Chapitre I : Les définitions de la monnaie



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Transcription:

Chapitre I : Les définitions de la monnaie Définition générale : la monnaie est un moyen de paiement accepté par tous (1) directement utilisable pour effectuer les règlements sur l ensemble des biens et des services et pour régler définitivement toutes les dettes (2) sur un territoire (espace monétaire) donné (3). (1) Caractère collectif de la monnaie : c est primordial qu elle soit acceptée par tous (notion de confiance acceptée par tous) : on a confiance en la monnaie parce que les autres l utilisent. En cas de crise monétaire, on refuse d utiliser la monnaie. La monnaie n a pas d utilité directe (c est un moyen pour avoir les biens et services qui, eux, sont utiles) «individuelle» (inutile si on est le seul à l utiliser). Elle a une utilité collective. (2) L'ensemble des biens : si un objet donne accès à une partie seulement des biens et services, ce n est pas de la monnaie (ex : tickets restaurants, bons d achats ) = la liquidité de la monnaie (faculté à être acceptée immédiatement pour avoir des biens et services). C est lié au pouvoir libératoire de la monnaie (se libérer des dettes, impôts, dettes envers une personne ). La monnaie est un équivalent général (ou équivalent universel) = on peut avoir tous les biens partout. (3) «sur un espace monétaire donné»: lorsque l on est dans une zone monétaire, c est la monnaie de cette zone qui est utilisée. Cela implique deux choses : Change (le dollar américain est une exception parce qu il peut être accepté partout, lorsque la monnaie nationale est reconnue comme faible) Il y a une collectivité (Etat ou groupement d Etats) qui gère la monnaie (souveraineté) : ce sont ceux qui gèrent le territoire qui gèrent la monnaie I. Description des formes de monnaie : quelques épisodes historiques A) La monnaie scripturale (l écriture des comptes) 1- La monnaie scripturale en France, aujourd hui C est une écriture sur un compte en banque : le montant en euros inscrit = l écriture scripturale : dépôts à vue (DAV) = comptes chèques = compte courant -> l argent est directement réutilisable pour effectuer des transactions. Les livrets d épargne ne sont pas de l écriture scripturale : il faut d abord prendre l argent (on ne peut pas directement payer) 2- La monnaie scripturale dans les foires marchandes d Europe (13 ème / 14 ème ) Foire = moment où tous les marchands d Europe se réunissent à un endroit donné pour échanger des produits manufacturés ou des matières premières. Axe typique à cette époque : nord de l Italie (Florence) puis le Rhin (Besançon, Lyon) puis la Flandre Foire de Champagne : il y en a 4 principales : Provins, Lagny-sur-Marne, Troyes, Bar-sur-Aube (ces villes se sont développées grâce aux foires). A cette époque, - 1 -

les marchands vont commencer à remplacer l or par de la monnaie scripturale. Pourquoi? Sécurité du transport Les banques se développent à cette époque-là. Ex : Banque des Médicis. C est le début du développement des succursales (on peut ouvrir un compte presque n importe où) Sans dépôt d espèce préalable. Ex : les banquiers nous donnent 100 alors qu on a rien donné. Exemple : les marchands Lucas (Italie) et Hans (Flandre) ont chacun un dépôt de 100 florins à la Banque des Médicis. En mars 1320, à la foire de Bruges, Lucas achète pour 40 florins de draps à Hans. Compte en T : À aucun moment, les marchands n ont sorti d argent (tout est scriptural). En novembre 1320, à la foire de Provins, Hans achète pour 50 florins de bijoux à Lucas. A l époque, ce type de transactions pouvait se faire grâce à une «lettre de change» (ou contrat de change) : les deux marchands ne sont pas obligés d être présents physiquement. Plus tard, Lucas peut transformer son solde en monnaie (on vide alors son compte). Plus les foires étaient fréquentes, plus ce système a fonctionné. 3- Les tablettes de Mésopotamie (vers 1800 av. J.-C.) Ce sont des tablettes en terre cuite sur lesquelles sont écrites des comptes. Epoque du 1 er empire babylonien. Ex : Monsieur X doit tant à Monsieur Y. Ce type de tablette était stocké dans des entrepôts. Lorsque les paiements se font par tablette, il n y a pas de transferts physiques (système de compensation). - 2 -

