Les Films du Poisson et Sampek Productions présentent LA COUR DE BABEL. un film de Julie Bertuccelli



Documents pareils
La Cour de Babel PRIX JEAN RENOIR DES LYCÉENS Entrée en matière JULIE BERTUCCELLI. Pour commencer. Synopsis.

LA COUR DE BABEL UN FILM DE JULIE BERTUCCELLI. Zéro de conduite.net. Illustration : Christophe Blain

Pour travailler avec le film en classe Niveau b Avant la séance...4 L affiche...4 La bande-annonce...4 Après la séance... 5

DEBAT PHILO : L HOMOSEXUALITE

La rue. > La feuille de l élève disponible à la fin de ce document

Un autre regard sur. Michel R. WALTHER. Directeur général de la Clinique de La Source 52 INSIDE

Un itinéraire à suivre : Anne Consigny

Affirmation de soi, confiance en soi, estime de soi

Journée sans maquillage : une entrevue entre ÉquiLibre et ELLE Québec

Accompagnement personnalisé 6e

1. La famille d accueil de Nadja est composée de combien de personnes? 2. Un membre de la famille de Mme Millet n est pas Français. Qui est-ce?

Rencontre avec un singe remarquable

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

Une école au Togo, épisode 1/4

Un contrat de respect mutuel au collège

Ministère des Affaires étrangères et européennes

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site

PARLEZ-MOI DE VOUS de Pierre Pinaud

Lorsqu une personne chère vit avec la SLA. Guide à l intention des enfants

Animer une association

LA MAISON DE POUPEE DE PETRONELLA DUNOIS

I. LE CAS CHOISI PROBLEMATIQUE

Activités autour du roman

I/ CONSEILS PRATIQUES

PROGRAMME PARRAINAGE

A vertissement de l auteur

LE DISCOURS RAPPORTÉ

9.1- Sur les réseaux sociaux, j ai toujours le choix!

«Quand le territoire devient source d inspiration et souffle d expression créative : Présentation du Festival Art-Pierre-Terre»

«Si quelqu un veut venir après moi qu il renonce à lui-même, qu il se charge chaque jour de sa croix et qu il me suive» Luc 9 : 23.

Préface de Germain Duclos

S organiser autrement

Générique [maintenir Durant 10 secondes puis baisser sous l annonce]

Utilisation des portables en classe, des problèmes et des solutions.

Les p'tites femmes de Paris

Nos clients une réussite!

Ma vie Mon plan. Cette brochure appartient à :

COMMENT DÉCOUVRIR SA VOCATION

Portrait de Femme Meryem Benotmane SSM

Compte rendu : Bourse Explora Sup

QUI ES-TU MON AMOUR?

Et avant, c était comment?

«Toi et moi, on est différent!» Estime de soi au préscolaire

Mademoiselle J affabule et les chasseurs de rêves Ou l aventure intergalactique d un train de banlieue à l heure de pointe

Un atelier philo pour se reconnaitre hommes et femmes

La transition école travail et les réseaux sociaux Monica Del Percio

Etudiants et jeunes diplômés : les aspirations professionnelles

Ecole erber. Dossier de Presse. Le 20 octobre 2011 Inauguration l Ecole Kerber. Une école indépendante, laïque et gratuite

Le conseil d enfants La démocratie représentative à l école

Pony Production. mise en scène : Stéphanie Marino. Texte et Interprètation : Nicolas Devort. création graphique : Olivier Dentier - od-phi.

que dois-tu savoir sur le diabète?

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

A propos du spectacle

TÉMOIGNAGES de participantes et de participants dans des groupes d alphabétisation populaire

Créer son institut de Beauté Esthétique à domicile

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

Appliquez-vous ces 4 éléments pour travailler plus efficacement?

Chez les réparateurs de zém

quelque quelque(s) quel(s) que/quelle(s) que quel(s) / quelle(s) qu elle(s)

Assises de l Enseignement Catholique Intervention de Paul MALARTRE Paris Cité des Sciences de La Villette 8 juin 2007

Tapori France ATD Quart Monde /5

Devoirs, leçons et TDA/H1 Gaëtan Langlois, psychologue scolaire

Archivistes en herbe!

