PDCEN: COMMUNE DE MONTREUX Potentiel de valorisation de la géothermie. Document No 2.4.5

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PDCEN: COMMUNE DE MONTREUX Document No 2.4.5

SOMMAIRE 1. Introduction... 3 1.1 Description et définition de la ressource... 3 1.2 Etat de la technique actuel et futur... 4 1.3 Chiffres clés... 5 1.4 Principaux avantages et critiques... 6 2. Etat actuel de la ressource sur le territoire communal... 7 2.1 Méthodologie employée... 7 2.2 Consommations/Productions existantes... 7 2.3 Carte de la ressource...13 3. Potentiel mobilisable...14 3.1 Méthodologie proposée...14 3.2 Limites du potentiel mobilisable...14 3.3 Potentiel mobilisable à court terme...14 3.4 Potentiel mobilisable à long terme...15 3.5 Impacts sur le territoire...15 3.6 Carte des potentiels mobilisables...15 4. Proposition d actions...16 4.1 Opportunité pour développer un projet phare...16 4.2 Opportunité d actions...16 5. Conclusions...17 Version N Date Auteur Relecteur Distribution à 01 28.11.2013 Yves Chevillat Martin Kernen Commune de Montreux 02 07.02.2013 Yves Chevillat Martin Kernen Commune de Montreux

3 1. Introduction 1.1 Description et définition de la ressource La Société Suisse pour la Géothermie (SSG) définit la géothermie comme suit : «L énergie géothermique désigne la chaleur stockée dans le sous-sol, principalement issue de la radioactivité naturelle des roches de la croûte terrestre. Ce que l'on appelle géothermie, c'est l'utilisation de cette chaleur.» Les principaux usages énergétiques de la géothermie sont : le chauffage de bâtiments, en direct ou au moyen d une pompe à chaleur. Ce chauffage peut être individuel (par bâtiment) ou collectif (chaleur distribuée par un chauffage à distance). Dans certains cas, le forage géothermique sert également pour le rafraîchissement du bâtiment. la production d électricité, éventuellement couplée avec du chauffage/refroidissement de bâtiments via un chauffage à distance. L exploitation de cette ressource présente plusieurs intérêts : elle est indigène et renouvelable, elle présente un bilan neutre en gaz à effet de serre,

4 1.2 Etat de la technique actuel et futur Les principaux moyens d utiliser la géothermie, sont représentés dans la Figure 1 : Figure 1 : Principaux modes d utilisation de la géothermie en Suisse (CREGE, 2010) La récupération de chaleur du sous-sol peut être réalisée grâce à différents types d installations en fonction de la ressource disponible. A faible profondeur (1-500m), la chaleur se récupère de manière indirecte via des «Sondes géothermiques verticales», «Champs de sondes», «Corbeilles géothermiques», «Géostructures énergétiques» et énergie des «nappes phréatiques». On désigne ces techniques par le terme «géothermie basse enthalpie», voire parfois «géothermie très basse enthalpie». A moyenne profondeur (~1-2.5km), la chaleur des «nappes phréatiques» se récupère de manière directe ou indirecte. On désigne ces techniques par le terme «géothermie basse enthalpie». A grande profondeur (4-6km), la chaleur se récupère au travers des «Aquifères profonds» ou avec des «Systèmes Géothermiques Stimulés». On désigne ces techniques par le terme «géothermie moyenne enthalpie» ou «géothermie haute enthalpie», suivant que la température de sonde est inférieure ou supérieure à 150 C. En région alpine, la géothermie s utilise sous forme d «Eaux thermales» ainsi que par la récupération de la «Chaleur des tunnels». En Suisse, les températures rencontrées n étant pas élevées, ces techniques seront classifiées dans la «géothermie basse enthalpie» 1.2.1 SONDES GÉOTHERMIQUES VERTICALES Pour une sonde géothermique verticale (SGV), un forage est réalisé à faible profondeur. Un tuyau appelé sonde, y est inséré. Les interstices entre la sonde et le sous-sol sont comblés à l aide d une sorte de béton (bentonite). Un fluide est ensuite introduit dans la sonde et, en circulant, celui-ci va se réchauffer de quelques degrés. Cette chaleur va être ensuite récupérée et valorisée au travers d une pompe à chaleur. 1.2.2 CHAMPS DE SONDES Le champ de sonde est la mise en réseau de plusieurs sondes géothermique verticales. Dans la norme SIA 384/6, On parle de champ à partir de 5 sondes. 1.2.3 CORBEILLES GÉOTHERMIQUES ET SONDES HORIZONTALES Dans le cas où une SGV n est pas autorisée, il existe des solutions où la sonde est placée, à quelques mètres de profondeur dans la terre, soit horizontalement, soit enroulée de manière à former une sorte de corbeille enterrée.

