MÉTHODOLOGIE D'AUTODIAGNOSTIC DE LA GESTION DE L'EAU EN ENTREPRISE

MÉTHODOLOGIE D'AUTODIAGNOSTIC DE LA GESTION DE L'EAU EN ENTREPRISE Dernière révision du document : août 2015 La Cellule des Conseillers en Environnement de l'uwe a élaboré cette méthodologie afin d'aider les PME désireuses de se lancer dans une démarche de gestion de l'eau. Cette démarche d auto-diagnostic structurée en 4 phases vise à améliorer la gestion quotidienne en matière d'eau (consommée ou rejetée) et à adopter des mesures de réduction des consommations. AVANT-PROPOS POURQUOI? Utilisée dans le process ou au quotidien, l eau est un élément important à prendre en considération pour les entreprises. En effet, vu son prix croissant, une utilisation rationnelle de l'eau peut notamment permettre à l'entreprise de limiter les coûts liés au prélèvement et aux traitements (traitement préalable de l'eau avant utilisation ou traitement des eaux usées avant rejet). Se lancer dans une démarche globale de gestion de l'eau génère de nombreux avantages parmi lesquels: mieux gérer les consommations réaliser des économies optimiser le fonctionnement des équipements renforcer l'image de marque de l'entreprise limiter les impacts environnementaux La démarche proposée permettra donc d analyser les performances actuelles en matière de gestion de l'eau et de mettre en place des actions efficaces pour améliorer les faiblesses identifiées. Notons que la réglementation en vigueur en la matière vise principalement la protection des eaux de surface et souterraine et joue également le rôle d'incitant pour limiter les impacts sur l'environnement. Ce document n'aborde pas la réglementation en matière d'eau (autorisation de captage, autorisation de rejet, déclaration annuelle, ). Nous vous renvoyons donc vers notre site www.environnement-entreprise.be pour toute information à ce sujet. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 1

Voici quelques questions préalables permettant d'évaluer la gestion actuelle de l'entreprise en matière d'eau : Connaissez-vous l'origine de l'eau utilisée (captage, distribution, pluviale) et la quantité annuelle consommée par l'entreprise? Connaissez-vous les postes consommateurs d'eau de l'entreprise? Connaissez-vous les coûts annuels liés à l'eau (consommation, traitement préalable éventuel, épuration, taxe de rejet, )? Avez-vous déjà réalisé (ou fait réaliser) un suivi des consommations et coûts liés à l'eau? Savez-vous quel type d'eau est rejeté par l'entreprise (domestique, industrielle, pluviale) et s'il existe un traitement préalable avant le rejet (station d'épuration, déshuileur, )? Connaissez-vous les différentes législations relatives à l'eau (modalités de captage, normes de rejets, obligations, )? La direction de l entreprise a-t-elle défini des objectifs de réduction des consommations? L'entreprise a-t-elle mis en œuvre des actions de prévention permettant de réduire à la source la quantité d'eau consommée? Si la majorité des réponses est non, il est temps d'agir! COMMENT? La Cellule des Conseillers en Environnement de l UWE propose une méthode inspirée de son expérience de terrain. Cette démarche en 4 phases est basée sur le principe de l amélioration continue. PHASE I Bien connaître les consommations, les équipements et les rejets PHASE IV Evaluer les actions engagées PHASE II Identifier les faiblesses et actions à mettre en oeuvre PHASE III Elaborer un plan d'actions Schéma des 4 phases du système d évaluation et d amélioration de la gestion de l'eau élaboré par la CCE Ce document détaille les 4 phases de la démarche et reprend pour chacune d elle des informations pratiques telles que les compétences et pré-requis, les facteurs de réussite, les obstacles, Différents documents et outils pratiques (identifiés par le symbole ) sont associés à cette méthodologie d auto-diagnostic afin de vous aider dans sa mise en œuvre. Tous ces documents sont disponibles gratuitement sur notre site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils"). Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 2

