1 - L EPICERIE EDUCATIVE Ce dispositif existe depuis février 2005. Il est mis en œuvre dans le cadre des actions dites adaptées du CCAS. L épicerie éducative offre une réponse aux familles nécessitant des aides financières ponctuelles. Elles sont orientées par les assistantes sociales de la ville en fonction de leurs ressources et après évaluation. Ces familles vont pouvoir venir faire leurs courses chaque semaine et ne payer que 10% du prix des marchandises qu elles emportent. L économie réalisée en accédant à l Epicerie permet aux bénéficiaires de régler un problème, identifié au préalable par les assistantes sociales de la Ville : - apurement d une dette (EDF, EAU, loyer ) - remboursement d un crédit - autre situation L orientation vers l épicerie éducative est limitée dans le temps et nécessite un engagement en contrepartie. La famille adhère ainsi à un projet éducatif proposé par les conseillères en économie sociale et familiale: aide à la gestion budgétaire et/ou des ateliers culinaires. La mesure peut être renouvelée pour 3 mois supplémentaires. Les objectifs de l action sont de : - lutter contre la pauvreté sans assistanat et dans le respect de la dignité -proposer un espace convivial d accueil, d écoute et d échanges pour recréer des liens sociaux - favoriser l accès à tout type d information conduisant à l autonomie sociale des familles -conduire des actions de type éducatif, notamment des ateliers cuisine -favoriser la prévention et l hygiène en matière de santé nutritionnelle. Ce dispositif est complémentaire des dispositifs existants dans la mesure où il permet à des familles de sortir d une logique d assistanat et d assurer seules leurs charges courantes. Public reçu Durant l année 2011, la commission a orienté vers l épicerie éducative 65 familles pour une durée 3 mois. Seize familles ont bénéficié d un renouvellement ( 12 pour 3 mois, 1 pour 2 mois, et 3 pour 1 mois supplémentaires), afin d atteindre les objectifs définis au départ.
Ainsi au total, 81 orientations ont été faites, représentant 212 personnes Dix familles ont souhaité interrompre la mesure avant la fin des 3 mois d accès : - pour 8 d entre elles, le règlement et le suivi ne leur convenaient pas - pour 1, selon elle, au vu de ses faibles besoins alimentaires, l aide apportée par l épicerie ne constituait pas un réel bénéfice - la dernière famille, ayant rapidement réglé ses dettes, ne voyait plus l intérêt de bénéficier de l épicerie. Notons également que 3 familles ont été orientées par la commission, mais n ont pas souhaité, dès le départ, adhérer au projet proposé. Ces familles n ont donc pas été comptabilisées pour le bilan 2011. Les familles sont reçues obligatoirement une fois par semaine par la CESF. Cet entretien hebdomadaire a pour but de : - faire bénéficier aux familles de l arrivage de produits frais et de fruits et légumes - proposer une aide à la gestion et un suivi social Les entretiens durent en moyenne 30 minutes. Chaque semaine, 20 familles en moyenne ont été reçues à l épicerie. Composition des familles reçues Composition familiale Nombre de familles Nombre de personnes au total Personne seule 22 22 2 personnes 25 50 3 personnes 16 48 4 personnes 6 24 5 personnes 9 45 6 personnes 2 12 11 personnes 1 11 TOTAL 81 212 Situation familiale Les femmes seules avec enfants représentent 52% des familles accueillies 41% d entre elles ont 2 enfants à charge.
