Epidémie communautaire d hépatite A Déscription d une épidémie Région Centre, France,

Documents pareils
Définition de l Infectiologie

Surveillance épidémiologique en Lorraine

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Méthode et exemples d application. Congrès SFSE - Jeudi 15 décembre 2011

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Evolution de la collecte des RPU Réseau OSCOUR

Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

MINISTERE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES

Mise en place de référents grippe au sein d un centre hospitalier

Bulletin de veille sanitaire octobre 2012

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Gestion de la crise sanitaire grippe A

Amélioration de l accessibilité aux soins : l ARS signe un premier contrat de praticien territorial de médecine générale... 2

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Dr Marie-Pierre CRESTA. Agence de la biomédecine SRA Sud-Est/Océan Indien. Juin 2014

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

Situation Epidémiologique Hebdomadaire Epidémie d Ebola en Guinée

Situation Epidémiologique Hebdomadaire Epidémie d Ebola en Guinée

Situation Epidémiologique Hebdomadaire Epidémie d Ebola en Guinée

Programme international de formation

Les Infections Associées aux Soins

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

Chapitre VI : Gestion des risques épidémiques

Je m inscris au forfait, donc je consulte toujours dans ma maison médicale

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

Comment devenir référent? Comment le rester?

CERTIFICATION MÉDICALE RAPPORT MÉDICAL POUR LE DROIT DE SÉJOUR

BOURSE DE RECHERCHE QUICK : SECURITE ET HYGIENE ALIMENTAIRE

Tests de détection de l interféron γ et dépistage des infections tuberculeuses chez les personnels de santé

Démarrage du prélèvement d organes et de Tissus sur donneurs décédés au Maroc

Prévenir... par la vaccination

Mission France Réseau Social Dentaire Val de Marne 2015

En partenariat avec.

Situation Epidémiologique Hebdomadaire Epidémie d Ebola en Guinée

MASTER (LMD) INGENIERIE DE LA SANTE

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Service d Hématologie clinique et Thérapie cellulaire Bâtiment Médico-Chirurgical - 3 ème et 4 ème étages

URGENCE HUMANITAIRE LES 10 COMMANDEMENTS

INFORMATIONS pour le médecin qui contrôle et complète le formulaire

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

Club Santé. «Vaccination : quelle évolution pour une meilleure prévention?» Dimanche 16 octobre 2005

Vaccination contre la grippe saisonnière

La stratégie de maîtrise des BHRe est-elle coût-efficace? Gabriel Birgand

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

squadra Présentation de Squadra Gestion Ensemble établissons de nouvelles règles... SQG PRÉS

Unité d onco-hématologie pédiatrique. Procédure de recueil de consentements du donneur. Codification du document : PO Rédacteur : Dr V Gandemer

Guinée - Epidémie de la Maladie à virus Ebola Rapport de la Situation Epidémiologique Maladie a Virus Ebola en Guinée 07 Juin 2015

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

Soins infirmiers et gestion des risques

Convention d assistance FORMULE 2 Véhicule de collection Sans franchise kilométrique

Présentation des intervenants et modérateurs

Programme «maladie» - Partie II «Objectifs / Résultats» Objectif n 2 : développer la prévention

Secteur Protégé d Hématologie

Référentiel Officine

Désignation/mise en place des points focaux nationaux RSI

CoordinationNationaleInfirmière

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

OFFRE DE FORMATION SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES PHARMACIE 2015/2016

Annonces internes SONATRACH RECHERCHE POUR SON ACTIVITE COMMERCIALISATION :

La résistance d'agents infectieux aux médicaments antimicrobiens

Les débouchés des diplômés de L LMD Sciences de la Nature et de la Vie

Surveillance des toxi-infections alimentaires collectives

Evaluation des coûts de dépistage d Entérocoques Résistants aux Glycopeptides : Résultats préliminaires

formations professionnelles fin 2014 / début 2015 hygiène alimentaire en restauration collective audit, conseil et formation professionnelle

Hygiène alimentaire en restauration collective

AU BURKINA FASO GUIDE TECHNIQUE POUR LA SURVEILLANCE INTEGREE DE LA MALADIE ET LA RIPOSTE (SECTION 1 A 8 : ETAPES DE LA SURVEILLANCE)