TNS. BFM LE GRAND JOURNAL Le 14/01/ :17:51 Invité : Thierry VANDEVELDE, fondateur VEOLIA FORCE

Classe ipad. Recommandations suite à l an 1 du projet

Différencier, d accord oui mais comment organiser sa classe.

Newsletter Saison 2013/14

Les musiciens : Frédérique REZZE Clarinette. Véronique SOUBRE-LANABERE Violon et chant. Pascale PAULY Accordéon, piano et chant

«J aime la musique de la pluie qui goutte sur mon parapluie rouge.

eduscol Ressources pour la voie professionnelle Français Ressources pour les classes préparatoires au baccalauréat professionnel

Le passé composé. J ai trouvé 100 F dans la rue. Il est parti à 5 h 00.

MEILLEURS AMIS... PEUT-ÊTRE? Producent Gabriella Thinsz Sändningsdatum: 23/

NON MAIS T AS VU MA TÊTE!

La vie est immense et pleine de dangers

NOM:.. PRENOM:... CLASSE:.. STAGE EN ENTREPRISE. des élèves de...ème Du../../.. au./../.. Collège...

Dix questions difficiles posées en entrevue et dix excellentes réponses

1- Présentation de la structure

Que chaque instant de cette journée contribue à faire régner la joie dans ton coeur

UN AN EN FRANCE par Isabella Thinsz

Questionnaire 6-12 ans

Techniques d accueil clients

Conseil Diocésain de Solidarité et de la Diaconie. 27 juin «Partager l essentiel» Le partage est un élément vital.

Les pratiques des 9-16 ans sur Internet

QU EST-CE QUI VOUS MÈNE: LA TÊTE OU LE COEUR?

Octobre 2014 Gratuit. artis MAGAZINE. Un premier spectacle d humour aux BDT Serge Côté - On n oublie rien ALCAZ - De Marseille à Gatineau

PROJET PEDAGOGIQUE ENFANCE

Discours d ouverture de Michèle Bourque présidente et première dirigeante Société d assurance-dépôts du Canada Ottawa mercredi 6 février 2013

23. Le discours rapporté au passé

Les ordinateurs pour apprendre à lire et écrire à l âge adulte : L opinion de ceux qui apprennent à lire et écrire en Ontario

ACTIVITÉ DE PRODUCTION ORALE. Niveau A1. Qui est-ce?

Utilisation du TNI en classe d anglais. PROJET INNOVANT présenté par la SECTION D ANGLAIS du Lycée Jean-Paul de Rocca Serra, Porto-Vecchio


Comment remplir une demande d AVS Remplir les dossiers administratifs quand on a un enfant autiste et TED (3) : demander une AVS

Questionnaire sur la formation PLC2 en mathématiques (NOVEMBRE 2005)

Le cabaret mobile eauzone

«ENFANTS ET INTERNET» BAROMETRE 2011 de l opération nationale de sensibilisation :

Grand jeu - Le secret du manoir de Kergroas

Planifier avec les expériences clés pour les enfants de 3 à 5 ans

Questionnaire pour connaître ton profil de perception sensorielle Visuelle / Auditive / Kinesthésique

Transcription:

Les Films du Poisson et Sampek Productions présentent LA COUR DE BABEL un film de Julie Bertuccelli

Les Films du Poisson et Sampek Productions présentent LA COUR DE BABEL un film de Julie Bertuccelli Durée du film : 89 minutes SORTIE LE 12 MARS 2014 Relations Presse matilde incerti Assistée de jérémie charrier 01 48 05 20 80 matilde.incerti@free.fr Distribution Pyramide 5 rue du Chevalier de Saint-George, 75008 Paris 01 42 96 01 01 distribution@pyramidefilms.com Photos et dossier de presse téléchargeables sur www.pyramidefilms.com

Synopsis Ils viennent d arriver en France. Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais... Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même classe d accueil pour apprendre le français. Dans ce petit théâtre du monde s expriment l innocence, l énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d idées reçues sur la jeunesse et l intégration et nous font espérer en l avenir...

