I/ Les entrées triomphales

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1 DÉCEMBRE 1918 En décembre 1918, l armistice est prolongé. La guerre est bel et bien terminée. Les manifestations de joie se répandent dans les villes des pays alliés, notamment dans les villes qui ont été occupées par l ennemi puis libérées lors de la contre-offensive alliée. Le début du mois est marqué par les visites officielles du gouvernement français et des généraux vainqueurs dans les villes d Alsace-Lorraine. Le président de la République Raymond Poincaré, Lorrain d origine, accompagné du président du Conseil Georges Clemenceau, entre triomphalement dans les villes de Metz (le 8), Strasbourg (le 9), Colmar (le 10) et Mulhouse (le 11). Les grands chefs des armées alliées sont également présents tels que le général américain Pershing et le général britannique Haig. À la fin du mois de novembre, les généraux français étaient déjà entrés triomphalement dans ces villes, mais ici c est le symbole de la République française qui entre en Alsace-Lorraine. Dans cette région, des actes symboliques forts sont courants, et dans les villes de Strasbourg et de Metz, les statues représentant le joug allemand sont renversées par la population. Le mois de décembre marque également la démilitarisation de l Allemagne ainsi que l occupation de la région rhénane par les forces alliées, suite à la signature des 18 clauses présentes dans la convention d armistice. Ainsi, le haut commandement allemand envoie ses hommes livrer des véhicules militaires, des armes et du matériel. Puis les troupes alliées entrent en Rhénanie-Palatinat et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, notamment dans trois grandes villes : Coblence, Mayence et Cologne. Des têtes de pont de 30 km de rayon sur la rive droite du Rhin y sont installées. Au-delà de ces têtes de pont, une zone neutre et non militarisée s étend sur 10 km, de la frontière hollandaise au nord, à la frontière suisse au sud. Depuis le 11 novembre, de nombreux Alsaciens-Lorrains rentrent chez eux, libérés du service militaire allemand. Les troupes allemandes ont, quant à elles, 31 jours après la signature de l armistice pour évacuer la zone occupée tandis que les habitants de ces pays sont interdits d évacuation. Enfin, après les entrées triomphales, le gouvernement français accueille les chefs d État alliés. Le président des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson arrive à Brest à bord du paquebot George Washington le 13 décembre ; il est accueilli par la foule parisienne le lendemain. Le 20 décembre, place de l Opéra, une haie d honneur attend S.M. le roi d Italie Victor Emmanuel III venu saluer la population française.

2 I/ Les entrées triomphales Le président de la République Raymond Poincaré et le président du Conseil Georges Clemenceau enchaînent les entrées triomphales dans les villes précédemment occupées par l ennemi puis libérées dès l armistice. Il s agit principalement des villes d Alsace-Lorraine dont les habitants accueillent chaleureusement les libérateurs. - Photo n 1 : Le 8 décembre, Poincaré et Clemenceau, accompagnés de nombreux généraux et de parlementaires, commencent leur voyage dans les villes d Alsace- Lorraine à Metz. Ici, des Messines vêtues du costume lorrain, encadrent le porte-drapeau d un régiment et accueillent avec joie, les représentants de la République française. 1/ Réf. SPA 8 NS 351 Metz, Meurthe-et-Moselle, jeunes Messines accueillant M. Poincaré. 08/12/ 1918, opérateur inconnu. - Photo n 2 : Près de Metz, au début du mois de décembre, des Alsaciens-Lorrains libérés du service militaire allemand, parés de cocardes tricolores, posent devant le fort du prince de Württemberg. 2/ Réf. SPA 8 NS 355 Metz, Meurthe-et-Moselle, Alsaciens-Lorrains devant le fort du prince de Württemberg. 04/12/1918, opérateur inconnu.

3 - Photo n 3 : En Alsace- Lorraine, la population exprime sa joie par des actes symboliques, comme ici, où une statue de bronze d un fantassin allemand typique, un Feldgrau, est détruite, prouvant leur rejet de l autorité allemande. 3/ Réf. SPA 8 NS 358 Metz, Meurthe-et-Moselle, une statue de Feldgrau renversée par des enfants. Décembre 1918, opérateur inconnu. - Photo n 4 : Près de Forbach, actuellement situé à la frontière franco-allemande dans le Nord de la Moselle, la population a pendu entre deux armes un mannequin représentant l empereur Guillaume II, fils de Frédéric III. Après la conclusion de la Triple- Entente en 1907, il renforce ses liens avec l Autriche et se lance en août 1914 dans la Première Guerre mondiale. Vaincu, il abdique et s exile à la fin de l année / Réf. SPA 8 NS 391 Près de Forbach, Moselle, mannequin représentant Guillaume II pendu par les Lorrains. Décembre 1918, opérateur inconnu.

