DOSSIER DE PRESSE EXPOSITION DU 31 OCTOBRE AU 23 NOVEMBRE 2013 Hicham Gardaf Extimacy
Hicham Gardaf fait son entrée au catalogue de la galerie 127. Je suis heureuse de vous présenter les oeuvres photographique de ce jeune photographe tangérois. Le plus jeune photographe auteur marocain de sa génération à utiliser l acte photographique pour enquêter sur son rapport intime au monde qui l entoure. C est à Yvon Langue que nous donnons cette fois le rôle délicat de réfléchir à haute voix sur les images de Hicham Gardaf. Etudiant en graphisme, Yvon langue accompagne notamment l identité graphique de la galerie 127 depuis un an, interroge la littérature, la photographie et l art dans ses multiples représentations. Nathalie Locatelli En couverture Tangier Diaries #11 Tirage argentique sur papier baryté Format 30 x 40 cm Edition de 10 + 2 EA Format 50 x 60 cm
Tangier Diaries #2 Tirage argentique sur papier baryté Format 30 x 40 cm Format 50 x 60 cm
Extimacy Lors de ma première rencontre avec Hicham Gardaf, j avais, sans trop réfléchir, évoqué l idée d «aura», pour qualifier l atmosphère qui cerne ses photographies. Par-delà cette facilité vocabulaire, une attention plus soutenue à l œuvre générale m aura permis de préciser mon jugement. L exposition Extimacy 1 regroupe deux séries : Tangier Diaries et Cafes. La première remonte à ses débuts en photographie, en 2010. L approche y est ouvertement intimiste. Tandis que les photographies de cafés, elles, ont été réalisées pour la première fois dans le cadre d un projet présenté au Percolateur, à Marseille. La force d une idée motrice et objectivée y est plus sensible ; certaines photographies ressemblent à des révélations tant sur l authenticité que sur l éternité de ces mythiques cafés tangérois. Hicham Gardaf Tangier Diaries # 9 Série Tangier Diaries 2010 Je me suis demandé comment qualifier le style en émergence de Hicham Gardaf, comment ses images articulaient sa propre question. Une œuvre me sert, ici, de point d ancrage : ce portrait aux yeux fermés de son cousin Ismaël, où un clair-obscur maîtrisé sculpte les masses du torse montré nu. Habile mélange de force et de fragilité ; sumo timide et invisible Dans le jeu d enfant du cache-cache, les plus jeunes, sûrs de leur stratégie, se couvrent parfois les yeux énergiquement pour ne pas être vus, sans bouger. Il s agit de la transposition naïve de leur obscurité à celle du monde. Si l enfant ne voit pas le monde, le monde ne le voit pas, il n existe même pas. De même, le photographe crée le(s) monde(s) au gré de son optique au double sens d objectif photographique 1 Le terme Extimacy correspond à la traduction anglaise du néologisme «extimité» utilisé en psychanalyse par Jacques Lacan. Il sert ici les besoins théoriques de l analyse du travail du photographe.
Cafes #8 Tirage argentique Format 30 x 40 cm Edition de 10 + 2 EA Format 50 x 60 cm
et de décision d obturation, de matériel photographique et de choix de prise de vue. L appareil photographique devient un appendice de l artiste, la prolongation prothétique de son propre œil, comme dans le film L homme à la camera de Dziga Vertov. Il se trouve aussi qu univers personnel et univers photographique se confondent chez Hicham Gardaf. Voyezle tenir son appareil photographique, connaître ou omettre l autre en aval de l acte photographique. Sa toute première exposition individuelle Eye on a City (litt. «Œil sur une ville») portait bien son nom. «Je souhaitais, dit-il, me rapprocher des gens de mon quartier. La photographie reflète ma relation avec le monde, à travers différentes visions». Toutefois, Hicham Gardaf ne fait qu effleurer la question de la proximité ou bien, doit-on dire, qu il ne l envisage que partiellement. Dans ses images les temps se confondent, répondant à l imaginaire exclusif de l artiste. De même, l écart qui sépare chez lui l objet photographié du sujet photographiant disparaît. Gardaf n interroge le monde que tel qu il invente. C est du point de vue affectif que l œuvre prend forme et sens. Ses images chuchotent tout au plus. Elles sont par ailleurs implacablement silencieuses. La suspension y est comme exagérée. Rumeurs et tintements semblent euxmêmes étouffés dans ses cafés tangérois. La couleur n y fait rien, tandis que le noir et blanc le renforce. Ce silence, ce vide est le propre de l instant de contemplation en lequel Gardaf investit tout ou presque. Fût-il narrateur, qu il parlerait par phrases courtes, séparées de longues pauses, à voix basse, articulant comme le velours des mots soigneusement choisis. Les autres regardeurs et moi-même sommes donc en porte-à-faux, devant l énigmatique silence qui cerne ces photographies, entre leurs susurrements, et la solitude de notre regard. Tout l art de Gardaf réside en conséquence dans une disposition au ravissement, par l énigme silencieusement menée. «Une photographie est un secret qui nous parle d un