Entretien avec Julie Bertuccelli Pourquoi un documentaire sur les classes d accueil? Comme souvent, le hasard d une rencontre. J étais jurée dans un festival de films scolaires et Brigitte Cervoni et sa classe y participaient. Des adolescents venus des 4 coins du monde sont arrivés avec leurs visages, leurs accents chacun différents, et une énergie hors du commun. J ai eu très envie d aller voir comment ça se passait dans une classe d accueil. J avais prévu une année de repérage dans plusieurs collèges pour faire une sorte de casting et écrire un dossier. Mais à la rentrée scolaire, j ai vu la nouvelle classe de Brigitte, et j en suis tombée amoureuse. C est rare de voir autant de pays représentés dans une même classe. Ils avaient des caractères et des talents très différents, très marquants. J ai eu envie de commencer tout de suite à tourner et la productrice m a suivie, sans financement. Arte et Pyramide nous ont rejoints en cours de montage. Tous les élèves de cette classe sont des adolescents... Je trouvais intéressant que ce ne soit pas des tout-petits qui arrivent, pour lesquels ça peut être plus facile. Plus on est jeune, plus on s adapte rapidement. Mais des adolescents qui viennent d arriver, entre deux âges, entre deux mondes... Ils ont déjà vécu de longues années dans leurs pays respectifs et c est un déracinement très fort à cet âge-là. En France, ils sont presque déjà des adultes parce qu ils ont des responsabilités très lourdes sur les épaules. Ils sont parfois chargés de famille, car ils sont souvent les seuls à parler le français. Ils ne sont pas encore dans l après-immigration ou le ras-le-bol. Ils ne sont pas enfermés dans une catégorie d immigrants qui les stigmatiserait ou rejetterait. On sait que cette impasse ou cet avenir peuvent arriver, mais en même temps on sait que tout est encore possible. Ils sont pleins d espoir. Je montre peut-être un sas protecteur et idéal, une utopie en action, mais je montre aussi un petit théâtre de notre monde où l énergie de l espoir peut faire des miracles tout comme la confiance et l accueil prodigués à ces jeunes... Tout est filmé dans l enceinte du collège. Vous n avez pas eu la tentation d aller voir comment les élèves vivaient en dehors? Je n ai pas eu envie d entrer dans l intimité des familles, ni de filmer leur vie quotidienne. Ce n était pas le sujet. Je voulais filmer une classe, comme un microcosme, et découvrir comment ces adolescents vivaient, parlaient, grandissaient ensemble. Ce qui se passe dans le cocon de cette petite communauté me semblait un révélateur suffisant de leurs personnalités et de leurs parcours. Par ailleurs, les familles respectives existent dans le film, mais toujours dans le huis clos du collège, puisque j ai filmé les parents quand ils rencontrent la professeur avec leurs enfants. Dans ces rencontres s entrouvre leur intimité, en laissant libre notre imaginaire et en rendant plus fort le hors-champ. Parlez-nous de Brigitte Cervoni... Cette prof est incroyable. Elle anime, elle écoute, elle met en valeur la différence, la particularité de chacun, et amène ses élèves à parler d une manière admirable, avec respect et confiance. Elle sait chaque fois trouver la bonne distance. Du coup, ils l adorent. Je voulais qu elle soit dans le film, mais pas comme un des personnages du film. C est venu petit à petit, au fur et à mesure que nous avancions dans le montage. Et j aime bien le fait qu on la voie de plus en plus, qu elle devienne au fil du film «un personnage». Elle n en est pas le centre, mais l armature. Elle devient un personnage parce que c est elle qui fait vivre ensemble tout ce petit monde. Brigitte a une pédagogie que je trouve géniale. L important, c est que les mômes apprennent. Alors quand elle fait un contrôle où ils ont des mauvaises notes, elle reprend, elle explique et elle refera le même contrôle deux semaines ou un mois plus tard, et elle gardera la meilleure note. Pour les valoriser. L important, c est qu ils aient appris, pas de sanctionner avec des notes. Pour leur enseigner la langue, Brigitte les fait beaucoup parler d eux et de ce qui les intéresse. Elle a aussi monté ce projet pédagogique de film sur la différence qu ils devaient eux-mêmes réaliser et qui rejoignait mon sujet : qu est-ce que vivre ensemble lorsqu on vient de tous ces pays, de toutes ces cultures, religions, passés différents? Evidemment elle a le temps pour tout ça, cette classe vit à un rythme différent, mais elle prend ce temps-là. Vous avez filmé combien de temps? J ai suivi la classe sur une année scolaire. J y allais en moyenne deux fois par semaine. Brigitte me prévenait des thèmes qu elle allait aborder et je sentais si quelque chose pourrait se passer. J ai filmé une quantité de choses que je n ai pas gardées, des sorties, les conseils de classe... Et puis il y avait les cours de grammaire, d orthographe, de pur français. Je les ai filmés un peu mais je ne voulais pas faire un film sur l apprentissage du français. Il y a eu aussi des frustrations terribles. J arrive et on me dit : «Hier, c était génial!»... On ne peut pas tout anticiper. Par exemple, je n étais pas présente le matin où Kadhafi a été assassiné. Maryam, la jeune Libyenne, est arrivée avec le journal et la photo, toute émue et heureuse, une discussion politique houleuse a spontanément suivi, je l ai ratée! Justement, parlons de certains sujets «sensibles» que vous n éludez pas, comme la religion par exemple... C est une scène que je trouve magnifique : comment la laïcité rentre dans l école et d un coup s impose à tous. Lors de cette séance, chacun devait apporter «son» objet. Plusieurs d entre eux ont choisi des objets très personnels, poupées, photos... Youssef a apporté son coran et Naminata sa bible Pour la petite Djenabou, Dieu c est «son meilleur ami», Dieu il n y a que ça, et là ils démarrent tous au quart de tour, discutent, argumentent, égratignent... Et au bout d un moment, Djenabou coupe court aux discussions et conclut par «on ne sait même pas si Dieu il existe!». Elle ne serait pas venue dans cette école laïque en France, elle n aurait peut-être jamais douté comme ça. Ce doute-là, le voir émerger chez les adolescents, c était très émouvant. C est vous qui avez fait l image? Oui, j aime beaucoup cadrer, je l ai fait dans tous les documentaires que j ai réalisés. On sait d instinct ce qu il faut filmer. Je pense que j aurais du mal à donner des indications à un autre dans un contexte où je ne maîtrise pas les événements. Sur place, il faut être vigilant, aiguiser son regard. C est difficile de faire la lumière et le point dans une classe. Les enfants se coupent la parole sans arrêt, ils bougent, ils se cachent l un l autre... Il y a des moments dont je suis très fière : être passée avec ma caméra sur un enfant à l instant précis où il y avait une expression à saisir, un rire, une larme qui coule.

