Importance matérielle de la bibliothèque de Clairvaux

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Transcription:

Importance matérielle de la bibliothèque de Clairvaux Tant les catalogues que les documents subsistant de la bibliothèque permettent une approche assez précise de l évolution du nombre de documents. MOYEN-ÂGE En 1115 Clairvaux semble n avoir bénéficié que d une modeste dotation en livres : la Règle de saint Benoît et les manuscrits liturgiques indispensables à la célébration de la messe et de la prière des heures, moins d une dizaine de manuscrits au total, qui n ont laissé aucune trace. A la fin du XIIe siècle, la bibliothèque ne compte pas moins de 350 volumes, ce qui la classe, en peu de temps, parmi les plus grandes bibliothèques de l Occident : Cluny, la plus riche, compte 570 volumes et de vieilles bibliothèques bénédictines comme Corbie et Saint-Amand, entre 350 et 400 volumes. Au sein de l ordre cistercien, Cîteaux et Pontigny, qui comptent respectivement 200 et 270 volumes, sont loin derrière. L accroissement de la collection se poursuit à un rythme rapide. Le seuil des 1000 volumes est probablement atteint dans la première moitié du XIVe siècle. L inventaire de 1472 recense 1745 volumes, dont 383 manuscrits liturgiques. Ce nombre est probablement sous-évalué, certains manuscrits n ayant pas été inventoriés. Seules des bibliothèques exceptionnellement riches, comme celle du collège de Sorbonne la dépassent. A cette même date, Cîteaux compte 1 200 volumes 1. EPOQUE MODERNE Passé 1472, les collections s enrichissent plus rapidement encore, de manuscrits et d imprimés. En 1520, la bibliothèque doit compter près de 3 600 volumes, imprimés et manuscrits, un chiffre en partie hypothétique 2. Lors des confiscations révolutionnaires, 31 252 volumes imprimés sont recensés et catalogués. Ceux-ci correspondent, pour 20 000 à 23 000 volumes, à la bibliothèque des Bouhier, la très riche bibliothèque constituée par une famille de collectionneurs dijonnais et acquise en 1783 par Clairvaux pour une somme de 135 000 francs ; et pour 7 000 à 10 000 volumes, à l ancienne bibliothèque abbatiale, telle qu elle avait été développée jusqu en 1782. Une étude statistique menée sur l inventaire révolutionnaire révèle que 50% des imprimés de la bibliothèque abbatiale ont été publiés avant 1600, 45% entre 1600 et 1700 et à peine 5% au XVIIIe siècle. Ce chiffre suggère que les enrichissements ralentissent et ne portent pas sur des ouvrages modernes. Les chiffres donnés par les envoyés de la Révolution pour les manuscrits sont moins fiables. Ils estiment à 1500 volumes les manuscrits de la bibliothèque abbatiale. Si nous admettons ce chiffre, cela signifie que les collections de manuscrits se sont appauvries au cours de la période moderne, ce qui n a rien d invraisemblable, certaines disparitions étant avérées au cours de cette période. Quant au nombre de manuscrits des Bouhier, s il n est pas malheureusement pas mentionné, il doit être compris entre 500 et 1000 volumes. EPOQUE CONTEMPORAINE La Révolution a été clémente pour les manuscrits de Clairvaux : la bibliothèque municipale de Troyes, à qui furent confiées en 1795 les collections confisquées, conserve en 1845 1250 volumes. La Bibliothèque nationale et la

bibliothèque de l école de médecine de Montpellier, bénéficiaires de prélèvements opérés en 1804, conservent respectivement 16 et 72 volumes. Enfin, huit volumes vraisemblablement volés par Libri à Troyes et à Montpellier sont conservés à la bibliothèque Laurentienne à Florence. D autres bibliothèques européennes conservent une trentaine de manuscrits identifiés à ce jour, qui pour l essentiel avaient quitté Clairvaux avant la Révolution 3. Le sort des imprimés de Clairvaux est moins enviable. A ce jour environ 350 volumes ont été identifiés. Si de nombreux volumes provenant de Clairvaux restent à identifier dans les rayonnages des bibliothèques de Troyes, Montpellier, et de la Bibliothèque nationale, il est certain que bon nombre d entre eux ont été victimes des ventes de livres en double, abîmés ou dépareillés réalisées en 1806, 1809 et 1824 par la bibliothèque de Troyes 4. Références Cf. [Les manuscrits de Clairvaux, 2006], p. 34. Jean-François Genest estime ce chiffre à 3 180 volumes recensés dans les différents catalogues, auxquels il faut ajouter les livres liturgiques, au nombre de 383 en 1472, et quelques manuscrits qui subsistent mais n ont été recensés dans aucun catalogue. Cf. [Les manuscrits de Clairvaux, 2006], p. 34 C est notamment le cas du département de l Arsenal de la Bibliothèque nationale de France. Les 9 manuscrits de Clairvaux qu elle conserve sont tous sortis de l abbaye au XVIIIe siècle au plus tard. Le manuscrit Médiathèque du Grand Troyes, ms. 2896 (1-11) rassemble plusieurs pièces d archives relatives à ces ventes. Celle de 1809 concernait 4875 volumes et celle de 1824, 4000. Selon une annotation manuscrite d un bibliothécaire, 15 000 à 16 000 volumes ont alors été vendus.

Quiz : Importance matérielle des collections 1. Quel est la bibliothèque la plus importante pour la fin du XIIe siècle? Clairvaux Cluny Corbie Cîteaux 2. L inventaire de 1472 recense 1745 volumes ; ce chiffre est-il : Sur-évalué Exact Sous-évalué 3. Lors de la Révolution, la bibliothèque de Clairvaux compte : Un peu plus de 33 000 volumes, manuscrits et imprimés, y compris la bibliothèque des Bouhier Environ 15 000 volumes auxquels s ajoutent les 35 000 volumes de la bibliothèque des Bouhier 31 252 volumes imprimés pour la bibliothèque des Bouhier et un nombre indéterminé pour la bibliothèque de Clairvaux. 4. La bibliothèque des Bouhier est : La bibliothèque d un monastère dont les collections ont été rachetées par Clairvaux Une bibliothèque vendue par des bourgeois ayant subi des revers de fortune Une bibliothèque constituée par une famille de magistrats

5. Les imprimés provenant de la bibliothèque abbatiale de Clairvaux : Ont été détruits en grand nombre pendant la Révolution Sont mal connus car difficiles à identifier Ont été pour certains vendus par la bibliothèque municipale de Troyes au début du XIXe siècle Sont répartis entre Troyes, Montpellier et d autres lieux restant à identifier

