Evelyne GURFEIN Comptes consolidés IAS IFRS et conversion monétaire



Documents pareils
La conversion et la consolidation des états financiers des filiales étrangères

Norme comptable internationale 7 Tableau des flux de trésorerie

Norme internationale d information financière 1 Première application des Normes internationales d information financière

Norme comptable internationale 21 Effets des variations des cours des monnaies étrangères

Les tableaux de flux de trésorerie en règles françaises et internationales : essai de synthèse

Rectificatif du 29 juin 2005 au Document de référence 2004 DEPOSE AUPRES DE L AMF LE 23 MAI 2005 SOUS LE NUMERO D

Rapport financier semestriel 2014

Norme comptable internationale 33 Résultat par action

SOMMAIRE DES ETATS FINANCIERS CONSOLIDES

Excellente performance au premier semestre 2011 pour Sopra Group

TABLE DES MATIÈRES. Introduction CHAPITRE CHAPITRE

COMITÉ DE LA RÉGLEMENTATION COMPTABLE RÈGLEMENT N DU 14 DÉCEMBRE 2007

Rapport financier semestriel

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES. (Comptes non audités)

Rapport financier semestriel. Société Anonyme au capital de Euros Siège Social : 12, rue Ampère ZI IGNY RCS EVRY

COMPTES CONSOLIDÉS 2014

RAPPORT FINANCIER SEMESTRIEL Edition 2014

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES

Informations financières concernant le patrimoine, la situation financière et les résultats de l émetteur

La consolidation à une date ultérieure à la date d acquisition

SOMMAIRE COMPTES CONSOLIDES SUR LE DERNIER ARRETE INTERMEDIAIRE

INFORMATIONS FINANCIÈRES CONSOLIDÉES

COMPTES CONSOLIDÉS2014

COMPTES CONSOLIDÉS AU 31 DÉCEMBRE 2014

OPÉRATIONS DE CESSION

AUTORITE DES NORMES COMPTABLES NOTE DE PRESENTATION DU REGLEMENT DE l ANC n DU 3 JUIN 2010

GROUPE EDF RAPPORT ANNUEL 2005 ÉTATS FINANCIERS

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES. (Comptes non audités)

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES INTERMEDIAIRES RESUMES

Instruments financiers et comptabilité de couverture : de nouveaux principes français en préparation

Relatif aux règles comptables applicables au Fonds de réserve des retraites

Avis n sur la méthodologie relative aux comptes combinés METHODOLOGIE RELATIVE AUX COMPTES COMBINES

(en millions d euros) Ventes 247,1 222,9 Marge brute (55,7) (30,8) En pourcentage du chiffre d affaires -22,5 % -13,8 %

Comptes consolidés Au 31 décembre 2014

Comparaison des normes comptables tunisiennes avec les normes comptables internationales. Les Placements

International Financial Reporting Standards (IFRS) Mise en place et Impacts. 2 février 2005

Veolia Environnement - Etats financiers consolidés au 31 décembre 2011 Projet En cours d audit. Etats financiers consolidés Au 31 décembre 2011

Chapitre 7 Consolidation et comptes de groupes

Ouvrage collectif d un groupe de travail de l Association nationale des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion.

N o : D-1A Version initiale : décembre 1997 Révision : juillet 2010

NORME IAS 07 LE TABLEAU DES FLUX DE TRÉSORERIE

ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS DE PAGES JAUNES LIMITÉE (auparavant «Yellow Média Limitée»)

Information financière pro forma 2012 consolidée Icade-Silic

Rapport financier du premier trimestre de

LES CRÉANCES ET LES DETTES

1 Compte de résultat consolidé Etat du résultat global consolidé Etat de la situation financière consolidée... 3

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES. au 31 décembre Version non auditée

LES FONDAMENTAUX DE L AUDIT DES COMPTES CONSOLIDES

Groupe Ipsos *** Comptes consolidés

Comptes Consolidés 30/06/2014

BMCE BANK ETATS FINANCIERS CONSOLIDES DE BMCE BANK EN NORMES IAS/IFRS ET NOTES ANNEXES

ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS

SECTION 4 : OPERATIONS EN DEVISES

ETATS FINANCIERS CONSOLIDES

Norme internationale d information financière 5 Actifs non courants détenus en vue de la vente et activités abandonnées