36 % en ont 1 à charge. 45% de ces femmes ont pour seuls revenus minima sociaux (RSA, AAH, Pension invalidité, prestations CAF), 28 % sont salariées et 12% perçoivent des IJ de la CPAM. Les personnes seules représentent 25% des bénéficiaires de l épicerie. 35 % perçoivent une retraite, 20% ont les minima sociaux Les couples avec enfants représentent 17 % des bénéficiaires de l épicerie Leurs revenus : 50 % sont des actifs ( recherche d emploi ou salariés). 36 % perçoivent des indemnités journalières de la CPAM. TOTAL couple avec enfant(s) 17% couple sans enfant 6% personne seule 25% Femme seule avec enfant(s) 52% Lieu de résidence total 6% 7% 4% 2% 2%1% 6% 14% 15% 24% 19% les salines st jean jardins empereur pietralba centre ville A Mandarina les Cannes Res des îles Milelli finosello bodiccioni
24% des familles accueillies habitent Les Salines. Ensuite, les autres familles se répartissent essentiellement dans les quartiers St Jean ( 19 %), Les Jardins de l Empereur ( 15 %) et Pietralba ( 14 %) Age des personnes reçues TOTAL 26-35 ans moins de 25 ans 60 ans et plus 36-59 ans moins de 25 ans 26-35 ans 36-59 ans 60 ans et plus 69 % des personnes ont entre 36 et 59 ans 14 % ont plus de 60 ans. Les revenus perçus total 15% 17% 8% 15% RSA AAH 5% 5% 5% invalidité prestations caf salaire indemnités journalières retraite 30% assurance chômage Comparatif 2010/2011 2010 2011 Minima sociaux 41% 30% salaires 30% 30% Indemnités 11% 17% journalières chômage 8% 8%
- Le nombre de bénéficiaires percevant les minima sociaux a diminué par rapport à 2010. - En revanche, on note un nombre important d actifs : 30 % de salariés, 17 % de salariés en arrêt maladie et 8 % de chômeurs, représentant ainsi 55% de la population accueillie à l épicerie éducative 57% des salariées sont des femmes seules avec enfants. 47% d entre elles ont 2 enfants à charge. Le faible salaire de ces femmes seules supportent difficilement les loyers onéreux et l augmentation du coût de la vie. - 15 % sont des retraités Ces personnes sont orientées vers l épicerie car d une part le montant de leur pension retraite ne suffit pas pour honorer les charges courantes. Et, d autre part, le versement trimestriel des retraites complémentaires complique également fortement la gestion budgétaire de ces retraités. Hébergement des bénéficiaires ERILIA 27% OP HLM 15% Logirem 4% Privé 43% Propriétaire 11 % - 46% des bénéficiaires sont logés dans des logement sociaux ( Erilia, OPHLM, Logirem) 30 % d entre eux perçoivent les minima sociaux - 43 % des bénéficiaires habitent dans le secteur privé. 49% d entre eux sont des actifs (9 % en recherche d emploi et 40% salariés). Leurs difficultés financières proviennent en partie des montants des loyers qui sont peu compatibles avec leurs revenus. Malgré un salaire, le budget de ces familles ne supportent pas le coût d un loyer du secteur privé. Orientation par les assistantes sociales du département 56 % des familles reçues ont été orientées vers l épicerie par les AS du département, par l intermédiaire des AS de la mairie.
Origine de la demande 3% 4% 9% 10% total Cumul dettes autres dettes dette locative 11% 63% situation de surendettement attente de droits dette EDF/CEO - CUMUL DE DETTES 63 % des familles ont été orientées vers l épicerie en raison de leurs budgets fortement déséquilibrés par de multiples dettes (cumul de dettes EDF, CEO, loyer, Assurance ) - AUTRES DETTES ( toutes les dettes, sauf loyer, factures EDF, eau, cantine) 11 % des familles accueillies ont soit un découvert bancaire, soit un impayé auprès d un assureur, ou d une mutuelle. - EN SITUATION DE SURENDETTEMENT 9% des familles orientées étaient en situation de surendettement. L objectif d une orientation vers l Epicerie est soit : - de les accompagner dans leurs démarches afin de constituer un dossier à la Banque de France, - soit d éviter un endettement supplémentaire dans l attente du plan définitif de la Banque de France Remarque : 38 % des bénéficiaires de l épicerie avait au moins une dette auprès d EDF/GDF et 17 % une dette auprès de l agence de l eau 1-2 Evaluation Les indicateurs prévus pour le suivi de l action sont les suivants : - Pour l aide à la gestion budgétaire : - mise en place en place d échéanciers et/ou remboursement des dettes
- mensualisation des factures EDF/CEO et prélèvement du loyer, etc - respect du règlement et des rendez-vous -adhésion au projet et aux objectifs établis entre les CESF et la famille - participation aux ateliers cuisine 1-2-1 Selon l origine et les objectifs de l orientation Familles en situation de dettes multiples ( EDF/ CEO/ loyer/assurance ) 37 % de ces familles sont à jour de paiement. Ils ont soldé leurs dettes. 20 % ont mis en place des échéanciers pour toutes les dettes, mais n ont pas pu les solder car les montants étaient trop élevés. 20 % ont soldé certaines dettes, et ont mis en place un échéancier pour les autres dettes dont les montants étaient importants. D autre part, 22% ont eu des difficultés à accepter l accompagnement «d aide éducative budgétaire». Dans ses conditions, il a été difficile de travailler avec ses familles : dettes non soldées et aucune mise en place d échéancier Familles avec «autres dettes» : découvert bancaire ou assurance ou frais hospitaliers ou mutuelle 57 % d entre elles n ont pas soldé leurs dettes. Ces familles avaient un découvert autorisé et malgré l aide de l épicerie n ont pas réussi à le combler. 28 % ont soldé leurs dettes Pour les 15 % restants, des échéanciers ont été mis en place pour les dettes. Familles en situation de surendettement 86 % de ces familles ont constitué et déposé un dossier de surendettement auprès de la Banque de France. Seule une famille n a pas déposé le dossier, malgré un surendettement avéré. On remarque que les crédits contractés par l ensemble de ces familles sont en grande majorité des crédits renouvelables ou «revolving». La trop grande facilité d obtention de ces prêts conduits ces familles rapidement au surendettement. L accès de l épicerie permet à ces familles de faire un point sur leur situation budgétaire et d envisager des solutions pour faire face à leur difficultés, notamment en constituant un dossier de surendettement. Dans la plupart des cas, cette situation est vécue comme une honte, un aveu d impuissance personnelles, un échec.
