TOXOPLASMA. Toxoplasma gondii, agent de la toxoplasmose



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Transcription:

TOXOPLASMA Toxoplasma gondii, agent de la toxoplasmose 1. Le parasite 1.1. Historique En 1908, à l Institut Pasteur de Tunis, Nicolle et Manceaux découvrent chez un Rongeur, le Gondi, Ctenodactylus gondii, un Protozoaire qu ils nomment Toxoplasma gondii (du grec toxon = arc, rappelant la forme du parasite). 1.2. Classification T. gondii est un Protozoaire intracellulaire obligatoire dont la position taxonomique définie en 1980 par Levine et coll. est la suivante : - Règne des Protistes - Sous-Règne des Protozoaires - Embranchement des Apicomplexa - Classe des Sporozoaires - Sous-Classe des Coccidies. 1.3. Formes évolutives Au cours de son cycle biologique, T. gondii se présente sous trois formes évolutives distinctes : 1.3.1. Le tachyzoïte (ou trophozoïte ou forme végétative) En forme d arc, il mesure de 6 à 8 µm de long sur 3 à 4 µm de large. L extrémité postérieure, près de laquelle se trouve le noyau, est arrondie ; l extrémité antérieure où est situé le complexe apical (appareil de pénétration) est effilée. Le tachyzoïte peut parasiter n importe quel type de cellule mais essentiellement les macrophages de tous les animaux à sang chaud. C est la forme parasitaire que l on trouve au stade aigu de l infection chez l hôte intermédiaire. Le tachyzoïte est rapidement détruit par l acide chlorhydrique gastrique et son ingestion ne peut donc pas entraîner la contamination. 1.3.2. Le bradyzoïte Les bradyzoïtes se trouvent à l intérieur des kystes présents au stade chronique de l infection chez l hôte intermédiaire. Morphologiquement très proches des tachyzoïtes, ils s en distinguent par un métabolisme ralenti. Les kystes mesurent de 50 à 200 µm et se localisent surtout dans les neurones, les astrocytes, les cellules musculaires, les cellules rétiniennes. 1.3.3. Le sporozoïte Les sporozoïtes se trouvent à l intérieur des oocystes issus de la reproduction sexuée dans les cellules de l épithélium intestinal de l hôte définitif. Ils sont morphologiquement très proches des deux formes parasitaires précédentes. Les oocystes mesurent en moyenne 14 µm sur 9 µm et renferment à maturité deux sporocystes contenant chacun quatre sporozoïtes. Ils peuvent survivre plus de un an dans un sol humide.

2. Cycle évolutif du parasite Particularités du cycle : cycle hétéroxène avec pour hôte définitif le chat ou un félidé sauvage, et pour hôte intermédiaire un mammifère ou un oiseau. 2.1. Cycle chez l hôte définitif (chat ou félidé) Le cycle se déroule dans l intestin grêle de l hôte définitif. Celui-ci se contamine par ingestion de kystes contenus dans les tissus de petits mammifères ou oiseaux. Il peut également se contaminer en ingérant des végétaux souillés d oocystes. Les bradyzoïtes libérés des kystes par les sucs digestifs, ainsi que les sporozoïtes issus des oocystes, pénètrent dans les cellules de l épithélium intestinal. Ils vont subir une multiplication asexuée ou schizogonie. Après une ou plusieurs schizogonies va survenir une reproduction sexuée ou gamogonie. Au cours de la gamogonie, il y a formation de gamètes mâles et femelles, fécondation et formation d un œuf, entouré d une coque résistante, appelé oocyste. L oocyste est éliminé dans le milieu extérieur avec les fécès du chat ; il est alors immature et non infestant. Le chat peut également faire une infection avec phase aiguë et phase chronique comme l hôte intermédiaire. 2.2. Maturation des oocystes dans le milieu extérieur Selon les conditions de température et d humidité, la maturation des oocystes dans le milieu extérieur nécessite de un à cinq jours. Dans l oocyste se forme deux sporocystes dans lesquels se formeront à leur tour quatre sporozoïtes. Les sporozoïtes sont les formes infestantes. L élimination des oocystes est transitoire : quelques millions en quelques jours. 2.3. Cycle chez l hôte intermédiaire (mammifères ou oiseaux) L hôte intermédiare se contamine soit par ingestion de kystes à partir de la chair de divers animaux, soit à partir des oocystes provenant d aliments souillés de terre. Les toxoplasmes issus de kystes ou d oocystes vont pénétrer et se multiplier sous forme de tachyzoïtes essentiellement dans les cellules du système des phagocytes mononucléés. Le parasite diffuse par voie sanguine ou lymphatique dans l ensemble de l organisme. Il se multiplie par endodyogenèse, schizogonie particulière où deux toxoplasmes-fils prennent naissance à l intérieur d un toxoplasme-mère. C est la phase aiguë de l infection. Sous l influence du système immunitaire, et essentiellement de l immunité cellulaire, il y a transformation des tachyzoïtes en bradyzoïtes en quelques semaines. La formation des kystes correspond à la phase chronique de l infection. Les kystes siègent principalement dans le cerveau, les muscles et l œil. La longévité des kystes est très grande, égale à celle de l hôte. Le cycle peut être complet avec passage d hôte définitif à hôte intermédiaire, ou bien incomplet avec passage d hôte intermédiaire à hôte intermédiaire, ne faisant pas intervenir d hôte définitif. 2.4. Modes de contamination de l Homme Les modes de contaminations de l Homme en fonction de la forme parasitaire sont : 2.4.1. Transmission par les kystes. Contamination par consommation de viandes insuffisamment cuites, fumées ou saumurées. Transmission par transplantation d organes (donneur séropositif et receveur séronégatif pour la toxoplasmose).

