Introduction. Bpi/Centre Pompidou, 2004. 9



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Introduction Une bibliographie est par nature éphémère et la première édition de Lire a u t re m e n t: lectures pour jeunes déficients visuels n échappait pas à ce constat. Il apparut donc dans l o rd re des choses d e n v i s a g e r, quatre ans après, sa mise à jour. Cependant, il est nécessaire de rappeler qu alors il ne s agissait pas seulement de recenser des ouvrages accessibles aux jeunes aveugles et malvoyants, mais de proposer une démarche de sélection d ouvrages selon certains critères de choix qui, au-delà du contenu de l œuvre, privilégient son accessibilité physique aux jeunes lecteurs déficients visuels; principe et démarche qui ont été conservés pour cette mise à jour. Tout enfant a droit aux livres, aux mêmes livres que les autres enfants. L édition Jeunesse, qu elle soit adaptée ou ordinaire, doit lui offrir des supports de lecture image ou texte les plus variés possible, accessibles et adaptés à ses potentialités de lecteur. Recenser des offres de l édition ordinaire ET de l édition adaptée, c est s attacher à bien définir les critères de lisibilité d un livre en fonction des difficultés de lecture connues. Ce n est pas identifier un individu à sa déficience et à une réponse technique systématique. Ce que cherche un lecteur c est, avant tout, une histoire, un auteur, une information et, dans un deuxième temps, pouvoir les lire. Une mise à jour, c est non seulement signaler et analyser de nouveaux t i t res, mais aussi apprécier l é volution des intentions de l édition, tant ordinaire qu adaptée, et en quoi elles ont pu modifier le contexte d accessibilité des livres. Quelques remarques préalables avant de rappeler les critères de sélection des ouvrages qui restent identiques à ceux de la première édition : La disponibilité actuelle des ouvrages de la première édition n a pas été vérifiée systématiquement ; On s est parfois référé à la pre m i è re édition afin de compléter l i n- formation donnée ici; Nous indiquons pour chaque critère de choix les évolutions de l é d i- tion que nous avons pu repérer. Bpi/Centre Pompidou, 2004. 9

A MM LES LIVRES BIEN VISIBLES Jusqu à 4 ans : priorité est donnée à l image: couleurs vives, contrastées, sujets bordés de noir, fond neutre. Les collections des plus petits ont une lisibilité naturelle (par exemple Loulou et compagnie à l École des loisirs). Nous avons resserré la sélection et cité les propositions les plus significatives : présence d éléments à toucher, visibilité plus forte. À partir de 6 ans: vigilance vis-à-vis de l image et du texte. Les collections de pre m i è res lectures (Ba y a rd Presse, Nathan) présentées en 1999 sont toujours d actualité. Pas de nouvelles propositions dans l édition courante. L édition adaptée reste aussi assez pauvre pour cet âge-là, à l e xception de quelques doubles transcriptions, en braille et gros caractères, chez des transcripteurs braille. À partir de 9 ans et plus: la lisibilité du texte est privilégiée. Hormis la collection Pa roles de conteurs c h ez Sy ros, on ne recense pas de nouveautés papier. Les éditions Corps 16, collections Série bleue et Série ro u g e, ont toujours une trentaine d ouvrages disponibles mentionnés dans la prem i è re édition, mais aucun titre récent. Enfin, il faut noter les livres en gro s caractères édités sur cédérom par Chardon Bleu. Le manque de documentaires reste flagrant : des collections déjà décrites dans la pre m i è re édition poursuivent leur production. Plus on avance en âge, plus il est difficile de trouver un équilibre entre la visibilité de l image et du texte. L édition sonore peut être un palliatif de qualité. DES LIVRES À TOUCHER Jusqu à 4 ans : priorité à la diversité de la découverte tactile de matières n o m b reuses et qui, au fur et à mesure que l on pro g resse dans le livre, donnent sens aux personnages. Peu à peu l enfant doit pouvoir tro u ver quelques éléments de texte en braille. Nous saluons ici le travail exceptionnel des éditions Les Doigts Qui Rêve n t qui ont su en quatre ans organiser, stimuler, catalyser cette édition adaptée, élargir leur catalogue, l ouvrir à d a u t res éditeurs talentueux qu elles diffusent, mais cette offre reste pourtant bien insuffisante au regard de la demande. Parallèlement, on observe une baisse dans l édition ord i n a i re du nombre d albums à toucher, où l a p p o rt d éléments tactiles donne un vrai sens à l h i s- t o i re; raison de coût de fabrication, effet de mode? Et la profusion de livre s - doudou ou de livres-bain sert assez peu notre recherche. 10 Bpi/Centre Pompidou, 2004.

