«Le doctorat scientifique en Europe de l Ouest»

Faculté des Sciences de Dakar Université Cheikh Anta Diop (UCAD) SENEGAL CIRUISEF Sciences et Francophonie Conférence Internationale des Responsables des Universités et Institutions Scientifiques d Expression Française Le Doctorat scientifique dans l espace francophone : compétences et enjeux Les Rencontres CIRUISEF 24-27 novembre 2009 «Le doctorat scientifique en Europe de l Ouest» Gilles RABY, CIRUISEF Université de Poitiers France

1- La région traitée. Belgique Francophone France Suisse francophone

2- Organisation des études En Communauté française de Belgique, Le décret de Bologne prévoit que ces formations soient encadrées par des «Académies» (association d'universités) et fournies par des «Écoles doctorales» (structures de recherche et d'enseignement). Le Fonds national de la Recherche scientifique (FNRS) gère les vingt écoles doctorales, une seule par domaine scientifique, qui regroupent les écoles doctorales thématiques (reconnues pour une durée de 5 ans). Les commissions du FNRS accréditent les Écoles doctorales afin d offrir des garanties sur la qualité des formations. Les études doctorales (3 ème cycle) sont organisées en deux parties simultan ées : la formation doctorale (60 ECTS) et le doctorat avec thèse (120 ECTS). En 2007-2008 il y avait un peu plus de 8 000 étudiants engagés en études doctorales (dont 3 500 en sciences et 3 000 étrangers). Ces 8 000 étudiants se répartissent en 4000 en SHS, 3 500 en sciences et 1500 en sciences de la santé. Un «promoteur», ou directeur de thèse, est choisi par un collège (d experts). Dans le cadre du projet Interreg «Prodoc», des actions en faveur de l insertion professionnelle des doctorants sont organisées en collaboration entre les universités et écoles doctorales de la région Nord-Pas-de-Calais (France) et de la Communauté française de Belgique, traduites principalement par l organisation de Doctoriales franco-belges. L accès aux écoles doctorales est possible après un «master en deux ans», appelé master 120.

En France : Le nouvel arrêté relatif à la formation doctorale se caractérise par quatre orientations majeures : - Les écoles doctorales sont les lieux de structuration de l'offre de formation doctorale, contribuant à sa visibilité et à son attractivité aux plans national, européen et international. Elles garantissent un encadrement scientifique, des formations, une ouverture internationale, la possibilité de stages et le suivi de l insertion Une école doctorale fédère des forces scientifiques de qualité dans un ensemble cohérent de thématiques. Elle est accréditée par l'état après évaluation par l'agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (A.E.R.E.S.). La formation doctorale est une "expérience professionnelle de recherche". La possibilité est donnée à l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur de participer à la formation doctorale dès lors qu'a été démontrée, dans le cadre d'une évaluation nationale, leur capacité à apporter une contribution significative à l'animation scientifique et pédagogique d'une école doctorale. Il existe actuellement environ 290 écoles doctorales qui accueillent près de 80 000 doctorants (dont 30 000 en sciences et un tiers d étrangers). Les écoles doctorales se transforment progressivement en des écoles doctorales thématiques cohabilitées entre plusieurs établissements. Les étudiants titulaires du grade de Master (ou équivalent) peuvent se porter candidat à une inscription en thèse de doctorat.

En Suisse francophone, L organisation du cycle doctoral est hétérogène : les termes doctorat traditionnel, formation doctorale ou études doctorales revêtent des réalités différentes. Dans nombre de cas, il relève non seulement de la responsabilité d une université, d une faculté ou d un département, mais il peut constitue le produit d offres communes de plusieurs universités, facultés ou départements La majorité des universités dispose d une organisation plus ou moins décentralisée du doctorat relevant de la compétence des facultés ou d autres unités, le doctorat étant ainsi organisé différemment au sein même de ces universités (doctorat traditionnel, fréquentation de cours selon entente ou dans le cadre de certaines exigences ou d un «programme» fixe c est-à-dire plus ou moins structuré). Le doctorat traditionnel définit la thèse comme un travail de recherche personnel supervisé uniquement par un directeur ou une directrice de thèse. La formation doctorale structurée désigne des formes plus récentes de doctorat. Les étudiant(e)s en formation doctorale structurée sont soit tenus de suivre certaines offres de formation répondant à des critères prédéfinis (p. ex. un volume donné), soit tenus d accomplir un programme plus ou moins fixe Enfin, on parle de structures faîtières lorsque plusieurs offres de la formation doctorale structurée sont regroupées à un échelon supérieur et gérées de manière centrale La tendance semble être à la formation doctorale structurée. En moyenne il y a 5 000 entrants en cycle doctoral (dont 65% en sciences et 47,2% d étrangers) et 3200 doctorats ont été délivrés en 2007.