QUI? Il n'est pas nécessaire d avoir des connaissances approfondies en eau pour se lancer dans une telle démarche. En effet, ces différentes phases peuvent être réalisées par : un membre de l entreprise (ex. : responsable environnement ou maintenance, ) un stagiaire ayant des compétences en environnement ou en management. Ce stagiaire devra toutefois être encadré par une personne au sein de l'entreprise une personne extérieure à l'entreprise (consultant, bureau d'études spécialisé, ) La phase II peut également se faire en collaboration directe avec le personnel, notamment via la mise à disposition d une "boîte à suggestions" afin que chacun puisse alimenter celle-ci à sa guise. Les phases III et IV nécessitent une étroite collaboration avec la direction afin d'identifier l ensemble des paramètres à considérer (aspects financiers, légaux, environnementaux, ). De plus, l appui d un groupe de travail "eau" instauré au sein de l'entreprise et réunissant des travailleurs des de différents services peut également être un atout. DURÉE L'estimation des temps de réalisation des différentes phases est un exercice très difficile et dépend du degré initial de gestion et de suivi de l'eau de l'entreprise. Le temps nécessaire à la réalisation est aussi directement lié à la complexité de l entreprise (taille, multi site ou non, ) mais aussi à sa structure organisationnelle, aux compétences en interne, aux ressources disponibles (temps, moyens financiers, ) et à la présence ou non d'un responsable de la thématique "eau". III IV I II Dans la mesure du possible, nous avons donc établi une estimation des journées nécessaires à une personne se consacrant à temps plein à ce sujet dans une PME moyenne. Ainsi, selon la disponibilité des données, l'implication du personnel, la taille de l entreprise et l influence de facteurs extérieurs, 2 semaines à 6 mois seront nécessaires pour réaliser un premier cycle complet de la démarche d'amélioration continue. Il est bien évident également que l'intervention de sociétés extérieures (consultant, laboratoire d'analyse, entrepreneur, ) peut influencer fortement ces différentes phases (appels d'offre, délais de livraison, durée de l'étude, retard éventuels, ). PHASE DURÉE ESTIMÉE I ½ jour à 5 jours II 2 à 10 jours III 2 à 5 jours IV ½ jour Si vous avez peu de temps à votre disposition, allez à l'essentiel et consacrez la majorité des efforts au choix et à la mise en place des actions correctives (phase III). Inutile de perdre trop de temps à chercher des informations que vous n'obtiendrez que difficilement voire pas du tout. La réalisation de la phase IV est estimée à ½ journée de travail (hors encodage des données reprises dans les factures qui doit être planifié dans le plan d actions). Il est important de réaliser un bilan au moins une fois par an et planifier ce dernier dans le plan d actions (défini à la phase III). Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 3

PHASE I BIEN CONNAITRE LES CONSOMMATIONS, LES EQUIPEMENTS ET LES REJETS INTÉRÊT DE LA PHASE I Cette phase est incontournable pour améliorer la gestion de l'eau. Elle permet : de suivre et d'analyser les consommations et coûts de déterminer les types de rejets, leur localisation, leur nombre et le milieu récepteur de connaitre l'origine de l'eau consommée (captage, eau de distribution, eau pluviale, ) d identifier les équipements les plus consommateurs de dresser un état des lieux et d'identifier les pistes d'amélioration de mettre en évidence les faiblesses et les points forts Au terme de cette première phase, il sera possible de : réaliser des graphiques permettant de repérer d'éventuelles dérives (augmentation anormale des coûts, consommations très fluctuantes, ) suivre l évolution des coûts et des quantités consommées sur les dernières années réaliser un relevé des différents équipements gros consommateurs (débits, durées de fonctionnement, ) compiler des données concrètes pour mieux informer et sensibiliser les utilisateurs ou la direction COMPÉTENCES ET PRÉ-REQUIS Une bonne connaissance de l entreprise : équipements installés, horaires de fonctionnement, (peut être acquise au cours de cette étape) Une bonne connaissance des différents flux : utilisation de l'eau, traitement préalable, traitement avant rejet, (peut être acquise au cours de cette étape) Une bonne capacité de synthèse et d interprétation La connaissance d'excel ou tout autre programme d'encodage De la disponibilité et de l'engagement ETAPES L'analyse doit ici être réalisée de manière détaillée. En effet, il faut considérer la quantité d'eau consommée mais aussi sa qualité, l'utilisation qui en est faite et le mode d'évacuation sans oublier de tenir compte des différents coûts de gestion (approvisionnement, traitement, maintenance, taxes, ). Plus la quantité d'informations collectée sera importante, plus le diagnostic de départ sera précis et permettra par la suite de dégager des pistes d'actions pertinentes. Toutefois, même avec un minimum d'informations il est possible de mener à bien votre projet de gestion de l'eau. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 4

PRÉPARER LA DIRECTION ET LE PERSONNEL À DES CHANGEMENTS Un nouveau système de gestion ne saurait être efficace sans la participation active de la direction et de l ensemble du personnel. Pour faciliter les futurs échanges, il est donc recommandé dès le début du projet : d'obtenir le soutien de la direction d'organiser une séance d information générale pour présenter le projet (objectifs, avantages, méthode employée, rôles du personnel, ) de mettre en place un groupe de travail "eau" afin d'impliquer dès le départ des personnes de différents services/départements au sein de l'entreprise RASSEMBLER LES DOCUMENTS Afin de réaliser les étapes ultérieures, il convient de rassembler un certain nombre de documents utiles : le(s) permis d environnement et/ou d exploiter les factures des 2 à 3 années antérieures (approvisionnement et taxe de rejet) les éventuels relevés de compteurs le plan du réseau d'égouttage interne les éventuels rapports d'audits déjà réalisés les données d'activités de l'entreprise (chiffre d'affaires, effectifs, horaires de fonctionnement, ) un plan de l'entreprise avec les attributions des locaux (bureaux, ateliers, ). Celui-ci pourrait aussi mentionner la localisation des compteurs, des postes gros consommateurs, des installations de traitement, des points de rejet, d'autres documents utiles tels que : rapports d'analyse des eaux usées, formulaire relatif à la taxe de déversement des eaux usées industrielles, déclaration de captage d'eau, RÉALISER UN ÉTAT DES LIEUX DES BÂTIMENTS ET DES INSTALLATIONS La réalisation d'un état des lieux des bâtiments et des installations techniques consiste à détailler les caractéristiques : des équipements utilisant l'eau (âge, capacité, politique de maintenance, ) des contrats souscrits (services de maintenance, tarifs, ) de l'activité dans les différents locaux et de l'usage de l'eau qui y est fait du mode de nettoyage des locaux des comportements des travailleurs Si vous êtes confronté à un manque de disponibilité ou de compétences, l'intervention d'un organisme extérieur peut s'avérer pertinente pour vous aider à réaliser cette étape. De plus, ce regard extérieur apportera certainement un avis objectif et permettra de susciter des questions sur le fonctionnement de l'entreprise (comportements "par habitude" mais à contre sens d'une utilisation rationnelle de l'eau, organisation et structure de l'entreprise, ). Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 5

