments», élaborées par l Union Syndicale Géotechnique (USG) en et qui donnent le contenu des investigations souhaitables au niveau de l étude géotechnique d avant-projet (AVP), pour des ouvrages courants situés dans un environnement géotechnique sans difficulté particulière. Ces recommandations proposent de décomposer un projet en six ouvrages élémentaires possibles : ouvrages interférant avec les eaux souterraines, terrassements, fondations superficielles et profondes, assises de dallage ou voirie, soutènements < 5 m, stabilité des talus < 5 m ; les investigations souhaitables sont données par ouvrage élémentaire. Ainsi,pour l ouvrage élémentaire «fondations superficielles et profondes», le programme de reconnaissance varie selon la nature des constructions (bureaux ou habitations de surface au sol inférieure ou supérieure à 50 m 2, bâtiments industriels de surface inférieure à m 2 et lotissements), ainsi qu avec la profondeur prévisionnelle des fondations (superficielles, profondes, semi-profondes, ou encore avec radier 7 ou aire de stockage à proximité). Selon le cas, on combine tout ou partie des techniques de reconnaissance géologique, de détermination de caractéristiques géotechniques in situ, d essais piézométriques ou par cellules de pression interstitielle (CPI) et d essais en laboratoire. Vient ensuite la réalisation de la phase de reconnaissance. Cette phase est très importante, voire la plus importante, car c est d elle que dépendront les recommandations pour la réalisation de l ouvrage tenant compte de toutes les observations et contraintes qui auront été identifiées. Finalement, le géotechnicien fait la synthèse des données et rédige son rapport Le site donne un accès direct à l ensemble de ces bases. 6. Consultables sur le site u-s-g.org/datas/recommandations,pdf 7. Fondation constituée par une dalle en béton armé couvrant la totalité de l emprise au sol de la construction.

38 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 36 Reconnaissance géotechnique Une reconnaissance géotechnique (voir ci-dessus) se compose généralement d investigations in situ et d essais de laboratoire. Les investigations in situ peuvent être variées : mesures géophysiques, fouilles manuelles pour l examen de fondations, sondages de sol, reconnaissances hydrologiques et hydrogéologiques, etc. Nous traiterons ici uniquement des sondages de sol, car ils constituent l essentiel des investigations réalisées par les géotechniciens dans le cas d ouvrage de subsurface. Notons que pour des ouvrages au rocher et profonds, l étude est plus complexe : des prospections géophysiques combinées avec des sondages et une étude hydrogéologique détaillée s imposent alors naturellement, dans bien des cas. Pour le grand public, sondage est souvent synonyme de carottage, c est-à-dire prélèvement d échantillons intacts de sol. En fait, eu égard à son prix, relativement élevé, le carottage n est pas le type de sondage le plus employé et on utilise souvent des sondages semidestructifs (à la tarière), ou destructifs avec mesure des paramètres du forage (diagraphies instantanées), complétées éventuellement par des mesures en sondage (diagraphies différées). En outre, dans ces sondages semi-destructifs ou destructifs, on peut descendre une sonde pressiométrique pour mesurer certaines caractéristiques mécaniques du sol (pression limite, module pressiométrique) qui serviront à déterminer l aptitude des terrains à supporter l ouvrage sans risque. Il n en demeure pas moins que les sondages carottés sont nécessaires lorsque les projets sont importants (tunnel sous recouvrement important ou urbanisé, bâtiment avec un grand nombre de niveaux enterrés,etc.) ou bien,quel que soit le projet,lorsque le contexte géologique est particulièrement compliqué. Un exemple de sondage avec diagraphies instantanées (appelé sondage destructif enregistré) est donné figure 1. Le paramètre le plus significatif est la vitesse d avancement, exprimée ici sur une échelle de 0 à m/h. Il s agit de la vitesse de descente de l outil désagrégateur : plus cette vitesse est élevée et plus le terrain est mou. Sur la colonne «Vitesse d avance» de la figure 1, on repère deux zones présentant des vitesses relativement élevées : la première, entre 0 et 6 m, correspond à des terrains remblayés d une ancienne carrière à ciel ouvert de gypse (première masse de gypse) et la seconde, entre 12,80 m et 17 m, à une carrière souterraine remblayée de la seconde masse de gypse. Par contre, la vitesse d avancement est faible dans la partie marneuse, entre 6 et 12 m, intercalée entre les deux masses de gypse. Les informations issues des différents sondages ont pour fonction, en complétant les données observées en surface à l affleurement, d estimer l organisation spatiale et certaines propriétés physiques ou mécaniques des terrains constituant le site. Les essais de laboratoire sont relativement chers et complètent éventuellement les résultats précédents. Ils sont nécessaires pour obtenir une modélisation réaliste du comportement de l ouvrage (cela aurait pu éviter, en son temps, que la tour de Pise ne penche!). Il en existe une grande variété, comme la classique analyse granulométrique ou l essai œdométrique destiné à affiner la prévision des tassements. Dans le cas de travaux au rocher (roche dure sous les formations superficielles), des essais de compression simple ou triaxiale, des essais de cisaillement, etc. seront le plus souvent nécessaires pour les calculs de stabilité et la modélisation du comportement des ouvrages. Rapport géotechnique La synthèse des données obtenues lors de la reconnaissance, effectuée lors de la rédaction du rapport géotechnique,est souvent délicate à faire car le sol est rarement homogène, isotrope et continu, ce que le géologue sait parfaitement, mais il faut se souvenir que chaque site d étude constitue un cas particulier! Les sondages étant par essence des investigations ponctuelles, il faut donc interpoler les caractéristiques géologiques entre les points de sondage. De manière analogue, il faut avoir un regard critique sur les essais de laboratoire, car ils se font sur des quantités de sol très faibles (3 à 4 kg pour une analyse granulométrique dans un sol limono-sableux ou bien quelques centaines de grammes pour un essai œdométrique,quelques éprouvettes cylindriques pour des essais de compression). On comprend dès lors l intérêt de soigner les phases préparatoires et la compréhension géologique globale du site (visite de terrain, consultation des documents, connaissance de sites analogues.) et,pour certains ouvrages,l intérêt qu il y a à continuer l observation naturaliste au cours des travaux ; on parle, dans ce cas, de méthode observationnelle. Le nécessaire recul par rapport aux résultats des sondages et essais est reconnu par l Eurocode 7 8, norme européenne de conception et de dimensionnement des ouvrages géotechniques. Dans sa 1 ère partie de «Règles générales», publiée en 1996, il est stipulé 9 que «Les propriétés des massifs de sols ou de roches, telles qu elles sont quantifiées pour les calculs de conception par des paramètres géotechniques, doivent être déduites des résultats des essais, soit directement, soit par des corrélations, des théories ou des raisonnements empiriques, ainsi que d autres données pertinentes». Tout cela ne peut se faire 8. Eurocode 7 : Calcul géotechnique. Partie 1 : Règles générales. Partie 2 : Calcul sur la base d essais de laboratoire. Partie 3 :Calcul sur la base d essais en place. 9. En particulier au paragraphe

39 géotechnicien, il existe aujourd hui une nouvelle mouture de la norme sur les missions géotechniques 10, qui réorganise les missions géotechniques afin d en faciliter l applipédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Figure 1. Sondage destructif enregistré à Paris 18 ème. Les 4 paramètres enregistrés sont, de gauche à droite : la vitesse d avancement (sur une échelle de 0 à 1000 m/h), la pression sur l outil (sur une échelle de 0 à 100 bars), la pression d injection (sur une échelle de 0 à 100 bars) et la pression de rotation (sur une échelle de 0 à 200 bars), (document GINGER CEBTP). raisonnablement que si la nature géologique des sites, au sens le plus large du terme, est prise en compte. Afin de clarifier ce qu un client peut demander à un Norme NF P du 3 novembre 2013, intitulée Missions d ingénierie géotechnique Classification et spécifications (consultable sur le site de l AFNOR).

40 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées 38 cation et dont l objectif est de préciser le contenu et l enchaînement des missions (G1 à G5) réalisées par le géotechnicien 11. Elle le fait en se calquant sur la loi MOP 12, plus précisément sur son titre II portant sur la maîtrise d œuvre. Il s agit de faire en sorte que les études géotechniques se succèdent en s affinant au fur et à mesure qu un projet évolue et se précise, ce qui est dans l intérêt non seulement des géotechniciens, dont les responsabilités sont ainsi mieux définies, mais, plus généralement, de tous les intervenants, car l objectif final est de limiter les incertitudes d ordre géotechnique, donc les surcoûts et les sinistres éventuels. Exemple d étude géotechnique : réhabilitation d un ensemble de bâtiments existants Cet exemple concerne la Cité des électriciens, à Bruay-la-Buissière (62), la plus ancienne cité minière du Nord-Pas-de-Calais (Photo 1), bâtie entre 1856 et Elle s étend sur près de m 2 et comportait à l origine 62 logements, dont 43 subsistent aujourd hui. Elle a servi de décor au film «Bienvenue chez les Ch tis», sorti en 2008, puis a été inscrite à l inventaire des Monuments historiques en novembre 2011, avant d être classée au patrimoine mondial de l humanité par l UNESCO en juin Le sol est constitué par la craie, recouverte d un voile de limon, roche constituée de grains compris entre 2 et 63 microns. La craie a été exploitée en souterrain sous une grande partie de la Cité des électriciens. Les carrières, dont le toit (lorsqu il n est pas effondré) se situe entre 4 et 5,5 m de profondeur et le sol entre 6 et 8 m, sont dans un état de dégradation avancé (toit effondré ou très disloqué). Photo 1. Ruelle de la Cité des électriciens avant travaux (cliché Marc Brisebarre). Faisant suite à différentes études, une reconnaissance très fournie a été conduite en 2012, comprenant à la fois des sondages (382 sondages destructifs enregistrés d une profondeur de 12 à 15 m, 4 sondages destructifs enregistrés avec essais pressiométriques d une profondeur de 25 à 30 m et 4 sondages à la tarière de 8 m) et 27 fouilles manuelles pour la mise à jour des fondations. Il est clair que l enjeu que constituait la réhabilitation du patrimoine de la Cité des électriciens demandait à ce que le risque soit minimum et qu en conséquence l aléa lié à la présence des carrières souterraines, dont les plans avaient disparu en grande partie, devait être diminué. Les sondages ont permis de préciser l extension des carrières et ont confirmé leur état de dégradation avancée. Ceux qui avaient traversé des vides importants avaient été réalésés afin de permettre la descente d une caméra vidéo et d un télémètre laser. La figure 2 fournit un exemple de cette inspection : la photo, prise vers le S-SW, montre le départ de deux galeries (une première galerie à gauche et une seconde au centre) ; au droit du sondage le toit de la carrière se trouve à 5,6 m de profondeur et le sol à 7,1 m. Le schéma, replacé sur une rose des vents avec une échelle graduée en mètres, montre l extension horizontale de la cavité directement accessible depuis l axe du sondage sous forme d une plage bleue ; les deux branches de cette plage correspondent aux deux galeries visibles sur la photo. Quant aux fouilles, elles ont mis en évidence le caractère fragile des ouvrages, puisque les murs, en maçonnerie de briques, étaient simplement ancrés de quelques décimètres dans le sol. La conclusion de cette étude d avant-projet était qu il fallait conforter les carrières par injection et éventuellement reprendre en sous-œuvre les bâtiments par micropieux. Pour les injections, le maître d ouvrage a missionné le géotechnicien qui avait réalisé l étude pour assurer toutes les missions suivantes prévues par la norme, depuis la rédaction du CCTP (Cahier des Clauses Techniques Particulières) permettant la consultation des entreprises, jusqu au suivi puis au contrôle des travaux. Ces injections se sont achevées en novembre La reprise en sous-œuvre a finalement été écartée par le géotechnicien, car elle aurait pu provoquer d importants désordres dans des bâtiments déjà très fragiles. De plus, comme le projet d aménagement (salles d exposition, de réunion, lieux de vie pour artistes, etc.) ne prévoyait aucune nouvelle surcharge du soubassement, il a été décidé que des injections de traitement menées avec d infinies précautions dans les terrains de recouvrement des carrières devraient être suffisantes pour empêcher la survenue de tassements importants. 11. Missions géotechniques de la norme AFNOR : G1 (Étude géotechnique préalable), G2 (Étude géotechnique de conception, avec plusieurs étapes conduisant de l avant-projet au projet et à la rédaction du dossier de consultation des entreprises), G3 (Étude et suivi géotechnique d exécution), G4 (Supervision géotechnique d exécution), G5 (Diagnostic géotechnique). Les missions G3 et G4 se font en parallèle, tandis que G5 porte sur l étude d un élément géotechnique spécifique avant, pendant ou après construction, et avec ou sans sinistre. Toutes les missions, sauf la G4, peuvent s appuyer sur des investigations in situ et des essais de laboratoire. Si la mission G5 conduit à réaliser des travaux, ceux-ci seront étudiés en suivant l enchaînement précédent des missions : G1 G2 G3 / G Loi n du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d œuvre privée.

41 pédagogie de sensibilisation aux sciences de la terre appliquées Figure 2. Inspection télévisuelle avec mesure au télémètre dans un sondage traversant une ancienne carrière de craie à Bruay-la-Buissière (document GINGER CEBTP). Conclusion Le géotechnicien doit fournir au constructeur des données précises sur le sol (niveau des plus hautes eaux, valeur du tassement des fondations, coefficient de sécurité d un talus vis-à-vis du glissement, etc.). Or le sol, qui n est ni homogène, ni isotrope, ni continu, est toujours imparfaitement connu : rapportés à l échelle d un projet, les sondages ne sont que des coups d épingle. Un maître d ouvrage n a donc jamais intérêt à économiser sur l étude géotechnique, dont le montant, dans tous les cas, demeurera très faible par rapport au coût global du projet, Une étude bien conduite par un géotechnicien-géologue sera ainsi pour lui source d optimisation. 39

42 Pendant que Desautels prophétisait la fin des collections de minéralogie, une vague de fond, portée par des amateurs de plus en plus nombreux, allait mettre la collection de minéraux au goût du jour. Avec pour conséquence une multiplicité de collections privées accessibles au public. L exemple marquant, par son gigantisme, est la collection Pohl-Ströher qui est visible dans le musée Terra Mineralia inauguré en octobre Ce musée occupe une bonne partie du château de Freudenstein à Freiberg (Allemagne). Par sa surface d exposition, il s impose comme le plus grand de l histoire des collections de minéraux ouvertes au public. Le dernier exemple en date est le MIM inauguré en octobre 2013 à Beyrouth (Liban). À plus d un titre, par la qualité des minéraux, la présentation, l utiliquel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Une collection de minéraux universitaire, de la Sorbonne à l UPMC. Quelle pédagogie pour sensibiliser le public? Jean-Claude Boulliard «Un musée n est pas un établissement scolaire» (Jacques Deferne, Muséum d Histoire naturelle de Genève). Introduction La collection des minéraux de l UPMC (Université Pierre et Marie Curie) a été créée en 1809, au sein de la Faculté des Sciences de Paris à la Sorbonne. Elle fait partie de ces collections historiques, nées dans la seconde moitié du XVIII e siècle et au cours du XIX e siècle, dans les écoles, les universités et les muséums. Leurs missions étaient avant tout éducatives. Il s agissait de montrer les productions du monde minéral aux étudiants principalement, mais aussi, pour les muséums, de toucher un public plus large. Accessoirement, elles étaient des supports à la recherche (bien que les chercheurs préfèrent constituer leur propre collection de recherche qui, à terme, rejoint ou pas, la collection de l établissement). Que sont devenues ces collections, quel constat peut-on établir en ce début du XXI e siècle? L hécatombe du XX e siècle Les collections anciennes ont été largement tributaires des disciplines enseignées dans les établissements qui les accueillaient. Si la minéralogie et la cristallographie ont été des disciplines largement enseignées au XIX e siècle, il n en a pas été de même au XX e siècle où elles ont régressé ou, au mieux, se sont transformées. Ce déclin a été long et inexorable. En 1983, Paul Desautels ( ), conservateur de minéralogie à la prestigieuse Smithsonian Institution à Washington écrivait encore : «mineral museums were, and are still, sick.there are deathly sick Science had moved off and left them» ( les musées de minéraux ont été et sont encore malades. Mortellement malades. La science s en est allée et les a abandonnés). Les conséquences de ce déclin ont été diverses. Dans le monde germanique, les universités ont toujours été sensibles à leur patrimoine et les collections ont pour la plupart survécu ; au pire, elles sont devenues accessoires ; au mieux, elles sont restées en état et ont pu prospérer plus ou moins. Un bon exemple du premier cas est celui de la collection de l université de Munich. La salle de présentation des minéraux, proprement dite, minuscule, occupe une centaine de mètres carrés, avec quelques dizaines de spécimens, en général de grandes dimensions. D extraordinaires argent de Kongsberg, platine de l Oural et phosphophyllites d Hagendorf y côtoient des spécimens de qualité moyenne. Ces spécimens laissent entrevoir la richesse de cette collection (dont l essentiel est en réserve). D autres minéraux sont présentés dans d autres espaces (plusieurs centaines de mètres carrés) à vocation didactique. Ils servent d illustration à leur utilisation, comme les minéraux de la mine d Hagendorf pour la porcelaine, par exemple. Des phénomènes comme la biréfringence et la polarisation chromatique sont présentés par des manipulations presse-bouton. Un bon exemple du second cas est celui de la collection de la Bergakademie de Freiberg qui semble être restée «dans son jus» depuis sa fondation au XVIII e siècle (1765). En France, le statut du patrimoine universitaire a été flou et de nombreuses collections ont disparu ou bien ont régressé. Il n en est pas mieux ailleurs. Le point d orgue, l exemple emblématique de l hécatombe des collections de minéralogie, est donné par la dispersion, en octobre 2006, d une grande partie de la collection de l Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie. Constituée à partir de la fondation de l Académie en 1812,elle résumait à elle seule près de deux siècles de la minéralogie étatsunienne : son importance historique était considérable, mais la minéralogie n était plus pratiquée dans cet établissement. La renaissance 1. Directeur de la collection des minéraux de l Université Pierre et Marie Curie (UPMC). Case courrier 73, 4 place Jussieu, Paris cedex 05.

43 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme sation des moyens informatiques, ce musée dépasse tout ce que l on connaît en matière de collection de minéralogie à travers le monde. Une collection rescapée Cette vague de fond va certainement, à terme, aider les autres collections institutionnelles. D ici là, interrogeons-nous sur les facteurs qui ont permis à une collection de laboratoire «ancienne», comme celle de l Université Pierre et Marie Curie, de survivre et de prospérer. Le premier facteur est la permanence d un enseignement en adéquation avec elle. Le laboratoire dont dépend la collection s est successivement intitulé Laboratoire de Minéralogie, Laboratoire de Minéralogie-Cristallographie (LMCP à partir de 1948) et enfin Institut de Minéralogie et de Physique des Milieux condensés (IMPMC, depuis 2005). À cela s ajoute l hébergement de la Société française de Minéralogie et Cristallographie (SFMC). Le deuxième facteur tout aussi important est l attachement des directeurs et membres du laboratoire à sa préservation. Lors des évènements de mai 1968 à la Sorbonne, le laboratoire et sa collection ont été protégés jour et nuit par la majorité des membres du laboratoire (arme à la main pour un ancien résistant notoire!). Le troisième facteur, très inattendu, est une conséquence du legs d une partie et de l achat d une autre partie de la prestigieuse collection Vésignié en Des minéraux de grande qualité entrent alors au laboratoire. Il n est plus question d en faire des objets didactiques. C est alors que le directeur du laboratoire, Jean Wyart, décide qu il faudrait à terme les exposer dans un lieu prestigieux accessible au public. Il vient d ajouter une nouvelle mission, muséologique, à la collection. Ce nouveau lieu sera trouvé avec le déménagement de la Faculté des Sciences de la Sorbonne, pour devenir l Université Paris 6 (Pierre et Marie Curie), au sein du campus de Jussieu. Devenue une collection accessible au public, elle se fait connaître. Elle obtient même deux étoiles sur le guide Michelin. Cette dimension muséale allait dans le sens de l expansion de la minéralogie de collection, à la condition de modifier sa politique d acquisition. Heureusement, parmi les premiers visiteurs, il y a Paul Desautels. Impressionné, il invite le conservateur à découvrir les collections états-uniennes, comme celle de Philadelphie, et la bourse minéralogique de Tucson (Arizona). C est un choc : un marché actif, alimenté par les riches gisements des États- Unis, du Mexique, d Afrique et du Brésil, offre à la vente ou à l échange des minéraux d une qualité jusqu alors inconnue. Plusieurs conclusions s imposent : beaucoup de minéraux de la collection sont déclassés, le niveau moyen doit être fortement rehaussé. Le temps des minéraux de spécialiste est révolu. Cette «muséification» des collections «anciennes» est un phénomène général qui se développe aprèsguerre et surtout dans les années Elle se traduit par un changement de statut de certains minéraux qui, d exemples (didactiques ou pédagogiques) du monde minéral deviennent des objets patrimoniaux et culturels au même titre que ce que l on connaît pour les chefsd œuvre des Beaux-Arts. Ce changement de statut, comme on vient de l illustrer avec la collection de l UPMC, s accompagne d une ouverture au public : les minéraux ne sont plus réservés aux spécialistes, ils sont offerts à la «délectation» du public (le terme a été proposé par l ICOM : International Council Of Museums). Ces transformations s inscrivent dans l accroissement du tourisme culturel et ce que l on a appelé «la fièvre de musées».certaines collections ont souffert d avoir ignoré ce changement de paradigme. Au début, la collection de l UPMC a été beaucoup critiquée de s orienter vers des «minéraux de dessus de cheminée».après 30 ans de débats ( ), l essentiel des musées récalcitrants ont compris ces changements, avec plus ou moins de retard. La médiation et l interprétation En parallèle à cette muséification des collections «anciennes», sont apparues de nouvelles structures appelées, en France, CCSTI : centres de culture scientifique, technique et industrielle. Les plus importants, en France, sont le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences (de la Villette). Leurs pendants anglo-saxons sont les centres d interprétation. Attention, le terme d interprétation, dans le monde anglo-saxon, est plus compliqué que chez nous, il entre dans tout un ensemble de travaux universitaires de sociologie, muséologie, pédagogie et didactique. En France, on préfère le terme de médiation à celui d interprétation bien que ces deux termes soient bien différents (mais c est là un autre problème qui n est pas celui de cet article). L une des principales caractéristique de ces structures a été de se détacher de la «dictature de l objet» (sic) et de se concentrer sur la connaissance (qualifions-la d immatérielle). Ils ont failli porter un coup fatal aux expositions d objets. La polémique a été loin d être sympathique : les collections d objets ont été qualifiées de «vaisseliers» et autres termes peu valorisants. Le développement de l informatique a mis fin à cette croisade «anti-objets» et «pro-images». Les images circulant sur Internet ont finalement incité le public à vouloir voir les objets «pour de vrai». Internet s est avéré être une formidable promotion pour les collections 41

44 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 42 d objets. Les CCSTI ont cependant leur spécificité avec leurs ateliers, leurs animations et d autres manifestations. Ils se sont beaucoup développés ces dernières décennies. Et la collection de l UPMC dans tous ces changements? Lors des projets de réhabilitation du campus de Jussieu, amorcés par la nécessité absolue d éliminer l amiante, il avait été bien statué que la collection ne serait pas concernée et qu elle devait rester dans le lieu qu elle occupait depuis Au tout début de l année 2004, on annonce que les nouveaux projets incluent la destruction de ce lieu emblématique et le stockage pour six ans, au moins, des minéraux. Une vague de protestation s élève. Un comité de soutien se crée alors, des lettres et des pétitions circulent, trois députés s inquiètent de l avenir de la collection, des questions sont posées aux séances du mercredi de l Assemblée Nationale. Le Gouvernement assure alors que la collection sera toujours active. La collection est sauvée et elle déménage dans un lieu de prestige provisoire. Ce qui a été sauvé alors n est pas une collection pédagogique, ni une collection de recherche, ni une collection historique. C est bien une collection de prestige, muséologique où un large public a découvert des minéraux d une qualité qu il ne trouvait pas ailleurs. Avant d en arriver là, durant la période d indécisions, qui a duré quelques mois en 2004, des questions ont été posées. Une collection de minéraux dans l université La première question,la plus délicate de prime abord, a été de s interroger sur la pertinence entre la collection et les missions de l université. La loi LRU 2 était encore loin, les recommandations du Parlement européen peu connues. L idée que l université devait être responsable de l immobilier n était pas encore acquise. D où les réflexions comme : «l université n a pas à s occuper d un musée de minéraux», avec son corollaire «il y a des lieux dont c est la mission», comme les muséums (alors même que la minéralogie était en déclin au Muséum national d histoire naturelle MNHN de Paris). C est durant cette période qu il est apparu nécessaire de mettre à plat les activités qui entrent dans le cadre des missions de l université. Commençons par la recherche. Une attention toute particulière a été apportée pour suivre l évolution de la minéralogie. La détermination des espèces nouvelles, qui représentait la part la plus importante de la minéralogie, n est plus qu une activité annexe (mais toujours présente). Les minéraux entrent maintenant dans un grand nombre de disciplines scientifiques comme la physique du solide, la cristallographie, la spectroscopie, l écologie, l environnement, l archéologie, le magnétisme, la gemmologie ou d autres encore. Les scientifiques se sont aperçus que les cristaux, formés dans les entrailles de la Terre, sont souvent d une meilleure qualité que les cristaux que l on synthétise en laboratoire. Ils se sont aussi aperçus qu ils sont des témoins irremplaçables de l histoire de la Terre et des phénomènes qui s y produisent. Chaque année, des dizaines d échantillons quittent la collection pour être utilisés dans la recherche scientifique. Poursuivons par l enseignement. La collection de l UPMC est visitée par les étudiants de première année, Licence 1 (autour de 800 visites).cette visite compte pour une heure de travaux pratiques par étudiant. Quelques dizaines de visites sont effectuées par des enseignants (maîtres de conférences et professeurs) sur des thèmes qui vont de la minéralogie et la géologie, à la cristallographie, la couleur, l histoire des sciences, la méthodologie, etc. La collection participe aussi à des travaux de recherche pédagogique auprès des écoles primaires. Les visites des scolaires (primaires et secondaires) sont encore faibles (de l ordre d une vingtaine par an), mais ce n est que provisoire (la collection a vu son effectif de personnel provisoirement réduit pour cause de décès et départs).il faut ajouter quelques visites des personnels de l université ainsi que des manifestations de prestige. En résumé, les activités d enseignement et de diffusion de la culture scientifique sont comparables (en termes de fréquentations, surfaces allouées et personnels) à celles des salles de travaux pratiques de l université, le prestige en plus. La collection fournit aussi des minéraux pour l enseignement, pour les travaux pratiques. Il s y ajoute des activités plus spécifiques. Il s agit, par exemple, de développer des ateliers didactiques pour les manifestations comme la semaine de la science ou des moyens de diffusion comme un audioguide (le premier et seul connu pour une collection de minéraux) ou d un cédérom. La collection participe aussi à un enseignement de médiation scientifique, Licence 3 et Maîtrise 1, en partenariat avec la Cité des Sciences. En conclusion, on peut classer les missions d une collection universitaire de minéraux comme suit : la recherche avec les déterminations d espèces, la fourniture de spécimens pour la recherche et des recherches plus spécifiques ; la conservation, car de plus en plus de minéraux deviennent d accès difficile et l idée que les minéraux sont renouvelables est maintenant abandonnée ; 2. Loi n du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités.

45 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme la muséologie dont le but premier est de définir ce qu est la culture minéralogique et ce qui fait qu un spécimen minéralogique n est plus un caillou de spécialiste, mais un objet patrimonial ; la muséographie qui s intéresse au mode de présentation et de préparation des minéraux ; l enseignement sur un domaine qui s étend des écoles primaires aux chercheurs. On peut y inclure la fourniture de minéraux pour les travaux pratiques ; la vulgarisation scientifique (via des écrits, des CD, des sites Internet et autres moyens informatiques ou non) ; l accueil au public (avec des astreintes d horaires et d autres plus «terre-à-terre» comme le maintien d une propreté irréprochable). Les collections universitaires versus les musées et les centres culturels techniques scientifiques et industriels (CCSTI) Les missions d une collection universitaire se sont donc diversifiées depuis leur création. On y trouve celles qui entrent dans le cadre de la muséification et d autres qui intègrent celui de l enseignement, de la médiation ou de l interprétation (si l on veut utiliser le terme anglo-saxon). Et pourtant, une collection universitaire n est pas un musée, ni un CCSTI.Pour être en conformité avec l université,elle doit être un lieu de transmission du savoir et un lieu de production de savoir. Savoir qui évolue constamment. Comment concilier toutes ces données. Commençons par le début, en se basant sur l expérience de la collection de l UPMC. La première grande difficulté à laquelle est confronté un responsable d une collection de minéraux accessible au public est de faire comprendre à ce même public potentiel que les minéraux ne sont pas des cailloux un peu moins moches que ceux que l on trouve au bord des chemins et qui n intéressent que des spécialistes. Il faut donc présenter des minéraux marquants et développer une communication pour que le public vienne. La première information «pédagogique» à donner au visiteur néophyte est de bien préciser que les spécimens présentés sont naturels et n ont pas été façonnés par un artisan (est-ce bien vrai? Mais oui? Mais ce n est pas possible? Mais si, mais si!). Présenter des spécimens qui étonnent à la fois le néophyte et qui dépassent ce qu un collectionneur de haut niveau peut prétendre acquérir est une gageure permanente. Elle demande d être constamment au courant des évolutions de la minéralogie muséale (avec en particulier les nouvelles découvertes). C est le côté muséologique de la collection. Ensuite, la tentation est grande de poursuivre en construisant une exposition «scénarisée» et didactique qui expliquerait les divers aspects de la minéralogie. Pour ce qui est de la scénarisation de la collection, plusieurs décennies d expériences montrent que l on déchante rapidement. Et ce pour plusieurs raisons. La principale, celle retenue par les enseignants et les chercheurs en pédagogie et didactique, est qu une collection doit être un outil vierge de tout scénario, elle ne doit contenir que le minimum d informations nécessaires (nom du minéral, localité, ). C est à l enseignant de développer son scénario, c est à lui de faire découvrir les aspects qu il veut développer à ses élèves, étudiants ou apprenants. La seconde raison est que tout scénario est partiel et partial. La troisième est que la science, la muséologie et la muséographie évoluent vite et que les scénarios vieillissent très mal. La quatrième tient aux scénographes eux-mêmes qui bénéficient de droits d auteurs (valables 70 ans après le décès du scénographe!). Avec des conséquences : il est difficile de corriger les erreurs, de tenir compte des évolutions et d effectuer des améliorations et pis des changements. On objectera que le visiteur individuel n a pas d accompagnateur spécialisé avec lui et qu il a envie d en savoir plus. L expérience montre que la majorité des visiteurs vient pour découvrir et voir des objets et non pas pour lire des textes plus ou moins accessibles aujourd hui sur Internet. Les panneaux et les fiches sont peu lus (moins de 10% voire moins de 5% des visiteurs). Un audioguide gratuit (ou site consultable via le smartphone) est mieux accueilli (mais on ne dépasse que rarement les 20% de visiteurs les utilisant). Le visiteur qui veut en savoir plus acquiert des ouvrages ou se renseigne sur Internet. Exit donc la scénographie. L exposition de spécimens spectaculaires du plus haut niveau, de spécimens muséaux, dans le sens le plus noble du terme, sans scénario, s impose donc comme un prérequis. Ceci étant, les collections universitaires baignent dans un milieu de savoir et de création de savoir. Elles ne peuvent pas ignorer les démarches scolaires, didactiques et pédagogiques. Leurs responsables sont d ailleurs des enseignants-chercheurs. Plutôt que de se limiter avec un scénario, elles peuvent développer des recherches et des travaux en didactiques et pédagogie. C est ce que fait la collection de l UPMC avec des expositions temporaires, des montages muséographiques et didactiques ainsi que la création de mini-ateliers. La collection universitaire idéale La partie muséologique est bien assumée par la collection de l Université Pierre et Marie Curie grâce à une 43

46 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme salle de grande qualité muséographique qui a acquis au fil des années une réputation internationale que beaucoup nous envient. Pour la partie médiatique, il y a une ombre au tableau. Les expositions temporaires ne sont pas étendues (au maximum 10 mètres linéaires actuellement). Les miniateliers ne sont sortis que lors des manifestations comme la Fête de la Science. Les mini-expositions (sur la cristallographie, la spectroscopie, les phénomènes optiques), les objets didactiques (modèles cristallographiques, tableau de Mendeleiev) et les manipulations presse-bouton (luminescence et phosphorescence) ne peuvent être installés dans les vitrines murales qu à la condition de retirer des minéraux exposés. Ces problèmes seront partiellement corrigés lorsque la collection occupera ses nouveaux locaux (en 2014,au sein du campus Jussieu mais avec une nouvelle entrée rue des Fossés-Saint-Bernard). Un hall d accueil permettra de développer des expositions pédagogiques d introduction à la minéralogie et la cristallographie. Le triplement du métrage des vitrines murales offrira suffisamment de place pour installer des manipulations presse-boutons et des objets didactiques et pédagogiques. L idéal aurait été de ne pas mélanger les deux aspects et d avoir un espace consacré exclusivement à l exposition de minéraux et un autre consacré exclusivement à la démarche pédagogique et didactique. Retour d expérience sur les sciences de la Terre dans les muséums Philippe Guillet Les sciences de la Terre font partie traditionnellement des disciplines présentées dans les musées d histoire naturelle à travers leurs collections de paléontologie, de minéralogie et de pétrographie, depuis les cabinets d histoire naturelle du XVIII e siècle jusqu au plus récent muséum «rénové» comme celui des Confluences à Lyon, qui s appuie sur les collections de l ancien musée Guimet d histoire naturelle. Leurs expositions ont très sensiblement évolué comme ont évolué, en parallèle, les publics fréquentant ces établissements. Nous ne reviendrons pas sur l histoire des musées scientifiques depuis leurs origines prérévolutionnaires considérant qu il suffit de consulter le n 165 (juin 2010) de la revue «Géologues» consacré à «Quel patrimoine géologique? Pour quelle médiation?» où de nombreux auteurs abordent ce sujet. Dans cet article, nous nous intéresserons au public des muséums et à leurs souhaits concernant la géologie à travers une enquête réalisée au muséum de Nantes sur des expositions rénovées en 2007/2008, une présentation du musée des Confluences et les premiers avis émis le concernant. Nous aborderons ensuite quelques questions spécifiques aux collections de géologie et à leur présentation «grand public» et enfin, les questions fondamentales concernant l évolution des muséums et des musées scientifiques. Les collections de géologie dans les muséums Rappelons brièvement quels sont les établissements muséaux détenteurs de collections de géologie. Pour cela, nous nous appuyons sur une enquête très précise menée en 2014 par l Observatoire du Patrimoine et de la Culture Scientifique et Technique qui dépend de l OCIM 2. L enquête a été publiée par l OCIM en juin Cette étude ne concerne que les seuls muséums ou établissements déclarés comme tels en région. Elle exclut le Muséum national d Histoire naturelle (MNHN), les musées de type universitaires (Université Pierre et Marie Curie, MINES ParisTech 3, par exemple) et surtout les musées dits mixtes. Ces derniers sont principalement des musées de beaux-arts ou d histoire, mais ils peuvent conserver d importantes collections d histoire naturelle tant numériquement que qualitativement ; faute de compétences, ces collections sont rarement présentées au public. 49 muséums (sur les 65 identifiés) ont répondu à un très long questionnaire. Nous ne retiendrons que les seules données en sciences de la Terre : spécimens estimés en minéralogie (40%) et en pétrographie (60%) ; 1. Directeur du Muséum de Nantes et Président de l Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle (AMCSTI). Courriel. : philippe.guillet@mairie-nantes.fr 2. Office de coopération et d information muséales Université de Bourgogne, voir Géologues n 151, Déc. 2006, Ex-École nationale supérieure des Mines de Paris (ENSMP).

