GUIDE POUR LES ÉLUS CE ET CHSCT. Pouvoir travailler à tout âge. Démarche et aide au diagnostic



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Transcription:

GUIDE POUR LES ÉLUS CE ET CHSCT Pouvoir travailler à tout âge Démarche et aide au diagnostic

Préface Ce guide, financé par le Fonds Social Européen, a été élaboré dans le cadre de deux projets Equal. Le premier projet intitulé «Vers des entreprises pour tous les âges» a été conduit en partenariat avec l ARACT Ile-de-France et la CGPME 91. Le deuxième projet Equal, intitulé «Gestion des âges du dire au faire», a les partenaires français suivants : ANDCP, ARACT Ile-de-France, AVEC, URI CFDT Ile-de-France. Ce guide a également été enrichi à travers des échanges effectués au sein de notre partenariat européen. Il a été rédigé par Hugo Ezan, Aslaug Johansen et Alexandre Milheiras avec la participation de Pascale Josse. Janvier 2008

Sommaire INTRODUCTION 5 Chapitre 1 Le cadre législatif et conventionnel de la gestion des âges 7 De la négociation de préretraites 8 A la négociation de mesures plus actives 9 Un ensemble de leviers législatifs 10 La mise à la retraite d office avant 65 ans 10 L accord national interprofessionnel senior et le plan sur l emploi des seniors 2006-2010 11 Vers la nouvelle échéance de 2008 14 Chapitre 2 Le vieillissement au travail : diversité et risques 17 Les discriminations liées à l âge 18 Travail et santé 20 Des facteurs de fragilisation en vue du maintien dans l emploi 23 Reconnaissance du travail et motivation 25 Egalité professionnelle et âge : les difficultés se cumulent 26 Chapitre 3 L âge et le maintien dans l emploi : diagnostic et définition des priorités 29 Objectifs et présentation de la démarche globale 30 1 ère étape - Analyser la situation démographique de l entreprise 32 2 ème étape - Analyser l impact des principaux changements sur les emplois et les métiers 33 3 ème étape - Effectuer un diagnostic des situations de travail 35 4 ème étape - Identifier les populations fragilisées et/ou à risque pour le maintien dans l emploi 38 5 ème étape - Contrôler les dispositifs et les pratiques de ressources humaines dans votre entreprise 41 6 ème étape - Après le diagnostic, élaboration de plans d action et de suivi 43 Chapitre 4 Pour aller plus loin : onze fiches pratiques au service des élus 45 Fiche n 1 : la discrimination à l embauche pour les seniors 47 Un marché du travail discriminant pour les plus âgés 47 Comprendre pour changer les représentations 47 Les aides à l embauche 49 Le nouveau contrat pour les seniors 49 Fiche n 2 : l égalité professionnelle quel que soit l âge 51 Les obligations légales et contractuelles 51 Quelle est la situation au sein de votre entreprise 51 Des points de vigilance 53-2 -

Fiche n 3 : pyramide et cartographie des âges, construction et analyse 57 Fiche n 4 : la GPEC 61 Une obligation légale 61 Des finalités différentes 61 Principes et logique d ensemble 62 Des points de vigilance 65 Fiche n 5 : le contrôle et le développement de la formation continue 69 Le financement du plan de formation 69 Trois typologies d actions 69 L obligation de consultation et d information des IRP 70 La formation en action(s) 70 Les différents dispositifs d accès à la formation 71 L égalité d accès à la formation 74 Fiche n 6 : les facteurs de motivation / démotivation des salariés 79 La motivation, un enjeu crucial 79 Une multiplicité de facteurs de motivation et de démotivation 79 Outils pour évaluer l état de la motivation des salariés 81 Fiche n 7 : outil de diagnostic : âge et conditions de travail 83 Le vieillissement comme processus naturel 83 Du vieillissement naturel à l usure professionnelle 83 Grille de diagnostic d une situation de travail 87 Fiche n 8 : l obligation de consultation des IRP 89 Le Comité d Entreprise 89 Le CHSCT 90 Fiche n 9 : l expertise CE / CHSCT 91 Fiche n 10 : l aménagement des fins de carrière 92 Fiche n 11 : chercher des solutions au niveau territorial? 93 Temps partagé et groupement d employeurs 93 Le portage salarial 96 Chapitre 5 Construire des entreprises pour tous les âges : des éléments de bonnes pratiques 99 Préambule 100 Encourager les salariés à évoluer au sein de l entreprise 101 Renforcer les pré-requis à la mobilité professionnelle 103 Favoriser l évolution des compétences à travers l organisation du travail 106 Stimuler la cohabitation intergénérationnelle dans les collectifs de travail 109 Permettre aux salariés toutes générations de mieux maîtriser les NTIC 112 Améliorer les conditions de travail pour tous 114-3 -

CONCLUSION 117 Annexes 119 Annexe 1 : Synthèse de la loi Fillon portant sur la réforme des retraites 120 Annexe 2 : La loi sur la formation professionnelle tout au long de la vie et sur le dialogue social 122 Annexe 3 : Accord du 13 octobre 2005 sur l emploi des seniors 125 Annexe 4 : Encadrement juridique sur la formation professionnelle 128 Annexe 5 : Exemple de questionnaire pour une enquête portant sur les perspectives et conditions de travail des salariés 130-4 -