Comment passer inaperçue pendant un an dans une classe avec une caméra? Une caméra, ce n est pas du tout anodin. Au tout début, il y avait deux, trois élèves qui étaient très cabotins. Je ne voulais pas que la caméra fasse désordre dans la classe parce que cela pouvait les inciter à faire les marioles... Il faut arriver à dire «Stop! Ne faites pas ça, ce n est pas ça qui m intéresse, faut pas le faire pour moi». Tout le monde a un rapport à l image : mon meilleur profil, mes beaux habits, ma coiffure... Ce n est pas rien d accepter d être filmé et d avoir confiance dans ce que l autre va attraper, parfois à son insu, et puis garder. C est sur la durée qu ils m ont acceptée, et m ont laissée faire partie de leur classe. J étais face à eux, à côté de la prof, avec ma petite chaise à roulettes, ils me voyaient bien, ils ne m oubliaient pas. Mais il n y a aucun regard caméra dans le film. Simplement j étais parmi eux, avec eux. Ils parlaient à la prof, ils regardaient la prof. J essayais d être discrète mais pas cachée. Vous filmez peu les moments de pause. C est un choix? C est compliqué de filmer dans la cour. Les ados ne se parlent pas. Ils écoutent leur musique. Ils se bousculent. Et ils n ont pas envie d être filmés devant tout le collège qui du coup les regarde. La cour m inspirait plus d en haut. J étais dans la classe, je les attendais. Je voyais cet arbre. J observais. Puis ils arrivaient avec leur prof. J ai vu les saisons passer sans avoir une idée très claire de ce que je ferais de tout ce matériel. Savez-vous combien d heures de film vous avez accumulées? Non, pas exactement... Des heures et des heures! Il y a des cours où il ne se passait rien d intéressant pour le film. Et puis il y avait ces scènes que j étais sûre de garder au moment même où je les tournais. On arrive le matin, en traînant un peu les pieds (comme les élèves... mais pas pour les mêmes raisons!), dans une sorte de petite routine, de peur de l ennui, de peur de ne rien avoir à filmer, pas de vraie scène, pas de chair... et soudain après quelques heures, ou parfois quelques jours, on voit la scène émerger. Ce moment, plus ce moment, plus ce moment... L agencement de tous ces moments n a pas été facile. Quand on a beaucoup de personnages et beaucoup de matières, l équilibre et la dramaturgie sont durs à trouver. Je ne voulais pas faire un film composé de portraits, je voulais un film «choral», un film d un «ensemble». Je n ai d ailleurs jamais fait d entretien individuel. Je savais qu il n y aurait pas vingt personnages au même niveau. Mais je ne voulais pas faire un choix trop serré dès le départ. J ai suivi tout le monde et finalement les personnages sont apparus petit à petit. Xin, la jeune Chinoise, par exemple. Mon premier jour de tournage correspondait à son arrivée. Elle était très timide, elle ne prenait jamais la parole, elle était dans son petit coin. J étais presque déçue. Puis au bout de quelques mois, je l ai vue s ouvrir peu à peu... C était beau de suivre ça et de le retrouver au montage. Ce sont des moments d éclosion. Les élèves ont tous une certaine timidité au début, la langue est fragile. Petit à petit, mieux ils parlent le français, plus ils sont à l aise, plus ils bavardent, plus ils rentrent dans un cadre scolaire classique. On les voit s épanouir d une manière incroyable. Pensez-vous que La Cour de Babel peut être utile? En tout cas, c est un film que j ai vraiment envie de partager. J ai été très étonnée d apprendre que ce dispositif de classe d accueil existe en France. C est quand même une chose géniale, et aujourd hui il faut se battre pour que ça continue. Cela permet à tout jeune étranger débarquant en France d apprendre le français, de réussir sa scolarité et, surtout, de favoriser son intégration en France. Je ne crois pas qu on puisse rester insensible à ce qu on voit dans le film. Il fera, j espère, résonner les débats actuels, souvent nauséabonds. J espère qu il pourra aider à inverser les a priori, contrecarrer les préjugés, faire réfléchir plus intimement, donner de l empathie à ceux qui en manquent, et donner du courage et de l élan à ceux qui luttent pour le respect et l accueil. Entre l enfant de diplomate, celui qui vient pour étudier le violoncelle, celle qui arrive pour retrouver sa mère, celle qui est en attente d un droit d asile, celui dont la mère est venue pour une histoire d amour, celle dont le père vient chercher du travail, celui qui a été chassé de son pays par des groupes néo-nazis, tous représentent divers cas d immigration. Ils portent en eux une culture radicalement différente, qu ils confrontent à notre propre culture. Les questions de l exil et de l intégration, mais aussi leur regard neuf et critique sur notre monde actuel et sur notre société qu ils découvrent, résonnent dans cette classe parisienne d une manière singulière et vivante. Tous sont des enfants courageux, matures, qui portent des responsabilités très lourdes et affrontent leur destin. Pour ces jeunes, l identité, vécue comme une double appartenance au pays d origine et au pays d accueil, est désormais et à jamais plurielle. Ce sont des héros de la vie d aujourd hui, ils sont une richesse pour notre pays. Vous avez réalisé une quinzaine de documentaires qui reposent tous sur un travail d immersion. C est votre façon de travailler? J aime travailler dans la durée. J aurais beaucoup de mal à faire un documentaire à partir d une semaine d interviews. Je préfère observer la vie qui se fait sans moi plutôt que de la fabriquer. Je me mets au service des personnes que je filme, je travaille à rendre les personnages les plus complexes et les plus beaux possible. Je n avais pas envie d autre chose. Je voulais être à leur niveau, simple. Ce sont les personnes qui m intéressent, pas la recherche esthétique. Le bâtiment, je le filme quatre, cinq fois, simplement, sans faire des effets «flou machin», sans en faire 36 tonnes. Du coup, ce collège ressemble à toutes les écoles. Même si j adore partir très loin pour réaliser une fiction, je préfère filmer les documentaires près de chez moi. On a toujours intérêt à aller voir autour de soi, dans son voisinage. C est souvent là qu on est le plus surpris, que les voyages sont les plus beaux et qu on peut être le plus utile