Histoire de la bibliothèque de Clairvaux : les enrichissements Les moyens par lesquels la bibliothèque s enrichit évoluent considérablement au cours du temps. Constituées principalement, au cours du XIIe siècle, par l activité de copie menée au sein de Clairvaux et par quelques dons, les collections s enrichissent surtout, du XIIIe au XVe siècle, de production des ateliers parisiens achetée par l abbaye ou offertes par des donateurs. Autour de 1500, l implication de Clairvaux dans des réseaux humanistes est déterminante pour l acquisition d imprimés publiés à Paris. En 1783, après une forte atonie des enrichissements, Clairvaux fait l acquisition d une bibliothèque d une richesse exceptionnelle. Suite à la confiscation des biens de Clairvaux en 1790, le fond de Clairvaux peut être considéré comme clos et les enrichissements prennent la forme de tentatives de rassemblement, physique ou virtuel, des collections claravalliennes. XIIE SIÈCLE : LES MOINES COPISTES Clairvaux a dû bénéficier à sa fondation d une dotation de manuscrits comportant la Règle et les livres liturgiques 1. Aucune trace ne subsiste de ce petit ensemble de livres, qui a pu servir à doter telle ou telle fille de Clairvaux 2. Au cours du XIIe siècle la bibliothèque se constitue principalement par la copie de manuscrits. Cela suppose des dépenses considérables pour se procurer parchemin, cuir, encre et pigments, mais aussi des moines spécialisés : copistes, enlumineurs, relieurs. Les manuscrits copiés à Clairvaux à cette époque qui ont été conservés ont généralement comme support un parchemin de bonne qualité. Les copistes recourent à une écriture livresque, très lisible mais nécessitant plus de temps qu une écriture cursive. Outre ces aspects matériels, la constitution d une bibliothèque nécessitait de disposer de modèles. Le rapide développement de la bibliothèque au XIIe siècle tient aussi à l importance du réseau de prêteurs qu elle a constitué. Des liens ont pu être mis en évidence avec des bibliothèques relativement proches, la cathédrale de Troyes[p1], la bibliothèque des comtes de Champagne, ou plus lointaines, comme Saint-Victor, Saint-Denis et Cluny. Des relations étroites existent avec les autres abbayes cisterciennes, et notamment Pontigny. S y ajoutent des liens personnels avec certains auteurs, comme Pierre Lombard[p2]. La correspondance de Nicolas de Clairvaux nous donne un aperçu sur cette circulation de documents. Dans une lettre particulièrement intéressante, l abbé de Cluny [p3] Pierre le Vénérable sollicite la restitution d un manuscrit du Contra Julianum de saint Augustin qui a permis de corriger l exemplaire correspondant conservé à Clairvaux. Un des manuscrits conservés témoigne du travail de collation effectivement mené. L histoire de textes amène un autre éclairage sur cette question. Parmi les plus remarquables productions de Clairvaux dans la première moitié du XIIe siècle figure un recueil des Opuscula de saint Augustin en 7 volumes 3 copiés dans l ordre où Augustin lui-même les cite dans ses Retractationes. Une notice tirée des Retractationes introduit chaque texte. Des témoins antérieurs de cette même édition figuraient dans les collections de Pontigny et des Prémontrés de Saint-Marien d Auxerre. Leur modèle commun demeure à ce jour non identifié. Exemple de mise en page citation Exemple de mise en page citation Exemple de mise en page citation Exemple de mise en page citation Exemple de mise en page citation Les dons représentent environ 10% des enrichissements de cette période. Bernard de Clairvaux a notamment reçu du comte de Champagne Thibaud une Bible en deux volumes (MGT, ms 458, t.1-2) richement enluminée. Non moins précieux sont les manuscrits amenés par le prince Henri, fils du roi Louis VI le Gros, qui prit l habit à Clairvaux où il demeura entre 1145 et 1150 avant de devenir évêque de Beauvais 4.

XIIIE-XIVE SIÈCLES : LES ATELIERS PARISIENS Aux XIIIe et XIVe siècles, la part de manuscrits copiés à Clairvaux devient marginale. Ils correspondent à des manuscrits liturgiques, à des commandes de l abbé et aux travaux personnels de quelques moines 5. La plupart des enrichissements proviennent d ateliers de copistes laïcs parisiens, liés à l université. Ils arrivent à Clairvaux, soit par achat direct pour le compte de l abbaye 6, soit par des achats faits par des moines qui entrent ensuite dans les collections de l abbaye, soit enfin par des dons. L importance de ces enrichissements tient à la création par Clairvaux, en 1245-1246, d un collège à Paris destiné à accueillir des moines de l ensemble de l ordre cistercien venus suivre l enseignement universitaire. Le collège Saint- Bernard, qui correspond à l actuel collège des Bernardins, disposait d une bibliothèque modeste une vingtaine de volumes au XIIIe siècle, dont certains étaient sortis des collections de l abbaye de Clairvaux. En 1320 le collège fut racheté par l ordre cistercien et les manuscrits transférés à Clairvaux. Au-delà de ces quelques volumes, l abbaye de Clairvaux s est enrichie de manuscrits acquis par ses moines pendant leur séjour à Paris. Ces manuscrits étaient achetés auprès de libraires ou d autres étudiants, ou copiés par les moines eux-mêmes. Le collège fit également office d intermédiaire auprès des libraires parisiens pour l achat par Clairvaux de certains manuscrits. Le coût de ces manuscrits universitaires est de plusieurs livres par volume, selon la taille de l ouvrage et la richesse de l enluminure. Clairvaux a également bénéficié de nombreux dons, parfois très importants. Cinq donations de collections de bibles glosées ont été mises en évidence par Jean-François Genest 7, représentant une cinquantaine de volumes copiés dans la première moitié du XIIIe siècle.

