Le cahier de vie Fonctions et apprentissages Animation pédagogique, La Crèche, le 10 décembre 2008 Plan de l animation I Les origines du cahier de vie II Les fonctions III Les apprentissages IV Le cahier V La participation des familles Bibliographie I Les origines du cahier de vie Ils sont issus d une pratique pédagogique active, pédagogie Freinet, s appuyant sur les expériences de vie. L appellation «Cahier de vie» réapparaît à la fin des années 80 sous l impulsion de l AFL. L outil et la pratique sont orientés vers l apprentissage de la lecture et de l écriture. Ces compétences à acquérir sont d abord analysées comme des pratiques sociales. Depuis, la pratique du cahier de vie s est développée. La variété de ces pratiques également. La multiplicité des pratiques développées à partir d une même idée est un mode opératoire assez courant à l école maternelle. II Les fonctions A - Développer un contexte de communication dont l enfant est le centre Une réelle communication entre l école et la famille pour réussir à intéresser les parents : Aux projets de l école, aux projets de la classe. Le cahier de vie rend compte des différentes activités menées en classe, à l école. Aux apprentissages sous-tendus par un partage des démarches. Le cahier de vie rend lisibles les buts éducatifs de l école. De rendre compte des apprentissages de l enfant. Une communication au sein de l équipe enseignante pour réfléchir à une progression de la PS à la GS et aux conditions de sa mise en oeuvre. Β Favoriser l accueil de l enfant et entretenir des liens avec sa famille des dispositifs didactiques plus subtils, comme les cahiers de vie, donnent à ces relations écolefamille une intensité et une chaleur d autant plus importantes qu ils font de l enfant, lui-même, le meneur de jeu des ces échanges,
D accueillir et accompagner chaque enfant selon sa personnalité. De donner une place aux intérêts et à la vie de l enfant. D accompagner l enfant dans son métier d élève. C - Recueillir des écrits témoignant de moments vécus dans la classe ou en dehors de la classe De collecter des écrits ou des objets prélevés autour d évènements de la vie de l enfant et qui en portent le témoignage. La fréquentation d un large choix d écrits dont les usages sont divers. De recueillir des écrits qui ont une fonctionnalité en dehors de l école. De mettre en scène le rôle de mémoire de l écrit. De montrer que l écrit est intangible. De catégoriser certains types d écrits. D organiser des supports concrets de culture commune. D - Porter la mémoire de la vie de l enfant, de la vie de la classe De constituer une mémoire personnelle. De constituer une mémoire collective. Les cahiers, mémoires de vie, Eve Leleu-Galland, CNDP, 2002. III Les apprentissages A - S approprier le langage Le cahier de vie favorise la création d échanges privilégiés durant lesquels l adulte aide l enfant à oraliser : Utilisation du «je» de l énonciation puis du «nous». Expression de la causalité par l emploi «d embrayeurs» (parce que, dès que, puisque, ). Expression de la temporalité pour situer le moment que l on évoque par rapport au moment où l on parle, pour préciser la succession des évènements. Utilisation du langage en situation. Utilisation du langage d évocation. Acquisition de vocabulaire. Développement de la conscience lexicale (constitution de familles de mots, lexique lié à un thème). B - Découvrir l écrit Se familiariser avec l écrit : Identification des principales fonctions de l écrit. Découverte de la langue écrite : le cahier de vie peut recueillir des textes ou des extraits. Il peut également être la mémoire du parcours de lecteur de l enfant.
Production d énoncés oraux dans une forme adaptée pour qu ils puissent être écrits par un adulte : dictée à l adulte. Se préparer à apprendre à lire et à écrire : Découverte du principe alphabétique par la production d écrits autonomes : l écriture approchée. Acquisition du geste graphique : le cahier de vie peut être un support aux activités de graphisme ou d écriture. C - Devenir élève Vivre ensemble : «Les enfants éprouvent le plaisir d être accueillis et reconnus La dimension collective de l école maternelle est une situation favorable pour que les enfants apprennent à dialoguer entre eux et avec les adultes» Comprendre ce qu est l école : «Les enfants doivent comprendre ce qu on apprend à l école et pourquoi on l apprend Ils établissent une relation entre les activités matérielles qu ils réalisent et ce qu ils en apprennent (on fait cela pour apprendre, pour mieux savoir faire).» D - Découvrir le monde «À l'école maternelle, l'enfant découvre le monde proche ; il apprend à prendre et à utiliser des repères spatiaux et temporels. Il observe, il pose des questions et progresse dans la formulation de ses interrogations vers plus de rationalité. Il apprend à adopter un autre point de vue que le sien propre et sa confrontation avec la pensée logique lui donne le goût du raisonnement. Il devient capable de compter, de classer, d'ordonner et de décrire, grâce au langage et à des formes variées de représentation (dessins, schémas)» Se repérer dans le temps, dans l espace : Utiliser des repères dans la journée, la semaine et l année; Situer des évènements les uns par rapport aux autres; Se repérer dans l espace d une page; Comprendre et utiliser à bon escient le vocabulaire du repérage et des relations dans le temps et dans l espace. E - Percevoir, sentir, imaginer, créer «Familiariser les enfants avec les formes d expression artistique les plus variées; Ils éprouvent des émotions et acquièrent des premiers repères dans l univers de la création.» Le dessin et les compositions plastiques : «Les enfants découvrent, utilisent et réalisent des images et des objets de natures variées L enseignant les encourage à commencer une collection personnelle d objets à valeur esthétique et affective.» La voix et l écoute : «répertoire de comptines et de chansons» IV Le cahier A - La forme Grands albums type papiers peints. Le classeur facilite l ajout d éléments hors chronologie. Souvent privilégié pour les albumsmémoire collectifs.
