La Sociodynamique entre à l Université Le 17 Juin dernier à l Université Paris Dauphine, le laboratoire de recherche en Management & Organisation des professeurs Fabien Blanchot et Serge Perrot invitait 4 personnalités du monde de l entreprise à partager leur expérience des pratiques de la sociodynamique. Face à un parterre de professeurs et d étudiants en science de gestion, ceux ci ont donc raconté tour à tour comment la Sociodynamique les a aidés à gérer des épisodes décisifs pour leurs organisations. L occasion de jeter un pont entre théorie et pratique. Marc Smia et Sylvane Casademont entourent Fabien Blanchot, Vice Président du Conseil d Administration de Dauphine. (assis) tandis que Philippe Faugeron termine son allocution.
Parmi eux : Michel Bon, aujourd hui président de la Fondation nationale pour l enseignement de la gestion des entreprises (FNEGE). Cependant c est en tant qu ancien dirigeant du Crédit Agricole, de l ANPE, de Carrefour et de France Telecom que cet ami de la Sociodynamique a répondu à l invitation de Serge Perrot et Fabien Blanchot. Avant lui à la tribune se sont succédés 3 professionnels expérimentés : Marc Smia,Philippe Faugeron et Sylvane Casademont. De gauche à droite : Sylvane Casademont, Michel Bon Marc Smia et Philippe Faugeron
C est donc face à un public averti, mais bienveillant que Marc Smia, Senior vice président de Kea&partners s est lancé le premier. Co- auteur d ouvrages tels que «le manager joueur de Go» chez Eyrolles et d une volée d articles sur le sujet, celui- ci n a a eu aucun mal à convaincre son auditoire que la sociodynamique ne se réduit pas à «de la psycho sociologie simplifiée». A travers des références éclairantes, qu il se refuse à qualifier de concepts, Marc Smia a su démêler un à un les fils pour tenter de présenter une vision d ensemble de la socio dynamique «un ensemble d approches, de pratiques, qui visent à créer les conditions de l émergence de l autonomie, pour que le corps social soit agile par rapport à son environnement.» Le professeur Serge Perrot et Marc Smia attentifs aux questions de l auditoire. A la suite de son intervention, l un des professeurs présents dans la salle, Jean François Chanlat, fait valoir une convergence de vues. Lui même auteur d un ouvrage paru en 1990 : «l'individu dans l'organisation, les dimensions oubliées» aux Presses de l Université Laval, il s émeut que ces préceptes n aient pas été jusque là plus largement diffusés. L occasion embraie Marc Smia, de conversations fertiles à l avenir.
A son tour, Philippe Faugeron, consultant, prend la parole, promettant sur le ton de la plaisanterie, de «synthétiser 50 ans d histoire de Carrefour en 15 minutes.» En réalité l ancien directeur du développement des RH au sein du groupe Carrefour raconte comment il a vu naître au sein de cette organisation, une véritable culture managériale. Il souligne que le cabinet de consultants Bossard, auquel Carrefour fait appel dans les années 80, n est pas totalement étranger à la mise en œuvre chez Carrefour de préceptes de la socio dynamique. Parmi ceux ci : le principe de subsidiarité, qui a réellement pu s appliquer au sein du groupe pendant quelques années, favorisant l auto- organisation (voir illustration), l un des ferments du succès de Carrefour. Un temps mise entre parenthèses cependant, notamment en raison de maints changements de gouvernance ces dix dernières années, cette culture managériale semble renaitre aujourd hui sous l impulsion du nouveau PDG Georges Plassat qui a fait savoir qu il comptait «remettre l homme au centre». La grille EGO/ECO : l organisation dans tous ses états Source : «L élan Sociodynamique» de Jean Christian Fauvet, avec Kea&Partners Les éditions d organisation - 2004 Un autre exemple de la mise en mouvement des hommes au sein d une organisation a été développé par l intervenant suivant. Sylvane Casademont, directrice de cabinet au sein du Ministère de l Éducation et de la recherche a brillamment décrit l attitude qui a été la sienne face au défi rencontré en 2012 dans la structure qu elle dirige : le changement de nom. Alors directrice de la communication du Centre national du machinisme agricole du génie rural, des eaux et des forêts (CEMAGREF), elle est chargée de rebaptiser cet établissement public à caractère scientifique sans heurter les sensibilités de ses membres. Sa tâche l amène à définir une stratégie des alliés et d impliquer tous les acteurs dans ce processus délicat. A l arrivée le Cemagref opère sa mue sans trop de heurt et devient l Irstea, l institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture. «Une évolution salutaire pour un institut qui a au fil des ans complètement changé de nature» souligne- t- elle.
Comme en écho à l intervention de Philipe Faugeron, Michel Bon lance en préambule : «J ai tout appris chez Carrefour» où il a officié entre 1985 et 1992. «J ai appris qu on pouvait animer une entreprise autrement qu en l administrant» note cet Énarque. «En faisant confiance en la capacité des hommes et des femmes à prendre des initiatives» Pour résumer l état d esprit qui est alors le sien vis à vis de ses chefs d équipe il a cette formule : «Mon rôle premier est de les rendre meilleurs. Et si je les rends meilleurs, alors le reste me sera donné. Et alors quel plaisir!» Il cite également 4 points sur lesquels repose selon lui la réussite d une entreprise : la fierté d appartenance, le désir de bien faire, l intelligence collective et le priorité donnée à la ligne hiérarchique. Point d orgue de cette après midi studieuse et stimulante, l intervention de Michel Bon a consisté à expliquer comment, partout ou il est passé, il a cherché à valoriser les hommes et les femmes et à les responsabiliser. Président de la FNEGE, Michel Bon incarne le trait d union entre le monde de l entreprise et celui de la recherche. C est également ce lien que célébrait ce jour là l assistance, au terme d une journée d échanges vivifiants qui ouvrent le champ à de prochaines rencontres constructives.