Une proposition de séquence relative à l étude des sons /an/, /on/ et de leurs graphies Cadre général Analyse des difficultés : Ces phonèmes présentent une double difficulté : - au niveau de leur discrimination auditive d'une part : sonorités proches - au niveau de la discrimination de leurs graphies d'autre part : celles-ci peuvent se confondre entre elles parce que le "a" de an et le "o" de on sont des lettres qui se ressemblent quand on les écrit en cursive ou en script ;. elles peuvent aussi être confondues avec des graphies voisines, transcrivant d'autres phonèmes : an et au, on et ou, le "n" et le "u" apparaissant comme le même signe inversé en minuscules d'imprimerie. Critères de reconnaissance et procédés mnémotechniques : Pour favoriser l apprentissage avec de jeunes élèves nous donnerons les explications ou utiliserons les procédés mnémotechniques suivants : Phonèmes : - Quand je dis /an/, ma bouche est plus ouverte et mes lèvres sont plus détendues que quand je dis /on/; pour dire /on/, mes lèvres se resserrent et s'avancent, pour former un rond. (Les élèves observent l'enseignant ; ils peuvent aussi utiliser un miroir.) Graphies : - "Le "o" a la queue en haut et le "a" a la queue en bas". - "Je passe sous le pont et je tombe dans le trou" : pont du "n" vs cuvette du "u" Démarche proposée : Programmation et principes pédagogiques : - Faire découvrir le phonème /on/ et ses graphies assez tôt dans l'année (période 1 ou 2). Ce phonème vocalique ne présente pas de difficulté en soi. Il sera appris selon la démarche proposée pour le /O/ (cf. question 425) - En période 3 ou 4, faire découvrir le phonème /an/ et ses graphies 1 en l'opposant au phonème /on/ vu précédemment. La séance de découverte est toujours conduite selon les mêmes étapes que pour le /O/ (cf. question 425), mais le travail porte sur des mots comportant l'un ou l'autre des deux phonèmes. 1 Les deux graphies du phonème /an/, à savoir an et en, sont apprises en même temps. On expliquera qu'il existe deux graphies de base pour transcrire ce phonème nasal et qu'on ne peut les deviner : il faut les apprendre par cœur. En revanche, la transformation du "n" en "m" devant les lettres m, p, et b relève d'une règle d'orthographe : c'est cette règle qu'il faut apprendre. Cet apprentissage en opposition permet de prévenir les difficultés en faisant percevoir, par comparaison, les différences existant entre ces deux phonèmes et entre leurs graphies. Le maître insiste d'emblée sur ces différences et propose des moyens de les discriminer (voir ci-dessus). Le travail de comparaison et de discrimination s'étend également aux graphies proches transcrivant d'autres phonèmes (voir ci-dessus). 1
Lors de la séance de découverte, l'enseignant propose diverses activités de discrimination effectuées en groupe classe, puis des exercices individuels (cf. le déroulement de la séquence ci-après). Choix et progression des exercices : Les exercices doivent : - couvrir l'ensemble des compétences requises, - être proposés selon une progression menant de la discrimination auditive des phonèmes à leur association aux différentes graphies (cf. question 80 et question 425), - éviter de laisser l'élève recourir à la seule reconnaissance visuelle (une graphie ne prend sens que si l'élève sait l'associer à un phonème), - accorder une place importante à la combinatoire (association des phonèmes entre eux pour former des syllabes et des mots) et à l écriture. Déroulement de séquence 1. Discrimination auditive (J'entends) Les élèves disposent de deux affichettes : - sur l'une figure le dessin illustrant un mot référent en /on/ (bonbon, monstre ), - sur l'autre un dessin illustrant un mot en /an/ (banc, dent ). L'enseignant prononce des mots comportant l'un ou l'autre phonème, et les élèves doivent lever l'une ou l'autre des affichettes. Travail autonome : L'élève dispose d'une série de dessins illustrant des mots en /on/ et en /an/. Il doit entourer le dessin : - en marron quand il entend /on/ dans le mot, - en orange quand il entend /an/. (On peut aussi faire colorier le dessin, mais l'expérience montre que cela parasite souvent l'attention). Exemple d'exercice : Entoure en marron si tu entends /on/ et en orange si tu entends /an/ 2
2. Discrimination auditive et manipulation des graphèmes (première imprégnation) (J'entends, je vois) Les élèves disposent de deux affichettes : - sur l'une sont écrites les graphies "an/en", - sur l'autre la graphie "on". L'enseignant prononce des mots comportant l'un ou l'autre phonème, et les élèves doivent lever l'une ou l'autre des affichettes. 3. Discrimination auditive et maîtrise de la graphie (écriture et discrimination visuelle) (J'entends, je dis, je vois, j'écris) On fait prononcer chaque son en exagérant et en allongeant le phonème prononcé. On donne l exemple et les élèves observent dans un premier temps. On explique comment le son sort de la bouche : «Quand je dis /an/, ma bouche est plus ouverte et mes lèvres sont plus détendues que quand je dis /on/; pour dire /on/, mes lèvres se resserrent et s'avancent, pour former un rond.» On porte une attention particulière aux élèves connaissant le plus de difficulté (travail individuel nécessaire, utilisation possible d un miroir pour voir ce que fait la bouche ). Ce travail de diction se fait également sur quelques mots. L'enseignant prononce des mots comportant les sons étudiés et les élèves écrivent sur leur ardoise le graphème correspondant : - Première série comportant des mots en /on/ et des mots avec le "an" de "maman". - Deuxième série comportant des mots en /on/ et des mots avec le "en" de "vendredi". Variante : ce sont les élèves eux-mêmes qui proposent des mots et vérifient que les autres écrivent le bon graphème. Travail individuel : L'élève dispose d'une suite de graphèmes pouvant prêter à confusion. Il doit entourer le ou les graphèmes correspondant aux phonèmes prononcés par l'enseignant. Plusieurs phonèmes sont proposés successivement, les élèves étant invités à les entourer d'une couleur différente (1. "Entoure en bleu les lettres qui font le son /an/." 