Certaines familles nous expriment alors clairement leurs craintes sur les conséquences du dépôt de ce dossier sur leur vie quotidienne : «peut-on aller encore retirer de l argent à la banque?», «garde-t-on la possibilité d utiliser son compte en banque?» Ainsi, au sein de l épicerie, nous répondons aux questions que se posent les familles quant au dossier de surendettement, ceci afin d atténuer ces préjugés négatifs. Nous les aidons dans leurs démarches auprès de la Banque de France puis les orientons vers l UDAF. (Ces chiffres sont le résultat de l évaluation de 52 orientations. Sont exclues de cette évaluation : les 10 familles ayant souhaité interrompre la mesure et les 19 familles qui sont toujours en cours d accès pour l année 2011). L accès à l épicerie permet aux bénéficiaires de rééquilibrer leur budget. Une aide à la gestion budgétaire est proposé par les CESF à tous les bénéficiaires. Pour l ensemble de ces familles, compte tenu de la modicité des ressources, il s agit de donner des repères, de faire comprendre comment s équilibre un budget et comment arranger «au mieux» la situation si elle est fragilisée. Il est important de reconnaître que le «défaut de gestion» n est que rarement la seule cause des difficultés budgétaires des ménages. Il est capital d inscrire les questions d argent dans le contexte global de fonctionnement du groupe familial. En effet, les causes de ces difficultés ont parfois d autres origines que celles évoquées. Et souvent, l argent est un révélateur du fonctionnement de la famille. Ainsi, les entretiens hebdomadaires sont essentiels afin d entreprendre un travail de fond avec les familles. Cet accompagnement est plus ou moins lourd selon les capacités de la famille, l importance ou l urgence des problèmes. Ce travail s inscrit dans la durée, où les CESF doivent respecter les rythmes de la famille. 1-2-2 Les ateliers culinaires L atelier cuisine se déroule tous les vendredis de 9h à 12h, au sein de la maison de quartier St Jean. L atelier ne pouvant accueillir que 4 personnes à la fois, un roulement a été établi afin de pouvoir faire participer tout le monde. Les personnes participants aux ateliers sont principalement des femmes n ayant pas d activité professionnelle.
Les objectifs des ateliers sont les suivants : * S'orienter vers une démarche éducative autour de l'alimentation - Apporter aux familles les connaissances de base permettant de cuisiner simplement. - Apprendre à cuisiner à moindre coût : «se nourrir mieux pour pas cher» - Sensibiliser les personnes à l'équilibre nutritionnel et ses bienfaits sur la santé, ainsi que de redonner le plaisir et la motivation de manger et de cuisiner. * Créer du lien social - changer sur les recettes, sur les spécificités culturelles des plats, le plaisir du repas. L'effet de groupe qui se crée dans ces ateliers est crucial pour susciter les échanges et les relations sociales. * Redonner confiance en soi Cet objectif peut se décliner de différentes façons : - Se poser, retrouver des repères de base (avoir une certaine régularité, respecter des règles, des horaires) - Gagner en autonomie - Développer des savoir-faire Les ateliers sont l'occasion d'exprimer une certaine créativité, de rentrer dans un processus de valorisation de soi et d'acquérir une certaine reconnaissance sociale. Il est important dans ces ateliers de mettre en avant les capacités des personnes plutôt que de se focaliser sur leurs problèmes. - Agir sur la cellule familiale Ce sont majoritairement les femmes qui se rendent aux ateliers. Ainsi, ce sont les mères de familles qui sont touchées. Or, lorsque la mère de famille retrouve, grâce à sa participation aux ateliers, des points de repères, c'est l'ensemble de la cellule familiale qui en bénéficie et plus particulièrement les enfants. Contenu Une à 2 recettes sont proposées à chaque séance en fonction du temps de préparation et de cuisson. Un des 2 plats est en général toujours composé de fruits ou de légumes. L atelier commence toujours par la présentation des recettes et de leurs intérêts nutritionnels pour la santé. Une fiche «recette» est remise à chacune des participantes. Les plats sont emportés par les participantes à la fin de l atelier.