3- Durée moyenne des thèses En Belgique : la durée est souvent de 3 à 4 ans En France : la durée théorique est de 3 ans La valeur médiane de la durée des thèses est de 3,4 ans Les distributions étant fortement dissymétriques, il convient de s intéresser aux valeurs moyennes sensiblement inférieures aux durées moyennes. Les durées médianes pour chacune des directions scientifiques est de : 2,7 ans en chimie, 2,8 ans en sciences de la terre et de l univers, 2,9 ans en physique et sciences pour l ingénieur, 3,3 ans en mathématiques et informatique, 3,4 ans en biologie, médecine, santé, 4,2 ans en sciences de la société, 4,5 ans en sciences de l homme et des humanités. Sur les 80 000 doctorants on compte 19 000 premières inscriptions contre 12 000 soutenances. En sciences sur les 30 000 doctorants on compte 7 000 soutenances. En Suisse : Il n'existe pas de données fiables concernant la durée effective du doctorat (en raison des différences au niveau de l'obligation de s'inscrire et de la pratique d'inscription). Conformément aux entretiens menés avec les responsables du doctorat, celui-ci dure en moyenne entre quatre et six ans, la durée dépendant fortement de la discipline et de la conception du doctorat (programmes structurés ou doctorat traditionnel). Les universités, même si elles évoquent l'objectif de réduire la durée du doctorat, ne le considèrent pas comme prioritaire.

4- Nombre d'étudiants en thèse. En Belgique, l enseignement universitaire dans la communauté française de Belgique repose sur 9 universités accueillant 67 000 étudiants. Un troisième cycle de trois ans minimum mène au grade de Doctorat. Ces universités accueillent 8 000 doctorants (dont 3 500 en sciences et 3 000 doctorants étrangers) pour 650 doctorats délivrés par an. En France : Environ 290 écoles doctorales formant près de 80 000 doctorants ( dont 30 000 en sciences et un tiers de doctorants étrangers) pour environ 12 000 doctorats délivrés (dont 7 000 en sciences). Un jeune sur quatre poursuit en thèse après un master. En sciences de la vie et de la terre on note 40% de poursuite d étude en thèse après le master ainsi que 36% en sciences fondamentales et appliquées (math, physiques ), 3% en sciences humaines, 21% en sciences économiques et gestion, 18% en droit. En Suisse : 5 000 entrants (dont 3 200 en sciences et 2 400 étrangers) et 3 200 doctorats ont été délivrés en 2007. En 2008-2009, la plus grande partie des entrées provenaient des sciences exactes et naturelles (31%), suivies de médecine pharmacie (21%), des sciences humaines et sociales (20%), des sciences et techniques (13%), et du droit et des sciences économiques (7% chacun).

5- Financement des thèses En France : Nouvelle mesure : Le contrat doctoral, pour plus de simplicité et plus de garanties pour les doctorants (cf exposé d Eric Grégoire : table ronde de mercredi matin) A partir de la rentrée universitaires 2009 est mis en place un contrat doctoral unique et identique pour tous les établissements de recherche et d'enseignement supérieur : un contrat ouvert à tous les étudiants en thèse, d'une durée de 3 ans qui offre toutes les garanties sociales ainsi qu'une rémunération avec un minimum garanti. En Suisse : Le FNS a financé 3700 doctorants en 2007 En Belgique : Le salaire moyen mensuel net d un doctorant est d environ 1166 euros (moyenne de l échantillon). des différences notables peuvent également être remarquées selon le pays d origine du doctorant 55% des doctorants venant hors de l Union européenne touchent un salaire mensuel net inférieur à 500 euros alors que 73% des doctorants belges et 61% des doctorants venant de l Union européenne touchent des salaires compris entre 1100 et 1700 euros.

6- Devenir des étudiants après la thèse. En France, trois ans après la thèse (passée en 2003), les disciplines scientifiques le plus touchées par le chômage sont : la chimie, les sc. de la vie et de la terre avec 13 % de chômeurs les sciences pour l ingénieurs ont 10% de chômeurs Taux de chômage Emploi dans le secteur public 1999 2001 2004 2006 1999 2001 2004 2006 Math-Physique 5% 5% 7% 6% 58% 43% 69% 58% Mécanique, Electro. Inform. Sc. de l Ing. 2% 2% 6% 9% 50% 36% 49% 49% Chimie 14% 10% 14% 13% 62% 60% 60% 71% Sc. vie et terre 8% 7% 11% 13% 62% 73% 69% 52% 70% des docteurs issus des Sciences de l Ingénieur, de la Mécanique, de l Electronique et l Informatique ont un emploi dans la recherche