5 1.2.4 GÉOSTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES Lorsque des pieux sont requis pour garantir la tenue structurelle d un bâtiment, il peut être intéressant de garnir ces pieux de sondes. La géostructure sert ainsi de stock énergétique dans lequel on injecte de la chaleur en été, chaleur qu on récupère en hiver pour chauffer le bâtiment. 1.2.5 GÉOTHERMIE SUR LA NAPPE PHRÉATIQUE OU HYDROTHERMIE Certains sous-sols contiennent une proportion importante d eau, on les désigne comme «nappe phréatique». Lorsque certaines conditions particulières, tant techniques que légales sont réunies, il est possible de pomper cette eau, afin d en extraire de la chaleur, puis de réinjecter l eau dans la nappe ou dans un cours d eau proche. Bien que cette technique soit plus délicate que les SGV, elle est généralement intéressante de par la faible longueur des forages et par la densité énergétique disponible plus importante que dans le cas des SGV. La production de chaleur à partir de l eau peut également se faire avec l eau de lac. Elle est pompée par une station de pompage et son énergie thermique est ensuite utilisée dans une ou plusieurs pompes à chaleur pour produire de la chaleur utilisable pour chauffer un ou plusieurs bâtiments. Après son utilisation, l eau est ensuite réintroduite dans le lac. Deux types de configurations sont possibles pour subvenir aux besoins en chaleur : réseau froid avec pompes à chaleur décentralisées chez chaque client, réseau chaud avec pompe(s) à chaleur centralisée(s), puis distribution de chaleur aux consommateurs. Le réseau chaud présente l inconvénient de pertes de chaleur à moins d isolation supplémentaire. Le réseau froid semble donc, à priori, plus indiqué. 1.2.6 AQUIFÈRES PROFONDS Lorsque des eaux souterraines sont présentes à une profondeur de 1 à 3 km, il est intéressant d'en exploiter directement la chaleur. Lorsque leur température atteint ou dépasse 100 C, voire 90 C, la production d'électricité devient possible! 1.2.7 EAUX THERMALES Certaines eaux souterraines circulent relativement profondément avant de remonter à la surface. Elles acquièrent ainsi une température élevée qui est souvent valorisée dans des bains publics. 1.2.8 SYSTÈMES GÉOTHERMIQUES STIMULÉS Sur le modèle des aquifères profonds, il est possible de créer artificiellement un circuit hydraulique à grande profondeur, et ce afin de produire de l électricité et de la chaleur. Pour créer ce circuit, on injecte dans un puits dit «d injection» un fluide à haute pression qui va créer des microfissures jusqu au(x) puits dit(s) de «production». 1.3 Chiffres clés En Suisse, on admet généralement que les sols ont une température moyenne supérieure de 1 à celle de l air. A Montreux, la température moyenne de l air est de 10,1 C 1, on peut raisonnablement espérer un sol à 11,1 C. A mesure qu on descend profond dans le sous-sol et à moins de rencontrer des conditions géologiques particulières, la température va s élever à raison 1 http://www.meteosuisse.admin.ch/files/kd/climsheet/fr/cla_norm6190.pdf