4 5/ Réf. SPA 103 V 3318 Metz, Moselle, les maréchaux Joffre, Foch et Pétain et le général américain Pershing. 08/12/1918, opérateur Henri Bilowski. - Photo n 5 : C est lors du voyage de Poincaré et de Clemenceau à Metz que le général Pétain reçoit les insignes du maréchalat. Devant la foule retenue par le 319 e RI, face à la statue du maréchal Ney qui prit part aux batailles napoléoniennes, en présence des maréchaux Joffre et Foch, du général américain Pershing, du général anglais Haig et du général belge Gillain, le président de la République remet au général Pétain le bâton de velours bleu décoré d étoiles d or. Cette cérémonie, précédée d un long discours de Raymond Poincaré, est filmée par plusieurs opérateurs. (Un film du SCA référencé B 124 témoigne de l événement). C est également ce jour-là, juste après la remise du bâton de maréchal à Pétain, que Raymond Poincaré étreint amicalement dans une accolade le président du Conseil Georges Clemenceau, lors d un élan d émotion partagée.

5 - Photo n 6 : Après la visite officielle à Metz, la délégation française se rend le même jour à Strasbourg où le président de la République et le président du Conseil sont déjà attendus. Le drapeau du 246 e RI attend le cortège qui doit se rendre à la cathédrale. 6/ Réf. SPA 228 H 7538 Strasbourg, Alsace, drapeau du 246 e RI pendant le voyage de Poincaré et de Clemenceau. 08/12/1918, opérateur Frédéric Gadmer. - Photo n 7 : Le général Degoutte, commandant en chef la 6 e armée et le ministre de France (ambassadeur), M. de Margerie, assistent à un défilé de la 70 e DI (division d'infanterie) à Bruxelles. Dans les rues de la ville, les habitants sont venus les acclamer. 7/ Réf. SPA 148 S 5180 Bruxelles, le général Degoutte et le ministre de France. Décembre 1918, opérateur Emmanuel Mas.

6 8/ Réf. SPA 148 S 5189 Bruxelles, le cimetière des condamnés fusillés par les Allemands. Décembre 1918, opérateur Emmanuel Mas. - Photo n 8 : À Bruxelles, un cimetière rassemble les tombes de plusieurs condamnés, fusillés par les troupes allemandes. C est ici qu est enterré le corps de l infirmière Edith Cavell. Directrice d un institut médical, elle avait aidé à l évasion de plusieurs soldats alliés. Pendant vingt ans, elle s est occupée des malades, alliés ou ennemis. Jugée par un tribunal de campagne allemand, elle est privée d avocat et fait des aveux. Les consulats alliés ne peuvent rien pour la sauver. Elle est condamnée le 9 octobre 1915 à 5 heures du matin et fusillée dans la nuit du 9 au 10 sur la butte du Tir national. Le 13 mai 1919, les restes de son corps sont transférés de Bruxelles à Londres lors d une cérémonie officielle.

7 II / L Allemagne démilitarisée Les clauses de l armistice doivent empêcher le haut commandement allemand de reprendre les combats. L armée allemande est obligée de livrer ses armes et son matériel. - Photo n 9 : Le pont de Kehl à Strasbourg est gardé d un côté par des soldats français, de l autre, par des sentinelles allemandes. Ici, ce sont les soldats du 4 e RZ (régiment de zouaves) qui tiennent leur poste, équipé d une mitrailleuse Hotchkiss. Au début du mois de décembre, des milliers d Alsaciens- Lorrains, libérés du service militaire allemand, traversent le pont en direction de la France. 9/ Réf. SPA 228 H 7524 Strasbourg, Alsace, le pont de Kehl gardé par des soldats du 4 e RZ. 04/12/1918, opérateur Frédéric Gadmer. - Photo n 10 : À Strasbourg, à l entrée du pont de Kehl, des officiers allemands viennent livrer des camions de l armée allemande aux officiers français, en exécution des clauses de l armistice. 10/ Réf. SPA 228 H 7531 Strasbourg, Alsace, réception de camions allemands par des officiers français. 04/12/1918, opérateur Frédéric Gadmer.

