Calcul de dose (aux organes) en scanographie



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Transcription:

Calcul de dose (aux organes) en scanographie Serge DREUIL 5 èmes journées scientifiques francophones «Codes de calcul en radioprotection, radiophysique et dosimétrie» 25 et 26 mars 2014 Paris

Le scanner : une success story en radiologie!

Kalender, Phys Med Biol, 2006

Forte croissance du nombre d examens CT USA 1995 2005 : + 250 % Lauer, N Engl J Med, 2009 France 2002 2007 : + 26 % Rapport INVS/IRSN 2010 1974 : 60 scanners installés dans le monde 2006 : 45000 scanners!

1972 : un crâne en 30 minutes

2010 : un thorax en 3 secondes

La dose augmente Dose efficace individuelle moyenne d origine médicale en France en 2007 1,3 msv +57 % / 2002 Scanographie 10 % des actes 58 % D eff collective Rapport préliminaire 2013 Dose Datamed 2 (36 pays européens) 52 % D eff collective 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Fréquence des actes et dose efficace collective en France en 2007 10% Fréquence des actes 58% Contribution à la dose efficace collective Radiologie interventionnelle diagnostique Médecine nucléaire Scanographie Radiologie dentaire Radiologie conventionnelle (hors dentaire) D après Etard et al, Rapport IRSN/InVS, 2010

La géométrie

J.T. Bushberg, The essential physics of medical imaging, 3rd ed. (Lippincott, Williams & Wilkins, 2012)

Cone angle J.T. Bushberg, The essential physics of medical imaging, 3rd ed. (Lippincott, Williams & Wilkins, 2012)

Fan angle

Le faisceau

J.T. Bushberg, The essential physics of medical imaging, 3rd ed. (Lippincott, Williams & Wilkins, 2012)

J.T. Bushberg, The essential physics of medical imaging, 3rd ed. (Lippincott, Williams & Wilkins, 2012)

La filtration

Filtre papillon

Filtre papillon

J.T. Bushberg, The essential physics of medical imaging, 3rd ed. (Lippincott, Williams & Wilkins, 2012)

Indicateurs dosimétriques de référence

CTDI En théorie En pratique 10 cm

dd/dz z

Confusion entre CTDI et dose CTDI vol dose moyenne dans un cylindre de Plexiglas (Ø 16 ou 32 cm), au centre du champ longitudinal exploré quantité de rayonnement émise par rotation du tube X Produit dose-longueur DLP = CTDI vol L exp Quantité de rayonnement émise durant l ensemble de l acquisition Indicateur de l énergie totale déposée Permet de comparer les machines ou les protocoles entre eux Indépendant de la morphologie du patient McCollough et al, Radiology (2011)

Méthodes d estimation de dose indépendantes de la morphologie du patient

Simulations Monte Carlo sur fantômes numériques anthropomorphes Cristy et Eckermann, ORNL report, 1987

Facteurs k dose efficace normalisée E DLP

Simulation d examens type sur fantôme type Cristy Coefficients de conversion DLP vers E Rapport EUR 16962 (1999), Schrimpton, rap. NRPB 2004 «Homme standard» Huda et al, Radiology 2008 Rapport AAPM 96 (2008) Deak et al, Radiology 2010 2 sexes, enfants, scanners récents

Méthode la plus utilisée en pratique clinique Également pour de nombreuses études épidémiologiques: Brenner et al, Am J Roent 2001 Brenner et Hall, NEJM 2007 Fazel et al, NEJM 2009 Lauer, perspective NEJM 2009 Berrington de González et al, Arch Intern Med 2009 Smith-Bindman et al, Arch Intern Med 2009 Mathews et al, BMJ 2013

Dose efficace Conçue pour fournir un chiffre unique proportionnel au détriment radiobiologique d une exposition aux rayonnements ionisants Permet une comparaison aisée des risques associés à des distributions spatiales de dose différentes produites par des techniques d imagerie différentes

4.3.5. Détermination de la dose efficace «Cette façon de moyenner implique que l application de cette approche se limite à la détermination de la dose efficace dans le cadre de la protection radiologique, et qu en particulier elle [la dose efficace] ne peut pas être utilisée pour l évaluation d un risque individuel» 4.4.6. Champ d application de la dose efficace «il n est pas recommandé de l utiliser pour des évaluations épidémiologiques, ni pour des recherches rétrospectives spécifiques et détaillées sur l exposition et le risque individuel. En revanche, c est la dose absorbée qui doit être utilisée avec les données les plus appropriées sur l efficacité biologique et sur les facteurs de risque. Les doses dans les organes et les tissus, non les doses efficaces, sont nécessaires pour évaluer la probabilité d induction d un cancer chez des individus exposés.»

