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Historique du musée Le legs et la maison-musée «Il sera créé à Loches dans ma maison sus indiquée, un musé qui portera le nom de Musée Lansyer». C est ainsi que dans son testament de 1890, Emmanuel Lansyer anticipe sa postérité. Il lègue alors à la ville de Loches une grande partie de ses œuvres picturales et graphiques, ses collections, ses photographies, ses livres, ses poèmes, ses papiers et archives, ainsi que sa maison de famille et le mobilier. La ville de Loches accepte le legs en 1894 et le musée est inauguré en 1902. En 1998, la maison est restaurée dans le style du Second Empire et le jardin est restitué selon son apparence fin 19 ème, d après une aquarelle de Lansyer. En 2002 la Maison Lansyer est devenue Musée de France, un label réservé aux musées reconnus par l'etat. Les collections du musée Bien que mort à seulement 58 ans, Lansyer a produit plus de 1500 œuvres, sans compter les dessins, croquis, études...il ne passait pas un jour sans travailler. C'est grâce à l'inventaire méticuleux qu'emmanuel Lansyer a lui même établi, que l'on connaît précisément le nombre et le titre de toutes ses œuvres, ses études et les séances ainsi que les noms des acheteurs. Si bien sûr une partie des œuvres a été vendue de son vivant, une grande partie est conservée dans les collections du Musée Lansyer. Quelques œuvres figurent aussi dans d'autres musées français, comme le Musée d'orsay et 16 musées de province. Le Musée Carnavalet à Paris conserve notamment de nombreuses représentations architecturales. Contenu du musée Quatre salles d exposition permanente ont été aménagées dans la maison et sont désignées par le nom des pièces à vivre auxquelles elles se rapportent. Une centaine de toiles et des œuvres graphiques de Lansyer y sont exposées, ainsi qu une partie de ses collections d objets d Extrême-Orient et de gravures. Un diaporama d environ 10mn présente les choix de Lansyer : sa détermination à devenir un peintre paysagiste, ainsi qu une analyse stylistique de son travail en entrant au cœur des œuvres. 2
Les salles du musée Lansyer LE SALON Les premières peintures et le choix du paysage Il est frappant de constater que la toute première peinture de Lansyer est justement un paysage. En vérité, dès son enfance, Lansyer aime battre la campagne. 1863, Cernay C est en ces lieux que Lansyer s approche de ce qui deviendra son style. En 1863 son style est encore très empâté, avec une prédominance des tons bruns. Les tableaux sont encore de très petites dimensions et simplistes dans le motif, avec peu de détails. Rapidement il peaufine sa technique, ses couleurs s éclaircissent, devenant plus variées et plus fraîches. Il adopte par la suite une finesse et une grande minutie dans ses exécutions y compris en pleine campagne, se rapprochant par là de sa première étude de paysage et s éloignant définitivement du style de l Ecole de Barbizon. Cet attachement à la représentation des détails et à leur représentation minutieuse est caractéristique de la peinture d Emmanuel Lansyer. Les maîtres La formation de Lansyer présente la particularité de mêler un enseignement officiel à l'enseignement de maîtres à contre-courant, maîtres au génie reconnu que Lansyer choisit délibérément. De cette formation, Lansyer conserve deux centres d intérêt que sont le paysage / le végétal et l architecture / la pierre, intimement mêlés dans ses œuvres. Le dessin : Lansyer choisit en 1857 de s inscrire à l atelier de Viollet-le-Duc afin de poursuivre ses études d architecture. Il y apprend les techniques traditionnelles de dessin, comme la perspective et le lavis. Il gardera toujours ce goût pour la représentation architecturale et la précision du tracé. La peinture : en 1861, Lansyer s inscrit à l atelier que Gustave Courbet vient d ouvrir à Paris. Il y découvre la peinture à l huile. Sans adopter le style de Courbet, Lansyer s imprègne alors de la démarche réaliste et y restera fidèle tout au long de son œuvre. Le cabinet japonais La collection d objets d Extrême-Orient Un fort engouement pour les «japonaiseries» se développe au milieu du 19ème siècle. Lansyer commence sa collection dans les années 1870. Il achète certaines de ses pièces dans des ventes publiques et des galeries existent également à Montmartre. Il prête lui-même des éléments de sa collection pour des expositions. Sa collection est toujours admirable par sa composition et son état de conservation. Elle comprend des étoffes (soies peintes, kakemonos), des costumes brodés, des armes et une armure de Samouraï du 19ème siècle, des éventails, des bronzes, des céramiques, des objets en bois et des boîtes en laque, des étagères et surtout des livres d estampes. 3