XVE-XVIIIE : DES HUMANISTES À LA BIBLIOTHÈQUE DES BOUHIER Les conditions d enrichissement des bibliothèques à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle sont délicates à déterminer. Notons que Clairvaux n a pas fait venir d imprimerie, contrairement à l abbaye de Cîteaux. Les manuscrits et imprimés subsistant attestent la part prise par certains individus dans l enrichissement de la bibliothèque : l abbé Pierre de Virey et le prieur et bibliothécaire Jean de Voivre à la fin du XVe siècle, le bibliothécaire Mathurin de Cangey après 1500. Ces moines copient, acquièrent, échangent des textes pour leur collection personnelle, qui après leur mort vient enrichir la bibliothèque commune. On doit notamment à Jean de Voivre un florilège épistolaire qui s achève par un texte intitulé «Ex epistolis duorum amantium», correspondance amoureuse attribuée par certains auteurs à Abélard et Héloïse 8. Ce manuscrit d usage personnel, écrit sur papier et couvert d une reliure en parchemin très simple, est d un coût négligeable comparé aux manuscrits universitaires. Thomas de Cantimpré, Bonum universale de Apibus. Ouvrage commandé par l abbé Pierre de Virey. MGT, ms 560, f. 1. L entrée des premiers imprimés à Clairvaux est favorisée par les liens qu entretiennent Jean de Voivre et Mathurin de Cangey avec le milieu humaniste, et notamment avec le grand libraire et imprimeur parisien Josse Bade. Clairvaux bénéficie en outre, en 1512, du don par le libraire Antoine Vérard d une partie de son fonds, à l occasion de l entrée de son fils Claude Vérard à Clairvaux 9. Les conditions d acquisitions de livres après les premières décennies du XVIe siècle restent à étudier. Cependant, les ex-libris des imprimés subsistant suggèrent un rôle majeur des individus dans le développement des collections. De manière tout à fait ponctuelle, entre 1744 et 1748, Dom Claude Guyton, bibliothécaire de Clairvaux, enrichit la collection de l abbaye en rassemblant une vingtaine de manuscrits de valeur de monastères cisterciens où ils étaient mal conservés 10. L acquisition de la bibliothèque des Bouhier en 1782 constitue un mystère. Les conditions de cette acquisition sont bien connues : la bibliothèque de la famille Bouhier, réputée riche de 35 000 volumes manuscrits, fierté du monde littéraire de Dijon, est mis en vente en 1781 par son héritier, le comte d Avaux, pour 300 000 livres. L abbé de Clairvaux est seul à faire une offre, de seulement 135 000 livres 11. La somme est payée grâce aux prêts d abbayes cisterciennes. En revanche les motifs de cette acquisition sont inconnus. Peut-être faut-il y voir une volonté de l abbé de Clairvaux de remédier à la médiocrité de la bibliothèque à cette époque, indigne de son statut de chef d ordre.

DE LA RÉVOLUTION À NOS JOURS : RECONSTITUER LA BIBLIOTHÈQUE DE CLAIRVAUX Passée la Révolution française, le fonds de la bibliothèque de Clairvaux peut être considéré comme clos ; cependant, dès le XIXe siècle, la bibliothèque de Troyes s est attachée à rassembler des éléments de ce fonds passés en mains privées. Le Supplément au catalogue des manuscrits des bibliothèques de province recense en 1904 une dizaine de volumes issus de la bibliothèque de Clairvaux acquis depuis 1855 12. Les dons, legs et acquisitions de bibliothèques au cours des XIXe et XXe siècles ont aussi permis de recouvrer des ouvrages distraits de la collection de Clairvaux à une date inconnue 13. Plus récemment, quatre miniatures découpées, sans doute au XIXe siècle, dans une Histoire scolastique du XIVe siècle (ms 59) ont été achetées en 1999 et une opération de restauration menée en 2002 par la BnF a permis de les réintégrer à leur place d origine 14. La mise en place de la présente Bibliothèque Virtuelle de Clairvaux constitue une forme virtuelle d enrichissement, ou plutôt de reconstitution de la collection originale. Elle a également vocation à devenir un espace d écriture et de création, susceptible d insuffler une nouvelle vie à cette bibliothèque. Références Dès 1119 le Chapitre de l ordre de Cîteaux prescrit que toute nouvelle fondation dispose des livres suivants : psautier, hymnaire, collectaire, antiphonaire, graduel, Règle, missel. Cf. [Lefèvre, 1954], p. 241-266 ; [Bondéelle 1989], p. 70-71 ; [Falmagne, 2000], p. 195-222. La disparition des manuscrits liturgiques s explique aisément changements liturgiques, très nombreuses pertes ; les manuscrits de la Règle ont dû faire l objet d une circulation intense. Seuls six volumes subsistent : MGT, ms. 40, t. 1, 2, 3, 6, 9 et 10. Il s agit de MGT, ms. 488, 511, 512, 871, 872, 1023bis, 1083, 1620, 2260, 2266 et Montpellier, BIU, H 155, 231. Cf. [Manuscrits de Clairvaux 2006], p. 36 C est notamment le cas des Evangiles glosés du collège Saint-Bernard (MGT, ms. 81). Cf. [Manuscrits de Clairvaux 2006], p. 26 Cf. [Bouhot Genest Vernet 1997], p. 101-105 MGT, ms. 1452. Cf. [Manuscrits de Clairvaux 1979], p. 37. [Manuscrits de Clairvaux 1979], p. 39. [Vernet 1979], p. 58-59 et 739-747.

Cf. [Ronsin, 19XX], p. 133-140 Le plus important de ces manuscrits est le répertoire de Mathurin de Cangey (ms 2616), essentiel pour la connaissance de la bibliothèque au début du XVIe siècle, est du nombre. Ainsi la bibliothèque du collectionneur Charles Des Guerrois, léguée à Troyes au début du XXe siècle, comportet-elle une Vita Christi de saint Bonaventure, imprimée par Pigouchet, qui provient de Clairvaux (MGT, inc. 458, [notice dans le catalogue]). [Bouhot Genest Vernet 1997, p. 74].

Quiz : Les enrichissements 1. La bible personnelle de Saint Bernard, un précieux ouvrage en deux volumes (Ms. 458) a été copiée et enluminée à : Clairvaux Chartres Pontigny 2. Trouvez le texte manquant A Clairvaux les manuscrits étaient copiés sur du de bonne qualité par un. Ils étaient ensuite décorés par un. Enfin, le reliait les manuscrits en utilisant du et des ais de bois. 3. Trouvez le texte manquant A la fin du XIIIe siècle Clairvaux acquiert des manuscrits auprès de liés à l université. Le Saint-Bernard sert d intermédiaire pour ces transactions. 4. Aux XIIIe et XIVe siècle, les nouveaux enrichissements de la bibliothèque de Clairvaux : Proviennent pour beaucoup de dons Font l objet d échanges entre abbayes cisterciennes Sont copiés à l abbaye comme au XIIe siècle Sont copiés par des copistes laïcs ou des moines résidant au collège saint Bernard Sont parfois achetés, soit par des moines, soit par l abbaye elle-même.

5. Les personnages suivants sont des moines de Clairvaux autour de 1500 : Josse Bade Jean de Voivre Mathurin de Cangey Claude Vérard Antoine Vérard 6. Trouvez le texte manquant En 1999 quatre découpées dans un manuscrit de Clairvaux du XIVe siècle ont été achetées par la bibliothèque municipale de. Une opération de menée par la BnF a permis de les réintégrer à leur place d origine.