6 de 30 C par kilomètre. À 300m on aura ainsi 24 C. A noter que, à partir de quelques mètres de profondeur, la saison n a pas d influence sur la température. L exploitation du potentiel de la nappe phréatique est directement liée aux consommateurs de chaleur à proximité de la ressource, selon deux critères principaux : le niveau de température du ou des preneurs de chaleur : l adéquation entre le niveau de température de la source de chaleur (offre) et celle nécessaire au bon fonctionnement des installations des preneurs (demande) doit être mise en adéquation. Dans certains cas, par exemple l eau de piscine chauffée par une eau thermale, la ressource peut être utilisée directement. Dans d autres cas, typiquement le chauffage de bâtiments au moyen de sondes géothermiques, le niveau de température de la source de chaleur n est pas suffisant pour les besoins de chauffage et doit être élevé au moyen d une pompe à chaleur. Les preneurs de chaleur les plus intéressants sont ceux dont le niveau de température requis est le plus bas. les besoins saisonniers en chaleur du ou des preneurs : les besoins de chaleur sont généralement saisonniers, avec des exceptions notables comme certaines industries et certaines installations sportives. Les preneurs de chaleur les plus intéressants sont ceux qui consomment de manière régulière toute l année. Le prix de revient de la chaleur pour cette ressource dépend de la configuration du réseau de chauffage à distance valorisant la chaleur produite. Il dépend également du prix de l électricité. Les prix les plus intéressants sont atteints lorsque différentes conditions sont réunies, notamment : densité énergétique des preneurs de chaleur élevée, niveau de température demandé par les consommateurs bas, grands consommateurs et consommateurs en été. A noter que dans le canton de Vaud, l utilisation de pompe à chaleur n est pas reconnue comme production de chaleur renouvelable, notamment dans le calcul de la part obligatoire d énergie renouvelable. 1.4 Principaux avantages et critiques Avantages : la majeure partie (environ 3/4) de la chaleur finale produite est issue de sources renouvelables non fossiles, la part renouvelable peut passer à 100% pour autant que l électricité de la pompe à chaleur provienne de source(s) renouvelable(s), la valorisation du potentiel est intéressante même lorsqu un nombre restreint de consommateurs de chaleur est intéressé, l utilisation locale d une ressource disponible de manière continue et durable, la maintenance du système est peu contraignante (sauf hydrothermie). la géothermie fournit une énergie avec un grand temps de réaction, une grande inertie. Elle est de ce fait bien adapté aux bâtiments bien isolés et aux faibles températures de chauffe, tel qu on les rencontre dans le chauffage au sol Inconvénients: la géothermie a une emprise faible sur le terrain nécessaire au forage, mais non-nulle et souvent réalisées à l extérieur des bâtiments. Elle n est, de ce fait, pas toujours adaptée au

