UNE HISTOIRE D ADIEUX : L EMIGRATION PORTUGAISE VERS LE BRESIL (1822-1914)



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UNE HISTOIRE D ADIEUX : L EMIGRATION PORTUGAISE VERS LE BRESIL (1822-1914) Le fils de Vasco Pereira Marramaque était un garçon très pauvre, auquel l amour maternel ne devait pas éviter le travail et le destin que son parrain lui avait préparés. A douze ans, le petit, se serrant contre sa mère, lui demandait de ne pas le laisser partir au Brésil. Camilo Castelo Branco, Novelas do Minho, 2 éd., vol II, p. 178. De l histoire à la littérature, le thème de l émigration a été fréquemment abordé par les auteurs portugais. A plus forte raison quand il s agissait d émigrants allant s installer au Brésil, destination privilégiée des projets d expatriation des Portugais. Les liens avec le Brésil sont devenus si forts que la figure typique du Brésilien fait encore aujourd hui partie de l univers mental des Portugais, particulièrement ceux du nord. La figure du Colon, puis celle de l Emigrant, quittant son Minho verdoyant pour les tropiques américains traverse l histoire du pays, depuis le XVI ème siècle jusqu aux premières décennies du XX ème siècle. L épigraphe ci-dessus est une des innombrables références au Brésil présentes dans l œuvre de Camilo Castelo Branco1. Le portrait type de l émigrant s y trouve esquissé: celui d un humble adolescent de douze à quatorze ans, natif du Minho, destiné à partir au Brésil en compagnie d un parent, de son parrain ou d un ami de la famille. Il nous est difficile, comme l a remarqué Serrão (1982), d évaluer le nombre total d émigrants pour la période antérieure au milieu du XIXème siècle. Cependant, dès 1830, Alexandre Herculano qualifiait de stupéfiante l émigration portugaise qui, à l époque, était synonyme d émigration vers le Brésil 2. Cette situation s est maintenue, avec des hauts et des bas, jusqu aux années 1950, quand l émigration portugaise avait encore le Brésil comme destination principale 3. Ce n est que plus récemment, il y a trente ou quarante ans, que le mouvement a connu une évolution et s est davantage porté vers les pays européens, particulièrement la France, et que le Brésil a commencé à perdre sa prépondérance 4. Historiquement, c est la région nord-ouest du Portugal, plus précisément le Minho, qui a le plus contribué à alimenter le courant migratoire vers le Brésil. Ce n est donc pas un hasard si la figure du Brésilien, c est-à-dire du Portugais enrichi de retour à la terre natale, est si bien représentée dans l œuvre de Camilo Castelo Branco. Joel Serrão, pour la période de 1866 à 1960, distingue quatre zones de départ : le nord (à partir de la rivière Mondego) ; la zone centrale ; l Alentejo et l Algarve (Serrão, 1982 : 137-139). Le district de Porto, avec 15% de participation, a constitué le foyer principal d émigration de la zone nord, qui comprend aussi Aveiro et Viseu (de 10.1 à 15%) ; Braga, Vila Real, Bragança, Guarda et Coimbra (de 5.1 à 10%) ; Viana do Castelo (de 1.1 à 5%). La zone centrale comprend Lisbonne, Leiria, Santarém et Castelo Branco (de 1.1 à 5%). L Algarve se situait au même niveau de participation, alors que l Alentejo ne dépassait pas 1%. Des générations successives de Portugais originaires du Minho ont donc entretenu des rapports étroits et profonds, d abord avec la Colonie, puis avec l Empire et la République du Brésil. L émigration portugaise vers le Brésil a fait partie d un ensemble de stratégies de survie et de reproduction sociale pour beaucoup de familles du Minho. Consciemment ou non, celles-ci ont fait en sorte que le départ périodique vers le Brésil de quelquesuns de leurs membres servît au maintien de la stabilité de l unité productive familiale, fondée sur la petite propriété. L émigration a également fonctionné comme mécanisme d ajustement et d équilibre entre une démographie en expansion et la rareté des ressources disponibles (terres cultivables). L introduction de la culture du maïs dans le Minho avait mis fin à une famine endémique et, dès la première moitié du XVII ème siècle, le maïs était devenu le principal produit agricole de la région 5. Les fils qui quittaient leur maison natale encore très jeunes, comme l a écrit Camilo Castelo Branco dans ses Novelas do Minho, ne semblent pas avoir été l exception. C est ce qui ressort de quelques parcours biographiques que nous livre l histoire du Minho de la deuxième moitié du XIX ème siècle. Le testament laissé par la veuve Catarina Joana de São José, domiciliée au village de São Tiago de Ronfe (commune de Guimarães) et décédée en janvier 1851, fait preuve de l existence de liens solides entre sa famille et le Brésil. Catarina avait été mariée à Manuel José Machado. En héritant de ses parents, Manuel José avait été désavantagé au profit de son frère, Casimiro. Catarina Joana et Manuel José avaient eu six enfants : José, Mariana, Rita (morte en bas âge), António, Josefa et Francisco. Avant leurs vingt ans,francisco et António étaient allés tenter leur chance au Brésil. Comme tant d autres, ils étaient partis à la recherche d opportunités dont l attente de l héritage paternel les aurait certainement privés ; en effet, le système de propriété et d héritage alors en vigueur bénéficiait à certains enfants au détriment des autres, à cause de l institution du terço et du régime de propriété fondé sur les prazos de vida 6.