47 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme spécimens en paléontologie, très majoritairement dominés par les Invertébrés estimés à 80 à 90% de l ensemble. Plus globalement, les collections de sciences de la Terre constituent un peu plus de 20% de l ensemble des collections des muséums (les invertébrés actuels comptant pour la moitié). Quelques chiffres pour rappeler ce que sont les muséums : au moins 65 établissements (plus le Muséum national) ; 85% sont des services de collectivités ; 700 ETP 4 ; au moins 18 millions de spécimens dont types ou figurés ; 1,6 million de visiteurs par an ; 2/3 des établissements programment au moins 2 expositions temporaires par an ; plus de la moitié des établissements proposent une exposition permanente et/ou une exposition temporaire en sciences de la Terre. Le visiteur du muséum et les sciences de la Terre Une enquête majeure sur les publics à Nantes Le muséum de Nantes est caractéristique des muséums en région et à ce titre exemplaire. Établissement créé au début du XIX e siècle, très riche en collections naturalistes, il est hébergé dans un bâtiment spécialement conçu dans les années 1870 selon les plans des musées anglais de l époque. C est donc un muséum très contraignant pour les expositions (sans salle d exposition temporaire par exemple) qui a connu plusieurs phases de rénovation. La dernière en date (2007 et 2008) a concerné les galeries de zoologie et de géologie. Les sciences de la Terre occupent une galerie d un peu moins de 300 m 2 en rez-de-chaussée du bâtiment (Photo 1). Les collections sont présentées en trois zones distinctes : la paléontologie avec quelques pièces exceptionnelles, dans un discours essentiellement historique. Un moulage de squelette de Basilosaurus surplombe la salle et fait écho au squelette d un rorqual actuel dans la galerie de zoologie ; la minéralogie selon la classification usuelle des minéraux. L histoire de la discipline et un focus sur les gemmes complètent la présentation ; la pétrographie - les principales roches occupent le centre de la galerie ; ce sont des spécimens de taille conséquente et surtout le public est invité à les toucher (Photo 2). Les météorites et impactites forment un îlot central. Des microscopes optiques polarisants sont disponibles pour tout visiteur. En 2014, la Ville de Nantes a confié à la société rennaise spécialisée TMO 5, le soin d évaluer le muséum en analysant aussi finement que possible ses publics, l objectif étant de fournir un outil de compréhension et de développement de son projet d établissement. Des nombreuses questions posées aux visiteurs et analysées par TMO, nous retiendrons deux éléments qui interpellent quant aux présentations en sciences de la Terre. Nous avons simplifié le questionnaire pour nous en tenir uniquement aux sciences de la Terre. 1. «Est-ce que les expositions et collections suivantes vous ont beaucoup, plutôt, assez peu ou pas du tout intéressé?». Beaucoup ou plutôt intéressés : la galerie de zoologie : 96 % ; l exposition temporaire (thématique de l évolution) : 89 % ; Photo 1. Galerie de Géologie : Paléontologie ( Patrick Jean, Muséum de Nantes). Photo 2. Galerie de Géologie : Minéralogie et, au centre, Météorites ( Patrick Jean, Muséum de Nantes) Employés à temps plein. 5. Territoire, Marché, Opinion.

48 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 46 le vivarium : 87 % ; l exposition temporaire (thématique des papillons) :75 % ; la galerie de géologie : 68 % ; la collection de bois : 35 %. 2. «Parmi les thèmes suivants, quels sont les trois que vous souhaiteriez voir davantage développés par le muséum?». Réponses multiples possibles : la connaissance des animaux : 48 % ; l évolution des espèces : 46 % ; l histoire de la Terre : 42 % ; le patrimoine naturel local : 29 % ; la protection de l environnement : 26 % ; la connaissance des végétaux : 24 % ; la biodiversité : 22 % ; vous n avez pas de préférence : 10 %. La galerie consacrée aux sciences de la Terre apparaît d un intérêt relativement moyen. De façon presque contradictoire, les thèmes «évolution des espèces» et «histoire de la Terre», objets mêmes de la galerie de géologie, sont demandés par les visiteurs. Dit de façon crue, les présentations en sciences de la Terre sont inadéquates et l on se pose naturellement la question suivante :comment intéresser le public à nos disciplines? Plusieurs pistes ont été avancées par les visiteurs eux-mêmes lors de l enquête : plus grande information du visiteur par le personnel du muséum ; proposition d audioguides ou de tablettes numériques (les applis à télécharger ou les flashcodes semblent moins pertinents pour le visiteur) ; développement des outils de médiation et meilleure visibilité pour «la science et les scientifiques». L attente sur la médiation, et notamment sur la médiation humaine, est très forte d autant que «les textes de la galerie de géologie sont jugés trop denses et particulièrement ardus». Enfin, une vraie question nous est posée par le niveau de diplôme des visiteurs puisque 76% d entre eux sont titulaires du Bac et que 29 % ont un niveau Bac +5 et plus! La question de l accessibilité du musée à tous devient clairement centrale dans le projet d établissement. Mais avant d entreprendre l amélioration de cette galerie de géologie, ce qui, compte tenu des contraintes budgétaires actuelles, n est pas immédiatement envisageable, il est intéressant de voir comment tout récemment le muséum de Lyon, devenu musée des Confluences, a montré les collections en sciences de la Terre. Le nouveau Musée des Confluences à Lyon Hérité du musée Guimet d Histoire naturelle, le nouveau musée des Confluences a été inauguré le 16 décembre 2014 après bien des péripéties et une attente qui aura duré une bonne dizaine d années. Les collections du musée sont excessivement importantes tant du point de vue qualitatif que quantitatif. La plupart d entre elles ne sont pas présentées au public et occupent le centre de conservation situé en dehors du musée. En sciences de la Terre, nous pouvons citer des éléments remarquables parmi tant d autres tels que les azurites de Chessy, les quartz alpins, les fluorites d Alexis Chermette pour la minéralogie, les fossiles de Cerin, de Saint-Vallier, de la Grive-Saint-Alban ou bien encore du houiller de Saint-Étienne. Par ailleurs, le musée a mené depuis une quinzaine d années une politique d acquisition tout aussi remarquable par le choix des spécimens et par leur valeur financière. Les m 2 de présentation permanente sont scindés en 4 expositions distinctes : Origines, les récits du monde. Espèces, la maille du vivant. Sociétés, le théâtre des hommes. Éternités, visions de l au-delà. Les collections de minéralogie sont présentées dans l espace «Sociétés, le théâtre des hommes» dans un contexte d usage de ces minéraux. Le musée a fait un choix drastique en privilégiant moins d une centaine de spécimens parmi les qu il conserve. L ensemble est accompagné par un interactif dédié à l utilisation des minéraux dans notre vie courante (Photo 3). Les collections de paléontologie sont intégrées dans Photo 3. L espace consacré à la Minéralogie au Musée des Confluences de Lyon ( Droits réservés).

49 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Photo 4. Le Camarasaurus du Musée des Confluences de Lyon ( Droits réservés). «Origines, les récits du monde», exposition qui aborde la question des origines de l univers et de l humanité. Deux explications du monde sont proposées en parallèle : l une scientifique et l autre symbolique. Les spécimens sont, làaussi, choisis avec un soin extrême, soit dans les anciennes collections (faune de Cerin par exemple), soit parmi les acquisitions récentes comme le Camarasaurus (Photo 4). Malgré les critiques exercées tout le long du développement du projet, le public semble conquis par l architecture du bâtiment, peut-être un peu moins par les expositions jugées quelques fois confuses. Le principal grief que l on peut porter aux expositions toutes magnifiquement scénographiées,fautil le souligner est celui de la confusion entre le symbolique et le religieux dans un contexte actuel où les repères en matière de laïcité sont parfois quelque peu perdus. Mettre sur le même plan, l interprétation scientifique et l interprétation religieuse du monde,et même si les concepteurs s en défendent en appelant au symbolique, est très perturbant pour un musée de sciences. À noter que la pétrographie et la formation des roches sont absentes des présentations permanentes. Le musée des Confluences a-t-il répondu à la question de la nouvelle présentation des objets de géologie et de sa compréhension par le public? Difficile de le dire et il faudra attendre les résultats des évaluations menées en cette première année de fonctionnement pour cela. Quelques questions dans les expositions en sciences de la Terre La notion de temps géologique La notion de temps géologique est l écueil fondamental dès lors qu il s agit d exposer au public les sciences de la Terre. Car, comment faire comprendre la naissance de la Terre, il y a 4,6 milliards d années, et tout près de nous, la disparition des dinosaures non-aviens il y a 65 millions d années, et l immensité du temps qui les sépare? De nombreux musées, parmi d autres, se sont essayés à représenter le temps : sous forme d horloge mais l aspect cyclique contredit la linéarité du temps, sous forme de spirale qui minimise de fait les premiers âges de la Terre, sous forme d empilement, comme lors de notre dernière exposition sur les dinosaures à plumes, et inspiré par l astronomie (Photo 5). Quoiqu il en soit, aucune n est réellement satisfaisante sans l aide d un médiateur, qui lui aura recours à une simple corde pour que le public appréhende au mieux ce temps. De cette notion découle celle du mouvement dont l appréciation reste tout aussi difficile par le public car comment faire comprendre que des mouvements de l ordre de plusieurs centimètres par an, pour les plus rapides des dorsales océaniques, puissent être à l origine de catastrophes instantanées et violentes? Comment faire comprendre la viscosité du manteau? Ces défis sérieux ne Photo 5. Une représentation du temps géologique dans l exposition «Plumes de dinosaures!» du muséum de Nantes ( Kerozen). - Découpage du temps :Archéen,Protérozoïque, Paléozoïque, Mésozoïque,Cénozoïque (Pas de 400 Ma entre et 800 Ma, 200 Ma ensuite). - Paléozoïque Ma : premiers insectes ; 370 Ma : premiers arbres. - Mésozoïque Ma : premiers dinosaures ; 150 Ma : premiers oiseaux ; 140 Ma : premières plantes à fleurs ; 65 Ma : impact d une météorite. - Cénozoïque - 7 Ma : premiers hominidés. 47

50 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 48 trouvent une réponse satisfaisante que lorsque ces notions de temps et de vitesse sont entre les mains des médiateurs, davantage grâce à leur connaissance des publics, qu à leurs connaissances scientifiques proprement dites. En paléontologie : moulage ou original? Dès le XIX e siècle, le Muséum national d histoire naturelle envoyait, dans les muséums de province, des moulages en plâtre des pièces les plus connues en paléontologie. Le mosasaure de Maastricht, les ichtyosaures d Holzmaden et bien d autres furent exposés avec fierté par les conservateurs de l époque dans les muséums à l apogée de leur gloire. Dans les années 1960, de nouvelles techniques de moulage se sont développées avec l usage des silicones. Plus récemment, l essor de scanners 3D en haute définition, allié à celui d imprimantes 3D de plus en plus précises, rend très difficilement visible la distinction entre l original et sa copie sans une étude approfondie hors de portée de nos visiteurs. La question de l intérêt et de la pertinence d une exposition de moulages se pose avec acuité lorsqu il s agit de présenter des pièces hors d atteinte de nos muséums (dinosaures, Archaeopteryx ). Toutefois, dans un musée, l original devra toujours être recherché puisque c est le propre de nos établissements que de conserver un patrimoine authentique et que le rapport du visiteur à l original suscite toujours une émotion plus forte que son ersatz. Autres questions Bien d autres questions se posent aux concepteurs d exposition en sciences de la Terre mais la plupart renvoient au choix des objets dans un discours qui tend à devenir de moins en moins systématique et de plus en plus transversal. Ces questions se posent aussi à l ensemble de la communauté muséale quelle que soit sa discipline. Comme nous l avons vu dans le cas du musée des Confluences à Lyon, le traitement de l exposition a beaucoup changé ces dernières années confrontant les publics à une meilleure connaissance du monde et de ses enjeux. Les enjeux dans les musées de sciences «Le muséum est un musée de sciences dont la vocation est de faire découvrir, de comprendre le monde naturel dans lequel nous vivons et les enjeux liés à ses évolutions» telle est la définition du muséum de Nantes. Les États et les collectivités territoriales tutelle de la plupart des muséums en région inscrivent dans leurs politiques publiques, les enjeux liés au climat et à la biodiversité. On assiste à une véritable transformation des muséums et des musées dans le traitement des thématiques. La place de l Homme est devenue ou tend à devenir centrale, dans le discours proposé par les muséums. Car même sur des sujets en apparence purement scientifiques et naturalistes, les expositions ont un impact sociétal évident. Je prendrai pour exemple une nouvelle fois le muséum de Nantes qui propose actuellement une exposition sur les dinosaures à plumes : l évolution des dinosaures et surtout l apparition des oiseaux au sein des dinosaures théropodes avec une présentation d un fossile extraordinaire Anchiornis huxleyi (Photo 6). Extraordinaire pour plusieurs raisons : le plus petit dinosaure connu au monde et de surcroit, un dinosaure complètement emplumé à l allure d oiseau. Peut-on rêver d une meilleure façon de parler d Évolution à nos publics que de les placer devant cet animal mi-dinosaure mi-oiseau! Face au regain des idées créationnistes, le traitement du fait évolutif est une priorité pour nos établissements. L ultime question que l on peut poser dans cet article est celle de la relation des muséums au monde de la recherche dont on peut dire, qu en dehors de relations personnelles avec tel ou tel chercheur, elle n est pas ou peu développée. Plusieurs raisons peuvent être avancées. La première, c est le désintérêt des chercheurs eux-mêmes pour les muséums qui ne sont pas considérés comme des lieux présentant la science actuelle ou pouvant traduire pour le public leur propre recherche par le biais des expositions ou des conférences. La seconde vient des établissements muséaux qui se considèrent parfois comme suffisamment informés de la science pour ne pas faire appel à ceux qui la font, ou bien qui n ont pas les liens ou les langages nécessaires pour permettre d échanger avec eux. La question de la formation des responsables de muséums se pose alors très clairement. Les nouveaux conservateurs sont actuellement formés par l Institut National du Patrimoine (INP, option Patrimoine scientifique, technique et naturel) après un concours de type Photo 6. Anchiornis huxleyi interprété par Mostfa Mohamed ( Patrick Jean, Muséum de Nantes).

51 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme agrégation et donc de niveau Master II. Autrement dit, et en théorie, les conservateurs de muséums recrutés peuvent n avoir aucune idée du fonctionnement, du langage ou des méthodes de la recherche, alors qu ils sont censés devoir représenter, à travers leurs activités, la science en train de se faire. C est un véritable paradoxe. Certes, rien n empêche un jeune docteur de se présenter au concours d entrée à l INP, mais l attractivité d une fonction dans laquelle on est confronté quotidiennement à des questions budgétaires et administratives au sein d une collectivité territoriale, peut être bien faible pour un jeune chercheur. Le détachement ou la mise à disposition d universitaires ou de scientifiques à la tête des institutions devraient être beaucoup plus largement pratiqués qu elles ne le sont actuellement, pour autant que ces personnels aient, malgré tout, quelques notions de la gestion d équipements culturels. La constitution de comités scientifiques au sein des muséums, avec la présence de chercheurs en activité, serait aussi de nature à améliorer cette relation avec le monde scientifique. Conclusion Sur une planète soumise à de très fortes tensions où l immense majorité des conflits sont liés directement aux matières premières et donc aux géosciences, le musée a un rôle à jouer en tant que médiateur privilégié entre le monde scientifique et la société. Plus que jamais, le directeur de muséum doit s engager à exposer les grands enjeux planétaires et propager les idées scientifiques mises à mal pour de pures raisons idéologiques. Un succès de géotourisme : la «Jurassic Coast» en Angleterre Alain Mascle 1. La côte sud-ouest de l Angleterre en bord de Manche expose une ligne de falaise où est magnifiquement exposée une succession quasi continue de roches s étageant du socle Paléozoïque à l ouest, aux sédiments d âge Permien à Tertiaire constituant le bassin du Wessex vers l Est. Un segment de cette côte, d Exmouth à Swanage, correspondant à l intervalle Permien-Crétacé supérieur, a été labélisé par l Unesco «World Heritage Site» en 2001 à cause de son intérêt majeur pour les sciences de la Terre. Ce projet a permis d informer les touristes, de tout temps très nombreux, sur l histoire géologique de la région, et simultanément de les sensibiliser sur les problèmes de conservation du littoral, durement frappé tous les ans par les tempêtes hivernales. La frange côtière doit son succès à un environnement très préservé (quasiment aucun urbanisme moderne à l exception de l agglomération de Weymouth-Portland) et à un accès facile et rapide depuis toute l Angleterre (2 aéroports internationaux à chacune des extrémités, de nombreux trains et un réseau dense de bus), un chemin côtier public régulièrement entretenu et quasi continu, enfin et surtout, des paysages remarquables. Ceux-ci sont constitués essentiellement par de hautes falaises interrompues par des estuaires ou des cordons littoraux (dont le plus grand d Europe, «Chesil Beach», qui s étend sur 28 km entre West Bay et Portland). Un site web particulièrement attractif invite à visiter cette côte 2 ( Localisation La «Jurassic Coast» borde la Manche au sud-ouest de l Angleterre. Elle correspond plus précisément au littoral méridional de l Est-Devon et à celui du Dorset. La section labellisée par l Unesco s étend sur 150 km, de l estuaire de la rivière Exe (Exemouth) à l ouest, au promontoire «Old Harry Rocks» (Swanage) à l est (Fig. 1). Il s agit d une région principalement rurale, au climat relativement doux, qui fut de tout temps très fréquentée par les touristes (anglais). Figure 1. Localisation du secteur littoral du Devon et du Dorset labellisé UNESCO - «Jurassic Coast» (source?) Ancien enseignant IFP School. Courriel. : mascla.alain@laposte.net 2.

52 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 50 Intérêts géologiques Le tourisme conventionnel n est pas le seul à avoir bâti la réputation de cette côte. Ses caractéristiques géologiques ont été depuis plusieurs dizaines d années utilisées à des fins pédagogiques. Trois principales thématiques ont été développées : la ligne de rivage, les falaises et les industries extractives. La présente ligne de rivage est à peu près stable depuis ans, date de mise en place du niveau marin actuel.mais la côte demeure très active, tant du point de vue construction de corps sédimentaires (barrière tendant à fermer les estuaires, cordons littoraux), que du point de vue érosion des falaises, en permanence attaquées par la houle et les tempêtes atlantiques. Un des sites les plus célèbres est le «Black Ven» considéré comme l un des plus vastes glissements de terrain littoral d Europe. D où de magnifiques exemples de morphologie côtière pour éduquer collégiens et lycéens (entre autres). D Ouest en Est, les hautes falaises (Photo 1) présentent la succession quasi-complète du remplissage sédimentaires du bassin du Wessex : Permien et Trias continental rouge d Exmouth à Seaton, Jurassique inférieur et moyen marin de Lyme Regis à West Bay, Jurassique supérieur marin surmonté par le Crétacé continental (Wealdien), puis marin, de Portland à Swanage. Une période de 185 millions d années est ainsi couverte. En débordant vers l Ouest et vers l Est, on peut de plus observer respectivement le socle métamorphique et magmatique paléozoïque sous le Permien (à l ouest de Torquay), et la couverture tertiaire sus-jacente à la craie (Île de Wight). Il est à noter que cette côte apparait intégralement au coin nord-ouest de la carte géologique de la France à 1 : ! (Fig. 2). La qualité et la continuité de ces affleurements ont très tôt attiré les géologues. De nombreuses Universités anglaises (plus quelques-unes du continent) y organisent toujours leurs stages de terrain. Le touriste conventionnel y trouve aussi son compte puisque plusieurs sites sont des lieux renommés de collecte de fossiles, les plus courus étant les falaises hettangiennes et sinémuriennes encadrant Lyme Regis et Charmouth, célèbres pour leurs ammonites (et pour la présence de plus rares ichtyosaures : voir le roman récent de Tracy Chevalier «Créatures remarquables» (2009) qui relate les premières découvertes en 1810). Photo 1. Une vue des hautes falaises représentatives de la succession stratigraphique du bassin de Wessex (cliché Alain Mascle). Des activités industrielles ont été et sont toujours associées à certaines formations géologiques. Les deux principales sont l extraction de pierre de construction et le pétrole. L extraction de pierre de construction, en carrières à ciel ouvert ou souterraines, a été active depuis le temps des Romains, principalement sur 3 sites qui se visitent : à Beer, la craie qui servit, entre autres, pour les cathédrales d Exeter et de Winchester ; sur la presqu île de Portland, le Portlandien, ex-tithonien, utilisé dans de nombreux édifices à Londres et ailleurs et toujours exploité ; près de Swanage, le Purbeckien, plus ou moins équivalent du Berriasien, utilisé pour de nombreuses cathédrales et églises en Angleterre. À l extrémité est de la «Jurassic Coast», le champ pétrolier de Wytch Farm a été découvert dans les années 70. Il fut, un temps, le plus important gisement producteur européen onshore (il est en fait pour moitié onshore et pour moitié offshore), avec un pic de bopd (barils de pétrole par jour) en Ce champ, vendu par BP à Perenco en 2011, produit encore bopd. L intérêt tout particulier de ce gisement d un point de vue pédagogique est que tout le système pétrolier à l origine de l accumulation (roche-mère, réservoirs, couverture piège, calendriers, indices de surface) se trouve exposé le long des Figure 2. Carte géologique synthétique de la Jurassic Coast (extrait de la Carte géologique à 1 : de la France, brgméditions).

53 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme falaises côtières. Ceci est plus particulièrement vrai pour les 3 niveaux producteurs, dont il est possible de définir les caractéristiques pour les écoulements. De nombreux stages de terrain y sont donc organisés tous les ans, par les universités offrant une formation en géoscience pétrolière (dont IFP School), les compagnies pétrolières pour leurs formations internes, et les entreprises de formation professionnelle pour les métiers du pétrole et du gaz (IFP Training, Nautilus ). Cerise sur le gâteau, toute la sismique onshore et une partie de la sismique offshore sont disponibles gratuitement 3 et la totalité de l information géologique relative à la côte se trouve présentée sur le site web développé par professeur Ian West de l Université de Southampton 4. On le voit,la «Jurassic Coast» n a pas attendu la labellisation «World Heritage Site» pour drainer un public très nombreux. Mais que signifie ce label et qu apporte-t-il? Le label de l Unesco Le titre exact du label est «Dorset and East Devon World Heritage Site». La côte sud anglaise rejoint ainsi le Grand Canyon du Colorado et la Barrière de Corail australienne, rien de moins. Le premier bénéfice a été d unifier d une extrémité à l autre une ligne de côte qui auparavant n avait pas d identité homogène. La «Jurassic Coast» est désormais reconnue au niveau britannique, voire européen, comme une entité propre, ce qui permet, et ce fut le second bénéfice, de drainer plus de fonds pour son développement. Ces fonds, d origines diverses (institutions, dons privés, royalties...) sont gérés par une fondation, le «Jurassic Coast Trust», dont les statuts et objectifs visent à une éducation du public concernant ce littoral, et au développement durable de celui-ci. Ceci, en partenariat avec les administrations et associations locales, les propriétaires des terrains, privés ou institutionnels, dont le «National Trust», équivalent privé du Conservatoire du littoral français 5. Un bureau fort de 7 membres permanents (le «Jurassic Coast Team»), assure concertations, études et financements éventuels avec l ensemble des partenaires, dans les domaines de l éducation, de la conservation, des sciences et des arts. Développements futurs Le projet le plus significatif directement en relation avec la «Jurassic Coast» concerne la création sur la presqu île de Portland d un «Dinosaur Theme Park», nommé «Jurassica». Il est prévu que le site, une ancienne carrière (Photo 2), soit recouvert d un dôme de verre d un diamètre de 100 mètres et que les présentations incluent des collections de fossiles (en partie de provenance locale : Charmouth, Lyme Regis, Purbecks et Portland), des animations interactives, mais aussi des bassins ou évolueraient des dinosaures marins robots. Le coût du projet est estimé à 85 millions de livres. Le montage financier en cours peut inclure des dons privés puisque le projet a reçu le statut de fondation («charitable status»). Si tout va bien, ouverture en 2020, avec une fréquentation annuelle anticipée de personnes et, à la clef, au moins 150 emplois directs, ce qui n est pas si mal pour une région durement touchée par le chômage. Autre projet, toujours sur la presqu île de Portland, l érection d un monument (le terme de «Temple» est employé) dédié aux 860 espèces disparues (il serait plus correct de parler de familles) au cours des temps géologiques lors des cinq extinctions de masse reconnues 6.Ce monument se voudrait une prise de conscience et un avertissement pour les extinctions actuelles causées par les activités humaines. Son nom : Mass Extinction Monitoring Observatory (Memo) - son coût : 30 millions de livres, et une inauguration prévue en L avenir nous dira si ces propositions aboutissent,mais elles montrent au moins que des thématiques géologiques peuvent générer des projets ambitieux à caractère éducatif s insérant dans le tissu économique d une région. Conclusions Nous l avons vu, la côte du Devon et du Dorset n a pas attendu l Unesco pour drainer touristes et étudiants. Mais le label a permis la fédération de la plupart des activités touristiques et culturelles (grâce en particulier au site web officiel «Jurassic coast») et il devrait permettre une préservation accrue du littoral, via les actions du «Jurassic coast Team». Les retombées économiques directes nouvelles sont pour l instant faibles (vente de Photo 2. Le site de l ancienne carrière de pierre de construction (cliché Alain Mascle) Voir entre autres le site Internet : 6. Pour mémoire à la fin de l Ordovicien, du Dévonien, du Permien (la pire), du Trias et du Crétacé. 7. Site web officiel : «Mass Extinction Monitoring Observatory».

54 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme produits dérivés tel que vêtements, livres...), mais des projets nouveaux voient le jour qui devraient avoir un impact non négligeable pour la région. Quelles leçons tirer de ceci? Pour qu une telle intégration des géosciences à la vie économique d une région, via le tourisme, soit un succès, il semble nécessaire que cette région soit préalablement très fréquentée, qu elle offre, à la vue, des paysages spectaculaires facilement accessibles, que ceux-ci soient expliqués d un point de vue géologique, et que ces commentaires soient d accès facile, physiquement et intellectuellement, pour le plus grand nombre. Le long de la «Jurassic coast», à la plupart des lieux d accès obligés à la mer, de grand panneaux (de 1 à 4 m 2 ) décrivent et expliquent en termes simples et à l aide de nombreux dessins, l histoire enregistrée par les sédiments des falaises proches. Le public intègre de ce fait, naturellement et sans effort, l information géologique lors de sa pérégrination. Sites web et livres partout disponibles, plus quelques centres de simple information tout au long de la côte, lui permettent d aller plus loin, s il le désire. Ce faisant il n a pas été besoin de développer des centres d information densément informatisés et coûteux pour capter l attention du public de tout âge. Références Outre les sites web déjà mentionnés, nous recommandons les trois ouvrages suivants : Edwards Richard A., Geology of the Jurassic Coast : the Red Coast Revealed, Exmouth to Lyme Regis. Coastal Publishing, 128 p. Ensom Paul and Turnbull Malcolm, Geology of the Jurassic Coast: the Isle of Purbeck Weymouth to Studland. Coastal Publishing, 128 p. Underhill John R. ed., The Development, Evolution and Petroleum Geology of the Wessex Basin. Geological Society Special Publication n 133, 420 p. Quelle pédagogie pour la géologie au Musée d histoire naturelle d Avignon? Evelyne Crégut-Bonnoure Avant propos Le Muséum Requien, lieu de transmission des savoirs et lieu de réflexion par excellence, est le Musée d histoire naturelle d Avignon. Situé au cœur de la ville, il est abrité dans un vieux bâtiment, l Hôtel Raphélis de Soissans. D environ m 2 de surface, il est articulé en trois unités : le rez-de-chaussée qui accueille l exposition permanente et les expositions temporaires, le premier étage avec une salle dévolue aux rythmes scolaires, une bibliothèque d étude, un atelier et l administration, le deuxième et dernier niveau étant affecté à la préservation des collections. Une moyenne annuelle de visiteurs fréquente l établissement. L exposition permanente actuelle a été installée en 1994 autour d une thématique géologique et paléontologique. Pourquoi un tel choix? De quelle façon a été organisé le parcours proposé? Quelles perspectives pour l avenir? Voici quelques unes des questions traitées dans cette présentation. Historique On ne peut comprendre le parcours de visite du Musée et la thématique qui y est déclinée sans une approche historique. En effet, les collections et le bâtiment sont l héritage d une histoire mouvementée (Girard, 1955 ; Granier, 1984). La base des collections est constituée par la série de sciences naturelles provenant du Cabinet de Curiosités d Esprit Claude François Calvet ( ) qu il conservait à son domicile. Ce médecin avait développé des collections nombreuses et éclectiques comme il était de coutume au XVIII e siècle : bibliothèque, médailles antiques et modernes, objets d art, objets ethnographiques, monuments antiques et modernes et spécimens de sciences naturelles. Ces derniers comprenaient des échantillons de coquillages, de roches, de gemmes et de fossiles. Après sa mort, cette série a été installée dans l ancien couvent de Saint-Martial qui jouxtait le jardin botanique (Germand, 1933). Leur gestion sera assurée en 1819 par Esprit Requien ( ). Ce dernier constitue sa propre collection axée sur la botanique, la malacologie, la paléontologie et la pétrographie, et il la lègue à l établissement public Calvet en Après sa mort, en témoignage de reconnaissance, le nom de Requien fût donné au Musée d histoire naturelle. 1. Evelyne Crégut-Bonnoure Conservatrice du Muséum Requien. Muséum Requien 67, rue Joseph Vernet, Avignon. Evelyne.cregut@mairie-avignon.com

55 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme multiples déménagements, beaucoup d échantillons sont en mauvais état de conservation et nécessiteraient des restaurations. Certaines pièces ont un intérêt scientifique limité pour illustrer un discours thématique. Photo 1. Entrée du Musée Requien (cliché Gérard Sustrac). De 1857 à 1898, les collections subissent trois déménagements engendrant des pertes et des vols. À partir de 1898, les collections sont installées dans l Hôtel de Villeneuve-Martignan, actuel Muséum Calvet et présentées en 1902 dans une aile nouvellement construite. En 1943, elles sont transférées dans l hôtel Raphélis de Soissans, mitoyen du Musée Calvet. Ce bâtiment, vétuste, sera rénové entre 1972 et 1975 (Photo 1). Après Esprit Requien, huit conservateurs vont se succéder à la tête de l établissement (parmi lesquels le célèbre Jean-Henri Fabre). Toutefois le poste de conservateur sera supprimé entre 1907 et Outre les fonds Calvet et Requien, d autres legs, des dons et des achats ont eu lieu. À ce jour, près d un million de spécimens sont conservés au Muséum Requien et répertoriés en trois sections : la botanique (herbier, carpothèque 2, bois, grainier), la géologie (paléontologie, pétrographie, minéralogie) et la zoologie (animaux naturalisés, ostéologie, œufs, nids, malacologie, invertébrés marins, entomologie). La botanique et la géologie disposent des plus grosses séries. Les éléments majeurs de cette dernière sont intégrés dans la lithothèque nationale de la région PACA. Le Musée se trouve donc dans un bâtiment ancien, inadapté pour l accueil d une structure muséale. Suite aux L exposition «Plongée dans le temps» En 1994 était inaugurée l exposition permanente «Plongée dans le temps». C est le souhait de redynamiser le Musée qui en est à l origine. Si en 1985, une présentation traitait de la botanique (Germand & Granier,1985),cette thématique a été écartée du nouveau projet culturel. Bien que le Musée dispose d un herbier qui est le 5 ème herbier de France, il s est avéré difficile de le mettre en valeur du fait de la fragilité des spécimens et des normes exigeantes de conservation (verres anti UV, lumière froide). L ancienne exposition, axée sur les principaux biotopes vauclusiens, avait été réalisée essentiellement à l aide de photographies, de textes et de quelques plantes séchées, ce qui ne répond plus à l attente du public actuel. En outre, l importance de l espace accordé à la présentation géologique ne permettait plus d intégrer cette discipline dans le parcours. Le potentiel représenté par le patrimoine géologique régional a paru plus intéressant à exploiter d autant que la nature des collections et leur richesse le permettait. Cette thématique a aussi l avantage de pouvoir déboucher sur le cas particulier du Quaternaire et de permettre d aborder la question de la biodiversité actuelle avec des présentations mettant en scène des animaux naturalisés. Une première présentation sur la géologie vauclusienne avait été mise en place en 1981 (Granier, 1981). Elle a tout naturellement servi de base de réflexion pour un nouveau discours centré sur l évolution de la diversité biologique en relation avec l évolution des milieux et la tectonique des plaques. Ce sont 43 vitrines murales et 8 vitrines plates qui sont aujourd hui consacrées à ces géosciences fondamentales que sont la paléontologie, la géologie structurale et la géologie appliquée. Les salles d exposition La structure du bâtiment ne permet pas de réaménager l espace ni de l agrandir. Cette contrainte s accompagne d une contrainte budgétaire. La nouvelle exposition permanente a donc dû se réapproprier les vitrines et les pièces de collection existantes. Les vitrines sont réparties dans quatre grandes salles en enfilade, la troisième et la quatrième étant séparées par un passage en voutes. Les animaux naturalisés sont disposés dans une cinquième salle ainsi que dans deux grands dioramas situés dans le hall d entrée. Les Collection de fruits séchés.