LA SALLE A MANGER La quête du paysage Emmanuel Lansyer est un peintre sans cesse en mouvement, hors de son atelier, à la recherche du motif à peindre. Ces voyages sont pour certains motivés par le déroulement de sa vie : ses attaches familiales ou bien son état de santé qui, à la fin de sa vie, le pousse vers la chaleur du Midi. Les voyages sont aussi l expression d une démarche très moderne, celle de la recherche du paysage réaliste. L authenticité des couleurs, des formes et des gens, il doit aller la chercher sur place, et non l inventer enfermé dans son atelier. Menant ses études à Paris où il loue un atelier, il explore en premier la Région Parisienne, en particulier Cernay et ses environs dans la Vallée de Chevreuse. Les deux autres régions d inspiration naturelle sont ses pays d attache, la Vendée pays natal, et la Touraine dont sa mère est originaire. Une fois décidé et lancé dans sa carrière de peintre en 1863, il choisit de voyager pour trouver de nouveaux paysages, profitant de l essor de ce moyen de transport récent qu'est le train. Il choisit comme première destination la Bretagne. Lansyer rêve de la Bretagne depuis ses années de Collège à Nantes. Il s'éloigne peu à l étranger. En 1870, il voyage dans le sud de la France et en Italie. Il ne retournera qu à l extrême fin de sa vie vers ces luminosités très différentes de celles qu il aime traiter. En 1875, il se rend en Angleterre et en Espagne, des voyages courts et peu productifs. Il se rend aussi dans le Nord à partir de cette époque. Toutes ces régions l appelleront à intervalles réguliers et elles s entremêlent dans l œuvre d Emmanuel Lansyer, sans que l on puise distinguer vraiment une période précise pour chacune. Dans la plupart, il marque une préférence certaine pour les paysages de campagne et les scènes rurales et quotidiennes. PALIER DU 1 ER ETAGE : les lavis Lansyer a réalisé plusieurs toiles en utilisant la technique du lavis, représentant des paysages comme des architectures. Il apprécie cette technique simple et rapide. Certains lavis sont des esquisses destinées à être reprises à l'huile et en couleur. A l'inverse, certains autres signés tels quels, sont de toute évidence considérés comme terminés par l'artiste. Les lavis offre une autre vision du travail de l'artiste en noir et blanc. Lansyer exploite beaucoup cette technique pour des vues architecturales, les tons gris et noirs se prêtant bien à rendre les effets de la pierre. Les lavis architecturaux demeurent rigoureux et minutieux, comme toutes les représentations architecturales que réalisent Lansyer. A l'inverse, dans les paysages les détails sont laissés de côté, les personnages, les feuillages moins détaillés que dans ses paysages à l'huile. La technique du lavis semble libérer son geste qui se fait plus expressif et rapide, comme dans ses croquis. L ATELIER La démarche artistique de Lansyer : de la campagne au Salon La peinture sur le motif est au centre de la démarche réaliste de Lansyer. Lansyer voyageait constamment, de mai à octobre. Durant l hiver, peu propice à la peinture en extérieur, il se consacrait à sa peinture de Salon officiel en atelier. Ces très grands formats nécessitaient un travail en intérieur sur un chevalet d atelier fixe et de grande taille. L'atelier présente les deux aspects de son travail, complémentaires : les petites toiles réalisées en pleine nature, les grandes toiles réalisées pour les salons avec le travail d'étude et de préparation. 4
Lansyer travaillait différemment selon la destination de l œuvre Dans les toiles de salon, Lansyer intègre des compositions et introduit assez complaisamment des personnages. S il se permet des scènes purement inventées qui l écartent de sa démarche réaliste c est afin de plaire au jury et au public des salons officiels, pas encore près pour une contemplation du paysage seul et sujet principal. Dans des toiles plus personnelles, le paysage est le cœur du sujet et Lansyer ne l apprête pas comme il le fait pour les salons. C est dans ces œuvres de taille moyenne ou réduite qu il peint véritablement ce qu il désire : la nature. Le cabinet de verdure : La peinture sur le motif La démarche de peindre sur le motif se développe au 19ème siècle et révolutionne le genre du paysage. Comme il faut que tout soit transportable facilement, les toiles sont de préférence de petite dimension. Lansyer profite de la modernisation récente du matériel de peinture adapté à l extérieur : la peinture en tubes, le chevalet de campagne, petit et pliable, assorti de son tabouret pliable et de sa palette pliable, rectangulaire pour tenir dans la boîte de peintures. LE BUREAU La représentation architecturale La représentation architecturale a toujours été un centre d intérêt pour Lansyer. Il s y consacre beaucoup les dix dernières années de sa carrière. Viollet-le-Duc a conseillé à Lansyer de peindre l architecture. Pour le salon de 1869, Lansyer représente ainsi le Château de Pierrefonds après la restauration de Viollet-le-Duc, rendant hommage à son ancien maître devenu ami. Par la suite, Lansyer peint fréquemment les châteaux, en région parisienne, en Touraine et en Vendée. Il traite ces représentations avec une minutie très particulière, se rapprochant du dessin d architecte, la peinture du monument