Introduction Ce guide est intitulé «Pouvoir travailler à tout âge». Quels en sont les objectifs et comment s en servir? Les objectifs de ce guide Sous l effet conjugué d un chômage de masse et d une pratique répandue de pré-retraite, l emploi au sein des entreprises françaises se concentre sur les âges médians entre 23 et 54 ans. Au cours des trente dernières années, les jeunes rentrent de plus en plus tard sur le marché de travail, tandis que leurs aînés cessent leurs activités professionnelles de plus en plus tôt. Les deux extrêmes de la population sont actuellement plus ou moins exclus des entreprises. Toutefois, face à l évolution démographique, cette situation peut difficilement perdurer. Les démographes ont depuis longtemps alerté sur le vieillissement de la population auquel sont confrontés aujourd hui tous les pays européens. Des réformes, parfois profondes, ont été engagées impliquant un allongement des durées de cotisation et/ou un report de l âge légal de la retraite. En France, deux réformes des retraites ont déjà eu lieu, en 1993 et en 2003. Elles sont insuffisantes pour rétablir durablement l équilibre financier et de nouvelles négociations sur les retraites entre partenaires sociaux auront lieu en 2008. L allongement de la vie active, résultant des réformes engagées, intervient dans un contexte d accélération des changements et des restructurations dans les entreprises. Comment garantir aux salariés le maintien dans l emploi jusqu à l âge de la retraite? Comment encourager les salariés à évoluer au sein de l entreprise à tout âge? Comment éviter l usure et la démotivation des salariés mi-carrières? Comment préserver la motivation des plus anciens tout en fidélisant les plus jeunes? Comment mieux prendre en ligne de compte la gestion des âges et la pénibilité physique et mentale? Comment favoriser la cohabitation des générations dans les collectifs de travail? Autant de questions auxquelles les partenaires sociaux au sein des entreprises sont actuellement confrontés. De plus, la perspective des départs massifs à la retraite risque de confronter les entreprises, les secteurs d activité et les territoires à des difficultés de recrutement et de pénurie de compétences -5 -

Dans la perspective d un allongement de la vie active, comment s y prendre pour analyser, diagnostiquer et être force de proposition? Le maintien dans l emploi amène à considérer deux axes de réflexion : L axe du court terme : les mesures législatives relatives à l allongement de la vie active amènent à réfléchir sur la situation d une population de seniors qui pensaient bénéficier d un départ anticipé entre 55 et 60 ans et qui, en réalité, voient leur vie professionnelle allongée. Comment gérer cette période de transition? L axe du long terme qui vise à prévenir l usure professionnelle, le vieillissement prématuré et à favoriser des parcours qualifiants tout au long de la vie de travail. C est dès l entrée dans l entreprise qu il faut prendre en compte ces paramètres. On notera que les enquêtes nationales et européennes sur la santé mettent en évidence le signalement de problèmes de santé chez les 30-35 ans, ce qui est un phénomène nouveau et que l on peut mettre en relation avec le processus général d intensification du travail. Les études menées sur le maintien dans l emploi amènent à considérer plus particulièrement le rôle des conditions de travail et de la gestion des compétences, en lien avec la motivation au travail. Ce guide se propose d outiller les salariés et leurs représentants en mettant à leur disposition des fiches méthodologiques leur permettant de procéder à une analyse de la situation actuelle et future, de poser des éléments de diagnostic et de dégager des pistes de réflexion et/ou d action au regard de l allongement de la vie active. Ce guide se veut résolument un outil d aide à l action et est structuré en cinq chapitres: Chapitre 1 : Le cadre législatif et conventionnel de la gestion des âges Chapitre 2 : Le vieillissement au travail : diversité et risques Chapitre 3 : L âge et le maintien dans l emploi : diagnostic et définition des priorités Chapitre 4 : Pour aller plus loin : onze fiches pratiques au service des élus Chapitre 5 : Construire des «entreprises pour tous les âges» : des éléments de bonnes pratiques. -6 -

1 1 Le cadre législatif et conventionnel de la gestion des âges

Les acteurs au sein de l entreprise peuvent s appuyer sur un ensemble de textes légaux et conventionnels afin de favoriser «l entreprise pour tous les âges». Une partie des textes est de visée générale et s adresse à l ensemble des salariés quel que soit leur âge (formation, GPEC, etc.), tandis que d autres s appliquent plus particulièrement à une population de micarrières (45 ans et plus) et/ou de seniors (50 ans et plus). De la négociation de préretraites. Jusqu à une date récente, et sous la pression des salariés, la négociation de mesures de cessation anticipée d activité a été la principale préoccupation des syndicats dans le domaine de l âge au travail, au moins dans les grandes entreprises. Plusieurs facteurs explicatifs : Confrontés sans cesse à des réorganisations, des restructurations et à des changements techniques et organisationnels au sein des entreprises, les salariés ont été favorables à un départ anticipé de l entreprise, Dans un contexte de chômage élevé, les départs étaient compensés en partie par l embauche de jeunes salariés, le gouvernement y étant favorable, Les directions pouvaient s en servir comme d un outil de renouvellement des effectifs. Au cours des vingt dernières années, la modernisation des entreprises s est concrétisée par une politique de substitution des classes d âge avec l accord tacite des syndicats. Bien qu on observe désormais un ralentissement des départs anticipés, la loi Fillon 1 n a pas mis fin à cette pratique. Des plans de préretraites d entreprises se sont substitués aux différents dispositifs de préretraites publiques, et cela malgré le renchérissement du coût de ces mesures 2. Aujourd hui, les salariés ainsi qu un grand nombre d entreprises restent toujours fortement attachés au maintien de la pratique des départs précoces. Comme nous le verrons plus en détail, le nombre important d accords de branche permettant de déroger à la mise à la retraite à 65 ans reflète cet état de fait. La fin des mesures de cessation anticipée d activité peut s avérer brutale pour les salariés de certaines entreprises. Pour aménager une transition en douceur, certains représentants des salariés sont favorables à la mise en place d un temps partiel aménagé pour les seniors. De même, la création d un compte épargne temps peut permettre aux salariés de constituer un capital épargne afin de partir plus tôt à la retraite. 1 Loi Fillon, texte de synthèse en annexe 1. 2 La loi Fillon assujettit les préretraites d entreprise à une contribution spécifique de 23,85% affectée au Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR), voir annexe 1. -8 -