Les documents sortis des collections Si la bibliothèque s enrichit au cours des siècles, certains ouvrages sortent des collections. Déjà dans un fragment de catalogue du XIIe siècle, tenu à jour pendant une période assez brève, sur un total de 90 articles, cinq ont été effacés et deux prêtés à l abbaye de Mores. Les voies par lesquelles les documents sortent des collections sont au moins aussi variées que celles par lesquelles ils en sortent. Certains sont donnés, d autres vendus, d autres encore volés. Des livres sont prêtés et ne sont pas rendus. D autres sont considérés comme obsolètes et recyclés. Lors de la Révolution, un transfert de propriété s effectue entre Clairvaux et l Etat, les livres étant finalement confiés à la garde de la Ville de Troyes. Mais de nombreux documents sont dispersés ou perdus à cette époque. Enfin, certaines sorties des collections restent mystérieuses. DOTATIONS, DONS, VENTES ET VOLS Certains livres ont été donnés à d autres abbayes, notamment pour la dotation initiale des monastères fondés par Clairvaux. Du temps de saint Bernard, cela a dû concerner plusieurs dizaines de manuscrits copiés à Clairvaux. L abbaye de Clairvaux, qui bénéficie de nombreux dons, est aussi amenée elle-même à faire des cadeaux diplomatiques ou d amitié. De toutes ces opérations, il ne reste que peu de traces. Au XVe siècle, Pierre de Virey fit copier le Speculum elevationis et exaltationis ordinis Cisterciensis de Mathieu Pillaerd à l intention de Jean Crabbe 1. En l occurrence, le manuscrit donné n a pas été véritablement sorti de la bibliothèque. Trois exemplaires du commentaire de la règle bénédictine par Jean de Torquemada ont également été identifiés comme des copies réalisées à la demande de Pierre de Virey par le scriptorium de Clairvaux pour être offertes 2. Il ne faut pas envoyer un nouvel abbé dans un nouveau lieu sans au moins douze moines et sans ces livres : psautier, hymnaire, collectaire, antiphonaire, graduel, règle, missel ; ni avant qu aient été construits ces bâtiments : église, réfectoire, dortoir, bâtiment des hôtes et porterie 3 La vente de manuscrits doit être tout à fait exceptionnelle, du moins au cours du Moyen-Âge. Le seul cas connu est la régularisation d un prêt non restitué : Lambert d Uppenbrouck, moine de Clairvaux, est nommé abbé des Dunes. En quittant Clairvaux il emporte une collection de 6 volumes des œuvres de saint Thomas d Aquin. Plutôt que de les restituer, il le rachète moyennant 100 florins dont la quittance, datée de 1337, nous est conservée. Certains ouvrages ont probablement été volés, notamment au cours de la période moderne. De nombreux témoignages attestent que les lecteurs, qu ils soient religieux ou laïcs, étaient admis à consulter les collections anciennes ; il est vrai que les manuscrits et les imprimés précieux, au moins, étaient enchaînés. Cela n a pas empêché la disparition du manuscrit du Contra dogmata Petri Abelardi actuellement conservé à Budapest 4. Celui-ci était passé par les mains de l historien français André Duchesne, qui l avait lui-même reçu, en 1609, du chanoine troyen Nicolas Camuzat. Ce dernier fréquentait la bibliothèque de l abbaye, dont il a recensé une dizaine de titres présentant un intérêt pour les érudits. Au XIXe siècle, la collection de Clairvaux, conservée à Montpellier ou plus vraisemblablement à Troyes, a été victime de vols de la part du bibliophile Guillaume Libri. Une partie de ces ouvrages se trouvent actuellement à la Biblioteca Medicea de Florence, dans le fonds Ashburnham-Libri. Peu après, c est le conservateur de la Bibliothèque municipale de Troyes, Auguste Harmand, qui perpètre des vols portant sur les collections dont il a la charge. Il procédait notamment en dépeçant des recueils factices ; certains imprimés de Clairvaux ont disparu ainsi. On a également retrouvé dans ses papiers un feuillet découpé provenant d un manuscrit de Clairvaux du XIIe siècle.; Les vols de Libri nous renvoient à une pratique analogue, les mutilations qui privent de leurs enluminures les plus beaux manuscrits. Parmi les victimes de ces pratiques, on peut citer en particulier le MGT, ms. 392, un exemplaire du Liber qui dicitur Angelus de Garnier de Rochefort enluminé à Paris au début du XIIIe siècle. Cet ouvrage se présentant comme un dictionnaire de termes bibliques possédait à l origine une enluminure historiée pour chaque lettre de l alphabet, soit 23 lettrines. Seules les dernières, V, X, Y, Z ont subsisté ainsi que le I et le O, qui semblent avoir échappé à l attention du voleur. Si dans ce dernier cas la mutilation remonte sans doute au XIXe siècle, dès le XIIIe siècle des ex-libris sont apposés sur les manuscrits de Clairvaux menaçant d anathème quiconque volera ou mutilera l ouvrage correspondant il y a là une

forme d antivol médiéval, venant en complément des chaînes et des portes fermant à clé protégeant très tôt les livres. ; PRÊTS Il apparait que tout au long de l histoire de la bibliothèque les manuscrits, puis les imprimés, ont fait l objet de prêts, non seulement aux moines de l abbaye mais aussi à d autres monastères et, à l époque moderne, à des savants. Celui-ci est attesté à Clairvaux dès le XIIe siècle, dans le cadre de la circulation de modèles en vue de la copie de manuscrits. Philippe, prieur de Clairvaux, illustre cette pratique dans une lettre à l abbé de Liessies, vieille abbaye bénédictine. Il lui indique qu il ne peut lui envoyer pour être copiés certains opuscules de saint Augustin que Clairvaux possède car ils sont intégrés dans des recueils de grand format dont ils ne peuvent être séparés. En revanche, il propose à l abbé de Liessies d envoyer un de ses moines copier sur place, à Clairvaux, les ouvrages en question. Le catalogue établi en 1472 mentionne 15 volumes prêtés à d autres communautés : Bar, Moreins, Morval, Reims et Val-des-Vignes 5. Cela représente un peu moins d 1% de la collection. Autour de 1500, certains moines de Clairvaux sont en rapport avec des imprimeurs parisiens pour faire publier des textes. Cela implique le prêt du manuscrit sur lequel l imprimeur doit travailler, que celui-ci ne restitue pas systématiquement. En 1517 Josse Bade publie un texte du XIIe siècle, l Archithrenius, à partir d un manuscrit de Clairvaux, apparemment annoté par Jean de Voivre, qui subsiste 6. Précisément à la même époque, en 1500, Clairvaux prête à Servais, moine du Jardinet, un antiphonaire destiné à servir de modèle pour huit copies commandées auprès de ce scribe de talent. L antiphonaire n a jamais été rendu et les copies ne subsistent pas 7. Les XVIIe et XVIIIe siècles fournissent de nombreux exemples de manuscrits prêtés qui n ont pas été restitués. Le suivi de ces prêts semble avoir été fait de manière partielle. Quand dans les années 1740 le bibliothécaire Claude Guyton entreprend de récupérer les manuscrits et imprimés prêtés à d autres institutions, il n a pas toujours en main les documents attestant du prêt. Dans de tels cas, c est la présence de l ex-libris de Clairvaux qui lui permet de prouver l origine du manuscrit. Comme en écho aux recherches de Dom Guyton, le Catalogue des incunables en Champagne-Ardenne relève quelques incunables provenant de Clairvaux dans les bibliothèques municipales de Reims et Langres ; ceux-ci correspondent manifestement à des prêts non restitués au moment des confiscations révolutionnaires 8.

