Prévention de l illettrisme. Orléans, 6 octobre 2010 Viviane BOUYSSE Inspectrice générale de l Education nationale

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Prévention de l illettrisme Orléans, 6 octobre 2010 Viviane BOUYSSE Inspectrice générale de l Education nationale

De quoi parle-t-on? Illettrisme : stricto sensu, diagnostic postérieur à la sortie du système scolaire. Mais les difficultés observables dès l école primaire peuvent être des précurseurs de l illettrisme ; conception plus ou moins extensive : usages du langage écrit ou davantage ; conception qualitative complexe : autonomie dans la vie quotidienne vs autonomie dans la société de la connaissance (voir doc. ANLCI «degrés 1 à 4» à relier à nos référentiels Socle commun). Ecole obligatoire = période longue de prévention (primaire, secondaire, tertiaire). Difficultés, plus ou moins résistantes, à éviter ou/et à traiter. Première prévention à rechercher dans la qualité des pratiques ordinaires (enseignement et aides) ; objectif = assurer une forme d irréversibilité des acquis de base (ceux qui garantissent l autonomie dans la société actuelle). 2

1. Prévention et qualité des pratiques ordinaires 1.1. Pour faire de la prévention, nécessité de connaître les obstacles potentiels, les difficultés à déjouer. Les difficultés peuvent résulter : de troubles ou de déficiences : déficience intellectuelle, troubles sensoriels, troubles spécifiques du langage ; de perturbations des fonctions dites supérieures (attention - mémoire - raisonnement) fortement liées à l'apprentissage, affectées par des problèmes congénitaux ou dégradées par des conditions éducatives défectueuses ; de situations de fait extérieures à l école : langue, culture, rapport à et à la culture écrites ; de failles dans les pratiques d enseignement : obstacles épistémologiques et didactiques non pris en compte ; ajustements défectueux des progressions, lacunes, rythme inadapté («zapping»). Aggravation avec la combinaison des facteurs. Question centrale : relation entre échec scolaire et origine socio-culturelle (cf. Ministre en 2008 : «réduire le poids des déterminismes sociaux) 3

1. Prévention et qualité des pratiques ordinaires 1.2. Les différences entre élèves : effets cognitifs, langagiers et sociaux de la socialisation familiale. Effets de vécus extrascolaires différents en matière de socialisation intellectuelle, à la fois cognitive et langagière : familiarité acquise pour certains et pas du tout pour d autres avec le rapport au langage propre à l école, réflexif et distancié ; en matière d acculturation à l écrit : familiarité ou non avec des objets culturels ; compréhension ou non des fonctions de l écrit (productrice d une motivation pour se les approprier) ;. en matière de connivence entre maison/famille et Ecole : «double solitude» de certains élèves (B. Lahire). Vulnérabilité particulière des élèves issus des milieux dits défavorisés. 4

1. Prévention et qualité des pratiques ordinaires 1.2. Les différences entre élèves : effets cognitifs, langagiers et sociaux de la socialisation familiale (suite) Convergence des recherches dans l analyse de ce qui permet de décrire les conduites des élèves «fragiles» ou en difficulté : ancrage dans l expérience et la quotidienneté ; éloignement des usages du langage relevant de l élaboration, de la culture écrite ; cumul d approximations linguistiques (lexique et syntaxe) ; peu d habitude de l objectivation et de la prise de distance ; importance des relations affectives dans la mobilisation sur les apprentissages (apprendre pour faire plaisir, prendre une évaluation négative pour un jugement sur sa personne, etc.) ; confusion entre effectuation des tâches scolaires et apprentissage des contenus de savoir (réussir un exercice // savoir pourquoi on réussit). 5

1. Prévention et qualité des pratiques ordinaires 1.3. Une «typologie» des difficultés Ne pas confondre erreurs ou lacunes, et difficultés : la difficulté est source d erreurs, de blocages, etc. Grandes catégories de difficultés : Manque de connaissances (déclaratives, procédurales, conditionnelles). Incapacité à mobiliser une connaissance que l on possède (problème lié aux connaissances conditionnelles, à l intelligence des situations). Surcharge cognitive, attentionnelle ou mnésique. Défaillance d un ou des processus d apprentissage (compréhension, conceptualisation, prise de conscience, procéduralisation, automatisation). Difficulté à gérer son activité. Résignation apprise («avoir appris à échouer») liée au sentiment de ne pas contrôler ce qui peut arriver (sentiment d incompétence). 6

1. Prévention et qualité des pratiques ordinaires 1.4. Principes de pédagogie générale Séquences construites avec des phases d apprentissage ciblées et complémentaires à gérer de manière systématique et formalisée (durées, rythmes, articulation) : découverte structuration mémorisation entraînement (systématisation) approfondissement réinvestissement (association). Différenciation possible dans la gestion des durées et dans la nature des activités Articulation des phases collectives (petit ou grand collectif) et individuelles : importance des «échanges de pensées», des pauses métacognitives (anticipation, projection, retour). Explicitation avec / pour les élèves. Reprise et rebrassage dans le temps (pas de zapping pur et simple ; rebrassage = clé de la réorganisation de la 7 mémoire).