La monnaie scripturale n'est pas moderne. B) Les monnaie-marchandises (parfois appelées paléo-monnaie) Monnaie-marchandises : biens qui sont demandés pour être consommés (= achetés ou vendus) mais qui peuvent aussi servir de monnaie. 1- Des biens utilitaires qui servent de monnaie Un bien utilitaire est un bien souvent très consommé. Dans les sociétés pastorales, c'est le bétail qui va servir de monnaie. Dans les sociétés agricoles, c'est le grain (parfois bétail + grain). Les biens alimentaires ont servi de monnaie dans toutes les parties du globe : exemple : fève (Aztèques), thé (Tibet), sel sous différentes formes (Abyssie, Incas...). Pourquoi ces objets-là sont-ils devenus de la monnaie? Parce qu'ils peuvent être consommés. Les monnaie-marchandises refont parfois surface en cas de crise monétaire. Exemple : paquets de cigarettes en Allemagne de 1945 à 1948. 2- Des biens ayant peu de valeur d'usage qui servent de monnaie Ce sont des biens peu consommés, ils peuvent servir d'ornements. Ex : pièces de terre cuite, petites pierres précieuses, coquillages Le principal coquillage est le Cauri, principalement dans l'océan indien, donc il a servi de monnaie en Chine, en Inde, puis en Afrique du 9 ème au 20 ème siècle. On utilise l'objet seulement parce qu'il est symbole de la richesse et utile dans le échanges. 3- Les monnaies de métal précieux a) Caractéristiques des monnaies de métal précieux C'est une monnaie-marchandise. Ça a fini par l'emporter sur le bétail et autres marchandises pour 4 raisons : malléabilité / fongibilité : on peut fondre le métal et le transformer de métal en objet et d'objet en métal. Forte valeur marchande : le transport d'une même quantité de richesse va prendre moins de place divisibilité: on peut donner à l'objet n'importe quelle taille. Leur durée est quasi illimitée. Leur rareté les protège de la contrefaçon b) Quelques exemples : des objets divers aux premières pièces de monnaie frappées La plus ancienne est le sapèque (en forme d'outils) en Chine jusqu'au 20 ème siècle. Il y avait une percée dans l'objet qui servait à les mettre sur un fil, pour les regrouper (donc on peut les compter facilement). Progressivement, la forme autour du trou va se rétrécir. Pour arriver aux pièces modernes, il faut attendre le 6 ème siècle avant JC en Grèce. On arrive à de nouvelles techniques qui permettent d'en fabriquer plus. Caractéristiques des pièces grecques : - 3 -

