S adapter aux changements climatiques (CC) Anne Blondlot et Geneviève Lajoie, Ouranos

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1 S adapter aux changements climatiques (CC) Anne Blondlot et Geneviève Lajoie, Ouranos Trois-Rivières 19 mai 2016

2 Ouranos : l organisation Organisation privée à but non lucratif Basée à Montréal, créée par des membres en 2002 Un programme en Science du climat dédié à la modélisation régionale du climat et aux scénarios et services climatiques Un program multidisciplinaire en Vulnérabilité, Impacts et Adaptation Agriculture, pêches et aquaculture commerciale Environnement bâti Environnement maritime Environnement nordique Écosystèmes et biodiversité Ressources forestières Énergie Santé Tourisme Gestion de l eau Réseau de quelque 450 chercheurs et professionnels

3 Ouranos : sa mission Mission Ouranos a pour mission l acquisition et le développement de connaissances sur les changements climatiques et leurs impacts ainsi que sur les vulnérabilités socioéconomiques et environnementales, de façon à informer les décideurs sur l évolution du climat et à les conseiller pour identifier, évaluer, promouvoir et mettre en œuvre des stratégies d adaptation locales et régionales.

4 Plan de la présentation 1. Météo, climat et changements climatiques 2. Évolution climatique du Québec 3. Les impacts et l adaptation aux changements climatiques - Les infrastructures - Les ressources en eau - Le tourisme - L agriculture - La forêt - Les écosystèmes 4. Rôle des forêts pour atténuer les changements climatiques et certains de leurs effets 5. Conclusion

5 Météo, climat et changements climatiques Météo Climat actuel Climat futur µ σ Changements climatiques? Source: T. Logan, Ouranos, 2013

6 L effet de serre, un phénomène naturel mais amplifié par l augmentation rapide des émissions de GES depuis l ère industrielle CO 2 Durée de vie: ans Eq. CO 2 = 1 CH 4 Durée de vie : ans Eq. CO 2 = 21 Concentrations atmosphériques des principaux GES N 2 O Durée de vie: 114 ans Eq. CO 2 = 310 Source : IPCC AR5, WGI, Fig. 6.11

7 La modélisation du climat Outil basé sur des équations mathématiques de physique et de chimie qui reproduisent les principaux phénomènes météorologiques, hydrologiques, cryogéniques, lithographiques, océanographiques et biologiques. Le modèle représente les processus d un système climatique Il n existe pas UN modèle unique et parfait

8 Scénarios d émissions de GES Changement de température globale par rapport à Il n y a pas de MEILLEUR scénario d émissions de GES Forte atténuation des GES Stabilisation Croissance Différence entre les scénarios d'émissions Différence entre les modèles

9 Un réchauffement déjà observé

10 Trois-Rivières et qui va s accentuer

11 Températures estivales RCP 4.5 RCP ,6 à 3,3 C 2,2 à 4,5 C ,9 à 4,2 C 3,9 à 7,2 C succès de l Accord de Paris laisser-aller

12 Températures hivernales Les hausses de températures sont plus importantes en hiver qu en été RCP 4.5 RCP ,8 à 4,3 C 3,0 à 5,5 C ,3 à 5,5 C 5,1 à 8,2 C succès de l Accord de Paris laisser-aller

13 Températures > 30 C Source : Atlas agroclimatique du Québec, 2012 ( Augmentation de la fréquence des extrêmes chauds Scénario de changement inférieur Trois-Rivières Trois-Rivières 6 à 7 jours Scénario de changement supérieur Normale Trois-Rivières

14 Précipitations totales annuelles : tendances passées

15 Trois-Rivières Précipitations totales annuelles : évolution future

16 Précipitations estivales Le signal de changement n est pas clair l été RCP 4.5 RCP à +9 % -5 à +10 % à +12 % -10 à +11 % succès de l Accord de Paris laisser-aller

17 Précipitations hivernales Augmentation de précipitations totales RCP 4.5 RCP à +22 % +5 à +27 % à +24 % +7 à +36 % succès de l Accord de Paris laisser-aller

18 Diminution de la durée de l enneigement DURÉE de l enneigement Diminution de 45 à 65 jours Diminution de la neige au sol Trois-Rivières

19 Changements dans les précipitations extrêmes Des précipitations extrêmes de plus forte intensité et plus fréquentes Source : d après Mailhot et al.