TD n 1 : la Balance des Paiements

ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS

Rapport financier semestriel 2015 ENTREZ DANS LE MONDE DES NANO ET MICROSYSTEMES

COMPTES CONSOLIDÉS ET ANNEXE

GROUPE TESSI EXERCICE 2008 RAPPORT D ACTIVITE SEMESTRIEL

COMPTES DE GROUPE Consolidation et présentation de participations

Compagnie Générale de Géophysique Verïtas SA (CGGVeritas SA)

Norme comptable internationale 20 Comptabilisation des subventions publiques et informations à fournir sur l aide publique 1

Formation «La consolidation des comptes : approfondissement»

Comptes Consolidés 2014

Comptes Consolidés 31/12/2013

ETATS FINANCIERS SEMESTRIELS. Données consolidées. Du 1 er Janvier 2014 au 30 Juin Page 1 sur 13

CATERING INTERNATIONAL & SERVICES CAISSE D EPARGNE ET DE PREVOYANCE DES ALPES DASSAULT SYSTEMES

ÉTATS FINANCIERS 2013

24304 BULLETIN DES ANNONCES LÉGALES OBLIGATOIRES 10 Octobre 2005

Comptes consolidés Exercices clos les 31 décembre 2007 et 2006

Comptes consolidés Au 31 décembre 2012

Les systèmes de cash pooling consistent à optimiser les frais financiers d un groupe de sociétés.

GROUPE. Comptes consolidés. Au 31décembre 2013

COMPTES CONSOLIDÉS AU 31 DÉCEMBRE 2014

Rapport de la direction. Rapport des vérificateurs

RAPPORT FINANCIER SEMESTRIEL

COMPTABILISATION DES OPÉRATIONS EN DEVISES

31 décembre Comptes consolidés et comptes sociaux annuels

ÉTATS FINANCIERS 2011

Rapport Financier Semestriel 30/06/

Société Financière des Caoutchoucs «SOCFIN» Société Anonyme

Fonds de revenu Colabor

CONSEIL NATIONAL DE LA COMPTABILITÉ RECOMMANDATION N 2004-R.02 DU 27 OCTOBRE

L épreuve se compose de quatre exercices indépendants.

Comptes consolidés et notes annexes 31 décembre 2012

LEGRAND INFORMATIONS FINANCIERES CONSOLIDEES NON AUDITEES 30 SEPTEMBRE Sommaire. Compte de résultat consolidé 2.

GROUPE D ALIMENTATION MTY INC.

ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS VÉRIFIÉS. Exercices terminés les 31 décembre 2013 et 2012

ÉTATS FINANCIERS AU X 3 1 M A I E T

COMPTE DE RESULTAT CONSOLIDE...

Exercices terminés les 31 mai 2009 et États financiers consolidés

RAPPORT FINANCIER 2010

en juste valeur par résultat Placements détenus jusqu à échéance

Cegedim : Une année 2014 stratégique

Présentation de la consolidation

TABLE DES MATIÈRES. I. La comptabilité : une invention ancienne toujours en évolution... 17

2. La croissance de l entreprise

ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS. 31 décembre 2014

NORME IAS 32/39 INSTRUMENTS FINANCIERS

Transcription:

Evelyne GURFEIN Comptes consolidés IAS IFRS et conversion monétaire, 2007 ISBN-10 : 2-7081-3760-3 ISBN-13 : 978-2-7081-3760-8

Chapitre 7 Les normes IAS/IFRS et leur impact Quelle question? «Bonjour, je souhaiterais évoquer avec vous le problème suivant : Le tableau de flux de trésorerie à fin septembre n est pas correct pour une filiale étrangère nouvellement créée pour laquelle il ressort des écarts de conversion que je n explique pas et qui déséquilibrent le tableau. Cette filiale (ukrainienne mais créée par une mère ukrainienne) a eu pour seuls mouvements au 30/09 la souscription de son capital et l encaissement du cash équivalent. L augmentation du capital au cours historique, c est-à-dire au cours du 30/09 n aurait pas dû à mon sens générer d écart de conversion ce qui n a pas été le cas. Merci de me donner votre avis sur ce point. Cordialement.» Les nouvelles normes n apportent pas de changement significatif, tant sur les taux à utiliser que sur la présentation des effets des variations de cours des monnaies étrangères. En effet, les normes IFRS dans leur finalité de mesure de la performance sont proches des normes françaises. Les pertes ou gains de la période liés aux écarts de conversion sur des investissements à l étranger ne contribuent à la performance du groupe que lors de la cession des titres des sociétés étrangères. Ils sont donc comptabilisés en capitaux propres jusqu à la cession où ils vont réintégrer le compte de résultat. Ces normes comportent néanmoins des différences de comptabilisation ou de présentation. 93