2.4.2. Transmission par les oocystes. Consommation de fruits et légumes crus mal lavés, eau de boisson contaminée, hygiène des mains insuffisantes notamment après contact avec la terre. 2.4.3. Transmission par les tachyzoïtes. Transmission transplacentaire responsable de la toxoplasmose congénitale. 2.5. Corollaires épidémiologiques 2.5.1. Réservoir d infection Le réservoir d infection, à partir duquel peut se contaminer un animal sain, est constitué par : - un réservoir animal : mammifères porteurs de kystes, - un réservoir tellurique : sol renfermant les oocystes provenant des déjections du chat. 2.5.2. Prévalence La toxoplasmose est une parasitose cosmopolite. Sa prévalence augmente avec l âge et varie en fonction des habitudes alimentaires et de l environnement. La séroprévalence dans le monde est variable d un pays à l autre, de 7 à 80%, et parfois à l intérieur même d un pays. Les prévalences sont généralement basses < à 30 % dans les pays de l hémisphère nord et élevées > 60% en Afrique et Amérique latine dans les régions humides. La séroprévalence en France diminue régulièrement depuis 40 ans. En 2003, elle était de 44 %. Elle continue depuis à diminuer. 3. Physiopathologie et aspects cliniques de la toxoplasmose Au cours de l infection aiguë qui dure quelques semaines, le toxoplasme diffuse dans tout l organisme. Sous l influence des défenses immunitaires de l hôte, les tachyzoïtes de la phase aiguë se transforment en bradyzoïtes. L immunité cellulaire T a un rôle très important. La multiplication du parasite est inhibée par l interféron γ sécrété par les lymphocytes CD8 euxmêmes stimulés par l interleukine 2 produite par les lymphocytes CD4 Th1. L immunité humorale ne joue pas un rôle majeur dans le contrôle à long terme de la toxoplasmose. Par contre les anticorps sécrétés au cours de l infection sont des témoins très utiles pour le sérodiagnostic (recherche des IgG exprimés en UI/ml et des IgM spécifiques). La toxoplasmose est une parasitose habituellement bénigne chez les sujets immunocompétents. Elle est asymptomatique dans 80 à 90% des cas. La forme clinique patente la plus fréquente, 10 à 20 % des cas, est la forme ganglionnaire : adénopathies à prédominance cervicale avec fièvre et asthénie. Les formes graves s observent dans les cas suivants : - immaturité du système immunitaire. Au cours de la phase parasitémique, le Toxoplasme peut traverser la barrière placentaire chez la femme enceinte et être responsable de toxoplasmose congénitale. Le risque de passage du parasite à travers le placenta augmente du début à la fin de la grossesse. La gravité de l atteinte du fœtus varie en sens inverse, de la mort fœtale in utero jusqu aux formes infra-cliniques en fin de grossesse.

Corollaires prophylactiques : la prévention de la toxoplasmose congénitale passe par la sélection des patientes à risque (séronégatives) et leur suivi. Rôle primordial du sérodiagnostic et des conseils hygiénodiététiques : - consommation de viande bien cuite, - consommation de fruits et légumes parfaitement lavés (lavage à grande eau) ou cuits, - lavage des mains après contact avec de la terre et au cours de la préparation des repas, - précautions vis-à-vis du chat (éviter de manipuler la litière du chat, si impossible port de gants, éviter le contact avec les excréments, nettoyer la litière quotidiennement à l eau bouillante). Danger des repas pris en dehors du domicile. - immunodéficience : toxoplasmose chez les patients immunodéprimés (VIH, greffé, ) Chez les patients immunodéprimés, dans la majorité des cas il s agit de réactivation d une infection acquise antérieurement. En cas de déficit de l immunité cellulaire, les bradyzoïtes contenus dans les kystes peuvent se transformer en tachyzoïtes. Ceux-ci provoquent une destruction tissulaire locale avec lésions inflammatoires et nécrose. La dissémination vers d autres organes est possible par voie sanguine. Parmi les formes graves, l atteinte cérébrale est la plus fréquente. Plus rarement il s agit d une primo-infection faisant suite à une contamination par voie orale, le plus souvent asymptomatique. Corollaires prophylactiques : la prévention de la toxoplasmose chez les immunodéprimés passe par la sélection des patients à risque (toxoplasmose ancienne). Rôle important du sérodiagnostic. - infection par des souches de génotypes particuliers chez des sujets immunocompétents ou autres. Les souches de toxoplasme isolées ou leur ADN peuvent être génotypés. Certains génotypes seraient plus virulents que d'autres.