Francisco et António n avaient pas été les premiers de la famille à partir s installer au Brésil. Un oncle paternel, José, les avait précédés : le testament de ses parents signale un montant de 200.000 réis destiné à couvrir les dépenses de voyage et d installation du rejeton outre-atlantique. Telle semble donc avoir été la stratégie adoptée par la famille pour sa reproduction sociale : à chaque génération, on choisissait un des fils pour prendre la succession de la maison, tandis qu à ses frères étaient réservées d autres destinées, dont l émigration vers le Brésil. Casimiro et Manuel José, les aînés, avaient continué à vivre sous le toit paternel, alors que José et António, les cadets, étaient partis. José, né en 1795, était déjà porté absent en 1795, tout comme António, né deux ans plus tard. Ils avaient donc quitté la maison avant d avoir vingt ans. La destination de José, le Brésil, est connue grâce au testament des parents; celle d António ne nous est pas parvenue. Casimiro, nous l avons vu, hérita de la propriété de la famille à son avantage. Il eut neuf enfants, trois garçons et six filles. L un des aînés, António, était déjà porté absent en 1815 (à dix-sept ans), mais sa destination n est pas indiquée. L autre, José, était mort la même année, à quinze ans. Quant au cadet, Joaquim, il resta auprès de ses parents et se maria avec Bernardina Magalhães le 14 avril 1836. La stratégie de la famille de l héritier favorisé ne semble donc pas avoir envisagé le Brésil comme un horizon possible. Tel n a pas été le cas de son frère Manuel José qui, on l a vu, envoya vers le Brésil deux de ses fils, António et Francisco. Son fils aîné, José, se maria et ne s éloigna jamais de ses parents (Manuel José et Catarina Joana), pareillement à ses sœurs, qui se sont mariées assz tard. António et Francisco auront- ils rencontré au Brésil leur oncle paternel José, émigrant de la génération antérieure? Nous n avons pas la réponse. L histoire de cette famille est semblable à celle de nombreuses autres familles du Minho, qui ont fait partir leurs fils vers les terres brésiliennes. Le destin de ceux-ci semble avoir été tracé d avance. La scène des adieux telle que Camilo Castelo Branco l a décrite, l enfant luttant contre la perspective de quitter sa mère, n est certainement pas très éloignée de la réalité, et a dû se reproduire d innombrables fois. Les sources historiques confirment cette image littéraire de jeunes gens, originaires du Minho, se séparant de la famille à un âge précoce. Les passeports délivrés par la municipalité de Fafe entre 1834 et 1862, par exemple, ont été majoritairement destinés à des jeunes de 15 à 29 ans (Monteiro, 1996 : 275). Entre 1835 et 1860, 60% du total des demandes de passeport à Viana do Castelo ont été faites par des jeunes de moins de 20 ans et 48% par des jeunes de moins de 18 ans. (Rodrigues, 1995 : 59-60). Si l on considère qu au cours de la période qui nous intéresse, le Brésil a connu l émancipation politique et la création d un Etat indépendant, on s aperçoit que cela n a en rien modifié le destin de générations de Portugais qui ont continué à alimenter l espoir de s enrichir dans l eldorado brésilien. En cela ils ont été encouragés par le Brésil lui-même qui, comme les autres jeunes nations du continent américain, cherchait à résoudre le problème de l occupation effective de son territoire. A la suite de l émancipation politique du pays, la citoyenneté brésilienne fut très vite concédée aux immigrés portugais qui étaient prêts à jurer fidélité à l Empire brésilien (Acte du 14 janvier 1823). Durant tout le reste du XIX ème siècle, la