ELABORER UN "BILAN EAU" Une étape essentielle est la réalisation d'un "bilan eau" qui permet d'identifier de manière claire et précise les différents flux au sein de l'entreprise. UTILISATION Eau de distribution Eau de captage Eau pluviale... INPUT Lavage / nettoyage Incorporation produit Refroidissement Moyen de transport Eau sanitaire... Réseau égouttage Station épuration Eau de surface Produit fini Evaporation... OUTPUT Une façon simple de réaliser ce bilan est d'élaborer un organigramme qui présente de manière schématique et visuelle les différents flux d'eau en interne (cf. exemple ci-après). La réalisation d'un tel organigramme exige cependant une excellente connaissance de l'entreprise. Pour obtenir les informations nécessaires à sa réalisation vous pouvez par exemple effectuer un suivi visuel des canalisations dans l'entreprise ou vous baser sur des plans d'entreprise et les connaissances des responsables techniques. Exemple d'organigramme de gestion des flux à réaliser lors de l analyse de la gestion de l'eau : Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 6

Lorsque l'organigramme est terminé, l'étape suivante consiste à évaluer le débit relatif à chaque flux (consommation d'eau). Pour ce faire, l'utilisation de compteurs est la manière la plus simple, la plus précise et la plus efficace d'estimer ces consommations. Cependant, en entreprise on retrouve bien souvent uniquement un compteur principal pour les arrivées d'eau et très peu (voire pas du tout) de compteurs intermédiaires. Plusieurs méthodes existent cependant pour déterminer les débits de manière relativement fiable : - Par calcul : si on connait le débit (l/min, ) et la durée d'utilisation on peut calculer la consommation ; - Par évaluation : par exemple pour l'eau sanitaire on peut considérer qu'un employé en consomme 40 litres eau/jour (chiffre à augmenter si des douches sont utilisées sur site) ; - Par différence : Consommation équipement 1 = Consommation totale Consommation équipement 2 ; - Par prélèvement : recueillir un volume d'eau dans un récipient pendant un temps déterminé permet de calculer le débit (surtout pour des installations dont le débit est plutôt constant car la mesure est ici ponctuelle) ; - Par logique : si l'on connait la quantité d'eau incorporée dans le produit fini on peut estimer la consommation du process (idem si une partie de l'eau est utilisée dans des tours de refroidissement). Attention, un compteur d'eau n'est utile que lorsque les paramètres sont relevés régulièrement. Mieux vaut donc peu de compteurs suivis régulièrement que beaucoup relevés occasionnellement. Idéalement, des compteurs d'eau sont à prévoir : 1. sur les points d'alimentation (eau de distribution, eau souterraine, eau de pluie) 2. après un stockage sur le réseau interne de distribution d'eau (la différence entre l'eau prélevée et l'eau distribuée peut être due au prétraitement ou à des fuites!) 3. sur les principales branches de distribution (notamment si il existe plusieurs lignes de production) 4. sur les postes grands consommateurs (zone de lavage, ) Outre le débit, il sera aussi important de connaître les informations relatives aux eaux usées (points de rejets, milieu récepteur, volume rejeté, installations/équipements générant le rejet, composition de ces eaux usées, ). Celles-ci sont essentielles pour le dimensionnement et/ou le suivi d'une installation d'épuration. Les charges polluantes seront déterminées à l'aide d'analyses d'échantillons réalisées par un laboratoire agréé par la Région wallonne. La liste des laboratoires d'analyses agréés par la Région wallonne est disponible sur le site http://environnement.wallonie.be (suivre "eau" puis "Agrément") L'élaboration d'un organigramme et la quantification en vue d'obtenir un "bilan eau" est une première étape dans l'analyse de l'utilisation d'eau dans une entreprise. Elle fournit les données nécessaires au contrôle de l'utilisation réelle d'eau (tant d'un point de vue quantitatif que qualitatif) par rapport à l'utilisation nécessaire. A cet effet il est nécessaire de connaitre non seulement les spécifications requises par les utilisateurs en matière de quantité d'eau mais aussi en ce qui concerne la qualité (déminéralisée, ). Une analyse plus poussée de cet organigramme peut aussi permettre d'identifier les possibilités et obstacles en matière de réutilisation de l'eau en interne. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 7