À partir de 6 ans: il est presque impossible pour l a p p renti lecteur ave u g l e de tro u ver un texte suffisant qui s appuie encore sur des re p è res d image tactile. L édition adaptée choisit le texte avec des transcriptions braille, parfois accompagnées d un complément sonore. C est en particulier la voie suivie par Benjamins Media dont on soulignera le savoir-faire. À partir de 8 ans: priorité est donnée au texte. Cette mise à jour permet de re p é re r, à l examen des différents catalogues de transcripteurs, une augmentation quantitative et qualitative notable de l o f f re. Depuis quatre ans les catalogues ont été re n o u velés très significative m e n t et sans re d o n d a n c e, sauf Ha r ry Po t t e r qui fait l objet de toutes les attentions éditoriales ord i- n a i res ou adaptées! Des collections sont proposées et se complètent d u n transcripteur à l a u t re, évitant l effet de saupoudrage re g retté dans la p re m i è re édition. Un réel travail de sélection bibliographique est réalisé par les éditeurs adaptés: quant à proposer peu, autant proposer le meilleur. On déplorera cependant la disparition de l association Braille Soft qui permettait l accès, par des périphériques adaptés, à une lecture en braille de classiques. On re g rettera ici à nouveau le manque de documentaires malgré quelques nouvelles œuvres de qualité pour les plus grands: collection Un a u t re re g a rd aux Éditions du musée du Louvre, ou les livres sur l a rt des Éditions Claude Garrandès, les albums À voir et à toucher de la Cité des sciences et de l industrie. Là encore il faudra se tourner vers l é d i t i o n sonore. DES LIVRES SONORES Dans la première édition nous rappelions, en avant-propos, que l édition s o n o re ne remplace pas le texte écrit et ne peut être considérée que comme un complément ou un palliatif aux manques précédemment cités. Nous ne re venons pas complètement sur ce propos, mais notre point de vue évo l u e cependant aujourd hui : Pour de nombreux lecteurs, l accès au texte se fait par plusieurs médias et le sonore en est un à part entière. Plus qu un palliatif, il doit être traité et apprécié avec la même qualité que les autres. Benjamins Media l avait bien compris. La nouvelle proposition de Ba y a rd Presse, Mes pre m i e r s J aime lire accompagnés d une cassette, va aussi dans ce sens. Bpi/Centre Pompidou, 2004. 11

Les propositions d éditions sonores courantes (Frémeaux et associés, Radio France) ou adaptés (Thélème, De vive voix, par exemple) sont de qualité et ne dénaturent en aucun cas le propos des auteurs. La sélection de Fr a n ç o i s e Tenier de la Commission d écoute de la Bibliothèque de l Heure Joyeuse, sur laquelle nous nous sommes notablement appuyées en témoigne. Il faut peu à peu se défaire d une appréciation mitigée portée longtemps sur les textes sonores, parce qu ils n offraient pas toutes les qualités d enregist rements professionnels malgré les immenses services qu ils rendaient à un public en mal de lecture. Les re c h e rches actuelles vont aussi vers le développement d un livre sonore numérique indexé: le projet Da i s y, encore balbutiant en France, rend disponible, sous un format dérivé des formats de l Internet, un livre enre g i s t r é par une voix humaine avec possibilité de signets et de marque-pages. Au terme de ce travail, nous voudrions ajouter quelques réflexions en guise de conclusion. Bien sûr, des manques sont encore flagrants : disprop o rtion entre la production ord i n a i re et la production adaptée, quasiinexistence du documentaire, difficultés de transcription liées au dro i t d auteur ; et la re c h e rche des parents et des enseignants pour donner de quoi l i re aux enfants re l è ve certainement trop du parcours du combattant. Po u rtant, en quatre ans, plusieurs signes m amènent à un certain optimisme : L édition adaptée se tourne fréquemment vers la transcription multimédia et favorise, à ce titre, et le choix du lecteur et son intégration dans une communauté de lecteurs aux capacités différentes. Les différents opérateurs ne sont plus isolés et ont pu coordonner leurs a c t i o n s; les organismes publics se sont positionnés au côté des associations. La Banque de données de l édition adaptée, gérée par l Institut national des jeunes aveugles et alimentée pour partie par la Bibliothèque publique d information, est montée en puissance. La mise en place du serveur Hélène, développé grâce au partenariat d associations, d universités et du ministère de la Culture, met à disposition des centres transcripteurs, par convention, des ouvrages en format numérisé, protégés, pro p res à l i m p ression braille ou gros caractères, en centralisant la gestion des droits d auteurs. On suivra avec intérêt l avancée de ce dis- 12 Bpi/Centre Pompidou, 2004.

positif encore re s t re i n t; on ne saurait se contenter de la seule mise en ligne d éditions de moindre qualité à télécharger directement. Le projet (encore un), lancé par Les Doigts Qui Rêvent, de création du Centre Amandine, centre de recherche sur l image tactile, en partenariat avec l u n i versité Paris V de psychologie cognitive, afin de fonder la création d images tactiles sur des bases théoriques, est nécessaire et pro m e t t e u r. On peut consulter sur l Internet des catalogues d édition braille ou en g ros caractères, française mais aussi francophone (belge, canadienne), que nous indiquons en fin d ouvrage et qui peuvent enrichir l offre de prêt et de vente. La multiplication de services de lecture pour les personnes déficientes visuelles dans les bibliothèques publiques. Il apparaît ici très nettement que l amélioration de l offre en qualité et quantité passera par des échanges de compétences, de savoirs, d informations et de serv i c e s; ces différentes pistes en témoignent et sont à soutenir, dans l intérêt final des lecteurs. Nous souhaitons vivement que cette mise à jour y participe modestement. À ce terme, nos re m e rciements vont à Dominique Tissot et Soumia Ho u a m a des Bibliothèques municipales de Grenoble, à Françoise Tenier de la Bibliothèque de l Heure Joyeuse à Paris, à tous les éditeurs, transcripteurs et associations qui m ont très aimablement transmis tous les re n s e i g n e m e n t s utiles à ce travail, à Corinne Loyer et Arielle Rousselle de la Bibliothèque publique d information pour leur disponibilité et la confiance qu elles ont bien voulu m accorder. Catherine Exertier Bpi/Centre Pompidou, 2004. 13