Éclairages. La bernache du Canada

Documents pareils
Sarcelle d été. Anas querquedula

Le compost. Un petit écosystème au jardin

CORRIGES Plan de la séance

Petit conservatoire dans un jardin des Collines du Paradis

GUIDE CONSO-CITOYEN : LES ESPÈCES PROFONDES

SAVAIS-TU QUE DANS MA COUR D ÉCOLE...

PORTRAITS DE PARCS E X P O S I T I O N P H O T O G R A P H I Q U E

Birdline internet Manuel de l utilisateur

Enjeux environnementaux prioritaires des forêts de Poitou-Charentes

Applicable à partir de l année d assurance 2015 Assurance récolte - Sauvagine Section 12,3 - Expertise

Résultats du monitoring de la grippe aviaire au cours de l année 2014

Résultats du monitoring de la grippe aviaire au cours de l année 2013

Cahier d enquête. Suspect N 5. Reproduction interdite

Le système de détection d intrusion

BILAN DU TRANSFERT DES AMPHIBIENS

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

03/2015. Agrainoir.spirale. .Spirale HENON ble courte 6cm Modèle : Fabricants : Sarl_Henon spirales Agrainoir Metallique

La reconnaissez- vous?

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Demande d autorisation de faire une tournée pour des cirques itinérants détenant des animaux sauvages

Ordonnance concernant les districts francs fédéraux

EXAMEN DES PROPOSITIONS D'AMENDEMENT DES ANNEXES I ET II. Autres propositions

Surveillance et suivi d un émergent en Alsace Anoplophora glabripennis

Avis bureau Création d une zone commerciale Sainte Anne sur Brivet

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

Les méthodes de luttes : De la protection «systématique» à la Protection Intégrée (P.B.I.)

Merci de retourner ce document complété par courrier, fax ou mail (Joindre un plan de situation des bâtiments)


PROJET DE LOI DE SEPARATION ET DE REGULATION DES ACTIVITES BANCAIRES DEUXIEME LECTURE APRES L ADOPTION DU TEXTE DE LA COMMISSION

LES MOSAIQUES DU CREDIT AGRICOLE

Mobilité du trait de côte et cartographie historique

déchets ménagers Collecte en apport aux colonnes Tél

CONSERVATION DU PATRIMOINE VIVANT DU MARAIS POITEVIN ENJEUX ET PERSPECTIVES. CREGENE: 2 rue de l église COULON cregene@gmail.

Le réchauffement climatique, c'est quoi?

Aménagement d une cour d un lycée agricole

BILAN DE LA CAMPAGNE 2014

ASPECTS JURIDIQUES DE L ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

Les bases de données en ligne

L extermination des coquerelles

PREFECTURE DE LA LOZERE

Grandes cultures n 15 du 10 mars 2015

L accueil. des gens du voyage. direction générale de l Urbanisme de l Habitat et de la Construction LOI DU 5 JUILLET 2000

ESTIMATION DE LA TAILLE DES POPULATIONS D ANOURES DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU (SEINE ET MARNE)

LE POINT DE VUE DE FNE

Une nouvelle écologie des parcs et des jardins

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Présentation et proposition d engagement. Conseil Municipal de Courtry 13/06/2013

TOUT SAVOIR SUR LES POUX DE TÊTE

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

Introduction. Description. Cet oiseau :

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

PROJET DE DEVELOPPEMENT DES MODELS D EPARGNE D EAU POUR LA GESTION VIABLE D EAU ET D EAUX USEES

Gouvernance des mesures de sécurité avec DCM-Manager. Présentation du 22 mai 2014

L intensification des productions

2.0 Interprétation des cotes d évaluation des risques relatifs aux produits

Baromètre France générosités- CerPhi Evolution des dons des particuliers et du profil des donateurs & 2011

Le printemps et l été du compost

LE PARC DE FIGUEROLLES

Analyses de Variance à un ou plusieurs facteurs Régressions Analyse de Covariance Modèles Linéaires Généralisés

VANNES, VIS SANS FIN, POMPES D ASSÈCHEMENT DES MARAIS

Ray-grass anglais auto-regarnissant

Héron. branché NOUVEAUTÉ CET AUTOMNE! 22 octobre au 2 novembre

NOR : DEV O C

Ne brûlons plus nos déchets verts à l air libre!

EN QUÊTE DU MONDE. Les nids de fourmis rousses. Présentation de la vidéo... 2 Générique... 2 description... 2 Principaux thèmes abordés...

Références : Loi n du 29 décembre 1979 modifiée par la loi n du 2 février 1996 (article 53).

Des îlots de verdure. sur les TOITURES

Etat des lieux octobre 2006: Classe à PAC : Etude de l écosystème «mare» avec les élèves de 6 ème Mauve.