METTRE EN PLACE UN SUIVI QUANTITATIF Il s'agit ici d'encoder les données relatives aux coûts et consommations reprises dans les factures d'approvisionnement ou relevées sur les compteurs. Cela doit se faire via un tableur dans lequel doivent être mentionnées, pour chaque compteur, les informations suivantes : la période de facturation (ou la date de relevé) la consommation (en m³) le coût (en hors TVA) La Cellule des Conseillers en Environnement de l UWE a élaboré plusieurs documents afin de mieux comprendre les coûts et taxes liées aux prélèvements et déversements d'eau. Ils sont téléchargeables gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils") L encodage régulier des données permettra d assurer un suivi des consommations et des coûts. Pour faciliter l interprétation de ces données, nous vous suggérons de réaliser une série de graphiques qui vous permettront quant à eux : de comparer l'évolution des coûts et consommations d'une année à l'autre ou d'un mois à l'autre d identifier d éventuels problèmes et dérives (surconsommation, erreurs de facturation, augmentation des tarifs, ) de mettre en relation la consommation d'eau avec la production de produit fini, le nombre d heures de fonctionnement de l entreprise, le nombre d employés, de sensibiliser les utilisateurs La Cellule des Conseillers en Environnement de l UWE a élaboré un tableur (format Excel) de suivi des consommations d'eau. Celui-ci permet d'encoder toutes les informations pertinentes en ce qui concerne la gestion de l'eau (consommations, coûts, ) et d'obtenir des tableaux de synthèse et des graphiques d'analyse de ces informations. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils") Cette étape permettra donc au final d'identifier les postes les plus coûteux, de repérer les potentiels d'économies les plus importants et de détecter d'éventuels dysfonctionnements dans l'entreprise. A ce stade n'oubliez pas non plus de faire le point sur la législation en matière d'eau applicable à l'entreprise. Il peut s'agir d'autorisations pour le captage d'eau (souterraine ou de surface) ou le rejet d'eaux usées, des normes de rejets autorisées par les conditions d'exploiter, mais aussi de formalités administratives (déclaration sur les volumes d'eaux prélevés, déclaration pour le calcul de la taxe de déversement des eaux usées industrielles, Consultez notre site www.environnement-entreprise.be (thème "eau") Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 8

FACTEURS DE RÉUSSITE La disponibilité et la collaboration des services et personnes concernées pour fournir les informations utiles (service administratif, production, maintenance, ) Une excellente communication avec l ensemble du personnel Un accès aisé aux documents "papier" (contrats, factures, ) Des documents clairs et concis pour le relevé des données (tableau de synthèse, plan de l'entreprise, ) OBSTACLES Le manque de temps La difficulté à obtenir des informations dans les différents services Le manque d objectivité, d'expérience et/ou de compétences pour interpréter les graphiques de suivi Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 9

PHASE II IDENTIFIER LES FAIBLESSES ET LES ACTIONS A METTRE EN OEUVRE INTÉRÊT DE LA PHASE II Sur la base des informations collectées lors de la phase I (état des lieux de la gestion de l'eau), il sera possible d'identifier les faiblesses et d inventorier les actions possibles à mettre en place pour remédier aux problèmes identifiés : les éventuelles non-conformités réglementaires le potentiel de réduction des consommations les améliorations possibles en termes de gestion les manquements au niveau de la participation et de l adhésion du personnel, PERSONNES CONCERNÉES Idéalement, cela doit être la même personne ayant déjà réalisé la phase I de cette méthodologie, soit : la personne ayant en charge la gestion de l'eau sur le site (responsable environnement, responsable de la maintenance, ) en collaboration éventuelle avec un groupe de travail dans lequel on retrouve au moins un représentant de la direction et le responsable du projet un stagiaire qualifié et encadré par une personne au sein de l'entreprise une personne extérieure à l'entreprise (consultant, bureau d'études spécialisé, ) COMPÉTENCES ET PRÉ-REQUIS Une bonne connaissance de l entreprise Une connaissance des résultats de la phase I Une bonne connaissance générale du domaine de l'eau (personnes ressources, techniques disponibles, ) De la disponibilité et de l'engagement Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 10