7 milieu urbain, par exemple pour amener la foreuse et le matériel. Mais aussi en cas de conflit avec d autres utilisations du terrain et du sous-sol, tels que routes, conduites, etc... en cas d utilisation importante du potentiel géothermique, particulièrement sur la nappe, les installations s influencent entre elles et les performances diminuent, la maintenance des installations sur la nappe phréatique peut, selon la qualité de l eau de la nappe, être importante (formation de rouille), La géothermie fournit une énergie dite de ruban, elle ne permet pas de couvrir des pointes de consommation. Lorsque la consommation de chaud ou de froid fluctue fortement, comme dans certaines industries, il est nécessaire d associer l installation avec un autre mode de chauffage/refroidissement. Pour optimiser le fonctionnement et le coût de l installation, la PAC est généralement dimensionnée à une puissance de 50% ce qui permet de couvrir 80% des besoins. Les performances de la pompe à chaleur vont dépendre de la température de la source où l on puise l énergie et de la température souhaitée par les preneurs. Plus la différence est grande entre ces deux températures, moins bonnes seront les performances. 2. Etat actuel de la ressource sur le territoire communal 2.1 Méthodologie employée La carte du thème «géologie» du guichet cartographique cantonal 2 est utilisée comme base pour la définition du potentiel de la ressource et ses possibilités d exploitation. Une entrevue a été ensuite effectuée avec Mme Pichon, du DGE-DIRNA 3 /eaux souterraines (anciennement SESA) 4, afin de préciser et de valider la démarche. 2.2 Consommations/Productions existantes 2.2.1 SONDES GÉOTHERMIQUES VERTICALES Le nombre total de projets annoncés est de 106, dont 17 où le détail n est pas connu 5. La profondeur des forages est de 135m en moyenne, cette valeur oscillant entre 70 et 240m (avec deux exceptions à 36m et à 300m). Chaque installation compte en moyenne entre 3 et 4 forages, leur nombre oscillant entre 1 et 12 forages. 16 installations contiennent plus de 4 sondes et peuvent être considérés comme champs de sondes. Le cumul de la profondeur des forages connus atteint ainsi 43 000m ou 43 km. En première approximation, les spécialistes estiment que chaque mètre linéaire de forage permet de fournir 80kWh en une année. Valorisés au travers d une Pompe à Chaleur (PAC), ces 43 kilomètres fournissent l équivalent de 4,6 millions de kwh ou 4,6 GWh. 2 http://www.geoplanet.vd.ch/index.php 3 Direction des ressources et du patrimoine naturels 4 Service des eaux, sols et assainissement 5 Seules 40 sondages géologiques pour sondes géothermique sont recensés dans le géoportail vaudois pour la commune de Montreux (+ 1 géothermie sur la nappe et 152 géotechniques ou non publics). Le site publie uniquement les forages pour lesquels un relevé géologique a été fourni au canton.

8 Installations SGV annoncées au SESA 106 Dont le nombre et la profondeur sont connus 89 Contenant un relevé géologique (géoportail) 40 Profondeur moyenne des forages Longueur totale cumulée des 86 installations connues Energie de chauffage correspondante 135 m 43'000 m 4'580'000 kwh th Tableau 1 : Principales valeurs de la ressource actuelle des SGV de la commune de Montreux 2.2.2 CHAMPS DE SONDES Inclus dans le 2.2.1. 2.2.3 CORBEILLES GÉOTHERMIQUES ET SONDES HORIZONTALES L installation de ces installations ne nécessite pas une déclaration et une autorisation du SESA. Il arrive toutefois qu un propriétaire ayant reçu un avis négatif pour une demande de SGV annonce se tourner vers ces solutions. Ces solutions sont toutefois peu répandues, des mauvaises expériences avec des installations sous-dimensionnées ayant fait mauvaise presse à ce type de solutions. Le DGE-DIRNA/eaux souterraines a répertorié 4 sondes horizontales. L énergie correspondante n est pas connue, mais doit être faible proportionnellement aux autres technologies. 2.2.4 GÉOSTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES Le prix moyen du kilowattheure thermique produit est fonction des caractéristiques du projet, des conditions du sous-sol et du prix de l énergie primaire. Il se situait en 2003 entre 8 et 16 centimes, avec une tendance marquée à la baisse 6. 6 Wilhelm J., Bianchetti G. & Vuataz F.-D. (2003)Evaluation du potentiel géothermique du canton de Vaud. : 7-34.