. à la négociation de mesures plus actives Après plusieurs décennies de négociations presque exclusives sur des mesures d âge «passives 3», les partenaires sociaux ont ouvert la négociation sur des mesures plus actives et volontaristes en matière d âge et de travail (formation, GPEC, mobilité, tutorat etc.). Les objectifs des syndicats en matière d âge et de travail ont fortement évolué. Parmi les principales revendications, on peut noter : Mieux prendre en ligne de compte les pénibilités au travail, Permettre à chaque salarié de rester au travail jusqu au moment où il décide de partir en retraite, Permettre à chaque salarié, quel que soit son âge et son statut, d accéder à une évolution professionnelle normale jusqu au départ à la retraite, Sécuriser les parcours professionnels en négociant l anticipation de la seconde partie de carrière. Afin de contrôler que les salariés puissent bénéficier des mêmes droits à tout âge, certains accords prévoient un suivi des indicateurs de ressources humaines (formation, métiers exercés, promotion) par sexe et par tranche d âge (cf. accord Crédit Agricole sur la gestion des ressources humaines de février 2004). Certains accords ciblent spécifiquement la population des mi-carrières et des seniors. Il s agit là souvent de mesures ponctuelles (cf. entretien de mi-carrière). Toutefois, les mesures décrites ci-dessus sont de plus en plus négociées dans un cadre élargi et s adressent à toutes les générations de salariés. Par exemple, dans certains accords négociés au sein du secteur bancaire (cf. accord du groupe Banque Populaire sur la gestion prospective des compétences) 4, les signataires, tout en insistant sur la nécessité de préserver l employabilité de tous et de fidéliser les jeunes collaborateurs, ont banni des appellations telles que seniors et mi-carrières dans l idée de ne pas créer de nouvelles discriminations. Le fait même de vouloir distinguer et de classer les salariés par âge (jeunes, mi-carrières, seniors) appelle différentes réactions de la part des acteurs en entreprise : Pour les uns, le classement des salariés par âge doit être manié avec précaution pour éviter toute stigmatisation inutile («Après le jeunisme, il ne faut pas créer le seniorisme»), Pour les autres, la prise en compte de l âge et surtout du passé professionnel d un salarié peut être utile voire indispensable pour adapter la formation et les mesures d accompagnement, par exemple en fonction des profils. De même, il y a un certain nombre de populations qui doivent bénéficier d une «veille spécifique» face à des risques de pénibilité au travail. 3 A l image des préretraites. 4 Le Groupe Banque Populaire a signé le 1 er décembre 2003 un Accord emploi - formation, vers une Gestion Prospective des Compétences. -9 -

Un ensemble de «leviers» législatifs Au cours des dernières années, les pouvoirs publics ont pris un ensemble de mesures pour favoriser la négociation dans le domaine de l âge et du travail : La loi de réforme des retraites dite loi Fillon du 21 août 2003 Incitation de négociation sur deux thèmes : la pénibilité et l emploi des salariés âgés 5 accord de dérogation de mise à la retraite par l employeur de 60 à 65 ans. La loi sur la Formation tout au long de la vie et sur le dialogue social du 5 mai 2004 L ouverture de négociation de branches (DIF, période de professionnalisation, VAE, etc.). La loi dite de cohésion sociale du 18 janvier 2005 (loi Borloo) L article 72 de cette loi impose à toutes les entreprises de plus de 300 salariés - 150 si elles appartiennent à un groupe européen - de négocier tous les trois ans une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) avec les partenaires sociaux. La mise à la retraite d office avant 65 ans La loi Fillon repousse de 60 à 65 ans l âge auquel un employeur peut décider de mettre un salarié à la retraite. Un salarié désirant travailler au-delà de 60 ans peut bénéficier d un bonus de 3 % par année de travail supplémentaire. Toutefois, l article 16 de la loi permet aux employeurs de déroger à la mise à la retraite à 65 ans sous certaines conditions. Cet assouplissement peut s opérer dans le cadre d une convention ou d un accord collectif de branche étendu conclu avant le 1er janvier 2008 fixant des contreparties en termes d emploi ou de formation professionnelle (ou dans le cadre du bénéfice de tout autre avantage de préretraite défini antérieurement à la date de publication de la loi portant sur la réforme des retraites). Cette dérogation n est pas neutre pour les employeurs et pour les salariés. Contrairement aux indemnités de départ (à l initiative des salariés), les indemnités de mise à la retraite versées par les employeurs sont exonérées d impôt et de cotisations sociales. Les syndicats ont longtemps divergé sur la pertinence de la négociation de tels accords : Pour les uns, la négociation d un tel accord est intéressante car elle s accompagne de contreparties, notamment en faveur de la création d emplois pour les jeunes : si un salarié remplit les conditions pour bénéficier d une pension à taux plein à 60 ans, il n est pas justifié qu il poursuive son activité pour une question de solidarité entre générations. 5 La loi de réforme des retraites n 2003 6 775 du 21 août 2003 prévoit dans son article 12 I : «Dans un délai de trois ans après la publication de la présente loi, les organisations professionnelles et syndicales représentatives au niveau national sont invitées à engager une négociation interprofessionnelle sur la définition et la prise en compte de la pénibilité». Pour les syndicats, l enjeu est double : il s agit à la fois de favoriser des mesures de prévention par le biais de l amélioration des conditions de travail et d obtenir une compensation de l usure au travail par une cessation anticipée d activité. -10-

Pour les autres, la signature d un tel accord est perçue comme une remise en cause du droit individuel et du principe de retraite à la carte, revendication forte de certains syndicats (comme la CFDT) au moment de la réforme de la retraite. Bien que non conforme à la philosophie de la loi Fillon, la négociation de ce type d accord a connu un énorme succès. Depuis l entrée en vigueur de cette loi, plus de 100 branches professionnelles ont négocié un accord de dérogation à la mise à la retraite à 65 ans 6. Le Plan National d action concerté pour l emploi des seniors (2006-2010) a cherché à supprimer progressivement cette possibilité. Dans un premier temps, les accords en vigueur devront être révisés par les partenaires sociaux pour cesser de produire leurs effets au plus tard le 31 décembre 2009 afin de revenir sur le principe originel de retraite à la carte (libre choix du salarié concernant son départ en retraite). En 2006, le gouvernement a opéré une modification importante en introduisant une période transitoire entre 2010 et 2014. Au cours de cette période, les salariés de ces entreprises pourront, avec l'accord de l'employeur, partir en retraite en bénéficiant d'une indemnité assortie d'un traitement fiscal et social favorable. L accord national interprofessionnel senior et le plan sur l emploi des seniors 2006-2010 En 2005, une négociation a eu lieu entre les partenaires sociaux sur le sujet de l emploi des seniors. Cette négociation a débouché sur un accord et un plan d action concerté pour la période 2006-2010 présentés début juin 2006. L accord conclu le 13 octobre 2005 7 et signé le 9 mars 2006 instaure plusieurs mesures : Pour la première fois, la sécurisation des parcours professionnels est inscrite dans un accord collectif sans dérogation possible au niveau des branches. L entretien de seconde partie de carrière aura lieu tous les 5 ans après 45 ans. Des bilans de compétences seront réalisés pour ces salariés. Le DIF pourra être utilisé pour abonder des actions de formation auxquelles les seniors auront un accès prioritaire. Les effets du vieillissement sont pris en compte à travers la nécessité d adapter les conditions et l organisation du travail. Eventuellement, cela pourra être un sujet discuté au cours de l entretien de seconde partie de carrière. La transmission des savoirs et savoir-faire est mise en avant comme objectif prioritaire. Elle répond à la fois à un besoin d accompagnement des salariés et à une opportunité de valoriser les plus de 45 ans dans leur emploi, via des missions qui vont diversifier leur travail quotidien. Cet accord national interprofessionnel devait ensuite être décliné par branche dans un délai de six mois, puis par entreprise. Il prévoyait que ni les branches, ni les entreprises ne pourraient déroger à un certain nombre de dispositions. Plus d un an après la signature de l accord national, on constate que très peu d accords ont été conclus. 6 Pour plus d informations, consulter le site Internet Dialogue Social : http://www.dialogue-social.fr/rubrique.php3?id_rubrique=89 7 Voir texte de synthèse en annexe -11-

