le cancer de l intestin



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le cancer de l intestin Programme de dépistage en Communauté française www.cancerintestin.be

Table des matières Introduction L adhésion des partenaires L engagement des gastro-entérologues 1. Le cancer colorectal 2. La prévention primaire 3. Le programme de dépistage 3.1. Pourquoi le dépistage est-il utile? 3.2. A qui s adresse ce dépistage? 3.3. Une attitude différenciée en fonction des risques A. Les personnes ayant un risque moyen Le test Hemoccult B. Les personnes ayant un risque élevé ou très élevé La coloscopie totale 3.4. Les clés du succès du programme de dépistage 4. Le dépistage en pratique... 4.1. La procédure d invitation 4.2. D autres possibilités d entrer dans le programme de dépistage... 4.3. Le matériel mis à disposition du médecin 4.4. Quel est le rôle du médecin généraliste? 4.5. Concrètement, la réalisation du test Hemoccult... 4.6. La communication des résultats 4.7. Si le test est positif... 4.8. Si votre patient exprime des réticences... 5. Schéma fonctionnel 6. Le Centre communautaire de référence, son rôle... 7. Pour en savoir plus 5 6 6 7 9 10 10 10 11 11 12 13 13 15 16 16 17 17 18 19 20 20 21 22 24 25 3

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Introduction Le cancer colorectal représente en Belgique quelque 7.500 nouveaux cas par an; il s agit du cancer digestif le plus fréquent. Il arrive en troisième position chez l homme après le cancer de la prostate et celui du poumon et en deuxième position chez la femme après le cancer du sein. Il reste associé à une mortalité élevée (40 à 50 % des personnes atteintes décèdent endéans les 5 ans). Le nombre de nouveaux cas est faible avant 50 ans pour augmenter ensuite de façon rapide. L objectif du programme de dépistage proposé en Communauté française est de réduire la mortalité par la détection précoce de lésions cancéreuses. De plus, la détection et l exérèse des adénomes permettent d éviter le développement de cancers. La population cible est la population appartenant à la tranche d âge 50-74 ans. Dans son rapport sur le dépistage, le Centre d expertise fédéral (KCE) fournit les bases scientifiques pour le mettre en place. Tous les guidelines recommandent d offrir le dépistage aux individus à risque moyen, c està-dire asymptomatiques et sans antécédents familiaux de cancer colorectal ou d antécédents personnels de pathologie rectale, à partir de l âge de 50 ans. Pour un tel dépistage de masse, le test de recherche de sang occulte dans les selles (test gfobt : Fecal Occult Blood Test) est retenu. 5 Les personnes présentant des symptômes ou ayant des antécédents personnels ou familiaux doivent quant à elles, faire l objet d un suivi spécifique.

L adhésion des partenaires ı Société Scientifique de Médecine Générale ı Les structures universitaires de médecine générale ı Société royale belge de gastro-entérologie ı Groupe Belge d oncologie digestive ı Société belge d endoscopie digestive ı Les mutualités ı La Direction générale de la santé ı SCPS - Question Santé asbl ı La Fondation Registre du cancer ı La Fondation contre le cancer ı Le Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers asbl L engagement des gastro-entérologues L ensemble de la profession, via ses organes de représentation, est officiellement en faveur du dépistage organisé : ı par Hemoccult, pour les sujets à risque moyen; ı par coloscopie pour les sujets à risque élevé et très élevé. 6

1. Le cancer colorectal Le cancer colorectal invasif est une maladie maligne qui atteint le colon et le rectum. La Fondation Registre du Cancer a enregistré en 2004, 58.020 nouveaux cas de cancer en Belgique dont 25.948 tumeurs (44,7 %) chez les hommes et 32.072 tumeurs (55,3 %) chez les femmes. Parmi ces cas de cancer, il y avait 7.582 nouveaux cas de cancer colorectal dont 4.091 (54 %) chez les hommes et 3.491 (46 %) chez les femmes. Le cancer colorectal représente donc 13 % de tous les cancers dans notre pays. Le risque de cancer colorectal commence à augmenter après l âge de 40 ans et de façon plus importante après l âge de 50-55 ans. Ce risque double approximativement à chaque décade. Toutes les données publiées démontrent clairement que la grande majorité des cancers colorectaux surviennent entre 50 et 75 ans. Dans les données européennes concernant le cancer du colon, on peut constater une amélioration du taux de survie à 5 ans entre 1980 et 1990. Cette amélioration s explique essentiellement par les améliorations des techniques chirurgicales, les programmes de dépistage de masse n étant pas encore implantés ou trop récemment. 7