législation brésilienne a encouragé la venue d émigrants 7. De son côté, la législation portugaise tâche de contrôler la sortie d émigrants en alternant les mesures restrictives avec des périodes de plus grande ouverture à l émigration. La charte constitutionnelle de 1826 établit la liberté de sortie du pays, sous contrôle des règlements en vigueur. Le décret du 18 juillet 1835 attribue au Gouvernement Civil la délivrance de passeports pour la sortie du Royaume par voie maritime. La loi du 20 juillet 1855 renouvelle l interdiction de sortie sans passeport, dès lors exigé de tous les jeunes gens entre 18 et 21 ans, et rend obligatoire la mention des individus ou sociétés voulant s attacher leurs services. Le règlement concernant le transport des émigrants date quant à lui du 1 er mai 1858. Notons qu entre 1896 et 1901, les décrets et les lois chargés de réglementer la sortie de citoyens du pays répriment l émigration : la délivrance de passeport devient gratuite pour ceux qui se destinent à l outremer portugais, alors qu augmente la taxe pour ceux qui partent à l étranger. Pour les Portugais de moins de trente ans, la demande de passeport doit être faite dans leur lieu de naissance. En 1907, une fois de plus, le gouvernement essaye de freiner le courant à destination du Brésil : la loi du 25 avril décrète l obligation de passeport uniquement pour les émigrants, au prix de 7000 réis. Tableau 1 L émigration portugaise de 1870 à 1914. Quinquennats Emigration portugaise

1870-74 68.214 1875-79 60.669 1880-84 82.275 1885-89 90.308 1890-94 142.682 1895-99 134.138 1900-04 115.415 1905-09 191.522 1910-14 291.429 (Leite, 19 : 474) Cette période d environ cent ans, entre l émancipation politique du Brésil et l année 1914, peut être analysée en deux temps : de 1822 à 1870, puis de 1870 à 1914. Pour les premières décennies les données quantitatives sont rares 8 mais pour la suite il est possible d analyser, non seulement le phénomène migratoire dans son évolution globale, mais aussi quelques conjonctures régionales spécifiques. Indéniablement, pour la période de 1870 à 1914, l émigration portugaise montre une tendance générale à la croissance 9, en dépit des mesures législatives adoptées dans le but de la réprimer. De 1875-1879 à 1880-1884 la croissance fait un bond de 35%, puis elle se maintient tout en diminuant son rythme jusqu au milieu de la décennie 1890, quand la tendance s inverse légèrement jusqu au tout début du XX ème siècle. Les années suivantes connaissent à nouveau une croissance remarquable des départs, jusqu à dépasser les 290.000 sorties entre 1910 et 1914. Notons l intérêt suscité chez les hommes politiques et les intellectuels de l époque par la grande vague d émigration qui a touché le Portugal au tournant du siècle. Les chercheurs portugais ont été nombreux à analyser le phénomène. Mentionnons, pour mémoire : Herculano (1873) ; Laranjo (1878) ; Martins (1891) ; Costa (1911) et Carqueja (1916). Plus récemment, au cours des vingt ou trente dernières années, l intérêt pour le thème a repris. Toute une série de travaux ont été publiés, privilégiant l approche quantitative et la macroanalyse : Evangelista (1971) ; Serrão (1982) ; Godinho (1978) ; Arroteia (1983) ; Pereira (1981 ; 1993) et Baganha (1990). C est à partir des années 1990 qu ont commencé à apparaître des études abordant le phénomène à l échelle régionale. Nous disposons à présent d enquêtes récentes sur les districts de Porto (Alves, 1994), Viana do Castelo (Rodrigues, 1995a) et Aveiro (Lopes, 1995), et sur les communes de Fafe (Monteiro, 1996) et Guimarães (Cunha, 1997). Tous ces auteurs