Annexe 1- Définitions du concept d aménagement écosystémique
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- Juliette Lafontaine
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1 34 Annexe 1- Définitions du concept d aménagement écosystémique Les visions de l aménagement écosystémique sont multiples. Plusieurs auteurs recensent une série de définitions afin de formuler la leur (Grumbine 1994, Leech et al. 2009, Yaffee 1999). Selon Grumbine, l aménagement écosystémique s oriente vers dix thèmes 1 qu il a recensés dans la littérature (voir tableau) et qui l amène à proposer la définition suivante : Ecosystem management integrates scientific knowledge of ecological relationships within a complex sociopolitical and values framework toward the general goal of protecting native ecosystem integrity over the long term. [Tableau Grumbine 1994, p.30] 1 Hierarchical Context, Ecological Boundaries, Ecological Integrity, Data Collection, Monitoring, Adaptative Management, Interagency Cooperation, Organizational Change, Humans Embedded in Nature, Values (Grumbine 1994).
2 35 De son côté Yaffee (1999) tente de classer les différentes façons de penser l aménagement écosystémique. Pour ce faire, il a créé trois catégories : (1) environnementally sensitive, multiple-use management, (2) Ecosystem-based approaches to resource management, (3) Ecoregional mmanagement. [Tableau Yaffee 1999, p.717] Leech et al. (2009) présentent un guide pratique pour démêler les définitions de l aménagement écosystémique. En ce sens, il utilise un tableau avec diverses définitions, il reprend la catégorisation de Yaffee et il présente les différentes caractéristiques de l aménagement écosystémique selon Quinn (2002). [Tableau Leech et al. 2009, p. 3]
3 36 [Tableau Leech et al. 2009, p.4] Dans le milieu anglophone, il existe deux expressions pour parler d aménagement écosystémique, soit «Ecosystem Management» et «Ecosystem-based Management». Il semble que ce soit la place accordée à l humain qui fait la différence entre ces deux termes : «In the literature, the terms ecosystem management (EM) and ecosystem-based management (EBM) are used more or less interchangeably. Some authors prefer the term EBM because it emphasizes the human role (i.e., makes it clear that we are managing people, not ecosystems). Others prefer EM because of concerns that EBM seems to put ecosystems above all other considerations. In general, the preferred term seems to be EBM: Ecosystem-based management is preferable to ecosystem management because it reflects the notion that the... [principal] activity is the management of human interactions with the ecosystem rather than the ecosystem itself (Pirot et al. [editors] 2000:1)» (Leech 2009 :2)
4 37 L un des thèmes de l aménagement écosystémique mis de l avant par plusieurs auteurs est que les humains font partie des écosystèmes. Dans l article «A Framework for Understanding Social Science Contributions to Ecosystem Management» (Endter-Wada et al. 1998), on réfléchit à savoir si l aménagement écosystémique intègre réellement les humains. Les auteurs critiquent l idée que l on doit comprendre l impact des humains sur les systèmes naturels, pour protéger ces systèmes des impacts humains. Cette façon de penser suppose que l impact des humains est négatif pour la nature. De plus, elle n intègre pas les valeurs humaines au début du processus d aménagement écosystémique et elle accentue l idée que les humains et la nature sont des antithèses (Endter-Wada et al. 1998). Pour pallier à cet aspect, Endter-Wada et al. (1998) considèrent qu il ne faut pas uniquement intégrer le public dans la prise de décisions politiques; il faut aussi intégrer les considérations sociales dans la science de la compréhension des écosystèmes. En ce sens, les sciences sociales ne doivent pas être utilisées uniquement pour comprendre comment les gens peuvent être «éduqués» à ne pas être des obstacles à la protection des écosystèmes, mais bien comme un outil pour concevoir les écosystèmes et l aménagement de ceux-ci. Même s il reste encore beaucoup de travail à faire, on répertorie plusieurs projets qui ont incorporé des