Julie Bertuccelli D abord assistante à la réalisation auprès de Otar Iosseliani, Rithy Panh, Krysztof Kieslowski, René Féret, Emmanuel Finkiel ou encore Bertrand Tavernier, Julie Bertuccelli démarre sa carrière de réalisatrice en 1993. Son regard particulièrement humain se révèle d abord dans une dizaine de documentaires tournés pour Arte, France 3 et France 5. Ils lui vaudront de nombreuses sélections en festival et plusieurs distinctions dont le Prix du Patrimoine pour La Fabrique des Juges (1998) au Cinéma du Réel. Parmi ses œuvres les plus marquantes : Bienvenue au Grand Magasin (1999), une «comédie documentaire» consacrée au quotidien des Galeries Lafayette, des vendeuses jusqu aux grands patrons, et son portrait drôle et exaltant de Otar Iosseliani, Le Merle Siffleur (2006), projeté notamment aux festivals de New York et de Locarno. Mais c est son travail en fiction qui lui ouvre l accès au grand public. En 2003, elle réalise son premier long-métrage, Depuis qu Otar est parti, récompensé notamment par le Grand Prix de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2003, le César du Meilleur Premier Film, le Prix Marguerite Duras et le Prix Michel d Ornano. Tourné en Australie, en anglais, avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle principal, L Arbre, son deuxième long-métrage, est présenté en 2010 en Sélection officielle au Festival de Cannes pour la soirée de clôture. Julie Bertuccelli a été élue en juin dernier présidente de la Scam. Parallèlement à la sortie de La Cour de Babel, elle travaille actuellement sur un troisième long-métrage de fiction.