56 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 54 vitrines sont des meubles muraux en bois, peu profonds, positionnés les uns à côtés des autres, avec une partie basse permettant de stocker du matériel et une partie haute qui est la vitrine proprement dite. C est donc la présentation verticale qui prévaut. Datant des années 1975, ce mobilier présentait un système de présentation à réglettes et à étagère en verre qui a été occulté par la pose de panneaux en bois peints en un camaïeu de gris. C est l esthétique de la présentation qui a été privilégiée afin de la rendre attractive. Désormais, une partie des spécimens est accrochée sur le panneau en bois du fond, une autre partie est mise en valeur sur des socles réalisés avec des tiges de fer à béton et des plaques métalliques sculptées, posés sur un lit de sables ocreux. Dans un but pédagogique, des illustrations, des photographies et des reconstitutions paléogéographiques accompagnent les objets. Le panneau de gauche accueille un cartel explicatif situant le contexte paléogéographique de l époque, un ou deux paragraphes concernant le Vaucluse. Les textes sont synthétiques. Le cartel du panneau de droite énumère les spécimens par catégorie avec, pour les fossiles, nom latin accompagné de celui du descripteur, nom vernaculaire, lieu de découverte, étage géologique. Un distinguo est fait entre les roches et les fossiles. Chaque vitrine est coiffée d un titre résumant la principale caractéristique de la période ou de l évènement qu elle traite. Le décor se veut artistique bien que contraint par une ligne de mobilier mal adaptée aux présentations modernes. Quelques vitrines plates ont pu être ajoutées au milieu de chaque salle. Le contenu La visite se fait aujourd hui en une heure en moyenne. Au cours de la déambulation, le public découvre le panorama d une science qui peut paraître complexe mais qui participe à une meilleure compréhension des paysages qui nous entourent et de l interaction entre les milieux, les phénomènes tectoniques et l évolution de la vie. Le discours est linéaire avec comme fil d Ariane l ordre chronologique et le Vaucluse. De ce fait, le nombre de vitrines consacrées aux étages géologiques est fonction de leur représentativité dans le département. Le but est de permettre au visiteur d appréhender la notion du temps et de faire découvrir la richesse géologique de ce terroir qui dispose de deux stratotypes (Aptien et Gargasien) et de deux faunes repères (MP 18 3 de La Débruge et MP 12 4 de Cucuron), ainsi que le rôle économique joué par certains dépôts sédimentaires. Cette option est aussi celle qui était la plus facile à mettre en œuvre et qui semblait la plus appropriée pour faire comprendre et valoriser ce patrimoine géologique. Le choix des objets s est porté sur les pièces fossiles les plus spectaculaires et/ou les plus représentatives. Cependant les spécimens de grande taille font défaut. Il a été possible d acquérir quelques pièces spectaculaires par le biais de l établissement public Calvet : œuf d épyornis, poissons fossiles, lys de mer, étoiles de mer. Quelques moulages ont aussi enrichi la présentation grâce au budget du Musée. Les échantillons de roches, tout en étant présents, sont moins bien figurés, car visuellement peu attractifs pour le visiteur. Cette exposition a été intégrée dans le projet de valorisation du fonds géologique des cinq Muséums de la région PACA, élaboré autour de deux axes : offrir aux visiteurs des éléments muséographiques traitant d une partie de leur histoire et développer des médiations à partir de cette muséographie (Cheylan et al., 2004). L interactivité n a malheureusement pas pu être déployée du fait de la contrainte budgétaire : elle se réduit à une seule borne qui présente d une manière ludique et plus approfondie la thématique choisie, et de deux écrans reliés à un lecteur de DVD passant en continu des films dont un sur l évolution des cétacés. Ces instruments médiatiques s adressent plus au jeune public qui est réceptif à l audiovisuel. Ils fournissent des informations complémentaires et plus fouillées que celles de l exposition permanente. La première salle est une entrée en matière, un résumé des grandes étapes de la formation du globe terrestre et de la vie. Elle permet de découvrir des périodes dont les traces ne sont pas visibles dans les paysages vauclusiens (Antécambrien, Primaire) ainsi que certaines espèces emblématiques (Dinosaures, oiseaux géants, etc.) Photo 2. Exposition permanente «Plongée dans le temps». Vitrine consacrée aux reptiles du Mésozoïque (cliché Cédric Triat, Musée Requien). 3. Ludien moyen de l échelle biostratigraphique des mammifères paléogènes d Europe. 4. Tortonien - Turolien moyen (Miocène supérieur) de Cucuron.

57 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Photo 3. La Fontaine de Vaucluse, contexte géologique et fonctionnement (cliché : Cédric Triat, Musée Requien). Photo 4. Exposition permanente «Plongée dans le temps».vitrine consacrée aux ocres (cliché Cédric Triat, Musée Requien). (Photo 2). Une vitrine aborde le système solaire, une autre illustre la tectonique des plaques. De l Antécambrien au Primaire, l accent est mis sur le changement lié au passage du domaine marin au domaine continental, avec les grandes forêts houillères. Viennent ensuite deux vitrines présentant la diversité biologique de l ère Mésozoïque dans les domaines marin et continental. Les oiseaux et les mammifères disposent chacun d un espace distinct. Une présentation est consacrée à la lignée humaine. C est dans trois vitrines de cette salle que sont exposés les minéraux. Cette faible représentativité résulte de la nature des collections du Musée qui accordent peu de place à la minéralogie. Les échantillons ont été sélectionnés en fonction de leur esthétique (forme et couleur), de leur intérêt (quartz choqués par l impact de la météorite de la Rochechouard-Chassenon) et présentés par famille. Avec la deuxième salle débute le propos sur l histoire du Vaucluse. La première vitrine est une évocation de Fontaine-de-Vaucluse et de son alimentation (Photo 3). Suivent sept vitrines dédiées au Trias et à son pli diapir (dentelles de Montmirail), au Jurassique et au Crétacé inférieur. Un focus est fait sur l Urgonien, l Aptien, le Gargasien et les ocres de Roussillon/Rustrel. L usage du gypse triasique (four à plâtre), du calcaire urgonien (pierre de taille) et des ocres (colorants ; Photo 4) est discuté. Une vitrine plate rend hommage à Esprit Requien avec des spécimens de Requienia ammonia, rudiste du Barrémien. En présentant l historique de la découverte et de la caractérisation de l espèce, c est le métier du géologue-paléontologue qui est présenté et valorisé. La troisième salle concerne la fin du Crétacé inférieur, le Crétacé supérieur et le Cénozoïque. La thématique de l usage des ocres est prolongée avec une vitrine traitant des exploitations industrielles de la cuirasse ferrugineuse associée aux ocres et des sables siliceux.trois vitrines abordent le Crétacé supérieur avec, comme ressource minérale, les sables blancs feldspathiques de Montmout et les lignites de Mondragon. À titre exceptionnel, des pièces du bassin aixois ont été exposées pour illustrer le propos de la crise Crétacé/Paléogène et des extinctions, et celui du retour du domaine continental marqué en Vaucluse par le lignite de Piolenc. Le Cénozoïque occupe les neuf vitrines restantes. Il est mis en relation avec les tectoniques alpine et provençale. Cinq des vitrines traitent du Paléogène, de ses lacs et de ses faunes lacustres (Bassin d Apt et d Aix-en-Provence) et continentales (Mormoiron, La Débruge). Quatre vitrines s intéressent au Néogène. La dérive du bloc Corse- Sardaigne visualise le changement structurel du domaine marin avec la transgression du Miocène (Photo 5). Les dépôts sédimentaires sont mis en valeur, avec l exploitation du gypse ludien du bassin de Mormoiron- Mazan et du calcaire coquillier du Serravalien (pierre de taille), ainsi que l unique affleurement volcanique vauclusien : le «dyke de lherzolite» (variété de péridotite) du Grand Luberon aujourd hui interprété comme les restes d un volcan de type surtseyen. C est dans cette salle que l on trouve les fossiles les plus spectaculaires des collections du Musée, ainsi qu un monocristal métrique de gypse du bassin de Mormoiron. Le parcours se termine sur le Pliocène et la faune continentale de Cucuron. De gros échantillons de bois fossilisés sont présentés en milieu de salle, sans protection, ce qui permet aux visiteurs de les 55

58 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 56 toucher, de se les approprier et d avoir un rapport direct avec des objets de collection (Photo 6). La salle voutée, sans vitrines murales, a été conçue comme un lieu de transition. Elle a permis l exposition de deux moulages : celui du squelette du Paléothérium 5 découvert à Mormoiron et celui d une tête osseuse de tyrannosaure, objet phare pour le jeune public. De part et d autre, deux bâches de 3 m de long restituent un milieu continental au Crétacé avec dinosaures et ptérosaures. En vis-à-vis, une structure de type log sédimentaire met en valeur des échantillons des roches emblématiques des diverses périodes géologiques du département. La quatrième salle est consacrée à la fin du Pliocène (une vitrine) et au Quaternaire (neuf vitrines). Après une présentation sur la spécificité de cette ère (glaciations, terrasses fluviatiles, tufs) et sur un site préhistorique majeur (Bau de l Aubesier), les principaux ordres et familles de mammifères sont passés en revue. Des pièces rares et spectaculaires illustrent le propos. Le contenu des vitrines centrales est dédié aux découvertes récentes réalisées lors des fouilles paléontologiques menées par le Musée. Les expositions temporaires Photo 5. Exposition permanente «Plongée dans le temps».vitrine consacrée au Miocène (cliché C. Triat). Photo 6. Exposition permanente «Plongée dans le temps». Salle n 3 avec troncs silicifiés (cliché C. Triat). Afin de renouveler l intérêt du public autour des géosciences et de présenter des pièces habituellement inaccessibles car en réserve, des expositions temporaires annuelles, en général deux, sont accueillies ou réalisées dans deux salles, qui peuvent déborder au centre des salles concernant la géologie. Elles tiennent compte de l actualité scientifique et les thématiques couvrent l ensemble du domaine des sciences naturelles. Le partenariat mis en place avec les autres Muséums de la région PACA permet de bénéficier de prêts (échantillons, expositions). La géologie a été approchée sous un autre angle au travers de quelques expositions :«Roches de Provence» (1996 ; une évocation sur l influence de la géologie dans les paysages), «La Corse, du minéral au pictural» (2001 ; réalisée autour de la collection pétrographique corse d Esprit Requien), «Extraits de pierres» (2004 ; axée sur les carrières vauclusiennes), «Joyaux de cristal, arc-en-ciel de silice» (2005 ; réalisée autour de la collection minéralogique). La paléontologie a donné lieu à six grandes manifestations : «Les animaux de la Préhistoire entre Provence et Toscane» (1993), «L ours, dernier géant de la Préhistoire» (1998), «Les dinosaures de Provence» (2001), «De la forêt tropicale aux terres glacées» (2006), «Requins d hier et d aujourd hui» (2006), «Espèces disparues, espèces menacées» (2007). La paléoanthropologie a été abordée par le biais de deux expositions «L Homme et la mort dans la Préhistoire» (2000), «Lucy, histoire d ancêtres» (2006). D autres présentations, plus généralistes, ont intégré dans leur parcours les volets géologie et/ou paléontologie : «Commémoration du bicentenaire d Esprit Requien (1988 ; deux panneaux consacrés à l œuvre paléontologique de Requien et aux taxons fossiles qui lui ont été dédiés) ; «Symphonie des Oiseaux. Hommage à Olivier Messiaen» (2008 ; un panneau sur l origine des oiseaux) ; «Ventoux, géant de nature» (2011 ; un panneau sur la formation géologique du massif, deux panneaux sur la faune quaternaire) ; «Australie, terre de découvertes» (2013 ; un panneau sur les caractéristiques géologiques du continent et ses faunes fossiles) ; «La pollinisation, une histoire d insectes et de fleurs» 5. Périssodactyle primitif.

59 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme (2014 ; un panneau sur l origine des insectes et l apparition des plantes à fleurs) ; «Sur les traces de Darwin» (2014 ; un panneau sur les théories de l évolution : darwinisme, lamarckisme) ; «Le loup, le retour. De la réputation à la réalité» (un panneau sur l origine de la famille des Canidae et les espèces fossiles, un panneau sur l origine du chien). Le Musée est aussi sorti de ses murs en participant à la rédaction de textes et le prêt de spécimens à la demande de divers organismes : «Découvertes paléontologiques en avens» (1980 ; pour la Société spéléologique de Fontainede-Vaucluse), «Histoire géologique de la Roque sur Cèze» (1982 ; pour la Municipalité de La Roque sur Cèze), «La faune quaternaire en Vaucluse» (1985 ; pour la Société Spéléologique d Avignon), «Soixantième anniversaire du Groupe spéléologique de Carpentras» (2008 : textes sur les découvertes paléontologiques en aven). Les projets d action éducative Plusieurs actions pédagogiques sur la thématique de la géologie et de la paléontologie ont été menées à bien avec des établissements scolaires dans le cadre de programmes : «Géologie autour d Avignon» ( ; en partenariat avec le Collège Tavan de Montfavet), «Volcanisme en Auvergne» ( ; en partenariat avec le collège Frédéric Mistral d Avignon), «Chronos 2004» et «Chronos 2005» (2004 et 2005 ; en partenariat avec le Lycée de l Arc d Orange ; voyages en Dordogne, dans les Pyrénées Orientales et l Ariège axés sur les datations relatives en contexte archéologique et paléontologique. «Sur les pas d Orrorin. Recherches des ancêtres de la lignée humaine et Afrique de l Est» (de 2004 à 2006 ; initiations au travail scientifique en laboratoire et sur le terrain s achevant par un voyage au Kenya). Quelles perspectives pour l avenir? L exposition permanente a reçu visiteurs en 2014 dont scolaires qui ne représentent donc que 11% des entrées. Le livre d or montre le bon accueil qui est réservé par le public et sa satisfaction. La présentation actuelle est modeste et certains aspects des géosciences ne sont pas abordés. Il est illusoire d envisager une totale modification du parcours présenté à cause du manque de place. Des améliorations sont envisageables par le biais de l interactivité. L acquisition d une table tactile permettrait de mettre en lumière des aspects non traités tels la fossilisation, l exploitation de certaines ressources naturelles (granulats), les tremblements de terre et l hydrogéologie. En lieu et place de maquettes, le plus souvent encombrantes, des reconstitutions animées, accompagnées de bruitages selon les cas, offriraient la possibilité de vivre en direct et en accéléré certains processus géologiques. Cette acquisition ludique du savoir efface le côté rébarbatif de la géologie perçu par le public. Une autre forme de communication, pouvant être développée à moindre coût, est celle de la mise à disposition, en salle, de fiches pédagogiques bilingues et illustrées. De la complémentarité d information pourrait être proposée grâce à l application mobile. Dans le cadre de la politique développée envers le public scolaire, des jeux de pistes élaborés par une enseignante en charge du service pédagogique sont déjà disponibles. Le contenu traité pourrait être élargi. La mise en place des activités périscolaires a permis le recrutement d une médiatrice à mi-temps qui propose une approche ludique des collections et de l exposition : objets en libre manipulation, microscopes, ouvrages, etc., permettant aux plus jeunes de développer leur sens de l observation et de donner libre cours à leur imagination. C est une autre forme d interactivité qui pourrait être ouverte au public scolaire en dehors du temps périscolaire sur l ensemble des géosciences. Pour la paléontologie, l acquisition de reconstitutions en 3D de fossiles est un moyen complémentaire de restitution des formes de vie présentées pour l instant grâce à des illustrations, une autre façon de mieux retenir l attention des visiteurs. Bibliographie Cheylan G., Crégut-Bonnoure E., Bidar A., Médard-Blondel A. & Orsini Ph., Un partenariat exemplaire en région P.A.C.A. In Le Patrimoine géologique, Géologues, Paris, 140, Germand L., Le jardin botanique d Avignon. Bulletin de la Société d Étude des Sciences naturelles de Vaucluse, Avignon, 1, Germand L. & Granier J., Aperçu général sur la flore vauclusienne. Livret-guide de l exposition. Association des Amis du Musée Requien édit., 16 p. Girard J., Histoire du Musée Calvet. Musée Calvet édit., Avignon, 131 p. Granier J., Géologie vauclusienne. Livret-guide de l exposition. Association des Amis du Musée Requien édit., 29 p. Granier J., Esprit Requien et le Musée d Histoire naturelle. Revue annuelle d information,mairie d Avignon,15,livre d or,16 p. 57

60 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Les minéraux, beaux et utiles, du Musée de minéralogie de MINES ParisTech - Un projet au service de la Société Didier Nectoux 1. Le Musée de minéralogie MINES ParisTech est situé au pied de la Montagne Sainte Geneviève, en plein cœur du quartier latin. L École s est installée dans l hôtel de Vendôme en août Il faudra attendre le milieu du XIX e siècle pour que la collection du Musée de minéralogie de MINES ParisTech (ex-école des Mines de Paris) soit rangée et présentée dans des meubles et vitrines en chêne de Hongrie. Cet ensemble de pièces en enfilade et son mobilier ont été conservés aujourd hui dans la configuration de l époque (1850 à 1856). Plus de échantillons sont ainsi exposés dans des vitrines verticales et horizontales réparties dans les différents salons : la salle d entrée, le salon Haüy et les différentes salles de la galerie de 80 mètres de long dont les baies s ouvrent sur le jardin du Luxembourg (Photos 1, 2 et 3). Des collections pour quoi faire? L histoire du musée de minéralogie est intimement liée à celle de l École des Mines. Elle débute le 19 mars 1783 avec un arrêté de création du Conseil d État du Roi Louis XVI. Ultérieurement, le cabinet de minéralogie se transformera en véritable collection lors de la nomination de R. J. Haüy, premier conservateur, en octobre Elle s enrichira au fil du temps par des achats de collections (De Drée...), des dons et des récoltes de géologues célèbres comme Sage,Werner, Brongniart, Berthier, Dufrenoy, Daubrée, Mallard,Termier et tant d autres grands scientifiques ou modestes amateurs collectionneurs. Cet ensemble se compose aujourd hui de près de objets et échantillons et forme une unité qui se place au 4ème rang mondial. Sur près de m 2,le Musée de minéralogie offre au regard du visiteur les plus belles pièces des collections de minéraux, de roches, de météorites, de pierres précieuses brutes et taillées (dont certaines issues des joyaux de la couronne de France). Si initialement le rôle de ces collections était pédagogique, en vue de former des ingénieurs des mines, l État français (décret du Comité de Salut Public du 12 juillet 1794) leur a très vite attribué un intérêt stratégique, celui de constituer un inventaire des richesses minéralogiques de la France et de ses possessions en vue de leur exploitation pour les mettre au service de l industrie naissante (Photo 4). Ce rôle a perduré pendant le XIX e siècle puis s est progressivement estompé pendant le XX e. Mais le développement des nouvelles technologies et leurs besoins en terres et éléments rares a réactivé cette fonctionnalité. Le Musée de minéralogie n est plus seulement un conservatoire des espèces et une vitrine de la richesse et de la beauté du monde minéral. Il est aussi un lieu de recherche. En effet, depuis ces dernières années, on découvre de plus en plus d utilisations industrielles aux éléments contenus dans les minéraux. Les nouvelles technologies font appel aux terres rares et à divers éléments, par exemple le tantale, le niobium ou le germanium pour fabriquer les téléphones portables, les panneaux photovoltaïques, les aciers spéciaux pour l aéronautique ou l aérospatiale. Il est donc nécessaire de revisiter 58 Photo 1. Façade de l Hôtel de Vendôme, aujourd hui MINES ParisTech (cliché MINES ParisTech). Photo 2. Escalier intérieur menant à l entrée du Musée de minéralogie (cliché MINES ParisTech). 1. Conservateur du Musée de minéralogie de MINES ParisTech. 60 Boulevard Saint Michel Paris. Tél. : (33 1) Fax : (33 1) Courriel. : musee@mines-paristech.fr Site Internet. : Page Facebook : Musée-de-Minéralogie-MINES-ParisTech MINERALOTECH. Le livre du musée et de ses collections : «Curiosités minérales» Ed. OMNISCIENCE.

61 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme de rendre attractif ce lieu préservé du temps qu est le Musée de minéralogie de MINES ParisTech. Les paragraphes qui vont suivre ont pour but de présenter et développer les objectifs et premières réalisations concrètes du Musée dans ce contexte qui constitue une véritable opportunité de développement jamais rencontrée jusqu alors. Photo 3. Vue générale de la galerie intérieure du Musée (cliché MINES ParisTech). l ensemble des gisements qui sont ou ont été exploités pour connaître leurs potentialités et leurs richesses au regard de ces nouveaux usages. Les collections de minéraux deviennent ainsi de véritables banques de données que les chercheurs analysent afin de définir des stratégies en matière d acquisition et d exploitation des ressources minérales. Aux siècles derniers, les gisements semblaient infinis et inépuisables. Aujourd hui, on sait que ce n est pas le cas et que les grands enjeux de notre civilisation portent sur l exploitation raisonnée et la bonne gestion des ressources naturelles pour assurer le développement des sociétés tout en préservant le mieux possible l environnement. Le Musée de minéralogie contribue à sa manière à cette démarche et, fabuleux trésor des siècles passés, il s inscrit résolument dans les débats qui animent la société contemporaine. De nouveaux objectifs pour le musée La mondialisation, la croissance de la population mondiale, l emballement de la consommation et leurs impacts sur l environnement font actuellement l objet de débats et affrontements planétaires. Les politiques et le grand public sont aujourd hui avides d informations sur les matières premières minérales, leur exploitation et leur transformation pour alimenter la réflexion. Les Écoles des Mines et leurs musées sont sans doute les mieux placés pour apporter une connaissance technique et scientifique sur le sujet. La prise de conscience par nos dirigeants, bien que tardive, car initiée sur ces dernières années, se traduit par une vraie volonté de s ouvrir au plus grand nombre et le désir Jouer un rôle sociétal Les enjeux environnementaux, stratégiques, économiques et politiques liés à l exploitation des matières premières minérales, hier importants, sont aujourd hui devenus vitaux. Mais le citoyen manque d informations scientifiques et techniques pour débattre le plus rationnellement possible des choix et compromis qui doivent être faits pour concilier développement économique et protection de l environnement. Le musée de minéralogie va devenir à la fois un lieu de découverte des processus industriels qui transforment les minéraux en objets manufacturés et un lieu de débats sur ce qui doit être fait en matière d environnement pour un développement raisonné de nos sociétés. Être une vitrine de l industrie et de l artisanat Établir un lien entre les minerais, les minéraux et les produits manufacturés se concrétise à travers des expositions thématiques temporaires. Ces aspects sont systématiquement abordés dans les circuits de visites organisées. Il est envisagé d y associer des publications écrites et audiovisuelles. Les partenariats entre une entreprise/une fédération professionnelle peuvent avoir différents objets : la mise en place d expositions et publications associées, la restauration et l entretien des locaux et mobiliers du musée, ou l acquisition de minéraux exceptionnels pour l enrichissement de la collection, l organisation de visites ou de réceptions dans le musée, destinées aux salariés, Photo 4. Les produits miniers au service de l Industrie - Abel de Pujol 2 (cliché MINES ParisTech) Alexandre Denis Abel de Pujol, dit Abel de Pujol ( ), artiste peintre néoclassique français.

62 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme clients ou partenaires de l entreprise. Selon leur objet, ces coopérations peuvent se faire dans le cadre de conventions de mécénat, qui rendent le donateur éligible à une réduction d impôt de 60% du montant versé, et qui sont signées avec l École et la Fondation MINES ParisTech, ou de conventions de gré à gré, signées avec l École. 60 Être une vitrine de l École et un lieu d échange culturel Au début du XXI e siècle, à l heure de la mondialisation, les grandes écoles d ingénieurs françaises ont vu leurs positons changer au regard de l émergence de grandes universités étrangères regroupant des dizaines de milliers d étudiants. Aujourd hui les grandes écoles et institutions se regroupent. L École des Mines est actuellement intégrée à l Institut Mines-Télécom et est partie intégrante de ParisTech et Paris Sciences Lettres (PSL) qui associe des établissements d enseignement des sciences et techniques et aussi d économie et d arts et lettres. Le musée de minéralogie a, dans ce contexte, un double rôle à jouer. Celui de stabilisateur qui ancre dans l histoire et le passé une institution et participe à son identité et sa légitimité, mais aussi celui d agent de liaison, en établissant des liens culturels avec le grand public et en suscitant des projets et actions transdisciplinaires (arts et sciences) entre les grandes institutions parisiennes. Communiquer sur les minéraux «Beaux et utiles» Le livre «Curiosités minérales», paru en décembre 2013, présente les collections à travers de somptueuses photographies et des anecdotes qui pour la plupart traitent des utilisations industrielles des minerais et des éléments qu ils contiennent. Mineralotech, la page Facebook et le compte Twitter du musée, reprennent ces anecdotes à raison de deux publications par semaine. La déclinaison du concept ne s arrête pas là. Il existe aussi une exposition itinérante, «Cristaux», qui s est déjà affichée sur les grilles de l ESPCI (Photo 5), de la maison de la chimie et dans les écoles de Poissy. En outre, durant l année 2014, une dizaine de conférences, «les minéraux sont beaux et utiles», a été donnée à travers la France. Les visites du Musée de minéralogie sont systématiquement orientées sur les gisements des minéraux, leur transformation et leurs utilisations dans l industrie. Ce parti pris en fait un véritable musée de l industrie minérale, tel qu il était nommé au milieu du XIX e siècle. De la pharmacie à l automobile ou l aéronautique, les secteurs de l industrie sont ainsi évoqués en présentant les minéraux classés par familles chimiques. Pour aider le visiteur Photo 5. Affiches de l exposition Cristaux sur les grilles de l ESPCI 3 (cliché MINES ParisTech). Photo 6. Fiche QR de malachite concrétionnée sur portable (cliché MINES ParisTech). individuel dans sa progression, un certain nombre d échantillons sont associés avec des «QR Codes» (Photo 6). À l aide de son portable ou de sa tablette, il peut accéder aux explications écrites et enregistrées liées aux minéraux. Dans un avenir proche, le visiteur se verra proposer des visites thématiques lui permettant d aller d un point à un autre en fonction de son choix. À titre d exemples : les minéraux d un pays, les minerais d un métal, les minéraux 3. École Supérieure de Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris (ESPCI ParisTech).

63 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme présents dans un objet du quotidien Des vidéos illustrant les gisements ou les procédés industriels de fabrication viendront aussi prochainement compléter les photographies, textes et enregistrements audio déjà existants. Du bâtiment au bijou de luxe. Pour les minéraux utiles à la construction, une fiche thématique (5 minéraux pour construire sa maison Photo 7) est déjà proposée au visiteur afin d identifier les liens entre minéral et produit manufacturé. Mais le principal vecteur de médiation est aujourd hui un MOOC (Massive Open Online Course) : «Roches et minéraux courants, Identification, propriétés et utilisations» dont la troisième session aura lieu en janvier Les sessions précédentes ont vu l inscription de internautes. Les vidéos tournées à cette occasion dans les carrières et sites industriels seront prochainement proposées au visiteur du musée sur les écrans disponibles, mais aussi sur les applications portables et tablettes. Avec sa collection de gemmes et pierres taillées, et la présentation de pièces issues des joyaux de la couronne de France, le musée suscite aussi l intérêt des milieux de la bijouterie et de l industrie du luxe. Les minéraux à l état brut entrent en résonnance avec les objets précieux réalisés par les plus grands orfèvres et joaillers de la planète. Durant l année 2014, des grandes maisons comme Jacquet Droz, Margiela ont sollicité le musée pour présenter leurs nouvelles collections. Les parures les plus somptueuses des grands bijoutiers mondiaux, présentées à la biennale des antiquaires ont été disposées sur des échantillons de la collection pour réaliser un numéro spécial du Figaro. Développer cet axe de collaboration s impose comme une évidence. La beauté du décor et des minéraux présentés peuvent faire du musée de minéralogie un lieu didactique, écrin des savoir-faire de la joaillerie. Photo 7. Poster de 5 minéraux pour construire sa maison (cliché MINES ParisTech). Conclusions Les points abordés dans cette rapide présentation illustrent la nouvelle dynamique qui anime le Musée de minéralogie MINES ParisTech et son équipe. Cet effort doit cependant s inscrire dans une démarche collective nationale et internationale pour qu elle puisse être réellement audible et s intégrer dans une démarche éducative et pédagogique. Il existe dans ce domaine des réseaux forts et structurés notamment dans les grands pays producteurs de métaux et de minéraux industriels comme le Canada ou les pays d Amérique latine. Sur le continent européen de multiples projets ont vu le jour depuis de nombreuses années mais ils restent le fait de structures, musées ou associations, isolées. Il est plus que jamais nécessaire de mettre en place un entité fédérative, pourquoi pas au sein de la Société Géologique de France (SGF) qui a toute légitimité pour cela, afin de donner un poids plus important à cette démarche. 61

64 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Une sensibilisation au patrimoine géologique : l aménagement géo-touristique de la Côte basque (Espagne et France) Jean Choignard 1. Un précédent espagnol : le Géoparc de Zumaia Un modèle réussi de sensibilisation du grand public au patrimoine géologique nous est donné par la démarche espagnole du Géoparc de Zumaia sur la Côte basque. Au départ, 3 petites communes (Zumaia, Deba et Mutriku) se sont associées pour valoriser un territoire comportant un site exceptionnel de falaises de flysch, offrant une coupe géologique de 5 km de l Albien à l Éocène (50 Ma). Les trois communes se sont mobilisées dans les années 2000 pour lancer un programme de découverte du patrimoine sur un territoire de ha (terre et mer), le Biotopo del Flysch, axé sur la mise en valeur de la géologie mais aussi sur la préservation des écosystèmes terrestres et marins. Leur action s est concrétisée, avec le temps, par des musées, des films, des panneaux informatifs, des publications, des centres didactiques et des visites organisées à terre et en mer. Le financement initial du projet a été assuré par les communes, puis une fois la structure lancée, par les organismes régionaux et européens, qui ont pris le relais et abondé le projet. En 2010 est venue la reconnaissance institutionnelle avec l attribution du label Géoparc international qui sanctionnait le caractère «développement durable» de l opération. De même la Commission stratigraphique internationale a sanctuarisé le site en accordant des «Clous d Or (Golden Spikes) aux limites Sélandien/Thanétien (58,7 Ma) et Sélandien/Danien (61,6 Ma). En conclusion, cette démarche espagnole de sensibilisation du public partant d initiative d élus locaux appuyés sur un concours scientifique solide s est avérée efficace et rentable. Le site de Zumaia-Deba a aujourd hui un fort succès populaire, avec une belle fréquentation tout au long de l année et les budgets de la structure sont équilibrés. Les retombées touristiques et commerciales sont aussi très positives pour la région et la géologie est devenue une valeur sûre du patrimoine local. 62 N Lieu (64) Thème 1 Anglet Le gouffre de Capbreton 2 Anglet Le cours divaguant de l Adour 3 Bidart La crise KT* - Les faits 4 Bidart La crise KT - Les causes 5 Guéthary Le Pays basque de 300 Ma à nos jours 6 Guéthary Les plis dans le flysch 7 Guéthary Un risque géologique actuel 8 Hendaye La Formation des Deux Jumeaux 9 Hendaye Le Pays basque de 300 Ma à nos jours Panneaux en attente d autorisation** - St-Jean-de-Luz La pile d assiettes - St-Jean-de-Luz Les plis de la Baleine - Hendaye Le flysch de la baie de Loya - Hendaye La crise KT en baie de Loya Tableau 1. Récapitulatif des 9 panneaux installés et des 4 autres en attente (source CapTerre). Légende : * KT : crise Crétacé-Tertiaire (Kreide - Tertiär en allemand, d où le sigle KT). ** Attente d autorisation de la Ville de St-Jean-de-Luz, du Conservatoire du littoral ou du Domaine d Abbadia (Hendaye). Tableau 2. Répartition des connexions vidéo, par thème traité dans les 33 vidéos (source : C.A.P. Terre). 1. Association CapTerre (Comité aquitain de la planète Terre).

65 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Qu en est-il du côté français? Où en est-on pendant ce temps du côté français pour sensibiliser le public à la géologie sur un domaine qui dispose d atouts tout aussi intéressants de Biarritz à Hendaye? On relève des initiatives d associations quelquefois labélisées comme CPIE 2, des propositions administratives centralisées. Par exemple, dans les initiatives de l administration, une Maison d information sur la nature et la place de l homme, créée par le Conseil général des Pyrénées Atlantiques et les communes s ouvrira près d Hendaye à l automne 2015, en bordure du sentier du littoral qui longe la côte sur 25 km. Des vitrines seront consacrées à la géologie du sentier, mais avec l inconvénient majeur d absence de regard direct sur les affleurements et les sites géologiques tout proches. Au niveau des associations, le projet le plus abouti et déjà partiellement mis en œuvre est celui de l association géologique bordelaise CapTerre 3. Réalisée en 2009 entre Anglet et Bayonne, une succession de panneaux géologiques et d itinéraires vidéos financés par le Groupe Total, dans le cadre des «Routes de la Terre» a été mise en place. Ces panneaux informatifs ont été proposés gratuitement aux communes du littoral. Quatre communes sur neuf ont accepté d en installer sur leur territoire. Par contre, des interdictions de poser des panneaux sur les sites d intérêt géologique majeur sont venues de la part d administrations, comme le Conservatoire du Littoral ou des services de la DREAL 4 parce que leur réglementation n autorise que leur propre signalétique sur les secteurs classés protégés. Les essais de collaboration avec ces organismes restent engagés, mais ils sont lents, difficiles et souvent retardés par des procédures sans fin. Objectifs et impacts de la réalisation Le programme des 9 panneaux (Tabl. 1) et 33 vidéos (Tabl. 2) et de leurs 3 itinéraires géologiques associés a été réalisé par l équipe CapTerre présidée par Mireille Verna, conçu par Claude Bacchiana pour la partie vidéos et supervisé par Thierry Mulder, Professeur de géologie à l Université de Bordeaux, et a beaucoup emprunté aux Photo 1. Panneau explicatif sur le Pays basque (source CapTerre) Centre permanent d initiatives pour l environnement Direction régionale de l environnement, de l aménagement et du logement.

