Entretien avec une aidante «surnaturelle» La nécessité d être créatif pour maximiser le transfert des connaissances



Documents pareils
PRÉSENTATION DU PROJET (maximum 1600 caractères)

CEIM. Présentation des programmes de partenariats Le 7 Mai Robert Déziel, Ph. D. MBA Gestionnaire, bureau régional du Québec

Planification stratégique

L Université Laval lance, elle aussi, une consultation publique sur un programme de Master en anglais.

PROJET D ETABLISSEMENT

Dans le cadre du décret Education Permanente. La Plate-forme francophone du Volontariat présente : ANALYSE. ( signes espaces compris)

L intégration des TIC chez les futurs enseignants : votre point de vue

Monsieur le président, mesdames et messieurs les commissaires, bonjour.

LE DISCOURS RAPPORTÉ

Direction des bibliothèques. Sondage Ithaka S+R. Questionnaire français Université de Montréal

LA RECONNAISSANCE AU TRAVAIL: DES PRATIQUES À VISAGE HUMAIN

Fiche de synthèse sur la PNL (Programmation Neurolinguistique)

Préface de Germain Duclos

Merci beaucoup de votre collaboration

ACTEURS DE LA DÉFENSE ET FACTEURS DE SÉCURITÉ

LE GUIDE. Automne Artisans Commerçants Prestataires de services

Avis d'emploi vacant. Poste(s) supervisé(s) : Date d'affichage : 18 mars À propos de CATIE

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

LE MOT DU PRÉSIDENT, Le Président, Marc Maréchal 1/5

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site. Ce texte est protégé par les droits d auteur.

Conseil Diocésain de Solidarité et de la Diaconie. 27 juin «Partager l essentiel» Le partage est un élément vital.

Comment choisir son assurance maladie?

Activités de team-building sur tablettes tactiles!

Circulaire n 5051 du 04/11/2014

PLAN STRATÉGIQUE DE L AFANB

Les représentations sociales des juges et des experts concernant le meilleur intérêt de l enfant dont la garde est contestée

Présentation du programme de danse Questions-réponses

le QuEbec POUR Enrichir Affirmer les valeurs communes de la société québécoise

CHARTE DES PROGRAMMES

La situation financière des Canadiens

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

Consolidation de fondamentaux

LE MANAGEMENT PUBLIC : NOUVELLES APPROCHES, MÉTHODES ET TECHNIQUES. Sous la direction des Professeurs Martial Pasquier et Jean-Patrick Villeneuve

Master 2 professionnel Soin, éthique et santé Mention Philosophie

Chronique Assurances et gestion des risques. sous la responsabilité de Gilles Bernier 1

TOUR DE FRANCE NOUVEAU DIALOGUE FORUM-DEBAT POITIERS

Programmation

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

Le conseil d enfants La démocratie représentative à l école

Entreprises Artisanales de Boulangerie Patisserie

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Françoise TRUFFY, Présidente de la CDAPH 94. Bonjour,

Le risque de négociation dans la gouvernance des régimes de retraite

Questions Fréquemment Posées

Parent avant tout Parent malgré tout. Comment aider votre enfant si vous avez un problème d alcool dans votre famille.

L INSEE EN BREF. L Insee en bref. La mesure du chômage par l Insee. N 4 Septembre Combien y a t il de chômeurs en France?

Les Cahiers de la Franc-maçonnerie

Portrait de Femme Meryem Benotmane SSM

L objet de cet article est de rendre compréhensible cette nouvelle réglementation sans

vos objectifs Investir pour atteindre

Rapport de stage d initiation

L enfant sensible. Un enfant trop sensible vit des sentiments d impuissance et. d échec. La pire attitude que son parent peut adopter avec lui est

LES CONGES DU PRATICIEN HOSPITALIER FICHES PRATIQUES

eduscol Ressources pour la voie professionnelle Français Ressources pour les classes préparatoires au baccalauréat professionnel

1. Peut-on comparer un compte courant à un compte bancaire? Que comptabilise votre comptable sur votre compte courant?...

Bonjour et bienvenue à l assemblée publique du conseil d administration du RTL, en ce jeudi 12 mars 2015.