ETAPES IDENTIFIER LES FAIBLESSES Au terme de la phase I de la méthodologie que nous avons élaborée, il convient de se poser un certain nombre de questions afin d identifier les faiblesses de la gestion actuelle de l'eau au sein de l'entreprise. Il est aussi nécessaire de vérifier si les services proposés par les sociétés extérieures (bureau d'études, laboratoire d'analyse, ) sont en adéquation avec les besoins réels, si les coûts de gestion évoluent de manière cohérente et justifiée, Cette étape est indispensable pour pouvoir planifier ultérieurement des actions d amélioration pertinentes en accord avec les besoins de l'entreprise. Afin de vous aider dans la réalisation de cette étape, voici quelques exemples de questions à vous poser afin d évaluer vous-même vos forces et vos faiblesses : Existe-t-il un responsable "eau" au sein de l'entreprise? Dispose-t-il d'une certaine légitimité? Estil appuyé par la direction? Dispose-t-il de temps pour mener des actions efficaces? Existe-t-il une réelle politique d'utilisation rationnelle de l'eau au sein de l'entreprise? L'entreprise dispose-t-elle d'un groupe de travail "eau"? La communication entre les différents services de l'entreprise est-elle optimale? Est-ce que le matériel présent (systèmes de (pré)traitement, ) est performant? Est-il adapté aux besoins réels de l'entreprise (pas de surdimensionnement)? Enfin, est-il bien utilisé? L'entreprise est-elle bien informée des différentes normes et réglementation existantes? Si oui par quels canaux? Est-elle conseillée par un bureau d'études? Fait-on régulièrement appel à des sociétés extérieures en matière d'eau (maintenance, campagnes de mesures, )? Notons que vous pourrez réutiliser ces mêmes questions afin d évaluer les actions mises en œuvre et comparer de la sorte la situation "avant après". INVENTORIER LES ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE Alors que l étape précédente a permis de mettre en évidence certains manquements ou dysfonctionnements dans l'entreprise, cette seconde étape a pour objectif d inventorier une série d actions correctives efficaces à mettre en œuvre. Il se peut que vous éprouviez quelques difficultés à mener cette étape à bien car il n est pas toujours aisé d imaginer les actions permettant de corriger efficacement les faiblesses identifiées. Cependant, le choix des actions à mener ne doit pas être aléatoire, il doit évidemment dépendre des faiblesses que vous aurez identifiées antérieurement mais aussi des priorités de l'entreprise (coût, conformité réglementaire, gain environnemental, ). La Cellule des Conseillers en Environnement de l UWE a élaboré un document reprenant des Exemples d'actions en matière de gestion de l'eau en entreprise Celui-ci reprend une liste non exhaustive d actions à mettre en place pour réduire les consommations et les rejets d'eau. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils") Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 11

Globalement, les actions à mettre en œuvre peuvent être classées en 2 grandes catégories : Les mesures organisationnelles Celles-ci visent à revoir le fonctionnement au sein de l'entreprise afin d'optimiser son efficacité (ex.: adaptation des procédures de nettoyage). Ces mesures exigent généralement moins d'investissements et sont très efficaces, mais risquent de s'essouffler rapidement si on ne leur accorde pas une attention constante. Les mesures technologiques Dans ce cas, il s'agit d'adapter ou remplacer les systèmes ou installations afin d'améliorer leur efficacité (ex.: passage à un système de refroidissement plus efficace, traitement l'eau en vue de son réemploi, ). L'adaptation du process reste cependant toujours très spécifique et ne peut généralement pas être appliquée à tort et à travers (car cela implique toujours une incertitude quant à ses conséquences pratiques, sur la qualité des produits par exemple). Lorsque de telles mesures peuvent être prises, elles présentent en principe la plus grande rentabilité/efficacité. Quoi qu il en soit, veillez toujours à respecter une suite logique dans la définition des actions à mettre en œuvre. Il est, par exemple, inutile d'investir dans des systèmes sophistiqués de traitement des eaux si vous gaspillez l'eau consommée au sein de votre entreprise. La gestion de l'eau en entreprise peut s'appréhender de manière pragmatique en 3 niveaux : 1. Les mesures d'utilisation Rationnelle de l'eau Avant de se lancer dans des investissements relatifs à l'épuration des eaux, il est toujours plus intéressant de mettre en place des mesures d'utilisation Rationnelle de l'eau (UREau). La surveillance des fuites d'eau est indispensable car celles-ci peuvent occasionner des coûts importants pour l'entreprise. En effet, la détection rapide d'une fuite permet de remédier immédiatement à d'éventuels dysfonctionnements sans attendre la facture de régularisation pour s'apercevoir d'un éventuel problème. Si une mauvaise fermeture d'un robinet entraine un écoulement à raison d'un litre par minute, cela représente une perte de 525 m³ d'eau par an! De manière générale, chaque entreprise a le potentiel de diminuer les volumes d'eau consommée (et donc d'eau usée rejetée), soit par l'amélioration du process de fabrication, soit en appliquant les principes de recyclage et réutilisation des eaux. L'eau pluviale peut quant à elle être envisagée comme source alternative d'approvisionnement et permet en plus de réduire l'impact lié au captage ou à la distribution d'eau. Cependant, si elle présente l'avantage d'être gratuite, ses principaux inconvénients sont : Le coût initial des installations (réseau de collecte, dispositifs de stockage, systèmes de traitement, ) La quantité irrégulière pouvant être récoltée dans le temps La qualité variable A titre indicatif, en Wallonie, 1 m² de toiture permet de récolter entre 700 et 900 litres d'eau par an mais on ignore cependant la répartition des précipitations sur l'année. En général, l'utilisation d'eau de pluie se limite à des activités exigeant de l'eau "propre", mais qui ne doit pas obligatoirement présenter la même qualité que l'eau potable, comme par exemple : l'utilisation pour les sanitaires, le nettoyage (atelier, machines, véhicules, ), le refroidissement, Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 12