66 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme travaux de Philippe Razin, professeur à ENSEGID. Les panneaux géologiques sont répartis sur les 35 km entre Anglet et Hendaye. Au moins un promeneur sur trois s arrête devant ces panneaux et comme on dénombre de l ordre de entrées par an,ce sont au moins plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont lu ces panneaux depuis 5 ans (Photos 1 et 2). Les contacts directs avec les promeneurs confirment un grand intérêt pour ce type de communication et d explication du paysage. Les 33 vidéos réalisées par CapTerre sont associées à des stations sur 3 itinéraires géologiques de 5 km environ et permettent une véritable visite guidée liant en permanence paysages, observations à différents types d échelles et phénomènes géologiques tant fondamentaux que pratiques (Photo 3). Elles sont consultables sur place, sur ordinateur ou sur tablette / téléphone mobile 3G par connexion par «code QR» (type de code barre nécessitant une application sur le téléphone). Ces codes QR sont positionnés le long des itinéraires géologiques et renvoient aux sites Dailymotion et Youtube pour consultation de la vidéo. Des dépliants/guides avec codes QR aussi sont disponibles sur internet ou dans les offices de tourisme. À ce jour,les vidéos ont été consultées fois,soit pour Bidart-Guéthary, pour Guétary-Accotzet et pour Anglet,ce qui correspond à la 5 ème année pour Bidart,Guéthary et Guéthary-Accotzet et à la 3 ème pour Anglet). Le tableau 2 (voir plus haut) donne le détail de la répartition de la consultation des vidéos, par grand thème traité. Les différences du nombre de connexions sont liées à l intérêt des sujets traités, mais aussi à leur positionnement. Les étiquettes de codes QR placées dans la nature devant un site isolé sont régulièrement vandalisées. En revanche, elles restent généralement en place lorsqu elles sont collées sur des panneaux géologiques, qui sont assez bien respectés. Il semble aussi que des vidéos soient regardées par des étudiants pour réviser les enseignements des sorties de terrain. D autres installations sont programmées mais en attente en particulier sur les sites d intérêt majeur du Conservatoire du Littoral et sur le secteur classé protégé de St- Jean-de-Luz. Une collaboration avec les géologues du Géoparc de Zumaia est en cours pour partager leur expérience sur la valorisation du patrimoine et travailler sur un projet commun financé pro parte par des fonds européens. Perspectives En conclusion,l exemple espagnol montre que les initiatives de sensibilisation à la géologie doivent partir des élus locaux. Aujourd hui, seules les initiatives associatives et le mécénat ont fait avancer,en Pays Basque français,la connaissance du paysage géologique. Des géologues a fortiori des géologues élus doivent convaincre les élus locaux à travers les services du tourisme, de l intérêt économique du patrimoine géologique. Le public, très intéressé dès lors que des réalisations de qualité lui sont proposées, répond rapidement et favorablement à ces initiatives. Peut-être qu un jour, les diverses réalisations de sensibilisation au patrimoine géologique basque, conduiront-elles à l attribution du label Géoparc à tout le littoral à travers des parcours transfrontaliers de Zumaia à Biarritz qui, pourquoi pas? sera étendu également à la Montagne basque? Photo 2. Site de Cenitz, entre Guétharry et St-Jean-de-Luz (source CapTerre). Photo 3. Glissement de terrain dans l altérite de Guéthary (source CapTerre). 64

67 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Une collection unique du patrimoine minéralogique français : la démarche de Gilles Emringer La Rédaction 1. Une vocation précoce Pour constituer une collection minéralogique, objectif qui est présenté ici, il faut soit procéder par collecte personnelle sur le terrain, soit acheter des minéraux ou des collections entières ou partielles. Dans les deux cas, une diversité d interlocuteurs peuvent être impliqués : mineurs retraités ou en activité, collectionneurs amateurs, dont certains peuvent posséder des collections considérables, professionnels du commerce des minéraux et la liste n est certainement pas limitative. Il faut d abord souligner que la vocation de collectionneur de Gilles s est d abord portée vers la paléontologie et remonte à son enfance et à sa collecte de fossiles au pied des falaises de Normandie. Par la suite, tout en poursuivant sa collecte de fossiles dans le Bassin parisien notamment 2, il s est ouvert à la minéralogie, considérant d ailleurs que des minéraux présents dans les fossiles (calcite, pyrite, etc.) aux minéraux en tant que tel, il n y a qu un pas qui peut facilement être franchi. Certains collectionneurs sont toutefois uniquement paléontologues, comme c est le cas du collectionneur privé, qui possède déjà trois musées dans plusieurs pays (Etats-Unis, Chine, Pérou) et qui sera très impliqué dans le montage du projet Paléopolis que nous verrons plus loin. Dès le départ, G. Emringer a œuvré avec le souci de constituer des ensembles cohérents. C est ainsi qu il s est d abord orienté vers les gemmes, en privilégiant l acquisition d une dizaine de spécimens de niveau mondial. Vers les années 90, on assiste à une flambée (x 5 environ) des tarifs de ce type de minéraux aux États-Unis, ce qui conduit G. Emringer à ne plus être en capacité de poursuivre ses achats de gemmes de 1 er plan, puis à prendre la décision de vendre sa propre collection et de s orienter vers un autre objectif, celui du patrimoine minéralogique français, un autre ensemble cohérent. Les produits de cette vente, joints à ses revenus, lui permettront de poursuivre sa passion de collectionneur, mais ce n est véritablement qu en 2007, après avoir cédé ses parts dans son entreprise de fabrication de caoutchouc et vendu ses actifs industriels, qu il disposera des moyens nécessaires pour développer son activité de collectionneur, toujours avec l objectif de constituer une collection exceptionnelle du patrimoine minéralogique français. Auparavant (1993), il avait créé la société Multiaxes,support de son activité commerciale dans le domaine des minéraux. Deux débouchés privilégiés pour une collection patrimoniale : MNHN et Paléopolis La sélection des plus belles pièces du patrimoine minéralogique national, représentée par spécimens, trouvait naturellement son débouché au Muséum national d histoire naturelle (MNHN), mais cela aurait pu être aussi un musée d histoire naturelle d une grande ville de province comme Lyon ou Toulouse. Les discussions entre la société Multiaxes et le MNHN ont commencé en 2010 et elles ont impliqué le département de minéralogie et pétrographie et la direction du MNHN. Le MNHN a exprimé son intérêt par une lettre d engagement, sous réserve d audit financier. Il faut dire qu une collection exceptionnelle de ce type revient à plusieurs millions d euros, ce qui s explique facilement par la qualité exceptionnelle des spécimens (voir Tabl. 1) et la diversité des sources auxquelles Multiaxes a du s adresser pour la constituer. Couvrir une telle somme imposait de solliciter un ou plusieurs sponsors et donc de les motiver. Finalement, G. Emringer a été conduit à imposer le délai ultime du 31 octobre 2012 pour une prise de décision du MNHN, faute de quoi il reprendrait sa liberté d usage de la collection. Ce délai une fois passé, la collection, limitée à pièces 3, a été très rapidement mise en dépôt vente auprès d un acheteur américain et, un an après, environ 80% de l objectif financier était atteint. L opération Paléopolis (Gannat, 03) a progressé en parallèle de celle du MNHN avec une autre collection d échantillons exceptionnels rassemblée également par G. Emringer. Le premier projet Paléopolis, lancé en 2000, sur initiative du Conseil général de l Allier, avait vocation à être un parc européen de la paléontologie, dans l esprit du site de Vulcania pour le volcanisme, et représentait un investissement de 60 millions d euros. Il n a finalement pas vu le jour, mais a été relancé en 2005, sous une forme plus modeste, toujours sur initiative du Conseil général de l Allier. Ce projet réduit n a pas non plus débouché sur une réalisation faute de consensus entre les acteurs concernés Remerciements à Gilles Emringer pour son aide dans l élaboration de cet article. 2. En s appuyant sur les ouvrages de C. Pomerol (Doin, 1973) concernant la stratigraphie et la paléogéographie de l ère cénozoïque et celui de M. Cossman et G. Pissaro (1904) sur les coquilles de l Éocène des environ de Paris pièces considérées par le MNHN comme ne devant pas quitter la France et environ 550 conservées en France par choix de G. Emringer.

68 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Régions Sites Minéraux Nb* Dépts* Localisation Bassin parisien, Ardennes 5 08, 54, Cap Blanc-Nez (62), Angervilliers (91), Calcite, fluorite, gypse, halite, 62, 77, Fontainebleau (77), Varangéville (54), marcassite, pyrite 91 Foisches (08) Vosges Alsace Sainte-Marie-aux-Mines, Steinbach, Rimbach Stahlberg, Sewen Mine Moritz, Bergheim 70 Chagey, Saphoz 88 Maxomchamp, Raon l Étape, Steingraben - Urbeis 90 Giromagny Alpes du Nord Allevard, Bourg d Oisans, L Alpe d Huez, La Gardette, La Mure, Les Challanches, Les Deux Alpes, Les Grandes Rousses, Maronne-en-Oisans,Montalieu,Pontchara, Saint-Christophe-en-Oisans, Saint-Pierre de Mésage, Vizille 73 Cevins, Chamrousse, Glandon, La Lauzière, Le Noirey, Vilette 74 Mont-Blanc, Sallanches Alpes du Sud Allos, Saint-Pons 05 Pelvar, Saint-Véran, Sigoyer 26 Pré-Guittard, Rémuzac - Concorcet 83 Cap-Garonne, Fontsante, Lavellan, Les Porres, Massif de l Estérel 84 Opédette Massif central Buxières-les-Mines, Échassières 07 Mayres, Saint-Georges-les-Bains, Saint-Peray, Soyons 11 Salsigne 12 Asprières, Camarès, Entraygues, Kaymar, Margabal, Port d Agrès, Valzergues 19 La Besse, Les Farges 30 Anduze, Les Malines, Trèves 34 Cabrières, Loiras 36 Chaillac/Rossignol 43 Chavaniac Lafayette, Clersanges, Langeac, Lubilhac, Pezzioulou (Pouilloux) 48 Sainte-Lucie 63 Gergovie, La Barre, Le Beix, Olloix, Pongibaud, Puy-Saint-Galmier/Bisage, Roc Courlande, Sioulot 69 Chessy, Lantigné 71 Largenterolle, Maine, Romanèche, Voltrennes 81 Enbournegade, Le Burc, Montroc, Margou, Padiès, Peyrebrune, Saint-Salvy Cérusite, chalcopyrite, fluorite, grenat, hématite, malachite, pyromorphite, sphalérite, quartz, tétraédrite Allémonite, anatase, antimoine, apatite, argent, axinite, bournonite, brookite, calcite, célestite, chalcopyrite, dolomite, épidote, fluorite, galène, hématite, ilménite, monazite, or, prehnite, pyrite, quartz, sidérite, sphalérite, tétraédrite Albite, adamite, azurite, baryte, calcite, célestite, chalcostibite, cuivre natif, cyanotrichite, dadsonite, épidote, fluorite, galène, hématite, lithophyse, mimétite, olivénite, quartz, tétraédrite, whewellite, zuncite Analcime, apatite, aragonite, azurite, baryte, bournonite, calcite, cassitérite, cérusite, chalcopyrite, childrénite, crondstedtite, cuivre, cuprite, dolomite, fluorite, galène, goethite, hémimorphite, ludlamite, malachite, manganite, marcassite, mimétite, quartz, pyromorphite, romanéchite, sanidine, saphir, sidérite, smithsonite, sphalérite, stibine, stolzite, tétraédrite, torbernite, vivianite, wulfénite, zircon Pyrénées et Aquitaine 6 09, 33, Caresse (33), Bastennes (40), Pau (64), Anhydrite, aragonite, calcite, fluorite, 40,64,65 Arbouet (64), Barèges (65), Arignac (09) gypse, quartz Massif armoricain, Vendée 5 29, 53, La Villeder (56), La Lucette (53), Huelgoat (29), Apatite, arsénopyrite, béryl, cassitérite, 56, 85 Quilly (29), Chambretaud (85) cérusite, galène, pyromorphite, stibine TOTAL sites 115 espèces minérales en additionnant dépts les régions 66 Tableau 1. Gisements pris en compte dans la collection minéralogique de Gilles Emringer : aperçu synthétique (Source : «Trésors des mines de France». Collection Gilles Emringer, Multiaxes). *Légende : Nb = nombre Dépts = Départements.

69 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme Le projet a été relancé en 2010, toujours à l initiative du Conseil général de l Allier (03),avec l accord des autres élus concernés (Conseil régional, députés). L investissement ne représentait plus que 5,7 millions d euros et la société Fossilis 4 a remporté l appel d offres pour l exploitation du site. Le collectionneur privé, déjà évoqué, a apporté son soutien à ce projet dont il est devenu l actionnaire majoritaire. Sur le site de 5 ha,2 500 m 2 de bâtiments ont été construits,comprenant m 2 d expositions réparties sur deux bâtiments, l un pour l exposition permanente de paléontologie («La fascinante histoire de la vie») 5 et l autre, d une part à la Galerie des découvertes consacrée aux expositions temporaires («Auvergne tropicale» en 2013), d autre part, une collection de minéraux prêtée par Gilles Emringer. Il est apparu également essentiel, en effet, d avoir une ouverture sur la minéralogie régionale. C est ici qu intervient Gilles Emringer avec une autre collection de spécimens remarquables du patrimoine minéralogique français, intitulée «Trésors des mines de France». Au départ, le souhait du Conseil général était de se limiter à l Auvergne. Les discussions ont ensuite conduit à étendre la présentation à l ensemble du Massif central, puis à d autres régions du territoire métropolitain (Alpes, Bassin parisien,vosges- Alsace). Le découpage a été fait à l image de la collection préparée pour les discussions avec le MNHN (voir tableau 1), avec trois regroupements : Massif central (2/3 environ de la collection), Massif alpin et Bassin parisien. Les quelque 350 spécimens présentés ont été regroupés en 20 vitrines (Tabl. 2), disposées selon un double alignement au centre de la salle consacrée à la collection, le mur d entrée à gauche et le mur du fond étant occupés par de grandes photos de paysages des régions concernées 6, avec un texte d accompagnement, et le mur d en face, par des panneaux généraux sur la minéralogie 7. Dans les vitrines, les minéraux sont classés par gisement, dont chacun est décrit par une fiche d accompagnement, malheureusement peu lisible,ce qui a conduit G. Emringer à proposer de diminuer fortement le volume des textes, pourtant déjà fortement condensés antérieurement à partir des premiers écrits revus avec le MNHN, et d augmenter la taille des caractères. Une sélection de spécimens des collections Emringer est présentée dans les photos 1 à 5. Au final, Rhinopolis a fermé ses portes le 31 août Photo 3. Quartz de La Gardette Isère (cliché Jeff Scovil). 1a 1b Photos 1a et b. Cuprite sur azurite et cuprite de Chessy Rhône (clichés Jeff Scovil pour 1a et Jean-Claude Roy pour 1b). Photo 4. Pyromorphite des Farges (cliché Jeff Scovil). Photo 2. Fluorite sur quartz, Sewen Haut-Rhin (cliché Jean-Claude Roy). Photo 5. Lithophyse de l Estérel Var (cliché Jean-Claude Roy). 4. Président : Gilles Emringer - Directrice : Viviane Gorce. 5. Les collections ont rassemblé les anciennes collections de Rhinopolis, notamment celles issues du Cénozoïque de Limagne, dont le rhinocéros sans corne Diaceratherium lemanense découvert en 1993 dans la carrière de calcaire de Gannat. Rhinopolis a été créée en 1994 par François Escuillé et jusqu à la reprise par Paleopolis, les collections étaient exposées dans un local spécifique à Gannat. Les collections de Rhinopolis ont été complétées par des spécimens fournis par le collectionneur privé actionnaire. Rhinopolis a fermé ses portes le 31 août Aujourd hui, la société Eldonia, également dirigée par François Escuillé s occupe de moulages et de restauration de fossiles à destination d une large clientèle, ainsi que de fouilles paléontologiques. Coordonnées : ELDONIA Paléontologie, 9 avenue des Portes Occitanes, Gannat. Tél Bassin parisien, Vosges-Alsace, Massif alpin, Provence-Alpes-Côte d Azur et Massif central. 7. Qu est-ce qu un minéral?, Qu est-ce qu un Cristal?, La formation des minéraux, La classification des minéraux. 67

70 quel rôle pour les collections de musées et le géotourisme 68 Région Nombre de vitrines Nombre de spécimens Massif central Massif alpin Bassin parisien 1 >10 TOTAL 20 >335 Tableau 2. Répartition de la collection «Trésor des mines de France», présentée à Paléopolis. 2011, tandis que Paléopolis ouvrait les siennes en avril 2012 avec une exposition temporaire «Sur la trace des dinosaures polaires». L inauguration du site complet de Paléopolis a été faite le 27 mars 2013 et l ouverture au public le lendemain. G. Emringer a été nommé président de Paléopolis. Il l est également de la société Fossilis qui a remporté l appel d offres pour la gestion du site, qui occupe trois bâtiments 8, ainsi que des espaces extérieurs. Retour d expérience La constitution d une collection de référence est un exercice long et coûteux. Si l objectif est, en outre, de constituer un ensemble cohérent, en l occurrence, sur le patrimoine minéralogique de la France, l exercice est plus focalisé, mais les spécimens correspondants peuvent être dispersés dans le monde entier, notamment dans les pays où le commerce des minéraux est important et de grands collectionneurs présents. Et c est à une telle situation que G. Emringer a du faire face, une fois abandonnée sa stratégie de collection de gemmes de premier plan pour se consacrer au patrimoine minéralogique français. Une fois la marge de manœuvre financière acquise après la cession de ses actifs industriels en 2007, mais déjà antérieurement, il s est agi de rencontrer les interlocuteurs (anciens mineurs, collectionneurs ) susceptibles, soit de vendre des spécimens, soit d orienter vers des personnes susceptibles de les collectionner, et d être tenaces dans les discussions engagées afin d aboutir aux acquisitions recherchées. Sur ce point, un très grand collectionneur américain comme Bill Larson a été un fournisseur précieux de minéraux français, même si les négociations d acquisition ont été souvent longues et difficiles, comme en témoignent les azurites et cuprites de Chessy, pour prendre un exemple symptomatique. Cette stratégie a imposé des prises de contact officielles avec de nombreux interlocuteurs, sans nécessiter de négociations avec des exploitants toujours présents sur le territoire national. Cette situation soulève la question d un cadre officiel d exploitation des minéraux, puisque l arrêt d une exploitation minière conduit soit à une prise en responsabilité du site à des fins touristiques ou scientifiques, soit à une mise en sécurité certifiée, du moins des ouvertures officiellement connues. Un cristallier amateur peut toutefois être vendeur à condition de se plier au plafond de vente auquel a droit avec ce statut ou comme auto-entrepreneur. Aujourd hui, on notera d ailleurs que beaucoup d amateurs collectionneurs disposent d une structure légale ou ont un autre travail par ailleurs. On peut souligner ici que les collectionneurs collecteurs de minéraux du Mt-Blanc, site naturel classé, doivent, avant de s engager dans une collecte de minéraux, faire une déclaration préalable en mairie de Chamonix dont l acceptation est soumise à la signature et au respect du code d honneur des cristalliers élaboré par le Club de minéralogie de Chamonix et approuvé par le conseil municipal 9. Seule est tolérée la recherche dite traditionnelle des cristaux qui ne nécessite ni explosif pour leur extraction, ni véhicule pour leur transport et qui ne porte pas atteinte à l état ou à l aspect du site classé du Mt-Blanc (selon la loi du 2 mai 1930). En cas de vente, le cristallier doit présenter les pièces d intérêt scientifique au Comité de pilotage du Musée des cristaux de Chamonix qui peut éventuellement les acquérir dans un but de préservation du patrimoine local. Le souci de mettre en place une collection du patrimoine minéralogique français traduit le souci de G. Emringer de focaliser sa stratégie de collectionneur sur un ensemble cohérent. Après l échec de l installation d une telle collection au MNHN, suivie d une obligation de vente d une partie des spécimens, cette stratégie a trouvé son point d aboutissement à Paléopolis car G.Emringer disposait aussi des spécimens de haut niveau nécessaires pour constituer cette collection. L historique de l installation à Paléopolis montre également que le consensus sur l ampleur de la collection à présenter n a pas été obtenu d emblée, puisque il a fallu trois étapes successives pour passer de l Auvergne à l ensemble du territoire national métropolitain. Les deux historiques (MNHN et Paléopolis) montrent aussi que l installation d une collection de référence n est pas évidente matériellement et politiquement, à moins d être un généreux donateur, une position qu un collectionneur commerçant peut difficilement assumer. Or une collection du patrimoine minéralogique français est unique en son genre et mérite une reconnaissance particulière, alors que les collections minéralogiques présentées dans les musées peuvent être régionales, mais sont le plus souvent internationales et comportent des spécimens originaires d une grande diversité de pays. 8. Galerie paléontologique («La fascinante histoire de la Vie»), Galerie minéralogique et espace d expositions temporaires («Auvergne tropicale» en 2013), Bâtiment d accueil comportant billetterie, boutique, cafétéria et salle de projection. 9. Voir l arrêté municipal n 1441/2008, le Code d honneur des cristalliers et la Convention entre le Club de minéralogie et la Commune de Chamonix Mont-Blanc du 27 juin 2011.

71 relativement associé à un Finistère continental «périphérique» en regard du triangle lourd de l Europe, d axe rhénan. Le patrimoine minier en témoigne,héritages d activités minières extractives «semi-coloniales», avec peu de transformation-valorisation industrielle en aval,excepté l ardoise. Parmi les 5 priorités du programme, la priorité C porte sur la promotion de l environnement, ainsi que sur la gestion durable des activités économiques et des ressources naturelles. C est sur cette priorité qu a répondu le programme «Green Mines» 2, dont l objectif concerne la réhabilitation environnementale et la gestion durable des zones dégradées par les activités minières dans l Espace atlantique européen. Avec «Green Mines Atlanterra» (GMA), il s agit, entre partenaires, d en valoriser l histoire et l héritage patrimonial commun, matériel et immatériel, dans le but durable de partager toutes expériences d étude, de conservation, de valorisation, d animation. Dans ce contexte d États et de régions, les partenaires de terrain (sites patrimoniaux, collectivités territopatrimoine minier Une vision internationale sur la protection, la mise en valeur et la sensibilisation au patrimoine minier : l exemple de «Green Mines Atlanterra» (GMA) La Rédaction et Philippe Cayla 1. Généralités : la quête d une mémoire minière européenne dans l Espace atlantique Le programme Interreg III, mis en place par la Commission européenne pour la période , avait pour objectif de favoriser un développement équilibré et durable du territoire européen selon 3 volets de coopération : transfrontalière, transnationale et interrégionale. L Espace atlantique ( km 2 et 76,1 millions d habitants) est l un des 13 espaces individualisés. Transnational, il relève de l Espagne, de la France de l Irlande, du Royaume-Uni, du Portugal et est représenté, dans le programme «Green mines Atlanterra, valorisation du patrimoine minier», par 6 États et régions, Portugal (Alentejo surtout), Galice, Région Pays de la Loire et Bretagne, Pays de Galles, Irlande. Malgré sa configuration maritime unitaire, cet «arc atlantique», actif dans le passé, est hétérogène en termes géographiques et économiques et son niveau de développement reste Pays Organisme Secteurs et activités spécifiques France Commune de Noyant-la-Gravoyère (49) Dans la même structure du «synclinal de Segré» : - Secteurs de la Gâtelière et du Misengrain pour l ardoise. Parcours de découverte et «Mine bleue», site d interprétation minier ardoisier (Photo 1) 3. - Secteur des Bois II et III (2 carreaux) pour le fer. Exploitation des «Mines de fer de Segré», Mines de la Brutz (35) Ancienne mine de fer à Teillay, fermée au fond en 1950, exploitation en minière ensuite. Site devenu le «Parc-musée des Mines de fer de Bretagne», avec l appui d anciens mineurs et chantier d insertion. Irlande Geological Survey of Ireland (+ les 2 «Castelcomer Discovery Park» : parc de découverte, de loisirs et d interprépartenaires de la colonne de droite tation partenaires de la colonne de droite) installé dans une ancienne mine de charbon au nord du comté de Kilkenny. «Copper Coast Geopark», labellisé UNESCO. Exploitation de la «Côte de cuivre» (Photo 2) avec mines littorales. Espagne Instituto Geologico y Minero de España Antenne de Galice, riche région minière :or, fer, étain, schiste ardoisier (IGME) (première région productrice d ardoise au monde). Portugal Agencia de Desenvolvimento Régional Richesse du sous-sol de l Alentejo en étain, pyrite, cuivre... de Alentejo Laboratorio Nacional de Energia e Geologia Pays de Blaenau Gwent County Borough Council Nombreux sites miniers, dont le bassin charbonnier gallois,avec,au nord-ouest, Galles les comtés ardoisiers, ressources qui furent d importance internationale. Royal Commission, on the Ancient and La Commission travaille sur le recensement des monuments gallois, Historical Monuments of Wales dont les sites miniers. Tableau 1. Les 10 partenaires de «Green Mines» Atlanterra, issus de 5 pays européens (source : Agrégé de géographie, enseignant chercheur honoraire, Université d Angers. 2. Voir le site Internet : 3. Voir Géologues n 177 : Cécile Pavec et Céline Ballu. Sensibiliser au patrimoine minier : l expérience de Centrale 7 avec le parcours d art de Noyant-la- Gravoyère (49), pages

72 patrimoine minier 70 Photo 1. L entrée de la Mine bleue dans le secteur de la Gâtelière (49) (cliché Gérard Sustrac). riales, institutions...) sont au nombre de 10, listés dans le tableau 1. Pour leur patrimoine minier, ils ont chacun mis en place des stratégies de gestion et de développement spécifiques, que le projet Atlanterra permet d échanger et d enrichir (nouvelles activités et actions pilotes). Les objectifs appliqués ou «actions» des partenaires d Atlanterra 4 Les objectifs des actions menées dans le cadre d Atlanterra concernent de nouvelles méthodologies de gestion du patrimoine minier, la sensibilisation du public à l histoire minière et au patrimoine associé, de nouveaux outils d interprétation, la transmission des instructions de conservation et de réutilisation du patrimoine minier aux acteurs politiques et aux autorités locales, la diffusion des bonnes pratiques et des résultats positifs de «Green Mines». Atlanterra a été prévu sur 3 ans ( ), avec un financement européen de plus de 2,4 M.La commune de Noyant-la-Gravoyère, élue chef de file du projet, en a assuré la gestion et la coordination administrative, en relation avec les autorités européennes, avec l aide d une dotation de la région Pays-de-la-Loire. Dans le cadre du programme Atlanterra, ateliers et séminaires, rencontres internationales, ont été organisés à tour de rôle chez les partenaires, avec visites des sites miniers, illustrant et expérimentant l utilité du réseau transnational. La commune de Noyant-la-Gravoyère a pris au pied levé la suite du «Geological Survey of Ireland», initiateur de la démarche intersites, mais malheureusement empêché de poursuivre par la crise économique. Le Colloque européen «Valorisation du Patrimoine minier» Atlanterra, bilan de l opération, s est tenu à Nantes les 18 et 19 septembre Outre des élus, des organismes et des associations diverses,il a associé des représentants des organismes partenaires qui ont présenté des contributions, auxquelles il faut ajouter celle de Blégny-Mine en Belgique 5. Sur la base d un patrimoine minier existant et d un objectif partagé de préservation et de mise en valeur de ce patrimoine, les partenaires ont engagé 3 champs de partenariat : une aide aux communautés minières et à leur jumelage pour valoriser leur histoire minière et le patrimoine associé ; un partenariat dans le domaine des études et de la recherche appliquées à la mémoire individuelle et collective ; les outils de la médiation des connaissances, d information sur le patrimoine, de sensibilisation à sa protection et sa mise en valeur. Connaissance et valorisation du patrimoine minier : méthodologies et bonnes pratiques L objectif général est ambitieux puisqu il s agit de connaissance, de sauvegarde et de valorisation du patrimoine minier, inclus dans le patrimoine industriel et pris Photo 2. Irlande :Copper Coast Geopark,Bunmahon Heritage Center,Waterford,labellisé UNESCO. Mines de cuivre de Tankardstown, Mining Company of Ireland, Montage extrait de la visite virtuelle du fond proposée par le site internet, relevé scanné par laser d un filon défruité inaccessible au public. Sur fond noir, le plan de l ouvrage. En médaillon : le site littoral, puits d extraction, bâtiment de la machine à vapeur avec sa cheminée. Réalisation relevant du programme européen Atlanterra. Consultation vidéo possible sous : : cliquertankardstown 3D Tours. 4. Source principale : 5. Voir Géologues n 177 : Jacques Crul. Les acteurs de la reconversion réussie de Blegny-Mine (Belgique) : d une houillère familiale à un site labellisé UNESCO, pages

73 patrimoine minier dans son contexte territorial et humain d après-mine, mais aussi de développement culturel global. Cette perspective englobe la réalisation d un petit guide sur la valorisation du patrimoine minier, qui comporte un enjeu culturel (sauvegarde de l héritage et de l expérience humaine et sociétale associée), un enjeu économique, social et territorial (économie culturelle et touristique) et un enjeu méthodologique (déclinaison de la chaîne de valorisation du patrimoine minier). La démarche s est appuyée sur le retour d enquête analytique de 8 partenaires du réseau GMA et sur la visite des sites miniers partenaires, réalisée de 2010 à 2013, mais aussi d autres sites miniers et de leur retour d expérience. Pour la mise en forme de ces apports méthodologiques, le Colloque Atlanterra de Nantes, «Atlanterra, valorisation du patrimoine minier» dont les actes ont été publiés, a constitué une étape majeure et il débouche naturellement sur le «mémento et bonnes pratiques» qui fournit des repères et formalise les étapes d élaboration d un site de médiation du patrimoine minier. Comme produits dérivés, la Charte Atlanterra prévue, tenant compte des références UNESCO et un site Internet Atlanterra, à développer, permettront de s informer et de s appuyer sur les outils et concepts proposés. Cette base permettra au patrimoine minier de mieux prendre sa place dans les héritages culturels. Comme l indique le tableau 2 et hors questions générales, le colloque a aussi été l occasion de présenter une série de sites de patrimoine minier, répartis dans les 5 pays membres. Patrimonialisation et émergence du patrimoine minier Il convient d abord de souligner que le patrimoine minier fait partie du patrimoine industriel, à la fois dans son évolution historique du Paléolithique jusqu à nos jours, et dans toute la filière, depuis l extraction jusqu aux fabrications qui en découlent, en passant par la conversion du minerai en matière première élaborée (métal, roche et minéral industriel). En outre, patrimoine minier comme patrimoine industriel s intègrent dans le patrimoine sociétal relevant des activités humaines productrices, consommatrices et de fonctionnement (habitat...). Le patrimoine minier fait ainsi partie d une diversité de patrimoines, ce qui en accroît d autant l intérêt et surtout la variété des points de vue permettant de l aborder. La patrimonialisation correspond à un processus sociétal, conduit selon 3 étapes : disparition de l outil minier avec l évolution de la société industrielle, des techniques d extraction, des contextes géoéconomiques (mondialisation des gisements) ; prise de conscience de l intérêt patrimonial du bien minier, s appuyant sur une étude géohistorique pour préciser l environnement du site et des démarches d inventaire (monuments et richesses artistiques de la France, sites géologiques remarquables 6 ) ; développement culturel, que l on peut rattacher à l aprèsmine, même si, au sens minier, ce terme s applique principalement à une série d opérations de réhabilitation et de surveillance, notamment des eaux. Ce bref aperçu des différentes étapes de la patrimonialisation nous conduit à distinguer différents aspects du patrimoine minier, dont le premier critère est la distinction entre «fond» et «jour» ou «surface». Le fond souterrain, s applique à la mine mais aussi à certaines carrières exploitées sous cette forme (gypse, sel, schiste ardoisier, par exemple). À la surface, on rattache certaines mines, ainsi que la majorité des carrières de roches et minéraux industriels, de même que l infrastructure minière : carreaux d extraction, centrales d énergie, ateliers de tri et de transformation, habitat minier. Au final, l ensemble des mines et carrières relève de l industrie minérale. Pays membres Thèmes et sites présentés lors du colloque France Irlande Espagne Portugal Pays de Galles Autres Association l Ardoise. Sites d extraction Pays-de-la-Loire. Associations communes minières (ACOM). Parcours d interprétation des ardoisières (Noyant-la-Gravoyère, 49). Mines de fer de la Brutz (44, 35). Mine de wolfram de Montbelleux (35). Appropriation des jeunes (Noyant-la-Gravoyère). Médiation audiovisuelle et numérique patrimoine minier. L art et la mine (Noyant-la-Gravoyère). Relevés 3D Copper Coast Geopark Area. Statistiques minières. Héritages miniers de Galice. Memoria Uma Mina (Rossio Santo-Castro Verde). Aljustrel, ans d activité minière. Mine de Sao Domingos (Mertola). Mine de Lousal (pyrite). Valorisation des paysages au Portugal. Suivis GPS et laser : Hafford Copperwoks à Swansea, mine Pb d Ystrad Einion, carrières d ardoise. Archéologie des sites ardoisiers. Manuel des musées miniers et des archives. Gestion touristique héritage minier Blégny-Mine (Belgique) Tableau 2. Liste des sites et thèmes présentés par pays au colloque Atlanterra de septembre 2012 à Nantes (source : sommaire du colloque) À noter que le patrimoine géologique se réfère à la matière première de la mine ou de la carrière et fait l objet d une démarche européenne ainsi que d inventaires nationaux, qui s appliquent toutefois à tous les contextes géologiques et pas seulement aux sites exploités pour leurs matières premières.