2.1. Dire : l oral, parent pauvre de la pédagogie Enjeu : faire de l oral un objet de travail (pas seulement un outil «impensé») Maternelle : Communication : échanger par le langage. Premier niveau d oral : le langage en accompagnement de l action/en situation : un parler bref, efficace même s il comporte beaucoup d implicite (sens encapsulé aussi dans la situation partagée). Second niveau d oral : l oral scriptural (langage d évocation, langage décontextualisé, récit, oral continu). Maîtrise déterminante pour la suite de la scolarité. Accès difficile (trois composantes complexes : représentation mentale structurée, moyens linguistiques, décentration). 8

2.1. Dire : l oral parent, pauvre de la pédagogie (suite) Ecole élémentaire pour de nombreux élèves, maîtrise du «récit» à parfaire au cycle 2 ; fort enjeu car base de la production écrite et fondement pour l étude de ; pour tous, langage de plus en plus précis (lexique) et de mieux en mieux structuré (syntaxe) ; capacité croissante à participer de manière active et positive à des interactions jusqu à savoir tenir compte des propos d autrui (C3) ; au cycle 3, usages variés de l oral, intégrés aux activités scolaires : reformuler, résumer, raconter, décrire, expliciter, justifier Objectif en fin de C3 : une pratique orale de réfléchie, contrôlée 9

2.2. Lire Maternelle : S acculturer : approche patrimoniale et culturelle mais aussi approche linguistique : entendre et comprendre le français écrit (langue du récit). Comprendre des textes : au-delà de l imprégnation, des échanges (PARLER AVEC en parlant SUR). Accéder à une des caractéristiques de l écrit : sa stabilité, et en comprendre les ressorts : un code que tout le monde utilise de la même manière. Entrer dans l étude du code : DE LA MESURE Le programme (tout mais pas plus) ; une progressivité respectée. 10

2.2. Lire (suite) Cycle 2 : objectif : savoir lire pour comprendre lire : identification de mots (enseignement du code graphophono.) ; aisance du déchiffrage ; comprendre : des mots au texte (intégration sémantique des informations) ; une démarche méthodique. Cycle 3 : objectif : savoir lire pour apprendre et pour satisfaire d autres besoins acquisition des compétences du "lecteur expert" : automatisation du déchiffrage ; compréhension fine : inférences, interprétation ; acquisition des attitudes et des stratégies du "lecteur polyvalent" : lecture fonctionnelle, documentaire et littéraire (lecture dans toutes les disciplines). Deux temps où des difficultés différentes se révèlent : questionner les effets de plafonnement au cycle 3 (Education prioritaire surtout) De manière longitudinale, depuis la maternelle Lecture à haute voix du maître (textes «difficiles») - Travail de la compréhension - Elaboration d'un parcours de lecteur. 11

2.2. Lire (fin) Lecture / Littérature : progressions à piloter pour aller vers un comportement de lecteur polyvalent, actif et auto-régulé, besoin d un enseignement explicite des textes de plus en plus longs et complexes ; des expériences de lecture variées et autonomes ; un répertoire étendu de stratégies de lecture et une aptitude à les utiliser de manière autonome ; une prise en compte améliorée des implicites ; la capacité à aborder les textes de manière critique et personnelle (vers une position plus esthétique qu utilitaire / aspects «privés» de la signification) ; la capacité à réfléchir sur sa lecture (évaluer sa compréhension pluralité de critères - et remédier aux pertes de compréhension). 12

2.3. Ecrire Maternelle : objectif : comprendre qu on n écrit pas comme on parle Production de phrases et de textes destinés à être lus : importance de la prise de distance, de la prise de conscience (passage de l oral à l écrit) ; travail du geste graphique modeste mais rigoureux. Cycle 2 : objectif : apprendre à écrire Acquisition des «codes» gestuels (importance de l aisance graphique) et orthographiques (on n écrit pas seulement «comme ça se prononce») ; débuts de la production de textes de manière autonome ; privilégier des textes courts permettant un travail méthodique (concevoir le texte, le mettre en mots, réviser-corriger son écrit). 13