il y a le symbole du souverain (monnaie frappée). Ex : lion = symbole du royaume de Lydie en Grèce. On attribue ce symbole au roi Crésus. Le symbole est important car il garantit la valeur de la pièce et rassure sur l'acceptation de la pièce (le souverain garantit que ceux qui refusent la monnaie seront punis). Le Pactole était le fleuve en Lydie d'où on extrayait l'or. Mise en place d'un «numéraire». Le premier exemple est le drachme (5ème siècle avant JC, Grèce). Caractéristiques du drachme : auparavant il fallait compter les pièces (3 pièces = 3). La nouveauté a été la mise en circulation de pièces qui valent un certain nombre de drachmes. Ex : le tetradrachme (1 tetradrachme = 4 drachmes) est devenu monnaie internationale à cette époque. Les pièces ont toutes des valeurs différentes mais dans la même «unité». Les historiens de la monnaie appelent cela le premier pas vers «l'abstraction du nombre» : le signe (la valeur) devient séparé de l'objet. On n'a plus besoin de compter deux pièces pour que ça fasse 2. C) La monnaie fiduciaire (> fiducia : confiance, foi) Il y a une dimension de confiance. La première caractéristique de la monnaie fiduciaire est que la valeur faciale est différente de la valeur intrasèque. Valeur faciale = valeur inscrite sur le support (= valeur nominale). Valeur intrasèque = ce que coûte la fabrication du métal = valeur du métal (pièce), du papier (billet). Valeur faciale > valeur intrasèque (ce qui est écrit sur le billet de banque vaut + que le papier) On utilise les monnaies fiduciaires uniquement parce que l'on a confiance en elles.il y a deux catégories principales : les pièces et les billets. 1- La monnaie «divisionnaire» (les pièces) en France aujourd'hui Elle sert pour des petits montants. Ce qui intéresse, c'est son acceptation. Le métal qui sert à fabriquer une pièce de 1 (valeur faciale) vaut 0,13 (valeur intrasèque). Les monnaies métalliques utilisent des métaux précieux, pour lesquels en principe la valeur faciale = la valeur intrasèque. Les pièces divisionnaires : Valeur faciale > Valeur intrasèque 2- La «monnaie-papier» (les billets de banque) a) Les billets aujourd'hui C'est la Banque Centrale qui est chargée de l'émission des billets et des pièces. En Europe, c'est la Banque Centrale Européenne (BCE). On dit que les billets de banque ont un cours légal = la loi oblige les agents à accepter cette monnaie dans les échanges économiques (pour les montants < 50 000 ). C'est différent du cours libre = les agents sont libres d'accepter ou non la monnaie. Aujourd'hui, l'euro a un cours légal sur le territoire européen. Pendant longtemps, c'est le cours libre qui a prévalu. b) Les premiers billets, «certificats de dépôt» Les premiers billets de banque étaient en réalité des certificats de dépôt. C'est en Chine qu'on trouve les premiers certificats de dépôt (10ème siècle). Sur ces billets était écrit le nombre de pièces qu'ils valaient. On l'acceptait parce qu'on savait qu'on pouvait le transformer en pièces. En Europe, c'est au 18ème siècle - 4 -

que vont apparaître les premiers billets. Il s'agit de quelque chose qui donne droit à un échange contre de l'or ou autre métal précieux (pas des pièces comme en Chine). Ce qui en faisait la valeur était sa conversion en métal. Ils sont payables au porteur à la demande. Les assignats ont mal terminé, car dans les banques, la quantité de métal précieux doit être strictement égale à la valeur des billets émis. Si tous les porteurs de billets venaient réclamer au même moment leurs sommes, on a un risque de banqueroute (valeur émise > valeur caisse) => faillite. c) La lente évolution vers une vraie monnaie Ca a été progressif (18ème 20ème) : l'utilisation du billet de banque est rentrée dans les moeurs. Les billets sont des billets au porteur = ils ne sont pas nominatifs (pas leur nom dessus) : il circule plus facilement que quelque chose qui est nominatif. Il est arrivé très fréquemment dans l'histoire que le montant des billets émis étaient supérieurs aux encaisses métalliques => faillite (ex : Law). Plus les billets étaient acceptés dans toutes les transactions, moins on demandait à le convertir en monnaie => banqueroute plus rares. Les banques ont eu l'autorisation d'émettre plus de billets que leur encaisse métallique : ce sont les agents économiques (= les gens) qui leur ont fait changer d'avis. Aujourd'hui, ce sustème fonctionne car on ne va pas demander tous de l'argent au même moment. Progressivement, on a introduit des billets de petites coupures, ce qui a rendu leur circulation encore plus facile (pour l'utilisation de tous les jours). -> Cours forcé (inconvertibilité). Les billets ont été cours forcé = les banques n'étaient plus obligées de les échanger. En parallèle, les pièces n'étaient plus faites de métal précieux. En Angleterre, ce cours forcé intervient en 1931, en France, en 1936 => récent. Ce système est ce que l'on appelle la fin de l' étalonor : les valeurs étaient en référence à l'or. La fin de la convertibilité a entraîné la fin de l'étalon-or (gold standard) => abandon de toute référence à l'or. Mais il restait une monnaie qui était convertible en or : le dollar : 1$ = 0,88g d'or jusqu'en 1971. C'était temporaire. En 1976, les EU annoncent la suppression définitive = étalon de change-or (seul le dollar était convertible en or, mais toutes les monnaies pouvaient être changées en dollars). La valeur de la monnaie ne dépend plus de la conversion mais de la confiance. La monnaie est acceptée parce qu'elle est acceptée (Samuelson). C'est pourquoi les lois sont dures avec les faux-monnayeurs (peine max). D) Critique de la thèse de la dématérialisation de la monnaie = au fil de l'histoire, la monnaie est devenue de moins en moins matérielle (formes abstraites de monnaie). Part des DAV, billets et pièces dans M1 en France : Monnaie scripturale Part des billets et pièces 1913 1950 1970 1990 2004 46 % 51 % 67 % 85 % 90 % 54 % 49 % 33 % 15 % 10 % - 5 -