74 patrimoine minier 72 La configuration géologique et son évolution géomorphologique jouent un rôle essentiel dans le type d exploitation et les techniques utilisées, variables selon les époques. En surface, la configuration géologique combinée aux impacts et ajouts anthropiques de l exploitation (constructions, terrils, bassins d épandage, etc.), s intègre dans la notion de paysage minier. De même,au fond,dimension et forme des ouvrages miniers s expliquent par cette combinaison des données naturelles et anthropiques. Les grandes chambres (70 m) d extraction ardoisière de la «Mine Bleue», sous des voûtes à gradins de 10 à 15 m de hauteur, s expliquent par la méthode montante avec «abattage» à la poudre noire dans une ample structure synclinale où la large couche ordovicienne coiffe les grès armoricains du minerai de fer (magnétite) exploité de part et d autre. En cas d arrêt de l extraction et d abandon du site, le gisement acquiert une valeur patrimoniale plurielle, témoin paysager justifiant l héritage minier. Une esquisse de typologie peut être proposée pour les sites extractifs de surface et de fond, typologie qui conditionne à la fois la mise en valeur des sites et la diversité des formes de visite adoptées : les mines à ciel ouvert, depuis les tranchées exploitées du temps des Romains et des gaulois jusqu aux exploitations industrielles depuis le XIX e siècle et surtout développées au XX e (charbon, fer, métaux de base...). La mine d or de Las Medulas, dans le nord-ouest de l Espagne (León) et classée au Patrimoine de l UNESCO en 1997, constitue un patrimoine minier remarquable de l époque romaine 7 ; les mines souterraines, même non visitables en profondeur, faute d accès sécurisé pour la partie hors d eau (exhaure arrêtée) et, pour la plupart, parce que ennoyées ou comblées (accès surtout), sont un élément essentiel du patrimoine minier, connues par la mémoire archivistique de la mine (plans d exploitation) et parfois encore humaine. Ce paysage souterrain virtuel non visitable (puits, descenderies, galeries, chambres, fronts de taille, etc.). se concrétise avec la vue des installations de surface et les archives témoins. Néanmoins, nombre de sites Atlanterra sont restés accessibles à la visite : cas des charbonnages de Big Pit au Pays-de-Galles ou de Blegny Mine en Belgique, ainsi que de l ardoisière de la Mine bleue en France (49), grâce à une exhaure rétablie tout en étant limitée. Des visites souterraines peu profondes de travaux superficiels et hors d eau (ouvrages développés dans un relief, au dessus de la nappe phréatique minière), sont aussi organisées sur les sites Atlanterra de Lousal (Portugal), aux Mines de La Brutz (35, Bretagne) ou à Aregna (charbonnage en Irlande) ; les carrières à ciel ouvert, pour matériaux de construction en particulier, sont très nombreuses, dont certaines sont en activité de longue date comme les «Penrhyn Quarries» à Bethesda en Irlande, en activité depuis plus de 3 siècles, gigantesque incision à gradins multiples ; les carrières souterraines, notamment dans des calcaires, sont également nombreuses à faire partie du patrimoine comme en témoignent les carrières de falun (Doué-la-Fontaine, 49) ou de tuffeau de la région tourangelle, s arrêtant au contact de la nappe ; une place à part peut-être donnée aux ardoisières,comme celles du bassin de l Anjou, dont l exploitation, jusqu à 500 m de profondeur à Trélazé, relevait des technologies minières. Parmi les sites visitables, citons à nouveau la Mine bleue à Noyant-la-Gravoyère, mise hors d eau et sécurisée,dans laquelle on descend jusqu à m,ou les ardoisières du Pays de Galles exploitées à flanc de versant par gradins et par chambres d extraction internes avec exhaure d eau par gravité, comme en témoignent les sites de Dinorwig chwarel,à Llanberis et Llechwedd slate mine cavern visitable à Blaenau-Ffestiniogg. À cette liste, il convient d ajouter les installations de surface qui sont une partie essentielle du patrimoine minier, malheureusement souvent plus ou moins ruinées, et parmi lesquelles on peut distinguer : les carreaux et recettes avec leur chevalements emblématiques en bois (rare, de 1923 à l ardoisière de La Pouëze 49), de pierre (rare, 1874 charbonnage à Montjean / Loire, 49) et surtout métalliques associés aux bâtiments accueillant les salles de machines, type d installation présent sur presque tous les sites du réseau Atlanterra ; les équipements connexes (centrales d énergie, salle des compresseurs...), les stockages extérieurs de déchets (terrils, verses...), les bassins d épandage, etc. ; les infrastructures de transport (pistes routières, chemins de fer, installations portuaires...) ; en témoignent, par exemple, le hall à locomotives de São Domingos (Portugal) ou le Ffestiniog railway, reliant Blaenau- Ffestiniog à Porthmadog, un des ports d expédition majeurs de l ardoise galloise ; les installations de traitement, voire établissements métallurgiques pour les métaux ou les ateliers de taille comme dans le cas de l ardoise. Ces installations aval, quand elles existent, sont donc incluses dans le patrimoine minier. Au final, le patrimoine minier est donc multiple, souvent visitable et organisé en musée, site d interprétation, parcours de découverte, parfois même sous forme de friche minière «paysagère». Ces types de vestiges miniers et 7. Voir l article publié dans Géologues n 157 (juin 2008) : «La mine d or de Las Medulas : un site majeur témoignant de l activité extractive romaine»,

75 localisation topographique des sites de patrimoine minier et des richesses géologiques. Il en résulte que l étude transdisciplinaire englobe différents volets : sciences de la nature, arts et métiers de la mine, histoire, sciences humaines et sociales, architecture et ingénierie industrielle, que l on peut regrouper sous le terme d archéologie industrielle. Celle-ci englobe le patrimoine minier matériel et immatériel, les archives écrites et la mémoire orale. Au-delà de l étude scientifique, la conservation et la médiation du patrimoine minier relèvent d un bon enchaînement entre muséologie sur le plan conceptuel, muséographie au niveau technique et patrimonialisation ou traitement de l objet patrimonial ancré dans son terrain (sauvegarde, restauration, aménagement culturel, médiation de type musée ou site d interprétation). Il s agit en particulier de souligner les spécificités patrimoniales du site étudié, d étudier les modes de conservation et de restauration de ce patrimoine (machines, chevalements, cavités minières). L ensemble de ces approches aboutit à l avant-projet patrimonial (APP), inspiré du Projet scientifique et culturel (PSC) défini pour les musées et adapté à un territoire patrimonial. Après prise en charge du projet par un maître d ouvrage, intervient ensuite une phase de consultation des acteurs impliqués et la création d un Comité de pilotage chargé de la conduite générale du projet, à la fois sur le plan technique général, mais également d aménagement du territoire, de conservation et de médiation du patrimoine minier, de restauration et d entretien des sites, ainsi que de médiation culturelle en direction des différents publics (local, grand public, scolaire, spécialistes, etc.) auxquels 3 niveaux de lecture peuvent être proposés. Dans ce panorama, le tourisme constitue un canal essentiel de la médiation patrimoniale, entre l information, la connaissance, la détente et... l effort pédagogique! Une autre question soulevée est le choix du type de structure convenant au projet, qu il s agisse de sa forme juridique (structure publique, privée ou mixte à l image de la DSP 8 ou de la SEM 9 en France ; statut des personnes physiques et morales concernées), du concept culturel muséal (depuis les Cabinets de curiosités du XVIII e ou des Musées des arts et traditions populaires , jusqu aux concepts plus récents comme celui du Musée allemand de l extraction minière Deutsches Bergbau Museum, site de référence en la matière, installé dans la Ruhr). Avec l ère de la patrimonialisation se développent les musées d identité et les centres d interprétation et, plus largement, les musées de société à composante ethnologique et technique, et les écomusées notamment. Le site minier peut être un véritable CCSTI 10 avec une fonction patrimoniale rétrospective et une foncpatrimoine minier leur état de conservation ou de rénovation conditionnent les types de visite ou de parcours envisageables. Dans ce panorama, il convient d inclure le patrimoine minier social des cités, les «corons», les cités-jardins, ainsi que l architecture patronale (maison directoriale et autre). Ainsi, à Blaenau-Ffestiniog, les alignements de maisons ouvrières s intercalent dans une structure de type bourgade. Parfois une «company-town» jouxte la mine, comportant église, écoles, gendarmerie, bourse du travail, locaux syndicaux, cités multiples, comme en témoignent les sites de Noyant la Gravoyère - Bel-Air de Combrée en Anjou, Faymoreau en Vendée, Aljustrel ou Sao Domingos au Portugal. L architecture patronale s inscrit en limite de la mine, comme c est le cas pour l ardoisière de Misengrain à Noyant la Gravoyère, ou plus à distance, comme pour le château résidence de Plas Tan Y Bwich, situé à 15 km de Glodfa Ganol, ardoisière majeure de Blaeanau-Ffestiniog et siège aujourd hui d un Parc régional. Du guide méthodologique de valorisation du patrimoine minier à la Charte Atlanterra Le guide méthodologique proposé pour valoriser le patrimoine minier comporte 3 grandes étapes qui sont présentées sommairement ci-après : méthodologie des études à produire ; sauvegarde, conservation et protection du patrimoine, comme préalables à sa sauvegarde ; gestion et gouvernance, du projet au site fonctionnel. Méthodologie des études à produire Ces études comportent d abord des études préparatoires qui relèvent, d une part des analyses bibliographiques et, d autre part, des enquêtes réalisées in situ par Atlanterra. L analyse bibliographique concerne à la fois le patrimoine local et général, comme capital de connaissance. Les enquêtes Atlanterra (voir site Internet) portent sur une série de sites qui font partie du réseau (21, relevant de 5 pays), mais aussi correspondent à des références européennes hors réseau (5). Il en résulte une typologie de sites miniers, mais également une analyse de la diversité des modes de valorisation. L initialisation du projet peut reposer sur différents points de départ : demande sociale pouvant rapidement déboucher sur un musée d identité, recherche scientifique, plus rarement démarche institutionnelle. Le cœur de l approche est représenté par l étude transdisciplinaire qui permet d aborder les différentes composantes du patrimoine minier, définies à partir de démarches de type inventaire : Délégation de service public. 9. Société d économie mixte 10. Centre de Culture scientifique, technique et industrielle.

76 patrimoine minier tion de médiation vers l avenir, s appuyant sur le présent, comme en témoigne le Centre de Lousal au Portugal. La phase actuelle, depuis les années 2000, s est ouverte sur d autres types de concepts associant divers patrimoines et diverses fonctions, comme les géoparcs 11 et les pôles muséaux de territoire. Parmi les géoparcs, on peut citer le Copper Coast Geopark d Irlande 12 qui cultive la médiation 3 D (application d Atlanterra), tandis que les pôles muséaux correspondent à un principe d aménagement du territoire, largement appliqué à l échelle de bassins miniers ou patrimoniaux, ou de régions (Nord - Pas-de- Calais et Wallonie, devenus sites «patrimoine mondial», Bassin de la Ruhr 13 autour du charbon, par exemple). Ce lien avec le territoire et la trame économique active est expérimenté en France en région Pays-de-la-Loire par les Pôles régionaux d innovation (PRI), comme en Saumurois avec des carrières de tuffeau (dont une active) et de falun et des développements associés (centres d interprétation, hébergement troglodytique, galeries artisanales...). Il faut enfin signaler les références qu apportent les chartes et procédures à caractère national ou international (UNESCO 14, ICOMOS 15,ICOM 16,CILAC 17,TICCIH 18,UE 19...) qui constituent le référentiel mondial de la démarche patrimoniale de valorisation du patrimoine culturel, qui comprend le minier. Sauvegarde, conservation et restauration du patrimoine à sa valorisation D un pays à l autre, on observe que les procédures différent, et ce pourrait être une fonction du site GMA que de présenter cette diversité. On peut d abord évoquer la sauvegarde juridique avec les procédures d inscription ou de classement, comme en France, ou la simple reconnaissance de valeur patrimoniale (liste) comme au Royaume Uni. Il convient également de voir dans quelle mesure ces procédures s appliquent au territoire minier de surface et souterrain. À ces procédures s ajoutent celles appliquées dans les musées et archives, pour lesquelles le Manuel de bonnes pratiques de Franck Olding 20 pour le Royaume-Uni peut servir de référence. Il importe ensuite d aborder la question des règlements d urbanisme et d aménagement du territoire pouvant faciliter la sauvegarde et la valorisation du patrimoine minier. Pour la France, on peut citer les Plans d occupation des sols (POS), remplacés par les Plans locaux d urbanisme (PLU), ainsi que les Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) aujourd hui remplacées par les Aires de mise en valeur de l architecture et du patrimoine (AVAP). Un problème spécifique de surface est la sécurisation générale des sites miniers (désordres divers, fontis...), non seulement en ce qui concerne les installations minières, mais également les cités et les bâtiments d usage collectif associés. La conservation et la fréquentation du patrimoine minier souterrain nécessitent des mesures spécifiques dans trois domaines : la sécurité d accès et de visite, les travaux d aménagement et de mise en sécurité (purger, boulonner, blinder), ainsi que la surveillance et la maintenance des sites. Le problème d actualité crucial (c est le cas pour Blégny Mine), est celui de l application d une «sécurité minière» permettant le réemploi du matériel minier et non pas de l application d une «sécurité civile» avec refonte très onéreuse des installations. Gestion et gouvernance dans toutes les étapes d un projet La gouvernance d un projet est essentielle pour le concevoir puis le réaliser. Elle s appuie sur une démarche d ensemble qui associe trois critères : la demande sociale patrimoniale (acteurs initiateurs et autres) ; la compétence scientifique transdisciplinaire ; le rôle des acteurs institutionnels décideurs. Elle doit aussi surmonter diverses limites liées à : 1) un échange insuffisant d informations (empirisme des démarches et méconnaissance des interlocuteurs), 2) l absence de méthode (méconnaissance des étapes et partenaires compétents), et 3) une évaluation insuffisamment objective du projet et des enjeux. Le remède doit être recherché dans un schéma équilibré du processus décisionnel, s appuyant sur les rôles et compétences respectifs des différents acteurs et contributeurs. Un modèle peut être donné par la Charte des écomusées qui dérive de l Instruction du 4 mars 1981 du Ministère de la culture et de la communication. Selon cette instruction et dans le cas d un écomusée fonctionnant selon le modèle associatif,le Conseil d administration est composé de représentants de 3 Comités, dénommés habituellement «Collèges» : Collège scientifique, Collège des usagers et Collège de gestion qui, chacun dans leur domaine, participent à la gestion et au développement de l écomusée. Par ailleurs, d autres références peuvent être recherchées dans les pratiques, expériences et règlementations européennes et dans le rôle des fondations au Royaume-Uni en Europe (European Geoparks Network), dans 22 pays, dont 5 en France, le 1 er Geoparc européen étant la Réserve géologique de Digne. 12. Voir le site GeoPark Ruhrgebiet. 14. United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization. 15. International Council on Monument and Sites. 16. International Council of Museums. 17. Comité d information et de liaison pour l archéologie. 18. The International Committee for the Conservation of the Industrial Heritage. 19. Union européenne. 20. «Mining Museums and Archives, Manual of best practices», par Frank Olding, contribution de Blaenau Gwent, 41 p.

77 patrimoine minier Conclusion : vers une Charte Atlanterra de valorisation du patrimoine minier Cette charte pourrait constituer un modèle de bonnes pratiques à l échelle européenne, dont le Colloque Atlanterra et ses actes constituent une étape. Il reste à poursuivre une étude comparative entre les solutions de valorisation du patrimoine minier adoptées à l échelle régionale ou nationale dans chacun des pays membres. Dans cette perspective, le site Internet Atlanterra peut servir d outil permettant d échanger les informations de base, les points de vue et les solutions envisageables. Remarque : Pour recevoir les Actes du Colloque Atlanterra «Valorisation du Patrimoine minier» (Nantes 2012) et «... méthodologie et bonnes pratiques», le demander par courriel à atlanterra@orange.fr Le parc-musée des mines de fer de Bretagne : découvrir le patrimoine scientifique, technologique et social de l industrie minière de l Ouest Pierre Le Feuvre 1. Genèse du projet de sauvegarde du patrimoine minier dans le Pays de la Mée 2 Rougé 3, au nord de Châteaubriant, est un chef-lieu de canton connu depuis fort longtemps par les géologues et les industriels de la sidérurgie. Jusqu en 2002, cette commune fut le siège d une exploitation minière qui s était installée au lieu-dit «la Minière» un siècle plus tôt. Malgré les péripéties économiques et sociales, les deux guerres mondiales et la fin programmée de la sidérurgie depuis les années 1970, la Société minière et industrielle de Rougé (SMIR) aura marqué la mémoire de tout un territoire s étendant de la Vilaine aux confins du Maine-et-Loire. Même si, les dernières années 4, le minerai extrait n était plus destiné aux hauts-fourneaux, la SMIR sera la dernière mine de fer de France avec le statut minier 5. C est donc dans ce pays minier que, préparant une maîtrise scientifique et technique (MST) en Aménagement et mise en valeur de régions (AMVR) 6, je réaliserai mon mémoire universitaire «La sauvegarde du patrimoine minier dans le Pays de Châteaubriant» avec comme encadrant référent Jean-Jacques Chauvel 7, professeur à l Université de Rennes 1, décédé en En 1992, je suis sollicité pour participer aux «Journées du patrimoine industriel» 8 en Bretagne initiées par l Institut Culturel de Bretagne. J expose mes travaux dans une salle de la mairie de Rougé et organise une découverte du site minier avec un fort appui médiatique de la Presse régionale (Ouest-France et l Éclaireur). C est ainsi que l aventure sociale et humaine, en suivant les traces de mineurs, commence dans ce territoire rural au passé industriel méconnu ou même oublié. Valoriser le patrimoine en organisant des activités d utilité sociale, solidaire et culturelle pour aménager et animer le territoire En 1994, je rassemble des mineurs retraités et ensemble nous fondons l association Villages et Patrimoines entre Loire et Vilaine (VPLV), avec pour objectif de participer aux deuxièmes journées du Patrimoine industriel de Bretagne (Photo 1). Cette opération étant un succès, les membres de l association décident de poursuivre et mandatent le président 9 pour mettre en œuvre d autres actions afin de «parler» du métier de mineur et de l activité minière, d autant plus que le Président directeur général et le Directeur local 10 ) de la SMIR soutiennent ce projet, en mettant un bâtiment à disposition. L objectif de l association était de créer un espace culturel, scientifique et technologique dédié à l industrie minière de l Ouest. Le projet d insertion sociale et 1. Président fondateur de l association Villages et Patrimoines entre Loire et Vilaine (VPLV). Pierre Le Feuvre est fils de mineur, ce qui facilitera la rencontre avec les anciens mineurs qui,en 1994, l accompagneront dans la création de l association. Après une MST à Rennes 1, il a obtenue un master 2 «Histoire et Sociologie, patrimoine industriel, scientifique et technologique» à l université de Savoie en Subdivision du Pays nantais, centré autour de la région de Châteaubriant (44). 3. Il semblerait que cette commune doive son nom à la couleur rouge de son sous-sol. 4. À partir de 1980, le minerai de fer (dit de surface) sera surtout expédié dans les cimenteries. 5. Qui garantit au personnel salarié les avantages sociaux (allocations chauffage et logement, Sécurité sociale des mines, caisse de retraite). 6. MST AMVR en formation continue ( ), Université de Rennes Chercheur à Géosciences Rennes à l Université de Rennes 1, cet universitaire avait étudié les minerais de fer armoricain, en particulier ceux de la région de Bain-de-Bretagne à Rougé, au moment de la campagne de prospection par les Mines de fer de Saint-Pierremont (Moselle) au début des années Les Journées du Patrimoine industriel se déroulèrent les 7 et 8 octobre dans les cinq départements de Bretagne historique. La deuxième et dernière édition aura lieu en Cette manifestation sera ensuite intégrée aux Journées européennes du Patrimoine. 9. P. Le Feuvre est élu président de 1994 à 1996 puis devient salarié jusqu à Il sera remplacé par Jean Joyeux, ingénieur des mines ayant travaillé à la SMIR. 10. Jean Goossens, petit-fils de Jos de Poorter fondateur de la SMIR et Émile Haissant, directeur local. 75

78 patrimoine minier 76 Photo 1. Les membres fondateurs devant la galerie Sainte-Barbe avant la démolition du mur en parpaings, juin 1995 (cliché VPLV). professionnelle et toutes les actions induites seront donc construits autour de cet axe conducteur. Ensuite, les collectivités territoriales confortent le projet associatif en finançant une première étude qui aboutit à l organisation d un chantier d insertion. Le projet évolue au cours des années et la Communauté de communes de moyenne Vilaine et Semnon 11 engage les travaux de restauration d un ancien bâtiment pour y créer l espace muséographique dédié à l histoire minière régionale. En 2009, le Service géologique d Irlande 12 recherchait des partenaires français pour la deuxième partie du programme européen «Green Mines» Atlanterra. C est ainsi que cet organisme prit contact avec l association VPLV via Internet,car le projet «Mines de la Brutz» correspondait à la philosophie «Green Mines». L association, ne souhaitant pas partir seule dans cette opération d envergure,prit contact avec d autres structures régionales en Bretagne et en Paysde-la-Loire, en raison de la situation géographique des «Mines de la Brutz». La délégation du GSI fut accueillie en différents lieux, dont la Mine de Montbelleux à Luitré, ce qui aboutira, sur ce site, à la création de l association 3 M et à la sauvegarde du chevalement et du bâtiment annexe, ainsi que de la forge et de la salle des machines. Le nouveau programme Atlanterra Green Mines 2 fut validé avec dix partenaires espagnols, gallois, irlandais, portugais et français. La commune de Noyant la Gravoyère (49), dont la Maire avait été l un des fondateurs de la Mine bleue, site touristique dédié à l industrie ardoisière angevine coordonna les actions de 2010 à VPLV était pleinement engagée dans ce programme et les moyens financiers faciliteront la construction scénographique dans le bâtiment, l aménagement ferroviaire et le travail de collecte de la mémoire orale et écrite. L association a pu ainsi faire connaître l histoire minière régionale et renforcer les actions en réseaux interdépartemental et interrégional. Les rencontres dans l Espace Atlantique 13 ont aussi montré que les actions de sauvegarde et de valorisation étaient multiples, et que les décisions politiques d État étaient diverses. Certaines actions permirent d établir l existence d échanges entre sites industriels, par exemple de main-d œuvre entre les pays (espagnols venus travailler à la SMIR), ainsi que dans le domaine du transport maritime des minerais dans les bateaux appartenant à l armateur Jos de Poorter. Ce même entrepreneur était à l origine de la SMIR, société minière présente durant un siècle dans le bassin ferrifère breton angevin et qui aura marqué l histoire industrielle minière et sociale de toute la région castelbriantaise. Histoire minière régionale : les lieux et le contexte Localisation géographique du site des Mines de la Brutz Situé sur l axe RD 163, à l écart des grands axes de Rennes à Nantes, de Rennes à Angers et de Laval à Nantes, le site minier des Mines de la Brutz (ex-mines de fer de la Brutz et Minière de Rougé) s étend sur trois communes, Rougé et Soulvache (Loire-Atlantique, 44) et Teillay (Îlle-et- Vilaine, 35). Depuis le découpage régional, le site minier dépend des deux régions administratives Pays-de-la-Loire et Bretagne, dont les capitales Nantes et Rennes sont respectivement situées à 80 et 45 km. Châteaubriant 14, capitale du Pays de la Mée, fut longtemps un carrefour ferroviaire par où transitaient les convois de minerai provenant de la région de Rougé, des Mines de Chazé-Henry et de Segré, à destination des ports de Nantes, de Saint-Nazaire, mais aussi des Hauts-Fourneaux et Forges de Trignac (proche de Saint-Nazaire) et d Hennebont (près de Lorient). Châteaubriant est aussi un vieux centre métallurgique bien connu avec la fabrique des charrues Huard, qui avait succédé aux Forges du Pays de Châteaubriant (Moisdon, la Hunaudière ) 15, et qui étaient fournies en minerai par des minières (mines à ciel ouvert) des environs, dont Rougé. Le bassin ferrifère armoricain et ses minerais Le bassin ferrifère est connu sous le nom de bassin «breton-angevin» qui s étend de la Vilaine aux confins de l Anjou autour de Segré. Les gisements armoricains sont en majorité d origine sédimentaire et datent, pour l essentiel, de l Ordovicien. On trouve le minerai de fer à la base des «Schistes à Calymènes» qui surmontent les «Grès armoricains». Ils proviennent de la destruction de la chaîne huronienne et ont été affectés par les plissements hercyniens qui ont disloqué les couches et leur ont donné des pendages et des puissances très variables. Par suite du 11. La Communauté de communes fut créée en 1994 et regroupe 16 communes. Le foncier situé sur la commune de Teillay fut acquis par la Communauté de communes en l année Geological Survey of Ireland (GSI). 13. Cadre du projet Green Mines Atlanterra. 14. Châteaubriant, capitale historique du pays de la Mée, pays du «milieu» entre Loire et Vilaine. 15. Les Forges du Pays de Châteaubriant, H. Maheux et J.-F. Belhoste, 1984, Cahiers de l Inventaire, Ministère de la Culture.

79 C est donc en 1996 que la réhabilitation du site des «mines de fer de la Brutz» commence véritablement même si, l année précédente, les bénévoles avaient entrepris quelques travaux de nettoyage et de débroussaillage sur le carreau de la Mine. Pour mener à bien cette opération, l association se sert des potentialités du lieu, révélées dans l étude préalable à la création d un espace tourispatrimoine minier grand nombre de failles, les sièges d extraction y sont de moyenne importance. Les bandes parallèles correspondent aux synclinaux de la poussée hercynienne, les parties supérieures des plis ayant été détruites par l érosion. La répartition stratigraphique des gisements de minerai s harmonise avec les régions géographiques de l Armorique : la région septentrionale, située au nord de la presqu île armoricaine, comprend les minerais subordonnés aux Schistes à Calymènes qui forment les bassins ferrifères du Maine et de la Normandie. Les minerais de Normandie ne forment généralement qu une couche assez puissante exploitable ; la région occidentale,située à l ouest de la Vilaine et où les minerais sont plus spécialement d âge dévonien ; cette région comprend la Bretagne centrale et occidentale ; la région méridionale (celle qui nous intéresse) où les minerais sont interstratifiés dans les Grès armoricains réunissant les bassins de l Anjou et de la Basse-Bretagne (régions de Segré et de Châteaubriant). Au XX e siècle, et plus particulièrement après la deuxième guerre mondiale, il n existait plus que trois sièges importants : Segré, Chazé-Henry et Rougé avec les deux sociétés exploitantes : la Société minière et industrielle de Rougé qui exploitait le minerai de minière (mines à ciel ouvert) et les Établissements J.-J. Carnaud qui extrayaient le minerai de couche en galeries. La minière de Rougé Selon Louis Davy, les premières extractions de minerai pourraient remonter à l époque gallo-romaine 16.La première exploitation intensive daterait de La Minière aura fourni les forges du Pays de la Mée (la Hunaudière, Pouancé, Martigné-Ferchaud) jusque vers 1880, puis les Forges de Trignac (1940) et d Hennebont (1967) ainsi que des Hauts-fourneaux lorrains, allemands et belges. C est en 1902 que Jos de Poorter, un armateur hollandais, obtint le droit d exploiter les gisements de minerai de fer au lieudit la Minière en Rougé où il installa son siège social. Plus tard, vers 1950, il s associa à des industriels belges et luxembourgeois pour fonder la Société minière et industrielle de Rougé - SMIR (qui cessera son activité en 2002) avec comme dirigeants principaux ses petits-enfants. Les mines de fer de la Brutz (concession de Teillay) Avant 1912, des travaux de recherche avaient été réalisés par la Compagnie armoricaine et la Société des mines de fer de Bretagne 18. Lors des demandes de concessions, ces deux sociétés se réuniront, sur pression de l État, pour constituer la Compagnie générale des mines de fer de Bretagne. Cette société sera absorbée, en 1918, par les Établissements Carnaud et Forges de Basse-Indre, auxquels sera octroyée la concession dont l échéance est fixée en Cette concession sera reprise en 1960 par la SMIR qui deviendra propriétaire du foncier et du bâti 19, dont le carreau et le bâtiment à minerai qui serviront à l édification de l espace muséographique «Parc-musée des Mines de fer de Bretagne» (Photos 2a et b), animé par l association VPLV depuis une vingtaine d années. Les Mines de la Brutz, lieu de mémoire minière, sociale, technologique et aventure associative de 20 ans avec le soutien des collectivités territoriales Photo 2a. Le bâtiment en 1996, avant restauration en espace muséographique (cliché VPLV). Photo 2b. Vue ouest du bâtiment à minerai réhabilité en espace muséographique (cliché VPLV) Une médaille de Trajan, exposée au Muséum de Nantes aurait été trouvée dans un puits au début du XX e siècle au lieu-dit la Minière, tout près des restes du château éponyme. 17. Lettre de M Guéhenneuc, maire, archives municipales de Rougé. 18. Ces deux sociétés appartenaient à des sociétés sidérurgiques lorraines. 19. Les logements des cités minières seront vendus à leurs habitants en 1972 ; le carreau sera acheté par la Communauté de communes en 2000, les autres bâtiments en ruine seront démolis après 2002.

80 patrimoine minier 78 tique 20, tout en tenant compte des atouts et des inconvénients de ce site industriel presque centenaire en milieu rural, toujours en activité, mais très restreinte. L un des atouts majeurs était la présence de la Société minière et industrielle de Rougé (SMIR) qui continuait l extraction et le traitement du minerai, et qui était titulaire de la concession des Mines de fer de la Brutz. Propriétaire du foncier et du bâti, elle mit à disposition le carreau de la mine et deux bâtiments, qu elle louait un franc symbolique annuel à l association VPLV, pour y réaliser le premier parcours de découverte de l activité minière, et ce, jusqu à l achat par la Communauté de communes de moyenne Vilaine et Semnon. Cette collectivité versera à l association euros par an jusqu en 2009 pour le fonctionnement du chantier d insertion. L association, et notamment son directeur, recherchera d autres moyens financiers en participant à des concours ou en sollicitant du partenariat privé. Le Conseil régional de Bretagne avec le FERDILE 21 permettra à l association de développer ses actions, en particulier l acquisition de matériel minier auprès de mines dont l activité cessait ou avait arrêté récemment : la Mure en Isère, Cruéjouls en Aveyron, Ardoisières de Trélazé pour le ferroviaire. Les personnels en insertion, accompagnés des bénévoles, participaient à ces chantiers. En 2000, les Établissements France-Porte d Argentré du Plessis (I&V), une menuiserie industrielle, donna une chaudière à vapeur Babcocket Wilcox tout à fait semblable à celles qui avaient existé dans la chaufferie des Mines de fer de la Brutz. Classée «Monument historique», son démontage et son transport furent subventionnés par l État, la Région Bretagne et le Département d Ille-et- Vilaine. Cette construction, en cours de remontage, est destinée au parcours d interprétation avec d autres Photo 3. Pelle à câbles Ruston Bucyrus sur chenilles opérée par un bénévole (cliché VPLV). machines que le visiteur peut découvrir. De 1996 à 2009, l association a collecté un important matériel pour constituer son «Conservatoire du matériel minier» qui est composé de petits objets comme ceux du laboratoire de la SMIR jusqu à des pelles à câbles Ruston Bucyrus sur chenilles datant des années 1950 (Photo 3). L une des machines, une grue Bondy sur camion Renault Batignolles date de Elle mériterait d être classée Monument historique (MH). L association a aussi reçu une collection minéralogique importante dont la provenance est marocaine et armoricaine. Elle s ajoute aux nombreux «carottages de minerai de fer local» récupérés dans le laboratoire de la Minière avant sa démolition. À la fin de son activité, la SMIR a confié à l association les archives des mines de fer de la Brutz qu elle détenait depuis 1960, ainsi que les siennes propres, dont des registres datant de la création de la société en L association a aussi sauvé les archives d ardoisières de Bretagne avant leur destruction. C est donc plus d un siècle d activité minière et ardoisière (rapports, documentation technique, registres du personnel, plans, photographies) qui compose le «Centre de ressources». Une grande partie a été inventoriée et classée. La numérisation est entamée, mais les moyens de l association sont insuffisants. Le bâtiment 22 à minerai restauré abrite, sur trois niveaux : une exposition permanente sur l histoire minière, la salle de conférence avec vidéo et des dessins muraux 23 réalisés par l un des PGA 24 (expliquer PGA), une scénographie reconstituant un fond de mine (Photo 4) avec chantiers et installations techniques, des mannequins et du matériel et le centre de ressources avec salle de consultation. Le parcours d interprétation «Dans les pas des mineurs» commence dans le bâtiment après une présentation de l histoire locale. Le train touristique (Photo 5), authentique train minier, emmène ensuite les visiteurs sur le carreau où les guides présentent les engins et les bâtiments in situ. Les photographies anciennes ont aidé à l installation des matériels. Des variantes sont proposées selon l intérêt des visiteurs, propositions plutôt réservées aux groupes organisés. Conclusions et perspectives Au cours de ces vingt années, le site oublié des «Mines de fer de la Brutz» est redevenu un lieu de vie avec des personnels qui se sont impliqués dans le projet de réhabilitation d un lieu de mémoire industrielle, tout en redécouvrant l activité professionnelle (le salariat, la production, l organisation du travail) et la culture minière avec la complicité des mineurs retraités transmettant leurs savoirs. 20. Création d un espace culturel et touristique, inventaire et diagnostic, P. Lefeuvre, février Fonds État Région pour le développement des initiatives locales pour l emploi. 22. Installation de triage de minerai (1934), transformée en dortoir (1945 à 1949) pour loger des prisonniers de guerre allemands (P.G.A.), puis abandonnée au vandalisme et à la végétation jusqu à 1996, 23. Ensemble de dessins constituant une romance intitulée «der traum», le songe ou le rêve. 24. Prisonniers de guerre allemands, de 1945 à 1949.

81 patrimoine minier Photo 4. Équipe technique dans le fond de mine reconstitué (cliché VPLV). Photo 5. Vue du petit train minier utilisé pour le transport de visiteurs (cliché VPLV). L association VPLV, après avoir géré la structure d insertion de 1996 à 2009, continue d animer le site par des activités culturelles et touristiques. Les bénévoles actifs 25 tentent de poursuivre l action des pionniers, pour devenir «des passeurs de mémoire» vers les générations futures. Hélas, le bénévolat a ses limites et génère des interrogations pour l avenir de tels lieux. Lors de la création du réseau Atlanterra Min ouest qui avait rassemblé plusieurs responsables des structures associatives œuvrant à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine industriel, déjà ces questionnements étaient apparus. Le constat était que le bénévolat vieillissait, que le renouvellement était insuffisant et que les moyens nécessaires pour fonctionner durablement étaient trop faibles et souvent aléatoires. Le site des «Mines de la Brutz» est devenu un lieu «majeur», avec ses collections la plus importante en matériel dans l Ouest avec ses archives (24 m linéaires environ). Ne pourrait-on pas imaginer que, dans l avenir, par sa position géographique entre Bretagne et Pays de la Loire,au centre du bassin breton-angevin,cet espace muséographique soit géré par une structure interrégionale avec un Conseil scientifique et technique,et disposant de moyens suffisants, tout en préservant l activité d insertion sociale pour former les personnels à la maintenance des collections matérielles et à l utilisation des machines? Cette interrogation est d autant plus pertinente que, depuis plusieurs années, le réseau «Fer et Forges dans le Pays de Châteaubriant» 26 a montré ses capacités à organiser des animations régionales. Mais l expérience ne pourrait être pérenne qu avec un permanent salarié, animateur du groupe de bénévoles, comme elle le fut durant cinq années. L Association «la 3 M. Montbelleux» : sauvegarder la Mémoire de la Mine de Montbelleux (35) Jean Hérisset 1. À Montbelleux (commune de Luitré, situé à 10 km au sud de Fougères), on a exploité 5 filons principaux de quartz à wolframite 2, dans un encaissant de schistes faiblement métamorphiques à proximité d un granite greisenisé. Le gisement, exploité de façon discontinue de 1905 à 1958, a produit environ t de minerai à 0,6% WO 3 qui ont fourni de l ordre de 300 t de concentrés marchands à 65% WO 3 3. La mine a été réhabilitée sur la période , durant laquelle elle a produit environ 60 t de concentrés d étain et wolfram 4. Premiers pas Créée en janvier 2011, suite à une forte mobilisation de la population locale, l association pour la sauvegarde de la Mémoire de la Mine de Montbelleux s est donnée pour mission de faire connaitre ce dernier site minier breton ayant conservé son chevalement et diverses installations (Photos 1, 2 et 3). Dès juin 2011, une journée d animation a été organisée dans le cadre des Journées du Patrimoine de Pays et Durant ces vingt années, beaucoup des membres fondateurs sont décédés ; les derniers vivants sont en incapacité de participer en raison de la maladie ou de l âge (plus de 80 ans). 26. Réseau fondé par les structures associatives «sauvegarde du patrimoine industriel» dont V.P.L.V. fut l un des fondateurs au sein de l association pour le développement touristique (A.D.T.). 1. Président de la 3 M. Montbelleux 2. Minerai de wolfram (= tungstène). 3. Voir le rapport BRG.M : Ressources minières françaises. Tome I. Les gisements de tungstène. Situation en Voir Bodin J. M., La mine de Montbelleux , Luitré (Ille-et-Vilaine). Minéraux et Fossiles, le Guide du collectionneur, 225, janvier 1995, 7-16.

82 patrimoine minier la seconde guerre mondiale. En s associant à des collectionneurs de minéraux, nous avons pu exposer des fragments de tous les matériaux constituant le sous-sol. Un donateur nous a offert l intégralité de sa collection nous permettant désormais de présenter des pierres provenant du site lui-même. L accueil d un photographe passionné, Sébastien Berrut, nous a permis de constituer une photothèque remarquable avant que les travaux de réhabilitation, sous l autorité de la DREAL 6, ne fassent disparaitre la majeure partie des constructions. Un partenariat a été mis en place avec les Mines de la Brutz et nous avons pu profiter de leur expérience et de leur imposante collection de matériels pour présenter lors de nos animations des objets authentiques et très démonstratifs des conditions de travail au fond de la mine. Une association locale travaillant sur la mémoire orale nous accompagne depuis le début pour collecter les Photo 1. Le chevalement, témoignage de l exploitation minière de Montbelleux (cliché Gérard Sustrac). 80 des moulins en Bretagne. Une exposition de documents anciens, d archives aimablement confiées par le propriétaire, des démonstrations de forgerons ont permis d attirer environ 600 visiteurs. Ce succès nous a confirmé dans notre démarche :il fallait faire revivre le souvenir de ce site minier, dernier vestige du passé minier breton dans le secteur. Organiser des conférences et créer des partenariats Des conférences ont ensuite été programmées et en tout premier invité, Yves Lulzac, ingénieur en retraite du BRGM 5, a présenté son travail de prospection sur le site de Montbelleux. Les auditeurs se sont montrés très intéressés et curieux par cette présentation très détaillée des techniques de sondage et les évaluations qui en découlent pour estimer la richesse du gisement. En 2013 un historien amateur, Jean-Marie Bodin, s est penché sur les différentes étapes d exploitation de la mine et nous a fait une communication très documentée sur ses 15 ans de recherches. En 2014, c est Jean Babou qui nous a présenté la personnalité très complexe d un des propriétaires de la mine, en nous détaillant le parcours atypique d Edgard Brant, spolié par les allemands lors de Photo 2. Le bâtiment de la forge au pied du chevalement de Montbelleux (cliché la 3 M. Montbelleux). Photo 3. Le treuil du chevalement de Montbelleux (cliché Gérard Sustrac). 5. Bureau de recherches géologiques et minières. 6. Direction régionale de l environnement, de l aménagement et du logement.