2. La gestion des eaux usées Lorsque toutes les possibilités de réduction de la consommation d'eau et de minimisation des pollutions ont été explorées et mises en œuvre (première étape à entreprendre), l'amélioration de la gestion des eaux usées doit alors être étudiée. Dans un premier temps, il convient de favoriser l élimination de la pollution à la source par la mise en place d un traitement adapté. Certaines normes et conditions d'exploitation imposent d'ailleurs aux industriels un "pré-traitement" de leurs eaux usées ou une épuration plus complète avant leur rejet dans le réseau d'égouttage public. Diverses solutions sont alors possibles : épuration intensive ou extensive, épuration aérobie ou anaérobie, Afin de choisir le système de traitement le plus adapté possible à sa situation, il est préférable de faire appel à une expertise externe qui étudiera différents paramètres : investissement, coût de fonctionnement, désagréments, entretien, performance, Il ne faut cependant pas perdre de vue que l'épuration des eaux est en fait un transfert de pollution et que les déchets (boues) issus de ce procédé restent une charge pour l'entreprise. La station d'épuration est un allié de l'industriel qui permet à celui-ci d'exercer ses activités tout en respectant les normes de rejets, elle doit donc faire l'objet d'un suivi attentif et régulier. De plus en plus, la gestion des eaux usées est une problématique qui doit être anticipée fortement par les entreprises, même si les rejets provoqués par l activité sont peu polluants et en petite quantité. En effet, l accumulation eaux usées vers un point unique (station d épuration ou milieu naturel) peut engendrer des difficultés par l effet de masse. 3. La sensibilisation des utilisateurs La gestion de l'eau concerne de nombreuses personnes à des degrés divers au sein de l'entreprise (le service comptabilité prend en charge du payement des factures, le service maintenance assure le bon fonctionnement des équipements, la direction négocie les contrats et de sous-traitance, le responsable "eau" établi le budget, un technicien effectue les relevés des compteurs, ). La mise en œuvre et la réussite d une politique de gestion de l'eau implique la mobilisation et l association de l ensemble des acteurs du projet (direction, travailleurs, ). Cela passe donc par une campagne d'information et de sensibilisation à ne jamais négliger (brochure, affichettes, plaquette d'information, ). Quel est le potentiel d une campagne de sensibilisation? Lorsqu une entreprise décide d investir de l argent pour la mise en place de nouveaux équipements ou de nouvelles techniques, le personnel doit devenir acteur à part entière. Avoir un équipement performant ne sert à rien lorsqu un technicien l utilise de manière incorrecte. Dans tous les cas, il est primordial de bien informer les travailleurs sur l'utilisation adéquate du matériel (existant ou futur). Ils doivent prendre conscience de l'impact (économique, environnemental, ) que peuvent avoir leur comportement et leur attitude dans la maîtrise des consommations. Le facteur humain est très important dans la gestion de l'eau d'une entreprise Efficacité, résultat, impact global = Installations techniques X Comportements humains La sensibilisation du personnel est une mesure généralement rentable car l'investissement financier est relativement faible et les résultats souvent très bons. Il faut toutefois garder à l'esprit que la mise en place d'une campagne efficace demande du temps et de l'énergie. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 13

La Cellule des Conseillers en Environnement de l UWE a élaboré un document sur la sensibilisation à l'environnement. Celui-ci reprend une liste non exhaustive de sites internet et ouvrages, belges, européens et internationaux, traitant de la sensibilisation du personnel en matière environnementale. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils") FACTEURS DE RÉUSSITE Une excellente communication avec l ensemble du personnel : quotidiennement confronté à la réalité de terrain, le personnel est souvent à l'origine d'idées très pertinentes Le soutien et l'implication de la direction OBSTACLES Le manque de temps La difficulté à obtenir des informations dans les différents services Le manque d objectivité et de recul par rapport aux "mauvaises" habitudes ou aux modes de fonctionnement de l'entreprise Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 14

PHASE III ELABORER UN PLAN D'ACTIONS INTÉRÊT DE LA PHASE III Après avoir recensé, au cours de la phase II, les différentes améliorations envisageables au sein de l'entreprise, la réalisation d un plan d actions permettra : de hiérarchiser les actions retenues de les programmer (délais, moyens, ) de les mettre en œuvre d en assurer le suivi (cf. phase IV de cette méthodologie) En outre, cela permettra d'avancer de manière progressive et réfléchie. COMPÉTENCES ET PRÉ-REQUIS Avoir pris connaissance des résultats des deux premières phases de la méthodologie proposée Etre en contact direct avec la direction Avoir le temps, la légitimité et les compétences nécessaires pour convaincre le personnel d adhérer aux actions à mettre en œuvre Une bonne capacité de synthèse ETAPES Le plan d actions doit tenir compte des faiblesses mises en évidence dans la phase II. Il va permettre de définir pour chaque axe de progrès identifié des objectifs opérationnels qui seront concrétisés par des actions. Les actions à réaliser et les ressources nécessaires doivent être approuvées par la direction. Il faut également désigner un responsable, chargé d'assurer la coordination et le suivi de l'ensemble du plan de réduction. HIÉRARCHISER LES ACTIONS Le recensement effectué à la phase II aboutira probablement à un nombre d actions trop important pour pouvoir envisager de les réaliser toutes simultanément. Ainsi, il conviendra de hiérarchiser ces actions afin de déterminer celles qui seront mises en œuvre prioritairement parmi la liste présentée. Il faut avant tout pointer les enjeux prioritaires et les bénéfices attendus dans cette démarche d amélioration. La méthode de hiérarchisation permettant d apprécier une action comme étant plus importante qu une autre doit être établie en fonction des attentes de l'entreprise et de la politique interne qui y est menée. Les critères intervenant dans la hiérarchisation peuvent être, notamment : le gain financier (retour sur investissement) le gain environnemental Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 15