Déclinaison de l accord Seniors dans les branches et les entreprises Niveau Branche Des exemples Industries laitières : nécessité de la branche de prévoir des dispositifs de maintien dans l emploi et de recrutement des seniors. Attribution d un congé de fin de carrière pour les salariés concernés par le dispositif des carrières longues ou poursuivant leur activité au-delà de 60 ans ; Embauche de seniors demandeurs d emploi avec un objectif de 20 % de mise en place de contrats de professionnalisation Caisse d Épargne : programme Cap 25 de février 2006 Entretiens de carrière avec un séminaire de remotivation de 5 jours Grand Optical : campagne de recrutement des +55 ans Adaptation à la sociologie de la clientèle Entreprise La Mondiale : accord emploi des seniors février 2006 Valorisation de l exercice du tutorat au sein de l entreprise avec la mise en place de modalités particulières de reconnaissance de cette mission Dans le cas d un passage à temps partiel selon les dispositions définies par l accord d entreprise de 1995, l entreprise prend à sa charge 50% de la part de la baisse des cotisations auprès des régimes de retraite obligatoires -12-

Les 5 objectifs principaux du Plan national d action concerté pour l emploi des seniors, 2006-2010 Un plan national d action concerté vient s adjoindre à l accord, avec une enveloppe de 10 millions d euros pour 4 ans. Le plan d action fixe des objectifs précis en matière d augmentation du taux d emploi des seniors de 2% par an. Faire évoluer les représentations socioculturelles Vieillissement et productivité Gestion des âges et performance économique Plan national d action Favoriser le maintien dans l emploi des seniors La gestion anticipative des emplois et des compétences Les entretiens professionnels de deuxième partie de carrière L amélioration et l aménagement des conditions de travail et d emploi Les modalités d application du DIF aux salariés de 50 ans et plus Le bilan de compétences La validation des acquis de l expérience La transmission des savoirs et des savoir-faire La période de professionnalisation Les informations à fournir aux institutions représentatives du personnel Favoriser le retour à l emploi des seniors La suppression du critère d âge dans l emploi (recrutement notamment) L amélioration du retour dans l emploi des seniors Le contrat de professionnalisation La création d un CDD senior Relations avec les pouvoirs publics Aménagements législatifs et plan d action concerté Cumul emploi - retraite pour les bas salaires Suppression progressive de la contribution Delalande Retraite progressive -13-

Vers la nouvelle échéance de 2008 pour la négociation sur la réforme des retraites Deux réformes des retraites ont été menées (1993 et 2003). Elles ont notamment eu pour conséquence d allonger la durée de cotisation pour pouvoir bénéficier d une pension à taux plein. Les réformes accomplies réduisent de 40% environ le financement estimé à l horizon 2020 mais elles sont loin de suffire à rétablir l équilibre financier des régimes de retraite, comme le montre le tableau ci-dessous. A l horizon 2020, les régimes de retraite accuseront, selon des calculs du Conseil de l Orientation des Retraites, un déficit d environ 25 milliards d euros. Impact des réformes sur l équilibre financier des régimes de retraite (impact à l horizon 2020 en milliards d ) Besoin de financement avant les réformes - 15.5-28.0-43.5 Solde des mesures Fillon + 5.2 + 13.0 + 18.2 Besoin de financement après réforme Secteur privé Secteur public Total Source : Lasaire in Conseil de l orientation des retraites, second rapport, 2004-10.3-15.0-25.3 Dans un système de retraite basé sur le principe de la répartition 8, l équilibre des régimes de retraite est étroitement lié à la situation démographique de la population. Or, les données suivantes montrent clairement qu un écart se creuse entre les populations active et inactive en France. Selon des prévisions établies par l INSEE, la population de 20 à 64 ans diminuera de 2 millions pendant la période 2000-2050, tandis que celle de plus de 65 ans connaîtra une hausse de plus de 9 millions. Les raisons de cette évolution sont largement connues : la population française vieillit sous l effet conjugué de trois facteurs : l amélioration de l espérance de vie, la baisse de la fécondité, et l arrivée à l âge de la retraite de la génération du baby-boom. Les projections actuelles montrent que la structuration démographique de la population devrait connaître les tendances suivantes : les plus de 65 ans devraient passer de 16% de la population totale en 2000 à 21% en 2020, les plus de 60 ans de 21% en 2005 à 27,3% en 2020, et, par conséquent, en 2050, plus d un tiers de la population aura plus de 60 ans. 8 Le principe de fonctionnement d un système de répartition est simple : les cotisations versées par les actifs financent les pensions de retraite. -14-