prennent pour référence le grand courant migratoire qui, à partir de 1890, a porté le taux moyen annuel de l émigration portugaise à 4 pour mille (Rowland, 1991 : 142). Baganha, par exemple, nous présente les données relatives à la période 1854-1930, y compris une estimation du nombre d émigrants clandestins. La méthodologie adoptée confronte les données officielles de l émigration portugaise avec les sources de l immigration nord-américaine, et permet d estimer un taux de clandestinité de 14% 10. La série reconstituée de l émigration relative signale une tendance générale à la hausse : 3.1 pour mille en 1854, 1.1 en 1864, 2.2 en 1878, 6.5 en 1890, 4.5 en 1900 et 10.7 en 1911 (Baganha, 1991). Quels ont été les facteurs d une telle explosion de l émigration? Les spécialistes de la deuxième moitié du XIX ème siècle attribuent le phénomène à un ensemble de causes très complexes, et très variables selon les régions d origine. Miriam H. Pereira met en avant l augmentation de la pression démographique sur les terres, aggravée par une série de crises économiques (Pereira, 1969). D après elle, bien que la population ait quasiment doublé entre 1835 et 1911, le Portugal n a pu tirer profit d une telle expansion démographique à cause d une situation économique en crise. C est le déphasage entre ces deux facteurs qui a provoqué un vaste mouvement migratoire lequel a engendré en retour une solide stagnation démographique dès les premières années de ce siècle. Robert Rowland a appliqué une analyse de régression multiple à partir des taux d émigration par district et de quelques indicateurs démographiques (taux de croissance, de densité, de mortalité et de nuptialité, complexité du système familial). Ses conclusions remettent en cause celles de Pereira (Rowland, 1991 : 145) 11. Les résultats qu il obtient indiquent une corrélation négative entre, d une part, l augmentation de l émigration et, de l autre, le taux de croissance de la population et le taux de mortalité. L auteur en conclut que le phénomène est bien plus complexe qu on ne le supposait. Reprenant le concept d émigration structurelle (Godinho, 1978),

Rowland confirme la stabilité de la composition régionale de l émigrantion (Rowland, 1991 : 145) : la région du Minho a constitué de tout temps le plus important foyer de départs 12. Cette situation s étendait-elle pour autant à tout le Minho? Les taux annuels moyens d émigration par district, présentés par Rowland pour la période de 1866 à 1913, indiquent que le phénomène a affecté systématiquement le Minho et ses districts : Braga, Porto et Viana. Cependant, au plan local, chaque village ou ensemble de villages a peut-être connu une histoire très différente. C est le cas de São Tiago de Ronfe, objet d une récente étude (Scott, 1998 : 118), qui montre une tendance nettement divergente : celle d une baisse dans le nombre des départs, alors que tout le pays connaissait une augmentation des sorties. D autres résultats, présentés par des chercheurs qui ont travaillé sur l émigration au nord du Portugal (Alves, 1994 ; Rodrigues, 1995 ; Monteiro, 1996 ; Cunha, 1997), nous font penser qu en effet quelques comportements régionaux ont pu s écarter de manière significative de la tendance générale. Ayant analysé les flux de Porto vers le Brésil au XIX ème siècle, Jorge Alves admet que l analyse globale de l émigration n est pas capable de tout expliquer et estime que l approche en termes de communauté est fondamentale. En effet, la communauté est un microcosme où chaque famille fonctionne comme une unité affective, sociale et économique, réagissant par des comportements