Un cas unique en Suisse 100 ans de la fondation de «l école catholique internationale d infirmières res de Fribourg» Appellation de départ... Sera plus connue sous «école d infirmières de Pérolles» 1907-1913 1913 Dr Michel Nadot, professeur d histoire d et d épistémologie en sciences infirmières res à la HEdS-FR, professeur titulaire associé à la Faculté des sciences infirmières res de l Universitl Université Laval à Québec (Canada) Pourquoi l histoirel histoire? Si «Bénéficier d une identité professionnelle, c est une assurance contre la désagrégation sociale» (I. Chassot, «Avec une bonne formation, on est mieux outillé pour faire face aux aléas de la vie», La Liberté, 15 janvier 2007, 35) En ces périodes p de transformations scolaires et institutionnelles, qu en est-il de l identité de nos écoles? (06.12.2007. Dr Michel Nadot) 1
Nous avons à distinguer: Petite précaution caution La fondation de l école par convention le mercredi 6 décembre 1907 Il fallait, rédiger une convention, trouver une congrégation religieuse acceptant d investir CHF 200 000.- en venant à Fribourg et élaborer les plans du bâtiment, construire ce dernier, concevoir un programme d études, rechercher une direction, recruter un corps professoral et des «sœurs maîtresses» de L ouverture de l école le lundi 27 octobre 1913 Un biais s est glissé dans la date des 50 ans (1963) et des 75 ans de l école (1988). La fondation est déjàd la naissance d une d organisation qui, au travers de valeurs, va formater une activité. -1856-1927, né à Portalban - Etudes de droit, patente d avocat - Conseiller d Etat, directeur de l instruction publique (1886-1927) - Président du Conseil d Etat (1903, 1908, 1914) - 1881 député au Grand Conseil - Conseiller national (chambre basse) 1884-1893 - Conseiller aux Etats (chambre haute) 1896-1920, Président 1915. - Participe aux travaux de l encyclique papale de Léon XIII Rerum novarum Le fondateur de l él école 2
Pourquoi école internationale? Le nom initial Georges Python est aidé par ses amis français de l époque (J. Bruhnes qui viendra comme professeur de géographie humaine à l université de Fribourg, grandes familles françaises). Il va utiliser «les congréganistes français qui fuient les lois scélérates du Régime Combes» (Bugnard & Nadot, 2001, 550). La convention implique des citoyens français. Pourquoi école catholique? La fondation de l école s inscrit dans le renouvellement des élites par une éducation à la science, sous l égide de la foi. La convention impliquera un diocèse français (Archevêché de Lyon, 1 place Fourvière) Les sœurs de St Joseph de Lyon assureront la direction de l œuvre G. Python est un adepte du catholicisme social (Rerum Novarum) Canton de Fribourg et influences françaises aises Le contexte d alorsd alors (1) Fondation de l Université de Fribourg et de sa faculté de médecine Le catholicisme social (Rerum Novarum 1891) La séparation de l Eglise et de l Etat en France (circulaire d Emile Combes 28 oct. 1902) La pauvreté d une région rurale et la mortalité infantile dans le canton 80% des femmes qui travaillent, sont présentes dans l économie domestique (Walter, 1994, 86). La formation des jeunes filles suite au Congrès des intérêts féminins organisé lors de l Exposition nationale de Genève en 1896. 3
Les écoles existantes au niveau national suisse Le contexte d alorsd alors (2) Des écoles religieuses et des écoles dirigées par des médecinsm Écoles religieuses catholiques (noviciat) Écoles religieuses protestantes (noviciat) Deux écoles-hôpital CRS et DMF Berne Le Lindenhof (1899 Dr Walter Sälhi) Lausanne La Source (première école au Monde, 1859, dès 1891, Dr Charles Kraft) Deux écoles dans la mouvance de sociétés féminines (concrétisation du Congrès des intérêts féminins de 1896) Zürich La Pflegerinnenschule (1901, Dr Anna Heer) Genève Le Bon Secours (1905, Dr Marguerite Champendal) La formation des jeunes filles et des femmes Le contexte d alorsd alors (3) L éducation féminine f sous G. Python L école ménagère (sciences ménagères) L école normale ménagère L école de commerce pour jeunes filles L école d arts et métiers féminins Le Lycée de jeunes filles L école des hautes études féminines L école d infirmid infirmièresres 4