83 patrimoine minier chants et les témoignages oraux des derniers acteurs de la mine. Celle-ci ayant fermé en 1983, cela nous permet de rencontrer des gens encore très valides, à même de nous transmettre des souvenirs précis et des anecdotes de «première main». Quant-aux musiciens et chanteurs traditionnels, ils répondent tous les ans présents pour animer notre rassemblement estival. Le service des Archives municipales de Fougères accompagne la démarche et conserve les témoignages sur des supports numériques. L association poursuit également sa démarche de collectage et a engrangé un certain nombre de documents et d archives dans l espoir de faire une présentation pérenne de l histoire du site. Au service du grand public D autres associations soutiennent également le projet et servent de relais auprès du grand public, c est le cas pour l association «La Sirène» qui défend le patrimoine industriel de Fougères et nous invite régulièrement pour partager nos expériences et faire connaitre nos actions. En 2012 la journée du Patrimoine de Pays a été organisée avec l aide d une stagiaire qui a proposé une action en milieu scolaire avec les élèves de l école primaire de Luitré, commune où se situe la mine de Montbelleux. Ceux-ci ont ainsi eu l occasion de visiter le site et de faire des dessins des vestiges encore visibles. Une fois plastifiés les dessins ont été accrochés à des ballons gonflés à l hélium et le lâcher de ballons a permis de faire connaitre l existence du site jusque dans l Eure où les «découvreurs» ont reçu en retour des photos du chevalement. L association a également pour objectif de faire connaitre les minéraux et la richesse du sous-sol, ce qui conduit à organiser des sorties découvertes. Une visite de la faculté de Beaulieu nous a ainsi permis,sous la houlette du professeur Jean Plaine, spécialiste de la géologie du Massif armoricain, de découvrir les échantillons prélevés en 1900 et à l origine de l exploitation minière lancée en En 2014, Fougères-Communauté a pu acquérir le site pour un euro symbolique et a entièrement sablé et repeint le chevalement pour le sécuriser. Les bâtiments du treuil et de la forge ont également été restaurés. Actuellement un sentier «découvertes» a été balisé sur 5 km autour du carreau de mine et, si les panneaux sont encore provisoires, une étude de mobilier définitif est à l étude pour offrir aux visiteurs une approche ludique du site et mieux connaitre les périodes d occupation. Une publication est en cours de réalisation et devrait répondre à l attente des visiteurs car aujourd hui aucun ouvrage ne retrace l histoire du site. Conclusion En 4 ans et demi, l ancien site minier de Montbelleux est parvenu à prendre sa part dans les témoignages miniers régionaux, et à proposer une diversité d actions au service du public. En obtenant, en outre, que Fougères- Communauté se porte acquéreur des locaux et du chevalement pour en assurer l entretien, nous avons eu la satisfaction de sauver l essentiel du patrimoine afin de garder la mémoire des lieux. Des partenariats ont pu être noués avec d autres acteurs qui enrichissent et varient l attractivité du site. Il reste à enraciner dans la durée cette mise en valeur du patrimoine, afin de lui donner toute la reconnaissance qu elle mérite. Le site de Marcognac, témoin de l histoire de l extraction du kaolin et de la fabrication de porcelaine en Limousin Nicole et Claude Delage 1. L extraction du kaolin en Limousin (et en France) a débuté fin XVIII e à St-Yrieix-la-Perche et s est orientée dès le départ vers l approvisionnement de la Manufacture Royale de Sèvres, ainsi que celui d autres manufactures situées en région parisienne et dans l est de la France. Ce n est qu ensuite que la fabrication de la porcelaine dure (avec kaolin) se développera régionalement avec la conversion de la manufacture de faïence de Limoges et, plus tardivement, l implication de la famille Alluaud à la fois dans l extraction du kaolin, en particulier à Marcognac, et dans le développement de plusieurs usines de fabrication de porcelaine. Le site de Marcognac, objet de cet article, se situe à 5 km à l est de St-Yrieix-la-Perche (Fig. 1) et sa mise en valeur par l association «Marcognac Terre de Porcelaine» 2 porte à la fois sur les carrières de kaolin, les anciens séchoirs et les bâtiments annexes, mais également sur la fabrication des pâtes au moulin d Aixe-sur-Vienne, puis de la Association Marcognac Terre de porcelaine. 2. Marcognac Terre de Porcelaine : 10 rue Antoine Lafarge, Saint-Yrieix-la-Perche.Tél. : ou Courriel. : marcognac87@gmail.com Site Internet. :

84 patrimoine minier 82 porcelaine dans diverses usines. Le site, qui prend aussi sa place dans le circuit des «Routes de la Porcelaine de Limoges en Haute-Vienne», est la propriété de la Communauté de Communes du Pays de Saint-Yrieix-la-Perche et a été classé Monument historique en La fabrication de la porcelaine dure en Haute-Vienne : une histoire à rebondissements La porcelaine tendre n utilise pas de kaolin, contrairement à la porcelaine dure dont il constitue la matière première à 50% aux côtés du feldspath 25% et du quartz 25%. Dans la porcelaine dure, le kaolin se transforme à en aiguilles de mullite et de christobalite noyées dans une masse feldspathique et quartzeuse entièrement vitrifiée. Le procédé correspondant a été mis au point en Saxe (Allemagne) dès 1710, mais il faudra encore quelques décennies (années ) pour qu il le soit en France. C est en 1761 que Pierre Hannong céda tous les secrets de fabrication de la porcelaine kaolinique à la Manufacture de Sèvres. Dès lors, ordre fut donné par le Roi Louis XV à tous les intendants de rechercher l indispensable argile blanche. La découverte du kaolin à St-Yrieix-la-Perche remonte à 1768, au Clos de la Barre, propriété de Mme du Figure 1. Localisation du site de Marcognac (source : Dépliant Marcognac). Légende : St-Yrieix-la-Perche est le point de départ des distances indiquées sur la figure pour Limoges, Périgueux et Brive. Montet. C est le chirurgien Jean-Baptiste Darnet de Saint- Yrieix qui observa l affleurement et le pharmacien Marc- Hilaire Villaris de Bordeaux qui identifia cette argile comme étant le kaolin recherché, première découverte de kaolin sur le sol français. Au début, le kaolin produit en Limousin était transporté vers les fabriques de Niderviller (57), Lunéville (55) et dans la région parisienne, notamment à la manufacture de Sèvres. En 1761,Turgot ( ), nommé administrateur de province par Louis XV, prend conscience de tout l intérêt économique de développer la fabrication de porcelaine dans la région de Limoges et s appuie sur la manufacture de faïence de Joseph Massié existante à Limoges et alors en déclin, trouve des capitaux auprès de deux industriels locaux (Pierre et Gabriel Grellet),tandis que le jeune chimiste Nicolas Fournerat accepte de mettre ses compétences au service de la nouvelle entreprise. L acte constitutif est signé le 1 er mars 1771 et les premières pièces de porcelaine sortent à l automne 1771, après réfection du four pour le rendre apte à fournir les hautes températures nécessaires. D importants changements interviennent en 1774 avec le départ de Pierre Fournerat et la mort de Pierre Grellet et 10 ans plus tard (15 mai 1784), la manufacture de Limoges est acquise par Louis XVI et devient la Manufacture Royale des Porcelaines de Limoges, incorporée à la Manufacture de Sèvres. La situation ne s améliore pas pour autant et, en 1788, Gabriel Grellet donne sa démission pour raisons de santé et François Alluaud père accepte de reprendre la manufacture (1 er mai 1788) sous réserve de fournir, pour son propre compte, la pâte à porcelaine, puisqu auparavant il a créé sa propre affaire de kaolin et pâtes de porcelaine. En effet, 2 ans auparavant (11 juillet 1786) il s est associé à Elie Leymarie de Lavergne, propriétaire à Marcognac, pour extraire le kaolin et la pegmatite qui se trouveraient dans les terres. En 1789, F. Alluaud reste seul propriétaire mais la fabrique de Limoges a perdu beaucoup de son importance. Malgré ses efforts de diversification, l activité est réduite au minimum et le 10 août 1792, les manufactures deviennent nationales. En 1796, la manufacture est adjugée à 7 des 10 ouvriers restant, après que F. Allaud ait donné sa démission de directeur, tout en conservant la carrière de Marcognac et le moulin de la Garde à Axe-sur-Vienne, puis engagé la construction d une petite usine près de son domicile, achevée en 1798, un parcours interrompu par sa mort le 21 juin L usine est reprise en 1800 par son fils François Allaud II, dit l Aîné, ancien soldat de la campagne du Danube, avec l autorisation du Maréchal Jourdan. Celui-ci introduit de nouvelles techniques et optimise les procédés de fabrication tout en réduisant les coûts. En 1805, avec son frère Jean-Baptiste Clément,

85 patrimoine minier F. Alluaud II fonde la société Alluaud, puis achète l usine de la Monnerie (Oradour-sur-Vayres, à environ 40 km au sudouest de Limoges) et ouvre des dépôts à Paris ettoulouse,tout en poursuivant l exploitation des carrières de Marcognac pour le kaolin et de Chanteloube pour le feldspath,ainsi que celle de plusieurs moulins à pâte de porcelaine sur la Vienne. En 1808, l incendie de la Fabrique de la rue des Anglais conduit F. Alluaud II à louer une partie de l ancienne manufacture de Grellet,encore en état, tout en élaborant les plans de la première fabrique industrielle,dite des Casseaux,dans le quartier de Limoges, en bord de Vienne. Le 1 er juin 1814, la Société Alluaud devient Société Alluaud Frères. F. Alluaud II, également passionné de géologie,parcourt le Limousin pour trouver d autres gisements de kaolin et publie divers articles sur le sujet, ainsi qu un mémoire sur la minéralogie et les mines de la Haute-Vienne en 1809.Il s intéresse aussi à la politique, tout en continuant à développer ses propres activités de porcelainier et exploitant de carrières en association, en 1823 avec ses fils Victor et Amédée,et son gendre Amédée Vandermacq. Il participera à l exposition centrale de porcelaine à limoges en 1858 et collaborera au Traité des arts céramiques ou des poteries avec Alexandre Brongniart ( ),alors directeur de la Manufacture de Sèvres 3. Alors qu on compte 6 manufactures de porcelaine dans la région (dont 5 à Limoges) en 1815,on en dénombre 30 en 1840 (dont 18 à Limoges) et 40 en Les chiffres de 1865 pour la Haute-Vienne indiquent 34 manufactures de porcelaine,31 moulins à pâte,28 carrières de kaolin,plus une manufacture à Bourganeuf (23). Le XIX e siècle est donc bien marqué par le développement de la porcelaine de Limoges. Après le décès de F. Alluaud II le 18 février 1866, ceux d Amédée en 1872 et de Victor en 1876, l usine est reprise en 1876 par Charles Field Haviland, mari de la petite fille de François Alluaud père.toutefois,malgré des efforts de modernisation (introduction de la machine à vapeur en 1879) et l extension des locaux en 1878,C.Field Haviland est contraint de céder l usine à la Société Gérard Dufraisseix & Morel (GDM, ) à laquelle sont associés les héritiers Alluaud. GDM devient ensuite GDA (Gérard Dufraisseix & Abbot, ) avant de devenir la société Royal Limoges 5, toujours installée en bordure de la Vienne, faubourg des Casseaux, devenu rue Donzelot aujourd hui. L exploitation du kaolin continue sous la raison sociale «Héritiers de François Alluaud Jean Nadaud» jusqu en 1909, date à laquelle Pierre Vandermarcqcrée la société KPCL (Kaolin et Pâtes Céramiques du Limousin),qui va se développer et se diversifier tout au long du XX e siècle en France et dans le monde. En 1997, elle entrera dans le groupe Imetal qui deviendra Imerys en Géologie et exploitation du gisement de kaolin de Marcognac Les carrières de Kaolin se situent dans le sud de la Haute-Vienne, sur la partie sud-ouest du Massif central. Le socle géologique est constitué en majorité de roches métamorphiques anciennes : gneiss et leptynites, de 500 Ma environ. Les carrières s étendent d Est en Ouest, sur 25 km de Jumilhac en Dordogne jusqu à Montgibaud en Corrèze, avec de nombreuses exploitations autour de St-Yrieix : Marcognac, Poumier, Marsac et Marsaguet. L exploitation des carrières a permis d extraire deux types de roches, le kaolin et la pegmatite. Cette dernière est une roche cristallisée formée de quartz et de feldspath, qui ne contient pas de mica noir, parfois du mica blanc. L une d entre elles est remarquable par la disposition régulière des cristaux de quartz dans les cristaux de feldspath : c est la pegmatite graphique. D autres filons sont caractérisés par le développement important du feldspath et par sa blancheur, ce qui conduit à une roche d une qualité exceptionnelle particulièrement intéressante pour la fabrication de la porcelaine de prestige (Sèvres). Le kaolin se trouve sous forme de filons et de Figure 2. Extrait géologique du secteur de Marcognac (source : carte géologique à 1/ n St-Yrieix-la-Perche, BRGM, 1979). Légende : En vert, les gneiss micaschisteux du Groupe de la Dronne. En jaune, les ortho-leptynites. En rouge, les pegmatites kaolinisées (Pk) Depuis Source Mouly, 2013, tableau p Site Internet. :

86 voir aujourd hui les deux rangées de claies superposées (Photo 3). Le séchage terminé, on plaçait les morceaux de kaolin dans des sacs de jute, eux-mêmes disposés dans un tombereau tiré par deux vaches limousines qui acheminait sa cargaison jusqu au moulin, par exemple celui d Aixesur-Vienne acquis par F. Allaud II en La seule évolution notable de ce système de transport fut le remplacement des vaches par des chevaux à partir de Des cargaisons de kaolin étaient également acheminées à la Manufacture des Terres de Bordes,près de Bordeaux de 1787 à Ce n est que bien après l arrivée du chemin de fer à St-Yrieix-la- Perche, que le transport ferré fut utilisé. Un des problèmes de l exploitation était lié à l eau souterraine qui régulièrement noyait l exploitation, imposant alors un pompage d exhaure, initialement effectué par des pompes manœuvrées à bras, puis par des petits moteurs à pétrole (à partir de 1907) et enfin par des moteurs électriques installés dans la grande carrière à partir de La production de kaolin de Marcognac est passée de 350 t/an en 1801 à t en 1837, pour atteindre 25 t/jour en En 1952 dans un article de Ch. Gay-Bellile la production de pegmatite à Marcognac était de 662 tonnes pour le 1 er semestre. La main d œuvre nécessaire à l exploitation variepatrimoine minier 84 poches associés à de la pegmatite, l ensemble recoupant les gneiss encaissants (Fig. 2) Il provient de la décomposition sur place du feldspath par des remontées hydrothermales. Le feldspath est un silicate d alumine SiO2Al2O 3 (K,Na,Ca). Lors de la décomposition,il perd ses ions K,Na et Ca et devient la kaolinite SiO2Al2O H2O. Cette transformation chimique s accompagne d une transformation minéralogique. Les cristaux de kaolinite sont microscopiques, en forme d hexagone, pouvant glisser les uns sur les autres ce qui donne à la roche ce toucher onctueux. En Limousin, l exploitation du kaolin se faisait à ciel ouvert. Dans une carrière de Marcognac (Photo 1), les parois étaient taillées en gradins pour permettre l évacuation des roches selon des banquettes reliées par des escaliers en bois. Les terrassiers exploitants détachaient les blocs de kaolin à la pioche et à la pelle et commençaient un triage à la main. Les morceaux de kaolin étaient alors disposés dans une caissette en bois pesant 10 kg lorsqu elle était pleine. Ce sont les femmes et les enfants qui se chargeaient ensuite de transporter ces caissettes jusqu aux wagonnets, dans lesquels leur contenu était déversé. Le wagonnet était ensuite acheminé au séchoir (Photo 2) au rez-de-chaussée duquel se trouvait l atelier des femmes qui accomplissaient de nombreuses tâches. Certaines, appelées cureuses, enlevaient avec un couteau spécial toute trace de mica ou de manganèse des blocs de kaolin pur. Le kaolin se présentait aussi sous forme caillouteuse ou sableuse, l argile étant mélangée à des cristaux de quartz, ce qui nécessitait des opérations de tamisage pour séparer les deux constituants. Le sable récupéré formait de grands tas qui s accumulaient sur le site avant d être vendus. Ensuite, l argile était lavée et décantée dans des bacs en bois étanchéifiés par du.zinc. Le kaolin était alors monté à l étage du séchoir et disposé sur des claies de châtaignier. Le séchoir faisait 40 m de long et on peut encore Photo 1. Vue actuelle d une ancienne carrière de Marcognac (source : collection privée Paul Colmar). Photo 2. Vue actuelle des façades Est et Nord du séchoir de Marcognac réhabilité (cliché Claude Delage). Photo 3. Séchoir de Marcognac réhabilité. Espaces de séchage au grenier (cliché Gérard Sustrac).

87 patrimoine minier ra entre 30 et 50 personnes selon les périodes. Les techniques d extraction du kaolin ont peu varié pendant 150 ans. Ce n est qu en 1950 que du matériel nouveau arriva sur le site pour extraire la pegmatite et la concasser. Les témoignages de cette exploitation sont aujourd hui visibles à Marcognac : carrières, séchoirs, maisons d habitation, pompes à main, matériel de recherche et d extraction, archives papier. C est ce qui fait tout l intérêt de ce site, unique en son genre. Mise en valeur du site En 1978, l extraction de la pegmatite doit être arrêtée suite à un éboulement et parce que le filon se prolonge sous la route de Coussac-Bonneval. Cependant, le concasseur continue à fonctionner, approvisionné par le quartz de St-Paul-la-Roche (24). Les véhicules KPCL assurent le transport entre St-Yrieix et Aixe-sur-Vienne. En 1980, une usine KPCL,construite près des anciennes carrières, concasse les roches destinées à l émaillage ou la couverte des porcelaines et fonctionne encore aujourd hui. En 1986, la société KPCL, sur le site de Marcognac, fête 200 ans d activité d une même famille, en un même lieu. Après le feu d artifice, Marcognac s endort, certaines structures sont démantelées, la forge et la menuiserie pillées. Dès lors, les bâtiments sont vides et la végétation reprend ses droits, l eau s infiltre dans les toitures et pourrit les planchers. En 1990, la commune de St-Yrieix achète à la société KPCL 2 hectares de terrain sur lesquels se trouvent les bâtiments, les carrières restant propriété KPCL. Dans le cadre d un projet des routes de la Porcelaine, la Commune ordonne la rénovation de deux bâtiments. Mais le projet est abandonné en En 2000 la Communauté de Communes du Pays de St-Yrieix devient propriétaire et le site est classé Monument Historique au titre de l archéologie industrielle, en Un projet de rénovation des bâtiments décidé en 2009 déclenche alors le projet d une association destinée à valoriser le site, le nettoyer,le faire visiter pour raconter l histoire géologique, historique et humaine. Dès janvier 2010, l association Marcognac Terre de Porcelaine est créée et le dynamisme de Christine Rouffaud (présidente) et de quelques bénévoles très motivés permet l ouverture au public, dès le printemps Grâce aux sponsors locaux qui soutiennent le projet, l association peut faire face aux premières dépenses,la Communauté de Communes réglant l eau et l électricité et quelques réparations nécessaires à la mise en sécurité. Très vite, l annonce de l ouverture au public rappelle à la population les souvenirs familiaux, le temps où les grand-mères, les grand-tantes portaient sur la tête les caissettes en bois remplies de roches. Des personnes vivant encore à St-Yrieix sont nées sur le site et témoignent de leur enfance près de la carrière. D anciens ouvriers apprécient que l on valorise l outil de travail. Comme Limoges est toujours célèbre pour sa porcelaine et que les amateurs éclairés visitent le Musée Adrien Dubouché et le Four des Casseaux, ils sont curieux de découvrir Marcognac. C est ainsi que nous avons accueilli des journalistes japonais, des américains, des australiens, des allemands, des italiens, des belges, ainsi que des groupes venant de la France entière. Le Musée de Marcognac Le musée est constitué par un ensemble de neuf bâtiments du XIX e siècle construits en pierres et bois (Photo 4), entourés par trois carrières noyées, dont ils sont séparés par une clôture et un rideau de végétation. Les objets et documents découverts sur le site ont été disposés selon leur usage dans différents bâtiments : salle des roches où sont présentés kaolin et pegmatites : pegmatite graphique rose, pegmatite blanche très riche en feldspath, et documents papiers concernant l exploitation ; menuiserie et forge,regarnies grâce à des dons de matériel ; étable accolée à la maison limousine et renfermant une collection d outils agricoles (Photo 4) ; grand séchoir possédant en rez-de-chaussée trois salles aménagées : salle des femmes triant la pegmatite, salle de stockage et salle des objets de la vie quotidienne (voir photos 2 et 3). La qualité de la menuiserie est remarquable et les claies de châtaigner bien visibles. Le bâtiment en planches contenant le treuil pour hisser les wagonnets remplis de pegmatite a conservé tout le matériel ( moteur électrique,cable,courroies,poulies. Photo 4. Ferme (au fond), porcherie (à droite) et autres bâtiments du site de Marcognac réhabilités et conservés dans le cadre du Musée (cliché Gérard Sustrac). 85

88 patrimoine minier Des cartes postales agrandies jalonnent le parcours. Nous avons utilisé des supports en bois à partir de matériaux trouvés sur le site pour préserver le côté rustique, très apprécié des visiteurs. Seules les visites guidées sont autorisées et assurées par quatre bénévoles de l association, toute l année, à la demande des groupes. En été, le site est ouvert le mercredi, le vendredi et le dimanche après-midi. Marcognac est maintenant sorti de l oubli. Si ce n est pas la première carrière où le kaolin fut découvert à St-Yrieix, c est un site où l on retrouve à la fois carrières, bâtiments, outils et archives. L enthousiasme manifesté par les visiteurs est un encouragement pour les bénévoles de l association,mais les bâtiments,non seulement doivent être régulièrement entretenus, mais aussi faire l objet d indispensables travaux de restauration. Il faut aussi maîtriser sans cesse le développement de la végétation. Une organisation devra être mise en place pour que les visites se perpétuent dans les meilleures conditions. Le site de Marcognac est un site unique qui nous ramène au XVIII e siècle, au début de la grande histoire de la porcelaine française. Références Baron A., Histoire de la porcelaine de Limoges. René Dessagne, Collection Terres vivantes. Borderie L., Maulny A., Limoges, ville porcelaine. La Crèche, Éditions Geste, 184 p. Brongniart A., Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. Asselin et Cie, Paris.Tome 1, 760 p.tome 2, 834 p. Atlas 9 t, historique et ableaux. D Albis J., Romanet C., La porcelaine de Limoges. Sous le Vent, 255 p. Delage N., Marcognac : un kaolin d une blancheur exceptionnelle. D Onte ses n 2 Histoire et généalogie des Limousins. Cercle généalogique, historique et héraldique de la Marche et du Limousin (CGHHML), Ducourtieux P., Le premier gisement de kaolin en France. Imprimerie Ducourtieux et Gout. Fléjou L., L entreprise Théodore Haviland de 1892 à 1941 : destinées industrielles de la porcelaine de Limoges. Thèse, École des Chartes. Grellier C., L industrie de la porcelaine en Limousin.Thèse de droit E. Lanore, Paris, 511 p. Leroux A., Histoire de la porcelaine de Limoges. Imprimerie Ducoutieux et Gout, Limoges, 177 p. Meslin-Perrier C., La porcelaine de Limoges. Éditions Jean-Paul Gisserot, Paris, 32 p. Meslin-Perrier, Segonds M., Limoges, deux siècles de porcelaine. Éditions de l Amateur, Paris, 464 p. Meslin-Perrier C., Paul C., Musée national de porcelaine Adrien Dubouché à Limoges. RMN, 125 p. Mouly A., Alluaud, un grand nom de la porcelaine limousine. D Onte ses n 2 Histoire et généalogie des Limousins. Cercle généalogique, historique et héraldique de la Marche et du Limousin (CGHHML), Queneau J., Raynaud B., La porcelaine signée Raynaud- Limoges. La Martinière, Paris, 171 p. Le Musée des Gueules Rouges (Tourves, Var) : un territoire, un minerai, des hommes Claude Monier Le musée des Gueules Rouges, installé à Tourves (Var), a ouvert ses portes en juin 2012 (Photo 1), 12 ans après le lancement du projet par la municipalité. Le tableau 1 récapitule les différentes étapes du projet. Cette réalisation coûteuse n aurait pas vu le jour sans le soutien des autres communes du «Comté de Provence» 2 auquel appartient cette agglomération varoise. Les salles du musée retracent un siècle d exploitation de bauxite varoise et l évolution de l activité minière du principal secteur d extraction de bauxite de France. Les témoins et acteurs des savoir-faire correspondants ont été pleinement associés tout au long de la conception du musée, dont l objectif final est de contribuer à valoriser le patrimoine de la communauté de communes à des fins touristiques. Photo 1. La façade du Musée des Gueules Rouges (cliché Nathalie Romeuf). 1. Enseignante de Sciences de la Vie et de la Terre, retraitée. 2. Le Comté de Provence est la communauté de communes rassemblant : Brignoles, Camps-la-Source, Carcès, Châteauvert, Correns, Cotignac, Entrecasteaux, La Celle, Le Val, Montfort-sur -Argens, Saint-Antonin-du Var, Tourves, Vins-sur-Caramy.

89 Le musée est installé dans l ancienne cave coopérative de Tourves : les concepteurs ont eu l idée d aménapatrimoine minier Années Étapes Contenus Avant-projet Projet porté par la municipalité de Tourves à partir de Il était prévu d inclure le musée, installé dans le bâtiment de l ancienne cave coopérative, dans un projet global de développement incluant, outre le musée, gymnase, salle des fêtes et galeries commerçantes. Faute de financement, ce projet global ne verra pas le jour Travaux En 2006, le projet de musée est pris en charge par la Communauté de communes (Comté de Provence). Les travaux débutent en janvier 2008 avec la démolition des anciennes cuves de la cave coopérative et se poursuivent jusqu au début de Incendie Le chantier est arrêté par l incendie de la toiture du musée, qui prend feu le 24 février Après de longues tractations impliquant l expert judiciaire, la toiture et les lots techniques peuvent être réparés Muséographie Les travaux de muséographie sont confiés à la société Abaque, associée à 5 entreprises choisies pour produire les différents équipements nécessaires Bout du tunnel Après l achèvement de la fabrication en atelier, les équipements peuvent être mis en place dans le musée, ce qui prendra un mois. L ouverture officielle du musée a lieu le 15 juin Tableau 1. Principales étapes de mise en place du Musée des Gueules Rouges (source : Comté de Provence Mag. Document sur le musée avant ouverture le 15 juin 2012). Exploitation de la bauxite Malgré l absence de mine, la commune de Tourves jouait un rôle capital dans l économie de la bauxite du centre Var grâce à sa gare ferroviaire : elle recevait le minerai extrait dans les mines des communes voisines et assurait l expédition vers les usines de traitement ; elle accueillait les nombreuses familles venant d Italie, d Espagne, de Pologne ou de Yougoslavie pour vivre de la mine. L exploitation, débutée à la fin du XIX e siècle, connut son apogée à partir des années La richesse en minerai et la mécanisation faisaient alors du territoire varois le premier gisement mondial. La concurrence internationale a commencé à se manifester dans les années 1970, amorçant la phase de déclin qui aboutit à la fermeture définitive des exploitations en mars Si certains évoquent avec nostalgie cette période de «l or rouge du Var», la dédicace du musée aux «Gueules Rouges» fait référence aux conditions éprouvantes de travail des mineurs qui, avant l installation de douches dans les années 1960, rentraient chez eux empreints de poussières rouges sur le corps et les vêtements, qui ne retrouvaient jamais leur couleur d origine. C est en recherchant du minerai de fer que F. Berthier identifia en 1821, la bauxite des Baux (Bouches-du-Rhône), comme minerai potentiel d aluminium. Ce nouveau métal permit des utilisations artistiques telles les pièces d orfèvrerie conservées au musée... avant d être banalisé pour la fabrication de canettes de boissons gazeuses, la construction de bâtiments ou des aménagements tels ceux de l espace du musée. Les premières extractions de bauxite dans le Var ont débuté à Cabasse en Classiquement, elles sont de petite taille, nécessitent peu d investissements et se font à ciel ouvert (Photo 2). Le dépôt du brevet Bayer et la découverte du procédé d électrolyse ont fait passer les exploitations d un stade artisanal à l échelle industrielle avec des mines souterraines et à ciel ouvert de plus en plus mécanisées. Les grandes sociétés de producteurs d aluminium rivalisèrent alors pour l obtention de concessions. Les techniques d extraction ne cessèrent d évoluer ainsi que le relate une abondante collection de photographies, un «jardin des engins» situé devant et autour du musée (compresseurs, treuils, benne, locotracteurs...) ainsi que dans la galerie reconstituée. Visite du musée Photo 2.L ancien site d extraction de bauxite de Cabasse (cliché Nathalie Romeuf). 87

90 patrimoine minier 88 ger une galerie de plus de 900 m 2 dans les vastes espaces qu occupaient les cuves à vin. Le visiteur descend par un ascenseur vers cette galerie après s être équipé d un casque de chantier dans la salle de la lampisterie (présentation des différents types de lampes et casques, vestiaires des mineurs). Dans la galerie, les murs et parois projetés de béton coloré «bauxite», les débris de minerai au sol, les bruits, les engins, le matériel... suscitent l admiration de ceux qui ont connu les véritables exploitations (Photo 3). Cette reconstitution «au boulon près» a été réalisée par une équipe d anciens mineurs bénévoles en partenariat avec l architecte du musée. Le parcours, obligatoirement accompagné d un guide, fait découvrir l évolution des techniques d extraction (marteau et burin, cliquet, marteau perforateur, jumbos ), les soutènements, les équipements pour évacuer le minerai depuis les galeries et une descenderie. Différents postes de travail sont présentés avec des silhouettes de mineurs projetées sur les murs ainsi que divers ateliers : forge, atelier de maintenance, écurie, explosifs, travail du géomètre, laboratoire du chimiste, coin repas... Les conditions de travail des mineurs sont évoquées à l aide de documents d archives et de maquettes : nombreuses heures de marche à pied pour aller de son domicile à la mine et rentrer chez soi après 11 heures de travail, amélioration du trajet par l attribution de vélos, puis organisation d un ramassage par autocars par l exploitant, luttes sociales, fêtes de la Sainte-Barbe, objets quotidiens divers, diaporamas, témoignages. L aménagement muséographique de l espace central situé au-dessus de l accueil propose différentes animations et outils pédagogiques (Photos 4 et 5) destinés à faire comprendre les processus d altération : échantillons, très belles photographies de minéraux en cours d altération en lames minces et au MEB 1, maquettes animées Photo 3. Transport du minerai par wagonnets dans la galerie souterraine (cliché Nathalie Romeuf). Photo 4. Vue générale de l espace «bauxites» (cliché Claude Monier). Photo 5. Le bilan de la bauxitisation (cliché Claude Monier). permettant de faire varier les paramètres climatiques, évolution des différents types de roches,... mais les géologues provençaux regrettent l absence de références aux recherches effectuées sur la genèse des bauxites provençales (région des Baux et Var). Cet espace permet aussi de découvrir les processus industriels utilisés pour transformer la bauxite en alumine puis en aluminium (4 t de bauxite pour 2 t d alumine et une tonne d aluminium). Les différentes utilisations contemporaines de l aluminium voisinent avec des objets décoratifs des années Ce musée scientifique, à la fois technique et ethnologique, est présenté dans un espace très lumineux, moderne. Sans abuser de bornes presse-bouton (susceptibles de tomber rapidement en panne!) il offre des manipulations ludiques simples. La richesse des collections de ce musée tient à leur authenticité : des centaines d objets, des engins, des outils, et des témoignages de l activité minière ont été collectés par les bénévoles de l association des Gueules Rouges. Les membres de cette association ont été associés aux différentes phases de la création du musée, ainsi qu à la conception et à la réalisation de la 1. Microscope électronique à balayage.