20 Autres indicateurs À l horizon 2050 Longueur de la saison de croissance rallongement de jours Degrés-jours de croissance jusqu à 600 degrés-jours de plus Longueur de la saison sans gel réduction de 2 à 4 semaines Épisodes de gel-dégel peu de changement annuellement mais plutôt dans la saisonnalité - plus en hiver, moins au printemps

21 Groupe de travail II du GIEC répercussions et adaptation Des impacts observés à l échelle mondiale Les effets des changements climatiques à l échelle mondiale auront aussi des répercussions sur le Québec Source : AR5 du GIEC, rapport de synthèse, Résumé à l intention des décideurs, Fig. SPM.4

22 Infrastructures : impacts La conception et tous les aspects d opération, d entretien, de gestion et de réhabilitation sont et seront affectés par les CC. Plusieurs enjeux importants, liés notamment aux précipitations plus abondantes, aux événements de gel-dégel ou aux coups de chaleur. Refoulements et surverses, inondations localisées en zones urbaines et rurales, dégradation des routes et des bâtiments. Photo : Marie-Ève Paradis L interdépendance entre les infrastructures complexifie les enjeux. L état actuel des infrastructures influence aussi l ampleur des impacts. Photo: Claude Colombe Photo : Guy Doré OLIVIER CROTEAU

23 Infrastructures : adaptation Exemples: Cartographie des zones à risque Lois et normes pour gérer les eaux de pluie: plusieurs municipalités ont déjà mis en place des normes applicables à l évacuation des eaux de pluie Mesures de protection des sources d eau potable Réseaux routiers : amélioration du drainage routier, intensification de l entretien, détection précoce des défaillances Photo : Marie-Ève Paradis Photo: Claude Colombe Puit percolant Photo : Guy Doré Photo: Ville de Victoriaville

24 Ressources en eau: impacts Débits hivernaux plus forts et débits estivaux plus faibles Étiages estivaux plus sévères et plus longs Crues printanières devancées Augmentation des crues et inondations pendant certaines périodes de l année Risque de conflits d usages Augmentation des maladies hydriques et contamination Le déluge du Sanguenay 1996 Rivière Ste-Anne, juillet 2010 Ève Guillemette Étiage Aircam.ca

25 Source: Biron et al., (2013) Ressources en eau: adaptation Favoriser la cohérence entre les interventions des différents acteurs (agriculture, santé, transport) Exemples: Sensibilisation et information (Urgence Québec, Sécurité publique du Québec) Mise en place de mesures pour contrer les inondations Planification de mesures de rétention d eau Suivi de la qualité de l eau Protection des sources d approvisionnement (prise d eau) Aménagement du territoire (établissement ou préservation des bandes riveraines et des milieux humides, espace de liberté de cours d eau)

26 Tourisme : impacts Grande influence du climat : clientèle, produits, image, paysages et ressources, risques et les coûts, etc. La saison hivernale raccourcira mais plutôt dans les périodes de transition (automne/hiver et hiver/printemps) L achalandage des activités estivales (parcs nationaux, parcs thématiques, sentiers pédestres) sera possiblement à la hausse dans le futur Selon les projections, en l absence de toute mesure d adaptation, les gains estivaux risqueraient de ne pas être suffisants pour compenser les pertes hivernales dans certaines régions (possible transfert de clientèle entre régions et activités).