Fondation et convention Le 6 décembre 1907, convention entre: L Etat de Fribourg, Direction de l instruction publique (G. Python) La congrégation des sœurs de St Joseph de Lyon (Rose Arquillère, Mère Henri-Xavier Supérieure générale) Donne naissance à «l école catholique internationale d infirmières» en tant S.I annexe de la Faculté de médecine de l université de Fribourg (1 ère école d Etat de Suisse, Cf. BGM, 15 mai 1914) Une convention franco-suisse 5
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Originalité Un conseiller d Etat fonde une école Cette école n est pas rattachée à un hôpital, mais à la faculté de médecine de l université Une société immobilière est créée devant notaire, avec l argent d une congrégation religieuse française 400 actions de CHF 500.- en provenance de France vont aider à la consolidation de la banque de l Etat L Etat offre gratuitement un terrain sur le plateau de Pérolles aux sœurs de St Joseph de Lyon (France) L état garanti aux sœurs de St Joseph le monopole de la formation infirmière à Fribourg Les médecins qui enseignent à l école n ont pas le droit de donner des cours dans d autres écoles de gardes-malades La société immobilière peut agrandir l école si nécessaire L Etat s engage à donner à l école le caractère d un établissement cantonal La direction ne doit jamais changer, à moins d entente avec l état, la destination des immeubles Si le devis de construction est dépassé, le surplus sera assuré par l Etat. L enseignement clinique Dans les représentations de l époque aura lieu au lit du malade dans chaque clinique de la faculté de médecine prévue pour cela et disposant d un local d enseignement 7
Le sort de l él école dépend d étroitement du sort de la faculté de médecinem Des 6 cliniques prévues dans la Faculté de médecine 5 seront retenues: 1) Clinique gynécologique et maternité (DSPAS) 2) Clinique médicale (maladies internes) (hôpital bourgeois) 3) Clinique chirurgicale (Dr Clément) 4) Clinique laryngologique (Garcia) 5) L école d infirmière ou la 5 e clinique (Grand Conseil, 14 mai 1912) 6) La clinique ophtalmique ne verra pas le jour (ECCG) Voilà pourquoi nous sommes au 15, Route des Cliniques Le contexte d alorsd alors (4) Alors qu il y avait une congrégation soignante à l hôpital (Sœurs de Ste Marthe de Beaune), c est à une congrégation enseignante (Sœurs de St Joseph de Lyon) que Georges Python fera appel. On les appelait des «sœurs maîtresses». 8
Les «combinaziones» 1 Lettre 21 novembre 1915 1887 engagement de l état de Fribourg dans le rachat des terrains (800 000 m2) de la Société des eaux et forêts (en faillite) 1895 décret du Grand-Conseil sur l organisation de la Faculté des sciences et de la faculté de médecine Les amis de G. Python jouent les «rabatteurs» en signalant les congrégations religieuses riches et frappées par les «lois scélérates» du régime anticlérical d Emile Combes Les sœurs ne payeront pas d impôts sur les biens immobiliers et mobiliers (loi du 24 novembre 1869 sur les institutions hospitalières) et en tant qu étrangères, ne déposeront pas de papiers de légitimation (art. 20 de l arrêté sur l établissement et le séjour du 5.9.1893) Les «combinaziones» 2 Lettre 21 novembre 1915 En échange d une mise de fonds de 400 actions de CHF 500.- chacune (180 000 bâtiments et 20 000 mobilier) les sœurs auront: Des terrains gratuits Le monopole d état sur l exercice professionnel Accès aux cours de l université Mais l Etat de Fribourg ne mettra aucun centime (à part des prêts) dans l opération (école d état sans financement de l état avant 1977) Il faudra nécessairement avoir recours aux «combinaisons» de la bonne et moins bonne finance (Bugnard, 1983, 32). 9