données sociales dans leurs démarches (voir : Harwell et al. 1996, FEMAT report 1993, Quigley et al [dans Endter-Wada 1998]). Certains éléments évoqués ci-haut sont repris dans la littérature sur l aménagement écosystémique au Québec. Par exemple, Sylvain Volpé (2007), qui a fait une maîtrise intitulée : «Analyse des impacts opérationnels et financiers d'un aménagement écosystémique dans la région de la Côte-Nord : le cas de l'île René-Levasseur», cite des auteurs comme Yaffe et Grumbine pour expliquer le concept d aménagement écosystémique. D emblée, Volpé explique que l aménagement écosystémique «représente différentes choses pour différentes personnes». Néanmoins, il considère que l objectif de ce type d aménagement est «de maintenir dans le paysage forestier la composition et la structure des peuplements qui s approchent de ce qui est observé dans une forêt naturelle (Bergeron et al. 1999)» (Volpé 2007 : 7). De son côté, Yan Boucher, qui a écrit une thèse intitulée «Dynamique de la forêt du Bas-St-Laurent depuis le début de l exploitation forestière ( )», utilise d abord la définition issue de la Commission d étude sur la gestion de la forêt publique québécoise: «Un concept d aménagement forestier ayant pour objectif de satisfaire un ensemble de valeurs et de
5 38 besoins humains en s appuyant sur les processus et les fonctions de l écosystème et en maintenant son intégrité.» (Boucher 2008 : 1). Cette définition théorique sur l aménagement forestier écosystémique est aussi présentée de manière plus opérationnelle : «L AFÉ (aménagement forestier écosystémique) doit permettre de reproduire, par des stratégies d aménagement (échelle du paysage) et des traitements sylvicoles (échelle du peuplement), les principales caractéristiques des écosystèmes retrouvés sous un régime de perturbations naturelles (Harvey et al. 2002). Cette vision repose sur le fait que les organismes ont évolué sous un régime de perturbations depuis des millénaires et que le maintien des écosystèmes à l intérieur de leurs limites de variabilité naturelle, sous un régime d aménagement forestier, est la meilleure assurance contre la perte de biodiversité (Landres et al ; Seymour et Hunter 1999; Lindenmayer et Franklin 2002).» On remarque que l humain est moins présent lorsqu il s agit d opérationnaliser le concept. De plus, l aspect «naturel» des écosystèmes est un élément qui semble prédominant. De manière générale, les diverses notions liées à l aménagement écosystémique amènent plusieurs questions. Est-ce que les humains font partie de la nature? Est-ce que les activités humaines sont nécessairement néfastes pour l environnement? Est-ce qu il existe réellement des endroits intouchés par les humains? Les avis sont partagés à ce sujet (voir Balée 2006 et Valée 2002). Au Québec, le gouvernement utilise souvent la définition suivante pour parler d aménagement écosystémique : L aménagement écosystémique des forêts vise, par une approche écologique appliquée à l aménagement forestier, à assurer le maintien de la biodiversité et de la viabilité de l ensemble des écosystèmes forestiers tout en répondant à des besoins socio-économiques dans le respect des valeurs sociales liées au milieu forestier (MRNF, 2006) En 2010, le gouvernement a encadré la définition de l aménagement écosystémique dans la Loi sur l aménagement durable du territoire forestier 2 : Un aménagement qui consiste à assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes en diminuant les écarts entre la forêt aménagée et la forêt naturelle (article 4.2) Dans cette dernière définition, le caractère naturel de la forêt et des écosystèmes est mis de l avant, tandis que l aspect humain est complètement évacué. Néanmoins, il y a plusieurs considérations sociales dans le texte de cette loi (voir : L.R.Q. A-18.1). Que ce soit dans la littérature au Québec, au Canada ou aux États-Unis, on remarque que certaines notions concernant l aménagement écosystémique sont redondantes. Peu importe où l on se trouve, la question de la place de l humain dans la nature semble liée à l aménagement écosystémique. 2 l
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