Aujourd'hui, 90% sont stockés dans les comptes en banque et 10% criculent sous forme de billets / pièces. C'est un constat, il n'y a pas forcément de sens historique à cette évolution (monnaie scripturale = la plus ancienne). En propension, on utilise + la monnaie scripturale, mais ça ne veut pas dire que la monnaie est vouée à disparaitre, car les espèces restent très demandées pour les paiements de contact (de face à face '). Elle présente des désavantages par rapport à la monnaie scripturale : elle n'est pas nominative, donc le vol est facile. En revanche, ce qui fait l'attrait des espèces, c'est leur anonymat = ne contiennent pas la mémoire des transactions effectuées. II. La définition de la monnaie par les fonctions qu'elle remplit Introduction : la monnaie comme solution aux inconvénients du troc. La définition fonctionaliste a comme point de départ la monnaie et ce qui n'est pas de la monnaie (troc) : on ne trouve pas sa finalité, alors on la décrit par ses fonctions. troc = échange d'un bien contre un autre bien. Les agents doivent avoir directement besoin des biens échangés. A chaque échange, les biens échangés sont différents. Échange monétaire = échange d'un bien contre de la monnaie. Autrement dit, à chaque échange, on utilise toujours le même objet. A) La monnaie permet de simplifier les prix = la fonction d'unité de compte (ou étalon des valeurs) Dans un système de troc, on part de prix relatifs. Dans un système d'échange monétaire, on part de prix absolus. Ex : on échange 1 table contre 2 chaises : on exprime le prix d'une table en chaises = 2 (relatif car en relation avec un autre bien) <=> 1 chaise = ½ table. Prix relatif : valeur d'un bien exprimée en quantité d'un autre bien. Plus le nombre de biens à échanger est grand, plus le nombre de prix à calculer est grand. Ex : on a 100 produits à vendre. Sur chacun des produits, il faut afficher 99 prix (valeur en chaises, en détergents...) => 100 x 99 = 9900 prix affichés pour 100 produits. Sans les doublons (prix chaise/table = prix table/chaise), = 9900/2 = 4950 prix. Dans un système monétaire, il n'y aura que 100 prix affichés : la monnaie permet de simplifier l'affichage des prix. n biens [n(n-1)] / 2 = prix relatif n prix monétaires Caractéristique des sociétés modernes : forte division du travail (= spécialisation) autosuffisance (chaque individu ne produit que ce qu'il consomme). Dans les sociétés modernes, plus la société est spécialisée, plus on a besoin d'échanger des biens (puisqu'on ne les produit plus soi-même), et plus on échange de monnaie. Il peut s'agir de monnaie-marchandise (ex : blé utilisé partout), mais aujourd'hui, cela fonctionne avec une unité de compte, qui n'est pas incluse dans le produit. C'est grâce à une unité de compte qu'on peut exprimer les biens en monnaie (mesure universelle de la valeur des biens). - 6 -

