Histoire du Judo 1. Bref historique du Judo Né en 1860, Jigoro Kano commença l'étude du Ju-Jitsu à l'âge de 17 ans au moment de son entrée à l'université de lettres. Il découvre l Atemi-waza (Techniques de coups) et Katamewaza (Techniques de contrôle). Jigoro KANO (1860 1939) De toutes ses recherches et études, il fit une synthèse et décida de créer son propre Dojo, le KODOKAN, en 1882. La première démonstration de Judo en France date de 1889 à Marseille par maître J. Kano luimême. Les premiers français à pratiquer le Ju-Jitsu à Londres sont Jean-Joseph Renaud et Ré-Nié (Guy de Montgrilhard). Le premier vrai judoka fut l enseigne de vaisseau Le Prieur qui le pratique au Japon. Il l abandonne à son retour en France, faute de partenaire. En 1935, J. Kano présente une conférence en France sur le Judo devant une élite parmi laquelle se trouvait M. Feldenkrais. C est à partir de ce moment là que la grande aventure du Judo français allait commencer. M. Feldenkrais, qui connaissait le Ju-Jitsu, réunit quelques amis pour pratiquer dans le respect des traditions. Mais très vite, ils se rendent compte de leur insuffisance technique. Ils firent donc appel à Maître Kawaishi qui résidait en Angleterre. Les deux hommes ouvrirent 2 clubs entre 1935 et 1936. Mikinosuke KAWAISHI (1899 1969) En septembre 1939, la guerre survenant, M. Feldenkrais (citoyen britannique) fut mobilisé en Angleterre. M. Kawaishi regroupa alors les deux clubs en un seul : le Ju-Jitsu club de France. Le président d honneur en était maître J. Kano. A cette époque le judo était alors 1
entièrement dirigé par maître Kawaishi. Ce dernier ne voulait entendre que ce qui se pratiquait au Japon. Seul le maître décernait la ceinture noire. En 1943, eurent lieu les premiers championnats de France à Paris, un championnat sans catégorie d âges et de poids. En 1944, devant l avance des Alliés, M. Kawaishi rentre au Japon en faisant promettre à ses plus anciens élèves de rester unis et de continuer à pratiquer. Le CNCN [Collège National des Ceintures Noires] est né de cette réunion des Ceintures Noires. Le Judo n a pas encore atteint l âge adulte quand Kawaishi doit repartir au Japon. M. Kawaishi trouvera une situation bien différente à son retour en France en 1948. En 1946, la FFJJ [Fédération Française de Judo et Ju-Jitsu] est créée par l association des différents clubs créés par les élèves de Maître Kawaishi pour se séparer de la Fédération Française de Lutte. Au niveau international, l UEJ [Union Européenne de Judo] est créée en 1950. La France organise les premiers championnats d Europe en 1951 à Paris avec un grand succès. L Argentine demandant à faire partie de l UEJ, en 1951 se créée la FIJ [Fédération Internationale de Judo]. En 1952, avec la venue de Ishiro Abe, envoyé du Japon, un nouveau Judo apparaît. Un judo différent de celui de Kawaishi. En 1954, est alors créée l UFFAJK [Union Fédérale Française d Amateur de Judo Kodokan]. Donnons un aperçu des différences de méthodes entre Maître Kawaishi et Ishiro Abe. L enseignement de Maître Kawaishi est intuitif, basé sur presque uniquement sur le combat. La classification des techniques est claire mais l ordre est différent de celui adopté au Japon. Le nombre de mouvement est considérable pour l examen de la Ceinture Noire. Les techniques enseignées par Maître Kawaishi se font toutes en entrant le pied gauche puis le pied droit en mouvement tournant ou «en cercle» alors qu au Japon, le Judo Kodokan enseigne le classique pied droit pied gauche. En 1956, la fusion de la FFJJ et de l UFFAJK donne naissance à la FFJDA [Fédération Française de Judo et Disciplines Associées]. Toujours en 1956, La FIJ et la Fédération japonaise