Taux de survie relative à 5 ans (cancer du colon) 1978-1980 1987-1990 (%) (%) France 42 58 Suisse 49 55 Suède 48 55 Italie 37 49 Danemark 37 42 Angleterre 35 42 Estonie 25 39 Pologne 23 27 8

2. La prévention primaire La prévention primaire vise à diminuer l incidence du cancer colorectal. Pour cela, il est utile de sensibiliser le public aux comportements permettant d éviter le développement des cancers. Il existe des certitudes scientifiques aboutissant à des recommandations alimentaires et d hygiène de vie : la consommation de fruits et de légumes, la lutte contre la surcharge pondérale et l obésité, la pratique d une activité physique régulière. Des données épidémiologiques permettent d estimer une réduction de 20 % du risque de cancer colorectal par la consommation élevée de légumes. De nombreuses études établissent le rôle protecteur de la consommation de légumes et de l activité physique tandis qu elles mettent en évidence le rôle délétère d un apport calorique excessif. La consommation de viandes rouges et de charcuteries augmente aussi le risque relatif (RR) de développer un cancer colorectal (Norat. Int. J. Cancer, 2002, 98, 241-256). La consommation de fruits et légumes, la pratique d une activité physique régulière et la lutte contre la surcharge pondérale apportent un bénéfice en terme de prévention pour de multiples affections. Ces notions sont largement diffusées y compris pour les plus jeunes par le biais du Plan de promotion des attitudes saines en matière d alimentation et d exercice physique pour les enfants et adolescents de Belgique (www.mangerbouger.be), mais doivent continuer à rester une priorité auprès de tous les publics. 9

3. Le programme de dépistage 3.1. Pourquoi le dépistage est-il utile? Pour deux raisons... ı La première est que le dépistage permet de diagnostiquer précocement une lésion cancéreuse permettant ainsi un traitement précoce et une amélioration de l espérance de vie. ı La deuxième est l histoire naturelle d un grand nombre de cancers colorectaux : la séquence des adénomes se transformant en cancer est en effet largement démontrée. Sur 1000 adénomes, une centaine d entre eux vont atteindre la taille critique d 1 cm; 25 d entre eux vont évoluer en cancer et ce sur une période d une dizaine d années (entre 5 et 15 ans). Quand ces adénomes sont enlevés (essentiellement par endoscopie), la séquence est donc interrompue et on évite le cancer. Le cancer colorectal est curable s il est détecté à temps. Pour des lésions non invasives (ne dépassant pas la sousmuqueuse), la survie à 5 ans approche les 90 % pour les cancers du colon et 80 % pour les cancers du rectum. 10 3.2. A qui s adresse le dépistage? Le programme de dépistage en Communauté française s adresse aux personnes de 50 à 74 ans. Ces limites d âge se basent sur les études épidémiologiques qui démontrent une nette augmentation de l incidence après 50 ans. Le risque de développer ce cancer existe bien sûr après 74 ans, mais les personnes qui n ont pas développé la lésion à cet âge en souffriront seulement dans 5 à 10 ans, soit au-delà de 80 ans. Compte