différenciés à des situations communes (Alves, 1994 : 12-13 et 26). Les données statistiques relevées par Jorge Alves concernent la délivrance de passeports pour le Brésil, classés suivant le lieu d origine du demandeur, depuis les années 1830 jusqu à la fin du XIX ème siècle. Nous avons réélaboré les données des annexes de sa thèse de doctorat (1993) en nous limitant aux décennies 1840, 1850, 1860 et 1870 13, et en nous attachant plus particulièrement à la situation du district de Braga et de la commune de Guimarães. Entre les décennies 1840 et 1860, la courbe de l émigration générale est ascendante, avant de décliner légèrement entre les décennies 1860 et 1870. Quant à l émigration issue du district de Braga et de la commune de Guimarães, sa courbe suit d abord la tendance générale à la hausse (le maximum est atteint au cours de la décennie 1850) ; entre les décennies 1850 et 1860, elle s en écarte en fléchissant, avant de remonter faiblement entre les décennies 1860 et 1870. Malheureusement, les données disponibles pour les décennies 1880 et 1890 sont insuffisantes pour confirmer ou non cette dernière tendance. Les seules données dont on dispose pour la fin du XIX ème siècle se rapportent aux années 1889 et 1899 et ne semblent pas le confirmer. En 1889, alors que pour l ensemble des districts du pays on compte un total de 3059 demandes de passeport, on en relève seulement 185 à Braga (6% du total, derrière les districts de Porto, Viseu et Aveiro) et 33 à Guimarães. En 1899, d un total général de 1701 passeports, 33 seulement concernaient le district de Braga (1.9%), et 7 autres la commune de Guimarães. Au cours de la décennie 1840, le nombre des demandes de passeport pour le Brésil déposées dans le district de Braga a représenté 19.7% du total des demandes. Pour la décennie 1850, 14.8% ; pour 1860, 3.2% ; et pour 1870, 6.3%. De même que le district de Braga où elle est située, la commune de Guimarães a vu diminuer le nombre de ses émigrants à destination du Brésil. Ce reflux s est amorcé au début des années 1890, et s est maintenu jusqu au tournant du siècle. Mais au cours de la décennie 1900, la tendance s est inversée et la croissance a repris à un rythme soutenu, jusqu à connaître une véritable explosion au cours des années immédiatement antérieures au grand conflit: en 1912 et en 1913, on y enregistra plus de 350 demandes de passeport pour le Brésil. Tableau 2 Passeports pour le Brésil, par lieu d origine des demandes. 1836-39 1840-49 1850-59 1860-69 1870-79 1889-99 Ensemble des districts portugais 5.643 17.850 36.618 39.470 31.529 4.760 District de Braga 1.354 3.521 5.409 1.279 1.994 218 Commune de Guimarães 245 650 936 242 332 28 Source : données réélaborées à partir de Jorge Alves (1993), Os Brasileiros, vol.ii, anexos. Une analyse plus détaillée, comme celle effectuée par Cunha, permet de voir qu en 1890, ce sont les zones urbaines de la commune de Guimarães (les faubourgs de plus de 2000 habitants : S. Paio, S. Sebastião et Santa Maria de Oliveira) qui ont le plus contribué à l émigration. Ensuite, ce sont les stations thermales Caldas de Vizela et Caldas das Taipas, le village limitrophe de Creixomil et celui de São Torcato (Cunha, 1997). Pour l auteur, la croissance de la population a immédiatement provoqué un déficit de ressources. Dans les zones urbaines et semi-urbaines, ce sont les bas salaires et le manque d emplois dans les activités secondaires qui ont suscité l émigration. Dans les agglomérations rurales, comme Creixomil et São Torcato, c est la petite agriculture qui n a pas résisté à la croissance démographique (Cunha, 1997 : 40).

