Débat sur des photographies Première partie : l'extérieur Photographe 1 : Sur la photo de gauche, on remarque en haut qu il n y a pas cette pointe qui peut donner une perspective. Sur la deuxième, il ne fait pas beau, cela fait champ de bataille devant. Ce n était peut être pas le moment de la prendre. Qu est ce que vous avez voulu dire avec cette photo, car il n y a pas que la médiathèque? Photographe 2 : Celui qui l a prise veut peut être nous montrer ce cube posé au milieu de la cité et que ce n est pas terrible. La photo de droite montre bien comment la médiathèque se met dans le paysage ; extrêmement bien prise parce qu il n y a aucune fuite, les perspectives sont bien réalisées, photo bien carrée, on pourrait la séparer en deux, l horizon coupe la photo en deux et les lignes sont très parallèles, les bâtiments sont bien droits, on voit l environnement, c est un chantier, c est tout neuf, on voit bien les proportions, on pourrait prendre une règle et mesurer la hauteur et se rendre compte par rapport aux étages à côté, on a une perspective idéale pour se rendre compte de la taille de la médiathèque, on voit qu elle fait trois étages et grâce à cette photo, on a bien conscience du volume de la médiathèque. C est une photo bien droite comme un dessin d architecte. À gauche, c est une photo plus artistique, avec un élan, mais quel dommage d avoir coupé la pointe, il fallait la montrer dans la photo. Là, on ne montre pas simplement l architecture, les losanges, mais la composition générale avec cette pointe ; et peut être dans une photo comme celle là, montrer une perspective accentuée, c est le point de vue qui est très important, des fois, il faut se baisser, faire un pas à gauche ou à droite, un petit pas derrière, chercher le meilleur point, de vue et faire attention au côté droit pour ne pas couper non plus, plus se baisser si on veut que la pointe aille encore plus haut et si on s avance un peu plus, on peut éliminer le petit bâtiment qu on voit en haut à gauche et celui à droit en se baissant encore plus (à la retouche, c est possible). On ne voit pas la taille de la médiathèque, plus grande, moins grande, on n a pas l échelle. Photographe 1 : Je trouve la photo de droite triste avec ce ciel gris et ce champ de «patates» devant ; je ne vois pas de côté esthétique.
Photographe 2 : Moi, j ai l impression que le photographe a regardé droit devant lui, le centre de la photo, c est l horizon et grâce à cela les perspectives sont droites, ce qui m a un peu impressionné c est que tout est nickel droit comme si l appareil avait été mis sur un pied. Celle de droite pourrait être recadrée pour faire un grand panoramique, on retire une grande partie du ciel, une grande partie du bas, on garde les escaliers et cela donnera un impact supplémentaire. Celle de gauche par contre, il est difficile de la recadrer parce qu on est au maximum de la largeur, en prendre qu un bout ne voudrait rien dire. On peut avoir cette vision de faire une photo, de montrer l essentiel même si on a besoin que d une partie de la photo. C est important, car, des fois, la décision ne se prend pas à la prise de vue, mais après. Mais si on loupe la prise de vue, les décisions sont limitées après. Aujourd hui, avec le numérique, n hésitons pas à faire plusieurs photos et choisir après. On peut même regarder la photo immédiatement et se dire : il faut la refaire. Photographe 2 : La deuxième image, on a à la fois un détail et cela pourrait presque être une affiche. Cela représente la cité Marcel Cachin qui existe encore et il y a tout là dedans. Il y a le graphisme de la médiathèque et la Cité en reflet dedans. La première ne me parle pas du tout. De voir les reflets de ce vieil immeuble à travers la modernité, cela a un impact très fort. Des fois on ne saisit pas très bien les effets, c est après coup, après avoir pris la photo, on se dit ah oui, y a l effet, y a les boules jaunes. Mais si à la prise de vue, si c est un effet qu on a envie de donner, qu on se rend compte qu il y a les boules jaunes, l immeuble en reflet, il ne faut pas hésiter à bouger, à se baisser, à regarder quel effet est le plus important, s il y a une fenêtre ouverte avec quelqu un à la fenêtre, de tourner autour et de ne pas se contenter d un seul cliché. On sent bien qu il y a plusieurs degrés dans l effet. Enfant : Nous avons pris les photos avec un zoom et au moment où nous prenions les photos, nous ne nous rendions pas compte des reflets ni de ce qu étaient exactement ces boules jaunes. Enfant : Nous l avions mise dans notre quotidien (le circuit court) et nous avions retiré un peu du bas. Photographe 1 : Effectivement, il faut retirer un peu du bas, laisser une légère barre blanche qui finit, si on peut dire, la photo.