tenu de la courbe de survie actuelle, ces personnes auront pu décéder pour une autre cause. Le médecin peut évidemment continuer à proposer un dépistage à titre individuel, mais ce dernier ne sera plus inclus dans le Programme mis en place par la Communauté française. La population cible des hommes et des femmes de 50 à 74 ans est de ± 910.000 en Région wallonne auxquelles il faudra ajouter les francophones de la Région de Bruxelles Capitale, ± 200.000. Le dépistage chez nos voisins La Communauté flamande prépare actuellement le lancement d un programme de dépistage basé sur la recherche de sang occulte dans les selles au moyen d un test immunologique (ifobt), en réalisant des projets pilotes limités à certaines régions, avant la généralisation à l ensemble de la Communauté. En France, depuis plusieurs années, des programmes basés sur le modèle qui sera proposé, ont été menés à l échelle d un grand nombre de départements. Depuis peu, ces programmes sont généralisés à l ensemble du territoire. 3.3. Une attitude différenciée en fonction des risques Le programme de dépistage en Communauté française propose une attitude différenciée en fonction des risques. Le risque cumulatif (RC) de développer un cancer colorectal entre 50 et 74 ans est de 3,5 %. Ce risque est qualifié de moyen. A. Les personnes ayant un risque moyen Elles constituent le groupe cible pour le dépistage de masse par recherche de sang occulte dans les selles. 11 Le dépistage se fait en deux temps : ı 1 er temps : la recherche de sang occulte dans les selles par le test

Hemoccult II. Ce test permet une première sélection et non un diagnostic. Il permet d identifier les individus pour lesquels la coloscopie est recommandée. ı 2 e temps : pour les personnes ayant un résultat positif au test Hemoccult II, une coloscopie totale est nécessaire. Le test Hemoccult A ce jour, cette méthode de dépistage de masse a démontré son efficacité avec une réduction significative de la mortalité par cancer colorectal dans trois études européennes prospectives (Acta gastroenterol. bel., 2005, 68, 243-244 - Gastroenterology, 2004, 126, 1674-1680). Dans le cadre du programme de dépistage mené en France, le test Hemoccult II a ı une spécificité 1 d environ 98 %; ı une valeur prédictive positive 2 de 10 % pour un cancer et de 30 % pour un adénome; ı la sensibilité 3 pour un adénome dépend de la taille de celui-ci : environ 20 % pour un adénome dont le diamètre est de 1 à 2 cm, entre 30 et 75 % pour un adénome de plus de 2cm. La sensibilité est donc faible, mais acceptable vu l histoire naturelle des adénomes si le test est répété à intervalles réguliers (tous les 2 ans). 12 Dans le cadre d un programme de dépistage, les avantages du test Hemoccult II par rapport à la coloscopie sont : ı son acceptabilité par la population. En Bavière, où la coloscopie est proposée d emblée à toute la population, la participation au dépistage est à peine de 6 %; 1 Spécificité : capacité d un test de dépistage ou d un test diagnostique à donner un résultat négatif lorsque la maladie (ou la condition) n est pas présente. 2 Valeur prédictive positive : probabilité que la condition soit présente lorsque le test est positif. 3 Sensibilité : capacité d un test ou d un examen à donner un résultat positif lorsque la maladie (ou la condition) est présente.

ı son inocuité; ı son faible coût. En ce qui concerne le test immunologique (Hemoccult Sensa) ou le test immunochimique par hémagglutination (HemeSelect), ils ne sont pas encore validés dans le cadre d un dépistage de masse. De plus, ces tests amènent un nombre plus important de faux positifs (et donc plus de coloscopies inutiles). B. Les personnes ayant un risque élevé ou très élevé Le suivi de ces personnes doit se faire d une façon individuelle et spécifique. Le dépistage doit se faire par coloscopie totale. La coloscopie totale ı Elle permet l inspection de la totalité du colon après préparation colique; ı Elle a une sensibilité > 90 % (cancers et adénomes avancés); ı Elle permet des biopsies et la résection des adénomes; ı Elle réduit l incidence de plus de 90 %; Malgré sa très grande sensibilité, la coloscopie totale ne convient pas pour le dépistage de masse, entre autres à cause de sa mauvaise acceptabilité : pour rappel, en Bavière, où la coloscopie est proposée d emblée à toute la population, la participation au dépistage est à peine de 6 %. La coloscopie est donc réservée aux personnes ayant un risque élevé, voire très élevé et aux personnes ayant un test Hemoccult positif. En ce qui concerne la coloscopie virtuelle, dans les conditions actuelles, elle n est pas encore validée scientifiquement et de plus, elle ne permet pas l exérèse d adénomes ou la biopsie de lésions. Dans le cas où des lésions sont détectées lors de la coloscopie virtuelle, il faut de toute manière réaliser une coloscopie totale classique. 13