organisent les premiers championnats du monde. Les deuxièmes championnats du monde se déroulent une fois encore à Tokyo en 1958. La France organise les troisièmes championnats du monde hors du Japon à Paris en 1961, avec un grand succès. Contrairement aux deux premiers championnats du monde remportés par un japonais, ces troisièmes championnats sont remportés par un hollandais : Anton Geesink. En 1961, les championnats du monde sont organisés pour la première fois avec trois catégories : - 68 kg, - 80 kg et + 80 kg. Dans la même période en 1964, et grâce à la victoire de Geesink, qui fit plus de 10 interventions auprès du CIO, le Judo est inscrit comme sport de démonstration aux Jeux Olympiques. Depuis 1965, toutes les compétitions internationales se déroulent en 5 catégories : -63 kg, - 70 kg, -80 kg, -93 et + 93 kg. En 1977, le nombre de catégorie est augmenté à sept : -60, -65, -71, -78, -86, -95, +95 kg. La dernière grande modification concernant les catégories de poids date de 1998 : -60, -66, -73, -81, -90, -100, et + 100 kg. Les compétitions féminines ont commencé à prendre de l importance aux débuts des années 80, en accédant aux Jeux Olympiques de 1988 à Séoul comme sport de démonstration. Le nombre de catégorie est également de sept : -48 kg, -52 kg, -57 kg, -63 kg, -70 kg, -78 kg, +78 kg. 2
Analyse de l activité Judo 1. Définition du Judo. Le Judo est un sport de combat de préhension. Le combat débute debout et peut se poursuivre au sol. Le terme Judo signifie Voie (Do) de la Souplesse (Ju) Le Judo est défini par des techniques codifiées : 1. Techniques de projection NAGE WAZA 2. Techniques d immobilisation OSAE KOMI WAZA 3. Techniques d étranglement SHIME WAZA 4. Techniques de luxation KANSETSU WAZA Le judo se pratique dans un dojo (lieu où on apprend la voie), vêtu d un judogi (plus communément appelé kimono), sur un tatami. Le judo est également codifié par un système hiérarchisé de grades, les kyu (grades inférieurs à la ceinture noire) et les dan (au-delà de la ceinture noire) : Ceinture blanche ; Ceinture blanche/jaune ; Ceinture jaune ; Ceinture jaune/orange ; Ceinture orange ; Ceinture orange/verte ; Ceinture verte ; Ceinture verte/bleue ; Ceinture Bleue ; Ceinture marron ; Ceinture noire (15 ans minimum ; Ceinture rouge et blanche (6 à 8 ème Dan) ; Ceinture rouge (9 et 10 ème Dan). L apprentissage du Judo est basé sur la coopération. Deux rôles sont définis : Tori est celui qui apprend et fait chuter, Uke est celui qui offre des possibilités de travail. 2. Notions d arbitrage. La cible est le dos de l adversaire. Les gains acquis au cours d un combat dépendent d une gestuelle codifiée. La victoire peut être totale (IPPON) ou par accumulation d avantage à l issue du temps réglementaire. 3
2.1. Organisation des combats La surface de combat mesure au minimum de 8 mètres par 8 mètres et peut aller jusqu à 10 mètres par 10 mètres et une surface de sécurité (de 2 à 3 m). Les combats durent une période donnée (5 minutes pour les compétitions masculines et féminines), avec arrêt du temps lors des phases de remise en place. 2.2. Victoire totale : le IPPON DEBOUT : Pour obtenir un IPPON debout, il faut projeter l adversaire avec force, vitesse et largement sur le dos. La projection doit en plus être contrôlée. AU SOL : On peut également marquer ippon de 2 manières : Par immobilisation : l attaquant doit maintenir le défenseur sur le dos pendant 20 secondes consécutives. En forçant l adversaire à abandonner le combat par étranglement avec le judogi ou son propre avant bras et par clef de bras au niveau des coudes uniquement PAR DISQUALIFICATION : C est le Hansoku make, (équivalent au ippon en valeur), il survient après accumulation de pénalités ou sur faute grave, après consultation des arbitres de coin. 4