2.3. Ecrire (suite) Cycle 3 : objectif : savoir écrire pour apprendre et pour satisfaire d autres besoins écrire (récits, descriptions, explications, justifications, etc.) pour (destinataires et finalités variés) ; écrire en s appuyant sur des outils bien repérés : cohérence et cohésion des textes ; «révision» des textes. De manière longitudinale, faire vivre les usages et fonctions de l écriture Communiquer / s exprimer Essayer / s essayer (écritures intermédiaires, brouillons)/penser Structurer / Mettre en mémoire 14

2.4. Lire Ecrire au collège Lecture et écriture supposés pleinement fonctionnelles dans les diverses disciplines (outils d apprentissage) ; textes à lire plus complexes (poids des références culturelles) ; poids de l écrit parce que les modalités d évaluation y recourent beaucoup. Poursuite de la formation de base pour les élèves dont les acquis n ont pas permis de valider le palier 2 du socle : ne pas cesser l aide dans le moment de fragilisation constitué par l accès au collège (PPRE ou autre forme). Les élèves en grande difficulté (SEGPA, préparation au CFG) : aller vers une mutualisation dans la résolution de problèmes, un partage des ressources. 15

2.5. Dire-Lire-Ecrire : des pratiques à revaloriser Copie et récitation : «intériorisation de textes écrits sous une forme précise» (J. Goody) Copie «intelligente» à réhabiliter : copier vite et bien = atout technique pour la suite de la scolarité ; copier intelligemment = atout cognitif. Récitation (cadres des pratiques variés) : veiller au choix des textes ; remobiliser les références en situation («citations» dans des utilisations pertinentes). 16

2.6. Le lexique : «un enseignement raisonné et systématique qui écarte les approches accidentelles» (E. Calaque). Extension et structuration : Extension : séances intégrées : lexique spécialisé (des disciplines) mais aussi lexique usuel «importé» ; polysémie des mots usuels = piège pour de nombreux élèves ; extension aussi à partir des lectures littéraires Structuration du lexique : séances spécifiques pour travailler sur les relations de sens, relations de forme et relations qui concernent sens et forme. Importance des traces et de la mémorisation ; ne pas négliger la question de la «définition». Faux débat : enseigner ce que veulent dire les mots (maternelle : nommer le monde) ou enseigner comment on se sert des mots? Connaître le sens des mots : problème de leur polysémie (significations dépendantes du contexte : le sens découle de l utilisation). Attention aux représentations figées. Se servir des mots : connaître leurs possibilités sémantiques, les caractéristiques de leur fonctionnement syntaxique, les 17 jugements sociaux éventuels sur ces mots.

2.7. Une condition : le parler du maître «Parler professionnel» modélisant pour les apprentissages des élèves ; caractéristiques différentes selon le niveau. A tous les niveaux, place du «récit». Importance de la reformulation des propos des élèves : donner une forme correcte aux intentions des élèves sans les forcer nécessairement à répéter (deux énoncés parfois avec les petits). Importance des modes de questionnement : les questions fermées amènent au mieux des réponses en un mot ou en un complément d énoncé ; les questions ouvertes induisent des phrases plus complètes, parfois complexes selon la question. Importance des liens langagiers opérés par l enseignant : «citations», «c est comme.» (aide à la prise de distance et remobilisation/remémoration). 18

3. Les autres composantes des acquis de base : numératie et repérage spatio-temporel Cf. principes de pédagogie générale, surtout pour la numératie. Des pratiques à éviter absolument : celles qui enferment dans l expérience, le vécu, celles qui réduisent les situations d apprentissage à la mise en activité seule : le moteur des apprentissages est dans la prise de conscience, dans une activité cognitive de reconfiguration cf. la secondarisation -, pas dans l activité ; ne pas se tromper sur la nature du travail à effectuer pour qu il y ait distanciation, formalisation, accès au savoir Ex : moments de mise en commun après recherches avec leur déficit de décontextualisation et de dépersonnalisation ; modèles d action restant alors implicites, non intégrés à un système organisé : «savoirs incidents». Opérations de pensée, modes de raisonnement, usages du langage sont liés. Espace - Temps : plans, cartes, agendas, plannings, etc. relèvent de la culture de l écrit (objectivation, codes et symboles). 19

Conclusion Enjeu fort = dans un grand nombre de cas, rompre une spirale intergénérationnelle de la difficulté scolaire d abord liée à des usages restrictifs du langage, à une maîtrise linguistique défaillante, qui ont des conséquences sur l éducation des enfants. Jouer sur la durée du parcours scolaire, sur la cohérence et la continuité du cadre de référence donnée par le socle commun. Ne pas externaliser le traitement des problèmes d apprentissage (mettre en œuvre précocement toute la gamme des aides possibles). Se situer dans une stratégie de résolution de problèmes pour travailler avec les partenaires (et non remonter de l existence de ressources à la recherche de pseudo-justifications pour y recourir). 20