Les heures et la gestion des quarts Par PYM Naviguer au long cours d est en ouest c est se trouver confronté à deux questions : - Comment assurer, à deux, la veille «attentive et permanente» imposée par les textes et le bon sens? - Comment prendre en compte le décalage du temps consécutif au «rattrapage» du soleil? Sur Matra Sports, nous avons répondu assez facilement à ces deux questions. Sans doute parce que nous n étions que deux à bord et sans doute aussi parce que nos avis ne divergeaient pas sur le sujet ou si peu que l accès au compromis tombait sous le sens.
Nous avons donc opté pour les réponses suivantes : Pas de quarts le jour, chacun acquittant à son tour vaisselle ou cuisine. Un faux problème, en réalité puisque les compositions des repas restait très «vite mange», sans réel souci de gastronomie et sans préparation excessivement complexe. De la même manière, la vaisselle s en retrouvait réduite à sa plus simple expression et rapidement nettoyée. La nuit, une première prise de quart au couché du plus fatigué, souvent vers 10/11h puis ensuite une relève toutes les trois heures. En théorie, chacun assurait donc deux quarts de 3 heures durant la nuit. En pratique, ces horaires se sont avérés élastiques, soit parce que le dormeur était difficile à réveiller ou que la vigilance du veilleur était «dégradée» ( ), soit que les intempéries réclamaient la présence de tout l équipage sur le pont.
Nous avons pu expérimenter, loin des côtes, des autres navires et des routes commerciales, une formule de quart «léger», au cours duquel le pilote automatique était ajusté sur la direction du vent. L avantage de cette formule, c est que, dès que le bateau dévie, en suivant le lit du vent, de plus de 15, le pilote émet un signal sonore d alerte. Une déviation provisoire de la direction du vent de 15 est fréquente et sans grande conséquence puisqu elle disparaît rapidement pour reprendre le lit initial. Au final, dans cette configuration, le délai entre des alertes était de l ordre de 10 à 15 mn, ce qui est largement suffisant pour surveiller les alentours et compatible avec des séquences de sommeil courtes, mais efficaces. D autres formules sont possibles et, lors de nos échanges de ponton, nous avons trouvé des adeptes du quart de 2 heures comme du quart de 6 heures. Il me semble que le «juge de paix» qui permet de trancher dans ce choix, c est la capacité de l équipage à assurer de manière fiable soit une veille consécutive 6 heures durant, soit à récupérer suffisamment en deux heures de temps. En la matière il faut connaître ses limites avec humilité et adapter avec bon sens les quarts à ses capacités physiques.
L heure à bord : Porto Santo est à l heure UTC (temps universel coordonné). L heure UTC est, comme son nom l indique, une heure de référence conventionnelle, correspondant à l heure solaire au méridien 0 dit méridien de Greenwich (banlieue est de Londres) Pour la petite histoire, UTC n est pas l acronyme de l anglophone «Coordinated Universal Time» pas plus que celui du francophone «Temps Universel Coordonné», mais il est le fruit d une négociation, à la suite de laquelle c est UTC, dénué de sens pour tout le monde, qui a été retenu.
Nous avons décidé de gérer le temps en deux époques : 1 ) une première époque au cours de laquelle nous conservions le temps UTC. Petit à petit, au fur et à mesure de notre route à l ouest, notre temps «apparent» s est donc décalé du temps solaire. Il s est ainsi décalé jusqu à ce que l heure de notre dîner «apparent» corresponde, en fait, avec l heure du déjeuner «solaire». 2 ) lorsque le décalage horaire a été suffisant (de l ordre de 4 heures) nous sommes passé au temps «Martiniquais» (UTC -5). En pratique, l impact a été faible puisque ce qui était le dîner devenait le déjeuner, le déjeuner le p tit dej et le p tit dej une pause grignotage de quart. Comme, par ailleurs, les référentiels prenant en compte le jour et la nuit sont effacés en navigation, les séquences de sommeil, qu elles soient diurnes ou nocturnes ont conservé le même rythme.