Villersexel 27 août 1915 Cher Edmond J ai reçu ta lettre du 17 avec quelques jours de retard. Comme tu me l avais adressé à Saint-Loup m y croyant encore. Nous étions parties toutes les 2 Paule pour 15 jours. Cela nous a fait du bien à toutes les 2, nous nous promenions tous les jours, mais le lundi 16 je reçois une dépêche de Marthe à 7 h. du soir me disant de rentrer le lendemain, que Guitte avait la coqueluche aussi et qu elle avait de fortes quintes, qu elle ne pouvait pas la quitter. Nous rentrions toutes les 2 Paule de goûter chez Pépine Henriot. Tu ne doutes pas de l effet que m a produit cette dépêche. Ma nuit m a paru longue ainsi que la journée du lendemain puisqu il faut un jour entier. Guitte avait eu une quinte très aigue. Marthe s est affolée tant que les voisins sont accourus. Enfin elle n en n a plus eu d aussi fortes, heureusement. Mais la coqueluche dure encore, pour Anne-Marie aussi. C est elle qui l a le plus fort. Paule l a laissé à Saint-Loup. Valérie est rentrée plus tôt qu elle ne comptait de Mirebeau. Sa propriétaire avait écrit que le logement était loué, qu il fallait qu il soit libre pour la fin du mois. Lundi elle est allée à Besançon trouver une voiture de déménagement. On lui demandait 24 (?), elle a trouvé le prix exorbitant, elle a pris un wagon lui coûtant 92 f. chez Bapti Gray. Ils monteront les meubles sur leur large voiture. Une voiture de déménagement aurait été plus pratique mais le prix gâtait tout. Charles Domino et Juliette sont partis mercredi pour aider, nous pensons qu ils rentreront samedi soir. Que tout cela me rend encore plus triste pour cette pauvre Valérie! Son avenir brisé, elle qui aurait été si heureuse! Je ne peux m habituer à la mort de ce pauvre Jules qui nous affectionnait tant, qui était si heureux de venir chez nous. Quelle douleur toujours dans mon esprit. Anne-Marie est très chétive depuis qu elle a cette coqueluche. Le docteur de Mirebeau a dit à Valérie qu elle demandait des soins, elle est très intelligente. Son parrain lui a donné 100 f., ses cousines de Valay, 20 f. Mme Huot, différentes petites choses. Enfin, elle a été très bonne pour elle ainsi que Mme Huot. Ils l ont trouvé très intelligente, elle l est en effet. Emile Péquignot est repartit mardi. Juliette est encore à Abbenans, comme la coqueluche est ici, tu penses si elle a filé avec ses 2 fils. Il nous tarde de te revoir pour être un peu ensemble. Louis est venu en permission de 48 heures le jour du 15 août. Je ne l ai donc vu, il n avait pas pu prévenir Marthe. Il n avait pu arriver chez eux qu à 9 h tellement on l a arrêté. Il est repartit le lendemain matin à 7 h. Hier soir Marthe a reçu une carte dans laquelle il lui disait qu il passait le conseil de réforme hier et que dans 10 jours il rentrait à la maison. Je t assure qu il lui en tarde, mais quelle différence il y aura pour le travail. Enfin on dirait jusqu à demain, c est cette maudite guerre qui nous vaut tant de maux. Pour ta carte de Bar-le-Duc, c est sans doute moi qui en aurai vu une vieille et qui l aurai confondue. C est dommage que ma lettre ne m ait pas trouvée à Saint-Loup. Comme tu dis, tes tantes auraient ri un bon coup. Je m y trouvais bien, c est dommage, mais tu vois que rien ne me réussit. Nous passons une dure semaine toutes deux Marthe. Qui peut compter jour et nuit, on entend que tousser, vomir, pleurer, on ne dort rien, il nous tarde à tous que cela cesse car ce n est pas une vie. J oubliais de te dire si la dernière fois que je t ai envoyé du linge, je n aurais pas mis une flanelle grise de l oncle Fenelon. Il en a une d égarée, ce sont les mêmes que les tiennes, seulement plus longues. Lui qui est si intéressé, tout le temps il en parle. Quand tu viendras, tu nous le diras. Rien de plus nouveau à te dire, que cette fois tu es resté depuis le 14 juillet sans écrire de lettre. C est un peu trop longtemps. Cette fois je t embrasse pour Marthe et tes nièces qui sont faire le tour du champ de foire. Il a fait très chaud. Ta mère qui t aime et pense à toi. Marie Girardot.