8 - Photo n 11 : La ville de Neunkirchen est située dans la Sarre (région allemande), à 25 km au nordest de Forbach, soit à 20 km de la frontière franco-allemande. Des avions de combat allemands sont livrés aux Alliés. À gauche et à droite, deux avions Fokker D.VII et au centre, un monoplace de chasse Albatross D.V. 11/ Réf. SPA 8 NS 361 Neunkirchen, Sarre, avions allemands. Décembre 1918, opérateur inconnu. - Photo n 12 : À Sasbach (commune allemande aujourd'hui), le pont de bateaux sur le Rhin est gardé par des sentinelles françaises et protégé par des barbelés. Un poste d'observation est établi au milieu du pont. L unité est équipée d une mitrailleuse Hotchkiss. 12/Réf. SPA 229 H 7606 Sasbach, Allemagne, pont de bateau sur le Rhin. Poste d observation. Vers le 20/12/1918, opérateur Frédéric Gadmer.

9 III/ Les troupes alliées occupent la rive gauche du Rhin La rive gauche du Rhin, région appelée à l époque Prusse Rhénane, actuellement Rhénanie-Palatinat ou Ruhr, est occupée par les Alliés. Les villes de Cologne, de Coblence et de Mayence sont les trois agglomérations importantes de la région. À l est de cet axe, une bande, large de 10 km et qui s étend du nord au sud de la Rhénanie, est déclarée zone neutre par les Alliés. - Photo n 13 : La rive gauche est occupée par les Alliés. La ville de Coblence et sa région sont administrées par l armée française. Ici, les généraux Mangin (à gauche), chef de la 10 e armée et le général Féraud, qui commande alors la tête de pont sud de Coblence, sont filmés par une caméra lors de l entrée officielle dans la ville. 13/ Réf. SPA 9 NS 452 Coblence, Allemagne, les généraux Mangin et Féraud lors de l entrée des troupes françaises. Décembre 1918, opérateur inconnu. - Photo n 14 : Une cérémonie et un défilé officiels marquent le début de l occupation de Coblence, en Rhénanie-Palatinat (ancienne Prusse Rhénane) par les troupes françaises. Les mutilés de guerre sont installés à une place d honneur pour assister au défilé. 14/ Réf. SPA 9 NS 475 Coblence, Allemagne, les mutilés et amputés qui ont assisté à l entrée des troupes françaises. Décembre 1918, opérateur inconnu.

10 - Photo n 15 : Au nord de Mayence, la ville de Wiesbaden accueille les troupes françaises. Ici le général Leconte salue les soldats pendant le défilé. Le général Leconte, à la tête du 33 e corps d armée, organise la tête de pont de Mayence, puis installe son état-major à Aix-la-Chapelle en / Réf. SPA 9 NS 437 Wiesbaden, Allemagne, le général Leconte lors de l entrée des troupes françaises. 05/12/1918, opérateur inconnu. - Photo n 16 : Au sud du territoire occupé, la ville de Mayence attend l entrée des troupes françaises. 16/ Réf.SPA 6 EY 111 G Mayence, Allemagne, entrée des troupes françaises. 14/12/1918, opérateur Léon Heymann.

11 17/ Réf. SPA 6 EY 114 G Mayence, Allemagne, la foule attend l arrivée des troupes françaises. 14/12/1918, opérateur Léon Heymann. 18/ Réf. SPA 6 EY 125 Mayence, Allemagne, défilé des troupes françaises. 14/12/1918, opérateur Léon Heymann. - Photos n os 17 et 18 : Le 14 décembre, les troupes françaises, dont le 33 e corps d armée du général Leconte, entrent dans Mayence, acclamées par la foule. Le général Leconte prononce un discours rappelant que l Allemagne était responsable de «cette guerre inique». Il garantit ensuite la liberté de la population civile sous la protection de l armée. Alors que le dernier soldat allemand a quitté Mayence le 8 décembre 1918, hommes français sont installés dans la ville. 19/ Réf. SPA 147 S 5165 Aix-la-Chapelle, Allemagne, défilé des troupes américaines. Décembre 1918, opérateur Emmanuel Mas. - Photo n 19 : À l image de Coblence et Mayence, les troupes alliées occupent également la ville d Aix-la-Chapelle, située à quelques kilomètres de la frontière belge. Ici, des unités d infanterie américaines défilent devant la foule, leur drapeau en tête.