OBSOLESCENCE Au sein d une bibliothèque médiévale, les manuscrits deviennent parfois obsolètes. Le cas le plus fréquent est celui de manuscrits liturgiques qui ne sont plus utilisés suite à une transformation de la liturgie et à la copie de nouveaux manuscrits. Cela concerne aussi les œuvres conservées en plusieurs exemplaires, notamment les manuscrits de droit à partir du XIIIe siècle. Enfin, les manuscrits en trop mauvais état doivent être remplacés. De tels manuscrits sont recyclés : le parchemin est notamment utilisé pour la reliure d autres manuscrits et de registres d archives 9, soit sous forme de feuillets de garde, soit pour recouvrir les ais de bois. Une analyse systématique de ces reliures a permis d identifier non seulement des manuscrits liturgiques et juridiques, mais aussi un manuscrit des œuvres de saint Bernard. Tous ces volumes appartenaient à la bibliothèque médiévale de Clairvaux, certains sont même signalés dans les catalogues. AUTOUR DES CONFISCATIONS RÉVOLUTIONNAIRES En 1790, l Assemblée nationale vote la nationalisation des biens du clergé. Ceux-ci doivent être vendus pour résoudre

le déficit de la France. Il est rapidement décidé que les livres, objets d art et collections scientifiques seront conservés pour l instruction de la nation. Ce sont les départements, nouvellement constitués, qui procèdent aux confiscations et qui gèrent les biens nationalisés. A Clairvaux les confiscations semblent s être déroulées au mieux pour la conservation de la bibliothèque. Les deux commissaires révolutionnaires témoignent que, suite à l acquisition de la bibliothèque Bouhier, l abbé de Clairvaux avait mis les livres sous clé le temps qu ils soient triés. Ils ont procédé à ce tri, puis à un inventaire complet des collections avant de suivre leur transport à Troyes. La majorité des livres a donc été préservée lors de ces opérations. Cependant, plusieurs indices permettent de soupçonner des pertes. Il n est question dans aucun document des livres présents dans les chambres des 24 moines que comptait alors Clairvaux, ni dans les appartements de l abbé, Dom Rocourt. Celui-ci a vraisemblablement emporté avec lui, en quittant l abbaye, plusieurs livres et documents d archive importants. Dans son portrait, réalisé vers 1783, il se fait représenter avec deux beaux in-folio d œuvres de saint Thomas d Aquin et de saint Bernard qu il a probablement conservés. Un rapport de février 1790 révèle la présence de 70 manuscrits liturgiques dans la sacristie de l église abbatiale. Or il n est jamais question de ce local dans le rapport des commissaires bibliographes. Leur disparition expliquerait le très faible nombre de manuscrits liturgiques retrouvé ; elle expliquerait aussi la présence à la bibliothèque municipale de Bar-sur-Aube d un superbe graduel-antiphonaire du milieu du XVIIIe siècle 10 qui figurait probablement parmi ces livres de la sacristie. En 1804, la bibliothèque municipale de Troyes reçoit la visite de deux commissaires désignés par le Conseil de conservation des objets de sciences et d arts. Ceux-ci avaient pour mission de transporter à Paris les pièces jugées les plus intéressantes des collections troyennes. Ils ont choisi environ 500 volumes, manuscrits et imprimés, provenant en majorité de Clairvaux, que ce soit des anciennes collections de l abbaye ou de la bibliothèque Bouhier. Si la plupart de ceux-ci se trouvent actuellement à la bibliothèque de l école de médecine de Montpellier et à la Bibliothèque nationale de France, plusieurs semblent avoir été conservés par les commissaires. DISPARITIONS ET DISPERSIONS INEXPLIQUÉES A côté des cas de sortie des collections documentés, on recense plusieurs disparitions mystérieuses et on retrouve des manuscrits provenant de Clairvaux dont l itinéraire reste à éclaircir. Il suffira d en donner la liste pour indiquer quelles directions devraient suivre de nouvelles recherches sur le sujet. La disparition la plus frappante est celle d échantillons des productions majeures de Clairvaux. Pour chacun des trois monuments copiés à Clairvaux au XIIe siècle que sont les Opuscules de saint Augustin en sept volumes, la Grande Bible en six volumes et le légendier en sept volumes, il manque un et un seul volume, disparu entre le XVIe et le XIXe siècle. Dès le 2e quart du XVIIIe siècle, un manuscrit provenant de Clairvaux a été acquis par la Bibliothèque royale,