DES de Pneumologie Ile de France

VACCINS ANTIPNEUMOCOCCIQUES

Charte de protection des mineurs

LE MALI L HÔPITAL GABRIEL TOURE L HÔPITAL DU POINT G INTRODUCTION 2 INTRODUCTION 1 DISPENSATION DES ARV DANS LES HÔPITAUX DU POINT G ET GABRIEL TOURE

Z I G U I N C H O R SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE REGIONALE Service Régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor

PARTENAIRES SPVIE SANTE T.N.S. Brochure

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

les télésoins à domicile

La Pharmacie Clinique en Belgique : Pratique et Formation

admission directe du patient en UNV ou en USINV

Guide du parcours de soins Titre ACTES ET PRESTATIONS AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

Programme National de Prévention des infections associées aux soins en ES,

Bien vivre votre retraite

Tarifs de l hôpital universitaire pédiatrique de Bâle (UKBB)

SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DES TMS EN ENTREPRISES : LES RESULTATS DU SUIVI A TROIS ANS DE LA COHORTE COSALI

Sensibilisation des opérateurs à l hygiène des aliments

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

PROTECTION MALADIE LA COMPLÉMENTAIRE CMU

SPVIE SANTé TNS. Professions libérales, Gérants de société, Indépendants Travailleurs Non Salariés au RSI. Brochure

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

Un coût, des coûts, quels coûts?

L ANGINE. A Epidémiologie :

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Formation d Auxiliaire ambulancier


Pour certains, la maladie est assimilée à une faiblesse (consulter constitue un aveu de défaillance physique).

Transcription:

Epidémie communautaire d hépatite A Déscription d une épidémie Région Centre, France, 2011-2012 Esra Morvan, InVS-Cire Centre pour l équipe de la Cire Centre et l équipe de la CVGAS de l ARS du Centre 13 es JOURNEES NATIONALES D INFECTIOLOGIE 13-15 JUIN 2012,TOURS

Rappels: virus de l hépatite A Microbiologie Picornavirus, genre Hepatovirus Très résistant Physiopathologie Transmission féco-orale Contagiosité +++ Incubation de 2 à 6 semaines Nombreuses formes asymptomatiques (jeune enfant) Formes graves plus fréquentes chez l adulte Surveillance Déclaration obligatoire (DO) depuis 2005

Distribution des taux d incidence des cas notifiés d hépatite aigüe A par département métropolitain de résidence, France, 2010 Taux annuel d incidence des cas déclarés était 2/100 000 (1 244 cas déclarés) l Yonne et la Haute-Marne : Les départements métropolitains avec les taux d incidence les plus élevés pour l année 2010

Distribution du nombre de cas d hépatite aigüe A par mois de diagnostic et par notion de séjour hors France métropolitaine, France métropolitaine, 2010 Les deux principales expositions à risque: la présence de cas d hépatite A dans l entourage (46 %) un séjour hors métropole (30 %) 33 % des cas déclarés appartenaient à un épisode de cas groupés

Alerte en région Centre: été 2011 Augmentation des cas dans 3 départements (le Loir-et-Cher (41), l Indre (36) et l Indre-et-Loire (37)) Persistance des cas chez les gens du voyage (GDV) Disseminés en petits foyers épidémiques Suivi épidémiologique assuré par la Cire Centre (J. Capsec, P.Beaufils, M. Rivière, E. Morvan, G.Roy, D.Jeannel)

Objectifs Suivre l évolution de l épidémie Décrire les caractéristiques des cas Identifier les liens entre les cas et les foyers Orienter et adapter les mesures de contrôle

Méthodes (1) Définition de cas «Les cas confirmés ont été définis comme tout cas déclaré et confirmé biologiquement (IgM anti VHA positif) entre le 22/06/2011 et le 14/03/2012 résidant dans la région Centre» Recensement des cas DO (des médecins généralistes, médecins hospitaliers ou des biologistes et recueillis à la CVAGS) Cas groupés (collectivités)

Méthodes (2) Recueil des données épidémiologiques Fiche de notification Questionnaire standardisé administré par téléphone Recherche de liens épidémiologiques entre les cas Recherche de l origine de la contamination Enquête virologique Centre National de Référence (CNR) de l Hépatite A (Laboratoire de Virologie Hôpital Paul Brousse)