Photographe 2 : Dans la première, grâce au reflet, on se rend compte que les lumières jaunes sont à l intérieur, mais dans la deuxième, on peut se demander si elles sont à l intérieur ou à l extérieur des lampadaires. Photographe 1 : Sur la première, on voit l architecture, mais sur l intérieur on ne voit rien. On voudrait lire l article qui accompagne cette photo, car la photo en elle même elle ne dit rien. Sur la photo de droite, on voit cinq boules, mais il y en a une qui est coupée, mais si au moment où l on prend la photo, on se rend compte des boules, on se déplace un peu sur la gauche, là ça vaut le coup. Si on va photographier un monument qui n est pas beau, bof, mais autour de ce monument on va découvrir quelque chose d artistique dans du reflet, dans des lumières, dans des formes et là, on pourrait presque rester une heure à tourner autour et ne faire que des photos de ça, on arriverait à avoir quelque chose de poétique malgré l architecture. Photographe 1 : Ah, elle chouette celle là aussi. Photographe 2 : Celle là, elle n a rien à voir avec la médiathèque parce qu on voit un immeuble et un tracteur, des artisans. Enfant 1 : Je pense qu il faudrait enlever la voiture. Enfant 2 : Et surtout le grillage, ça gâche. Photographe 1 : Moi, au contraire, le grillage nous dit que tant qu il est là la médiathèque, elle n est pas à nous et je me demande ce que se disent les deux personnes qui sont à leur fenêtre, sur la médiathèque juste devant leur fenêtre. Je suis d accord avec la demoiselle, le bas de l image, la voiture, et ce bout de parpaing, je les enlèverais. Photographe 2 : Dans cette image, j ai entendu dire «on ne parle pas de la médiathèque», mais là on parle de travaux. Photographe 1 : Moi, je trouve que le grillage, c est l effet percutant de la photo. S il n y pas de grillage, c est quoi la photo, on voit une benne, un tracteur. On peut dire plein de choses sur le grillage, on ne voit pas que c est la médiathèque, forcément, on voit comme un chantier, mais le grillage, c est l interdit, ce n est pas fini ; soit ce sont les gens qui sont enfermés dans le grillage, soit, c est nous qui y sommes enfermés. Là aussi, la prise de photos est nickel ; sûrement ceux qui les ont
prises se tenaient droit, mais il n y a pas de défaut de perspective, les lignes sont complètement parallèles ; pareil pour les fenêtres à gauche, c est un vrai carré ; on peut dire que c est une photo réussie, on peut la recadrer en rectangle, enlever la voiture, un peu du mur à droite qui n est pas beau, mais on a un bon départ. Enfant 3 : J ai pris la photo comme cela, mais ce qui m intéressait c étaient les travailleurs ; les gens à leur fenêtre, je ne voulais pas les prendre, ils me gênaient. Photographe 1 : Le réflexe d un adulte pour prendre un enfant, c est de pencher l appareil au lieu de se baisser. Le réflexe d un enfant pour prendre l immeuble, ce serait de lever l appareil. Mais là, il n a pas cherché à prendre l immeuble et c est nickel, il n a pas levé l appareil, il a été tout droit et la photo est percutante. Le grillage est un peu de travers, il y a une légère ligne de fuite, cela donne du relief à la photo. Deuxième partie : l'intérieur Pour la projection de cette deuxième série des photos, un problème a été posé par le photographe. Photographe 1 : J ai une question à vous poser, pourquoi il y a des photos carrées et d autres rectangulaires? Vous les avez recadrés ou pas? Vous avez deux appareils photo ou quoi? Enseignant : Non, elles ont été prises avec le même appareil. Je les ai placées dans PowerPoint et j ai redimensionné les deux côtés. Photographe 1 : Il y a des capteurs 6x6 (?) qui existent, mais ce sont des appareils professionnels, la plupart des capteurs sont rectangulaires. Donc on a une photo rectangulaire. Après sur le viseur, il y a une fonction qui met la photo verticale ou horizontale, on la met d emblée ou non. Celle qui est verticale est plus petite que le capteur même. Pourquoi j ai une photo carrée et l autre rectangulaire comme je le disais toute à l heure il y a des photos carrées donc vous les avez recadrés. Enseignant : C est sûrement une déformation due au projecteur. Photographe 1 : Ah oui, la déformation de la projection fait qu il y aune image plus rectangulaire que l autre. C est flagrant. Oui elles sont pareilles, c est le même format pour les deux. C est la projection! C est vrai que l avis qu on donne, c est sur l avis des projections. Parce que si le rendu est différent Laissons les comme ça, on va les interpréter comme cela.