9 2.2.5 GÉOTHERMIE SUR LA NAPPE PHRÉATIQUE OU HYDROTHERMIE 3 installations ont reçu des concessions pour le pompage de la nappe. Ces concessions spécifient le débit maximum «D» et la différence de température maximum«dt» entre le pompage et la restitution. Ces données permettent de déterminer les puissances maximums disponibles avec un COP eau-eau standard. Installation a Installation b Installation c Débit 54 36 18 [m 3 /h] Delta de température 3 3 3 [K] Coefficient de performance (COP) 5 [-] Puissance thermique 235 157 78 [kw] Energie thermique 423'345 282'230 141'115 [kwh th /an] 846'690 [kwh th /an] Tableau 2 : Principales valeurs de la ressource actuelle d hydrothermie de la commune de Montreux Depuis 1989, la Commune de Montreux a mis en place une station de pompage pour le rafraichissement du 2m2c (Centre des Congrès et Musiques Montreux) et du Montreux Palace. Les données présentées ci-dessous sont contractuelles (Convention de juin 1989 et annexe à la convention du 22.11.2002.) Puissance Froid utilisée Unités Concession octroyée 2 000 [m 3 /h] Débit 860 [m 3 /h] Delta de température 5 [K] Puissance froid 5'000 [kw] Energie thermique froide 2'640'000 [kwh th /an] Tableau 3 : Principales valeurs de la ressource actuelle d hydrothermie de la commune de Montreux A ce jour, il n est pas signalé de chauffage à distance par la géothermie sur la nappe en Suisse. Quelques CAD utilisent l hydrothermie sur le lac, tels que Genève-Lac-Nation, la Tour-de-Peilz. Montreux dispose d un petit CAD froid pour le rafraichissement de deux bâtiments. En plus de pouvoir étendre le réseau froid sous certaines conditions (cf document 2.2.1), on peut sans peine envisager des configurations en réseau pour produire de la chaleur pour autant que les débits disponibles soient suffisants.

10 2.2.6 AQUIFÈRES PROFONDS La division de l énergie de l Etat de Vaud, a évalué le potentiel des aquifères profonds du canton 7 et rapporte qu il n y en a pas dans la région de Vevey-Montreux. 2.2.7 SYSTÈMES GÉOTHERMIQUES STIMULÉS La division de l énergie de l Etat de Vaud, a évalué le potentiel des systèmes géothermiques stimulés du canton et signale que la région de Vevey-Montreux est l une des 4 agglomérations vaudoises à avoir un potentiel intéressant. L entreprise Petrosvibri SA rapporte, lors d une conférence en 2010 8, une température de 105 C à 3'500 m. Ce qui permet de déduire un gradient moyen linéaire de 28.5 C/km et d envisager une installation de système géothermique stimulé à cette profondeur. 2.2.8 EAUX THERMALES Pas de potentiel signalé sur le territoire de la commune. 7 Evaluation du potentiel géothermique du canton de Vaud, groupement PGV, n projet 46'094, état de Vaud, juillet 2003 8 Werner Leu, Journée romande de la géothermie 2010, Noville-1, 2010

11 2.2.9 CARTES DES CONSOMMATEURS EXISTANTS Figure 1 : Carte des sondages géologiques recensés de la commune de Montreux. (basée sur une liste de la DGE-DIRNA/eaux souterraines, Vaud 2013)

12 Figure 2 : Carte des consommateurs existants pour l hydrothermie, (état de Vaud, swisstopo 2009)

13 2.3 Carte de la ressource Il est ressorti de la discussion avec la DGE- DIRNA/eaux souterraines que la disponibilité de la ressource pouvait s envisager comme suit : Les alentours de l embouchure de la baye de Montreux sont adaptés à la géothermie sur la nappe. Les alentours de l embouchure de la baye de Clarens sont également potentiellement adaptés. Pour le confirmer/infirmer, il est nécessaire d effectuer un test de pompage, afin de déterminer si les débits extractibles sont suffisants. Les terrains proches des rives du lac ainsi que l ouest de la commune sont adaptés aux forages à faible profondeur (SGV). Le secteur jaune est adapté uniquement aux sondes horizontales et corbeilles géothermiques de même que la zone bleu ciel sous condition. Les zones bleu foncé interdisent toute installation géothermique. Figure 3 : Carte de la ressource géothermique sur la commune de Montreux, (élaboré sur la base de discussions avec DGE-DIRNA /eaux souterraines, Vaud, 2013)