D un autre côté, l excès de population n est pas toujours à l origine du phénomène migratoire. Le village de Gondomar, une des agglomérations les moins peuplées de la commune de Guimarães, est pourtant celle qui présente le taux le plus élevé de départs, immédiatement après São Torcato. Proportionnellement à sa population, elle occupe même la première place. Les émigrants originaires de Gondomar sont majoritairement des hommes adultes partant au Brésil (89%), ayant un passeport individuel, et dont la profession est liée à la terre (41.6%) ou à l artisanat (28%). D après Cunha, Gondomar représente le modèle de la nouvelle émigration qui va commencer à s affirmer à partir de 1890. Il ne s agit plus de mineurs de 14 ans faisant le rêve d une carrière commerciale au Brésil. Ce sont des hommes faits, agriculteurs ou artisans, déçus par leur condition, désirant épargner un peu d argent pour faire face à des besoins immédiats, encouragés par des parents ou des compatriotes déjà installés au Brésil, et qui, à leur tour, vont encourager leur entourage à partir. Notons, comme le fait l auteur, que beaucoup d émigrants faisaient de fréquentes allées et venues, ce qui a contribué à grossir les statistiques des demandes de passeport (Cunha, 1997 : 42-43). Certains auteurs font remarquer que l apparition d usines dans la région de la vallée de l Ave, au cours du dernier quart du XIX ème siècle, a créé de nouvelles opportunités d emploi, dissociées de l agriculture (Feijo et Nunes, 1986 : 17). Alors que tout le pays connaissait une période difficile, la commune de Guimarães, et plus particulièrement la zone en bordure de la rivière Ave, bénéficiait d un développement des activités manufacturières et industrielles, liées notamment à la production textile14. Bien que le processus d industrialisation de la vallée de l Ave ait été tardif, lent et peu intensif, comme l affirme Cordeiro (1995 : 47), il a vraisemblablement agi sur le destin d une partie des émigrants potentiels de la région. A l origine de la situation particulière de Guimarães, on trouve une conjoncture internationale favorable et une série de facteurs locaux positifs. Au plan mondial, la production de coton avait subi le contrecoup de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis. Le coton nord-américain faisant défaut sur le marché des matières premières, l industrie textile portugaise a pu bénéficier d un regain d activité et connaître une période de grande prospérité, grâce au coton provenant des colonies portugaises. Au plan local, la commune de Guimarães, plus particulièrement le village de São Tiago de Ronfe, bénéficiait de deux atouts majeurs : une bonne densité de population et l existence d une main-d œuvre traditionnellement spécialisée. En effet, la filature et le tissage (du lin, puis du coton) y étaient pratiqués depuis des siècles, ainsi que l artisanat domestique, complément de l économie agricole. L Enquête Industrielle de 1891 a dénombré 44 petites industries de filature et de tissage du coton dans la commune de Guimarães : elles y constituaient un secteur d activité prépondérant. L ensemble de ces unités disposait d un capital fixe de 26.099.000 réis, d un capital circulant de 87.638.800 réis et de 1400 ouvriers, sans compter les apprentis. La grande majorité d entre elles (80%) employait jusqu à 40 ouvriers. Parmi les cinq unités qui employaient 100 ouvriers, on en trouvait trois situées à São Cristovão de Cima do Selho, une à São Jorge de Cima do Selho, et la dernière à São Tiago de Ronfe. Ce dernier site semble avoir occupé une place remarquable dans le secteur textile, puisqu il accueillait à lui seul 9 (plus de 20%) des 44 unités de production : celle qui employait 100 ouvriers, plus 8 autres qui en faisaient travailler 187, ce qui correspond là aussi à 20% du total des ouvriers de la commune. Le contexte général de Guimarães à la fin du XIXème siècle, et celui plus spécifique de São Tiago de Ronfe, rend donc parfaitement compte d un parcours singulier, contraire à la tendance nationale. Cette région s est montrée capable, non seulement de fixer la population native, mais de fonctionner comme un pôle d attraction. Ceux qui se trouvaient en marge d un processus de reproduction sociale où l accès à la terre était primordial, ont pu ainsi disposer d une offre de travail non limitée aux activités agricoles : comme ouvriers dans l industrie textile, ou bien en travaillant à domicile (système du putting out). Conclusion Il est sûr que le phénomène de l émigration du Minho vers le Brésil, même après l émancipation politique de celui-ci en 1822, a joué un rôle très important dans les stratégies familiales de reproduction sociale. Cependant, il ne faut pas