Compte tenu de ces déséquilibres démographiques, de nouvelles ressources devront être recherchées et /ou de nouveaux ajustements devront être accomplis rapidement. Plusieurs pistes sont ouvertes. Au niveau de l emploi des seniors, l enjeu est double : il s agit à la fois de favoriser le maintien dans l emploi ou le retour à l emploi. La prochaine échéance pour les négociations entre les partenaires sociaux sur la réforme de la retraite est fixée en 2008. Pour en savoir plus Conseil d Orientation des Retraites (COR). Synthèses des travaux consultables en ligne : www.cor-retraites.fr Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Rapport annuel 2004 : Gestion des âges et politique de l emploi. Pour tout savoir sur la retraite et son calcul : site de la Cnav : www.cnav.fr www.info-retraite.fr Ministère de l Emploi, de la Cohésion Sociale et du Logement. Site pour l emploi des seniors : www.emploidesseniors.gouv.fr Gestion des âges. Les cahiers, ANDCP, mai 2006, n 69, 148 p. FOURNIER Christine. Développer la formation continue des seniors? Deux questions préliminaires. CEREQ, Formation Emploi, janvier-mars 2003, n 81. GILLES Marion, LOISIL Florence. La gestion des âges. Pouvoir vieillir en travaillant. Edition ANACT, 2005, 120 p. LERAIS Frédéric, MARIONI Pierre. Synthèse des principales données sur l emploi des seniors. DARES. Documents d Etudes n 82, mai 2004. PARIENTY Arnaud. Protection sociale : le défi. Editions Gallimard (Collection Folio Le Monde Actuel), 2006, 296 p. -15-

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2 2 Le vieillissement au travail : diversité et risques

L allongement de la vie active signifie que les salariés doivent maintenir et développer leur employabilité pendant un nombre d années plus important. L employabilité reste une combinatoire entre trois éléments : santé, motivation et compétence. Autrement dit, pour le salarié, il s agit de «tenir et de s entretenir» dans le temps jusqu à l âge de la retraite. Et, cela, malgré les discriminations liées à l âge, malgré le risque d usure et d obsolescence des compétences, malgré les évolutions constantes des modes de production et des organisations qui ont conduit à une intensification du travail. De fortes inégalités existent, toutefois, devant le vieillissement au travail. Développer les Compétences Lutter contre les Discriminations Entretenir l Employabilité Susciter la Motivation des salariés Améliorer les Conditions de Travail Les discriminations liées à l âge L inégalité devant l accès à l emploi Devant la couleur de la peau et l origine ethnique, l âge reste le deuxième facteur de discrimination à l embauche, juste derrière le handicap physique, d après un sondage réalisé par un site d offres d emploi au troisième trimestre 2006 9. Des enquêtes réalisées par le Ministère des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité confirment également l existence d une discrimination manifeste selon l âge à l embauche. Ainsi, il ressort d une enquête réalisée par la DARES en 2001 (enquête ESSA) auprès de trois mille établissements que, même en cas de difficultés de recrutement, un responsable sur deux refuse de recruter des seniors. Les principales raisons évoquées sont connues : Catégorie de personnel plus coûteuse Moindre productivité sur le poste de travail Personnel peu mobile Difficultés d adaptation aux évolutions technologiques, etc. 9 Sondage Init Satisfaction réalisé entre le 10 juillet et le 5 septembre 2006, auprès d un échantillon de 1.349 internautes pour le site d offres d emploi Monster.fr, leader mondial du recrutement sur internet. Les employeurs apprécient, selon l enquête citée ci-dessus, les seniors pour leur expérience et leur conscience professionnelle. A l inverse, les jeunes sont appréciés pour leur faculté d adaptation aux changements. Globalement, les employeurs estiment qu une augmentation de la proportion de seniors dans leur établissement aurait des effets né- -18-

gatifs sur la performance individuelle (productivité moindre, salaire plus élevé) mais positifs sur le plan collectif (mémoire, expérience). Ainsi, à l exception de métiers bien spécifiques, les entreprises privilégient toujours le recrutement de jeunes 10. Cela reste également le cas au sein du secteur financier (banque, assurance). La discrimination par l âge reste difficile à combattre car elle est moins souvent perçue comme telle. Les textes législatifs (présentés plus loin) sont également mal connus. Cette discrimination est complètement intériorisée par les chômeurs de 55 ans et plus dont un grand nombre renoncent à rechercher un emploi pour le seul motif d un âge jugé trop élevé. L inégalité devant l accès à la formation continue Nous observons également des disparités dans l accès à la formation selon l âge. A partir de 45 ans, l accès à la formation continue baisse pour l ensemble des catégories socioprofessionnelles. Selon l enquête «Formation continue 2003», les salariés de moins de 30 ans bénéficient de deux fois plus de formation que les salariés de plus de 55 ans (20% contre 38%). Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette baisse : Faible demande de la part des principaux intéressés Faiblesse des propositions de formation Inadéquation des propositions de formation aux besoins réels des seniors Encadrement du processus de formation déficient Difficulté de se remettre en cause (le processus de formation est souvent fréquemment vécu ainsi par les seniors) Public jugé non prioritaire par les DRH ou l encadrement. Toutefois, si l accès à la formation continue baisse d une façon générale avec l âge, de fortes disparités de situations existent d un secteur d activité à l autre, et d une catégorie socio-professionnelle à l autre : La réduction de la formation pour les plus âgés est particulièrement forte pour les ouvriers et les employés. Sur les inégalités d accès à la formation, la CSP nous instruit finalement plus que l âge 11 qui ne ressort, in fine, que comme un facteur aggravant. L accès des salariés du privé à la formation continue répond à la hiérarchie socioprofessionnelle suivante : les cadres affichent un taux d accès de 54%, les professions intermédiaires de 45%, les employés de 29% et enfin les ouvriers un taux de 20%. De même, l accès des seniors à la formation professionnelle continue varie fortement selon les secteurs d activité. Les services financiers, les transports ou les administrations ont davantage développé la formation continue pour tous les groupes d âge que les services aux particuliers, la construction, les industries de biens de consommation et le commerce 12. 10 Selon les déclarations de mouvement de main d œuvre en 2002, 248 000 personnes âgées de 50 ans ou plus ont été embauchées par des établissements d au moins 10 salariés, représentant 5,9% de l ensemble des embauches. Cette part est faible si on la compare au poids démographique des seniors, qui constituent un quart environ de la population en âge de travailler. Source : DARES, Synthèse des principales données sur l emploi des seniors, Documents d études N 82, mai 2004. 11 Source : «Développer la formation continue des seniors? Deux questions préliminaires», Christine Fournier, N 81 Formation Emploi, 2003, CEREQ 12 Source : Synthèse des principales données sur l emploi des seniors, Frédéric LERAIS et Pierre MARIONI, Documents d Etudes n 82, mai 2004, DARES. -19-