QUELLES RÈGLES ET QUELLES PRATIQUES? On peut citer à titre d exemples : le traitement du montant cumulé des réserves de conversion; la présentation des écarts d acquisition et titres; la comptabilisation des écarts d acquisition dans la devise de l entité acquise au lieu de l entité acquéreuse. Quelle problématique? Les plus grands impacts, pour notre problématique, résultent de l application des normes IAS 1 «Présentation des états financiers» et IAS 7 «Tableau des flux de trésorerie». IAS 7 énonce dans son champ d application «qu une entreprise doit établir un tableau des flux de trésorerie selon les dispositions définies par la présente norme et doit le présenter comme partie intégrante de ses états financiers pour chaque exercice donnant lieu à présentation d états financiers»; Les normes IAS/IFRS rendent donc obligatoires, en plus du bilan, du compte de résultat et des notes annexes, la présentation du tableau des flux de trésorerie et d un tableau de variation des capitaux propres. «Une des difficultés majeures de la construction et du contrôle du tableau des flux de trésorerie consolidé réside dans l identification et la correcte traduction des traitements de consolidation dans les flux liés à l activité, aux opérations d investissement et aux opérations de financement.» 1 Les problématiques liées aux opérations de conversion vont jouer un rôle essentiel dans son équilibrage comme nous le détaillerons dans les difficultés d application. Dans ce chapitre consacré aux règles et méthodes, il convient d expliquer en quoi les nouvelles normes vont impacter les méthodes et notamment tendre à généraliser la méthode du taux moyen périodique. «La conversion des flux de trésorerie en monnaie étrangère doit s effectuer au cours du jour des opérations ou par approximation au cours moyen de l exercice. L incidence des variations de cours sur la variation de trésorerie doit être inscrite sur une ligne distincte située juste avant la variation de trésorerie. 1. Christine Prevot Proposition d une méthodologie de contrôle du tableau des flux de trésorerie consolidé en interne et en externe CDECCC. 94

LES NORMES IAS/IFRS ET LEUR IMPACT Cette ligne doit également inclure l application à la trésorerie d ouverture des filiales concernées de la variation de cours intervenue entre l ouverture et la clôture de l exercice.» 1 Pour ce faire et dans la perspective de donner une vision plus proche de la réalité des opérations, les nouvelles normes vont avoir une influence sur le choix du calcul des éléments au taux moyen et vont privilégier la méthode périodique. En effet, seule cette dernière va utiliser pour la conversion un cours plus proche du cours de la transaction. Cette méthode permet par ailleurs d éviter les variations de change des transactions postérieures à l année de déclaration et notamment pour les variations de périmètre des filiales et entreprises liées. Très utilisée par les pays anglo-saxons, elle est à ce jour en revanche peu utilisée en France car elle nécessite l utilisation de procédures sophistiquées pour la traiter qui doivent s ajouter aux règles complexes de la consolidation française C est le sujet du paragraphe suivant. Méthode du taux moyen périodique Cette méthode, comme on l a évoqué précédemment, consiste à convertir les données périodiques à un taux périodique puis à cumuler les montants convertis. Les comptes au taux moyen et les flux au taux moyen du bilan comme les dotations seront convertis au taux de change moyen de la période. Pour le compte de résultat, si les données enregistrées sont cumulées, il y aura lieu de décumuler au préalable puis de convertir. Pour le bilan, enregistré le plus fréquemment en valeur cumulée, il faudra faire de même, c est-à-dire retrouver la variation de période. 1. Ibid. 95

