Chantier de restauration du clocher de l église de la Madeleine
Histoire L érosion du temps Quelques dates 1474 Fondation de l église Sainte Marie-Madeleine par le Comte Jean VIII de Vendôme 1487 Création de la paroisse de la Madeleine XV e Création d un collatéral au nord XVI e Construction d une sacristie et aménagement de quatre chapelles au sud XIX e Embellissement par de nouvelles statues (dont celle de saint Fiacre, patron des jardiniers), un décor peint et un ensemble de vitraux des ateliers Lobin de Tours. 2000 Inscription à l inventaire supplémentaire des monuments historiques 2007 Restauration de la charpente 2008 à 2009 Restauration du clocher La pointe de la flèche du clocher avait été rejointoyée en urgence à la nacelle en 2001. Au XX e, le clocher perd l usage de sa voix d airain Les sculptures du clocher de la Madeleine montraient des signes de faiblesses. Des chutes de morceaux de pierre conduisent la Ville de Vendôme, en tant que propriétaire, à mettre en place en 1995 un pare-gravois (sorte de collerette de protection) et à arrêter de sonner les cloches à la volée. En 2003, suite à des désordres constatés sur la corniche du chœur, la Ville intervient sur un problème de structure de la charpente. Après un étaiement d urgence et une étude diagnostic, les travaux de restauration de la charpente ont lieu en 2007. Parallèlement est défini le projet de restauration du clocher lançant un chantier d octobre 2008 à octobre 2009. L usure du temps et des intempéries attaque les sculptures de la corniche jusqu aux joints entre les pierres. L église de la Madeleine au XIX e, d après dessin de Gervais Launay. Quelques pierres déposées lors des inspections annuelles du pare-gravois.
Pierres Restaurer Remplacer Pour remplacer les sculptures endommagées par le temps, le choix de la qualité de la pierre est important. Les carrières d extraction ne sont plus les mêmes qu autrefois. En accord avec l Architecte des Bâtiments de France, l entreprise de maçonnerie et taille de pierre a proposé une qualité de pierre proche de celle employée à l époque pour le clocher. Le choix s est porté sur la pierre de Saint Maximin extraite dans les carrières du même nom, dans l Oise, au nord de Paris. Ce calcaire s est formé pendant l ère tertiaire par la sédimentation de crustacés et coquillages de tailles diverses. Les parties sculptées ont ainsi été remplacées par la qualité «franche fine» dont le grain se prête plus au détail de figures sculptées. Les blocs de pierre à changer ont été préalablement repérés et numérotés en rouge pour faciliter l identification à la dépose. Au total, une cinquantaine de mètres cubes de pierres a été remplacée. Pour les parements de murs et corniche, un aspect plus grossier de la pierre de Saint Maximin avec inclusions de coquillages a été mis en œuvre. Tous les joints ont été refaits à la chaux, sable coloré et graviers du Loir par les maçons. Le petit carré correspond à un ancien trou de boulin (emplacement ancien de poutre d échafaudage) qui a été rebouché pour éviter toute intrusion d oiseaux.
Pierres La sculpture gothique Le clocher de la Madeleine présente un décor du XV e siècle caractéristique du gothique flamboyant. La mouchette, en forme de petite flamme asymétrique, en est le motif caractéristique. Les sculptures d inspiration végétale tels que les crochets de feuillage, les feuilles de chou frisé constituent l essentiel du décor sur toutes les parties saillantes (arêtes de la flèche, corniche et pinacles aux angles). Le travail du sculpteur et du tailleur de pierre s inspire de ce répertoire pour refaire à l identique. S il faut parfois créer faute de sculptures suffisamment lisibles, ceci est fait dans le même esprit comme par exemple pour les chimères aux angles des pinacles du clocher. Dans Vendôme, les modèles de sculptures gothiques flamboyantes ne manquent pas: la chapelle Saint-Jacques, l abbatiale de la Trinité ou la tour Saint-Martin. Chimères, joueur de flûte, oiseaux et autres animaux s offrent au regard de qui prend le temps de les observer à l aide de jumelles. Les blocs de pierre épannelés (taillés géométriquement avant d être sculptés sur place) vont prendre vie sous les outils des sculpteurs. Pour homogénéiser l aspect général entre les pierres neuves et les anciennes, les maçons vieillissent à l aide d une patine qui noircit par petites touches irrégulières la pierre, imitant les salissures et les lichens, en attendant que le temps ait fait son effet. Le clocher est flanqué par quatre pinacles mais à l angle sud-est, il prend une forme cubique comme pour servir de socle. L interprétation des architectes et sculpteurs n est pas allée jusqu à reconstituer une hypothétique statue dont nulle trace n est attestée. Sa particularité reste inexpliquée.
Métiers Couvreur Serrurier Charpentier Menuisier Après le travail des maçons et sculpteurs, les couvreurs habillent de plomb les parties plates les plus exposées aux intempéries (sur le garde-corps, au sommet de la flèche, sur le pilier à l angle sud-est) ainsi que l intérieur des chéneaux. La restauration des abat-sons (volets qui «abattent» le son vers le sol et les fidèles) a mobilisé l entreprise de couverture (fourniture des ardoises massives) et celle de serrurerie (fixation métallique des plaques d ardoises). Les parties les plus exposées sont protégées par du plomb comme ici sur le garde-corps autour de la flèche. Des joints de dilatation accompagnent l élasticité du plomb sans que cela affecte la pierre qu il habille. Des bandes de clouage en cuivre fixent le plomb à la pierre. Les abats-sons en ardoise massive (de près de 2 cm d épaisseur) ont tous été vérifiés. Une vue inhabituelle du beffroi de bois est révélée. L essentiel du travail des charpentiers a consisté en la réfection complète des planchers. Le beffroi de bois n a pas eu besoin d importante intervention. Seule l adaptation de certaines pièces de bois a accompagné le nouveau positionnement des cloches. Les accès dans le clocher ont été sécurisés (des garde-corps, une échelle et des portes en chêne). Le travail des serruriers a consisté entre autres en la restauration de la croix et la mise en place des grillages de protection contre les pigeons. La mise en lumière vient mettre en relief le travail de restauration accompli et confirmer le clocher comme un signal dans la ville avec une limitation de la puissance électrique. La protection du clocher haut de 65 mètres est assurée par la pose d un paratonnerre associé à la croix restaurée.