Enfant : En fait il y a tout qui est aligné : les chaises, les lampadaires, les commodes, on voit le bâtiment qui est aussi aligné. Enfant : on voulait tout prendre en même temps la porte vitrée, la longueur et on voulait prendre des livres. Photographe 1 : Il aurait fallu peut être ne pas mettre la profondeur au centre, la mettre sur un côté. Le point de fuite est au milieu de la photo, s'il avait été sur un côté plus à gauche ou plus à droite, on n aurait pas bien vu soit les livres soit autre chose, mais on aurait une fuite peut être plus accentuée. Enseignant : en se rapprochant? Photographe 1 : En recadrant même imaginons qu on cadre comme cela et qu on retire tout cela (le photographe cache une partie de la photo)! Il me semble qu il faut accentuer les angles, le regard. Donner un effet de perspective. Enfant : C est bien parce qu on voit bien le couloir qui va tout droit tout droit.
Enfant : Au fait, on aimerait croire que c est la salle informatique, mais on dirait un tout petit peu une salle de travail plutôt qu une salle informatique. Enfant : En fait, ce n est pas pour faire rire, mais quand j ai vu ça, cela m a fait penser à la salle où on voit convoquer les avocats. Enfant : Sur la deuxième photo le lampadaire on dirait le coucher du soleil. Enfant : Moi, ça me fait penser à la mer l espèce de reflet bleu bizarre et à un coucher de soleil. On dirait la planète bleue. Enfant : Moi ça me fait penser à la planète comme si on était dans l espace. Photographe 1 : C est souvent que cela se passe quand on doit photographier ; toi, cela t arrive souvent dans ton travail d aller photographier la médiathèque ou une école. Alors, tu y vas, bon ok je prends des gens à table, en train de et tout d un coup tu vois une image complètement surréaliste ; là, on n'est plus dans la médiathèque de Cachin, on se croirait dans un avion d où l on voit la terre avec la mer, le soleil qui se lève c est une photo ahurissante et surtout les deux peuvent se conjuguer, s associer. Vraiment là pour le coup il y a de quoi s évader dans cette médiathèque. Enfant : On dirait qu on est dans un tunnel, qu on est dans quelque chose, dans les tuyaux et là c est la sortie. Enfant : En fait, c est la fenêtre du haut, dans la salle où il y a les ordinateurs. Enfant : On dirait que le bleu c est vraiment la mer. Enfant : On dirait que c est une cage et après c est la mer Enfant : Ça me fait penser à un puits Enfant : Les égouts! On dirait qu on est dans les égouts.
Parent : Alors moi je ne sais pas si je vais tout droit et j ouvre une porte ou si je suis dans un trou et je regarde en l air. Mais dans les deux cas, je suis enfermée. Photographe 1 : C est vrai qu en voyant cette image on ne sait pas si on a regardé en l air en prenant la photo ou si on a regardé en bas. Elle est dans l espace cette photo, on s imagine que c est quand même le ciel, mais cela pourrait très bien être les égouts. Alors, on dirait des escaliers qui descendent et puis comme un cours d eau pourquoi pas. Bien sûr c est des grillages, c est fermé il y a cet effet un peu c est une nature morte où il ne se passe pas grand chose, mais cet effet on ne sait pas dans l espace où on est, si on regarde en l air ou en bas. Photographe 2 : C est un peu comme les deux images d avant ; on est vraiment dans une navette spatiale. On arrive pas à on est paumé quoi ; on dirait une issue de secours. Derrière, on ne sait pas si c est le ciel ou si ce n est pas la médiathèque. C est plutôt intéressant et puis ça fait parler! Enseignant : Dans mon espace là, cela me chamboule un peu, je perds presque mon équilibre! je sais que ça se regarde en l air, mais je me dis pourquoi il y a des traits horizontaux. Ce n est pas le reflet, ce n est pas l ombre des barreaux ils sont verticaux et une ombre c est horizontal. Photographe 1 : Dès que vous êtes rentrés à l intérieur, même autour, vous avez vu des reflets, des choses ; pour le coup l imaginaire nous transporte complètement. En prenant des choses comme cela qui paraissent insignifiantes, on se rend compte qu il y a des reflets ; tout cela, on pourrait le travailler sur place, essayer d avoir un regard en fermant un œil, s imaginer, avant de faire la photo l effet rendu, puis essayer de travailler cela et je crois que c est vraiment ce qu on a vu. On a vu un travail plutôt artistique : montrer les murs... Il y un côté artistique, géométrique qui est bien intéressant, ça fait plaisir. Photographe 2 : La chose la plus importante dans la photographie, c est qu il faut savoir aussi se laisser aller, ne pas s enquiquiner parfois avec des logiques assassines de mon point de vue. Votre truc artistique est super intéressant. Faut continuer comme ça. N arrêtez pas! Aujourd hui vous avez l avantage d avoir le numérique, vous pouvez faire plein d images. Faites en deux cents s il faut en faire deux cents.