Qui est concerné par le «risque élevé»? Toute personne : ı ayant des antécédents familiaux de cancer colorectal : dont un des parents du 1 er degré a souffert d un cancer colorectal avant l âge de 45 ans (risque cumulatif de 13 %), entre 45 et 60 ans (risque cumulatif de 8 %), après 60 ans (risque cumulatif de 5 %) ou dont 2 parents du 1 er degré ont souffert d un cancer colorectal (risque cumulatif de 21 %) ı ou ayant des antécédents personnels d adénomes ou de cancer colorectal (risque cumulatif de 18 %) ı ou ayant souffert d une maladie inflammatoire du colon : maladie de Crohn, rectocolite ulcéro-hémorragique (risque cumulatif de 20 à 30 %). Qui est concerné par le «risque très élevé»? Toute personne souffrant du syndrome de Lynch (ou cancer colorectal héréditaire non polyposique - HNPCC) ou d une polypose adénomateuse familiale (risque cumulatif de 100 %, concerne 1 % des cancers colorectaux). Quelle est la répartition des niveaux de risque dans la population générale? 14

Pour rappel, le dépistage par Hemoccult n est : ı Jamais indiqué en cas de symptômes digestifs (rectorragies, modification du transit, diarrhées, douleurs abdominales, anémie, perte pondérale...) ı Pas indiqué pour les groupes à risque élevé et très élevé Engagement des gastro-entérologues concernant les critères de qualité de la coloscopie ı Préparation optimale ı Confort pour le patient : douleur (sédation) ı Coloscopie complète ı Possibilité de réaliser une polypectomie d emblée si présence d un adénome ı Réalisation de la coloscopie dans une structure adaptée ı Audit des procédures endoscopiques et anapathologiques. 3.4. Les clés du succès du programme de dépistage Pour que l on puisse constater un effet mesurable du dépistage sur la mortalité dans la population, il faudra atteindre un taux de participation au programme de 50 % et répéter le test tous les deux ans. Population testée Test Hemoccult Coloscopie totale positif si test positif + de 50 % 1 à 2 % + de 80 % (100 %) Médecin généraliste Lecture centralisée Gastro-entérologue 15

4. Le dépistage du cancer colorectal en pratique... Le médecin généraliste est la pierre angulaire du dépistage du cancer colorectal. Le Programme mis en place par la Communauté française soutient le médecin dans sa mission préventive. 4.1. La procédure d invitation Toutes les personnes de 50 à 74 ans reçoivent une lettre personnalisée les invitant à consulter leur médecin généraliste afin de bénéficier du dépistage. Dans le cadre de la consultation, le médecin identifiera le dépistage le plus adéquat en fonction de leur niveau de risque. Dans le cadre de cette consultation, les personnes recevront toutes les informations utiles ainsi que le matériel pour réaliser le test de recherche de sang occulte dans les selles. C est donc au médecin généraliste : ı d informer les personnes qui le consulteront; ı de déterminer le dépistage adapté en fonction du risque; ı de remettre le test Hemoccult en cas de risque moyen et d assurer le suivi de la prise en charge en cas de résultat positif; ı en cas de risque élevé ou très élevé, de remettre une demande de coloscopie. 16 L invitation est envoyée par le Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers (CCR). L invitation parviendra durant le mois de l anniversaire de la personne, l année paire si le jour de naissance est impair ou l année impaire si le jour de naissance est pair. Pour ceux qui ont fait le test une première fois, l invitation suivante leur parviendra deux ans après la réalisation du test précédent s il était négatif.