Identification des principaux lépidoptères ravageurs du maïs sucré

Progrè. Easy-Biz Le bureau virtuel de la TPE - PME. Documentation Utilisateur

RESUME NON TECHNIQUE DE L ETUDE D IMPACT

RAPPORT SUR L INSPECTION DES BANDES RIVERAINES 2014 Portrait de la MRC Brome-Missisquoi

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

Aujourd hui, le C.A.T accueille 130 personnes handicapées adultes, et propose différentes prestations aux entreprises et à la clientèle privée :

Tétranyques à deux points: stratégies de contrôle

Nouveaux produits antiparasitaires aux extraits naturels pour chiens et chats.

OUVERT02 - Maintien de l ouverture par élimination mécanique ou manuelle des rejets ligneux et autres végétaux indésirables Sous-mesure :

I. Dispositions générales. Article premier : Le cimetière de Cotterd est le lieu officiel d inhumation de la commune de Bellerive.

Etat de la connaissance de la biodiversité. sur la commune de Pantin

L ombre commun dans le canton de Vaud

Gamme Véhicules électriques et hybrides

EN ROUTE VERS L ÉLECTRIFICATION DU TRANSPORT COLLECTIF. André Porlier Gestionnaire corporatif Développement durable

1. DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Programme d aménagement intégré de quartiers informels de Port-au-Prince : Martissant et Baillergeau (AIQIP)

Guide pour une PELOUSE IMPECCABLE OBTENEZ L AVANTAGE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

DRAVEIL élabore son PLU

Les compensations écologiques sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique

Interview : les maires des communes de lâchers 1 Terrain : le suivi des ours par GPS 2

Parasites externes du chat et du chien

FAVORISER LA BIODIVERSITÉ DANS LE CIMETIÈRE. Guillaume Larregle (Maison de l Environnement de Seine-et-Marne)

On the spot. Ecocertification et images satellites. Exploitation forestière tropicale au Cameroun

(BO N 4181 DU ) (BO N 4259 DU ) (BO N 4482 DU ) Dispositions générales. Article premier

Maison au bord de l eau 5 chambres Piscine Jacuzzi Dock A proximité immédiate du Normandy Shores Golf Club.

Comment concevoir son lit biologique

COMMUNE DE PONT A MARCQ CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

LA CHARTE REGIONALE D ACCES AUX AIDES AGRICOLES

01-APPROBATION DU COMPTE RENDU DE LA SEANCE DU 10 JANVIER DECISIONS PRISES PAR DELEGATION DECLARATIONS D INTENTION D ALIENER

Guide pratique. Vivre à MOntréal avec son

Évaluation des terrains contaminés et des milieux humides par Me Luc Villiard

Transcription:

Éclairages La bernache du Canada

Éclairages La bernache du Canada Un des plus gros anatidés présents en Europe La bernache du Canada (Branta canadensis) est une oie originaire d Amérique du Nord, de couleur brune avec une tête et un cou noirs marqués d une tache blanche s étendant sur la gorge et les joues. Elle ne peut être confondue en France qu avec la bernache nonette, qui présente aussi une tête noire et blanche mais chez laquelle le blanc est plus étendu, et qui possède un corps noir et gris. La bernache du Canada est également deux fois plus grosse, jusqu à 5 kg. Mesurant jusqu à 1 mètre de haut et 1,75 m d envergure, elle fait partie des plus gros anatidés présents en Europe, dépassée seulement par les cygnes. Mâles et femelles présentent un plumage similaire. Caroline Le Goff/ONCFS Une espèce américaine introduite La bernache du Canada a été introduite comme oiseau d ornement en Angleterre dès le xvii e siècle, mais les effectifs n ont commencé à croître rapidement qu à partir du milieu du xx e siècle, suite aux translocations d individus et à de nouvelles introductions à vocation cynégétique dans d autres pays d Europe. Du fait de leur origine souvent captive et de leur développement dans les zones urbaines, les bernaches du Canada sont principalement sédentaires en Europe, même dans les milieux naturels qu elles fréquentent. On recense aujourd hui environ 220 000 individus hivernants en Europe, un chiffre en constante augmentation : ces oiseaux vivent longtemps, n ont quasiment pas de prédateurs (sauf sur les jeunes), et produisent chaque année une ponte de 5 à 6 œufs en moyenne. Elles font preuve d un comportement assez plastique, qui leur permet de vite s adapter à une large gamme d habitats. Elles ont beaucoup profité du développement de céréales plantées à l automne (au lieu du printemps auparavant), dont les jeunes pousses leur procurent une nourriture de qualité durant l hiver. Dans les parcs et jardins, elles tirent profit de la nourriture qui leur est offerte par les promeneurs.