3. Potentiel mobilisable 3.1 Méthodologie proposée Une évaluation du potentiel de la géothermie basse enthalpie de la région Vevey-Riviera est en cours de réalisation au DGE-DIRNA/eaux souterraines, dans le cadre d un cadastre géothermique vaudois. Cette étude, dont la sortie est prévue courant 2014, répondra précisément à la question du potentiel mobilisable. Il est donc proposé de ne pas procéder à une quantification, assurément plus approximative que cette étude et d attendre la parution de celle-ci. Les cartes seront donc à modifier dès la finalisation de ce cadastre. 3.2 Limites du potentiel mobilisable Les limites à l exploitation optimale du potentiel sont les suivantes : La carte en 2 donne les zones où la géothermie à basse enthalpie est possible et sous quelle forme. L utilisation du sol entre en concurrence avec d autres services à la population : bâti, souterrains, eaux claires et grises, électricité, etc. Cela est particulièrement notable, voire critique en zone urbaine. Les installations SGV proches s influencent mutuellement, ce qui diminue la performance de chacune. Une solution consiste à diminuer le nombre de sondes, et d en augmenter la profondeur (300-500m). Ce domaine est toutefois moins bien connu et plus cher. L influence entre installations d hydrothermie fait l objet d une étude obligatoire liée à l obtention de la concession de pompage : Il est demandé de contrôler que la température ne dérive pas et n influence pas significativement les installations existantes et le milieu ambiant. Les installations d hydrothermie entraînent la formation d un cône de déversement. Si le retrait qu il provoque est important, cela peut provoquer un affaissement des structures alentours. La géothermie s adresse essentiellement aux immeubles neufs ou rénovés. Pour les autres bâtiments, il est souhaitable de privilégier d abord la rénovation avant de changer de source de chaleur. Pour les grands consommateurs, l utilisation de chaudières d appoint est préconisée pour répondre aux pics de demande de consommation. Une régulation adaptée est alors nécessaire pour garantir la performance des pompes à chaleur. 3.3 Potentiel mobilisable à court terme Le potentiel mobilisable à court terme se fonde sur les hypothèses ci-dessus. Les sondes géothermiques verticales, de champs de sondes, et de géostructures énergétiques peuvent être mobilisées à court terme et de manière non-coordonnée. Elles sont à considérer, dans les zones autorisées, pour toute nouvelle construction ou rénovation, en particulier dans les zones à faible densité énergétique. Des projets individuels de géothermie sur la nappe pourraient être réalisés à court terme dans les zones désignées comme telles. Toutefois, Il paraît raisonnable d estimer

15 auparavant le potentiel des zones afin de ne pas péjorer un éventuel projet plus large ou de coordonner de plus petits projets. Une station de pompage d eau du lac est déjà existante pour le rafraichissement de deux bâtiments sur le territoire de la Commune (Cf document 2.2.1). La réalisation d une étude de faisabilité permettra de déterminer la faisabilité technique et économique pour produire de la chaleur et alimenter un chauffage à distance. La concession est de 2'000 m 3 /h et est utilisée à 50% pour rafraichissement. Comme signalé aux 2.2.6 et 2.2.8, les aquifères profonds et les eaux thermales n ont pas de potentiel dans la commune de Montreux. A court terme, la réalisation de systèmes géothermiques stimulés n est pas envisageable. Pour exemple, l étude de faisabilité du projet de Saint-Gall a été réalisée en 2009 et le projet est toujours en phase exploratoire en 2013. La puissance disponible dans la géothermie (source froide) sera donnée par le cadastre géothermique vaudois. Le potentiel d énergie thermique finale disponible en sortie des pompes à chaleur sera calculé en fonction de la puissance disponible dans la géothermie. 3.4 Potentiel mobilisable à long terme Le potentiel mobilisable à long terme pourrait être influencé par la mise en place de CAD dans la baye de Montreux et en fonction des débits disponibles, celle de Clarens. Le potentiel mobilisable à long terme pourrait être influencé par la mise en place de systèmes géothermiques stimulés. Cette solution permettrait également de générer de l énergie électrique. 3.5 Impacts sur le territoire L utilisation de cette ressource a pour conséquence d abaisser localement et de quelques degrés la température des sous-sols ou des nappes ou de l eau du lac, ce qui constitue une conséquence peu préjudiciable à l environnement. Le risque de polluer le sous-sol ou de connecter des nappes auparavant distinctes au travers des forages est minime, grâce aux zones de protection des eaux L impact sur le milieu naturel est ainsi négligeable. 3.6 Carte des potentiels mobilisables En attente du cadastre géothermique vaudois.