L invitation reçue par la personne se compose de : ı une lettre, ı un dépliant d information sur le dépistage, ı un questionnaire médical servant à déterminer le risque et donc le type de dépistage à réaliser (ce questionnaire est à compléter par le patient et le médecin). La partie concernant l autorisation pour l enregistrement et le traitement de données est à signer par le patient, ı un feuillet d étiquettes code-barres permettant l identification de la personne. 4.2. D autres possibilités d entrer dans le programme de dépistage... ı Le médecin peut proposer lui-même à ses patients âgés de 50 à 74 ans d entrer dans le programme de dépistage, même si ceux-ci n ont pas encore reçu l invitation. ı Toute personne de 50 à 74 ans peut entrer dans le programme de dépistage en allant consulter son médecin généraliste de sa propre initiative, même si elle n a pas encore reçu l invitation. 4.3. Le matériel mis à disposition du médecin Il y a deux sortes de kits : le kit pour la population ciblée par le dépistage par la recherche de sang occulte (risque moyen) et le kit «demande de coloscopie» (risque élevé, voire très élevé). Dans le kit destiné aux personnes à risque moyen «Test Hemoccult» vous trouverez : ı un questionnaire médical vierge (au cas où votre patient n en aurait pas), ı une enveloppe pré-adressée avec «Port payé par le destinataire» 17 à remettre au patient pour renvoyer le test Hemoccult et le questionnaire, ı le feuillet reprenant des étiquettes code-barres,

ı le dépliant informatif pour le patient pour réaliser le test, ı le test Hemoccult lui-même. Dans le kit destiné aux personnes à risque élevé ou très élevé «Demande de coloscopie», vous trouverez : ı un questionnaire médical vierge, ı un feuillet reprenant des étiquettes code-barres, ı le dépliant informatif destiné au patient et expliquant comment réaliser le test, ı une demande de coloscopie : 3 feuilles autocopiantes à remettre au patient (un exemplaire sera destiné au gastro-entérologue, un au Centre de référence et un vous sera renvoyé par le gastroentérologue avec le résultat de la coloscopie), ı deux enveloppes pré-adressées avec «Port payé par le destinataire» : l une pour renvoyer le questionnaire médical au Centre de référence, l autre pour permettre au gastro-entérologue de renvoyer le feuillet autocopiant complété au Centre de référence. Vous avez utilisé l ensemble des kits mis à votre disposition? Vous souhaitez en obtenir à nouveau. Pas de problème, vous avez trois possibilités pour les commander : ı via le n de téléphone : 010/23.82.72 (9h-16h) ı via le n de fax : 010/45.67.95 ı par e-mail : colorectal@ccref.org Vous les recevrez dans un délai de 5 jours. 18 4.4. Quel est le rôle du médecin généraliste? 1.Informer quant au programme de dépistage, répondre aux questions et réticences éventuelles du patient. 2.Analyser et/ou compléter le questionnaire pour déterminer le risque du patient et choisir le type de dépistage.

Dans le cas où le patient est déjà suivi par un gastroentérologue et/ou a déjà subi une coloscopie dans les 5 ans qui précèdent, celui-ci ne doit pas réaliser de test mais simplement renvoyer le questionnaire complété pour être invité à nouveau 5 ans après la coloscopie totale. 3.En cas de risque élevé, prescrire une coloscopie totale et renvoyer (ou demander au patient de renvoyer) le questionnaire complété comprenant également l autorisation d enregistrement des données, signée par le patient (via une des deux enveloppes pré-adressées avec «Port payé par le destinataire»). 4.Pour la population cible du dépistage par recherche de sang occulte (risque moyen) : inviter à réaliser le test et donner les explications nécessaires, fournir le test Hemoccult (une étiquette code-barres doit être collée sur chacune des trois plaquettes Hemoccult ), placer le questionnaire dans l enveloppe pré-adressée. Lorsqu une personne vous consulte, quelle que soit la raison de sa venue, il est utile d introduire la notion de dépistage. Si vous sentez qu elle a des réticences, il est important de lui réserver un temps spécifique pour un entretien motivationnel lors d une autre consultation. 4.5. Concrètement, la réalisation du test Hemoccult... Pour réaliser le test, la personne doit prélever 2 échantillons d une même selle lors de 3 selles consécutives. Il n y aucune restriction alimentaire ou autres dans les jours qui précèdent le test, l objectif étant que, pour le patient, le test soit le plus simple possible à réaliser. Le patient doit mettre les 3 plaquettes dans la pochette verte Hemoccult, glisser celle-ci et le questionnaire dans l enveloppe préadressée, puis poster l enveloppe fermée sans l affranchir. 19