Une expansion rapide en France Mentionnée en France dans les parcs de certains châteaux dès le xvii e siècle, la bernache du Canada n a été observée dans le milieu naturel qu à partir des années soixante à soixantedix. Les effectifs de bernache du Canada ont montré une croissance quasiment exponentielle du début des années quatre-vingt-dix à la fin des années deux mille, qui tend à augmenter moins vite ces dernières années. De 6 000 individus en janvier 2008, la population a grimpé à 14 000 individus en janvier 2016. Leur distribution n est pas du tout homogène à l échelle du pays : rares dans la moitié sud, les bernaches sont surtout présentes dans le centre du pays, en Île-de-France et dans le nord-est de la France. Si les oiseaux ne sont parfois présents que par couples ou très petits groupes, on recense plusieurs centaines de bernaches du Canada ensemble dans certaines zones très fréquentées. Jean-Francois Maillard/ONCFS

Effectif hivernant 1-50 50-300 300-500 500-1000 1000-2000 non renseigné 0 200 400 km Carte de distribution des bernaches en France Source : réseau OEZH ONCFS-FNC-FDC et données naturalistes Problèmes causés par la bernache du Canada Les bernaches du Canada causent des dégâts aux cultures lorsqu elles fréquentent les habitats agricoles pour s alimenter. Leur abondance dans les parcs, jardins et bases de loisirs, si elle est souvent appréciée du fait du caractère esthétique et peu farouche de ces oiseaux, est également à l origine de nuisances : leurs fientes souillent les berges et les zones enherbées, peuvent entraîner une pollution de l eau, voire sont suspectées de transmettre certaines maladies. L agressivité des oies nicheuses envers les promeneurs ou d autres oiseaux d eau, ainsi que leur consommation de certaines communautés végétales (roselières) ont été mentionnées. L hybridation avec d autres oies est également un problème pour l intégrité génétique de celles-ci. Enfin, les bernaches du Canada contribuent aux risques causés par les populations croissantes d oies européennes pour la sécurité aérienne, étant elles-mêmes à l origine de plusieurs accidents ces dernières années. La prolifération des bernaches du Canada est donc à la fois une nuisance directe pour les activités humaines et un problème pour le fonctionnement et la pérennité des écosystèmes naturels.

Éclairages La bernache du Canada La lutte contre cette espèce exotique envahissante Du fait des problèmes qu elle cause, la bernache du Canada dispose d un statut particulier en France : son introduction est interdite dans le milieu naturel ; les autorités administratives peuvent demander sa capture ou sa destruction ; elle est une espèce classée à la fois nuisible et chassable. La lutte contre cette espèce exotique envahissante prend plusieurs formes. Les œufs peuvent être stérilisés, plutôt que détruits, de manière à ce que les adultes continuent à les couver et ne produisent pas de ponte de remplacement. Des règlements et aménagements spécifiques sont envisageables pour limiter la fréquentation des parcs et jardins : interdiction du nourrissage, plantation de haies pour barrer les zones d envol, espacement des tontes de pelouses pour éviter les gazons ras prisés par les bernaches, etc. La capture et l euthanasie des oiseaux adultes peuvent être ordonnées par les autorités administratives pour réduire le nombre d individus adultes, ce que permettent aussi les prélèvements cynégétiques. Un guide de bonnes pratiques de gestion des parcs et jardins pour réduire les nuisances des bernaches en milieu urbain a été publié par l ONCFS en 2017 (voir www.oncfs.gouv.fr). L ONCFS et les fédérations départementales des chasseurs réalisent régulièrement des enquêtes pour estimer la taille des populations hivernantes et nicheuses, via le réseau Oiseaux d eau zones humides ONCFS/FNC/FDC. Les agents de l ONCFS conduisent aussi des opérations de lutte ciblées, via la stérilisation de pontes ou la destruction d individus adultes.

La chasse, moyen de limiter les populations de bernaches du Canada La chasse de la bernache du Canada est autorisée en France en vertu de l arrêté du 2 septembre 2016 relatif au contrôle des populations de certaines espèces non indigènes. La réglementation est similaire à celle concernant la chasse des autres oies, en particulier en ce qui concerne les dates d ouverture et de fermeture. Tous les chasseurs peuvent donc participer à l effort de lutte contre cette espèce. La bernache étant une espèce exotique envahissante, l emploi d appelants vivants n est cependant pas autorisé. Dans sa zone d origine en Amérique du Nord, la bernache du Canada est un gibier prisé, dont la consommation est très appréciée. C est de loin l espèce d oie prélevée en plus grand nombre en Amérique du Nord. En dehors de la période d ouverture de la chasse, le classement nuisible de la bernache du Canada permet sa destruction à tir jusqu au 31 mars, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet et uniquement à poste fixe. Son piégeage n est pas autorisé. La bernache du Canada reste cependant un gibier mal connu : si la dernière enquête sur les prélèvements cynégétiques faisait état de près de 4 000 individus prélevés par an, le tableau de chasse pourrait être plus élevé dans certaines zones où l espèce est abondante. Effaroucher les oiseaux dans les zones urbaines durant la période de chasse, de manière à augmenter les prélèvements dans les zones périphériques, fait partie des mesures à même de réduire l abondance de l espèce en France. Pour en savoir plus www.oncfs.gouv.fr Contact ONCFS Direction de la recherche et de l expertise Mission espèces exotiques envahissantes eee@oncfs.gouv.fr ONCFS Direction générale 85 bis, avenue de Wagram 75017 Paris Tél. 01 44 15 17 17 Fax 01 47 63 79 13 Philippe Massit/ONCFS Réalisation : Photo couverture : Thomas Bonnefoy/ONCFS Octobre 2018 ISBN : 978-2-85692-084-8