QUELLES RÈGLES ET QUELLES PRATIQUES? Taux d ouverture 1 1 Taux moyen de la période 1,2 1,7 Taux de clôture 1,5 2 Fournisseurs Mars Avril CUMULE ML MC ML MC Solde d ouverture 1000 1000 1000 1000 "= 100*1 Reclassement d ouverture Ecart de change sur ouverture 500 1000 "= 1000*(2 1) Variation nette 200 240 800 1360 "= 800*1,7 Ecart de change sur période 60 240 "= 800*(2 1,7) Solde de clôture 1200 1800 1800 3600 "= 1800*2 Fournisseurs Mars Avril décumulé Avril PERIODIQUE ML MC ML ML MC Solde d ouverture 1000 1000 0 1000 1000 "= 100*1 Reclassement d ouverture Ecart de change sur ouverture 500 1000 "= 1000*(2-1) Variation nette 200 240 600 800 1260 "= 240 + 600*1,7 Ecart de change sur période 60 340 "= 800*2-1260 Solde de clôture 1200 1800 600 1800 3600 "= 1800*2 On peut constater la différence entre le calcul du montant en monnaie de consolidation selon la méthode cumulée ou la méthode périodique. Attention au calcul de l écart de change de la période. En effet ce calcul s effectue indifféremment selon la méthode cumulée par : 1. Mouvement de la période * (Taux de clôture Taux d ouverture) 2. Mouvement de la période * Taux de clôture Mouvement de la période converti Par la méthode périodique seul le calcul n 2 est juste. De l unification forcée et des exceptions à prendre en compte Le paragraphe précédent indiquait une conversion à ce taux à la fois pour le compte de résultat et le bilan. En effet l utilisation du taux moyen 96

LES NORMES IAS/IFRS ET LEUR IMPACT périodique ne peut se faire uniquement sur un des deux tableaux car dans ce cas c est l équilibre du tableau de flux de trésorerie qui sera affecté. Nous avons déjà vu comment l utilisation de taux différents entre les éléments du compte de résultat et les flux bilantiels aura comme conséquence de déséquilibrer immédiatement le tableau de flux de trésorerie. Cependant une autre difficulté réside dans l application de cette méthode à l ensemble des éléments. Les systèmes financiers consolidés comportent de très nombreux indicateurs qui vont pour certains d entre eux évoluer dans le temps ou dont la périodicité n est pas la même. L exemple classique est le système composé de : la remontée mensuelle des éléments du compte de résultat; la remontée trimestrielle des éléments du bilan et du tableau de flux de trésorerie complétée : au semestre : du détail des investissements et de la trésorerie en fin d année : du détail des engagements hors bilan, des analyses détaillées des provisions, etc. Dans la diversité des éléments remontés, on va trouver : des indicateurs analysés de manière plus fine au trimestre ou au semestre comme des analyses sectorielles, par exemple. des postes libres, car laissés à l initiative des filiales, dont le référentiel subit des évolutions dans le temps. On peut citer le détail des commissions, la liste des principaux clients, etc. des éléments analytiques, dont le niveau de détail est susceptible de varier dans le temps. C est le cas des analyses par produit, marque, fournisseur, etc. Et il va falloir, également, prendre en compte toutes les écritures de la consolidation légale. Certaines ne seront pas présentes sur toutes les périodes comme les ajustements intra-groupe passés pour le compte des filiales. D autres qui vont impacter le résultat, comme les marges en stocks, ne seront pas pertinentes au regard de la prise en compte d un taux périodique. 97

QUELLES RÈGLES ET QUELLES PRATIQUES? Pour gérer toutes ces exceptions, il est impossible d appliquer le taux moyen périodique sur l ensemble des indicateurs financiers. Il faut ajouter des procédures adéquates. Voici quelques exemples de procédures opérationnelles. 1. Calcul dynamique d un taux moyen pondéré Une première procédure d exception peut être le calcul dynamique d un taux en fonction de la présence de données, comme dans le cas des écritures, dans une période donnée. Si des données sont présentes en septembre mais pas en juin on va appliquer aux données cumulées à fin septembre, le taux calculé suivant «Juillet + août + Septembre/3». 2. Application du taux moyen périodique d une rubrique de référence Dans le cas d une rubrique dont le détail est analysé à une fréquence moins grande, on peut être amené à utiliser deux indicateurs pour ne pas perturber les utilisateurs en cas d absence de données sur une période donnée. Dans ce cas une autre codification sera adoptée (exemple : «R01 : CA et R02 CA par clients»). Dans ce cas, l indicateur détaillé doit se référer au taux moyen périodique de l autre rubrique. Il faudra alors pouvoir calculer à la volée ce dernier par application de la formule «Montants de la rubrique de référence convertis en MC/Montants de la rubrique de référence en ML» pour appliquer ce taux à l indicateur détaillé. 3. Application du taux moyen pondéré à certains indicateurs Pour les indicateurs qui détaillent les variations bilantielles converties au taux moyen mais dont la fréquence est semestrielle ou annuelle, il n est pas pertinent d utiliser le taux moyen périodique de la rubrique car le taux moyen de la période serait appliqué, dans ce cas, à un cumul à 6 ou 12 mois, ce qui n aurait pas de sens. On prendra alors, pour ces indicateurs un taux moyen pondéré par le nombre de mois. 98