Distributions de dose précalculées

Logiciels développés depuis les années 1990 CTDosimetry CT-Expo OrgDose ImpactDose VirtualDoseCT EffDose, CTDOSE (plus disponibles) Adaptation aux paramètres d examens

VirtualDoseCT Commercialisé récemment par Virtual Phantoms, Albany, NY USA Bibliothèque de fantômes très développée (25 modèles) Liu, Ding et Xu, Med Phys 2012

Variations morphologiques des patients Positionnement et centrage des patients Modulation du courant de tube (TCM) Over-ranging Nouvelles techniques Cone-Beam CT Bi-énergie VOI scanning (VOlume of Interest) Limitations

Méthodes d estimation de dose liées à la morphologie du patient

Estimateur de dose morphologique

Size-Specific Dose Estimate Rapport AAPM n 204 publié en 2011 «Estimateur» de la dose moyenne dans une coupe transverse du patient Prends en compte la morphologie du patient Basé sur la correction du CTDI vol par un facteur dépendant des dimensions transverses du patient

SSDE : diamètre effectif

Méthode Mesures et simulations Monte Carlo menées sur différents types de fantômes pour différentes tailles 4 groupes de travail Fantômes anthropomorphes physiques Fantômes cylindriques physiques Fantômes anthropomorphes voxelisés Fantômes cylindriques mathématiques Scanners des 4 constructeurs principaux et 4 tensions tube

Méthode Régression exponentielle sur l ensemble des données Accord satisfaisant (se dégrade pour dia eff < 15 cm soit 1 an) r 2 = 0,942 r 2 = 0,973

Facteurs de conversion Le rapport fournit les facteurs de conversion pour CTDI vol 16 et 32 cm : SSDE = f CTDI vol Si dimensions AP + LAT non disponibles, tableaux fournis pour AP seul, LAT seul et âge seul (< 18 ans) 32 cm 16 cm

SSDE en pratique A. Post-scan : AP+LAT = 22,2 cm f 32 = 2,5 SSDE = 13 mgy B. Pré-scan : LAT = 16,8 cm f 16 = 1,08 SSDE = 10 mgy A B

SSDE : Bilan Validé sur abdomen et pelvis mais utilisable pour le thorax d après les auteurs Conçu pour la pédiatrie mais applicable chez l adulte (obésité, maigreur, grossesse ) Incertitude estimée à 10 20 % Ne permet pas l estimation des doses aux organes Ne pas utiliser SSDE pour calculer une dose efficace! Méthode simple et utilisable très facilement en clinique pour estimation de dose a priori ou a posteriori

Simulation Monte Carlo

Objectifs Adaptation à la morphologie du patient Adaptation aux conditions d examens Paramètres d exposition Position et centrage du patient Résultats en dose à l organe ou au tissu Estimation prévisionnelle

Nombreuses études récentes basées sur codes Monte Carlo «généralistes» (Penelope, MNCPX, EGS4, Geant4, GATE ) Damilakis et al, Radiology et Med Phys 2010 Li et al, Med Phys 2011 Jia et al, Phys Med Biol 2012 Fearon et al, J of App Clin Med Phys 2011 Jan et al, Phys Med Biol 2011 Ding et al, Phys Med Biol 2012 Chen et al, Med Phys 2012 Un logiciel commercial disponible ImpactMC (www.ct-imaging.de/en/)

Damilakis et al, Radiology 2010

ImpactMC Commercialisé par CT Imaging GmbH, Erlangen Code MC avec accélération GPU Travaille directement sur les images DICOM Gère TCM, VOI scanning, Publis CPU : Schmidt et Kalender, Physica Medica 2001 GPU: Chen et al, Med Phys 2012

Temps de calcul Méthodes GPU Limitations SEGMENTATION Contourage manuel Méthodes hybrides Calcul sur images patient Organes définis par «best fitting phantom» (Kalender, Phys Med Biol 2014)

Série d images DICOM 2) Calcul Fantôme format texte(x,y,z,label) ImpactMC 3) Export Fichier texte Fichier binaire 5) Exploitation 4) Conversion HDV Coordonnées du voxel Dose du voxel Label associé à l organe

Conclusion

CTDI et dose au patient ne sont pas synonymes L estimation courante des doses reste qualitative: repose sur des indices dosimétriques reliés à la dose aux organes et à la dose efficace de façon approchée Le calcul fiable des doses aux tissus et aux organes s avère indispensable pour lever le doute sur le risque aux «faibles doses» Les méthodes Monte Carlo se heurtent au problème de la segmentation des organes L individualisation des estimations de dose est une tendance qui va vraisemblablement se développer dans les quelques années à venir Méthodes hybrides: la solution? Organes étendus (peau, muqueuses, moelle osseuse)?