B) La monnaie permet d'éviter la double coïncidence des besoins : la fonction d'intermédiaire des échanges (ou de moyen de paiement) Dans une économie de troc, on a parfois du mal à trouver quelqu'un qui veut le bien que l'on a à offrir. On cherche quelqu'un qui veut ce qu'on offre et qui offre ce qu'on veut = double exigence = double coincidence des besoins. Solution intermédiaire : A offre une chaise et B veut du pain : A ne connaît que B. Intermédiaire = C. La monnaie est un équivalent général, c'est un objet qui est accepté dans tous les échanges, donc avec la monnaie, le problème de double-coïncidence disparait. La monnaie permet de diminuer les coûts de recherche d'un co-échangiste, + diminution du temps perdu à chercher un intermédiaire / des informations. C) La monnaie permet de stocker durablement un pouvoir d'achat = la fonction de réserve de valeur Avantage de la monnaie : elle peut être accumulée en vue d'une consommation future = elle permet un transfert intertemporel de pouvoir d'achat. Les économistes pensent que la supériorité de la monnaie sur ces 3 aspects est discutable car des biens peuvent être durables (ex : grains) : avantage de la monnaie dans ce cas? On ne sait pas. En réalité, ce n'est pas de ce point de vue qu'il faut envisager l'avantage de la monnaie -> on laisse tomber le troc et on compare la monnaie épargne monétaire et la monnaie épargne financière. L'épargne monétaire n'est pas rémunérée, alors que l'épargne financière est rémunérée (ex : livrets d'épargne, placements en actions / obligations). Si on garde notre monnaie (= on la thésaurise), elle nous apporte rien. Donc en ce sens, l'épargne financière présente un avantage sur l'épargne monétaire. Désavantage de l'épargne financière : elle est risquée (perte en capital, actions, obligations) : l'argent qu'on a mis de côté, on en aura moins plus tard. Mais ce n'est pas le cas pour les livrets (la valeur ne bouge pas en fonction du temps). Désavantage : peu liquide (on ne peut pas faire des courses avec). Elle est risquée, peu liquide, ou les deux. Avantages de la monnaie : liquidité (pas besoin de la transformer en quelque chose) + sans risque (si on conserve 10, la valeur ne change pas dans 10 ans). La valeur nominale (= valeur faciale) de la monnaie est constante. La monnaie permet de transformer le pouvoir d'achat dans le temps parce qu'elle est constante et liquide (mais la valeur réelle peut augmenter s'il y a inflation => baisse du pouvoir d'achat). Mais ce risque d'inflation existe aussi pour les actions / obligations. Liquide : utilisable rapidment et sans frais, à la - 7 -

différence de l'épargne, où il faut échanger d'abord en monnaie. Conclusion : critique de la fable du troc Fable du troc = on veut donner l'idée que historiquement la monnaie aurait progressivement remplacé le troc (monnaie = réponse aux problèmes du troc). Critique : historiquement, c'est très contestable : historiens, paléontologues... rejettent cette vision. Tout d'abord, les échanges par troc qu'on a pu observer n'étaient pas des échanges économiques. C'était plutôt utilisé dans des cérémonies / rituels. D'autre part, la définition fonctionaliste de la monnaie donne l'impression que les échanges marchands ont d'abord connu des marchés de troc et ensuite on est passé au marché monétaire. Mais historiquement, la monnaie est déjà présente avant le marché monétaire : elle servait à régler des conflits, payer des réparations judiciaires. Elle pouvait aussi permettre de préparer des mariages/deuils/cadeaux. Toujours avant, elle servait au paiment des impôts / tribut à un seigneur : la monnaie conforte la domination. La monnaie est dès le départ encastrée dans la société : partout où il y a un collectif d'individus commence à émerger, on a une monnaie qui émerge. C'est dans un deuxième temps seulement que cela rend possible l'existence d'un marché (Jean Cartelier) -> c'est un courant qui s'oppose à la définition de la monnaie par ses fonctions mais aussi par ses institutions. Historiquement, on a constaté que certaines monnaies ne pouvaient remplir qu'une des 3 fonctions. Ex : livre au Moyen-Âge (12ème -14ème) était une monnaie qui n'était qu'une unité de compte (n'a jamais circulé sous forme de billets / pièces) = il n'y avait pas de pièces livre, c'était seulement affiché (écu, denier, francs) Conclusion : retenir quelques exemples de support (ou formes) monétaires les 3 fonctions de la monnaie la définition générale de la monnaie (introduction) - 8 -