Le petit cahier. Le cahier 24x32 est certainement le format le plus utilisé et le mieux adapté à l usage. B - Le fonctionnement Il peut coexister avec le cahier de vie de la classe. Des éléments de ce dernier seront photocopiés pour être mis dans le cahier de vie individuel. Il est emporté régulièrement à la maison. Fréquence: une fois par semaine, tous les quinze jours, mais uniquement à la veille des vacances n est pas suffisant. On gagnera à le mettre dans un sac. L élève participe à son élaboration et connaît bien son contenu. Le fonctionnement sera facilité par une bonne information en réunion de rentrée et une première page rappelant les fonctions, le fonctionnement et le rôle de chacun. Le retour du cahier Entre l élève et l enseignant. Au moment de l accueil des lundi et mardi, au moment du réveil échelonné de la sieste. Entre l élève et toute la classe au moment des regroupements. Entre l élève et un groupe lors d un atelier de langage. C - Les contenus Les pages spécifiques : La première page : L enseignant y rédige un petit texte qui reprend les propos de la réunion de début de l année. Il y explique le rôle et le fonctionnement de ce cahier de vie. Une page regroupant les règles de vie de la classe et de l école. Une page où sont présentés la classe et les adultes de l école par des photos légendées. On peut trouver dans le cahier de vie le témoignage d activités variées : Des évènements collectifs liés à des projets de la classe (sortie, semaine du goût, réalisation d une recette, défilé de carnaval, ), conviviaux (!) ou individuels (naissance d un petit frère, ). Des comptines, poésies et chansons apprises, entendues ou composées par les élèves. Des séquences de découverte du monde : Des observations sur le corps, les plantes, les animaux. Des expériences : Propriété des matériaux, existence de l air Des problèmes techniques : Elaborer une liste de matériel après observation et démontage d un objet Des problèmes mathématiques que l on a essayé de résoudre : Comment partager les œufs de Pâques Déroulement d une journée de classe, calendrier mensuel Des éléments du parcours de lecteur de l enfant : Les albums d un auteur. Les albums liés par le même thème. Les albums dans lesquels on trouve le même personnage. Différentes versions de la même histoire. Les albums d un prix de lecture, que nous avons aimés Le résultat de recherches : Images choisies en fonction d un critère, mots découpés dans la presse Les grands jalons de l apprentissage. Penser à organiser le cahier en catégorisant les traces. Utiliser pour cela des gommettes de couleur dans le coin en haut à droite. Les feuilles comportant des gommettes de même couleur concernent les mêmes activités.
D - La forme des traces Les traces rassemblées dans le cahier de vie sont très variées : Des textes composés en dictée à l adulte collectivement, en petit groupe. Des textes imprimés, dactylographiés ou mis en forme en traitement de texte. Des dessins à visée esthétique ou d observation. La différence entre les deux devra être clairement définie. Des plans et représentations schématiques : parcours, itinéraires, arbre généalogique Des photographies, articles de presse Des reproductions d œuvres d art, des cartes postales, des collages divers. Des photocopies pour témoigner partiellement des activités collectives (couvertures d albums ). Des écrits produits par les élèves : essais d écriture, écrits autonomes V La participation des familles A - Veiller à ne pas accentuer les disparités Faut-il demander aux familles «d écrire» dans le cahier de vie? Pour induire plus facilement une participation des familles, il peut être judicieux d écrire au sommet de la première page blanche à la suite des pages d activités, la date et une phrase qui engage à écrire, dessiner, coller Ce peut être quelque chose de très large ou bien une piste en relation avec le contenu récent du cahier. Exemples : - A une veille de vacances : «Avec l aide de ma famille, j écris, je colle, je dessine des souvenirs de mes vacances.» - Avant une séquence sur les plantations : «Quelles sont les plantes (fleurs, légumes, fruits) que nous avons à la maison?» Utiliser une marotte qui va dans les familles à tour de rôle et dont on raconte les aventures. B Différencier Lors de l élaboration, consacrer plus de temps (moments spécifiques de langage ) aux élèves pour lesquels on sait qu il n y aura pas de lecture à la maison. Aménager des temps de (re-)lecture pour ces élèves. Lors du retour du cahier, prévoir des temps pour que les élèves dont la famille ne participe jamais puissent relater par dictée à l enseignant un événement vécu à la maison. Bibliographie Les cahiers, mémoires de vie, Eve Leleu-Galland, CNDP, 2002. Cahier d écrits, cahier de vie, AFL, 1999. Apprentissages progressifs de l écrit à l école maternelle, Mireille Brigaudiot, HACHETTE Education, 2004.