désormais Bibliothèque nationale de France (Paris, BnF, lat. 983A). Copié en 1502 par Jean le Bègue, moine de Clairvaux, à la demande de l abbé Pierre de Virey, on le retrouve au XVIIe siècle entre les mains d un certain Antoine Guillaume d Orbigny 11. Son itinéraire entre ces différents jalons chronologiques est inconnu. Entre 1757 et 1787, Antoine-René de Voyer d Argenson, marquis de Paulmy, rassembla une remarquable bibliothèque de plus de 50 000 imprimés et 2400 manuscrits. Il s intéressait tout particulièrement à la littérature française médiévale. Il acquit neuf manuscrits provenant de Clairvaux, dont un volume comportant deux romans en français, Guilleville le pèlerin et le Rouman de la fleur de lis. Ce manuscrit, conforme aux goûts du marquis de Paulmy, est attesté à Clairvaux en 1730. Par ailleurs, trois de ces neuf manuscrits ont préalablement appartenu à Joseph-Louis, baron d Heiss, bibliophile actif entre 1740 et 1781. Chercher les voies de la dispersion des collections de Clairvaux peut permettre de retrouver des manuscrits qui n ont pas encore été identifiés. En principe, un même travail pourrait être mené sur les imprimés, très peu évoqués dans cette étude. Mais les enjeux sont moindres et les ouvrages subsistant sont beaucoup plus difficiles à identifier que les manuscrits. Références Bruges, Bibl. publ. 417. Cf. [Vernet 1979], p. 18 et n. 7. Cf. [Vernet, 1979, p. 28]. Il s agit d un ms. copié le 6 avril 1485 et offert à l abbaye de Cambron (Princeton, Univ. Libr., Garrett 91) ; un ms. copié vers 1485 à l intention de Jean Le Fel, abbé de Chaalis (Bibl. nat., lat. 17642) ; et d un ms. copié en 1488 pour Michel Requillatre, religieux de Loos (Lille, BM 160) D après les statuts de l ordre cistercien de 1119. Cf. [Lefèvre, 1954], p. 258. Budapest, Szechenyi National Libray, 16. [Vernet 1979, p. 33] MGT, ms. 2263. Cf. [Vernet, 1979], p. 34. Cf. [Vernet, 1979], p. 28, 59, 341-343 Cf. [Arnoult, ]. Les documents d archive qui ne sont plus utilisés sont également réemployés de la même manière. Bar-sur-Aube, ms 1. Pierre de Virey est aussi appelé Pierre Guillaume. Mais l existence d un Orbigny à proximité de Langres est sans doute plus significative. Le manuscrit considéré porte en outre une mention de prix du XVIIe siècle : «Ordinaire de Cisteaux, mss. f, 6 écus», ainsi qu une mention de la main de Louis, abbé de Targny, actif à la Bibliothèque Royale entre 1712 et 1737 : «Inter recens emptos 75». Cf. BIBLIOTHEQUE NATIONALE, Catalogue général des manuscrits latin, 1939-1991, n. 983A. Consulté en ligne le 01/12/2014 à l adresse suivante : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.pdf?id=frbnfead000062550&c=frbnfead000062550_e0000023.

Quiz : Les documents sortis des collections 1. Toute nouvelle abbaye cistercienne doit posséder : Une Bible Un manuscrit de la Règle de saint Bernard Un missel romain Un manuscrit des Moralia in Job du pape Grégoire le Grand 2. La bibliothèque de Clairvaux a été victime de vols des personnages suivants : Nicolas Camuzat, chanoine troyen Lambert d Uppenbrouck, moine de Clairvaux nommé abbé des Dunes Guillaume Libri, spécialiste de manuscrits du XIXe siècle Dom Rocourt, dernier abbé de Clairvaux Auguste Harmand, conservateur de la bibliothèque municipale de Troyes 3. Au Moyen-Âge les manuscrits sont protégés contre le vol par : Des armaires et des portes fermés à clé Des formules de malédiction contre les voleurs Des fermoirs reliés à des chaînes La vigilance de moines chargés de les surveiller jour et nuit 4. Un manuscrit à puêtre prêté à l extérieur de Clairvaux de façon certaine pour : Être relié Être imprimé après 1450 Être consulté par un érudit laïc ou religieux

Être copié dans un monastère au cours du Moyen-Âge Être examiné par un acheteur potentiel 5. Il est impossible que les manuscrits de Clairvaux qui ne servent plus soient : Vendus Effacés pour être réutilisés Réduits à des éléments réutilisables (ais de bois, parchemin) Donnés 6. Les disparitions pendant la Révolution sont dues : A des destructions opérées par les Commissaires révolutionnaires après un premier tri A la destruction systématique des livres religieux et juridiques A la dispersion des livres dans des lieux autres que la bibliothèque A des incidents pendant le transport entre Clairvaux et Troyes A des vols et à des détournements 7. Parmi les personnages et institutions suivantes, lesquels détinrent avant la Révolution des manuscrits provenant de Troyes? La Bibliothèque Royale, actuelle Bibliothèque nationale de France Le marquis de Paulmy La Bibliothèque publique de Troyes La bibliothèque des Bouhier André Duchesne

Organisation de la bibliothèque : bâtiments, catalogues, ex-libris et autres aspects de la gestion de la collection MOYEN-ÂGE Dans les premiers temps de l abbaye, la gestion de la bibliothèque, réduite à un très petit nombre de volumes, est simple. Les manuscrits sont conservés dans le cloître, dans une niche munie de tablettes appelée armaire (armarium). La circulation et la copie des manuscrits sont de la responsabilité du chantre. L augmentation du nombre de livres a conduit à créer un deuxième armaire et une petite salle dédiée à la conservation de la bibliothèque. Attestés à la fin du XVe, ces aménagements pourraient remonter à la reconstruction de l abbaye en 1135. Au XVe siècle, certains textes d usage courant ou recommandé sont également disposés enchaînés sur des pupitres dans le cloître, près de la salle capitulaire. Ils constituent un espace de rangement et de lecture, contrairement à la petite bibliothèque et à l armaire destinés au seul stockage. Il n existe aucun témoignage relatif à un scriptorium, entendu comme un espace dédié à la copie en commun des manuscrits. En revanche, au moins deux moines semblent avoir disposé d un écritoire : Nicolas de Montiéramey, secrétaire de saint Bernard entre 1145/1146 et 1152, et le prince Henri, fils de Louis VI le Gros, entré à Clairvaux vers 1145 et élu évêque de Beauvais en 1149. Le scriptoriolum de Nicolas de Clairvaux lui sert également de petite bibliothèque. D autres copistes de Clairvaux ont peut-être disposé de semblables aménagements. Entre 1286 et 1291, l abbé Jean II fait construire le petit cloître ou cloître des copistes. Quatorze «écritoires» sont attestés dans ce cloître dès le début du XVIe siècle. Ils remontent peut-être à la construction de cet ensemble, qui comporte aussi un véritable studium monastique avec école de théologie et salle de soutenance des thèses. L accroissement des collections entraîne dès le XIIe siècle un début de gestion écrite de la bibliothèque. Un fragment de catalogue établi dans la 2e moitié du XIIe siècle, utilisé comme garde d un manuscrit du XIIIe siècle, constitue le principal témoin de cette gestion. Il recense sommairement une centaine d items, selon un ordre thématique, en réservant des espaces pour les enrichissements ; ceux-ci sont reportés, de même que les disparitions et deux prêts à l abbaye de Mores. Par ailleurs plusieurs manuscrits présentent un ex-libris de Clairvaux du XIIe siècle, peut-être contemporain du catalogue 1. ; Aucun catalogue ne subsiste entre le XIIe et le XVe siècle. Toutefois, un grand nombre de manuscrits ont reçu un exlibris au cours du XIVe siècle, parfois accompagné d un titre. Une telle pratique serait cohérente avec la rédaction d un catalogue disparu par la suite.