CIDMEF: vision pour la prochaine décennie?

Créer son propre emploi

IUT de Laval Année Universitaire 2008/2009. Fiche 1. - Logique -

STAGE D INITIATION RAPPORT DE. Elaboré par. Prénom NOM. Encadré par : Mr Prénom NOM (Société) Société d accueil :. (Sigle de la société d accueil)

Comment est fixé. Qui administre. Comment calcule-t-on la rente. Quelle est la différence entre. le taux de cotisation? votre régime de retraite?

Le CRSNG: Un partenaire financier incontournable en matière de R&D et d innovation. Robert Déziel, Ph. D. MBA Gestionnaire, bureau régional du Québec

RECO. Définition des bonnes pratiques de prévention dans les centres d appels téléphoniques R.470

Diplôme(s) : Spécialité(s) : Aurez-vous une voiture sur place? oui

La commandite. Comment créer des conditions gagnantes. 30 avril 2014

VALIDATION DES FORMATIONS DOCTORALES FICHE DE SUIVI. Année universitaire

CARACTÉRISTIQUES ET PARTICULARITÉS DES PRODUITS

La réadaptation après un implant cochléaire

La Téléassistance Active

Des formations pour la prévention du stress et des performances managériales

Guide d intervention sur. l intimidation. destiné aux intervenants - 1 -

Pour les Canadiens atteints d un handicap

Nous avons besoin de passeurs

Institut Pedro de Béthencourt. Ircom

1. La présente demande ne vise que les résidants de la Colombie-Britannique, de l Ontario et du Québec.

Les enfants malentendants ont besoin d aide très tôt

9.1- Sur les réseaux sociaux, j ai toujours le choix!

C EST QUOI UNE ÉCOLE PUBLIQUE ALTERNATIVE QUÉBÉCOISE?

Tapori France ATD Quart Monde /5

Une stratégie d enseignement de la pensée critique

Guide de planification successorale

PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT CE QU IL FAUT SAVOIR

Questions fréquemment posées

LES RÉSEAUX SOCIAUX ET L ENTREPRISE

L Association Française des AIDANTS et le Groupe PRO BTP, partenaires pour soutenir les aidants

L évolution des rôles en soins infirmiers. Un changement à s approprier

«La société mutuelle agricole de caluire et cuire : témoignage sur trente années de pratiques»

COMMUNIQUÉ L ORDRE DES INGÉNIEURS FORESTIERS DU QUÉBEC DÉCERNE SES DISTINCTIONS POUR L ANNÉE 2008

ACTIV EXPERTISE. La licence de marque selon le réseau Activ expertise. Nous tenons d abord à vous remercier et à vous féliciter d avoir

Que peut nous apporter une réflexion sur nos désirs?

Stratégie de transfert du patrimoine de l entreprise

Questions d Entretiens en Finance de Marché Retour 2011/2012

4.1. Exercice pour mieux se connaître

ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE D APPRENTISSAGE TIC PÉDAGOGIE APPRENTISSAGE ENA

NOS ENGAGEMENTS COMMUNS Programmation du mouvement ATD Quart Monde en Belgique

Données de catalogage avant publication (Éducation, Citoyenneté et Jeunesse Manitoba) ISBN

Le guide. Don d organes. Donneur ou pas. Pourquoi et comment je le dis. à mes proches.

Exprimer sa reconnaissance

Affirmation de soi, confiance en soi, estime de soi

Transcription:

Entretien avec une aidante «surnaturelle» La nécessité d être créatif pour maximiser le transfert des connaissances Causerie organisée par : La collection Infirmières, communautés et sociétés Presses de l Université Laval Université Laval (Québec) 29 janvier 2009 Mario Paquet Ph. D. Agent de planification, de programmation et de recherche Direction de santé publique et d évaluation Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière Professeur invité à l Institut national de recherche scientifique (INRS, Urbanisation, culture et société) Chercheur associé au Centre de recherche de l institut universitaire de gériatrie de Montréal 1

PLAN Aperçu global du livre Pourquoi un ouvrage de vulgarisation? Défis du transfert des connaissances Naissance du personnage Autonome S démène Symbolique de son nom Accueil réservé à Autonome S démène La «plus-value» de l utilisation d Autonome S démène Objets de nos entretiens Témoignages d Autonome S démène Conclusion 2