91 patrimoine minier galerie. Passionnés, ils sont conscients de la richesse du patrimoine à transmettre 3. Les expositions et conférences organisées animent ce lieu qui a reçu, en novembre 2013, le label qualité Tourisme. Les personnes travaillant dans ce musée sont totalement investies dans leur mission de médiation culturelle et réservent un accueil gracieux et compétent. La boutique du musée propose différents ouvrages sur la bauxite et l histoire des mines ainsi que des objets décoratifs en aluminium ou des objets-souvenirs. Contact Musée des Gueules Rouges : Avenue de la Libération, Tourves. Tél. : Courriel. : contact@museedesgueulesrouges.fr Site Internet. : Retour d expérience sur l extraction charbonnière en France : exemple du Sillon houiller du Massif central La Rédaction avec l aide de Pierre Debriette 1 et de Géodéris 2. Les gisements de charbon en France susceptibles d apporter quatre regards de mémoire (géologie, passé d exploitation, préservation du patrimoine et après-mine) sont nombreux. Le choix s est porté sur le Sillon houiller du Massif central en raison des nombreux gisements qui le jalonnent ou se situent à proximité 3 (Fig. 1) et de la possibilité de dresser des états comparatifs entre eux, soulignant à la fois des similitudes et des différences pour chacun des regards proposés. Le Sillon houiller correspond à un système de failles, de direction NNE-SSW, jalonné de bassins du Carbonifère supérieur et ayant fonctionné en jeu senestre fragile daté du Stéphanien (Grolier et Letourneur, 1968 ; Feybesse, 1981), aujourd hui clairement rattaché à l extension synorogénique namuro-westphalienne (Faure, 1995), ce qui est confirmé par l étude d A. Joly (Joly et al., 2007) sur le granite de Montmarault. Plutôt qu une synthèse de type monographie par gisement, nous avons retenu de dresser un aperçu comparatif sur chacun des quatre regards proposés, en insistant sur le volet «Patrimoine minier». succession de bassin, les couches de charbon sont plus ou moins nombreuses (quelques unités à quelques dizaines, parfois très épaisses, de plusieurs dizaines de mètres (Commentry, Bezenet, Decazeville), de maturation variable, du Regard «Géologie» Comme indiqué dans les généralités, le Sillon houiller fait partie des structures majeures de structuration du domaine varisque européen. Pour ce qui concerne concrètement les gisements de charbon qui le jalonnent ou se disposent à proximité, la constante est que tous sont datés du Stéphanien, plus rarement du Permien, et que la succession lithologique comporte les mêmes types de roches : conglomérats, grès, schistes et roches volcaniques ou volcano-détritiques (gores). À l intérieur de chaque Figure 1. Localisation des gisements de charbon jalonnant le Sillon houiller ou situés à proximité (source : Doubinger J. et al., La flore fossile du bassin houiller de St-Étienne. Mém. MNHN, t Éditions du Muséum,360 p. - Carte p. 20). Légende : 1) Post-Permien,2) Permien,3) Bassins houillers,4) Bassins houillers possibles sous couverture, 5) Socle. 3. Témoignage de Maurice Constans, Président de l Association des Gueules Rouges du Var : «J ai travaillé pendant 15 ans sur le projet du musée, qui a connu bien des péripéties. Mais les bénévoles n ont rien lâché, d abord parce que nous voulions honorer notre devoir de mémoire envers des milliers de mineurs et 100 ans d exploitation, ensuite parce que nous défendons un tourisme de découverte pour ne pas oublier ce qui a façonné la vie et l économie de toute une région. Mon rêve, c est que chaque enfant du Comté de Provence sache que la mine, c est l histoire de ses aïeuls comme celle des objets de son quotidien». 1. Géologue retraité des Charbonnages de France. 2. Géodéris, 1 rue Claude Chappe, Entrée C2, BP 25198, Metz cedex En cohérence cinématique avec le Sillon houiller, en particulier dans la partie nord du Massif central, soit dans le prolongement septentrional du Sillon houiller (La Machine et Lucenay-les-Aix), soit dans des positions latérales comme à Commentry, dans l Aumance (Buxières-les-Mines) ou à Doyet et Deneuille, soit encore le long des failles transversales d Ahun (bassin d Ahun et de Lapleau) et d Argentat (bassins de Bosmoreau et d Argentat). 89

92 patrimoine minier Decazeville, Carmaux,), sans oublier les grattages de surface réalisés dans certains gisements avant de passer en souterrain. D une façon générale, ce sont des considérations économiques (prix de revient ou rapport stériles/charbon trop élevés), techniques (fournitures de remblais : Commentry, St-Eloy) ou pour lutter contre les feux souterrains (Commentry) qui ont prévalu pour passer d une méthode d exploitation à l autre. La diversité des contextes géologiques des gisements de charbon du Sillon houiller a conduit à développer différentes méthodes d exploitation souterraine. Le tableau 2 reprend les différents gisements du Nord au Sud. Figure 2. Coupes du gisement de Decazeville (Document de Pierre Vetter). flambant à l anthracite, certains bassins (Puy St-Gulmier) ou partie de bassins (Noyant, Commentry, Messeix) ayant été soumis à un flux thermique, les schistes eux-mêmes pouvant relever de la catégorie des schistes bitumineux, donc des roches mères au sens pétrolier du terme. Sur le plan structural, le Sillon a subi différents épisodes de compression et de distension antérieurs, contemporains ou postérieurs aux dépôts sédimentaires, ce qui se traduit par deux présentations : des cuvettes larges et relativement peu tectonisées (Buxières, Commentry, Decazeville - Fig. 2) et des ensembles fortement plissés, soit en anticlinal comme à Saint- Éloy-les-Mines et sa fameuse structure dite «en pieuvre» (Fig. 3), soit en synclinal comme à Noyant d Allier ou Messeix. Le tableau 1 donne un bref récapitulatif synthétique de ces différents gisements. Regard «Préservation du patrimoine» Dans ce domaine, on ne peut que constater des différences fortes d un site à l autre, liées aux opérateurs miniers mais aussi à la stratégie des collectivités territoriales en matière de mémoire minière, et également de reconversion économique. Sur le plan de la mémoire, on peut distinguer ce qui relevait soit de la mine elle-même (chevalements, machinerie, lavoirs ), soit des installations connexes (bâtiments divers, cités minières ). 90 Regard «Passé minier» Tous les gisements ont connu une phase d exploitation classique, souterraine. Elle fut dominante (Noyant d Allier, Champagnac) ; conjointement avec du ciel ouvert (Commentry, St-Eloy, Decazeville), puis uniquement à ciel ouvert (Puy St-Gulmier, Buxières-les-Mines, Messeix, Figure 3. Coupe du gisement de Saint-Eloy-les-Mines (source : Gravier R., 2010, 3 ème éd. La Pieuvre éloysienne. Une structure géologique originale! Reflet économique d une région!, p. 54).

93 Ce qui reste sur site de Noyant d Allier (03) est représenté en particulier par un exceptionnel chevalement en béton armé et un bâtiment construit par Freycinet, considéré comme un exemple de structure à voûte mince et tirants de confortement (Photo 1). L ancienne «chambre chaude» (salle des pendus selon la terminologie des bassins charbonniers du Nord) est occupée par deux expositions (photographies de mine et témoignages sociaux ; outillage minier). Les visites guidées régulières comprennent aussi la présentation d un film sur la formation du charbon et son exploitation de nos jours. Le parc extérieur est occupé par de nombreux matériels miniers ( jumbo, purgeuse, tracto-chargeurs, mineur continu, tombereaux articulés tous engins récupérés à Buxières-les-Mines, chaudières et locomotives de mine diesel et berlines), ainsi que par deux petites galeries de mine reconstituées. À Buxières-les-Mines (03), toutes les installations ont été détruites et l effort s est concentré sur les réaménagements du carreau, des terrils et des nombreux sites d extraction en ciel ouvert (réaménagés en espaces cultipatrimoine minier Gisement Repères géologiques Extraction Noyant d Allier (03) 4 faisceaux de couches dans l assise stéphanienne dite de Noyant. Focalisée sur le faisceau de base. Disposition en synclinal à flancs tronqués par des failles Buxières-les-Mines (03) Couches de charbon liées au membre fluvio-palustre gréseux Couche de charbon du Toit (3-5 m) la plus supra-buxières. activement exploitée,ainsi que les schistes bitumineux (5-8 m) situés au-dessus. Commentry (03) Cuvette synclinale de 9 x 3 km, 2 faisceaux charbonniers séparés À Commentry, exploitation focalisée sur par 400 m de stérile. la Grande couche (10-25 m) du Faisceau supérieur. Aux Ferrières, on a exploité le faisceau inférieur. St-Éloy-les-Mines (63) Bassin de 6 x 1 km. Gisement en anticlinal très redressé («pieuvre») Exploitation des 3 couches, celle du toit - 3 couches de charbon (mur, centre et toit), en général séparées pouvant dépasser 20 m de puissance. par des formations gréseuses. Schistes du toit souvent bitumineux. Puy-St-Gulmier (63) Série gréso-conglomératique très redressée, comportant des Exploitation discontinue, par lentille. lentilles irrégulières de charbon. Meisseix (63) Large synclinal régulier au Nord, se pinçant vers le Sud, fortement L exploitation a porté sur les couches fracturé et faillé. La série comprend 9 niveaux exploitables, de 1 à 3 m rassemblant les 9 niveaux à charbon. de puissance, regroupés en 5 couches, intercalées de grès et gores. Champagnac (15) Gisement très déformé avec couches en dressants. La série com- Exploitation essentiellement souterraine. porte 5 couches de charbon de 1,5 à 9 m de puissance, entre un mur À ciel ouvert au puits Madeleine au de conglomérats et rhyolites et un toit de schistes et grès. XIX e siècle Decazeville (12) Carrefour d accidents majeurs (Sillon houiller, faille d Argentat...). Exploitation focalisée sur les principales La série, de m d épaisseur au total, englobe 5 assises gréso- couches, d abord en souterrain avec schisteuses comprenant des couches de charbon et 3 niveaux de puits de mine, puis, à partir de 1966, schistes bitumineux. Prolongement sud par l exploitation d Aubin à ciel ouvert. et sud-est par celle de Cransac. Carmaux (81) Synclinal de 10 x 3 km, découpé en cuvettes et horsts par des frac- Exploitation souterraine puis à ciel tures NO-SE et comprenant 28 couches de charbon de 0,5 à 28 m ouvert. de puissance dans un contexte de schistes et grès du Stéphanien. Tableau 1. Contexte géologique et extractif des gisements de charbon jalonnant le Sillon houiller. vables), ce qui correspondait à des obligations de l opérateur minier. Le plan d eau de l ancien ciel-ouvert de la Chassagne, mis en valeur par la municipalité de Buxièresles-Mines, comporte 7 panneaux explicatifs (histoire géologique du site, extraction, industrie du charbon et des schistes bitumineux, faune et flore). Malgré les nombreux et exceptionnels fossiles du Carbonifère et du Permien Photo 1. Le chevalement et le bâtiment Freycinet de Noyant d Allier (cliché Gérard Sustrac). 91

94 chaînon au pied duquel étaient disposées les carrières à ciel ouvert. Mais il n y a pas d aménagement touristique spécifique, pas plus qu il n existe de musée minier qui, comme à Buxières-les-Mines, aurait pu présenter les nombreux fossiles trouvés dans les carrières. On notera la sculpture en acier inoxydable de libellule géante (Meganeura monyi du Carbonifère) disposée au centre d un rond point dans la partie ouest de la ville (Photo 2),et une exposition orientée fossiles (en partenariat avec le Muséum national d histoire naturelle de Paris et Gueules noires et Bocage) qui s est tenue à Commentry en 2010 à l Espace culturel La Pléiade 6. À St-Eloy-les-Mines (63), la plupart des installations minières ont été détruites, à l exception du chevalement du puits St-Joseph (Photo 3), bien entretenu mais un peu isolé dans son contexte et des anciens bureaux transformés en maison des associations. Un autre chevalement a été préservé à Montjoie sur la commune de Youx, à quelques kilomètres au sud du précédent. Non loin de ce 2 ème chevalement, il reste un alignement de maisons de corons correspondant à la cité de Pigoil. Le démantèlement des installations minières a libéré des terrains en partie occupés aujourd hui par Rockwool. Pour renforcer la mémoire minière, une Maison de la mine (qui sert aussi d Office du tourisme) a été installée à proximité du 1 er chevalement. En dehors de panneaux sur le charbon et la géologie, l historique et l équipement de la mine, ainsi que le travail en mine, un film est proposé dans l auditopatrimoine minier Bassin CDF 4 ou Durée d exploitation Types d exploitation Production hors CDF (Mt charbon) Noyant-Souvigny à Hors CDF 229 puits, 28 galeries et descenderies (méthode des < 3 La Pochonnière gradins renversés). Aumance Hors CDF (charbon), Puits, descenderies, foudroyage, chambres et piliers, 8,5 + 3,5 et CDF et ciel ouvert. schistes schistes bitumineux bitumineux Commentry Hors CDF Souterrain (tranches montantes remblayées) et grandes 20 tranchées ciel ouvert (Grande couche). Les Ferrières Hors CDF Tranchées ciel ouvert puis souterrain. 4 St-Éloy-les-Mines Hors CDF Tranchées de surface, chambres et piliers, traçages 36 et CDF dépilages, tranches montantes remblayées, soutirage. Messeix Hors CDF Suite grattages artisanaux, 5 méthodes de taille et 11,5 dépilage + chambres et piliers. Champagnac 1750-? Grattages ciel ouvert puis souterrain (7 puits principaux, 7,5 1 descenderie). Decazeville, Aubin CDF Moyen-Âge à début Grattages de surface puis > puits et galeries et ~110 et Cransac XIX e? poursuite ciel ouvert. ( ) Découverte de Lassale à partir 1892 Carmaux 8 siècles dont Extraction souterraine jusqu en 1987, grande découverte > ans d exploitation à partir de ( ) industrielle Tableau 2. Méthodes extractives appliquées pour exploiter les différents gisements de charbon jalonnant le Sillon houiller. 92 découverts à Buxières-les-Mines, aucun musée n a pu être mis en place pour les conserver et les présenter. Toutefois, une association locale «Gueules noires et Bocage» œuvre pour pérenniser la mémoire des mines et de l industrie schistière : ouvrage primé en , organisation de visites à Buxières et de conférences sur divers sujets (charbon, énergie...). Cette logique des plans d eau (conséquence de la remontée des eaux dans les travaux) prévaut aussi à Commentry (03) sous forme d une chaîne d étangs jalonnant le Photo 2. La sculpture de libellule géante de Commentry (cliché Gérard Sustrac). 4. Charbonnages de France, issus de la nationalisation de En 1968, fusion des 7 Houillères de bassins du Massif central, Dauphiné et Provence en une seule entreprise, les Houillères de Bassin du Centre et du Midi (HBCM). 5. De Buxière-la-Grue à Buxières-les-Mines (Allier), de St-Éloy-Nord à l Aumance. Charbon et schistes bitumineux en bocage bourbonnais. Éditions Gueules noires et Bocage - Souvenirs et patrimoine du mineur s.l., Philippe Rouilly, Une autre exposition s est tenue en 2012 sur les savoir faire de Commentry en sidérurgie, avec les mêmes partenaires.

95 patrimoine minier occupé par de nombreuses maquettes, des accessoires et outils de mineurs, des photographies anciennes et des documents d archives. Le secteur Decazeville - Aubin - Cransac constituait un des fleurons de l exploitation charbonnière du Massif central et la préservation du patrimoine a porté sur le chevalement de Decazeville (Photo 6) et les quatre musées du secteur : le Musée régional de géologie Pierre Vetter, le Musée du patrimoine industriel du bassin de Decazeville, le Musée de la mine Lucien Mazars et le Musée «Les Mémoires de Cransac». À noter aussi que l ancien ciel ouvert de Decazeville, réaménagé et végétalisé, est ouvert à la promenade de découverte. Dans le Musée Pierre Vetter, créé par ce dernier en 1977 et qui dépasse le cadre du seul gisement charbonnier, 5 grands thèmes sont mis en valeur au moyen de vitrines, maquettes et spécimens de fossiles : la genèse du charbon, la forêt tropicale, les minéraux de l Aveyron, l homme et la pierre, ainsi que les roches et fossiles de la région. Le Musée du patrimoine industriel créé progressivement à partir de Photo 3. Le chevalement de St-Eloy-les-Mines (cliché Gérard Sustrac). rium qui retrace la vie des mineurs et la mine, l historique de l exploitation et la conversion du site. Est également présentée une petite salle des pendus. Sur le plan de la préservation des bâtiments miniers, le site de Messeix (63) est un site exceptionnel dans l ensemble des sites du Sillon houiller. En effet, le Musée de la mine de Messeix (Minerail) regroupe l ensemble du Puits St-Louis (chevalement, salle de la machine d extraction et des compresseurs et des équipements divers, bâtiments annexes) (Photo 4), les bâtiments des magasins, des douches et de la salle des pendus (Photo 5) qui sert également de salle d exposition pour les maquettes faites sur les diverses installations minières (site, usine d agglomération, puits St-Louis, coupe de la mine ). Il n y a pas de musée minier à Puy-St-Gulmier (63). Il ne reste plus rien des installations minières du site d exploitation de Champagnac, excepté un tunnel transformé en cave d affinage de fromage. Toutefois, la préservation de la mémoire s est organisée au travers du Musée de la mine, inauguré en 1991, agrandi en 2007 (salle du rez-de-chaussée) et qui comporte deux étages, et d un mini-chevalement en bois de 6 m de haut construit à l extérieur du bâtiment du musée. Dans le musée, les panneaux du rez-de-chaussée sont consacrés à la formation du charbon, aux installations d extraction (un panneau par puits) et aux témoignages de mineurs (essentiellement sous forme de photos), tandis que le 1 er étage est Photo 4. L ensemble du Puits St-Louis au Musée de la mine de Messeix Minerail (cliché Gérard Sustrac). Photo 5. Le bâtiment des douches et de la salle des pendus au Musée de la mine de Messeix (cliché Gérard Sustrac). 93

96 L après-mine est lié à la fois à la prévention des risques par anticipation, à leur surveillance et traitement et également au réaménagement des sites : stabilité des terrains, végétalisation, traitement des effluents liquides et gazeux, etc. Globalement, les HBCM se sont fixé pour objectif que l arrêt définitif des travaux soit obtenu au plus tard en 2005 (Debriette, 2001). Conformément au droit minier, l arrêt des travaux est acté par arrêté préfectoral, alors que la renonciation à la concession est accordée par arrêté ministériel. Cette dernière a été actée, le 31 décembre 2007, par la dissolution des Charbonnages de France. Les désordres auxquels donnent lieu les activités minières sont, d une façon générale, de trois ordres : affaissements, effluents gazeux et remontée des eaux. La mise en sécurité des ouvrages miniers constitue un des premiers objectifs à atteindre et 5 méthodes principales sont mises en œuvre (Debriette, 2001) : fermeture légère dans les secteurs d accès très difficile ; remblayage simple ou contrôlé ; réalisation de dalles ou couvertures ; mise en place de serrements ; réalisation de bouchons autoportants en béton au sein des ouvrages. Les bouchons en béton doivent être capables d assurer leur propre stabilité et de fournir une bonne propatrimoine minier 94 Photo 6. Decazeville, chevalement et anciens gradins du ciel ouvert surmontant le plan d eau en contrebas (non visible sur le cliché (cliché Gérard Sustrac) et géré par l Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin de Decazeville (ASPIBD) comporte 2 halls d exposition avec divers équipements et objets miniers, provenant notamment de l ancienne exploitation charbonnière de Cruejouls (dernière mine de charbon privée de France), située à proximité, sur la bordure nord du bassin de Rodez et arrêtée en Mais le patrimoine industriel ne se limite pas au charbon et englobe également la métallurgie et plus spécifiquement la sidérurgie. Deux galeries de mine ont également été installées. Une partie des ressources du musée provient de la vente d ouvrages réalisés par l équipe de bénévoles et portant sur la mine et les mineurs, la sidérurgie et l histoire régionale. Le Musée de la Mine Lucien Mazars (Photo 7) a été créé en 1979 et entièrement réaménagé en Dans une galerie de mine, différentes scènes sont reconstituées : chantier d autrefois, travail d aujourd hui, casse-croûte dans la mine, différents soutènements En outre, 6 films sur la mine et les mineurs sont présentés dans la salle de projection audiovisuelle. Enfin, le Musée «Les mémoires de Cransac» inauguré en 1996 puis réaménagé et réouvert en 2013, porte notamment sur deux thématiques :la mine et le thermalisme, mais également l histoire sociale, la transformation des paysages et la création contemporaine. Le site de Carmaux possède lui-aussi son musée, le Musée de la Mine du Carmausin (Photo 8). Situé à Cagnacles-Mines, ce musée départemental, créé en 1989, est installé sur une ancienne mine existant depuis (exploitation par la Cie des mines d Albi). Il présente 3 thématiques : extraction du charbon, mémoire ouvrière et savoir-faire. Outre des salles d exposition d histoire sociale, le Musée comporte aussi un chevalement avec sa cage et 350 m de galeries reconstituées présentant du matériel minier. L aménagement du site à des fins touristiques est sous la responsabilité du Syndicat Mixte pour l Aménagement de la Découverte (SMAD), propriétaire et gestionnaire de 800 ha, dont 650 ha d un seul tenant accueillant notamment le complexe de loisirs touristiques Cap Découverte (Photo 9) qui se consacre aux pratiques sportives de nature et dont la gestion a été déléguée. Regard «Après-mine» Photo 7. Façade du Musée de la Mine Lucien Mazars à Aubin (cliché Gérard Sustrac). 7. L exploitation du XII e siècle s est faite à l est du gisement sur les affleurements de la vallée du Cérou.

97 patrimoine minier Photo 8. Une des façades du Musée de la Mine du Carmausin (cliché Gérard Sustrac). Photo 9. Le ciel ouvert et le plan d eau au sein du complexe de loisirs touristiques Cap Découverte (cliché Gérard Sustrac). tection contre les sorties de gaz. La maîtrise du grisou, constitué principalement de méthane et essentiellement adsorbé sur le charbon, est aussi une question de cas par cas entre les gisements grisouteux et ceux qui ne le sont pas (comme Carmaux et l Aumance). D une façon générale, ce problème est traité par la réalisation de sondages de décompression. Les résurgences des eaux de mines sont captées à partir de puits, descenderies ou sondages de décharge. Selon leurs caractéristiques chimiques, les eaux sont soit rejetées directement dans la nature, soit traitées par lagunage (Buxières-les-Mines, Messeix et Carmaux). Dans l étude préliminaire du PPRM du bassin houiller de Carmaux- Albi (Géodéris 2004), il est apparu que les risques étaient liés à la pollution des sols, ce qui impliquait des mesures de surveillance et d élimination des sources polluantes. Dans la plupart des cas, l exploitation de houille dans le Massif central s est faite en exploitation totale par foudroyage avec ou sans remblayage, ce qui a conduit à des affaissements de surface pouvant atteindre plusieurs mètres, voire dizaines de mètres à St-Éloy-les-Mines. L amplitude de l affaissement est maximale immédiatement après l arrêt de l exploitation et décroît ensuite, se stabilisant au bout de 3 à 4 ans. Lors de la remontée des eaux, on observe le phénomène inverse par réhydratation des terrains. Son amplitude est de quelques centimètres. À Commentry, par exemple, l étude de Géodéris (2011a) a souligné une cinquantaine de zones de désordres, majoritairement situées sur le territoire de la commune de Commentry et correspondant pour moitié à de petits effondrements ou tassements localisés au droit d anciens orifices ou de travaux superficiels et pour moitié à de grandes ondulations de terrain soulignant l effet des affaissements miniers à l aplomb des travaux en Grande Couche, en général à moins de 50 m de profondeur. L étude de Géodéris a également permis de recenser une trentaine de dépôts miniers, dont seulement une douzaine présente un volume significatif et de rares indices d anciennes combustions. Par ailleurs,sur les 14 tranchées minières de Commentry,7 présentent un plan d eau stabilisé.il en est de même pour 3 des 5 sites de Ferrières. Le bilan de l étude d aléas fait apparaître l effondrement localisé comme le principal aléa identifié. Enfin, on soulignera que la réhabilitation des découvertes impose le remodelage des sites et leur végétalisation par des essences sélectionnées pour s intégrer dans le paysage. Les sites peuvent avoir une vocation forestière (Decazeville) ou agricole (Aumance), site où la réhabilitation a permis d améliorer des parcelles qui ne se prêtaient initialement qu à l élevage. Conclusions Cette vision synthétique au travers de quatre regards sur les gisements de charbon liés ou proches du Sillon houiller a permis de souligner des différences notables sur le plan géologique (stratigraphie et tectonique) et, à l inverse, de grandes similitudes en ce qui concerne le passé minier et les techniques d extraction, ainsi que sur l après-mine, en ce qui concerne les types d aléas. La préservation de la mémoire minière diffère très sensiblement d un site à l autre, entre ceux qui ont eu le souci de préserver et (parfois) les moyens financiers de mettre en valeur leur passé comme St-Eloy ou Messeix. D autres ont laissé les sociétés agir selon les directives du Code minier à une époque où la sauvegarde du patrimoine industriel était une idée saugrenue (Noyant, Commentry, Champagnac). Les HBCM qui avaient obligation de remettre en l état initial les terrains occupés, ont opté pour la destruction de toutes les installations (Buxières), solution la moins onéreuse pour le contribuable. Les bassins de Decazeville et de Carmaux se situent 95

98 patrimoine minier au carrefour de ces deux options avec, dans les deux cas, la mise en place d une série de musées de la mémoire et parallèlement l installation de circuits de loisirs, circuit de découverte à Decazeville, espace de sports nature dans le cas de Carmaux, qui, notons le au passage, a coûté une fortune aux HBCM. Pour en savoir plus Brousse R., Tempier P., Rançon J.-P., Veyret-Mekdjian Y. et coll., 1989a.Notice explicative,carte géologique de France (1/50 000), feuille Bourg-Lastic (716). BRGM, 78 p. Carte géologique par R. Brousse et al., Brousse R., Le Garrec M.-J.,Tempier P.,Veyret-Mekdjian Y., 1989b. Notice explicative, Carte géologique de France (1/50 000e), feuille Mauriac (763). BRGM, 106 p. Carte géologique par R. Brousse et al., Coll., De Buxières-la-Grue à Buxières-les-Mines (Allier) - De Saint-Éloy Nord à l Aumance - Charbon et schistes bitumineux en bocage bourbonnais. 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Le métier de mineur à St-Éloy-les-Mines. Autoédition Bernard Sauvat, 91 p. Turland M., Mathis V., Grolier J., Monier G., Croise G., Debriette P., Milhaud D., Mercier-Batard F., Carroué J.-P., Piboule M. Debeglia N., Notice explicative, Carte géologique de France (1/50 000), feuille Bourbon-l Archambault (597). BRGM, 82 p. Carte géologique par M. Turland et al.,

99 La petite entrée d accueil donne sur l atelier accédant par deux ouvertures situées de part et d autre du mur mitoyen à la principale salle d exposition. De même, cette salle principale s ouvre sur 2 petites salles annexes de part et d autre de la cheminée (Photo 3) qui fait face au mur d entrée. L ensemble fait environ 140 m 2. L exposition principale est très polyvalente puispatrimoine minier Un couple musée - terrain à la base de la pédagogie proposée à La maison de l Améthyste Pierre Lavina 1. La maison de l Améthyste bénéficie d un panorama magnifique puisqu elle est installée dans le Château de Monfort (Photo 1), sur la butte qui domine le village du Vernet-la-Varenne, situé à 21 km au sud-est d Issoire (63) et elle s appuie sur 5 siècles d exploitation minière d un minéral, le quartz améthyste, dont les plus beaux cristaux gemmes sont destinés, dès le XVI e siècle, à la bijouterie, et la totalité des filons à l ornementation (encriers, presse-papiers, cendriers, manches d ombrelle ou de porte-plume). Au XX e siècle, c est la Taillerie de Royat (63) qui est en charge de la diversité des tailles. C est en fait la combinaison d ensemble entre une vision muséale («Minéral qui es-tu?» ou «Choisis et taille ta pierre!») et la randonnée de terrain sur le site d exploitation de l améthyste avec notamment le «Jeu du prospecteur» qui donne tout son sens pédagogique au site, puisque c est l ensemble de la filière de l améthyste qui est abordé, depuis le minéral naturel jusqu à l objet transformé et mis en valeur. La maison de l Améthyste, née en 2009, est le fruit d une collaboration entre la coopérative GEOLOgrafis, le CPIE 2 du Velay, la société Tam Fram Com et la mairie du Vernet la Varenne. Le projet s est appuyé sur une étude de faisabilité technique dans une perspective touristique, du succès des balades «Nature et patrimoine» 3 dès l été 2003 et de la volonté de la commune de redynamiser son territoire. La maison de l Améthyste s est ainsi donnée pour objectifs de favoriser l inventaire des patrimoines (historique, géologique et minier) des anciennes exploitations de quartz améthyste, d en profiter pour développer la médiation scientifique en SVT 4 et de favoriser le développement Photo 1. La façade du Château de Montfort, implanté sur la butte qui domine Le Vernet la Varenne, montrant l entrée de La maison de l Améthyste (cliché Pierre Lavina). Photo 2. Les visiteurs à l entrée de La maison de l Améthyste (cliché Pierre Lavina). Photo 3. L espace de la grande salle avec la cheminée au centre du mur qui fait face à l entrée (cliché Gérard Sustrac). géotouristique du territoire. En 2013, on a dépassé visiteurs et l objectif est d atteindre par an pour assurer une bonne valorisation du site. Déjà plus de visiteurs ont été accueillis depuis 2009 (Photo 2). L exposition muséale Conservateur de La maison de l Améthyste. 2. Centre permanent d initiatives pour l environnement. 3. Label du Parc naturel régional (PNR) du Livradois-Forez. 4. Sciences de la Vie et de la Terre.

100 patrimoine minier qu on y aborde : la géologie des gisements d améthyste du territoire avec des panneaux, des vitrines de spécimens (également d autres minéraux que l améthyste et différents types de roches de la région Auvergne), des photos et des peintures ; l exploitation minière et la mémoire de la mine avec de nombreuses photos et des cartes de concessions ; les anciennes exploitations d améthyste du Livradois concernent 13 gisements appartenant principalement à 7 communes du PNR 5 du Livradois-Forez ; des espaces lapidaires et de bijouterie en particulier dans et autour de la cheminée, ainsi que dans diverses vitrines. Sans rentrer dans le détail des nombreuses photos exposées, on peut au moins donner la liste des panneaux (Tabl. 1) répartis, principalement dans la grande salle pour 5 d entre eux, le 6 ème étant accroché dans la petite salle annexe à gauche de la cheminée. Dans la salle annexe à gauche de la cheminée, les visiteurs peuvent regarder des spécimens à la binoculaire (espace atelier) et s informer sur ce qu on fait avec l améthyste et le quartz sous toutes ses formes minéralogiques (voir le panneau 6). La salle annexe à droite de la cheminée est plus spécifiquement dédiée à divers minéraux (améthyste, saphir) et à des vidéos dont celle spécifique sur la formation de l améthyste dans le sous-sol du Vernet-la-Varenne. L apport pédagogique de la visite de terrain Cet apport s exprime au travers de la balade «Jeu du prospecteur» accompagnée par un guide géologue. Le parcours se déroule dans le bois du Ravin de Pégut, situé aux limites des communes du Vernet-la-Varenne et de La Chapelle-sur-Usson, bien connu depuis la déclaration de Madame la Baronne de Beausoleil en 1640 «( ) Au lieu de Pegu, (Paroiffe du Vernet), une bonne mine d amethiftes». La balade suit l un des «chemins d améthyste» qui mène à l exploitation dite de la «tranchée du filon des Espagnols». Cette ancienne carrière, exploitée entre le XVII e et le XVIII e siècle, a été aménagée pour accueillir les publics dans les meilleures conditions possibles. Les visiteurs sont équipés d un petit sac de chantier et portent en bandoulière un marteau de géologue, un casque et, autour du cou, une loupe monoculaire, ce qui leur permet de s initier à la pratique de prospection géologique et minéralogique. Pour les groupes plus spécialisées (amateurs de minéralogie, étudiants, ), le géologue propose une initiation à la prise de mesures de direction et de pendage des fractures tectoniques et des filons, et à la cartographie géologique. Chemin faisant, les visiteurs sont invités à faire des observations d objets géologiques. L accent est d abord mis sur l appréciation des formes du paysage (géomorphologie) pour approcher de plus près la qualité et la nature des affleurements (pétrographie et tectonique). La pétrographie est abordée à travers la manipulation et l observation à la loupe des sables qui constituent le sol, ce qui permet d apprécier les formes et les propriétés optiques du mica, du quartz et du feldspath qui composent les arènes granitiques, l argile laissant sur les mains une sensation de douceur. Pour approcher la composition du sous-sol,l échantillonnage et le tri de petits «cailloux» 6 permettent de mettre l accent sur la texture et la nature des roches ainsi que la structure et la dureté des minéraux :différents granites,fragments de petits filons de quartz de diverses colorations autant de guides de prospection de l améthyste. Les nombreuses fractures tectoniques et filons entremêlés, abondants en ce lieu, sont soulignés par des altérations de limonite ocre jaune. N de Titre Thématiques panneau 1 Petite histoire de l améthyste. De la pierre de bague à l industrie du bijou. 2 Répartition des gisements. En Livradois et dans le monde. 3 Du quartz... améthyste. Le quartz est le minéral le plus abondant de la croûte terrestre. L améthyste est une variété de quartz. 4 La formation de l améthyste. Formation profonde. Formation superficielle. 5 L exploitation d un gisement au Les filons exploités sur le secteur du Vernet-la-Varenne et La Chapelle-sur- Vernet-la-Varenne. Usson. Durant les 5 derniers siècles, l exploitation des gisements d améthyste en Auvergne n a eu qu un seul but : produire des pierres fines à bijoux! 6 Du quartz... pour quoi faire? Les pierres fines. Les emplois ornementaux de l améthyste. Le quartz fondu. La piézo-électricité du quartz. Le quartz synthétique. 98 Tableau 1. Récapitulatif des panneaux présentés dans la Maison de l Améthyste et des thématiques traitées dans le cadre de l exposition «L Améthyste d Auvergne g emme!» (source : La maison de l Améthyste). 5. Parc naturel régional. 6. Du préfixe Indo-Européen «cal» qui signifie «roche».

101 patrimoine minier La balade «Jeu du prospecteur» offre une approche ludique et pédagogique des outils et des méthodes de base employés par le géologue minier.très appréciée des visiteurs, cette «chasse au trésor» permet aux familles avec enfants de partager un moment de convivialité et d émerveillement. Photo 4. Balade «Jeu du prospecteur» : dans les haldes de l ancienne carrière, récolte de cristaux d améthyste (cliché Pierre Lavina). La zone de l ancienne carrière atteinte, les participants recueillent,dans les haldes,des fragments de cristaux encapuchonnés et de veines rubanés d améthyste abandonnés par les derniers mineurs du XVIII e siècle (Photo 4).La visite de la tranchée,présentée sans artifice et dans les conditions réelles d extraction, permet également aux apprentis géologues,casqués,de découvrir les affleurements de filons en place et d en apprécier les différentes formes cristallines. Références Lavina P., Le géosite de l Améthyste d Auvergne, 1 er gisement de France métropolitaine. Actes du Colloque Géopatrimoine de Digne-les-Bains, octobre 2012, Mém. hors série n 13, SGF, Lavina P., Labrit A. et Léger N., Le géosite de l Améthyste d Auvergne, valorisation du patrimoine géologique et minier au service du développement géotouristique. Actes des 5 èmes Journées nationales du patrimoine Géologique de Caen, octobre 2013, Éditions Ministère chargé de l environnement et du développement durable et INPG, à paraître. Lavina P. et Nasraoui M., Inventaire des anciennes exploitations de l améthyste d Auvergne, le plus important gisement en Europe : études géologique et géophysique appliquées à l art lapidaire et la bijouterie par le géotourisme. Poster présenté lors du Congrès international «Les inventaires du géopatrimoine : enjeux, bilan et perspectives», Muséum de Toulouse, septembre Adapter une pédagogie de visite pour une mine d argent antique, ré-exploitée au début du XX e siècle Sébastien Bénistant 1. Généralités La Mine de La Rodde d Ally, située au cœur du district à Antimoine de Brioude-Massiac (600 km 2 entre Haute-Loire et Cantal) est connue depuis des temps immémoriaux (Fig. 1). Exploitée à l époque gallo-romaine pour l argent, alors principale source pour la monnaie et l orfèvrerie, elle fut abandonnée en raison de la difficulté croissante pour évacuer les eaux en profondeur. Ignoré des siècles durant, ce site minier fut redécouvert à la fin du XIX e siècle par les prospecteurs de la concession voisine de Freycenet attirés par les amas de scories provenant de l ancienne exploitation. Le filon métallique exploité, dit «filon Saint Paul» ou «filon des Romains», à gangue quartzo-barytique minéralisé en semseyite (Pb9Sb 8 S21), repéré par les travaux de recherche, était unique dans la région et même sur le territoire français. Sa minéralisation est répartie en colonnes dans le plan même du filon. Si on savait obtenir l antimoine à partir des autres minerais du district (stibine, berthiérite), on ne connaissait pas l art d extraire les Figure 1. Localisation de la mine de La Rodde d Ally (document «Action Ally 2000») Responsable de l association Action Ally 2000 et responsable des visites sur site.