1459-1521 : L INVENTAIRE DE 1472 ET LA NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE Le XVe siècle ouvre pour la bibliothèque une longue période de classements et de catalogues successifs. Passée la fin de la Guerre de Cent ans, l ordre cistercien fait preuve d un intérêt renouvelé pour la gestion des abbayes, et notamment des bibliothèques. Le chapitre de 1459 préconise de les inventorier. A Clairvaux, ces consignes pourraient avoir été anticipées. Un premier travail de cotation fut réalisé à une date indéterminée après 1410. Il n a porté que sur une partie des ouvrages. Un travail plus poussé de cotation et d inventaire fut mené peu avant 1472. Pierre de Virey, l abbé élu en 1471, réorienta les travaux qui aboutirent à une nouvelle cotation et à l établissement du monument de bibliothéconomie médiévale qu est l inventaire, ou catalogue, de la bibliothèque de Clairvaux en 1472. Chaque volume fait l objet d une description physique et intellectuelle. Sont également relevés la cote du volume, les incipits et explicits repères et son emplacement. La totalité des livres sont recensés, à l exception de ceux en langue française., Le catalogue de 1472 révèle une bibliothèque d une importance exceptionnelle, qui s accroit alors rapidement, tant en manuscrits qu en incunables, et menace d excéder les capacités des espaces où elle est conservée. Aussi Pierre de Virey entreprend-il en 1495 la construction d une bibliothèque de grande taille. Ses efforts n aboutissent qu en 1503, alors qu il n est plus abbé. La nouvelle bibliothèque est un bâtiment sans commune mesure avec l ancienne. Etablie dans le cloître des copistes, au-dessus des écritoires, elle constitue un grand vaisseau de près de 50 mètres de long, à double travée, éclairé par de hautes baies vitrées. Les livres sont rangés à plat, enchaînés à des pupitres disposés de part et d autre de l allée centrale. Cette disposition reprend celle des bibliothèques universitaires françaises et italiennes ; au sein de l ordre cistercien en revanche, elle fut novatrice et servit de modèle, notamment, à la bibliothèque de Cîteaux achevée en 1509 et à celle de Vauluisant, construite en 1525-1526., Un catalogue de la Grande bibliothèque est établi vers 1520. Il ne recense que 650 volumes, bien moins que le catalogue de 1472. En effet, une partie des volumes reste dispersée entre l ancienne bibliothèque, la sacristie et les autres emplacements relevés dans ce catalogue. Une autre partie est désormais rangée dans la petite bibliothèque du dortoir. Celle-ci est attestée peu avant 1520 par un catalogue composé vers cette date, et des cotes plus anciennes, mais qui toutes remontent au XVIe siècle 2. Elle consiste en 900 volumes répartis entre 4 meubles occupant une partie des archives de l abbaye, séparées du dortoir par une simple porte. Ce sont des volumes de format moyen ou petit et de médiocre valeur, destinés à être empruntés pour une lecture au sein de l abbaye, avec sans doute moins de formalités que les autres livres.

DE 1520 À LA RÉVOLUTION Passé 1520 il devient rapidement difficile de suivre l évolution de la gestion de la bibliothèque. On observe 3 toutefois une évidente différence de traitement entre les manuscrits et les imprimés. L essentiel de ces derniers semble n avoir reçu ni ex-libris, ni cote. Leurs modalités de conservation et de rangement à Clairvaux sont obscures, et il est très difficile d identifier ceux qui subsistent. Il en va autrement des manuscrits. Les descriptions successives faites par des voyageurs de passage à Clairvaux nous révèlent que la grande bibliothèque a gardé jusqu au milieu du XVIIIe siècle son apparence, sinon son organisation, de 1520. Au cours du XVIIe siècle de nouvelles étiquettes sont rédigées. A la demande de Dom Luc d Achery, bibliothécaire de Saint-Germain-des-Prés, un bibliothécaire compose un nouveau catalogue des manuscrits, qui ne porte que sur 550 articles. Au XVIIIe siècle, à son tour, Dom Jean Delannes rédige un catalogue, malheureusement perdu, qu il envoie à Dom Bernard de Montfaucon pour la publication de Bibliotheca bibliothecarum. Le même Dom Delannes annote de nombreux manuscrits avec l identification de leurs auteurs et leurs dates d activité. Enfin, Dom Guyton, bibliothécaire et archiviste de Clairvaux, qui cherche à rassembler les éléments épars de la bibliothèque de Clairvaux, s appuie sur un catalogue ou un registre de prêt qui n a lui non plus pas été retrouvé., Les grands travaux qui ont transformé au XVIIIe siècle le Clairvaux médiéval en un monastère des Lumières ont aussi touché les bibliothèques. Le grand cloître est démoli vers 1760, et le petit cloître l est sans doute en même temps. Une nouvelle bibliothèque est construite dans le grand cloître, probablement à l étage. Selon les archives financières de l abbaye, il s agirait d un espace de 42 mètres de long sur 13 mètres de large. Il est équipé de rayonnages le long des murs et de tables, conformément à un usage qui s est imposé dès le XVIIe siècle. Les livres doivent donc être rangés à la verticale, ce qui n était pas le cas jusqu alors, en tout cas pour les manuscrits et une partie des imprimés, et qui détermine un immense travail d adaptation des reliures. Une partie des manuscrits et imprimés subsistants ont été munis d une demi-reliure en carton et basane. Les autres ont simplement été dépouillés de leurs chaînes, fermoirs, boulons et autres ferrures. L opération semble avoir été menée selon des principes d économie, il est donc probable que seules les reliures trop abîmées pour supporter la transformation ont été remplacées 4. Il en résulte que nombre de reliures médiévales ont été conservées.,, Le transfert des ouvrages dans la nouvelle bibliothèque a manifestement été perturbé par l acquisition de la bibliothèque des Bouhier en 1782. Celle-ci dépassait en effet de beaucoup la capacité du nouveau bâtiment. En 1790, les commissaires révolutionnaires trouvent celui-ci entièrement occupé par la majeure partie de la collection Bouhier. Le surplus de cette collection, ainsi que l ancienne collection de Clairvaux, y compris les manuscrits, sont conservés dans le bâtiment des fours et des moulins, dans un espace apparemment équipé de rayonnages, mais nettement surchargé.