l'investissement de départ le délai de mise en œuvre la facilité de réalisation les moyens humains à consacrer Si vous désirez prendre plusieurs critères de hiérarchisation en considération simultanément, la méthode la plus simple est sans doute d appliquer une cotation à chaque critère et ensuite d additionner les valeurs attribuées pour chaque critère. Le résultat obtenu vous permettra de classer les actions selon l importance que vous leur aurez donnée. En définitive, quel que soit votre choix pour hiérarchiser les actions, retenez que l essentiel n est pas de mettre au point une méthode reprenant le plus grand nombre de critères mais bien d établir une procédure non contestable au sein de l entreprise quant à la détermination du caractère prioritaire de l action. Concentrez-vous dans un premier temps sur les postes les plus consommateurs, sur les actions les plus faciles à mettre en œuvre et nécessitant un budget limité ou ayant des résultats rapides et visibles. Fixez-vous des objectifs réalistes, chiffrés et mesurables au moyen d'indicateurs de performance. Ces objectifs peuvent bien entendu être d'ordre qualitatif ou quantitatif. Rappelez-vous qu'il ne sert à rien de prévoir des investissements lourds si l'utilisation de l'eau se fait en dépit du bon sens (gaspillages, fuites, ). Il est donc indispensable d'impliquer l'ensemble des travailleurs dans les démarches et d'accompagner le projet d'une campagne de d'information et de sensibilisation. PROGRAMMER LES ACTIONS L établissement d un programme d actions (après hiérarchisation) permet de formaliser les décisions visant à améliorer la gestion de l'eau de l'entreprise. En outre, pour chaque solution retenue, le plan d'actions doit permettre de : répartir les responsabilités en désignant directement la (ou les) personne(s) ou la fonction concernée établir un calendrier de réalisation en y consignant les dates limites de mise en œuvre Il est important de tenir compte ici d'éventuels délais de livraison d'équipements ou de l'intervention de sociétés extérieures déterminer les moyens disponibles au niveau humain (nombre de personnes, nombre d heures,...), financier, technique,... Exemple de tableau de programmation des actions Actions Remplacer robinets défectueux ligne de production Responsable Date de démarrage M Dupont 01/01/13 200 Moyens (financiers, humains, techniques) 1 personne pendant 1 journée complète Pas de moyens techniques particuliers Echéance Indicateur de suivi 20/01/13 Consommation ligne production Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 16

Mettre en place une campagne de sensibilisation via des affichettes M Durand (responsable énergie) et Mme Janssen (service communication) 01/01/13 1500 2 personnes, 3 jours par mois + appui éventuel société extérieure (réalisation affiches) 01/05/13 Consommations totales du site Afin d établir un programme d actions cohérent, il est important de prendre en considération les avis et informations des différents services concernés de votre entreprise de manière à obtenir des estimations de coûts, de niveaux de performance ou de bénéfices attendus. Consultez également des professionnels du secteur pour obtenir des conseils techniques afin de confirmer les chiffres (durée prévue, moyens à engager, ) mentionnés dans le plan d action. MISE EN ŒUVRE ET SUIVI DES ACTIONS Afin que les informations relatives à la mise en œuvre de l action soient disponibles pour tous et à tout moment, il convient de consigner chaque étape clé dans un document de suivi. Cela permettra également d'uniformiser les documents de travail et de pouvoir garder un historique des actions menées au sein de l'entreprise. Exemple de document de suivi d'une action ACTION 1 Remplacer les robinets défectueux de la ligne de production DATE DE DÉMARRAGE 1 janvier 2013 ECHÉANCE 20 janvier 2013 TEMPS NÉCESSAIRE / RESPONSABLE PERSONNE(S) EN CHARGE DE LA MISE EN ŒUVRE M. Dupont Commande : M. Durand Mise en œuvre : Service maintenance Service achat : Mme Legrand (secrétariat) GROUPE DE TRAVAIL ASSOCIÉ / PARTENAIRE À MOBILISER MODALITÉS DE MISE EN ŒUVRE Néant Prévoir la commande des nouveaux robinets (voir au moins trois fournisseurs et demander des offres) Prévoir accès zones techniques DATE SUIVI ANNEXE 10/01/2013 Signature bon de commande pour robinets 1 (copie bon commande) 14/01/2013 Réception matériel en magasin 2 (copie bon de réception) 21/01/2013 & 22/01/2013 Intervention service maintenance pour remplacement robinets Action clôturée le 22/01/2013 2 jours de retard car l'opération a nécessité plus de temps que prévu suite à la détection d'une fuite sur une des conduites. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 17