Pologne Croatie Roumanie Guinee Chili Avec Abir Gares Agnieszka Zych Alassane Couattara Andréa Drazic Andromeda Havrincea Daniel Alin Szasz Daniil Kliashkou Djenabou Conde Eduardo Ribeiro Lobato Felipe Arellano Santibanez Kessa Keita Tunisie Mali Roumanie Bielorussie Bresil Angleterre Irlande du Nord Sri Lanka Sri Lanka Lybie Serbie Ukraine Luca Da Silva Marko Jovanovic Maryam Aboagila Miguel Angel Cegarra Monsalve Mihajlo Sustran Naminata Kaba Diakite Nethmal Mampitiya Arachchige Oksana Denys Ramatoulaye Ly Thathsarani Mampitiya Arachchige Chine Xin Li Yong Xia Youssef Ezzangaoui Chine Serbie Et Brigitte Cervoni (professeur de français de la classe d accueil du collège de la Grange aux Belles, Paris 10e) Venezuela USA Cote d Ivoire Mauritanie Maroc

Liste technique Image et Réalisation Julie Bertuccelli Son Stephan Bauer, Benjamin Bober, Graciela Barrault Greg le Maitre, Frédéric Dabo Montage Josiane Zardoya Étalonnage Isabelle Laclau Mixage Olivier Goinard Musique Originale Olivier Daviaud Production déléguée LES FILMS DU POISSON / SAMPEK PRODUCTIONS En coproduction avec Arte France Cinéma Avec la participation de Centre National du Cinéma et de l image animée Fonds Images de la diversité Distribution et ventes internationales Pyramide France // 2013 // 89 min // DCP // 1.85 // 5.1