secret, disait Diane Arbus. Plus elle paraît explicite, moins nous sommes éclairés». Ici, la photographie est bien un art, d une part parce qu elle nous met devant l intarissable imaginaire d un créateur, libérant notre propre exaltation ; et d autre part parce que l émotion suscitée renvoie à l émotion originaire de l artiste, celle qui présidait à la création. Gardaf - pour qui le sens de la photographie vient de son pouvoir d émotion - pratique l art au sens où l entendait Heidegger : «l œuvre ouvre un monde et maintient celuici en son ordonnante amplitude. Etre œuvre signifie donc installer un monde». Mais qu est-ce donc que montrer les œuvres de Hicham Gardaf? Il se trouve qu une grande liberté cerne les choix de l autodidacte, ce qui rend particulièrement séduisant l observation de la construction de son style. Hicham Gardaf en vient à la photographie en regardant, dans un livre, les images de l Agence Magnum. Sa démarche en est fondamentalement marquée : il a développé une inclination pour préserver l authenticité du procédé photographique de l époque moderne, délaissant la photographie numérique de ses premiers essais pour la photographie argentique ; le noir et blanc soutient la composition pour produire de l émotion comme chez Henri-Cartier Bresson ou chez Josef Koudelka ; et quand il use de couleur, il la rêve toute éclatante, comme chez Harry Gruyaert. Nous sommes en présence d un style en émergence et conscient de sa propre maturation. Le sien se fait par juxtaposition de choix esthétiques et techniques, proposés ensuite en partage au récepteur. C est l émotion de son propre cheminement qu il communique. Pour Gardaf, «la mémoire picturale constitue notre parcours personnel. La vie est le fruit de choix découlant de nos parcours. La photographie ressemble beaucoup à la vie. Une bonne photo est un bon choix.» Cette métaphorisation de l acte photographique comme acte de facture et de choix conforte le rôle de l image dans la détermination du monde. Or, créer un monde c est le peupler, c est en créer les conditions de l existence. Celui
de Gardaf reflète son parcours intime d humain. Ce qu il a bien en partage avec le regardeur. L intime et l humain. C est pourquoi dans le passage de Tangier Diaries à Cafes l on a le sentiment d une navigation de l un à l autre. De l intime à l humain. C est pourquoi la proximité émotionnelle semble si importante. L intimité figurée dans ses images résonne chez le récepteur. Double processus psychique d identification de soi à l autre et de l autre à soi. Muni de son appareil, c est l autrui, le proche, le similaire que vise Hicham Gardaf. Il est le photographe de l identique. Ainsi, l œuvre de Hicham Gardaf, n évoque qu une certaine esthétique de la proximité sans s y fixer. Elle structure à ses fins de créateur un imaginaire qu il met en partage et me rappelle subtilement de la notion d «extimité» développée par Serge Tisseron. L extimité est le désir de rendre visible des aspects de soi relevant de l intimité, sans toutefois sombrer dans de l exhibitionnisme. L image photographique est en la matière, un outil puissant d exploration des limites et des épanchements de l intime. Voilà ce qu interroge Gardaf. Voilà ce qu il explore. Assistons-nous là à une recherche du sens original du mot «esthétique», à savoir émotion partagée? Assistons-nous à une esthétique de l extimité? Yvon langue École supérieure des arts visuels Marrakeh Page suivante Tangier Diaries #7 Tirage argentique sur papier baryté Format 30 x 40 cm Format 50 x 60 cm
Biographie Hicham Gardaf né le 22/06/89 à Tanger (Maroc), photographe représenté en exclusivité par la galerie 127 à Marrakech. Expositions 2013 Extimacy Galerie 127, à venir 2011 Exposition collective Galerie Shart, Casablanca 2011 Exposition collective Salon international des livres et des arts, Tanger 2010 Eye on a city Exposition individuelle Librairie/Galerie Les insolites, Tanger 2010 Exposition collective Salon international des livres et des arts, Tanger
Cafes #11 Tirage argentique Format 30 x 40 cm Edition de 10 + 2 EA Format 50 x 60 cm
Cafes #7 Tirage argentique Format 30 x 40 cm Edition de 10 + 2 EA Format 50 x 60 cm
Tangier Diaries #10 Tirage argentique sur papier baryté Format 30 x 40 cm Edition de 10 + 2 EA Format 50 x 60 cm
La Galerie 127 est exclusivemnt réservée à la photographie contemporaine Les photographes représentés: AFSOON DAOUD AOULAD-SYAD* JEAN-CHRISTOPHE BALLOT MARCO BARBON MICHEL BEINE HICHAM BENOHOUD CAROLLE BÉNITAH DEBORAH BENZAQUEN OLIVIA BRUYNOGHE TONI CATANY ALI CHRAIBI ANN CANTAT-CORSINI SCARLETT COTEN DENIS DAILLEUX BERNARD DESCAMPS BERNARD FAUCON JESSE A. FERNANDEZ FLORE HICHAM GARDAF MOURAD GHARRACH MICHAEL KENNA PHILIPPE LAFOND CHRISTINE LEFEBVRE LILIROZE DIANA LUI MICHELE MAURIN FATIMA MAZMOUZ SARAH MOON MICHEL NACHEF MALIK NEJMI KHALIL NEMMAOUI GERARD RONDEAU SACHA SOO RYUJI TAIRA JEAN MARC TINGAUD DELPHINE WARIN *Exclusivité Galerie de l Aimance INFORMATIONS PRATIQUES La Galerie 127 est ouverte de mardi à samedi, de 15 heures à 19 heures ou sur rendez-vous Galerie 127 127, Avenue Mohammed V, Marrakech, Royaume du Maroc 00212(0) 524 43 26 67 galerie127@gmail.com galerienathalielocatelli.com