Cloches La fixation (appelée joug ou mouton) de chaque cloche au beffroi avait été à une époque changée en métal. Le restaurateur campanaire a veillé à ce que le mouton soit restitué en bois, matériau traditionnel pour cette pièce. Les trois cloches ont été descendues pour être nettoyées des fientes de pigeons. Comme une des trois cloches est «classée» (repérée et protégée au titre des objets mobiliers), un expert campanaire a préconisé des interventions. Les deux petites cloches ont été emmenées dans l atelier pour que soient «rechargés» en métal leurs bords intérieurs usés par la frappe régulière du battant. La plus grosse cloche dénommée la Vendômoise est restée exposée dans l église. À leur retour, les cloches ont rejoint le beffroi avec un changement par rapport à leur répartition d origine. Ainsi les deux plus grosses sont en bas pour mieux équilibrer les charges de ces cloches de bronze. Désormais, leur son rythme à nouveau la vie paroissiale. Les 3 cloches La Vendômoise Baptisée Justine Marguerite Marie du Sacré Cœur en hommage au prénom de sa donatrice M elle Aupeltier-Cotereau Date : 1896 fondue par Georges Bolée Poids : 1,5 tonnes de bronze Note : do#3 Honorine Raymonde Sauzine Renée Emilie Date : 1826 fondue par Nicolas Peigney classée le 2/07/1943 Poids : 980 kg de bronze Note : ré#3 Date : 1814 fondue par Nicolas Peigney Poids : 750 kg de bronze Note : mi#3 L intérieur de la flèche de pierre est creux pour servir de caisse de résonance aux cloches. Au fond de la flèche, on aperçoit le système de fixation de la croix, une armature métallique appelée «l araignée». Bénédiction par François Brossier des cloches fleuries le 2 août 2009 Le chantier La Ville de Vendôme, propriétaire de l église Sainte Madeleine remercie tous ceux qui ont participé au chantier de restauration du clocher de l église de la Madeleine. Le chantier a été coordonné et suivi techniquement par le cabinet d architectes Trouvé & Tchepelev, le bureau d études Bâtiments de la Ville de Vendôme, l Architecte des Bâtiments de France, les contrôleurs techniques de l APAVE et la coordinatrice SPS d AB coordination, ainsi que l expert campanaire (étude des cloches) auprès du Ministère de la Culture. Les entreprises sont pour la maçonnerie l entreprise Guèble, pour la couverture, zinguerie, charpente et menuiserie l entreprise Delestre, la serrurerie l atelier Couliou Frères, le paratonnerre l atelier Mamias, l électrification des cloches l entreprise Bodet et pour la mise en lumière l agence Quadra (conception) et l entreprise Lesens Centre Val de Loire (réalisation). budget Coût de l opération : 1 300 000 euros dont 1 039 113 euros pour la ville de Vendôme Co-financeurs : Département de Loir-et-Cher à hauteur de 160 887 euros et l État (DRAC Centre) à hauteur de 100 000 euros Crédits photographiques : Communauté du pays de Vendôme (Antonin Veillith, Animation du patrimoine), Bibliothèque (fonds ancien), Cabinet d architectes Trouvé & Tchepelev (J Tasseau), François Brossier, Gérard Carroué.
Préserver et partager! Notre ville peut s enorgueillir d un riche patrimoine monumental qui a déjà mobilisé un volume public d investissement conséquent depuis 20 ans (plus de 7 millions d euros). Ainsi ce sont successivement les 4 faces de la tour Saint-Martin, les couvertures de l abbatiale de la Trinité, les faces Nord et Est de la Chapelle Saint-Jacques, la charpente de l église de la Madeleine et le château qui ont fait l objet de travaux de sécurisation ou de restauration. Par son importance et sa visibilité, la restauration du clocher de l église de la Madeleine est emblématique de notre politique volontariste en faveur du patrimoine. Il nous a semblé important avec le partenariat de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre de garder une trace des travaux entrepris, pour les Vendômois mais aussi pour le public scolaire. Ce livret permet de rendre compte de la complexité et de l ampleur du chantier qui a fait appel à une large diversité de métiers et de savoir-faire exercés le plus souvent par des entreprises de notre région. De nouveaux investissements nous attendent. Nos efforts doivent à présent concerner le monument phare de notre ville l église abbatiale de la Trinité. Avec le soutien renouvelé de l État et du Conseil général et avec la participation exceptionnelle du Conseil régional du Centre, nous allons dans les deux prochaines années commencer la restauration de l ensemble des maçonneries de l édifice par des interventions sur la façade principale et sur des arcs-boutants situés au sud de l église abbatiale. Catherine Lockhart Maire de Vendôme Novembre 2009 Direction de la culture et de l animation du patrimoine Création Atelier Malcanis /JPM