2.3. Victoire par supériorité d avantages DEBOUT: WAZA ARI Lorsqu un compétiteur projette avec contrôle son adversaire par une technique à laquelle manque partiellement l un des trois éléments nécessaires pour l obtention de ippon. Si un compétiteur marque deux fois par Waza ari, l arbitre annonce WAZA-ARI AWASETE IPPON : 2 Waza ari valent un ippon. YUKO Lorsqu un compétiteur, avec contrôle, projette son adversaire par une technique à laquelle manque partiellement deux des trois autres éléments nécessaires pour l obtention de ippon, ou lorsque la projection a lieu sur l épaule ou sur la cuisse. Caractéristiques des avantages Les avantages se cumulent mais ne s additionnent pas, à l exception du Waza Ari. On peut obtenir autant de yuko que possible, sans passer à l avantage supérieur. AU SOL : Le critère de jugement pour l attribution des avantages au sol est basé sur le temps d immobilisation. Equivalence immobilisation-avantage : WAZA ARI YUKO KINZA Immobilisation entre 15 et 19 secondes Immobilisation entre 5 et 14 secondes Immobilisation < 5 secondes PAR PENALITES DE L ADVERSAIRE : Les pénalités se cumulent pour Uke, elles sont graduelles pour Tori. Il existe deux groupes de pénalités : SHIDO : Faute légère Exemples : 5 secondes dans la zone de danger ; manque de combativité ; fausses attaques ; attitude défensive exagérée ; tordre les doigts ; sortie involontaire du tapis ; frapper la main ou la jambe de l adversaire pour faire lâcher 5
HANSOKU MAKE : Faute très grave ou répétition de 4 fautes légères Exemple : désobéissance de l arbitre ; plonger la tête la première ; clé ailleurs qu au coude ; action destinée à blesser l adversaire Annonce des arbitres et équivalence avec les avantages : Nombre de faute Annonce de l arbitre Equivalence pour Tori 1 ère faute SHIDO YUKO 2 ème faute SHIDO WAZA ARI 3 ème faute HANSOKU MAKE IPPON CAS DE L EGALITE : DECISION OBLIGATOIRE 6
Techniques de Judo Dans les techniques présentées ci-dessous ne figurent que les techniques vues en cours. 1. Techniques de projection : tachi waza. Pour projeter Uke, Tori peut utiliser différentes familles de technique : KOSHI WAZA : Techniques de Hanches TE WAZA : Techniques de Mains ASHI WAZA : Techniques de Jambes SUTEMI WAZA : Techniques de Sacrifice o MAE SUTEMI : Sacrifices sur le dos o YOKO SUTEMI : Sacrifices sur le côté La F.F.J.D.A. a mis au point sa propre classification : la «PROGRESSION OFFICIELLE FRANÇAISE» est devenue le dénominateur commun de l'enseignement dans les dojo de l'hexagone ainsi que la base des passages de grades du débutant à la ceinture noire. O GOSHI Grand mouvement de hanche IPPON SEOI NAGE Projection par une épaule HIZA GURUMA Roue autour du genou DE ASHI BARAI Balayage de la jambe avancée O SOTO GARI Grand fauchage extérieur UKI GOSHI Mouvement de hanche flottant 7
2. Techniques d immobilisation : osae komi waza. Le principe consiste à plaquer Uke dos au sol, pendant un minimum de temps donné, en empêchant qu il ne se soulève, ni se retourne. Le contrôle de Tori sur Uke revient à contrôler l adversaire diagonalement par le travers (KESA) ou par les quatre coins (SHIHO) de son corps, ce qui décompose les OSAE KOMI WAZA en deux groupes : Les KESA-GATAME : Contrôle par le travers Les SHIHO-GATAME : Contrôle par les quatre coins Techniques OSAE KOMI WAZA Techniques d immobilisation Illustrations Illustrations HON GESA GATAME Contrôle latéro-costal YOKO SHIHO GATAME Contrôle latéro-sternal KAMI SHIHO GATAME Contrôle arrière sternal par la ceinture USHIRO GESA GATAME Contrôle arrière costal TATE SHIHO GATAME Contrôle sternal à cheval 8