16 4. Proposition d actions 4.1 Opportunité pour développer un projet phare La chaleur des eaux de la nappe de la baye de Montreux constitue une source d énergie durable et renouvelable à basse température. Cette chaleur peut être récupérée et valorisée par des pompes à chaleur dans le cadre d un projet de chauffage à distance, vraisemblablement par un réseau froid avec pompes à chaleur décentralisées chez chaque client, ou alors par un réseau chaud avec pompe(s) à chaleur centralisée(s), par exemple proche du puits de production et distribution de chaleur aux consommateurs. Cette ressource a l avantage d être très proche des consommateurs, son potentiel semble important tant en chaleur, mais aussi en refroidissement. La température à disposition semble plus élevée que celle du lac, ce qui permettra de meilleurs rendements pour les PAC. La proximité du lac apportera peut-être 2 autres avantages par rapport à la restitution de l eau pompée : On pourra peut-être la rejeter dans le canal ou dans le lac, ce qui limite le nombre de forages. On pourra peut-être également obtenir une dérogation quant à la température de restitution, ce qui permettrait de retirer plus d énergie sur un puits. Il est donc conseillé de vérifier et planifier un tel projet, qui apporte l avantage d être novateur sur le principe du CAD sur la chaleur des eaux de la nappe, mais basé sur des technologies éprouvées dans les domaines très proches des CAD sur la chaleur des STEP ou du lac. 4.2 Opportunité d actions Les actions suivantes pourraient faciliter la mise en place et le succès du projet phare de chauffage à distance valorisant la chaleur des eaux de la nappe: Simulations du potentiel de la nappe spécifiquement sur la baye de Montreux, Réalisation d un avant-projet de CAD dans la Baye de Montreux Réflexion parallèle sur l utilisation d éventuelles chaudières d appoint chez les consommateurs pour les pointes hivernales, dans ce cas accent mis sur une régulation de grande qualité, Recherche dans le périmètre de consommateurs de chaleur intéressés au projet, Intégration au projet de consommateurs de froid pour le rafraichissement de locaux. Une autre action, en lien avec la mise en place de systèmes géothermiques stimulés consiste en une veille des résultats du forage de Noville.

17 5. Conclusions Le potentiel mobilisable annuel de chaleur finale valorisable n est pas encore estimé, il fait toutefois l objet d un potentiel précis régional de la part du canton. Les opportunités d actions listées précédemment permettraient la mise en place d un projet phare utilisant cette ressource. La communication est un aspect premier afin d anticiper les questions et rassurer les clients potentiels quant à la maturité de la technologie et aux précautions de conceptions nécessaires. La recherche de nouveaux clients est le deuxième point clé qui permettrait d assurer la réussite d un tel projet. Le calendrier influence également favorablement la mise en œuvre d un tel projet, en effet, d ici 2015 des chaudières de puissances importantes devront être assainies dans la zone concernée. Par ailleurs des travaux de génie civil sont également prévus et permettraient de faciliter la pose des conduites du chauffage à distance. Depuis 10 ans, la valorisation de la chaleur des eaux épurées de STEP et depuis 5 ans celle du lac sont des technologies performantes, éprouvées. Les exemples phares sont notamment le réseau STEP de Schlieren (ZH) avec déjà 11 MW installés et le réseau Lac-Nation à Genève avec déjà 20MW installés. Yves Chevillat Ingénieur de projets Martin Kernen Directeur adjoint PLANAIR SA; YCT/MKN; Yverdon, 07 février 2014