DE LA RÉVOLUTION À NOS JOURS Entre 1790 et 1795, les commissaires révolutionnaires se sont attachés à distinguer la collection de Bouhier de la collection abbatiale et à inventorier l ensemble des ouvrages, imprimés et manuscrits. De ce travail, seul subsiste la moitié du catalogue des imprimés. Dans un premier temps manuscrits et imprimés ont rejoint Troyes. Une dispute s étant élevée entre Troyes et Bar-sur- Aube pour savoir quelle ville aurait la garde de ce dépôt, le projet naquit à Troyes d un espace conçu spécifiquement pour accueillir la «bibliothèque nationale de Clairvaux», selon l expression de l époque. Les deux étages du dortoir de l ancienne abbaye Saint-Loup de Troyes, près de la cathédrale, furent réunis en un vaisseau de 53 x 10 mètres et d une hauteur de plus de 7 mètres. La «Grande Salle» ainsi ménagée fut entièrement couverte de rayonnages, dont certains pourraient avoir été transportés depuis Clairvaux en même temps que les collections 5. Furent installés dans la Grande Salle non seulement les ouvrages provenant de Clairvaux, mais encore l ensemble des collections confisquées à Troyes et dans une partie de l Aube au cours de la Révolution. Ces collections toutes mêlées furent classées par thématique et par format. Les manuscrits restèrent à part, mais furent également mêlés entre eux et classés par format. A partir des années 1930, ils furent conservés dans un local séparé de la Grande Salle, de même que les incunables., La bibliothèque municipale resta en fonction, moyennant divers aménagements et agrandissements, jusqu à la fin du XXe siècle. L inadéquation du bâtiment aux exigences nouvelles de la lecture publique amena la création d une médiathèque moderne qui ouvrit ses portes en 2002. Cependant, la Grande Salle fut préservée en raison de son caractère exceptionnel. Les collections qui s y trouvaient, ainsi que les rayonnages, furent transférés dans un espace de la nouvelle médiathèque de dimensions analogues 6, se donnant à voir au public par de vaste baies vitrées. Incunables et manuscrits furent quant à eux transférés dans une chambre forte protégeant les collections les plus précieuses de la médiathèque. Les documents en mauvais état firent l objet de travaux de reliure dont on peut observer la succession chronologique dans les collections de la médiathèque. Aux demi-reliures à décor classique et pièce de titre rouge de la première moitié du XIXe siècle succèdent des reliures en toile avec dos en parchemin souple. Les anciens plats présentant un intérêt esthétique ou documentaire ont parfois été conservés collés sur les nouveaux plats des reliures de ce type. Les reliures contemporaines se caractérisent par leur sobriété et leurs qualités de conservation.,, Les manuscrits distraits au profit de Montpellier furent les premiers catalogués dans le premier volume du Catalogue Général des Manuscrits des bibliothèques publiques, en 1849. Celui-ci fut suivi en 1855 d un deuxième volume consacré aux manuscrits troyens. L essentiel des manuscrits provenant de Clairvaux y sont identifiés. Depuis 1979, à l instigation d André Vernet, de l Institut de Recherche et d Histoire des Textes, une vaste opération de catalogage des manuscrits de Clairvaux est en cours, qui doit s achever en 2015. Cette opération présente la particularité de s appuyer sur la structuration du catalogue de 1472.

Références Dom Wilmart avait noté une forte similitude d écriture entre le fragment de catalogue et les ex-libris. André Vernet se fonde sur la date probable de construction de cet archivium pour supposer que la petite bibliothèque du dortoir existait dès le XIVe siècle. Aucune preuve matérielle ne vient étayer une origine aussi ancienne. Dom Martène, visitant la bibliothèque, n y a vu qu un faible nombre d imprimés [Vernet 1979], p. 711. Toute cette opération a dû constituer une formidable occasion de vol dans les collections de l abbaye. Les archives documentant ce transport se contredisent. La nouvelle «Grande Salle» n est plus un rectangle mais un trapèze de 50 mètre de long, d une largeur variant de 10 à 20 mètres.

Quiz : Organisation de la bibliothèque 1. Auteur du fameux inventaire de la bibliothèque de Clairvaux en 1472, Pierre de Virey est également lié à une phase essentielle de son développement. De quelle manière? En aménageant un nouvel espace plus vaste pour accueillir l ensemble des fonds En entreprenant le premier travail de cotation des ouvrages En exigeant désormais que les livres soient enchaînés à des pupitres afin d assurer leur protection 2. Trouvez le texte manquant Au Moyen-Âge à Clairvaux l essentiel des manuscrits est conservé dans la petite et dans des munis de tablettes. Quelques-uns sont enchaînés à des dans le. 3. L image ci-dessous représente : Un anathème Une cote Un titre Un ex-libris

4. L image ci-dessous représente : Le catalogue de la bibliothèque au XIIe siècle Le catalogue de Clairvaux du XIVe siècle Le catalogue de 1472 Le catalogue des imprimés en 1795 5. L image ci-dessous représente : Le catalogue de la bibliothèque au XIIe siècle Le catalogue de Clairvaux du XIVe siècle Le catalogue de 1472 Le catalogue des imprimés en 1795 6. Dans la grande bibliothèque de Clairvaux, achevée en 1503, les livres sont : Enfermés dans des armoires Rangés à plat sur des pupitres Posés à la verticale sur des rayonnages

Librement accessibles et empruntables, sauf quelques manuscrits précieux conservés en réserve et enchaînés 7. Le manuscrit présenté ci-dessous présente : Un titre et une cote médiévale Une étiquette du XVIe siècle et une cote du XIXe siècle Un titre et une cote du XXe siècle Une étiquette du XVIIIe et une cote du XXe siècle 8. Après la destruction du grand cloître et de la grande bibliothèque au milieu du XVIIIe siècle, les livres qui y étaient conservés sont : Presque tous détruits ou vendus pour faire place à la bibliothèque des Bouhier Pour certains reliés à neuf Tous recatalogués et recotés Stockés dans le bâtiment des fours et des moulins

9. Que représente l'image ci-dessous? Une reliure médiévale Une reliure du début du XVIe siècle Une demi-reliure du XVIIIe siècle Une demi-reliure de restauration de la fin du XIXe siècle 10. La Grande Salle de la Médiathèque du Grand Troyes : Est une reproduction exacte de la Grande Salle de l ancienne bibliothèque municipale de Troyes Ne contient aucun document vraiment précieux Est meublée avec les rayonnages de l ancienne Grande Salle Conserve des imprimés de Clairvaux Conserve des manuscrits de Clairvaux