102 patrimoine minier 100 métaux de ce type de minéral. Dix ans furent nécessaires pour trouver la solution pour séparer le plomb, l antimoine et l argent de ce minerai, mais également pour construire une unité de traitement métallurgique à Langeac. En 1898, la mine entra dans sa phase d exploitation qui fut conduite suivant les règles de l art par Eugène Bontoux, important homme d affaires qui avait réussi dans les mines en Espagne. L exploitation cessa en 1905, peu après son décès. Pendant ces 7 années, il fut extrait du gisement tonnes de plomb métal, tonnes d antimoine et 9 tonnes d argent. Au plus fort de l exploitation, en 1903, 200 ouvriers travaillaient quotidiennement à la mine. Retombé dans l oubli pendant près d un siècle, cet ancien site minier fit l objet d une prospection inventaire en , suivie d une acquisition des terrains par la commune dans le but de faire de la mine un lieu de visite. Jusqu à fin 1995, la mine fut ensuite partiellement désobstruée, puis mise en sécurité en La partie archéologique des travaux a été réalisée manuellement par un archéologue minier passionné, Christian Vialaron, ayant une connaissance approfondie du district à antimoine de Brioude-Massiac. C est l association «Action Ally 2000» qui, depuis une vingtaine d années, a pris en charge la gestion et l animation du site. Sensibiliser une diversité de publics à deux périodes d exploitation à ans d intervalle Les deux périodes d exploitation se distinguent clairement par des techniques d extraction différentes, même si le principe reste le même : exploiter au mieux le filon majeur St-Paul, à plomb, antimoine et argent, d orientation Est-Ouest. Les Gallo-Romains ont travaillé les 3 premières colonnes du filon (deux en surface et une uniquement en souterrain) et l exploitation a été Figure 2. Schéma simplifié de localisation des travaux liés aux filons St-Paul et St-Thomas (source : Action Ally 2000). poursuivie par les mineurs de fin XIX e et début XX e siècles en même temps qu ils découvraient les 4 ème et 5 ème colonne, ainsi que les concentrations en antimoine du filon perpendiculaire Nord-Sud de St-Thomas (Fig. 2). Sur un plan pratique de visite en mine, les deux grandes périodes d extraction sont présentées en parallèle au fur et à mesure de la poursuite de la visite qui s effectue le long de 250 m de galeries d origine réparties sur deux niveaux. En effet, si ces deux périodes se distinguent clairement sur le plan de la technique et de l organisation du chantier, il n est guère possible de séparer deux visites successives, chacune orientée vers une des deux périodes. En fait, c est le type de public qui conduit à présenter les caractéristiques de chaque période de façon distincte ou plus ou moins approfondie. Pour les enfants et jeunes élèves du Primaire, on insiste sur ce qui se voit, ce que sous-entend ce qui est extrait, par exemple l argent du temps des Gallo-Romains, ce qui différencie aussi les deux périodes d extraction durant lesquelles ce n étaient pas les mêmes métaux qui étaient recherchés en priorité : Ag en première période, Pb- Sb durant la seconde. Pour les enfants également, on s efforce de démystifier des idées reçues, héritées notamment des histoires d Astérix et Obélix et de la potion magique. Pour les étudiants du Secondaire et du Supérieur, on privilégie d approfondir les aspects techniques et scientifiques de la géologie et de la mine. Avec les adultes, on s appuie sur les domaines de curiosité et d intérêt des différents groupes, ce qui va de l approfondissement des caractéristiques géologiques et minières du gisement, à la valeur d usage des métaux extraits, jusqu à la mémoire minière pour d anciens mineurs. Dans ce qu on voit, l extérieur est dominé par la 2 ème période,notamment par ce qui reste des murs de la laverie et par la masse des déblais répartis en fond de vallée de façon à en faire une surface plane utilisable (Photos 1, 2 et 3). L extérieur se caractérise aussi par les traces de l activité galloromaine en surface : restes de la tranchée à ciel ouvert à l aplomb du filon St-Paul et entrée du travers-banc inférieur (- 14 m),dit «des anciens» (Photo 4),dont la pente à l intérieur a permis l exhaure des eaux dès la 1 ère période. Ce traversbanc est d ailleurs resté de faible hauteur (1,4 m) à travers le temps car les mineurs de la 2 ème période restaient courbés pour pousser les wagonnets de minerai vers la sortie, ce qui n impliquait pas une grande hauteur de voûte. Par contre,le couloir lui-même a été élargi à certains endroits pour faciliter le transit des wagons. Pour la première période, on soulignera aussi les traces de taille à la pointerolle et les alcôves,séparées de quelques dizaines de centimètres,qui matérialisaient l emplacement des petites lampes à huile éclairant le couloir. Un exemplaire de ces lampes a pu d ailleurs être reconstitué.

103 patrimoine minier Photo 1. Les vestiges de la laverie de la 2 ème période (cliché Gérard Sustrac). exploité. En moyenne les colonnes dépassent 1 m de puissance de filon, contre une dizaine de cm entre les colonnes. Ce sont ces mêmes mineurs qui ont trouvé le filon Nord- Sud de St-Thomas, dans le prolongement du travers-banc. Ces indications montrent clairement que malgré un arrêt de près d un siècle entre les deux périodes, la 2 ème, audelà de l évolution des techniques et notamment de la compréhension géologique du système filonien, s est appuyée sur la première pour développer ses propres travaux. Au delà du stot d exploitation et de l aérage, ceuxci ont inclus les liaisons entre niveaux d exploitation au moyen de bures équipés d échelles, le principal faisant 9 m de haut avec un tracé équipé par 3 échelles. Dans la galerie supérieure (- 5 m), réalisée au XIX e - XX e seulement, on peut également suivre le filon matérialisé par sa gangue de barytine et calcédoine et des oxydés de minerai, jaunes pour l antimoine, blancs pour le plomb, sans oublier la malachite verte pour le cuivre. Cette présentation est une occasion de parler de l altération des minéraux primaires. Photo 2. Carte postale de 1911 environ montrant les anciennes installations (source : Éditions Pastre). Le travers-banc a été creusé en direction Nord-Sud, perpendiculairement au filon Est-Ouest St-Paul, qui a ensuite été suivi selon sa direction. Outre la taille de la grande chambre d exploitation, il reste les cheminées d aération dont la variation de taille symbolise bien les différences dans les méthodes d extraction.celles de la 1 ère période sont de petit diamètre (30-40 cm), inaccessibles pour des personnes adultes. D où l idée que le creusement a été assuré par des enfants, contraints par une voie ou une autre à assurer cette tâche, du bas vers le haut, à la pointerolle. Pour la 2 ème période, deux cheminées principales de 15 m de profondeur ont été identifiées,l une rectangulaire et verticale de 5 x 2 m, l autre circulaire et plus inclinée, de 3 m de diamètre. Le suivi du filon, au cours de la première période, a été interrompu après la 3 ème colonne d exploitation, faute d avoir été en mesure de retrouver le filon au-delà, en raison de décalages par failles, matérialisés toutefois par des filonnets. Ce sont les mineurs de la seconde période qui ont trouvé la suite du filon, ce qui leur a permis d exploiter deux autres colonnes (4 et 5), ce qui donne un allongement total d environ 300 m pour le filon St-Paul Photo 3. Le fond de vallée et la masse de déblais accumulés réaménagés en surface plane (cliché Gérard Sustrac). Photo 4. L entrée du travers-banc inférieur qui témoigne de sa faible hauteur (1,4 m) (cliché Gérard Sustrac). 101

104 patrimoine minier Valoriser les extérieurs à la mine Des ateliers de recherche de minéraux sont proposés sur le site même de la mine ou à proximité immédiate. Une autre façon de valoriser ce patrimoine minier trop méconnu. Les haldes de la mine de la Rodde sont ainsi, pour plus d une heure, l occasion d approfondir les connaissances des apprentis-minéralogistes (adultes et enfants!) en sciences de la Terre à partir des propriétés simples des minéraux et des observations de chacun, de connaître la joie de fouiller et de trouver des minerais argentifères, de susciter la curiosité ou d adopter une véritable démarche scientifique et d utiliser sur le terrain les outils du géologue (marteau, loupe ). D autre part, un théâtre de verdure a été réalisé sur les haldes, face aux murs de l ancienne laverie. Des spectacles, comme la récente pièce de théâtre «Les Gens des Mines» réalisée par les habitants du plateau, des conférences, des ateliers sur la géologie locale ou régionale, l accueil d universitaires peuvent s y organiser. Enfin, un sentier d interprétation sur le site et un chemin de Petite Randonnée thématique complètent les activités possibles autour de la Mine. Conclusion La mine de la Rodde, bien cachée et discrète au fond de la petite vallée du Strouaire, reste le site le plus passionnant et attractif du plateau d Ally, car à la croisée de nombreuses disciplines :archéologie minière, histoire régionale, aventure intérieure et expérience du monde souterrain, sciences de la Terre et évolution des techniques La visite porte sur des galeries minières vraies et non reconstituées, une situation remarquable à l échelle de l Auvergne. Photo 5. Entre patrimoine et modernité, le moulin de Pargeat et le parc éolien du plateau d Ally (cliché Sébastien Bénistant). Depuis une vingtaine d années, l association locale «Action Ally 2000» gère, promeut et anime ce site minier, mais aussi les autres sites touristiques et pédagogiques du plateau d Ally, comme les fameux moulins à vent (au nombre de 10 au XIX e siècle) et le parc éolien d Ally-Mercoeur, géré par Boralex (26 éoliennes d 1,5 MW, soit de l électricité pour environ personnes - Photo 5), ainsi que les autres sites d énergies renouvelables ou systèmes d économie d énergie, essentiellement à la ferme, sur cette petite commune rurale, perchée à m d altitude. Ainsi, toutes les animations proposées portent sur la thématique des ressources naturelles, et de l ingéniosité des hommes à s en servir au fil du temps d hier à aujourd hui. Environnement, développement durable local et patrimoine industriel sont les maîtres-mots des animateurs spécialisés en sciences de la Terre et Environnement. Cette mise en commun des animations et sites touristiques du plateau permet à «Action Ally 2000», avec un permanent et des saisonniers, d accueillir à 4000 personnes par an à la mine et plus de sur l ensemble des sites, malgré la faiblesse des soutiens financiers pour fonctionner toute l année. Urêka : un pôle de sensibilisation à l histoire de l exploration et de l exploitation de l uranium en France 1 Anthony Papalia L épopée française de l uranium a commencé en Limousin en 1948 et l aventure continue aujourd hui encore, c est ce que Urêka 3, centre d interprétation minière, se propose de raconter, dans une approche ludique et interactive. Pour la première fois, un musée rend hommage aux pionniers de la mine d uranium et à leur activité, en retraçant de manière pédagogique l histoire de l exploitation de cette ressource naturelle contenue dans le sol limousin depuis des millions d années. Un peu d histoire En France, l extraction de l uranium a démarré juste après la Seconde Guerre mondiale avec la création du CEA 4, le 18 octobre 1945, par le Général de Gaulle. En 1976, le CEA cède l exploitation de ses gisements métropolitains à la COGEMA 5. Les gisements français les plus riches comptent 1 à 5 kilogrammes d uranium par tonne de minerai, mais dans des conditions d exploitation 1. Urêka, le musée interactif de la mine, 1 avenue du Brugeaud Bessines/Gartempe. A20, sortie 24, suivre la direction «Châteauponsac», puis la signalétique «Musée de la mine». 2. Responsable communication, AREVA Mines Bessines. 3. Architecte : Nicolas Balmy - Scénographe : Michel Kouklia. 4. Commissariat à l énergie atomique. 5. Compagnie générale des matières atomiques.

105 patrimoine minier difficiles avec des mines souterraines. Ces mines ont été ouvertes et exploitées, essentiellement par le CEA et à partir de 1976 par sa filiale la COGEMA, avec quelques sociétés privées. Le 25 novembre 1948, la pechblende massive est découverte à La Crouzille, en Haute-Vienne. Les travaux miniers débutent aussitôt, le puits Henriette est foncé et les premières tonnes de pechblende sont extraites et expédiées sous escorte à l usine du Bouchet, dans l Essonne. Le premier gisement de pechblende massive est en exploitation, un minerai extraordinairement riche (31,2 % de teneur moyenne en uranium pour la colonne Henriette). Ce gisement, historique dans l histoire de l uranium français, sera exploité jusqu en juillet 1957 et fournira au total 148 tonnes d uranium métal qui alimenteront les premières piles atomiques françaises (à l exception de Zoé). Pendant ce temps, en Saône-et-Loire, l exploration du gisement de Saint-Symphorien est abandonnée en 1949, tandis que se développent les travaux d exploitation à Lachaux et Grury. La prospection intensifiée en Limousin aboutit dès 1951 à la découverte des principaux gisements de Bellezane et de la région (Les Sagnes, Margnac, Fanay, Brugeaud ) qui feront de la division de La Crouzille (Bessines-sur-Gartempe) le plus important district uranifère français dès La plupart des gisements se situent autour du Massif central et les sites les plus productifs se trouvent en Limousin, dans le département de la Haute-Vienne qui, à lui seul, a compté jusqu à une cinquantaine de mines en exploitation. Un maximum de production est atteint dans les années 1980, puis décline avec, dans un premier temps, la fermeture du siège minier de La Crouzille. En 2001, Jouac, la dernière mine, ferme en Haute-Vienne. Il ne reste alors plus aucune mine d uranium en activité sur le territoire français. L extraction est alors délocalisée, notamment au Niger. Les anciens sites sont presque tous sous la responsabilité d AREVA : 210 sites d exploration ou d extraction (dont seule une vingtaine a produit plus de tonnes d uranium), des sites de traitement de minerai (8 sites avec usines), des sites de stockage de résidus de traitement (15 sites), ainsi que des sites privés dont AREVA est en charge de l après-exploitation 6. Ces sites sont répartis sur 25 départements et répertoriés par la base Mimausa de l IRSN. En 60 ans, 250 mines d uranium ont été exploitées en France. Durant toute la durée de l exploitation, ces sites ont exploité 52 millions de tonnes de minerai dont tonnes d uranium ont été extraits, dégageant 166 millions de tonnes de stériles miniers et générant 51 millions de tonnes de résidus de traitement. Le projet Urêka Genèse du projet Urêka est à la fois le produit du territoire, de l imagination et de la passion. En effet, à l image de l uranium que les hommes allaient extraire au fond des mines de Bessines, les initiateurs du projet se sont creusé les méninges durant trois ans pour faire éclore Urêka. Trois années durant lesquelles les travaux se sont déroulés en parallèle avec la phase d étude et de recherche afin de répondre plus efficacement aux idées jaillissant au fur et à mesure des besoins du site. Les travaux ont débuté à la fin de l année 2009 avec, dans un premier temps, la construction du musée et de ses abords ( ). Puis, place aux aménagements extérieurs avec la création d un tunnel sous la route départementale 220, l enfouissement des réseaux (téléphoniques, électriques, etc.) et le dévoiement de la route (2012- début 2013). Il est à noter que cette phase a été réalisée grâce à la participation du Conseil Général de la Haute- Vienne (dans le cadre du contrat de plan pour l aménagement du territoire), du Conseil régional et de la commune de Bessines-sur-Gartempe. Avec ses 850 m 2 d exposition et de parcours scénographique, le musée Urêka apparaît comme un équipement de taille moyenne possédant un maximum de technologies (Photos 1 et 2). Les concepteurs n ont pas hésité à se lancer dans des challenges muséographiques et à faire la part belle à une scénographie immersive, sensorielle, interactive, ludique et pédagogique. Une dizaine d entreprises et 75 intervenants ont travaillé sur cet aspect du projet au sein de métiers très variés, allant du designer sonore au modéliste 3D, en passant par le sculpteur sur résine ou l ingénieur en effets spéciaux Photo 1. Vue générale du bâtiment Urêka (cliché Gérard Sustrac) Voir Géologues n 181 (juin 2014), pages

106 patrimoine minier 104 Photo 2. Présentation de matériel minier sur les espaces extérieurs d Urêka (cliché Gérard Sustrac). Urêka se devait d encourager la participation du tissu économique local à ce vaste chantier. C est pourquoi 96 % des entreprises intervenant sur le gros œuvre et le second œuvre proviennent de la région de Bessines-sur- Gartempe ou du Limousin. Au total, il y a eu plus de 3 ans de travaux pour mettre en place les espaces d exposition et les aménagements extérieurs. Un véritable centre d interprétation minière Au cœur de ce centre de découverte technique, scientifique et industriel, la visite d Urêka se répartit sur deux lieux : le musée de 850 m 2 et les aménagements extérieurs sur une superficie d environ un hectare. Urêka a l ambition de rendre hommage aux quelque hommes et femmes qui, au plus fort de l activité, ont contribué à l exploitation d uranium à Bessines. Venus des quatre coins de France, ces pionniers de l aventure minière de l uranium ont marqué l histoire d une région mais également d un pays. Ce sont eux qui ont à la fois inspiré et participé activement à l élaboration de ce projet. Au travers de très nombreux témoignages audiovisuels et des interviews interactives, Urêka fait partager aux visiteurs le quotidien des mineurs durant plus d un demi-siècle. Des objets anciens et inédits, retrouvés bien souvent à l autre bout du monde par des collectionneurs passionnés, font également d Urêka un lieu ressource pour la sauvegarde du patrimoine minier. La visite débute par la découverte de l histoire de l uranium grâce à un spectacle immersif en 3D intitulé «Il était une fois l Uranium», projeté dans l auditorium d une centaine de places. Ce court-métrage, visible avec lunettes spéciales, est constitué d animations 3D, d interviews scientifiques, d images d archives et d extraits de films de cinéma des années 1940 à Pour la première fois en France, Urêka a pu obtenir les droits de diffusion du film culte «La bataille de l eau lourde» de Jean Dréville, qui relate une mission de sabotage en 1943 jouée par les vrais protagoniste de l histoire, contre l usine qui distillait l eau lourde pour l Allemagne nazie, en Norvège occupée, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, les visiteurs sont invités à plonger dans les profondeurs de la Terre avec un parcours qui démarre avec une tente de prospection, un laboratoire mobile, un chantier minier souterrain des années 1950 à 1970, une salle consacrée à la foration, une autre à l exploitation et à l abattage du minerai, un espace consacré à l usine d enrichissement et enfin un espace à part polyvalent consacré à la fois au noyau de l atome, mais aussi à une rétrospective sur les techniques de prospection et d exploitation, les équipements et le matériel utilisés et les témoignages de mineurs. Chacun peut participer à l aventure : dans le couloir minier une équipe de mineurs fore et dynamite la paroi souterraine et charge le minerai riche en uranium. Un peu plus loin, les visiteurs prennent place au poste de travail en salle de commande à l usine SIMO de Bessines en 1978 et peuvent ainsi découvrir l incroyable complexité du traitement du minerai (concassage, granulométrie, chimie extractive, purification...). La salle d entrée enfin présente des espaces vidéo avec deux options «Mon parcours à Urêka, quel bilan» et «En route pour un tour du monde des gisements» et, en alternance, des vitrines d échantillons et des espaces vidéo de questions quizz. Un lieu de découverte pédagogique interactif Urêka propose aux visiteurs d enrichir leurs connaissances à travers l espace interactif «Le noyau de la connaissance», véritable mine de savoirs, d objets et de témoignages. Le parcours du musée invite à la connaissance de l uranium aujourd hui, son exploitation actuelle du Niger au Kazakhstan, en passant par le Grand Nord canadien. Les témoignages d un géologue, d un chimiste ou encore d une technicienne environnement sont diffusés, ainsi que celui d une petite fille de berger de Mongolie, ou le récit du quotidien des expatriés dans leur base vie : un vrai tour du monde «à la carte» grâce à un dispositif inspiré du web documentaire. À l extérieur, la visite se poursuit sur plus d un hectare, tout autour du musée. Les visiteurs peuvent y apprécier la mise en scène ludique et spectaculaire du «Parc aux machines» composé d une douzaine d engins miniers d époque, remontés de la mine, entièrement revisités et prêts à reprendre du service. Ces engins sont répartis sous cinq thématiques principales : 1. Exploration (sondeuse), 2. Mines à ciel ouvert (dumper), 3. Foration (foreuse), 4.

107 patrimoine minier Extraction (chargeuse) et 5. Mines souterraine ( jumbo). En marge du fonctionnement permanent du centre, Urêka propose tout au long de l année différents événements destinés à diversifier l offre et l actualité du site (Fête de la science, Journées du patrimoine, conférences scientifiques, etc.). Conclusion Urêka présente l avantage d être un musée polyvalent, à la fois pour ceux qui veulent s informer sur l uranium, du minerai au concentré, à travers toutes les phases de l extraction à l enrichissement, ceux qui s intéressent à l histoire minière de l uranium en France, ou encore ceux qui sont sensibles aux témoignages de ceux qui ont agi pour le développement de cette industrie extractive. Pour réaliser cet objectif, une large diversité de moyens scénographiques ont été utilisés, en s appuyant sur la panoplie des outils utilisables pour une telle présentation, des outils visuels aux écrans tactiles, sans oublier les classiques panneaux d information, mais toujours en s efforçant de faire vivre la mémoire d une industrie qui fait actuellement partie du passé minier français. Au Chalard, «La Maison de l Or en Limousin» entretient la mémoire et sensibilise le public Patricia Chousseau 1, Patrice Bruneton 2 et Michel Rouzier 3. Pourquoi la thématique Or? En Limousin, en particulier dans le district de Saint- Yrieix-la-Perche (87),existe un patrimoine abondant et varié qui se rattache à l extraction et la production d or pendant une très longue période de temps. L histoire débute environ 500 ans avant J.-C. avec les premières traces d une exploitation aurifère par les Celtes. On recense plus de «aurières» en Limousin et les archéologues estiment qu environ 70 tonnes d or auraient été extraites durant 450 ans. Dans les plus grandes de ces aurières, des travaux miniers importants avec dépilages et galeries ont pu être mis à jour. L histoire s interrompt mystérieusement après la conquête de la Gaule par Jules César et ce n est qu au Moyen Age que l on retrouve quelques traces d une activité minière, cependant très réduite. Dans les années , suite à la redécouverte des aurières et de leur signification, on assiste à une ruée vers l or en Limousin. De nombreuses petites compagnies minières se créent et entament des travaux de recherche avec puits et galeries sur les plus grosses aurières, sans grands résultats pour la plupart d entre elles. La première guerre mondiale interrompt toute activité minière. On assiste à une reprise des travaux de recherche par un nombre restreint de compagnies à partir de La mine de Cheni-Douillac exploitée par la Société des Mines de Cheni produira ainsi 7,5 tonnes d or de 1921 à À partir des années 60, le BRGM entreprend des travaux de recherche sur le district qui permettent de mettre en évidence des lentilles exploitables économiquement. En 1982, la Société Le Bourneix, devenue ensuite Société des Mines du Bourneix (SMB) démarre une petite production sur le site du Bourneix, commune du Chalard,où est installée une usine de traitement des minerais. Suite au rachat du domaine minier par AREVA en 1988, une nouvelle usine est construite permettant de porter la production à plus de 2 tonnes d or par an à partir de travaux miniers en souterrain et à ciel ouvert. La SMB cesse ses activités en De 1982 à 2001, 28,4 tonnes d or auront été produites. Au total, le district aurifère de Saint-Yrieix-la-Perche aurait produit plus de 100 tonnes d or en l espace de ans. Il se caractérisait par l abondance de l or, en paillettes bien visibles renfermées dans des filons de quartz souvent de grande extension. Que reste-t-il aujourd hui? Quelques centaines d aurières de taille très variable perdues dans les bois, de rares traces d anciens puits, galeries et bâtiments des années , des carrières abandonnées, progressivement reprises par la végétation. Il paraissait donc nécessaire de sauvegarder et de mettre en valeur ce très riche passé minier. Origine du projet Le bourg médiéval du Chalard se situe en sud Limousin, au centre d un triangle Limoges-Brive-Périgueux (Fig. 1), en limite méridionale de la Haute-Vienne (87) et à 12 km environ de Jumilhac-le-Grand (Dordogne, 24) où se trouve également une exposition, réaménagée récemment, la Galerie de l or. Les riches pages de l histoire du Chalard ont laissé de nombreux vestiges : mines d or de l époque celte dans la campagne environnante, église romane et son prieuré, cimetière des Moines avec ses pierres Présidente de l association Chalard Initiatives qui gère la Maison de l Or en Limousin. Adresse : rue du Paladas, Le Chalard. Tél. : Courriel. : chalardinitiatives@orange.fr Site Internet. : 2. Géologue retraité Areva. 3. Retraité, écrivain. Est notamment l auteur de l ouvrage : Les mines d or du Limousin. Éditions Culture et Patrimoine en Limousin, 1998, 60 p.

108 patrimoine minier mettent ainsi en évidence l intérêt patrimonial des mines gauloises du district aurifère. Le Syndicat d Initiative crée alors une exposition permanente sur l Or du Chalard en Des panneaux avec photos, figures et commentaires présentent l épopée de l or, des Gaulois à nos jours. À la fermeture de la SMB en 2002, il n est plus possible de visiter l usine qui sera progressivement démantelée. L exposition est alors réaménagée et complétée, devenant le témoignage de cette histoire de l or dans la région. Figure 1. Localisation du village du Chalard (schéma Patricia Chousseau). tombales remarquables, nombreuses vieilles maisons amoureusement restaurées qui bordent la rue principale et sont les témoins des siècles qui se sont succédés. Avec l ouverture des mines d or en 1982 sur le site du Bourneix, un nouvel axe de développement naît pour le patrimoine et le tourisme. En collaboration avec l exploitant, la Société des Mines du Bourneix (SMB), qui devient opérateur des mines en 1988, le Syndicat d Initiative organise pour les groupes la visite des mines à ciel ouvert et de l usine de traitement des minerais (Photo 1). Un plan global d action est défini en partenariat avec la commune et la communauté de communes de Saint-Yrieix-la-Perche. Parallèlement, les archéologues sous la direction de Béatrice Cauuet 4 démarrent un vaste programme de fouilles en coordination avec les travaux de l exploitant (Photo 2) et L exposition actuelle Un projet, programmé sur plusieurs années, a débuté en 2014 par une refonte totale des 15 panneaux d exposition initiaux. Ces derniers, constitués de cartes, figures et photos collées à même des supports plastiques, s étaient très dégradés avec le temps, et de nombreuses données étaient devenues obsolètes. Les 20 nouveaux panneaux conçus par P. Bruneton et M. Rouzier, ont été réalisés dans l optique d équilibrer textes et photos avec le souci d une pédagogie accessible à une large diversité de publics (Photo 3). Ils utilisent des documents fournis par B. Cauuet et P.-C. Guiollard (archiviste et écrivain) et sont accompagnés de nombreuses photos et reproductions de documents anciens illustrant des textes de qualité qui permettent à tout public d approfondir la géologie des gisements aurifères de la région et de découvrir l exploitation de l or depuis l époque des Gaulois jusqu à la fermeture des mines modernes. La partie géologie régionale a été renforcée et l après-mine, qui comporte la réhabilitation des sites, est traitée sur un nouveau panneau. Les exploitations minières actuelles de par le monde et les productions par gisement et pays sont présentées en final. Dans les années qui viennent, avec l apport de données nouvelles, il sera possible de refaire un certain nombre de panneaux. 106 Photo 1. Vue aérienne de l usine de traitement des minerais du Bourneix (cliché SMB). Photo 2. Galeries gauloises mises à jour dans la mine à ciel ouvert des Fouilloux (cliché Michel Rouzier). 4. CNRS - Université de Toulouse Le Mirail.a

109 patrimoine minier Photo 3. Vue générale de la grande salle d exposition : au fond, les panneaux ; au premier plan, des vitrines (cliché Patricia Chousseau). Les 20 panneaux actuels abordent successivement les thèmes suivants : la géologie de la région et des gisements d or (panneaux 1 et 2) ; les mines gauloises (panneaux 3 et 4) - (Photo 4) ; les mines d or du début du XX e en Limousin, dont Cheni-Douillac (panneaux 5 à 7) ; la prospection, les types de mine, le traitement des minerais et des rejets (panneaux 8 à 13) ; le pilotage de l usine, le laboratoire, la réhabilitation des sites (panneaux 14 et 15) ; l or dans le monde : production et mines, utilisation de l or et objets en or (panneaux 16 à 19) : l orpaillage en Limousin (panneau 20). Il convient également d évoquer les vitrines hautes intercalaires (minerais traités, copie d une énorme pépite d Australie, carottes de sondage, matériel de mineur, documents divers, maquette de mine), les vitrines basses avec échantillons de roches, minerais, documents, petits instruments et les espaces occupés par du matériel de mine. Egalement une très belle maquette des mines gauloises a été prêtée par la Mairie de Saint Yrieix la Perche : élaborée par B. Cauuet, elle représente les travaux miniers effectués par les Gaulois sur le site de Cros Gallet. L exposition, baptisée «La Maison de l Or en Limousin», a été inaugurée en juillet En 2015, elle s est enrichie avec la mise en place de deux écrans, projetant films et diaporamas, et apportant de l interactivité. «André», le nouveau mannequin, avec son équipement au grand complet, est la copie conforme d un mineur de la SMB. D autres aménagements sont en cours, en particulier un espace dédié au jeune public afin de lui faire découvrir ce monde de l or sous une forme ludique et expérimentale : loupes binoculaires, «atelier gaulois» pour les plus petits (fabrication et peinture de petits objets), jeu découverte de l exposition, séances de démonstration d orpaillage en bassin. La mise en place d audioguides est également à l étude. Le cadre de la Maison de l Or en Limousin offre un cachet d authenticité et une ambiance très appréciée. La magnifique charpente (Photo 5) de l ancienne grange réaménagée avec ses épais murs en pierre typiques de la région séduisent le visiteur. Le bâtiment (Photo 6) appartient à la communauté de communes de Saint-Yrieix-la- Perche. Des travaux complémentaires y sont prévus prochainement pour améliorer l intérieur du bâtiment et assurer sa sécurité. L espace exposition est conçu pour avoir une configuration souple, qui permette d adapter la disposition des panneaux et des autres éléments de l exposition, en fonction des orientations souhaitées et ainsi, de pouvoir s ouvrir sur des expositions temporaires sur le thème de l or. La dorure à la feuille d or a été le thème de l été 2015 et une exposition d objets réalisés selon cette technique a été visible toute la saison. Deux soirées de démonstration ont également été programmées. Plus qu un espace d exposition : couplage avec visites sur le terrain et stages d orpaillage En complément des visites de son espace exposition, la Maison de l Or en Limousin propose des activités autour de l or durant l été et à la demande, tout au long de l année. Quatre «Journées en Or» sont organisées en juillet et août et le programme proposé peut être adapté sur réservation : Orpaillage en rivière encadré par un orpailleur professionnel (Photo 7) ; Visites commentées d anciens sites miniers pour tout public avec : Aurières gauloises (Photo 8) ; Sites avec anciens travaux miniers (traces de puits et galeries, datant de ) ; Mines à ciel ouvert de Cros Gallet (Photo 9) et Renardières-Roche Froide, exploitées par la SMB ( ). Ces carrières sont clôturées, ont un accès restreint (sur autorisation avec accompagnateur) et ne sont pas débroussaillées à l intérieur des zones clôturées, ce qui se traduit malheureusement par la disparition progressive des sites dans la végétation. Trois anciennes mines à ciel ouvert, exploitées par 107

110 patrimoine minier 108 Photo 4. Exemple de panneau explicatif sur les mines gauloises (cliché Patricia Chousseau).

111 patrimoine minier pleinement des panneaux. Pour les groupes, la projection d un film sur l exploitation de l or dans la région est également très appréciée comme introduction à la visite. Les orientations prises en 2014 se traduisent par une évolution significative de la demande d individuels ou de groupes (adultes ou scolaires), que ce soit pour une visite de la Maison de l Or ou pour une journée sur mesure, avec visite géologique des aurières, orpaillage. La promotion s élargit : site internet, offices de tourisme, présence sur des évènements ciblés (Géolim, Journées Gauloises de Saint-Gence, Haute Vienne), médias. Le 27 juin, un évènement a permis de lancer la saison 2015 : conférence sur l or dans le district de Saint-Yrieix (P. Bruneton - M. Rouzier), témoignages de mineurs de la mine du Bourneix et démonstration de dorure à la feuille, suivis d un vernissage. Photo 5. Détail de la charpente de la grange réaménagée (cliché Patricia Chousseau). Autour du Chalard : géotourisme en Limousin-Périgord En sud Limousin, plusieurs sites ayant un intérêt géologique certain ont été aménagés pour le public : l astrobléme de Rochechouart-Chassenon avec l espace Météorite Paul Pellas ; le kaolin du district de Saint-Yrieix-la-Perche avec le site d archéologie industrielle de Marcognac en cours de rénovation et classé monument historique (voir article dans ce numéro) ; les landes à serpentine de la Roche l Abeille, de la Flotte et du Cluzeau, avec leurs paysages très particuliers ; l atelier musée de la terre de Puycheni, ancienne tuilerie restaurée et son site historique d extraction d argile. En nord Dordogne, à proximité du Chalard, on peut aussi visiter : à Jumilhac le Grand, la galerie de l or qui a été rénovée Photo 6. Le bâtiment de la Maison de l Or en Limousin (cliché Patricia Chousseau). la SMB (Cros Gallet, Renardières-Roche Froide et Clovis) font partie des sites d intérêt sélectionnés en Limousin lors de l inventaire du patrimoine géologique national. La saison 2014, grâce à une promotion sur les medias régionales et des évènements ponctuels organisés par l association Chalard Initiatives, a accueilli un large public régional et touristique. Les «Journées en Or», très appréciées par un public familial, ont permis de mettre en valeur les activités de la Maison de l Or en Limousin. Le nouvel espace d exposition et ses visites commentées ont reçu un accueil très favorable des visiteurs, français et étrangers pour lesquels un guide en anglais permet de profiter Photo 7. Séance d orpaillage dans la rivière l Isle (cliché Patricia Chousseau). 109

112 patrimoine minier Photo 8. Vue d une aurière gauloise Sur le parement à gauche, on distingue encore les restes du filon de quartz exploité (cliché Patrice Bruneton). début 2015 (l histoire de l or depuis ses origines) ; à Saint-Paul-la-Roche, l ancienne carrière de quartz clivé en suivant un parcours géologique. Chaque site édite une brochure explicative qui est mise à disposition sur chacun des autres sites. Un partenariat est en cours de réflexion,qui pourrait aboutir à la mise en place de vitrines thématiques montrant ce qui existe sur les autres sites. Par ailleurs, la Maison de l Or en Limousin a tenu un stand à la manifestation annuelle Geolim 2015 de Rilhac-Rancon et deux conférences sur le thème de l or ont également été organisées au Chalard en Photo 9. Carrière de Cros Gallet (cliché Patricia Chousseau). Bibliographie Cauuet B., Les mines d or gauloises du Limousin. Association Culture et Patrimoine en Limousin, 36 p. Cauuet B., L or des Celtes du limousin. Association Culture et Patrimoine en Limousin, 124 p. Guiollard P.-C., Mines d or. Petite histoire des grandes mines d or françaises. A.E. Ibos, 240 p. Guiollard P.-C., Les mines d or du district de Saint-Yrieixla-Perche (Haute-Vienne). P. C. Guiollard Auteur-Éditeur, 146 p. Rouzier M., Les mines d or du Limousin au XX e siècle. Association Culture et Patrimoine en Limousin, 60 p. 110

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