A ces discriminations, s ajoute celle du genre, les femmes bénéficiant moins de formation que les hommes. Travail et santé La santé et l inaptitude au travail à l épreuve de l âge La proportion des personnes connaissant des limitations à leurs capacités de travail augmente avec l âge et cela quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle. Comme le montre le tableau suivant, les salariés du groupe d âge 50-64 ans sont presque trois fois plus nombreux à déclarer des limitations à leurs capacités de travail que ceux du groupe d âge 15-29 ans. Personnes déclarant des limitations à leurs capacités de travail (en % du groupe d âge) Non salariés 3,6 7,2 14,1 9,7 Cadres 3,9 3,7 7,9 4,8 Professions intermédiaires 4,1 7,1 11,2 7,4 Employés 5,3 8,1 15,7 9,0 Ouvriers qualifiés 5,7 8,5 17,6 9,8 Ouvriers non qualifiés 5,7 14,5 22,6 12,8 Ensemble : actifs occupés 5,0 7,9 14,1 8,7 Chômeurs 8,3 18,8 28,7 16,7 Inactifs 5,8 30,2 34,9 20,1 Total population 15-64 ans 5,6 11,4 23,3 12,9 Source : Enquête Dares, mars 2002 15-29 ans 30-49 ans 50-64 ans Ensemble Si la maladie non professionnelle est la source la plus fréquente de limitation des capacités de travail pour les seniors (47% pour les hommes et 57% des femmes dans la tranche d âge 50-64 ans), l origine professionnelle (accident de travail, maladie professionnelle) vient en second (31%pour les hommes et 14% pour les femmes) et en troisième position les accidents hors travail (accidents de la route, accidents domestiques). Il est important de préciser que les relations travail-santé sont complexes et certaines pathologies peuvent ne pas être perçues comme le résultat du travail sur la santé : l origine professionnelle des maladies ou des incapacités peut ainsi être sous-estimée dans les données statistiques. L évolution de la nature même des pénibilités Si certaines pénibilités reculent en matière de conditions de travail 13, de nouvelles pénibilités au travail sont apparues. En témoigne la forte croissance des TMS (troubles 13 Sur une longue période, des progrès ont eu lieu dans le domaine des conditions de travail. Depuis 1950, le nombre d accidents du travail mortels a été divisé par 2,5. Les autres accidents du travail sont également en nette baisse, malgré une remontée depuis 1997. Source : Rapport «Pénibilité et retraite» d Yves Struillou remis au Conseil d Orientation des retraites en avril 2003. -20-

musculo-squelettiques). En 2002, les TMS constituaient 70% des maladies professionnelles reconnues et réglées pour le régime général de la sécurité sociale et 85% pour le régime agricole. Si certaines contraintes apparaissent plus particulièrement pénalisantes pour les salariés âgés - contraintes temporelles avec peu de marges de manœuvre laissées aux salariés, contraintes physiques et horaires atypiques dont le travail posté -, les relations âge/tms restent toutefois complexes 14. Une augmentation significative des taux d inaptitude Autre phénomène récent, le nombre de personnes jugées inaptes au travail ne cesse d augmenter. De 1998 à 2003, le nombre de personnes déclarées en inaptitude est ainsi passé de 28 000 à 75 000. Voir tableau ci-après. L augmentation du chiffre des déclarations d inaptitude inspire différentes interprétations. Pour les uns, elle reflète d abord une dégradation des conditions de travail. Pour d autres, elle indique également et surtout un nouveau mode de régulation de la gestion des âges. (Les deux explications ne sont pas incompatibles). Déclarations d inaptitude Inaptitudes partielles 812 000 1 000 000 Dont inaptitudes totales 28 000 75 000 Source : Alternatives économiques n 243, janvier 2006 1998 2003 La nouvelle législation sur la retraite a rendu plus difficile que par le passé le recours à la préretraite. Dès lors, au sein des entreprises, les prémices d un phénomène de glissement se font sentir dans les techniques de «régulation» des seniors par l intermédiaire d une sortie de l entreprise ou du marché du travail : la mise en inaptitude des seniors apparaît comme un moyen de substitution aux cessations anticipées d activité de type préretraite. Le phénomène de glissement n est pas encore explicite dans le contexte actuel, mais l histoire récente montre la capacité des entreprises à utiliser les mises en invalidité comme marge d ajustement : en 1982, l abaissement de l âge de la retraite a diminué le nombre de mises en inaptitude, en 1990, le phénomène inverse est observé : le nombre de licenciements pour inaptitude augmente au cours de la période de quasi-suppression des préretraites du Fonds National de l emploi - dans une quantité similaire en terme de nombre de personnes concernées. Plusieurs pays européens (surtout les pays scandinaves mais également la Grande- Bretagne et les Pays-Bas) ont un nombre très élevé de personnes inactives pour cause de maladie et d incapacité et cela à tous les âges. Etant inactives, ces personnes ne sont plus prises en compte dans les statistiques sur la population active et permettent indirectement d afficher un meilleur taux d activité. C est la raison pour laquelle il faut analyser les statistiques européennes sur le taux d activité des seniors avec prudence. 14 Troubles musculo squelettiques et travail, ouvrage, nouvelle édition Anact, 2006. -21-