27 Achalandage du parc de la Mauricie Une hausse des températures pourrait entraîner une hausse de la popularité des parcs nationaux au Canada Impact des changements climatiques sur le nombre de visiteurs en 2020s Visites annuelles estimées ( ) NCARPCM B11 ECHAM4 A21 CCSRNIES A % variation de l achalandage +17,82% +6,30% + 29,21 Source: Scott, 2006

28 La motoneige La région des Laurentides La motoneige devient rapidement un attrait touristique moins profitable dans plusieurs régions De par sa localisation, la Mauricie peut, à très court terme, profiter du fait qu il devient plus difficile pour les régions du sud de maintenir cette activité Source: Bleau et al. (2012)

29 Pêche blanche- Sainte-Anne-de-la-Pérade Saison difficile pour la pêche aux petits poissons des chenaux Hiver plus chaud Événement de gel-dégel plus nombreux Conditions moins propices à la formation de glace Début de la saison plus tardif 5 déc 2014 vs 14 janvier 2015

30 Tourisme : adaptation Une compréhension plus précise des impacts socio-économiques (positifs et négatifs) des CC sur l'industrie du tourisme est nécessaire afin de mettre en place des solutions d'adaptation pertinentes et efficaces pour ce secteur. Les stratégies doivent s appuyer sur des produits complémentaires et sur les spécificités biophysiques et structurelles du territoire et de ces 21 régions touristiques. Exemples: Stratégie de marketing pour compenser les pertes de recettes dues à une baisse de la fréquentation (p. ex. offrir des billets et passes flexibles) Stratégie de diversification au moyen de sources non vulnérables à la météo (p. ex. spas) Technologies de pointe et innovation (p. ex. système d enneigement) Stratégie de partenariats régionales (complémentarité des activités offertes)

31 Agriculture : impacts Impacts «positifs» (= opportunités) Augmentation rendements potentiels de certaines cultures Possibilité de cultiver certaines espèces plus au nord Introduction de nouvelles variétés ou espèces Impacts négatifs (= risques) Pression accrue des insectes, maladies, mauvaises herbes (déjà présents et envahissants) Plus grand risque de mortalité hivernale des plantes fourragères pérennes Évènements extrêmes: dommages aux cultures et aux infrastructures, dégradation du bien-être et des performances des animaux, augmentation du risque d érosion des terres agricoles et des berges et de la pollution diffuse (nutriments, pesticides) Probabilité accrue de stress hydrique

32 Pyrale du maïs sucré Population relative (% j-1) 1,0 0,9 Univoltine 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0, Jour de l'année Climat référ. Climat futur Bivoltine Jour de l'année Climat référ. (F1) Climat référ. (F2) Climat futur (F1) Climat futur (F2) Source : Gagnon et al., 2013

33 Agriculture : adaptation Un atout : le dynamisme du secteur agricole pour s adapter aux marchés, aux technologies, aux aléas climatiques, etc., mais il est souhaitable d innover pour s adapter. Cohérence des options d adaptation avec certaines actions de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture Exemples: Maintenir des outils de surveillance des ennemis des cultures Conserver des programmes d assurance Développer des variétés/cultivars mieux adaptés aux nouvelles conditions climatiques Modifier les dates d intervention au champ en fonction de l évolution du climat Utiliser des moyens de lutte intégrée pour gérer les ennemis des cultures Mettre en place ou préserver des bandes riveraines, résidus de culture, cultures de couverture Utiliser un système d irrigation pour certaines cultures Installer des systèmes de ventilation et brumisation dans les bâtiments d élevage Développer / maintenir des outils d information sur les risques climatiques

34 Production acéricole Début de la saison de coulée 2 à 3 semaines plus tôt Longueur de la saison de coulée Années sans coulée Source : Houle et al., 2014 Source : Houle et al., 2014