Courbe épidémique & distribution géographique Décembre S48 0 Septembre 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 0 1 0 1 1 1 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 1 0 1 0 0 1 1 1 0 0 1 1 1 1 0 1 0 0 1 1 0 0 1 1 1 1 0 1 0 1 1 1 1 1 1 1 0 1 0 1 0 1 1 1 0 0 1 1 1 1 1 1 0 1 1 1 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 S35/36 3 2 4 2 5 6 2 7 2 8 2 9 3 0 3 1 2 3 3 3 4 5 3 6 3 7 8 3 9 4 0 1 4 2 4 3 4 4 5 4 6 4 7 8 4 9 5 0 1 5 2 1 23 4 56 7 89 1 0 1 1 Sem 37 41 28 45 18 0 GDV 1 Autres 36

Incidence et caractéristiques des cas Incidence en 2011 157 cas certains d hépatite aiguë A entre le 22/06/2011 et le 14/03/2012 129 cas déclarés en 2011, taux d incidence = 5,1/100 000 (en 2010 2,5/100 000 et en 2009 2/100 000) Caractéristiques des cas de l épidémie 58 % des cas appartenant à la communauté des gens du voyage 81 % en 2011 18 % en 2012 63 % des cas âgés de moins de 15 ans âge médian : 11 ans [2-68] sexe ratio H/F:1,01 cas dans l entourage (50 %) 33 % des cas hospitalisés

Liens épidémiologiques 157 personnes 22/06/2011-14/03/2012 Gens du Voyages 90 personnes (57 %) Non Gens du Voyages 67 personnes (42 %) lien épidemiologique 60 pers (66 %) non lien épidemiologique 30 pers (33 %) lien épidemiologique 19 pers (28 %) non lien épidemiologique 48 pers (71 %) Même terrain 3 pers (5 %) Ecole 2 pers (3 %) Fratrie/Famille 45 pers (75 %) Fratrie/Famille 15 pers (78 %) Ecole 4 pers (21 %) Sejour étranger 12 pers (25 %) Age médian : chez les GDV 9,6 ans chez les non-gdv 25 ans

Enquête virologique 32 échantillons ont été envoyés au CNR entre le 26/06/2011 et 31/12/2011. Le résultat est disponible pour 30 d entre eux : 24 présentent la souche IA GQ506663 dont 17 personnes appartenant à la communauté des gens du voyage, 3 correspondent à des souches importées (concordant avec un voyage hors France Métropolitaine de ces 3 cas), 3 n ont pas pu être analysé.

Mesures de contrôle Rappel, renforcement des mesures d hygiène Domicile Collectivités Aires d accueil de gens du voyage Stratégies de vaccination Application des circulaires vaccinations des cas contacts. Individuelle Avis du HCSP en date du 13/02/2009 Campagnes de vaccination Au début de l épisode épidémique Aires d accueil de gens du voyage touchées par l épisode Changement de stratégie (semaine 48) Vaccination préventive dans les aires d accueil non touchés Age <16 ans Financement intégral par ARS

Campagnes de vaccination chez les gens du voyage Mesures Vaccination Vaccination Déols 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Début de 2012 2 3 2 4 2 5 2 6 2 7 2 8 2 9 3 0 3 1 3 2 3 3 3 4 3 5 3 6 3 7 3 8 3 9 4 0 4 1 4 2 4 3 4 4 4 5 4 6 4 7 4 8 4 9 5 0 5 1 5 2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 0 1 1

Discussion (1) Risque épidémique important chez les gens du voyage Conditions sanitaires précaires (saturation des aires d accueil, campements non autorisés, promiscuité, présence de très jeunes enfants, accessibilité difficile à l eau potable et aux installations sanitaires) Liens sociaux et familiaux étroits avec d autres campements Partie émergée de l iceberg Risque de diffusion communautaire important à d autres zones ou départements

Discussion (2) Cette épidémie illustre : Les limites du seul renforcement des mesures d hygiène individuelles et collectives pour maîtriser la transmission du VHA en situation épidémique et dans certaines communautés L intérêt de la mise en œuvre rapide d une vaccination collective et individuelle autour des cas, suivant le type de collectivité touché L importance d une prise en charge financière de cette vaccination

Remerciements Cliniciens, biologistes déclarants Cellule de L InVS en région (Cire) Centre CVAGS Aires Gens du voyage Service Promotion de la Santé Conseil Général MERCI DE VOTRE ATTENTION