De fortes inégalités constatées face au vieillissement Quelle que soit la nature des risques face au vieillissement, de fortes inégalités demeurent d une catégorie socioprofessionnelle à l autre. En particulier, les inégalités sociales sont significatives en France en matière d espérance de vie. Par exemple, comme le montre le tableau ci-dessous, il existe, entre un ouvrier et un cadre, un écart d espérance de vie de 5,5 ans pour les hommes et de 3 ans pour les femmes. Espérance de vie à 60 ans Catégorie socioprofessionnelle Hommes Femmes Cadres 22,5 ans 26 ans Professions intermédiaires 19,5 ans 25 ans Employés 19 ans 24 ans Ouvriers 17 ans 23 ans Ensemble 19 ans 23,5 ans Source : INSEE in Conseil de l Orientation des retraites, 1996 Toutefois, l analyse de l origine de ces écarts reste complexe. Les facteurs explicatifs sont multiples : les conditions de travail mais également le temps de travail, les modes de vie et l accès aux soins. Prestations d invalidité dans les pays scandinaves Les pays scandinaves (Suède, Danemark, Norvège, Finlande) connaissent un taux d emploi des seniors parmi les plus élevés du monde. Il n en demeure pas moins vrai qu une part très significative des salariés âgés est déclarée inapte au travail. Dans la tranche d âge 60-64 ans chez les femmes, le taux d incapacité atteint plus de 20% en Finlande, plus de 25% en Suède et environ 33 % en Norvège. 44,5 % des Finlandais de 55 à 64 ans qui ont accédé à la retraite en 2004 bénéficiaient déjà d un statut particulier (invalidité, chômage ou autre) depuis un certain temps (voir tableau ci-dessous). Environ 18% des hommes entre 55-59 ans sont déclarés inaptes au travail contre 6% à 7% en France. En Finlande, l âge moyen de départ à la retraite est de 59 ans alors que l âge officiel de la retraite est fixé à 65 ans. En effet, l accès à la retraite s opère surtout par le biais de divers systèmes de «retraite anticipée» dont le principal demeure la pension d invalidité, suivi du chômage. En 2004, la proportion de la population finlandaise inactive et bénéficiant de prestations d invalidité est l une des plus fortes de la zone OCDE. Ainsi, près de la moitié des nouveaux retraités touche une pension d invalidité au moment de leur départ. -22-

Systèmes de retraite anticipée, Finlande, 2004 Situation au moment de l accès à la retraite Groupe Cible Pension d invalidité Handicapés 23,1 Retraite anticipée à titre individuel Travailleurs âgés malades 0,4 Pension de chômage Chômeurs de longue durée 7,9 Filière chômage Chômeurs de longue durée 5,8 Pension de vieillesse anticipée Travailleurs âgés 0,2 Pension de régime agricole Travailleurs agricoles 1,7 Pension partielle Travailleurs à temps partiel 5,4 Total 44,5 Source : Etude économique de la Finlande, OCDE, 2006 Bénéficiaires âgés de 55 à 64 ans en 2004 (en % de la population du même groupe d âge) Des facteurs de fragilisation en vue du maintien dans l emploi Dans tous les pays européens, les salariés sont désormais confrontés à une double réalité : l allongement de la vie active et l accélération des changements techniques et organisationnels (réorganisation, restructuration, délocalisation). La valeur relative de l expérience L expérience d un salarié n a pas la même valeur d un métier à un autre. Les uns se trouvent dans une situation de travail où l expérience est enrichie au fil du temps, d autres ont une expérience réduite du fait d une organisation du travail souvent très spécialisée, voire taylorisée. A titre d exemple, le maintien de l employabilité d un salarié au sein d un réseau bancaire est facilité par le contact quotidien avec les clients. Son environnement (nature des produits, changements réglementaires, renouvellement des produits ) est en évolution permanente. Le chargé de clientèle est interpellé en continu par les multiples questions qui lui sont adressées. Son homologue au sein des services de back-office 15 (en charge de la production bancaire) a moins souvent la possibilité d évoluer dans son poste car son travail est fortement spécialisé. Les uns se trouvent dans une situation apprenante, d autres, au contraire, sont dans des situations qui les fragilisent professionnellement avec le temps. C est l ancienneté au sein d un même emploi qui n a pas permis de diversifier et d accroître ses compétences, d évoluer au fil du temps qui rendent l expérience d un certain nombre de salariés plus difficile à valoriser. En effet, ces salariés disposent d une expertise technique dont les entreprises ont pu avoir besoin à un moment donné et qu elles n ont pas cherché à faire évoluer en parallèle des changements techniques et organisationnels. 15 Il faut toutefois rappeler l existence d une grande diversité de métiers au sein des services de back-office des banques, dont la technicité varie fortement. Nous faisons référence ici aux employés de banque faiblement qualifiés. -23-

Le risque de fragilisation est d autant plus grand que les besoins des entreprises évoluent et que les métiers changent. Hier comme aujourd hui, l automatisation accrue des traitements incorpore des savoir-faire. De plus, la maîtrise de la relation clients et les aptitudes comportementales deviennent des composants essentiels de la qualification pour un grand nombre de métiers du secteur des services. Les nouvelles dispositions comportementales sont jugées autant sinon plus difficiles à acquérir que des compétences techniques. Cela d autant plus que les salariés expérimentés n adhèrent pas nécessairement à la nouvelle culture de l entreprise et s y conforment avec une certaine réticence, notamment lorsque l évolution du travail leur paraît aller vers un appauvrissement. Dans ce contexte, l expérience du salarié (son passé professionnel) peut apparaître, du point de vue des directions, comme un frein à sa capacité à s adapter à la nouvelle situation de l entreprise. Pour «faire du neuf», les entreprises privilégient souvent le recrutement de jeunes qui, de surcroît, ont un coût salarial inférieur à celui des salariés expérimentés. L accélération du rythme des changements à plusieurs niveaux L accélération du rythme d innovation, observée au sein du secteur des services, rend incontestablement la vie au travail plus difficile pour les seniors et cela d autant plus que plusieurs changements ont lieu d une façon concomitante : NTIC : si la grande majorité des salariés finit par s adapter aux nouveaux systèmes d information en évolution constante (mais avec des écarts de maîtrise importants d'un salarié à l'autre), chaque mutation informatique se traduit par une margina - lisation progressive d un certain nombre d utilisateurs (généralement des mi-carrières). Cette population est d autant plus fragilisée qu elle a tendance à cacher ses diffi cultés. La conduite du changement souffre souvent d un manque de communication et de formation adaptée en amont du projet. Une nouvelle culture commerciale : les difficultés d adaptation observées par exemple chez les salariés commerciaux au sein des banques sont davantage à mettre en relation avec la mutation de la culture commerciale (pression des objectifs commerciaux et transformation du métier, plus de contrôle notamment par le biais de l informatique). Les entreprises ont évolué tandis qu une partie des seniors restent attachés à leur ancienne culture d entreprise. Des restructurations successives : aujourd hui, un salarié du secteur des services a, dans la grande majorité des cas, connu une, voire plusieurs, restructuration(s). Ce processus est loin d être terminé. Les salariés ont fait preuve d une capacité d adaptation mais les restructurations successives ont créé un sentiment d insécurité chez les mi-carrières et une appréhension forte face à l idée d une nouvelle reconversion. Selon la remarque d un interlocuteur, «il est difficile de s investir si on ne sait pas où on va. Dans cette course, serai-je encore à la hauteur demain?» La crainte d avoir à subir une nouvelle mobilité explique qu une part significative de cette population aspire à une cessation anticipée de l activité. -24-