12 20/ Réf. SPA 147 S 5153 Aix-la-Chapelle, Allemagne, discours du général Degoutte devant le tombeau de Charlemagne. Décembre 1918, opérateur Emmanuel Mas. 21/ Réf. SPA 147 S Aix-la-Chapelle, Allemagne, le général Degoutte et son état-major. Décembre 1918, opérateur Emmanuel Mas. - Photos n os 20 et 21 : Près de la frontière belge, la ville d Aix-la-Chapelle est occupée par les troupes françaises, américaines et belges. Le général Degoutte, chef de la 6 e armée et chargé de la rédaction du traité de Versailles, sous la direction du maréchal Foch, entre dans la ville. Accompagné de son état-major, il prononce un discours devant le tombeau de Charlemagne (photo n 20) et assiste au défilé des troupes.

13 - Photo n 22 : Au nord de la Ruhr, Cologne est occupée par l armée britannique. Les unités font leur entrée les 12 et 13 décembre Le 12 décembre, le général Plumer, chef de la 2 e armée, assiste au défilé des troupes devant la statue du prince Hohenzollern de Prusse. 22/ Réf. SPA 149 S 5198 Cologne, Allemagne, entrée des troupes anglaises. 13/12/1918, opérateur Emmanuel Mas. - Photo n 23 : La cavalerie anglaise emprunte un pont, traverse le Rhin et entre dans Cologne. Des troupes de ravitaillement entrent également dans la ville. Les convois et défilés se rendent vers la place du Dom, c'est-à-dire sur le parvis de la cathédrale de Cologne. 23/ Réf. SPA 149 S 5204 Cologne, Allemagne, la cavalerie anglaise traverse le Rhin. 13/12/1918, opérateur Emmanuel Mas.

14 IV / Visite des chefs d État alliés. Durant le mois de décembre, tous les chefs d État alliés se déplacent officiellement en France pour fêter la victoire. - Photo n 24 : Le 13 décembre, le président américain Wilson, accompagné de son épouse, est attendu à Brest où il doit débarquer du paquebot George Washington. Ici, le général Pershing (au centre), discute avec M. Leygues (à droite), ministre de la Marine. 24/ Réf. SPA 160 R 5418 Brest, Finistère, le général Pershing et M. Leygues accueillent le président Wilson. 13/12/1918, opérateur Edmond Famechon. - Photo n 25 : Une fois débarqué, Thomas Woodrow Wilson assiste à un défilé des troupes américaines dans le port de Brest. La foule est venue accueillir le président américain et des bateaux dans la rade sont pavoisés aux couleurs des Alliés. 25/ Réf. SPA 104 V 3325 Brest, Finistère, arrivée du président américain Wilson, défilé des troupes américaines. 13/12/1918, opérateur Henri Bilowski.

15 - Photo n 26 : Le lendemain de son arrivée, le président américain se rend à Paris où il est reçu par le président de la République française, Raymond Poincaré. Ensemble, ils parcourent la ville et saluent la population. 26/ Réf. SPA 76 X 3165 Paris, Poincaré et Wilson défilent dans les rues. 14/12/1918, opérateur Jacques Agié. - Photo n 27 : Le président américain est très attendu dans la capitale française. La foule est venue l accueillir chaleureusement. Ici, une jeune fille remet des fleurs à des soldats. Attendant le cortège des présidents, ils ont placé leurs fusils en faisceaux. 27/ Réf. SPA 18 OX 349 Paris, Ile-de-France, une jeune fille offre des fleurs à des soldats lors de l arrivée du président Wilson à Paris. 14/12/1918, opérateur Maurice Grosclaude

16 28/ Réf. SPA 105 V 3344 Paris, la foule place de l Opéra attend l arrivée du roi d Italie. 20/12/1918, opérateur Henri Bilowski. 29/ Réf. SPA 18 AD 526 Paris, la foule devant le palais Bourbon avant l arrivée du roi d Italie. 20/12/1918, opérateur Daniau. - Photos n os 28 et 29 : Le 20 décembre, c est le roi d Italie, S.M. Victor-Emmanuel III qui se rend en visite à Paris. La foule est toujours présente pour célébrer la victoire et accueillir un chef d État allié. Ici, place de l Opéra Garnier et devant le palais Bourbon des soldats font une haie d honneur en attendant le cortège. - Photo n 30 : S.M. le roi d Italie Victor-Emmanuel III et le président français Raymond Poincaré défilent dans les rues de Paris le 20 décembre pour célébrer la victoire. 30/ Réf. SPA 77 X 3173 Paris, Raymond Poincaré et S.M. Victor Emmanuel III défilent dans la capitale. 20/12/1918, opérateur Jacques Agié.