4.6. La communication des résultats Le médecin recevra les résultats de tous ses patients ayant fait le test Hemoccult, que le test soit positif ou négatif. Il les recevra dans un délai de 5 jours ouvrables. En cas de test positif, le Centre de référence joindra un formulaire standardisé de prescription de coloscopie. De plus, dans le cas où le test est positif, le Centre de référence enverra quelques jours plus tard un courrier au patient l invitant à prendre contact avec son médecin généraliste pour recevoir les résultats de son test. Le programme prévoit que le patient peut obtenir les résultats de son test auprès de son médecin généraliste, dans un délai de 10 jours après qu il ait posté son test. 4.7. Si le test est positif... En cas de test positif, le médecin informe son patient et prescrit une visite auprès du gastro-entérologue de son choix pour une coloscopie totale (sauf contre-indication évaluée par le gastro-entérologue lors de la consultation) via la demande de coloscopie fournie par le Centre de référence (document comprenant 3 feuilles autocopiantes). 20 Une fois la coloscopie réalisée, le gastro-entérologue transmet le résultat au médecin généraliste et au Centre de référence. En cas de non réponse dans un délai de 2 mois, le Centre de référence envoie un rappel au médecin généraliste. Il est primordial que les tests positifs soient suivis d une coloscopie totale.

4.8. Si votre patient exprime des réticences... N hésitez pas à négocier avec lui les différentes possibilités de dépistage. ı Pour une personne refusant de faire d emblée une coloscopie en cas de risque élevé : il sera quand même utile dans un premier temps de lui faire réaliser un dépistage par Hemoccult même si, dans sa situation, ce n est pas le test préconisé par le programme. ı Pour une personne n ayant pas confiance dans le test Hemoccult et souhaitant faire d emblée la coloscopie... vous pouvez rappeler les difficultés et risques inhérents à la coloscopie. Si la personne souhaite la coloscopie malgré tout, il est préférable qu elle bénéficie de cet examen. ı Pour une personne ayant un test Hemoccult positif et qui se dit réticente à faire la coloscopie : informez-la clairement sur la coloscopie, écoutez ses peurs et réticences et attirez l attention du gastro-entérologue pour en faire un examen le moins pénible possible (sédation). 21

5. Schéma fonctionnel BCSS 50-74 ans CCR Invitations + questionnaire oui 1 Refus motivé non La personne veut participer? Visite spontanée Kit «demande de coloscopie» Questionnaire Demande de coloscopie GE oui MG visite/ sélection 2 3 Personne à risque? non Kit «Hemoccult» Remise des tests gaïac Réalisation des tests gaïac et envoi au CCR avec questionnaire 4 non 5 Tout complet? 7 22