Un long démarraged marrage (1) Avril 1908 première rencontre entre Mgr Bonnardet, G. Python et l architecte C. Jungo Février 1909, les plans sont terminés et le 31 août 1910 les travaux sont adjugés La construction débute le 15 septembre 1910 et s achève le 16 novembre 1911 (devis respecté) Mais en février 1912, la faculté de médecine n existe pas et les cliniques devant recevoir les élèves en stage ne sont pas achevées Un long démarraged marrage (2) 1907, la convention 16.12.1910 Constitution d une société immobilière «école d infirmières S.A.» 17 juin 1911, ratification de la convention de 1907 par l Etat sur proposition de la Direction de l Instruction publique En février 1912, la Supérieure générale de Lyon menace de laisser tomber l œl œuvre 10
Ecole 1914, côté jardin (Dalloni,, 1963) Comité de pilotage Georges Python* est appuyé dans son projet: Par son entourage féminin, concerné par l éducation des filles Marie-Elisabeth Python (de Wuilleret)* Henriette Brunhes La Baronne Suzanne de Montenach* Marie de Gottrau-Watteville Athénaïs Clément* Par des professeurs de l Université Jean Brunhes Sigismond Glücksmann Gaspard Decurtins, Beck, Kowalski * Premier comité de direction de l école Georges Python présidera le Comité de l école durant dix ans 11
Ce ne sera que le mercredi 29 octobre 1913 que les premiers cours pourront avoir lieu C est mercredi 29 octobre 1913 que seront inaugurés les cours théoriques de notre nouvelle école d infirmières. Voici le programme hebdomadaire des cours: Lundi 16h, anatomie et physiologie (Dr Bonifazi) Mardi 16h, chirurgie pratique (Dr Favre) Mercredi 16h30, physique et chimie (Prof. Paul Joye) Jeudi 16h, hygiène et puériculture (Dr Perrier) Vendredi 16h, pathologie et thérapeutique (Dr Comte) Samedi 15h, morale (Prof. Dalbard), 17h, anatomie physiologie (Dr Bonifazi) Annonce discrète dans La Liberté,, lundi 27 octobre 1913 L image se ternit Dans une lettre ouverte à l honorable Clergé fribourgeois en 1913, nous lisons que Georges Python ne serait «ni un organisateur, ni un exécuteur Enfant de la fortune vaniteux impudent confiant exagérément dans l intervention divine il ferma la bouche aux congrégations gations de femmes exilées es de France et dépouilld pouillées (par le gouvernement)» «Il existe un canton suisse, celui de Fribourg où des magistrats placés à la tête du gouvernement et du parti conservateur se sont mis à spéculer avec les fonds d administrations publiques, ont fait perdre un grand nombre de millions à l Etat, ont cachés pendant une douzaine d années leurs opérations scandaleuses à la plus haute autorité du pays ont signé des déclarationsd louches et couvert de leur autorité l instrument qui devait faire disparaître les traces de leurs méfaits etc. (Bugnard, 1983, 126 & 146). 12
Conclusion «Finalement il y a toujours en haut d une d pyramide de savoirs et de pratiques conceptualisées, es, un groupe ou des individus fondateurs ou initiateurs qui, lui, est autodidacte, qi s institue s à former, enseigner, et délivrer des diplômes que, par définition, il ne possède pas. Cette cascade des savoirs institués s mériterait m sans doute une étude approfondie, pour expliquer, peut- être, les hiatus si fréquents entre le dynamisme intellectuel et scientifique des initiateurs et les comportements beaucoup moins libres des successeurs» Beillerot J. (1979) Deux questions de sens (7-16). Education permanente, 49-50, 14 Suite en 2013: une formation originale Nous vous remercions de votre attention Aspect d origine, d ici, 1923 13