APERÇU GLOBAL DU LIVRE Approche Socio-anthropologique. Objet La réalité d une expérience de soins à domicile. Objectifs Forme Comprendre la réalité d une expérience de soins à domicile; Contribuer à faire connaître et reconnaître cette réalité auprès d un large public (politiciens, décideurs, intervenants, familles, etc.). Ouvrage de vulgarisation sous forme de dialogue. 3

POURQUOI UN OUVRAGE DE VULGARISATION? Parce que, depuis le début de ma carrière, le transfert des connaissances a toujours constitué une préoccupation. Parce que, je suis allergique à la poussière qui s accumule sur les rapports de recherche qui reposent trop en paix sur une tablette. Parce que, les «boomers» partent à la retraite et la relève arrive. Parce que, cette activité de recherche fait l objet d un large consensus auprès des chercheurs, décideurs et praticiens, à savoir que : Les résultats de travaux doivent être «utiles» et «accessibles» pour la planification, l organisation et la dispensation de programmes et de services, de même que pour influencer les politiques sociales et de santé. 4

POURQUOI UN OUVRAGE DE VULGARISATION? Parce que, malgré ce consensus : «peu de connaissances générées par la recherche sont directement utilisables par les décideurs, les gestionnaires et les praticiens responsables de services. Les connaissances scientifiques sont habituellement formées de généralisations difficilement applicables aux situations concrètes. De plus, il existe un fossé «culturel» qui sépare le milieu de la recherche de celui de la pratique, deux mondes qui parlent des langages différents et qui obéissent à des impératifs différents.» (Baruti et Antil, 2005) 5

DÉFIS DU TRANSFERT DES CONNAISSANCES Le transfert des connaissances pose toujours un défi aux chercheurs. De là, la nécessité d être créatif pour maximiser le transfert des connaissances, afin : D aplanir le «fossé culturel» existant entre le monde de la recherche et celui de la pratique (sans parler de celui qui sépare ces «deux mondes»du «monde ordinaire»). COMMENT FAIRE pour rejoindre AUSSI le CITOYEN comme «public cible»? 6

DÉFIS À RELEVER METTRE un VISAGE àla réalitédes aidantes «surnaturelles» vivant une expérience de soins est à l origine de ce personnage. Et j ai nommé : 7

NAISSANCE DU PERSONNAGE Qui est Autonome S démène? Un personnage fictif une femme (héroïne involontaire) qui prend soin de son conjoint Tiens, tiens, est-ce un hasard? Un personnage fictif, mais à la réalité vraisemblable, pourquoi? D où origine son nom? La contribution de la Troupe d intervention théâtrale Autonome MISE AU JEU a s démène Autonome S démène 8

SYMBOLIQUE DE SON NOM Représente la dualité sous-jacente à une expérience de soins Un désir d autonomie Dans la vie en général et dans la gestion des soins en particulier, elle s organise du mieux qu elle peut pour garder le contrôle de sa situation. Mais Cette autonomie est toute relative Les contingences des contextes familial, social et politique trament la réalité des soins d un proche. AUTONOME doit véritablement S DÉMENER quotidiennement pour «prendre soin» d un proche, souvent au péril de sa propre santé. 9

ACCUEIL RÉSERVÉ À AUTONOME S DÉMÈNE UN ACCUEIL GRADUEL Autonome m accompagne dans mes présentations depuis plusieurs années. Depuis 2003, la participation d Autonome S démène a pris la forme de l écrit par la parution de Vivre une expérience de soins à domicile. AUTONOME S DÉMÈNE Incontournable porte-parole du citoyen Principal outil de transfert de connaissances 10

LA PLUS-VALUE DE L UTILISATION D AUTONOME S DÉMÈNE Plan social Moyen de faire connaître et reconnaître la réalité d une expérience de soins ainsi que l engagement des proches auprès d une personne ayant des incapacités. Plan scientifique Moyen simple et novateur de transfert des connaissances. Moyen qui permet de vulgariser un savoir parfois complexe. «Nous n avons pas la formation en psychologie et en anthropologie pour être apte à pénétrer dans les familles autrement qu en étranger.» (Citation d une gérontologue d expérience) 11