du programme BCSS (Banque Carrefour de Sécurité sociale) : population éligible Gestion mensuelle des invitations par le Centre communautaire de Référence (CCR) 1) renvoi éventuel des motifs de non participation au CCR via le questionnaire 2) Sélection personne à risque et renvoi des motifs au CCR via le questionnaire et l enveloppe PP Remise d une demande de coloscopie pour le GE et 1 enveloppe PP (CCR) 3) Remise des tests gaïac, le questionnaire complété, et une enveloppe PP pour le renvoi postal vers le CCR 4) chaque pochette pour le renvoi des plaquettes devra être identifiée par une vignette de mutuelle ou des étiquettes pré-imprimées sur le questionnaire 5) tests incomplets ou illisibles, questionnaire incomplet ou manquant : retour pour suivi chez le MG 6) envoi du résultat ( ou +) au MG, maximum 5 jours ouvrables après réception du test au CCR, accompagné d une demande de coloscopie pour le GE et 1 enveloppe PP (CCR) si cas+ 7) ré-invitation après 2 ans Pour les cas «positifs», envoi d un courrier directement à la personne, 5 jours ouvrables après l envoi du résultat au MG 8) rappel au MG concernant les résultats des examens complémentaires non reçus, 2 mois après l envoi du résultat au MG, ou après sélection personne à risque 9) retour échéancier invitations après 5 ans 10) suivi coloscopie positive. 6 8 non oui Lectures des tests Test - Test + Envoi du résultat au MG (+ demande coloscopie GE si +) Envoi d un courrier à la personne (5j.) Résultats coloscopie oui 9 Résultat final - Résultat final + 23 10 oui traitement

6. Le Centre communautaire de référence, son rôle... Le Centre de référence assure : ı l envoi des invitations, ı la lecture des tests : il est important que la lecture soit centralisée pour diminuer le nombre de faux positifs - faux négatifs, ı l encodage des questionnaires, ı l enregistrement des résultats dans un logiciel spécifique, ı l envoi des résultats au médecin généraliste référent dans les 5 jours ouvrables. En cas de test positif (estimé à 2-3 %), le Centre de référence assure : ı l envoi, dans les 5 jours ouvrables, du résultat au médecin généraliste accompagné de la demande de coloscopie; ı l envoi (dans les 10 jours) d une lettre à la personne concernée l invitant à prendre contact avec son médecin généraliste. En cas de test négatif, le Centre de référence assure : ı l envoi du résultat au médecin généraliste référent dans les 5 jours ouvrables, ı aucun courrier n est envoyé au patient, ı la personne sera réinvitée 2 ans plus tard. 24 Le Centre de référence assure l évaluation du dépistage : ı enregistrement du nombre de personnes invitées, exclusions, tests réalisés, tests positifs, coloscopies réalisées, adénomes et cancers détectés... ı rétro-information vers les médecins généralistes et les gastroentérologues. Si vous avez des questions, n hésitez pas à contacter le Centre communautaire de référence au 010/23.82.72

7. Pour en savoir plus... www.cancerintestin.be : site internet du programme de dépistage du cancer colorectal www.ccref.org : site internet du Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers www.sante.cfwb.be : site internet de la Direction générale de la santé www.questionsante.org : site internet du Service communautaire de promotion de la santé - Question Santé (outils de communication) www.ssmg.be : site internet de la Société Scientifique de Médecine Générale Document de référence : Health Technology Assessment «Dépistage : connaissances scientifiques actuelles et impact budgétaire pour la Belgique» KCE reports vol.45b, Centre fédéral d expertise des soins de santé, 2006 25

Merci pour votre collaboration indispensable à la réussite de ce programme de santé publique 26 Vous avez utilisé l ensemble des kits mis à votre disposition? Vous souhaitez en obtenir à nouveau. Pas de problème, vous avez trois possibilités pour les commander : ı via le n de téléphone : 010/23.82.72 (9h-16h) ı via le n de fax : 010/45.67.95 ı par e-mail : colorectal@ccref.org Vous les recevrez dans un délai de 5 jours.

www.cancerintestin.be Cette brochure a été réalisée par le SCPS - Question Santé asbl dans le cadre du programme de dépistage organisé par la Communauté française. Partenaires : Société Scientifique de Médecine Générale, Services universitaires de médecine générale, Société royale belge de gastro-entérologie, Groupe belge d oncologie digestive, Société belge d endoscopie digestive, les mutualités, Fondation Registre du cancer, Fondation contre le cancer, Centre communautaire de référence asbl Éditeur responsable : Patrick Trefois, 72 rue du Viaduc, 1050 Bruxelles. Dépôt légal D/2008/3543/23 Réalisation : SCPS Question Santé asbl Centre Communautaire de Référence pour le dépistage des cancers avec le soutien de la Communauté française