Ce qui est facteur de risque semble moins le changement en lui-même que la façon dont le changement est mené : si le changement n est pas expliqué, si un accompagnement adéquat n est pas dispensé aux salariés, alors il peut être source de difficulté pour les salariés concernés. Une intensification du travail qui réinterroge la culture de la qualité Le stress lié aux objectifs commerciaux ne résulte pas seulement de la polarisation sur l activité de vente stricto sensu mais aussi d un rythme de travail plus soutenu et d un raccourcissement des délais. De même, la complexification des produits et le transfert d un certain nombre d opérations administratives vers les agences (avec des échéances précises) ont contribué à alourdir le travail des chargés de clientèle dans les banques. L intensification du travail résulte également de la mise en application de la réduction du temps de travail au sein des entreprises, du moins dans certains services. Les embauches qui ont suivi la mise en place des 35 heures n ont généralement pas suffi à compenser la diminution des ressources. Derrière l intensification des rythmes de travail, c est le sens et la qualité que le salarié donne à son travail qui sont affectés. Reconnaissance du travail et motivation Un grand nombre de salariés en deuxième partie de carrière, qui vont devoir rester plus longtemps au travail, expriment un sentiment de lassitude face au travail. C est l une des principales conclusions du projet EQUAL «Vers des entreprises pour tous les âges» réalisé en partenariat avec ARACT IDF et la CGPME 91 16. Les premières raisons de cette démobilisation, constatée surtout dans des grandes entreprises du secteur tertiaire, sont multiples : l intensification du travail, le sentiment d effectuer un travail de moins bonne qualité, la stagnation salariale, une moins bonne maîtrise du poste de travail alimentée par un renouvellement rapide des NTIC, une visibilité réduite sur l évolution de l entreprise en raison des fréquentes réorganisations et des restructurations associée à une mutation très rapide de la culture d entreprise. La principale pénibilité au travail dans le secteur tertiaire est d ordre mental rythme de travail, charge mentale, interruptions, bombardement informationnel, etc. et a pour conséquence de générer des phénomènes de stress, voire de burn out. Comme toute classe d âge, les seniors ne constituent pas un groupe homogène. L ampleur des attentes et les difficultés exprimées sont différents d un métier à l autre. 16 En 2003 et 2004, ARETE a réalisé des enquêtes auprès d un panel de vingt grandes entreprises du secteur de services. Des enquêtes plus approfondies impliquant des analyses et des observations de postes de travail auprès de 120 salariés d âges différents ont été menées auprès de cinq grandes entreprises : un grand magasin parisien, deux banques, une caisse de retraite et un centre d appels téléphoniques (secteur de l assurance). Les résultats de ces enquêtes ainsi que celles réalisées dans un échantillon de PME figurent dans un rapport intitulé «Regards croisés sur les pratiques des gestion des âges au sein des PME et des Grandes Entreprises». Il est disponible en ligne et téléchargeable sur le site d ARETE : www.arete.fr, section «Etudes et Recherches». -25-

Toutefois, trois aspects de l évolution des situations de travail au sein du secteur des services ressortent à travers nos entretiens comme des points «critiques» rencontrés par le plus grand nombre : Manque de reconnaissance de son travail Intensification du travail Sentiment de plafonnement de carrière. Le sentiment de n avoir «plus rien à attendre de l entreprise» est répandu chez certaines catégories de salariés. Cette formulation renvoie à la situation salariale mais également au manque de perspective de carrière. Le plafonnement de carrière s explique notamment par : La culture du «jeunisme» dans l attribution des postes d encadrement a eu pour effet de réduire les opportunités de promotion : au cours de ces dernières années, les efforts en termes de promotion se sont davantage orientés vers les débutants, détenteurs d'une formation initiale plus poussée que leurs homologues. Les micarrières, quant à eux, ont évolué moins vite dans leur situation professionnelle. L évolution de la structure des emplois et les pratiques de recrutements internes ne favorisent pas les opportunités de carrière. Les grandes entreprises sont souvent dotées d une bourse à l emploi mais il apparaît que les offres d emploi de l entreprise requièrent des compétences nouvelles qui n'existent pas en interne. Les mi-carrières ne sont pas toujours bien positionnés (en termes de compétences requises) pour postuler à ces offres d emploi. Le sentiment d un manque de perspective de carrière ne concerne pas uniquement les mi-carrières (cf. secteur bancaire). La différence entre jeunes et anciens se situe dans le fait que les jeunes peuvent aisément rebondir vers un autre réseau bancaire (banques concurrentes) avec une confortable augmentation à la clé. Tandis que les mi-carrières et a fortiori les seniors sont beaucoup moins recherchés sur le marché du travail. Ainsi observe-t-on dans une situation similaire de plafonnement de carrière que les uns réagissent en «plafonnés rebelles» (les jeunes jouent sur la concurrence) tandis que les autres obtempèrent en adoptant une attitude de «plafonnés résignés» (les seniors restent dans l entreprise). Egalité professionnelle et âge : les difficultés se cumulent Les femmes affrontent un certain nombre de discriminations très tôt dans la carrière professionnelle (voire dès l embauche). Arrivées à un certain âge, elles sont susceptibles de voir se cumuler les difficultés, à l image des préjugés. L égalité des chances se joue dès l embauche. On doit l assurer au niveau du choix des métiers, de la rémunération. Puis ensuite dans l emploi, à travers les possibilités de promotions et l aménagement des départs et retours de congés maternité. -26-