2. "Entoure en rouge les lettres qui font le son /on/", etc.). Suites de graphèmes dont peut disposer l'élève : 3
Difficulté niveau 1 ou an ou au en an au en Difficulté niveau 2 ou EN au OU an En ou AN An ON en en Ou au an On Difficulté niveau 3 ne On Na na an au NA Ou ON en ou ne no NE no AN En an Ne au na An EN No en OU ou NO Travail autonome : L'élève dispose d'une série de dessins et doit compléter les mots qu'ils illustrent avec la graphie correcte, à choisir parmi les quatre graphies prêtant à confusion : an, ou, au, on. Exemple d'exercice : Complète les mots en choisissant entre : an, ou, au, on une t pie un ball un p t 4
un b c un l d une b che une to un div un ch ss un b t 4. Discrimination auditive, combinatoire et maîtrise de la graphie (J'entends, je dis, je vois, j'écris) Lecture de "gammes" au tableau comportant les différentes graphies prêtant à confusion, associées à diverses consonnes : tou ron lau chan Les syllabes seront écrites en script et en cursive. Travail individuel : 5
Les graphies à discriminer sont écrites au tableau (en script ou en cursive, selon le niveau de difficulté souhaité) : an au ou on L'enseignant dicte des syllabes (gammes) : dan, bau, sou, ton Les élèves écrivent, bien sûr, en cursive. Note relative à l activité de dictée de syllabes : L écriture des syllabes est un moyen d'obliger les élèves à discriminer les différentes formes sonores qui constituent les syllabes orales, à savoir les phonèmes. Le code alphabétique qui permet à une langue de se doter arbitrairement de correspondances entre les phonèmes et les graphèmes se manifeste bien plus clairement dans l'écriture que dans la lecture. En effet, les élèves vont manifester dans l'écriture des syllabes écrites leur compréhension et la mémorisation du système de correspondance graphèmes-phonèmes pour la lecture, et phonèmes-graphèmes pour l'écriture. Travail autonome : Lire et écrire des mots : Niveau 1 : L'élève dispose d'une série de dessins et doit compléter les mots qu'ils illustrent avec la suite de lettres convenable ; chaque suite de lettres comporte un des graphèmes vocaliques à discriminer, associé à un graphème consonantique. On s'efforcera de faire varier la position dans le mot de la syllabe à ajouter. Exemple d'exercice Complète les mots avec la série de lettres qui convient mon man mou ban pon pen len lon den une gue un ser t un ca drier Niveau 2 : L'élève dispose d'une série de dessins illustrant des mots qui s'écrivent phonétiquement. Il doit écrire seul le nom de chaque élément représenté, précédé du déterminant. Il s'agit de travailler le genre et la segmentation en mots, deux points qui font particulièrement difficulté pour les élèves créolophones : confusion des genres et agglutination du déterminant au nom. 6
Exemple d'exercice : La consigne sera précisée ainsi oralement : "Écris seul selon le modèle. Si deux façons d'écrire sont possibles, demande de l'aide." L'enseignant précisera alors, à la demande : "c'est le /an/ de "maman" ou le /en/ de "vendredi". Il est important que l'élève prenne conscience de la difficulté et pense de lui-même à demander l'information. Écris seul selon le modèle le cochon Lire et écrire des textes : L'élève doit compléter un texte avec les graphèmes convenables. Il doit demander de l'aide ou chercher de l'information (affichages, manuel ) si plusieurs orthographes sont possibles. Le texte sera extrait d'un ouvrage connu des élèves. Le texte sera plus ou moins lacunaire et plus ou moins long selon la difficulté recherchée. 7
Exemples : Texte 1 L'ogre fait d'abord traverser la petite fille, pour que le l. p ne la m ge pas. Puis, vite, vite, il revient chercher le l p av t qu'il ne m ge le gât. Mais n, le l p n'a pas m gé le gât. Il préfère les petites filles. Ça, c'est b, la petite fille. C'est t dre, c'est sucré. Miam-miam! (D'après Philippe Corentin, L'ogre, le loup, la petite fille et le gâteau, Ecole des loisirs, 1995) (Mots à compléter : loup, mange/mangé, avant, gâteau, non, bon, tendre) Texte 2 Le Petit chaper r ge partit voir sa Mère-gr d. Dans le bois, elle r c tra le l p, qui eut vie de la m ger. Mais il n'osa pas, à c se des bûcher s qui étaient dans la forêt. Il lui dem da où elle allait. La p vre f t, qui ne savait pas qu'il est d gereux d'éc ter un l p, lui rép dit : "Je vais voir ma Mère-gr d". (D'après Charles Perrault, Le Petit chaperon rouge.) (Mots à compléter : chaperon, rouge, Mère-grand, rencontra, loup, envie, manger, cause, bûcheron, demanda, pauvre, enfant, dangereux, écouter, répondit) Monique LESPINGAL, professeur de français à l IUFM de La Réunion Sophie LE FLAHEC, tutrice-formatrice TFLR Académie de La Réunion (2009) 8