oublier que chaque famille, chaque maison, chaque unité de production agricole, chaque microcosme a vécu la situation à sa manière et aurait probablement une histoire différente à raconter. On ne rassemblait pas avec facilité tous les moyens nécessaires à l envoi d un fils, d un filleul ou d un parent vers le Brésil, et cela représentait des sommes relativement élevées pour un paysan du Minho. Les dépenses de base à prévoir pour qu un individu puisse émigrer variaient de 180.000 réis à 280.000 réis au cours de la deuxième moitié du XIX ème siècle, et autour de 125.000 réis en 1910 (Leite, 1987 : 467). Elles comprenaient le coût du passeport et celui du voyage, plus l indemnité militaire pour les jeunes gens en âge de faire leur service militaire. Si l on considère qu à la fin du XIX ème siècle, un travailleur gagnait environ 200 réis par jour et un ouvrier spécialisé quatre fois plus, il est facile de constater que le seul voyage au Brésil (36.000 réis en 1882) représentait l équivalent de 180 journées de travail pour le premier, et de 45 journées pour l ouvrier. Autrement

dit l entreprise coûtait cher, et on peut en conclure, avec Serrão (1982) et Costa Leite, que les émigrants portugais qui partaient au Brésil ne faisaient pas partie de la catégorie des plus misérables et démunis (Leite, 1987 : 467-468). Les études microanalytiques du phénomène de l émigration, qui ont l avantage de mener le chercheur jusqu aux individus, confirment cet état de choses. Ceux qui ne possédaient pas un minimum de ressources ne pouvaient émigrer. C est pourquoi il convient de relativiser l énoncé de notre épigraphe. Si le jeune garçon très pauvre dont il est question, ou quelqu un à sa place, ne dispose pas des moyens nécessaires à son départ, il demeurera l un des nombreux émigrants potentiels qui n ont jamais réussi à concrétiser leur aspiration, celle de tenter sa chance au Brésil pour un jour revenir au pays et être considéré comme un Brésilien. Le Brésil est longtemps resté à l horizon des Portugais qui désiraient émigrer, surtout ceux du nord, mais il est vraisemblable qu une partie d entre eux seulement a réussi à mettre un tel projet à exécution. Les études les plus récentes montrent que ceux qui partaient effectivement étaient, pour beaucoup, des fils de propriétaires qui n étaient pas destinés à prendre la succession de la propriété familiale ; l émigration était pour eux une solution alternative (Brandão, 1994 : 147), une manière d échapper à la dépendance vis-à-vis de l héritier favorisé. Le système familial et le système d héritage alors en vigueur (institution du terço et régime de propriété fondé sur les prazos de vida) expliquent en grande partie le rôle important joué par l émigration dans les stratégies de reproduction sociale des familles propriétaires. Ana Sílvia Volpi Scott Département d Histoire - Institut des Sciences Sociales de l Université du Minho, Portugal BIBLIOGRAPHIE 1891. Ministério das Obras Públicas, Comercio e Industria (1891) inquérito industrial de 1891. Alves, Jorge Fernandes. 1994. Brasileiros. Emigração e Retorno no Porto Oitocentista. Porto. Arrotéia, Jorge Carvalho. 1983. A Emigração Portuguesa, Suas Origens e Distribuição. Lisboa : ICALP. Baganha, Maria Ioannis B. 1990. Portuguese Emigration to the United States, 1820-1930. New York & London/ Garland Publishing Inc. Baganha, Maria Ioannis B. 1991. Uma imagem desfocada/ a emigraçào portuguesa e as fontes portuguesa sobre a emigraçào. In Emigracion Española y Portuguesa a America. Actas del il Congreso de la Asociacion de Demografia Historica, Org. A. Eiras Roel, Alicante : Instituto de Cultura Juan Gil Albert : Deputacion de Alicante. Brandão, Maria de Fátima. 1994. Terra, Herança e Família no Noroeste de Portugal. A casa de Mosteiro no século XIX. Porto : Afrontamento. Bretell, Caroline B. 1991. Homens que partem, mulheres que esperam : consequências da emigração numa freguesia minhota. Lisboa : Publicações Dom Quixote. Carqueja, B. 1916. O Povo Português. Porto. Cordeiro, José Manuel lopes. 1995. Indústria e Paisagem na Bacia do Ave. Cadernos do Noroeste 8(2) : 47-68. Costa, Afonso. 1911. Estudos de Economia Nacional. O Problema de Emigração. Lisboa. Cunha, Carmen Alice Aguiar de Morais Sarmento. 1997 ; Emigração familiar para o Brasil. Concelho de Guimarães 1890-1914 (Uma perspectiva microanalítica). Mestrado, Depto de História- Instituto de Ciências Sociais, Universidade do Minho, Braga. Durães, Margarida, 1985. Uma primeira aproximação aos Testamentos : Venade e a Pràtica de Testar de sua Populaçào. In A Morte no Portugal Contemporâneo. Aproximações Sociológicas, Literárias e Históricas, org. R.G. Feijo, H. Martins e J. Pina Cabral. Lisboa : Querco.