Evaluation Nous avons pu réaliser 29 ateliers cette année. Ils se sont déroulés le vendredi matin, au sein de la Maison de Quartier St Jean. Le nombre de participants est limité à 4, par manque de place et de matériel. Vingt-six personnes y ont participé durant leur accès à l épicerie, répartis comme ceci : Nombre de participation aux ateliers Nombre de participants 1 6 2 6 3 4 4 4 5 2 6 3 23 1 Parmi elles, 9 sont des «anciens bénéficiaires de l épicerie». Ils sont conviés aux ateliers quand des places sont disponibles. Leur participation est importante dans la mesure où ils jouent un rôle d intégration pour les «nouveaux». On note que l intérêt pour les anciens est davantage porté sur la convivialité. Ainsi, 26 % des bénéficiaires de 2011 de l épicerie ont participé aux ateliers. La participation de tous n est pas possible. En effet, certains bénéficiaires de l épicerie sont salariés (30% des bénéficiaires) et ne sont donc pas disponibles le vendredi matin. Quant aux autres, il est parfois difficile de les mobiliser. Certains restent «réticents» à ce genre d activité et ne veulent absolument pas participer. Peur, crainte d être jugé, manque de confiance en soi ou difficultés psychologiques ou relationnelles sont des raisons pour lesquelles ces personnes ne veulent pas venir aux ateliers. On observe que la participation aux ateliers permet de faire évoluer les échanges entre les CESF et les bénéficiaires. D autres rapports se créent et il est parfois plus facile d agir sur leur «comportement» dans le but de les amener vers l autonomie. Cette année, une personne a participé à 23 ateliers. Elle a été un élément moteur pour les autres, favorisant les échanges et les relations entre les participants.
1-2-3 Les denrées vendues à l épicerie éducative Nous avons proposé chaque semaine une diversité de produits permettant de respecter l équilibre nutritionnel : fruits et légumes, produits surgelés, produits d épicerie de base ( conserves, pâtes, café, sucre, farine ), produits frais ( laitages, jambon, œufs, beurre ). L analyse des tickets de vente par notre logiciel de caisse a permis de constater que : la part de fruits et légumes et des laitages pouvait représenter respectivement jusqu à 29.6 % et 23.9 % de la totalité des achats des bénéficiaires. Comparatif 2009/2010/2011 2009 2010 2011 Fruits et légumes 19.5% 22.8% 29.6% laitages 17.8% 20.8% 23.6% Viande/poisson/oeuf 26.2% 14% 14.6% Les bénéficiaires semblent avoir profité de l opportunité d acheter les fruits et légumes et des laitages à moindre coût, chaque semaine lors de leur venue à l épicerie. Ce type d aide alimentaire que représente l épicerie éducative parait donc indispensable pour régler le problème de décalage qui existe entre le coût d une alimentation équilibrée et le budget que les familles en difficultés peuvent consacrer à l alimentation. Ainsi, il est essentiel au sein de l épicerie d apporter aux familles des repères utiles et une stimulation de leur capacité autonome (savoirs culinaires, convivialité, repères temporels apportés par les différents RDV hebdomadaires ). Les pratiques alimentaires ont un impact déterminant sur la santé des individus, leur capacité d apprentissage et leur reconnaissance sociale et donc sur la situation d exclusion et sa prévention. En agissant sur la situation alimentaire des personnes défavorisées, il ne s agit pas de proposer de palliatifs, mais de s appuyer sur un levier d insertion puissant.
1-3 Bilan financier 1-3-1 Aides financières accordées aux familles Les familles bénéficient par mois d un crédit d achats, variable selon la composition de la famille : 1 personne : 250 2 personnes : 300 3 personnes : 370 4 personnes : 450 5 personnes : 540 6 personnes : 600 Les familles participent à hauteur de 10% pour l achat des denrées. Cette participation s élève pour l année 2011 à 5642.58 1-3-2 Coût de fonctionnement du service En euros Achats denrées 45000 fournitures 500 Entretien locaux 1620 Assurance 413 Divers informatique 428 impôts 445 Salaires bruts 25700 Charges sociales 13380 Autres charges personnels 1600 téléphone 1100 TOTAL 90 186 Le loyer et le salaire de l agent administratif sont pris en charge par la Ville. Le dispositif de l épicerie éducatif a été financé par le CUCS à hauteur de 20 000. 1-4 Perspectives 2011 - Recrutement d une CESF à mi temps. Cette embauche permettra la mise en œuvre d actions éducatives, notamment par le biais d ateliers collectifs. Différents thèmes pourraient être alors abordés : les dangers et pièges des crédits à la consommation, apprendre à se défendre contre les organismes de crédits.
D autres thèmes de la vie quotidienne pourraient également être évoquées : «comment faire des économies sur ses factures d eau et d EDF?», «Bien manger sans trop dépenser!» - Mise en place d un atelier cuisine supplémentaire deux fois par mois le lundi matin. Cet atelier serait «réservé» aux personnes qui souhaiteraient continuer à y participer, même une fois sorti de la mesure Epicerie.