7- Évolution des effectifs en sciences. Prévisions d évolutions des effectifs en France, quelle fiabilité?? : 80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 Total Sciences 20 000 10 000 0 2007 2008 2012 2017

8- Mobilité (1) La mobilité vers l Europe (autres origines) Toutes disciplines confondues, 20% des doctorants en Europe sont des ressortissants d un autre pays non-européen, soit 73 000 des 336 000 thèses en cours. Les principaux pays d origine sont la Chine (4700), le Maroc (4300), l Algérie (3800), le Mexique (3500), la Tunisie (3300), les Etats-Unis (2800), le Brésil (2600) Comme pour la mobilité intra-européenne, les pays attirant le plus de doctorants non européens sont le Royaume-Uni, la France et l Espagne. Les liens historiques et linguistiques expliquent beaucoup ces mobilités : Pour la France, les principales nationalités sont marocaines, algériennes, tunisiennes, libanaises, chinoises Parmi les doctorants africains présents en Europe les ¾ sont en France, soit environ 16 000 doctorants de ce continent. Faire partir un jeune chercheur pour une formation doctorale à l étranger signifie un investissement majeur, et incertain, pour les pays émergents qui ont financé les premiers cycles de sa formation supérieure. Si les pays d origine ne réussissent pas à convaincre leurs ressortissants d y revenir après le doctorat, on risque de perdre cet investissement. Dans une grande mesure, le retour des jeunes chercheurs dépend de l attractivité (matérielle et intellectuelle) des conditions de travail qui leur sont proposées.

8- Mobilité (2) les 10 premiers pays d origine des étudiants inscrits en doctorat de sciences en France. 2000 2007 Variation 2000-2007 Algérie 573 1061 +85% Tunisie 387 923 +139% Liban 174 890 +411% Maroc 449 634 +41% Chine 127 632 +398% Vietnam 62 410 +561% Italie 241 384 +59% Syrie 128 338 +164% Roumanie 240 301 +25% Allemagne 146 237 +62% Total étrangers 4 556 9 640 +112% France 16 349 16 951 +4% TOTAL 20 905 26 591 +27% En sciences les étudiants étrangers représentent 36% du total des doctorants en 2007. Ils représentaient 25 % en 2000. En 2008-2009 ils sont près de 11 000 pour 30 000 doctorants

9- autres informations. Une spécificité française : la dualité écoles/universités En 2004 les docteurs représentaient 13% des effectifs de chercheurs dans les entreprises alors que les ingénieurs non docteurs en représentaient 50% Un certain nombre de docteurs proviennent des écoles d ingénieurs puisque 15% des diplômés des écoles d ingénieurs poursuivent des études. On peut aussi regretter la méfiance qui plane encore sur le doctorat, même si le dispositif CIFRE permet de s en affranchir. Il semble qu un travail important reste à faire, avec les établissements, pour accroître très sensiblement les vrais liens entre les entreprises françaises, quel que soit leur secteur d activité, et les laboratoires. Cela passe probablement par une plus grande homogénéité de la qualité du doctorat au sens d un référentiel de compétences, en termes de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, connu et reconnu de tous. Les établissements d enseignement et de recherche ont là un vrai défi : convaincre les entreprises de la pertinence de leur formation doctorale.

Sources : - APEC : Association pour l Emploi des Cadres les cadres d entreprises à l horizon 2015 (janvier 2008) Les jeunes diplômés de 2007 (septembre 2008) -ANRT : Association nationale, Recherche, Technologie Enquête sur le devenir professionnel des anciens doctorants CIFRE ( avril 2009) - CAMPUS France : attractivité du doctorat et mobilité internationale vers la France (mai 2009) - CEREQ : Centre d'études et de recherches sur les qualifications Génération 2004, des jeunes pénalisés par la conjoncture (janvier 2008) Être diplômé de l enseignement supérieur, un atout pour entrer dans la vie active (juin 2008) Quelques indicateurs sur l insertion des jeunes issus de l enseignement supérieur -Conférence des Recteurs des Universités Suisses : Rapport sur le doctorat 2008 -Conseil des Recteurs des Universités Francophones de Belgique Statistiques année 2008-2009 (http://www.cref.be) - IREDU : Institut de Recherche en Education Docteurs 2003 (janv. 2007) - Ministère de l Enseignement Supérieur et de la Recherche DEPP-Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance note d information 08.32 :Prévisions des effectifs pour les rentrées de 2008 à 2017 (nov. 2008) Rapports divers Observatoire de l'emploi scientifique Ministère de l enseignement supérieur et de la recherche (Rapport 2007 et rapport 2009) - Objectif Recherche (Bruxelles) : Formation doctorale en communauté française (Février 2008)