35 La forêt : impacts Impacts «positifs» (= opportunités) Augmentation de la croissance et de la productivité Changement dans la composition des espèces Impacts négatifs (= risques) Assèchement des sols forestiers Changement dans la composition des espèces Pression accrue des insectes, maladies Augmentation des feux de forêts Augmentation des périodes de redoux hivernales menant à l interruption des opérations forestières

36 La forêt : adaptation Demande beaucoup de souplesse dans la gouvernance et la capacité à gérer les incertitudes, p. ex. dans le calcul des possibilités forestières autant que les opérations. Selon des études récentes, une forêt plus diversifiée dans sa structure et sa composition est plus productive et plus résiliente face aux aléas climatiques. Exemples: Faire le suivi de la croissance des forêts et de l apparition de nouvelles espèces Mettre en œuvre des stratégie d aménagement permettant de maintenir une diversité de structures et d essences Augmenter la taille des ponceaux des chemins forestiers ( précipitations) Modifier la machinerie forestière (sols moins gelés)

37 Le cas de la sécheresse Retards de croissance et mort diffuse diminuent la quantité et la qualité du bois récoltable en forêt. Augmente les risques de feux liés aux opérations forestières. Chêne à gros fruits, Parc de la Gatineau, 2012 Source: T. Logan, Ouranos Perte de feuillage dans une érablière, Parc de la Gatineau, 2012

38 Exemples d options d adaptation à la sécheresse Réduire les facteurs de stress hydrique Éclaircie diminuant le déficit en eau Δ Précipitation Δ Température Sécheresse? Limiter les répercussions négatives d une sécheresse Coupes de récupération Réduire la sensibilité des peuplements et augmenter leur capacité d adaptation à la sécheresse Coupes sélectives d espèces moins bien adaptées Migration assistée de génotypes ou d espèces mieux adaptés Maintien d une grande diversité d espèces et de génotypes au niveau du peuplement

39 Les écosystèmes : impacts Impacts «positifs» (= opportunités) Impacts négatifs (= risques) Déplacement potentiel des aires de répartition de centaines d espèces de 45 à 70 km/décennie vers le nord d ici la fin du siècle. Arrivée et expansion d espèces envahissantes et nuisibles sur une très grande partie du Québec Déséquilibre dans les écosystèmes, perte d habitats Établissement du roseau envahisseur au Lac Saint-Pierre Source: Berteaux et al. (2014) Source : Tougas-Tellier et al. (2013) Habitat potentiel non envahi (2010) modélisé (rouge)

40 Les écosystèmes : adaptation Favoriser la diversité des territoires Établir un meilleur suivi des enjeux Exemples: Conservation d habitats et de connectivité entre eux Établissement ou préservation des bandes riveraines, agroforesterie Suivi et évaluation des changements Gestion directe des espèces (protection des espèces menacées) Évaluation économique des services écologiques et de leur évolution avec les CC

41 Le rôle des forêts et de l arbre Forêts: puits de carbone Matériau de construction Stade de l Université Laval Édifice Fondaction Québec, Montréal Rue de Montréal Bioénergie Des villes plus résilientes

42 L adaptation, c est une gamme variée d OPTIONS D ADAPTATION SENSIBILISATION POLITIQUES ET PROGRAMMES NORMES ET RÉGLEMENTS TECHNOLOGIE ET INGÉNIERIE et c est aussi un PROCESSUS Adaptée de Eyzaguirre et Warren (2014)

43 Cela requiert l implication de nombreux acteurs Nouvelles connaissances Contexte économique Évolution technologique Changements climatiques Demande des consommateurs Réglementation, normes, programmes gouvernementaux

44 En résumé Les conséquences des changements climatiques sur l économie et le bien-être des populations et plusieurs secteurs d activités du Québec et de la région. Par contre, il ne faut pas oublier que la mise en œuvre de l adaptation aux changements climatiques peut jouer un rôle important afin de réduire les risques et de mieux profiter de nouvelles opportunités. La réduction des GES et l adaptation : deux axes complémentaires et indissociables

45 Pour en savoir plus Merci!