FACTEURS DE RÉUSSITE Définir des critères de hiérarchisation cohérents S être fixé des objectifs ambitieux mais réalistes Bien choisir des responsables de projet et des relais au sein de l entreprise Impliquer activement tous les services concernés Obtenir le soutien de la direction OBSTACLES La priorité des actions pour les personnes concernées L'intervention de sociétés extérieures peut ralentir le planning défini au départ Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 18

PHASE IV EVALUER LES ACTIONS ENGAGEES INTÉRÊT DE LA PHASE IV Après avoir identifié, hiérarchisé, programmé et mis en œuvre les actions pour améliorer la gestion de l'eau de l'entreprise, il est primordial de les évaluer. Cette phase va permettre de quantifier (par la mise en place d indicateurs) et de qualifier les résultats des actions et de visualiser les améliorations réellement apportées. Au terme de cette évaluation, il sera possible de prévoir et de planifier de nouvelles actions de manière à poursuivre l amélioration de la performance en matière de gestion de l'eau. Cette phase représente donc l élément final de la démarche engagée, mais puisque le système est basé sur le principe de l amélioration continue, elle assume également la fonction de point de départ d un nouveau cycle d améliorations. COMPÉTENCES ET PRÉ-REQUIS Etre bien informé des actions initiées lors de la phase III Avoir une bonne capacité de synthèse et d interprétation Avoir une très bonne connaissance de l entreprise (production, employés, répartition des tâches administratives, ) pour juger de la pertinence du choix des indicateurs ETAPES L évaluation des actions engagées passe par la réalisation de bilans quantitatif et qualitatif de celles-ci. BILAN QUANTITATIF La manière la plus efficace d analyser les résultats des actions entreprises passe par le choix et l'utilisation d indicateurs de performance pertinents, facilement mesurables et compréhensibles par tout un chacun (ex.: nombre d'heures de fonctionnement, nombre de travailleurs, tonnes de produits finis, ratios par m² ou par nombre de travailleurs, ). Voici quelques exemples : consommation totale d'eau par employé (en /employé ou en m³/employé) quantité d'eau usée en fonction de la production (en m³/tonnes produit fini) consommation totale d'eau rapportée au chiffre d'affaires Attention, des variations de consommations peuvent être dues, non seulement à la fluctuation de l'activité de l'entreprise, mais également à des fuites ou une modification du nombre de travailleurs. Remarquons que le choix de l indicateur est difficile et délicat. En effet, il doit être comparable à la consommation et doit permettre de vérifier que, par exemple, la diminution des coûts est liée à réalisation d'actions en matière d'eau ou, au contraire, que l augmentation des consommations est liée à l augmentation de la production. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 19

De manière pratique, en fonction de ce qui a été développé précédemment (analyse quantitative de la phase I), le bilan quantitatif est réalisé en 3 temps : le choix d indicateurs pertinents la réalisation de graphiques identiques à ceux réalisés à l étape 1 mais avec les données actuelles la comparaison des données chiffrées actuelles et antérieures sur base des indicateurs de performance Le tableur (format Excel) de suivi des consommations d'eau référencé dans la partie I de cette méthodologie vous aidera dans la réalisation ce de bilan quantitatif et permettra de définir des indicateurs dès le début de l'encodage des informations relatives à l'eau. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.environnement-entreprise.be (rubrique "boite à outils") BILAN QUALITATIF L évaluation qualitative vise à avoir un regard critique sur la manière dont les actions se sont déroulées et de vérifier si la méthodologie de travail a été efficace : Le message est-il bien passé auprès des personnes concernées? La méthode de travail utilisée a-t-elle demandé trop de ressources en temps, en moyens humains,? Y a-t-il moyen de l'améliorer? Les critères de hiérarchisation des actions étaient-ils pertinents? Faut-il les revoir pour les actions futures? Le choix des indicateurs de suivi était-il bon? De nouveaux indicateurs sont-ils nécessaires? EVALUER LES RÉSULTATS ET PRÉVOIR DE NOUVEAUX OBJECTIFS Au terme de ces étapes d analyses qualitative et quantitative, il sera possible de : revoir les actions engagées : les valider ou éventuellement les adapter planifier des actions qui n avaient pas été déterminées comme prioritaires lors de la première hiérarchisation définir de nouveaux axes stratégiques pour l amélioration de la gestion des eaux En plus de cette évaluation finale, il est primordial de prévoir des évaluations périodiques (à une fréquence déterminée) pour communiquer (auprès de l'ensemble du personnel) sur l état d avancement des actions et les difficultés rencontrées. Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 20

FACTEURS DE RÉUSSITE Les bilans doivent être effectués sur des périodes équivalentes (ex : années calendrier) pour faciliter les comparaisons Un encodage des données relatives aux quantités et coûts doit être fait préalablement OBSTACLES Le manque de temps La difficulté à obtenir des informations dans les différents services Le manque d objectivité, d'expériences et/ou de compétences pour interpréter les graphiques ----------------------------------------- Document réalisé par : Union Wallonne des Entreprises Chemin du Stocquoy 3 - B-1300 WAVRE Tél : 010/47.19.43 environnement@uwe.be www.environnement-entreprise.be Avec le soutien de : Méthodologie d'autodiagnostic de la gestion de l'eau en entreprise (août 2015) 21