tranchant parfois avec celle du paysage qui l environne. Ses représentations architecturales ont permis à Lansyer de devancer ou de répondre aux commandes officielles, et ainsi de vendre facilement certaines de ses œuvres. Le cabinet d estampes Les eaux-fortes Lansyer possédait près de 2000 gravures. Lors de ses voyages en Italie, Lansyer a collectionné de nombreuses gravures de Piranèse et de Canaletto, deux artistes italiens du 18è siècle, ainsi que des gravures de ses contemporains : Doré, Millet, Corot, Victor Hugo, et bien d'autres. Les estampes japonaises La collection d E. Lansyer comporte des livres d estampes reliées de divers formats et des estampes sur papier crépon, toutes réalisées au 19 ème siècle. Parmi les artistes on peut citer Hokusai, Eisen, Hiroshige, Toyokuni, Kunisada La particularité de la collection de Lansyer est son état de conservation : les grands livres d estampes étaient souvent découpés et vendus par planches, dès le 19 ème siècle. Les livres d estampes de Lansyer sont intacts, dans leur intégralité, ce qui est rare. Les couleurs ont été admirablement conservées. 5
Biographie d'emmanuel Lansyer L'enfance 1835 Emmanuel Lansyer naît le 19 février 1835, à Bouin, petit village Vendéen. Il est le fils unique d'une famille bourgeoise dont le père est médecin. 1838 La famille déménage dans la même région à Machecoul, une ville que Lansyer n'apprécie guère. 1847 Emmanuel Lansyer poursuit sa scolarité au collège royal de Nantes. Il vit douloureusement ses années de collège et de lycée. La seule matière dans laquelle il travaille et excelle est le dessin. Les études 1852 Emmanuel Lansyer quitte définitivement le lycée à cause de sa santé délicate. Sans diplôme, Lansyer ne peut devenir médecin comme son père. Son père envisage alors pour lui une carrière dans le notariat et le place chez le percepteur de Machecoul pendant un an. Bien que Lansyer aspire déjà à être peintre, son père refuse d'entendre parler d'une profession destinant son fils à devenir un bohème et un «crève-la-faim». 1855 Lansyer parvient à transiger avec son père : finalement il entame un apprentissage d'architecture, et il est envoyé chez son cousin architecte Alfred Dauvergne, à Châteauroux. 1857 Lansyer arrive à Paris et entre dans l'atelier de Viollet-le-Duc afin de compléter ses études d architecture. 1858 L'atelier de Viollet-le-Duc ferme mais les élèves viennent toujours soumettre leurs projets au maître. Lansyer poursuit ses études d'architecture et travaille à des travaux de relevés et des dessins de monuments historiques. Les débuts dans la peinture 1860 Emmanuel Lansyer commence des études d artiste à l'insu de ses parents. Tout en continuant ses études d'architecture, il fréquente les ateliers, se lève à l'aurore et travaille de façon acharnée afin de concilier les deux disciplines. 1861 Lansyer est accepté au Salon des Artistes Français avec son dessin au fusain «Paysage d'hiver». A cette même date, il change l'orthographe de son nom et transforme le «i» en «y». Courbet ouvre son atelier à Paris et Lansyer s'y inscrit. L'atelier ferme lui aussi au bout d'un an. 1862 Lansyer entre dans l'atelier du peintre Harpignies à Cernay. Lansyer demeure l'élève d'harpignies jusqu'en 1863. Par la suite, ils conservent une relation amicale, d'égal à égal. 1863 Sous les conseils du milieu artistique qu'il fréquente, Lansyer présente une peinture au Salon des Artistes Français, «Un poste au bord de la mer» qui sera refusée et présentée au Salon des Refusés. Finalement salué par la presse et conforté dans son choix de vivre de la peinture, Lansyer décide de voyager. Le début de la carrière de peintre 1864 Sa carrière de peintre débute réellement. Il travaille à partir de ses croquis de Bretagne afin de réaliser une peinture pour le Salon : la critique récompense son travail et lui prédit un bel avenir dans le genre du paysage. 1865 Il reçoit une médaille du Salon. Lansyer connaît un début de notoriété qui rassure sa famille. Les années qui suivent, Lansyer travaille à sa promotion et à se faire une place dans le monde de l art. 1870 Lansyer était réserviste pendant la guerre, chargé de la surveillance d un rempart à Paris. Il s'éloigne rapidement des évènements, ceux de la guerre et ceux de la Commune. En 1870, Lansyer voyage et découvre l'italie. 1875 Il voyage en Angleterre et en Espagne 1881 Lansyer devient membre du jury du Salon des Artistes Français et est décoré de la Légion d'honneur. Il devient un artiste honoré et officiel. 1889 L'Etat et la Ville de Paris lui passent des commandes. 1890 Malade suite à une atteinte d'influenza (grippe), Lansyer se rend dans le sud de la France pour une cure. Il séjourne à Menton. Il fait ce voyage trois années de suite et se remet de sa maladie. 1891-92 Lansyer se rend de nouveau dans le sud et pousse le voyage jusqu'à l'italie. 1893 Le 21 octobre 1893 Lansyer meurt d'apoplexie à Paris, à l'âge de 58 ans. Il est enterré à Loches. Il repose près de sa mère morte trois mois avant lui. 6