LA PLUS-VALUE DE L UTILISATION D AUTONOME S DÉMÈNE Plan philosophique Le dialogue avec Autonome S démène est une opportunité pour introduire l importance de la dimension relationnelle dans les soins. Plan de l éthique de la recherche Moyen de reconnaissance de la valeur du vécu du principal acteur dans les soins et de l importance du don de parole des participants à mes travaux de recherche. 12

LA PLUS-VALUE DE L UTILISATION D AUTONOME S DÉMÈNE Plan politique Moyen de donner la parole au citoyen et de le mettre au centre du système de santé. Autonome S démène n a pas la langue dans sa poche, elle n utilise pas la langue de bois : sa parole est l expression de ses (MES!) engagements social et politique envers les personnes vivant la réalité d une expérience de soins. 13

OBJETS DE NOS ENTRETIENS Comment Autonome S démène perçoit l évolution de sa situation des dernières années? Pourquoi Autonome S démène est plus que jamais une aidante «surnaturelle»? Que peut-on faire, et comment venir en aide à Autonome S démène? Quels sont les enjeux de responsabilité vis-à-vis des soins auprès d un proche? Pourquoi prendre soin est d abord une question de liens entre les humains? Pourquoi vivre une expérience de soins est-il si complexe? 14

TÉMOIGNAGE D AUTONOME S DÉMÈNE Lettre à Mario Du cri du cœur au cri d alarme d Autonome S démène 15

CONCLUSION «Dans un texte daté de 1796 ( ) Hegel soutenait que le devoir du savant consistait non seulement à communiquer son savoir, mais à le rendre attrayant et même poétique, puisque seule la poésie, ajoutait-il, pouvait être l éducatrice de l Humanité. Ainsi la tâche du penseur consistait-elle à rendre les idées esthétiques, c est-à-dire mythologiques, afin qu elles puissent être comprises par le peuple. Ce qui est donc souhaitable, ajoutait Hegel, c est une «mythologie de la raison», de sorte que «les gens éclairés et ceux qui ne le sont pas finissent par se donner la main.» D : J.C. Guillebaud (1999). La refondation du monde. 16

CONCLUSION Le pain quotidien des personnes-soutien «Il nous faut apprendre maintenant à vivre en pratiquant à la fois la science et la poésie.» (Hubert Reeves) Mon pain quotidien, c est le soutien D un être cher dans le besoin Mon pain quotidien, c est mon vécu quotidien Et comme le disent certains, c est le maintien Mon pain quotidien, c est le temps Le temps que j ai seulement de temps en temps Mais quand j ai un peu de temps, Mon Dieu, que c est soutenant Et que ça m aide à ne pas compter mon temps Mon pain quotidien, c est d écouter ma fierté Jusqu'à ce que ma santé me fasse tellement pitié Que j aie l humilité de l avouer La suite à la page suivante 17

CONCLUSION «Il nous faut apprendre maintenant à vivre en pratiquant à la fois la science et la poésie.» (Hubert Reeves) Mon pain quotidien C est de craindre le jour pas trop lointain Où ma chère indépendance me tirera sa révérence Mon pain quotidien c est de me faire à l idée Que je devrai éventuellement être aidé Ô quotidien! Fasse que mon destin Ne m enlève pas mes moyens Et si comme personne-soutien, Cette aide, je la mérite bien Faites qu elle arrive à point Et surtout, qu elle réponde à mes besoins Tout simplement humains 18

CONCLUSION «Il nous faut apprendre maintenant à vivre en pratiquant à la fois la science et la poésie.» (Hubert Reeves) 19

BIBLIOGRAPHIE PAQUET, Mario, Les professionnels et les familles dans le soutien aux personnes âgées dépendantes, Paris, l Harmattan, 1999. PAQUET, Mario, Vivre une expérience de soins à domicile, Sainte-Foy, Presses de l Université Laval, 2003. PAQUET, Mario, Entretien avec une aidante «surnaturelle». Autonome S démène pour prendre soin d un proche à domicile, Sainte-Foy, Presses de l Université Laval, 2008. 20