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2)- Herculano, Alexandre. A Emigração para o Brasil. Diário do Governo de 12 e 13 de Janeiro de 1838. Voir également Herculano, Alexandre. A emigração. Opúsculos. Tomo IV (1873-1874). 3)- La période choisie pour cette étude débute avec l émancipation politique du Brésil, le 7 septembre 1822, et prend fin en 1914, quand la Grande Guerre va mettre un frein au flux migratoire. 4)- Voir l étude classique de Joel Serrão sur l émigration portugaise, où l auteur aborde tous ces aspects (Serrão, 1982 : 54-74). Plus récemment, l émigration portugaise vers la France a été étudiée par Maria Engrácia Leandro. (Leandro, 1993 ; Leandro, 1995a ; Leandro, 1995b ; Leandro, 1997). 5)- Tout au long de son œuvre, le grand géographe portugais Orlando Ribeiro a souligné l importance de la culture du maïs au Portugal, en étroite liaison avec le peuplement. D après ses recherches, le maïs originaire d Amérique est apparu au Portugal vers 1520 et s est rapidement propagé, à tel point qu au début du siècle suivant, il constituait la denrée principale des habitants d Entre Douro, Minho et Beiras. Ribeiro parle d une véritable révolution du maïs (Ribeiro, 1991). 6)- Pour plus de détails, voir par exemple Brandão, 1985 ; Brandão, 1991 ; Brandão, 1994 ; Brettell, 1991 ; Durães, 1985 ; Durães, 1987 ; Durães, 1988 ; Durães, 1995 ; Mourão, 1988 ; Osswald, 1990 ; Santos, 1992. 7)- A propos des lois portugaise et brésilienne concernant l émigration et l immigration, voir Rodrigues, 1995 ; Leite, 1987 ; Faria, 1998 ; Westphalen et Balhana, 1993. 8)- D après Serrão (1982), les données quantitatives disponibles sont très rares et lacunaires pour la période antérieure à 1855. Les données recueillies par l auteur permettent d estimer à 24.000 le nombre de Portugais entrés au Brésil par Rio de Janeiro entre 1808 et 1817, soit une moyenne de 2.600/an. Pour les vingt années suivantes, il n y a aucune information, et les données ne réapparaissent que pour l année 1837 (Basto, Fernando L.B. da Historia da Imigracão no Brasil, Rio de Janeiro, 1970). Pour les années 1844 et 1845, on sait que 3.197 et 3.355 émigrants portugais, respectivement, sont entrés par le port de Rio de Janeiro (Serrão, 1982 : 32, note 1). 9)- Pour la période antérieure à 1870, consulter Serrão, 1982 : 30, où l on trouvera les données globales de l émigration portugaise légale entre 1855 et 1973. 11)- Robert Rowland, dans un article à paraître analyse d une manière intéressante et novatrice l émigration portugaise vers le Brésil. Partant des modèles d émigration, son approche privilégie les Brésiliens du Minho et mène à une théorie de la reproduction sociale qui met en relation la région du Minho, la stracture familiale du Minho et les stratégies de reproduction employées. De plus, l auteur analyse l insertion des Portugais au Brésil, de l indépendance du Brésil jusqu aux années 1930. 12)- Ayant analysé l émigration sur trois siècles, de la deuxième moitié du XVIème siècle à la deuxième moitié du XIXème siècle, l auteur constate que les émigrants portugais se dirigeaient en majorité vers le Brésil, et provenaient pour l essentiel du Minho, tous les autres étant originaires des Beiras (Rowland, 1991 : 146). 13)- Pour la décennie 1830, les données n apparaissent qu à partir de 1836 ; pour les décennies 1880 et 1890, les données disponibles ne concernent que les années 1889 et 1899. Et nous avons préféré travailler sur des unités temporelles complètes. 14)- Soulignons la réalisation de l Exposition Industrielle de Guimarães en 1884, signe incontestable de l importance gagnée par le secteur dans cette région, en cette fin du XIXème siècle. Par ailleurs, Reis montre qu entre 1870 et 1914, l industrie portugaise en général a connu une période de croissance industrielle soutenue, nonobstant quelques difficultés (Reis, 1987)